Le bruit du métal s’entrechoquant emplissait les oreilles de Lisne, elle aurait voulu que tout cela cesse mais devait se battre. Elle le devait, non pas pour sa fierté, non pas par fainéantise mais pour la gloire et la réputation de l’Ordre. On l’avait affectée à ce régiment pour assurer un passage par les endroits les plus dangereux et n’avait pas pris la chose à la légère. Avant de se lancer dans l’escorte, elle avait bien pris soin de savoir ce qu’elle devait escorter et fut surprise de savoir que ce n’était qu’une bague ornée d’un magnifique rubis.
*Tant de gardes pour ça* avait-elle pensé au début mais après une entretien privilégié avec l’un des trois grands dirigeants de l’Ordre, elle avait compris que ce n’était pas qu’un simple bijou. Une bague de magie, un catalyseur de pouvoirs qui permettait d’acquérir encore plus de forces, cette chose attirait bien des convoitises. Les assaillants les surpeuplaient, tuant un par un chaque chevalier et chaque écuyer. Sans se poser plus de questions, Lisne attrapa le coffret contenant la bague et l’envoya à Wagram, lui indiquant leur destination d’un signe de la tête. Il comprit alors ce qu’il devait faire et partit à toute allure.
Lisne se repositionna alors, elle était désormais seule, épée à la main, face à trois gaillards plutôt solides. Elle les regarda, tour à tour et se souvint de son examen.
*Allez cocotte, ce jour là était plus difficile que la garde d’un caillou.*
Elle se raccrocha à cette pensée et se mit en garde. Elle était prête à les accueillir et le premier se fit surprendre. Elle, la jeune femme toute frêle par rapport à eux venait de couper le plus solide d’un geste qui lui avait paru enfantin. Elle posa alors son regard furieux sur les deux malabars restants et fonça, les tailladant sans le moindre remord. Une fois qu’ils furent tous à terre, elle planta son épée dans le sol, la ressortit et frotta la terre qui avait servi à enlever le sang.
Épuisée et à bout de forces, elle alla à son tour vers la ville la plus proche et se dirigea vers la taverne la plus proche. Elle avait besoin de boire un verre et de se reposer. Elle poussa alors la porte de la taverne et se retrouva dans un lieu qu’elle ne connaissait pas. Un miroir, un évier, une douche qui semblait fonctionner au bruit qu’elle remarqua... Elle était perdue, se demandait si ce n’était pas un tour d’un de ces magiciens de pacotille pour la tromper mais non, tout ça avait l’air tellement vrai, tellement réaliste. Elle s’approcha alors du miroir, se regarda dedans et vérifia qu’elle n’était pas trop décoiffée. Après cette vérification, elle baissa le regard vers l’évier et ésita avant de poser sa main dessus et d’appuyer.
Rien, ça résistait à sa pression, sa main restait dessus et elle ne savait pas quoi en penser. Ce n’était pas une illusion sinon elle aurait pu traverser cet évier et, de toute évidence, elle n’était nullement dans la taverne qu’elle escomptait en ouvrant la porte... La porte... Mais oui, c’était ça la solution, il lui suffisait de repasser par la porte pour revenir dans la réalité. Elle alla alors vers la sortie, tourna la poignée et l’ouvrit.