De tous les endroits de la Terre, bien des gens s’accordaient à dire que l’archipel d’Okinawa était l’un des endroits les plus beaux de la planète. Les Français et leur Corse pouvaient honteusement se rhabiller, disait-on, devant la splendeur naturelle de ce vaste archipel. Comprenant une dizaine d’îles habitées, l’archipel Okinawa était un haut lieu touristique, qui avait conservé toute la beauté de l’ancien Japon. Aucun immeuble en béton armé, aucune tour de verre et d’acier, aucun building. Il n’y avait généralement que de petites maisons à un étage, ou des hôtels le long de la côte. Tout était fait pour préserver le biosystème okinawaïen. Alice avait beaucoup entendu parler de cet archipel, et, dans la mesure où elle visitait la Terre, elle avait finalement réussi à obtenir un billet d’avion, ainsi qu’un séjour de plusieurs jours dans un hôtel.
Malheureusement, sa femme n’avait pas souhaité venir, éprouvant toujours autant de réticence à l’idée de revenir sur Terre. Alice était donc partie seule, ou presque. L’un de ses Commandeurs l’avait également suivi, veillant de loin sur elle. Elle était dans un bel hôtel au bord de lamer. Il faisait chaud, et elle observait la mer, sentant un léger vent frais remuer sur ses cheveux. Elle s’étira, bâillant, et prit une rapide douche. Elle passait ses journées à la plage, et ne tarda pas à sortir de sa chambre, ayant des vêtements plus que simples : une culotte noire en guise de maillot de bain, un soutien-gorge noir, et un tee-shirt. Elle descendit le long d’un escalier en bois se situant à l’extérieur, et sentit rapidement sous ses pieds du sable fin. Il y avait bien une route à proximité, mais elle était sortie du côté de la plage, s’avançant le long de bungalows, de terrasses en bois. Elle avançait pieds nus, et suivit le petit chemin menant à la plage.
Pour vaincre sa phobie de l’eau, rien de mieux que de se baigner ! Alice suivait avec entrain cette sage philosophie. Étant une montagnarde, l’eau lui faisait toujours un peu peur. Elle n’avait pas envie de finir noyée, et, la première fois qu’elle avait vu la mer, elle avait eu la peur de sa vie, craignant que des monstres aquatiques ne jaillissent des profondeurs aquatiques pour la dévorer. Les dragons n’aimaient pas l’eau. Ils préféraient l’étendue du ciel, cette immense liberté qui s’offrait à nous quand on volait dans les airs. Qui aurait envie de se baigner ? C’était idiot ! Néanmoins, Alice ne supportait pas sa peur contre l’eau. Elle luttait donc contre cette dernière, et s’en sortait de mieux en mieux.
*
Je vais essayer de m’avancer un peu plus ce matin...*
Il y avait bien des touristes, et Alice descendait le long du chemin ensablé, prudente. Elle voyait surtout des couples, des familles, et quelques adolescents... Ces derniers préféraient toutefois des versants plus animés de l’île, où il y avait de hautes vagues. A l’idée d’être aplatie par des vagues si puissantes, Alice se sentait sur le point de faire un malaise. L’eau douce la paniquait déjà suffisamment comme ça. La petite Princesse s’avançait lentement, et marcha, sans faire exprès, sur une branche de bois partiellement recouverte par du sable.
«
Aïe ! » s’exclama-t-elle.
Elle sentit une vive douleur dans le pied, et tomba sur le sol, se tenant ce dernier. Une écharde s’était enfoncée sur sa plante, et elle sentit une vive douleur, très désagréable, émaner de son pied.
«
Que vous arrive-t-il, Madame ? demanda un homme.
-
J’ai mal au pied ! »
L’homme se gratta la tête. C’était un obèse moustachu. Un remède antisexe parfait. Un petit attroupement commençait à se former autour de la Princesse meurtrie.