Sonate au clair de lune. PV Les Coquines

On dit que pour invoquer le diable, il faut se rendre à un croisement de chemins et prononcer une incantation. Généralement, il faut en plus que ce soit la pleine lune, ou une date spéciale comme un jour de fête Wiccan. Parfois, il faut en plus un sacrifice. Donner pour recevoir. Une goute de son sang, son âme, la vie d'un animal ou même celle d'un humain.
Ces gens appellent celui dont le nom signifie "l'ennemi" par envie suicidaire, par envie de pouvoir, par envie de ce qu'ils ne peuvent obtenir. Le propre de l'humain c'est d'être exceptionnellement similaire à tous les autres. Chacun lutte pour son existence, pour se rapprocher des autres et en même temps s'en dissocier, avoir autant d'importance pour tous les autres qu'on en a pour soi même.

Et c'est ici, dans ce parc froid, par une lune pleine, la brise flottante, sifflante, serpentine, volatile dont les  volutes caressent de leur doigts invisibles et glacés mes joues et celles des pauvres âmes perdues dans cette forêt délétère que je me matérialise.

C'est l'automne, les feuilles tapissent les allées, une odeur de moisissure, d'humidité hante les airs... j'en frissonnerais presque. Au loin, une branche craque, quelques oiseaux prennent leur envol. Les mercenaires que j'ai contacté ne devraient plus tarder.

Savez-vous quel est le plus grand danger pour un immortel ? C'est de perdre le goût de la vie. L'éternité est si... inutile. La seule question qui vaille après un millier d'année est "A quoi bon ?". Un dieu nihiliste est un dieu qui va disparaitre. Aussi, je chasse la mélancolie du lieu qui s'insinue en moi pour me concentrer sur mes objectifs présents : ces mercenaires peuvent être utiles... Mais pour faire quoi ?

Ta gueule.

Parler tout seul est une activité que je trouve très stimulante. C'est peut être grâce à ça que je ne suis pas devenu fou ? Quoi que quand on l'est on ne le sait pas... n'est ce pas ?

Abby ne savait pas s'il était judicieux que toutes les filles l'accompagnent. Elle avait été contactée par un certain Lucifer Vespero mais ne savait franchement rien de lui. Assise sur le petit bureau, les pieds calés sur sa chaise, elle relisait la lettre avec un air songeur. Le meilleur moyen d'en savoir plus sur ce gars-là était de demander à Eloïss. De toutes les jeunes femmes de la légion, elle était la plus vieille, la plus expérimentée et avait sans aucun doute une bien meilleure connaissance des gens de ce monde. Avoir été une déesse avait certains avantages. Elle la fit donc venir dans son bureau.
Eloïss venait de se lever et se trouvait encore en sous-vêtements et ne portait sur le dos qu'un simple peignoir de soie grand ouvert. Une foi dans la pièce elle s'étira tout en s'approchant de l'assassin.

- Bon... qu'est-ce qu'il y a encore ? Je faisais un très joli rêve...

Abby fit une petite moue puis regarda une nouvelle fois la lettre avant de répondre sans quitter le papier des yeux :

-Lucifer Vespero... ça te dit quelque chose ?

Seul un silence lui répondit. Abby pensait que la jolie déesse réfléchissait mais lorsqu'elle leva le nez pour la regarder, elle se rendit compte que la demoiselle était livide et montrait des yeux ronds comme des balles de golf. Abby arqua un sourcil. Ça sentait mauvais, ça non ? L'assassin se redressa et s'approcha un peu d'Eloïss pour tenter de comprendre ce qui se passait dans sa tête.

- Eloïss ? Tout vas bien ?

- Ne me dit pas qu'IL t'as contacté... dis-moi que tu me pose cette question pour plaisanter, hein ?

- Non, absolument pas. Enfin quoi ? Reprends-toi et dis-moi qui c'est à la fin, ce type c'est quand même pas le diable en personne !

Silence significatif. Bon sang. Abby soupira et tourna les talons pour retourner près de son bureau. Cette lettre était peut-être une plaisanterie... mais quelque chose lui disait que ce n'était pas le cas. Dommage qu'il y ait si peu d'éléments dans cette lettre.

- Et bien... si même le Diable a besoin de nos services, le monde doit vraiment aller mal.

- IL t'as dit que c'était pour une mission ?

- Non, il n'a rien spécifié. Il nous a simplement donné rendez-vous dans le parc de Seikusu à une heure précise. Rien de plus. Je me demande ce qu'il nous veut...

- Ça sent pas bon...

- Ne sois pas aussi pessimiste !

- Abby ! Je te rappelle qu'on parle du Diable ! De Lucifer, Belzébuth, Satan, Asmodée, Astaroth, Azazel, Balazs, Iblis, Shaytan, le Cornu, le démon, le Malin, le Maufé, Mastéma, Méphistophélès, Semiasas, Sheitan, Woland...

- C'est bon arrête !! Mais il en a combien des noms comme ça ?

- Autant qu'il existe de cultes, de religions et autres conneries ! Abby on ne peut pas avoir affaire à lui, tu ne sais pas de quoi il est capable et s'il décide de toutes nous tuer on aura pas l'ombre d'une chance, crois-moi !

L'assassin se mit à réfléchir. Si ce Lucifer avait véritablement eut envie de les tuer, elles seraient déjà toutes enterrées ou brûlées de puis longtemps, non ? Il y avait autre chose là-dessous et la curiosité de la jeune femme était piquée à vif. Malgré les beuglements d'Eloïss, elle décida de s'y rendre. Mais hors de question de se déplacer toutes les huit. Elle irait avec Eloïss (malgré ses refus de plus en plus tonitruants), ainsi qu'avec Bryseïs, Gwen et Holly.


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Le soir prévu donc, les jeunes femmes se rendirent au lieu de rendez-vous. C'était une aubaine que les rues soient presque désertes. Marchant à la traîne, Eloïss bougonnait toujours. Et Abby savait qu'elle ne rechignait pas simplement parce que l'homme en question était Satan. Il y avait autre chose et à son humble avis, c'était une histoire de cul. Tout était histoire de cul avec la déesse. Elle avait couché avec tellement de créatures dans les deux mondes et tenté tellement d'expériences plus hallucinantes les unes que les autres que tous les êtres de la terre l'enviaient. Enfin... son curriculum sexuel ne pouvait pas être plus impressionnant que celui de Lucifer.

Elle arrivèrent enfin sur place et aperçurent rapidement la silhouette de l'homme. Venu en personne ? Quel honneur ! Abby s'avança la première et le salua d'un signe de tête.

- Bonsoir Monsieur Vespero. Ou peut-être dois-je vous nommer autrement ? Mon nom est Abby et voici trois de mes coéquipières : Eloîss, ancienne déesse de la Chance. Bryseïs, princesse de Grèce. Gwen, une elfe de terra et enfin... voici Holly, une sylvari de terra également. Elle est jeune mais c'est une élémentaliste hors paire.

Toutes saluèrent l'individus d'un hochement de tête respectueux, sauf Eloïss qui, bras croisés, tirait encore la gueule et n'avait même pas le tact de regarder Lucifer. L'assassin préféra ne rien dire de plus et laisser le soin à ce démon de s'exprimer et de leur expliquer le pourquoi de leur venue.

Mon rencard arrive et m'arrache de ma torpeur. Ouf. Me laisser seul avec moi même est le meilleur moyen de me rendre dingue. Mais... si cela arrivait réellement, cela voudrait-il dire que je serais dingue de moi ? A méditer.
En attendant, les demoiselles se présentent de manière très, trop, cérémonieuse. J'ai l'habitude et ca me plait quand même. J'aime casser les mythes, et parfois jouer avec.

- Bonsoir Monsieur Vespero. Ou peut-être dois-je vous nommer autrement ? Mon nom est Abby et voici trois de mes coéquipières : Eloîss, ancienne déesse de la Chance. Bryseïs, princesse de Grèce. Gwen, une elfe de terra et enfin... voici Holly, une sylvari de terra également. Elle est jeune mais c'est une élémentaliste hors paire.

Je m'approche d'elles lentement, l'air impassible. Je m'arrête à quelques mètres et les fixe droit dans les yeux tour à tour et m'attarde sur une jeunette au cheveux de feu. Salut toi. D'une voix grave et solennelle je leur réponds, toujours en fixant la jeunette.

Je vois que vous avez apporté l'offrande. C'est bien. Sait-elle que vous l'avez emmené ici pour mourir ?

Petite pause, on laisse le malaise s'installer pendant une seconde et puis merde, je suis qu'un gamin si vous voulez mais je n'ai pas pu m'empêcher de rire.

Je plaisante, tout va bien aucune d'entre vous ne mourra ce soir. Vous êtes toutes beaucoup trop mignonnes pour mourir ou me donner du "monsieur", appelez moi Lulu. Ou maître. Ou grand-prince-des-enfers-maître-du-mal-et-ambassadeur-de-l'immoralité-pour-les-siecles-et-siecles-amen.

Je m'enflamme là. C'est pas bon... ça sent même le roussi ! Haha... si les gens pouvaient savoir ce que je pense, ils se marreraient bien. Et ils se foutraient bien de ma gueule aussi ! Heureusement que mon esprit est hermétique à ce genre de pouvoirs. Je continue à les détailler et... c'est qui celle là ?

J'ai déjà vu cette paire quelque part...  et je parle de tes yeux hein ils sont très... ils sont vraiment très... Eloïs la plume ! Dont on disait qu'elle était plus légère qu'une plume hein ? Et quand on parle de légèreté c'est joliment dit... AHEM. J'ai apprit pour toi, ce qui t'est arrivé, ta déchéance, ta perte de pouvoirs toussa toussa et je tiens à te dire que j'en suis navré. C'est moche ce qui t'est arrivé, j'ai pensé à te faire livrer des fleurs mais quand Interflora s'est mit à exister, y'avait déjà prescription hein ? Ha ha, je rigole mais avec le recul, avoue que quand même, pour une déesse de la chance... enfin bon... Dans tous les cas je suis très heureux de toutes vous voir et revoir ce soir. Voyez-vous je suis un homme pressé. Comme dans la chanson de Noir Désir. Et y'a des gens qui parfois font des conneries et qui me saoulent. Afin de les remettre dans "le droit chemin" j'aurai besoin de vos services.

Je sors une cigarette distraitement et cherche dans mes poches pour voir si je n'ai pas un briquet. Les cigarettes pour moi ne sont rien et sont inutiles : je n'y suis pas addict, je n'ai pas besoin de respirer et puis la fumée de là où je viens c'est comme l'air normal MAIS c'est pour le style. J'aurais bien prit un zippo de la mort qui tue que j'aurais allumé sur l'épaule de l'une de ces chères créatures mais... Putain où est ce que je l'ai foutu ?!

Vous n'auriez pas du feu ?

Bref, je continue ma petite histoire. La clope au bec.

Donc che que chvous propoje, ch'est de trouver ches mecs et de leur faire vos trucs de ninja. Deux ou trois shurikens dans la gueule et l'histoire est réglée. Ou tiens apportez moi 'eur coeur chur un plateau d'archgent. Ch'est cliché mais j'aime bien.

Je prends la clope dans la main avant de rajouter...

Je vous paierai en or, euros, dollars, yens, bananes flambées ou "bons pour une nuit de sexe endiablée avec le Lucifer". Des questions ?

Cette petite est mignonne. Holly c'est ça ? Il émane d'elle un truc. Un petit quelque chose. Une innocence... enfin un machin qui m'émoustille. L'innocence peut-être ? Possible. Peut-être bien que je ne me foutrai pas totalement d'elle, une fois n'est pas coutume. Je te mets dans mes petits papier Holly jolie.

Abby s'attendait à voir quelqu'un, ou quelque chose de plus... comment dire... diabolique. Ce n'était pas qu'elle était déçue... la déception n'était pas vraiment le sentiment qui l'habitait à ce moment là. Non c'était plutôt... du déconvenue. Le cliché du diable tout rouge avec des cornes et une tête de bestiole aurait été trop cliché bien sûr mais enfin, elle s'était attendue à autre chose tout simplement. Mais peu importe. ce qui l'intéressait ce n'était pas son physique mais la raison pour laquelle il les avaient faite venir. Il commença par les regarder une à une puis arrêta son regard sur Holly pour annoncer une chose inattendue. Une offrande ? Est-ce que Eloïss avait finalement eu raison de tenter de les dissuader ? La jeune sylvari prit un air stupéfait tandis que Gwen sortait déjà son arme. Abby fit un geste pour l'empêcher de faire une bêtise. Ce qui ne l'empêcha pas de faire jouer sa langue de serpent :

- Si tu la touche, t'es mort connard, siffla t-elle.

Heureusement, ce n'était qu'une plaisanterie. De très mauvais goût cela dit. La belle blonde grogna et se renfrogna en finissant par ranger son arme. Eloïss semblait impassible et bien décider à ne pas intervenir ni à ouvrir la bouche. En tous les cas, ce type était vraiment déconcertant. C'était ça le Diable ? Un petit rigolo à l'humour douteux ? Elles ne s'étaient pas attendues à ça. Sauf la déesse déchue bien entendu, qui connaissait un peu mieux le personnage.

C'est alors que Lucifer posa son regard sur elle et se lança dans une longue tirade qui la fit froncer les sourcils. Evidemment, il était au courant de tout celui-là. La jeune femme espérait juste qu'il tiendrait sa langue au sujet de leur petite... entrevue d'il y a plusieurs années. Un siècle même ? Allez savoir... elle ne s'était pas amusée à compter. Eloïss se retint de répondre vivement à son ironie mal placée histoire de lui clouer le bec mais préféra serre les dents et le fusiller du regard. C'était le passé tout ça et il allait bien falloir qu'elle se retienne de lui en mettre une. C'est qu'il était exaspérant quand il s'y mettait !

Abby en revanche, ne retint pas grand chose de ce passage concernant la déesse. Cela confirma simplement ce dont elle s'était doutée. Ce qui l'intéressait, en revanche, c'était ce pourquoi elles étaient ici. Apparemment une mission banale, celle de tuer une ou deux personnes gênantes. Entre définitive, leur pain quotidien.

Le Diable sortit une cigarette de sa poche mais ne semblait pas trouver de briquet. Dommage pour lui. Un démon, ça fume ? Pourquoi pas après tout. Malheureusement pour lui, aucune d'entre elles ne fumait et ne portait de briquet ou d'allumettes dans ses poches. Il allait devoir se débrouiller. Le maître des enfer lui-même ne possédait pas de feu... ironique, non ? Peu importe. La mission consistait à tuer des individus et à ramener leur coeur, rien de trop compliqué, et il comptait payer. Abby hocha la tête pour montrer son accord et ajouta :

- De l'or conviendra parfaitement.

- Dommage pour ta "nuit de sexe endiablée", Lucifer... Ne put s'empêcher de cracher Eloïss sur un ton faussement plaisantin.

La discussion semblait close et le moment était venu de passer aux détails du contrat. Le regard du démon passa néanmoins de nouveau sur la jeune rousse. Celle-ci finit par s'approcher et à se tenir juste en face du Diable. Elle ouvrit alors la paume de sa main dans laquelle apparut une flamme, dessinant des ombres lumineuse qui dansèrent sur son visage, ravivant l'éclat de la couleur de ses yeux.

- Du feu, annonça t-elle seulement.

La porte parole du groupe "Abby" choisit l'or pour tout le monde. Tsss comme c'est triste. L'or c'est quoi ? Du métal ! Des molécules à la con qui brillent légèrement. Alors que coucher avec un dieu, ben... ouais ca brille pas, enfin pas tout le temps mais je peux si je veux hein ! Bref. Eloïss se la joue un peu dédaigneuse, un luxe tout neuf que je ne lui connaissais pas à l'époque. Ha ! Si j'avais pu faire une sextape à l'époque, je lui aurais rafraichi la mémoire à cette petite déesse déchue. J'allais lui en balancer une bien cinglante à la faire rougir devant ses copines, quand sa copine, la plus rouge justement s'avança sans un mot. Elle a du cran la petite. C'est à un mètre de moi qu'elle tendit sa main dans laquelle apparut une flamme. Je ne la voyais que dans la pénombre et je dois dire qu'à l'éclat de sa main, elle était encore plus jolie. Une élémentaliste hors paire hein ? Abby n'avait pas menti. J'approche la cigarette et fume une petite taf pour l'allumer. Je me redresse et la regarde droit dans les yeux, yeux dans lesquels danse la flamme qu'elle anime. peut être verra-t-elle la même lumière à travers les miens ?

C'est une étincelle dans ta main. Mais c'est un incendie dans mon coeur.

Armstrong, si tu me lis, c'pour toi. Avec du recul, je me dis que c'est justement pour vivre ce genre d'instants, ces instants simples et néanmoins chaleureux, que je n'utilise pas mes pouvoirs. Et je fais bien. Et d'ailleurs je suis étonné qu'aucune d'entre elles ne se soit encore posé des questions. Surtout qu'Eloïss me connait, elle doit savoir de quoi je suis capable. Ou peut-être est-ce simplement qu'elles sont trop contente d'avoir un job pour interroger leurs clients ?

J'ai envie de les tester ces petites. tester leur loyauté : que feront-elles si elles ont l'or en avance ? Et aussi envie d'inviter Holly boire une verre. Faisons les choses dans l'ordre.

J'ajoute comme condition expresse à notre marché la permission de passer une soirée en compagnie de Holly, soirée galante, elle n'a rien à craindre de moi, si elle l'accepte bien sûr... quand à la rémunération : on va partir sur une base de 10 kilos par cible ? Je parle de lingots de 1k à 24 carrats donc c'est de l'or à 99,9% les filles. Avez l'envolée des cours vous devriez en avoir pour un peu plus de 550 000 dollars. Ca en fait des colliers hein ? Dans tous les cas vous trouverez 20 kilos d'avance dans un coffre à 20m derrière moi.

Je sors un petit papier et tire encore quelques panaches de fumée de ma clope. Pendant que je griffonne le noms de deux gugus qui me viennent en tête j'ajoute à l'intention de Holly :

Tu veux fumer ? Elle est goût chocolat. Nan ? Sûre ? Bon ! Voici le nom des cibles. Ne claquez pas tout en vêtements hein les filles !

Je lache un grand soupir genre soulagement. Et claque dans les mains

Eh bah voila, je trouve qu'on a été pro nan ? Et c'était une rencontre intéressante. Y'avait des menaces de mort, du feu, de l'amour, de l'or, du chocolat, des rumeurs grivoises : c'est une histoire pour toute la famille.

Et oui... de l'or. Difficile d'en trouver ces temps-ci, même en naviguant entre les deux mondes. Pour le sexe, en cas de manque insoutenable (ce qui était fort rare), les demoiselles avaient l'habitude d'aller chercher leur proie où bon leur semblait mais aussi d'organiser de petites parties de jambes en l'air entres elles. De quoi faire frémir et tourner la tête de toutes les créatures réunies, non ? Si elles étaient tant attachées à être payées en or, c'était surtout pour améliorer leurs armes et leurs tenues. Une autre partie était mise de coté en cas de coup dur, la majeur partie pour la nourriture et autres matières premières, et seulement s'il en restait encore, elles le dépensait en bijoux, vêtements et parfums. Et malheureusement c'était de moins en moins le cas. Voilà pourquoi ce contrat semblait très alléchant aux yeux de nos demoiselles.

Cependant, Holly n'était pas en train de penser à tout cela. Elle n'avait put s'empêcher, contrairement à ses amies, de trouver ce personnage fort intéressant et plein d'humour. Cela changeait des gros mafieux peu fréquentables qu'elles avaient l'habitude de servir. Certes, ce Lucifer, Diable en personne, ne faisait peut-être pas partie des gens les plus respectable de la planète mais enfin... il était différent.
Il accepta la flamme qu'elle lui tendait en guise de briquet et alluma sa cigarette avant de plonger ses yeux dans les siens et de réciter une phrase qui aurait fait fondre n'importe quelle demoiselle un peu romantique. Holly, elle, se contenta de rougir un peu et de faire disparaître la flamme en refermant sa main.
La somme que proposait Lucifer était... inattendue. Inespérée même, et Abby avait du mal à y croire. Bryseïs, qui jusque là était resté particulièrement calme et discrète, esquissa un sourire avec des yeux brillants rien qu'à l'idée d'imaginer les robes et les bijoux magnifiques qu'elle allait pouvoir s'offrir. Quelle joie !

Toussotant pour se remette les idées en place, Abby hocha la tête et hocha la tête en guise de satisfaction. Toujours aussi expressive cette jeune femme. Mais il restait un autre point à étudier : Holly. En effet, Lucifer avait demandé à ce qu'elle passe une soirée en sa compagnie. Drôle de demande et la leader y réfléchit quelques instants. Eloïss, elle, ne prit pas vraiment le temps d'y songer davantage.

- Pas question qu'elle passe sa soirée avec toi ! Holly a besoin de s'entraîner avec nous lors des missions pour progresser et je ne te fais pas confiance ! Soirée galante mes fesses ! Tu...

- Stop, ça suffit Eloïss à la fin ! Gronda Abby en lui lançant un regard noir. Cette décision ne t'appartient pas, c'est à Holly de décider. Elle est bien assez grande pour prendre une décision sans avoir à écouter les élucubrations d'un ancienne déesse qui n'a pas digéré de s'être fait baiser par le Diable dans tous les sens du terme.

Bouche bée, Eloïss venait de se faire sacrément fermer le clapet, ce qui fit ricaner Gwen. L'ancienne déesse lui lança un regard furibond qui finit par la faire taire et le calme revint. Tous les regards étaient désormais tournés vers la jolie rousse qui ne savait plus bien ou se mettre. Finalement, la demoiselle se tourna vers Lucifer et effectua une révérence timide.

- Je suis prête à vous suivre... ô "grand-prince-des-enfers-maître-du-mal-et-ambassadeur-de-l'immoralité-pour-les-siècles-et-siècles-amen."

Se redressant, elle afficha un petit sourire, espérant que cette touche d'humour n'allait pas froisser l'homme face d'elle. En vérité elle avait hâte de voir à quoi pouvait ressembler une soirée galante en compagnie de Lucifer qui, manifestement, était une personne qu'elle commençait à affectionner. Disons qu'il avait un certain charme pour un démon.

Eloïss serait-elle jalouse ou rancunière ? Que ce soit l'un ou l'autre ça ne peut que lui jouer des sales tours... et effectivement il n'a pas fallu attendre longtemps avant que Abby la calme. Elle a de l'autorité sur son groupe, c'est indéniable. Pendant une minute j'ai presque eu peur que le groupe s'éclate. Une fois le calme revenu, Holly me fit une petite révérence et se souvint très exactement de la formule que j'ai dit plus tôt.

- Je suis prête à vous suivre... ô "grand-prince-des-enfers-maître-du-mal-et-ambassadeur-de-l'immoralité-pour-les-siècles-et-siècles-amen."

En voila une excellente nouvelle ! Elle a l'air... gentille. C'est con comme qualificatif mais c'est ce à quoi elle me fait penser. Depuis quand une fille gentille m'intéresse hein ?! Il doit y avoir des trucs pas net dans cette clope au chocolat...

Pour toi, c'est définitivement Lulu.

La phrase se voulait romantique. J'ai prit ma voix de velour pour la dire et tout et tout mais... enfin je suppose que c'est l'histoire de ma vie. Bref ! Je leur ai pour ainsi dire donné l'or d'avance et elles ne m'ont pas sauté à la gorge mieux encore : Holly accède à ma demande un peu spéciale. Je passe une bonne soirée.

Je suis heureux de voir que vous n'avez pas essayé de simplement me planter ici en partant avec les lingots. Mais je vais tout de même vous mettre en garde au cas où l'idée vous viendrait de ne pas honorer votre part du contrat. Je suis Satan. Je pourrais tuer les cibles que je vous donne d'un claquement de doigt mais j'ai fait le choix de ne me servir de mes pouvoirs qu'en cas d'extrême urgence.

C'est le piment de ma vie. Ce qui a fait que je n'avais pas de briquet et ce qui fait que parfois je puisse avoir besoin de mercenaires comme elles. Ca me réussit plutôt bien. C'est une peu une recette du bonheur.

Eloïss, ci-présente pourra sans doute vous recommander de ne pas faire les gamines avec moi. Je ne suis pas connu pour ma patience, mais pour les corps démembrés et mutilés que je laisse derrière moi.

Je tends une carte de visite ridicule à Holly avec au dos mon numéro de téléphone perso ainsi que deux noms. Il y a un magnat de la bourse à Wall Street et un réalisateur de film. Le premier a lancé une rumeur sur une société qui m'appartient me faisant perdre beaucoup d'agent et le deuxième a réalisé un film que j'ai trouvé à chier. Deux heures de ma vie que je ne récupèrerai jamais. Qu'il crève. Mais je considère tout ça au passé, je les considère déjà comme morts depuis quelques minutes, de plus je ne peux m'empêcher de réfléchir à la sortie que je vais proposer à Holly. Plutôt Waltdisney ou grand salon du x ? Mon coeur balance et je ne sait pas encore trop de quel bois se chauffe ce petit ange.

Je suis sûr que nous allons bien nous entendre vous et moi. Je passe à votre planque d'ici quelques jours pour faire passer une soirée inoubliable à cette divine créature et en créatures divines, je m'y connais, vous n'aurez qu'à m'appeler pour me donner l'adresse.

En fait, l'adresse je l'ai déjà. J'ai déjà pas mal d'infos sur elles mais je trouve cela plus poli de les laisser me donner leur adresse elles-mêmes. De plus, ça me permet une nouvelle fois de tester leur honnêteté. En affaire, poser les questions dont on connait déjà les réponses est aussi utile que poser des questions dont on ne connait pas la réponse. La formule est redondante, je vais la rebosser dans ma tête...

Holly ne put sourire que davantage lorsque Lucifer lui dit qu'elle pouvait l'appeler Lulu. Elle ne savait pas si elle oserait le nommer ainsi mais le fait qu'il lui le lui dise avec ce regard si particulier l'enchanta. Elle trouvait qu'il y avait décidément quelque chose de très mystérieux mais très agréable chez cet homme et ne regrettait pas son geste. Que pouvait-elle craindre. Qu'il la tue ? Que pourrait bien lui rapporter sa mort ? Rien du tout. Il n'y avait donc aucune raison qu'il lui fasse du mal. Elle était confiante malgré les coups de gueules d'Eloïss.
Le démon apprécia que les jeunes femmes n'aient pas tenté de prendre l'argent sans réfléchir. Abby arqua un sourcil. Il est vrai qu'elles aimaient beaucoup l'argent mais elles n'étaient pas stupide. Se frotter à satan et essayer de le berner n'était pas du tout un jeu à jouer. Et puis les filles avaient tout de même de l'honneur et ce n'était pas leur genre de rompre un contrat de cette manière. Elles ne le faisaient que lorsqu'il n'y avait pas d'autres solutions ou que le commendataire n'avait absolument rien dangereux.
Sa petit mise en garde qui se rapprochait presque d'une menace ne fit donc ni chaud ni froid à l'assassin qui se contenta de planter son regard dur dans le sien.
 
En effet, Eloïss était bien placée pour savoir ce dont il était capable et elle non plus n'avait pas l'intention de le berner. Après tout, sans ses pouvoirs, elle était aussi impuissante qu'une mouche. Bien dommage d'ailleurs.

Lucifer donna alors une carte à la jolie rousse sur laquelle étaient écrites ses coordonnées et les noms de leurs cibles. Il annonça qu'elles devraient l'appeler une fois le travail terminé pour lui communiqué l'endroit de leur planque. Il ajouta également qu'il passerait une soirée inoubliable avec Holly qu'il nomma de "divine créature", ce qui la fit rougir nettement. Eloïss leva les yeux au ciel mais ravala son venin.

Abby hocha la tête pour clore le marché en quelque sorte.

- Bien... je crois que tout a été dit. Nous allons rentrer maintenant. A bientôt et bonne soirée... Monsieur.

Sur ces mots, elle fit signe à tout le monde de la suivre. Personne n'ajout un seul mot ni un seul regard à l'individu hormis la douce Holly qui hésita une seconde avant de saluer Lucifer d'un signe gracieux de la tête.

- Au revoir.

Un dernier sourire, et elle rejoignit les filles avant de disparaître dans l'obscurité. Quelque chose lui disait que cette mission n'aurait rien de compliqué...