Il pleuvait, c'est bien simple, il pleut toujours quand il ne faut pas, c'est incroyable. Y a-t-il un dieu de la pluie vexante ? Quel dieu inutile il ferait... Mais n'y a-t-il pas des dieux des plus inutiles qui peuplent le ciel infini ? Celui du bouton sur le nez, celui des cafards ou encore celui du fond de la bouteille de rhum qu'on aimerait voir pleine. Celui-là est souvent prié par les pirates, cela dit. De braves gens.
Et Katria, le nez tourné vers le ciel laisse échapper un long soupir de lassitude. En à peine deux minutes, sa tenue avait été trempée par la pluie et ce n'était pas comme si elle s'était habillée simplement et qu'une pause de trente minutes dans n'importe quelle taverne aurait pu suffire à la voir bien plus sèche, non ! Elle avait revêtu pour l'occasion sa plus belle tenue de corsaire, en effet, quitte à aller voir un forgeron, autant avoir l'air un peu... importante. Ca aide toujours les prix à baisser un peu. Mais voilà que la pluie avait changé son beau manteau noir en un triste vêtement noirâtre et que sa chemise blanche lui collait à la peau, dévoilant sous celle-ci, une peau parsemée de quelques cicatrices.
"Bon sang, je te hais Dieu de la Pluie Malvenue. Je te hais toi et toute ta famille ! Ce qui ne veut pas dire toute la famille divine ! Je hais aussi le Dieu de la Pluie dans la Tronche, celui de la Pluie qui éteint ton feu bien chaud........"
Et sur le chemin de la forge, elle continue de blasphémer sur tous les dieux imaginaires ou non ayant été un jour, coupable probable d'une bonne douche sur sa propre personne. Filant entre le peu de personnes ayant le courage de braver la tempête et non sans s'être perdue plus de quatre fois. (Ou seize, selon elle.) Elle finit par arriver devant la forge en question, rien de très impressionnant mais aucun bâtiment ne pouvait lui arracher le moindre son d'admiration, pas même une bouche-bée. Après avoir vu la mer infinie, côtoyé des dieux et même partager leur couche pour certains ou encore le sol pour d'autres... plus rien n'était en mesure de l'impressioner.
Pressée par la pluie qui commence à lui glacer les os, elle ouvre la porte, s'engouffre dans la chaleur infernale de la forge. Chaleur toute relative car si elle lui paraissait infernale comparée à celle de l'océan de gouttes qui faisait rage dehors, la température était pourtant modérée... pour une forge. Elle pousse alors un soupir de soulagement, se secoue pour se sécher un tant soit peu, retire son chapeau et laisse couler le peu d'eau qui était venu s'installer en son sommet, à même le sol, bien entendu, ajuste ses bottes montantes, s'éclaircit la voix et hurle.
"TAVERNIIIIIER ! Ah non... FORGEROOOOON ! Les vieilles habitudes."
Et dans un rire amusé, elle attend l'arrivée de son sauveur. A peine est-il arrivé devant elle, en fait, bien avant qu'il ne le soit mais plutôt dès qu'il est à portée d'oreille, elle lui hurle son problème, de manière qu'elle souhaite autoritaire. L'autorité aussi fait baisser les prix... parfois.
"J'ai un souci de taille, mon brave ! Voilà que je pille un navire et un rigolo, vous savez, le genre de type trop accroché à un dieu mineur. Genre le dieu de vent qui souffle bien comme il faut. Ah oui, je suis pirate, enchantée." Elle lui tend la main et continue. "Bref, ce rigolo-là, il a balancé un sort sur mon sabre. Le genre de sort assez méchant et qui dure après la mort du lanceur. Epineux problème, n'est-ce pas ? Alors mon brave, pourriez-vous... purger l'acier ? Ou bien me faire une copie EXACTE de ce sabre ? En acier véritable. Je veux dire en bon métal, ce que vous avez de mieux. Un métal divin."
Elle reprend son souffle, les mains sur les hanches et lui offre un magnifique sourire. Pour le charmer un minimum, certes, mais aussi et surtout pour lui montrer ses adorables crocs félins.