Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - AsepTimusoth

Pages: 1 [2] 3 4 5
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Centre-ville de Seikusu / Faites vos jeux, rien ne va plus ! [June Williams]
« le: dimanche 05 septembre 2021, 00:46:50 »
L’atmosphère des casinos était toujours aussi… enivrante. Elle représentait un savant mélange de tout ce qui permettait de garder les clients dans une euphorie constante : des lumières presque aveuglantes, des sons de jackpot presque incessants pour laisser croire qu’il y avait des gagnants à tous les coins de la pièce, d’élégantes hôtesses et d’élégants hôtes pour attirer les regards et déconcentrer les parieurs ou leur servir d’agréables boissons à déguster. Asep’Timusoth comprenait pourquoi Asmodée n’avait jamais eu de mal à titiller la fibre « joueuse » des Mortels. À voir les complexes qu’ils étaient capables de construire pour enfermer les leurs dans un labyrinthe de jeu, muré d’or et d’argent, et pavé des espoirs déçus de tous ceux qui espéraient faire fortune entre ces murs définitivement maudits. Mais ici, le Démon était comme un poisson dans l’eau. Il se nourrissait presque de tout ce qui se passait entre ces murs et il n’avait pas été très difficile d’y trouver un travail comme croupier. L’Incube s’était présenté avec une solide expérience de tous les jeux possibles et imaginables et ses talents naturels avaient suffi à convaincre le responsable des ressources humaines, qui n’avait même pas cherché particulièrement à s’intéresser au passé de son futur employé. Mais à le croire, il y avait suffisamment de turn-over dans les candidatures pour dégager aux premiers soucis les employés qui ne seraient pas au niveau, ce qui convenait à la créature des Enfers, suffisamment pour ne pas se soucier davantage du processus de recrutement. On l’avait installé à de petites tables pour qu’il fasse ses preuves mais, depuis quelques jours, il avait pris possession d’une bonne table de blackjack. Mise minimum suffisamment élevée pour éviter les touristes curieux, il avait le droit à des clients plus chevronnés, et, surtout, avec davantage d’argents à perdre.

Le Démon s’était offert le luxe d’une liberté durement arrachée à un invocateur retors. Heureusement, ceux qui se pensaient à l’abri étaient souvent ceux qui étaient, au final, les plus faciles à berner, même si cela demandait un peu de travail de fond. Une fois cette nouvelle âme expédiée aux Enfers, Asep’Timusoth avait pris une apparence plus locale et s’était fondu dans la société. Après quelques jours passés à observer les Mortels, il était temps de s’amuser davantage. Son nouvel emploi en poche, il avait profité de son temps libre pour s’acoquiner avec quelques-unes de ses collègues, sans parler de quelques clients qu’il avait réussi à manipuler, principalement lors de leurs mauvaises séries sur des tirages pourtant imperdables. L’argent était véritablement le nerf de la guerre dans ce monde et l’attachement des Mortels pour cette notion par ailleurs totalement superficielle et artificielle, qu’il était presque trop facile d’obtenir quasiment n’importe quoi d’eux dès que l’on faisait miroiter l’opportunité d’en récupérer. Certains, cependant, accusaient simplement leur malchance pour la nuit et prenait la chose avec beaucoup de sagesse. Ce n’était pas aussi bon pour les affaires pour l’Incube mais ces personnes-là méritaient une once de respect de la part de ce dernier. Après tout, il n’y avait aucun respect à avoir pour ceux qui vendaient une part de leur âme pour quelque chose d’aussi inutile, et il allait y avoir un peu de travail une fois de retour aux Enfers. Peut-être même qu’Asmodée se chargeait déjà d’accueillir ces pauvres hères elle-même, en leur faisant découvrir les charmes d’une existence dans un monde où la souffrance pouvait être poussée à un paroxysme inédit, puisqu’ils ne disposaient plus de leur qualité de Mortels pour sombrer dans les bras de l’inconscience ou de la mort elle-même pour les en délivrer.

La soirée venait de commencer. Le casino s’éveillait tranquillement de sa léthargie de l’après-midi et les clients commençaient à remplir l’espace. Asep’Timusoth, ou plus exactement, Zackary venait de prendre son service et s’était installé à sa table. Ses cheveux mi-long châtain avaient toujours un peu de mal à se discipliner mais son employeur ne lui en tenait pas trop rigueur. Après avoir récupéré de quoi alimenter sa banque de jetons, il avait commencé à distribuer les cartes pour entamer les différents paquets présents dans le mélangeur. C’était un peu dommage de ne plus avoir à manipuler les cartes, mais, au moins, on ne pouvait pas accuser le croupier de tricher, même si, bien entendu, personne ne savait qu’il était un Démon et que, notamment, il pouvait s’amuser à utiliser ses dons pour pimenter quelque peu les parties. Toutefois, il n’avait généralement pas besoin d’aider la chance pour faire perdre ceux qui pensaient en avoir une. Peut-être découvrirait-il quelqu’un d’intéressant ce soir ? C’était aussi le charme du croupier : de temps en temps, il y avait la possibilité de discuter entre deux parties, de découvrir des tranches de vie, ou des justifications, parfois minables, qui poussaient les acteurs concernés au vice. Quelles seraient les histoires de ce soir ?


17
Blabla / Re : Suite des Mots en Folie
« le: mercredi 01 septembre 2021, 21:00:28 »
L'ordre du Temple <> Chaos

-- A.

18
Blabla / Re : J'offre mon corps à....dix
« le: mercredi 01 septembre 2021, 20:59:35 »
10 !
Et un Démon sur le marché, un !

-- A.

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« Le plaisir est pour moi, alors. » Le Démon se fendit d’un sourire aguicheur en levant son verre. Jouer la comédie n’était toujours réellement crédible que lorsqu’on y ajoutait suffisamment de vérité pour la rendre authentique. C’était la règle numéro une et, en tant que Démon, rompu à l’exercice, Asep’Timusoth était parfaitement conscient de cela, mais, en cet instant, il n’avait pas particulièrement la volonté de mentir plus qu’il ne le faisait déjà en masquant ses véritables origines et apparence. Après tout qu’elle aurait été l’intérêt ? Obtenir quelque chose de l’aubergiste ? Il lui semblait qu’il n’avait pas particulièrement besoin de jouer un personnage pour avancer dans la bonne direction. L’Incube ne voyait pas de mal à l’idée de passer un moment en sa compagnie et c’était l’occasion probable d’obtenir des informations sur ce monde de manière assez agréable. Cependant, s’il l’avait su, il aurait effectivement essayé de prendre un bain avant de descendre. L’odeur de sa jument ne le dérangeait pas personnellement, mais il avait cru comprendre que les Mortels étaient parfois un peu à cheval sur certaines choses, aussi était-il naturel qu’il s’en excuse, même si, visiblement, ce n’était pas du genre à déranger son hôte. Il nota néanmoins son trouble, évident, comme si elle cherchait ses mots. Etait-ce le produit de l’alcool ou bien avait-elle peut-être essayé de l’appeler par son nom tout en se rappelant qu’il ne s’était pas encore présenté. Cela le fit sourire légèrement tandis qu’il finissait son verre. Il n’y avait aucune utilité d’essayer de comprendre réellement, il semblait à la créature des Enfers que son interlocutrice était suffisamment avenante pour qu’il soit confiant que la réponse viendrait toute seule, en temps et en heure.

Sa remarque concernant l’hygiène corporelle le fit sourire. En un sens, elle n’avait pas tort. Il était beaucoup plus facile de laver la souillure physique que celle de l’âme. En tant que Démon, il était d’ailleurs probablement le mieux placé pour s’en rendre compte. Les Mortels avec lesquels il avait passé des contrats par le passé était souvent bien propre sur eux et, pourtant, n’étaient pas loin d’être des pourritures, parfois presque à même de pouvoir se comparer à certains des siens. Heureusement, ces personnes-là avaient le droit à un traitement tout particulier à leur arrivée aux Enfers, un traitement dont il ne manquerait potentiellement pas, et l’aubergiste non plus, d’apprécier l’ironie, même s’il ne pouvait pas réellement lui expliquer les tenants et les aboutissants. « Généralement, ces personnes-là ne se rendent compte bien plus tard de leurs erreurs, mais ils finissent toujours par le regretter. Inévitablement. » Le Démon gratifia l’aubergiste d’un signe de tête en remerciement alors qu’il tirait son verre, à nouveau rempli, vers lui. Il le porta à ses narines pour profiter davantage des odeurs puissantes qui se dégageaient de ce liquide avant d’en prendre une nouvelle gorgée. Son hôte lui fit remarquer qu’ils ne s’étaient pas présentés jusqu’à maintenant, et elle lui offrit son nom, tout en lui proposant, non pas de lui dévoiler le sien, tout simplement, mais de le troquer contre une bassine d’eau chaude pour se nettoyer ici et non là d’où elle venait, à en croire ce qu’elle disait. La proposition était étonnante, car elle aurait pu lui demander son nom presque naturellement, mais le fait qu’elle propose d’y rajouter un échange sous-entendait probablement qu’il y avait davantage derrière les oreilles de cette elfe que la simple volonté de lui demander son nom.

« C’est un marché tout à fait sympathique en effet. Je l’accepte volontiers. » Il esquissa un sourire légèrement séducteur avant de prendre une nouvelle gorgée de son verre dans une très légère grimace. Il reposa ce dernier sur la table et posa son regard sur Tissandre. « Je m’appelle Zackary, mais le diminutif Zack convient aussi, si vous préférez. » Bien entendu, il ne pouvait pas lui donner son véritable nom. D’abord parce que c’était là le meilleur moyen de se mettre en mauvaise posture, mais également un moyen de lever un nombre certain d’interrogation dans l’esprit, certes peut-être embrumé par l’alcool de son hôte, mais probablement suffisamment aiguisé pour se poser l’une ou l’autre question embêtante. Et l’Incube trouvait qu’il serait particulièrement malvenu de devoir se retrouver à faire le ménage dans cette taverne si cela devait se produire. L’idée de prendre en bain, en compagnie de cette dernière, était beaucoup plus engageante. Il n’était pas encore certain de ce que l’Elfe avait réellement derrière la tête en lui proposant de prendre un bain ici, mais l’idée qu’elle essaie de l’attirer sur cette discussion n’était vraiment pas problématique. Il termina à nouveau son verre, secouant légèrement la tête avant de repousser ce dernier vers le milieu de la table. « Que diriez-vous d’un petit jeu pour pimenter un peu notre discussion ? » Il fit apparaitre sa pièce entre ses doigts, comme si elle venait de nulle part et la posa sur la table à côté de son verre en s’avançant et s’appuyant sur la table comme s’il s’apprêtait à lui faire une confession presque intime. Leurs visages s’étaient rapprochés beaucoup plus désormais et son regard ne quittait pas celui de Tissandre. Il baissa un peu le ton de sa voix, vu qu’ils étaient suffisamment proches désormais, sur un ton peut-être un peu plus chaud. « Vous choisissez une question ou une action de votre choix, puis vous tentez de deviner de quel côté tombera la pièce. Vous la lancez. Si votre pari est le bon, je réponds, dans le cas contraire, vous répondez à votre propre question. » Il esquissa un sourire tout en laissant la pièce à côté de son verre, se redressant légèrement, sans la quitter du regard. Il s’adossa au dossier de sa chaise et jeta un regard à la taverne qui désormais se vidait tranquillement. Peut-être ne tarderaient-ils pas à rester en tête à tête… 


20
Blabla / Re : J'offre mon corps à....dix
« le: jeudi 26 août 2021, 18:54:49 »
Cinq.
Qui sait ? Peut-être arriverais-je à dix...

-- A.

21
Blabla / Re : Suite des Mots en Folie
« le: dimanche 22 août 2021, 14:48:08 »
Pokémon > Dresseur

-- A.

22
La petite crise de conscience qui l’avait étreint quelques minutes plus tôt au bar semblait être un lointain souvenir désormais. La jeune femme ne résista même pas une seule seconde, se laissant plaquer – non sans une douceur maîtrisée – contre la paroi de la porte de son immeuble. Et alors qu’il prenait un malin plaisir à relancer les hostilités entre eux deux, le Démon eut grand plaisir à la voir sauter à pieds joints dans l’eau. Et alors que, pour toute réponse, sa future hôte venait, littéralement, de fondre sur ses lèvres, il lui rendit, avec la même passion, le baiser qu’elle lui offrait des plus volontairement. Si elle avait eu des doutes quant à sa réelle volonté de la posséder alors qu’il n’était pour elle qu’un escort, le fait qu’ils soient désormais loin du bar, et loin de ce qu’elle le considérait alors, semblait avoir levé quelques inhibitions passées. Ce qui n’était pas pour déplaire à l’Incube, loin s’en faut. En réalité, il y avait bien entendu la possibilité de se libérer du joug du pacte implicite qui la liait à son invocatrice par défaut, mais elle avait eu le mérite d’attirer son attention et, encore une fois, l’idée de s’offrir un peu de bon temps en sa compagnie n’était pas désagréable. Joindre l’utile à l’agréable n’avait rien de problématique, bien au contraire. Alors qu’ils continuaient à s’embrasser, Asep’Timusoth put sentir les mains de sa guide se poser sur lui. De son côté, il profitait de son corps contre le sien, s’appuyant à peine d’un bras contre la porte tandis que son autre main s’était glissée contre la nuque de ce petit brin de femme qui ne semblait absolument pas prête à accepter que leur baiser ne s’achève. Pour un peu, il aurait presque cru qu’elle allait le déshabiller ici et maintenant, non pas que cela aurait fait une réelle différence pour lui, mais tout de même.

Ce fut lui qui mit un terme au baiser, même s’il n’aurait pas été désagréable de le faire durer encore. Qui aurait cru d’eux deux, le Démon serait le plus raisonnable ? Le visage de la jeune femme se tendit vers le sien lorsqu’elle sentit qu’il essayait de rompre leur échange et ses mains se refermèrent sur le tissu de son vêtement pour le retenir, même s’il n’avait aucune réelle envie de s’écarter davantage. Sa manière de le regarder le fit sourire. Il savait qu’il tapait dans le mille dans sa manière de s’adresser à elle et l’Incube espérait secrètement qu’elle saurait prendre l’initiative qui était celle que l’on attendait d’une maîtresse. Son ordre le fit sourire davantage. Quant à sa supplique, celle lui suggérant qu’elle souhaitait que ce soit difficile. Comment le dire ? Ma foi, c’était parfaitement quelque chose dans ses cordes. Il n’eut cependant pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’elle l’embrassait à nouveau, peut-être encore plus passionnément qu’avant, si cela était même possible. Si elle désirait de la difficulté pour atteindre son appartement, elle allait être servie. D’ailleurs, en toute honnêteté, il n’avait pas vraiment le choix, après tout, c’était un ordre dans le cadre de son pacte, non ? Sans cesser de l’embrasser, Asep’Timusoth posa ses mains sur les cuisses de la jeune femme avant de la soulever légèrement du sol, toujours contre la porte. Il avait décidé que, pour rendre les choses plus difficiles, et, surtout, pour ne pas s’éloigner de plus de ça d’elle, il s’amuserait à la porter, au moins le temps qu’ils finissent par arriver jusqu’à chez elle, quelle que soit la distance qui les séparait de cet endroit. Fier de sa petite entreprise, il rompit leur baiser un bref instant.

« Cela vous convient-il comme niveau de difficulté, Maîtresse ? » Il lui offrait un certain degré de liberté puisqu’il ne pouvait pas entraver complètement ses bras, mais cependant il comptait bien sur le fait qu’elle devrait le diriger, d’une manière ou d’une autre, pour pouvoir avancer. « Ou peut-être préféreriez-vous quelque chose de moins… rapproché ? » Le Démon connaissait déjà la réponse, ou du moins se doutait fortement de celle qu’il allait recevoir. Il lui suffisait de sentir la chaleur de son corps contre le sien pour savoir qu’elle n’éprouvait probablement aucune objection à sa prise d’initiative même si, il fallait l’avouer, il ne suffisait qu’un mot d’elle pour qu’il cesse et essaye quelque chose d’autre. Après tout, l’Incube se targuait de suffisamment d’imagination pour lui fournir toute la difficulté dont elle avait besoin, même si elle se révélait assez… difficile pour être satisfaite. Mais quelque chose lui disait que cela ne serait pas le cas. Tout au plus lui suggèrerait-elle quelques améliorations pour mieux répondre à ses attentes. La créature des Enfers entreprit cependant de continuer son travail de sape en venant embrasser à nouveau sa victime. Il ne savait pas comment elle escomptait passer la porte de son immeuble, mais, dans tous les cas, elle devrait le faire plus ou moins à l’aveugle, au moins, pour le moment.

23
Blabla / Re : Re : Horloge parlante
« le: mercredi 28 juillet 2021, 21:21:15 »
Jouer à quoi ?

14h56

New World, FFXIV, Sea of Thieves, Overwatch, Hearthstone... You name it ! :D

21:21

-- A.

24
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: mercredi 28 juillet 2021, 14:54:12 »
Je profite d'un peu de temps libre pour jouer un peu !

14:54

-- A.

25
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: mardi 27 juillet 2021, 19:29:34 »
19:29

Juste pour le plaisir.

-- A.

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L’alcool était un excellent moyen de délier les langues, même si, en la matière, ce n’était pas lui qui poussait à la boisson. La manière dont la tavernière s’était entichée de venir directement à sa table pour se confier avait quelque chose de troublant. Il n’y avait aucune chance qu’elle ait pu déceler sa nature démoniaque et, si cela avait été le cas, il y avait fort à parier qu’elle ne se serait pas approché de manière aussi désinvolte, à moins, bien entendu, qu’il ne s’agisse là que d’un habile subterfuge. Malgré tout, l’aubergiste semblait surtout préférer l’idée de pouvoir vider son sac, sans craintes de tomber sur quelqu’un qui n’avait finalement aucun parti pris et donc, a fortiori, n’allait pas particulièrement chercher à se faire mousser en s’empressant de rapporter d’éventuels propos désobligeants. Cette proposition convenait parfaitement au Démon, d’autant que cela lui permettrait éventuellement d’obtenir quelques informations supplémentaires sans même avoir à les demander et, qu’ainsi, il n’aurait même pas le risque de donner l’impression de rechercher quelque chose en particulier. Après avoir jeté un dernier regard interrogatif en direction de la serveuse qui se contenta de lui offrir une moue boudeuse avant de s’en retourner vers les cuisines, il offrit toute son attention à son employeuse qui versait déjà l’alcool dans les verres dans des proportions loin du raisonnable. Au moins cela avait le mérite de donner le ton de ce qui allait suivre. Le Cambion attrapa le verre à son intention et le leva en même temps que l’Elfe mais, contrairement à elle, se permit le luxe d’observer les reflets colorés du breuvage ainsi que de sentir brièvement ses fortes effluves avant d’en ingérer une bonne gorgée, sans aller jusqu’à terminer son verre d’un trait.

Une brève sensation de fraîcheur envahit sa bouche avant d’être très rapidement remplacée par une forte chaleur qui eut le mérite de le surprendre. Il était rare que les alcools mortels puissent se révéler particulièrement puissants, ou au moins suffisamment pour éveiller une once de surprise pour un Démon, mais là, il fallait croire qu’ils s’étaient surpassés. L’Incube fit mine d’accuser un peu le coup, appréciant la violence du liquide qui glissait dans le fond de sa gorge, tout en démontrant une certaine habitude. Il était relativement crédible qu’un voyageur ait goûté à toutes sortes de spécialités alcoolisées et puisse ainsi s’adapter aux liqueurs les plus fortes, mais n’importe quel buveur invétéré se serait retrouvé secoué par la chaleur saisissante qui attrapait violemment le palais sans réellement le quitter. Voilà une boisson qui devait coucher bon nombre de mortels peu habitués à la boisson ! Posant son verre sur la table, il ferma les yeux quelques instants pour apprécier cette sensation nouvelle avant de rouvrir les yeux qu’il posa sur sa vis-à-vis. « Voilà longtemps que je n’avais pas été secoué par une boisson ! » Il avait dit cela avec un sourire amusé et un ton enjoué. D’abord parce que cela l’amusait beaucoup et, surtout, parce qu’il se doutait que cela ferait plaisir à son hôte. Elle-même s’était laissée aller à descendre son premier verre cul-sec, l’habitude, très certainement, ou alors une forte volonté à vouloir défaire sa raison le plus vite possible. Elle profita du fait de se resservir pour lui expliquer l’expression qu’elle avait utilisée un peu plus tôt, avant de digresser sur la responsable, sans néanmoins faire une référence immédiate, bien que logique, à la serveuse en question. L’incube se contenta d’hocher la tête en silence aux conclusions tirées par l’aubergiste, conscient que c’était souvent dans l’adversité que les plus naïfs finissaient par comprendre les réalités du monde.

Elle dévia ensuite rapidement de sujet, s'enquérant davantage de son invité désormais. Une curiosité somme toute bien placée. L’arrivée de nouveaux-venus devait être une attraction dans le coin. Comme l’Elfe l’avait fait remarqué, les terres étaient grandes, il avait pu le constater, et les villages peu nombreux, si bien que les voyageurs devaient probablement se faire assez rare, suffisamment pour presque devenir une attraction. Profitant des remarques de son hôte pour finir son verre ponctué d’un petit rictus, il reposa son verre devant lui, suffisamment prêt de la bouteille pour indiquer, silencieusement, qu’il n’était pas contre un remplissage en règle, s’il était toujours d’actualité. « Je prends le temps de voyager tranquillement. Mais je ne dois mon état présentable qu’à l’endurance de ma monture, et sa taille au garrot. » La créature des Enfers esquissa un large sourire. « Une raison de plus de profiter de votre hospitalité pour permettre à ma fidèle monture de prendre du repos bien mérité. Quant à moi, j’apprécie toujours de pouvoir discuter de temps en temps avec des gens, car si ma jument a de bonnes qualités physiques, et si elle a un tempérament adorable, elle n’est malheureusement que de piètre compagnie sociale et, comme vous l’avez dit, les étapes les étapes entre deux lieux habités sont parfois longues. » L’intéressé se détendit un peu, prenant un peu plus ses aises avant de terminer sa réponse. « Enfin pour ce qui est de l’aspect propre… Ce n’est pas parce qu’on voyage beaucoup qu’on est obligé de se séparer de certains… standards d’hygiène, même si, et vous m’en excuserez, j’espère, je pense que je dois davantage sentir le cheval que ma propre odeur corporelle ce soir. » Il esquissa un sourire un peu plus finaud. « Si j’avais su que la tenancière viendrait s’asseoir à ma table, je me serais probablement permis de prendre un bain avant de descendre diner. » Peut-être y avait-il une pointe de séduction dans sa manière de parler ? Cela ne coûtait rien après tout non ?
 


27
Le Démon avait ressenti la surprise et le doute sur le visage de la jeune femme lorsqu’il s’était aventuré à glisser une main sur sa taille. Ces gestes cavaliers étaient souvent bien trop familiers dans les coutumes des mortels pour que de simples inconnus ne se les permettent en abordant une autre personne, mais, dans le cas présent, Kara et l’Incube avaient déjà partagés suffisamment de l’un et de l’autre pour que ces familiarités, ne deviennent finalement rien de plus qu’une conséquence logique entre deux amants. Certes, ils n’avaient pas encore véritablement consommés ces plaisirs intimes, mais cela n’était qu’une question de temps désormais. Précisément le temps qu’il leur faudrait pour arriver au domicile de la jeune femme, du moins, très probablement. L’intéressé apprécia chacune des émotions qui transpirèrent du regard de son invocatrice, qu’il s’agisse de sa surprise, de son léger trouble, ou du plaisir qu’elle semblait trouver à sa forme humaine. Visiblement son choix n’avait pas été trop mauvais. Il eut un sourire, autant pour elle que pour lui-même alors qu’elle lui confirmait ses pensées en admettant qu’il était loin de la décevoir. L’espace d’un moment, Asep’Timusoth se demanda s’il en aurait été de même avec une apparence moins… avantagée. Les Mortels avaient souvent des standards de séduction assez hauts et tenaient plutôt à ce que leurs partenaires soient plus proches des parangons de beauté que de l’individu lambda. Quant au Cambion, sa seule certitude était que, comme le disait un proverbe humain, il n’était de mouche que l’on attrapa avec du vinaigre. En conséquence, il ne voyait aucun intérêt à prendre une apparence repoussante. Même si le plaisir de l’expérience en vaudrait peut-être la chandelle, un jour ou l’autre, mais pas ce soir. Ce soir, il avait une jeune femme à séduire et à satisfaire, que ce soit visuellement ou physiquement.

La créature des Enfers posa un rapide regard sur le sac en papier brun que Kara attrapa. Il y avait vraisemblablement ce qui ressemblait à une bouteille à l’intérieur et, à en croire sa future hôte, il s’agissait de Whisky, un alcool qu’il connaissait mais dont le souvenir lointain ne lui permettait pas nécessairement de se rappeler du goût de cette boisson qu’il savait cependant de couleur ambre. Il esquissa un sourire un peu plus large, se penchant malicieusement vers son oreille. « Je pense que n’importe quel alcool sera délicieux s’il est bu du bout de tes lèvres. » Il se redressa dans un silence équivoque et la laissa payer sa commande avant de se laisser emporter vers l’extérieur par la main. Cette proximité était étonnante, mais pas nécessairement désagréable. Et puis, cela avait également le luxe de fonctionner parfaitement avec la magie qui le retenait ici. Après tout, les ordres n’étaient pas uniquement un ensemble de mots. Alors qu’ils retrouvaient la fraîcheur de la nuit, Asep’Timusoth perdit quelques instants son regard dans le ciel. Il avait toujours apprécié cette vision bien plus douce que l’ardente nuée de flammes et de cendres des Enfers. Cela avait quelque chose de… reposant. Et même si les néons et les lampadaires éclairaient bien trop à son goût, la noirceur de la nuit venait quand même récupérer son dû au-dessus de la ville. Main dans la main, l’Incube suivait la jeune femme qui, visiblement, essayait d’aller vite, mais marchait d’un pas mal assuré, probablement à cause de l’alcool qui courait dans ses veines. Sa réflexion sur le fait qu’elle devait boire rapidement le surprit quelque peu. Avait-elle à ce point besoin de l’alcool pour faire ce qu’elle faisait ? Il imaginait difficilement qu’elle puisse avoir du mal à séduire les hommes qu’elle désirait, à moins, bien entendu, que son tempérament habituel était relativement timide, mais ce n’était pas ce qu’elle dégageait de prime abord.

Il y avait quelque chose d’amusant à la situation tout de même : lui, le Cambion des Enfers, dirigé par un petit bout de femme, visiblement déterminée, pour son plus grand plaisir, à ce qu’ils poursuivent ce qu’ils avaient commencé dans l’arrière-salle du bar. Il n’y avait pas beaucoup de Mortels qui avaient réussi à séduire Asep’Timusoth, mais ce petit brin de femme l’intéressait au plus haut point. Il ne pouvait réellement dire pourquoi. Son apparence n’était pas désagréable, certes, mais l’apparence n’était pas quelque chose d’important pour le Démon, il n’y avait rien de plus banale que l’apparence et ce qu’il appréciait le plus, c’était la personnalité de ces Mortels, leurs comportements, leurs pensées. Et, du peu de temps qu’il avait passé en sa compagnie, l’Incube n’avait qu’une envie, en découvrir un peu plus sur sa manière de fonctionner, d’être. Et s’il devait passer une nuit en sa compagnie pour cela… Eh bien, il ne s’agissait là que d’un petit bonus, particulièrement savoureux. Il regarda pendant un instant cette main qui serrait la sienne et l’entraînait à travers les ruelles de la ville dont il ne connaissait rien. Pour un peu elle pouvait le mener vers un get-apens, mais la simple évocation de cette idée farfelue le fit sourire. Ses doigts caressaient distraitement le dos de sa main, tel une promesse silencieuse ou un rappel muet de la raison de sa présence. Il aurait pu l’embêter un peu plus, mais il préféra attendre encore un peu. Attendre qu’ils arrivent enfin presque chez elle, juste devant la porte en bas de son immeuble pour commencer à pimenter un peu les choses. Alors qu’elle annonçait cet état de fait, il la plaqua doucement contre cette dernière, faisant attention à la précieuse bouteille. Son visage s’approcha du sien, ses yeux d’ambre vissé dans ceux de Kara, un sourire séducteur et ambitieux sur les lèvres. « Maintenant que nous sommes presque arrivés chez toi, la question est de savoir si je te facilite la tâche ou si je me permet de te rendre les derniers mètres encore plus… difficiles. » Il se plaqua alors un peu plus contre elle et l’embrassa avec une pointe de sauvagerie, juste assez pour lui montrer qu’il avait envie d’elle, assez pour ne plus être sage. Il s’écarta ensuite très légèrement. « Quel sera votre choix… Maîtresse. »
 


28
Centre-ville de Seikusu / Re : Les petites lignes du contrat. [PV AsepTimusoth]
« le: vendredi 09 juillet 2021, 17:31:55 »
La contradiction de la situation était légèrement perturbante. L’esprit de la jeune femme semblait avoir trouvé un rocher sur lequel s’accrocher et braver la tempête de passion qui le bringuebalait depuis de longues minutes. Il n’était pas rare que les Mortels aient quelques instants de réalisation, souvent au dernier moment, mais, généralement, perdus dans leurs plaisirs et leurs émotions, surtout celles reliées aux passions charnelles, ils préféraient s’abandonner complètement, quitte à devoir y réfléchir davantage après. Compte-tenu de son état d’ébriété et, il fallait le reconnaître, de l’état avancé de leurs petits jeux sensuels, le Démon était particulièrement surpris de voir à quel point Kara avait réussi à retrouver un semblant de raison. Bien entendu, Asep’Timusoth s’était douté qu’en forçant un peu les choses, il aurait probablement pu pousser son corps à outrepasser sa raison, mais ce n’avait jamais été dans ses manières. Cela devait venir d’elle, du début jusqu’à la fin. Alors il fallait essayer de la rassurer, tout en essayant de comprendre ce qui venait de contrecarrer leurs élans. Heureusement, la jeune femme ne s’enferma pas dans un silence pesant. Elle semblait réellement lutter entre ses envies, ses pulsions et ses pensées, ces dernières étant le dernier rempart qui l’empêchait probablement de se perdre dans les bras de l’Incube. Visiblement, elle semblait ne pas apprécier le fait qu’il agissait conformément à son métier. Il était vrai qu’elle le considérait vraisemblablement comme un artiste en représentation. S’imaginait-elle que ses attentions étaient incluses dans sa prestation ? Il n’était pas rare que les Mortels vendent leurs corps en échange d’argent et, si elle le voyait comme un de ceux-là, elle semblait dérangée à l’idée de profiter de lui, de le forcer à faire ce pour quoi il avait été payé. Ce qui était amusant, sur ce plan-là, c’était de penser que, d’une certaine façon, il avait bel et bien été payé.

Car si le dénommé Rama n’avait pas dépensé d’argent, du moins celui de son monde, pour les services du Cambion, son arrivée dans ce plan avait demandé le sacrifice de trois âmes, dont la sienne. Bien entendu, il aurait été particulièrement stupide d’évoquer cette réalité, pas maintenant en tout cas. Peut-être finirait-elle par réaliser, plus tard, ce qui s’était vraiment passé cette nuit. Seul l’avenir saurait le dire et, malheureusement, connaître l’avenir ne faisait pas partie de ses pouvoirs. Heureusement en un sens, il n’y avait rien de plus ennuyeux que de savoir à l’avance tout ce qui pouvait se produire. Un léger sourire au bord des lèvres, Asep’Timusoth décida de répondre suffisamment franchement pour ne pas mentir, mais en même temps de ne pas exposer la vérité en tant que telle. « Juste ce qu’il faut pour ma présence ici. » Ses yeux d’or posés sur la jeune femme, il s’approcha un peu plus encore d’elle. « Pour les extras, c’est si j’ai envie, et uniquement en nature. » Il s’approcha encore un tout petit peu plus, se faisant à peine insistant, les mains posées délicatement sur les hanches de la jeune femme. Son sourire se fit narquois, face au trait d’humour qu’il s’apprêtait à lancer. « Et la maison ne fait pas crédit. » Son sourire s’élargit un peu davantage. Le Démon avait conscience que la dénommée Kara avait besoin d’être rassurée, en quelque sorte. Elle semblait apprécier l’idée de passer une nuit avec un inconnu, mais la perspective d’imaginer qu’il avait été payé pour ça devait enlever le charme à l’affaire. Mais, encore une fois, il n’avait aucune obligation, simplement l’envie de la faire chavirer, parce que le jeu en valait la chandelle, certes, mais aussi parce que c’était plus qu’agréable en soi.   

Heureusement, il sembla que ses paroles eurent l’effet escompté, ou presque. Si la demoiselle semblait accepter l’idée qu’il ne l'appréciait pas par obligation, elle désirait cependant changer, un peu, les règles du jeu. Plus d’alcool et aller chez elle ? Cela n’était pas réellement dans ses plans, mais il pouvait jouer avec ces nouvelles contraintes. Il apprécia le baiser qu’elle ne put retenir et attrapa délicatement sa gorge dans le creux de sa main gardant ses lèvres contre les siennes pendant un long et savoureux baiser. Il se recula légèrement, dans un sourire, sa main glissant avec douceur le long de ses courbes qu’il appréciait encore d’un regard avide d’envie. « Je te laisse choisir l’alcool le temps que je me change, et nous rentrons ensemble. » Il murmura dans un sourire. « Pour une deuxième partie de soirée… mémorable. » La créature des Enfers avait accompagné son dernier mot d’un ton et d’un sourire inimitable avant de se redresser et de se diriger vers une porte qui était celle des toilettes. Alors qu’il passait derrière la porte, il s’arrêta, se retournant vers Kara dans un sourire mutin. « N’oublie pas de te rhabiller. Je n’ai pas envie de te partager ce soir…» Et sur cette promesse prononcée d’un ton chaud, il se glissa derrière la porte. Il lui fallait désormais prendre une apparence normale pour ce monde. Car tous ses traits démoniaques n’étaient, pour la jeune femme, qu’un costume habilement créé et il lui fallait désormais, au moins pour le moment, maintenir cette illusion. L’Incube adopta une apparence mortelle qu’il avait déjà utilisée. Quelques vêtements simples adaptés de ceux laissés sur place feraient l’affaire. Il sortit donc un peu plus tard de la pièce pour se rendre compte que son invocatrice avait visiblement remis ses vêtements, la porte donnant sur la salle principale était ouverte, il s’y rendit donc tranquillement, la cherchant des yeux. Il la trouva près du comptoir duquel il s’approcha. A côté d’elle, il posa un bras autour de sa taille et lui murmura à l’oreille : « J’espère que mon apparence sans maquillage ne te décevra pas. » Si le Cambion ne ressemblait plus du tout à ce qu’il avait été jusqu’alors, sa carrure et sa voix restaient les mêmes et Kara, même s’il s’attendait à ce qu’elle soit quand même un peu surprise, ne manquerait pas de le reconnaître, au moins à sa voix, si ce n’était la douceur de ses mains sur sa hanche. Il esquissa un sourire avant de s’intéresser à tout autre chose. « Alors ? Quel sera l’alcool de notre nuit ? »
 

Crédits : @s_kinnaly.

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Le quartier de la Toussaint / Re : Plus rien à perdre [PV Asep]
« le: lundi 05 juillet 2021, 21:18:54 »
Les Enfers commençaient à devenir passablement ennuyeux. Certes, il y avait toujours moyen de s’amuser, que ce soit avec ou au détriment d’un autre Démon, mais Asep’Timusoth devait l’admettre, il n’y avait rien de tel que les mondes des Mortels pour découvrir de nouvelles choses et se sortir de l’ennui. Ces créatures étaient capables des idées les plus sordides, des plans les plus machiavéliques, à en faire pâlir plusieurs Princes-Démons. Il n’y avait aucune limite à leur imagination lorsqu’il s’agissait de faire du mal à autrui, ou, plus généralement d’arriver à leurs fins. Le plus amusant, c’était la manière qu’ils avaient de se dédouaner de leurs propres actions, en s’imaginant des justifications fictives et la plupart du temps complètement irrationnelles. Cette facilité qu’avait l’esprit humain pour rationaliser l’irrationnel était simplement prodigieuse. Chacune des irruptions de l’Incube dans leurs réalités résultait généralement en des découvertes parfaitement délicieuses, un amusement pratiquement sans limites, jusqu’à ce qu’il ne soit obligé, presque la mort dans l’âme, retourner parmi les siens, aux Enfers. Et cela faisait bien trop longtemps que personne ne s’était aventuré à invoquer un Démon, ou, plus exactement, qu’il n’avait daigné répondre à un Appel. Les différents plans d’existence rendaient généralement les invocations moins rares qu’on ne pouvait y penser. Malheureusement, c’était toujours au moment où vous aviez envie de votre barre de chocolat favorite, que vous vous rendez compte que le paquet dans le placard est désespérément vide. Alors qu’il s’était occupé de remettre un peu d’ordre depuis son précédent départ – à croire que les Démons, comme la Nature, ont particulièrement horreur du Vide – il fallait croire que les Humains s’étaient assagis. Soupirant doucement, la créature des Enfers observait le ciel de feu et de cendres au-dessus de sa tête. Même la voûte céleste lui manquait. Cet amas noir comme l’obsidienne, brillant à peine de quelques lueurs aux couleurs froides, lui apparaissait toujours comme une le miroir de la myriade de possibilités qui s’offrait à lui.

Une fois le coup de balai passé et quelques Démons remis à leur place, Asep’Timusoth n’avait plus grand-chose à faire pour réaliser l’intendance du Cercle de la Luxure. Asmodée avait ce magnifique trait de savoir gérer ses ouailles avec un doigté particulièrement précis et si elle se reposait souvent sur ses talents, elle ne se privait pas pour s’occuper elle-même de son Royaume. C’était d’ailleurs un spectacle particulièrement agréable à observer. Mais quelque chose laissait penser au Cambion qu’il n’aurait pas de quoi se divertir, du moins en ces lieux, pendant un petit moment. Et alors même qu’un dernier soupir s’échappait lentement de ses lèvres, il sentit quelque chose au plus profond de son être. Quelque chose qui le fit sourire avec envie. Quelque chose qui n’était pas arrivé depuis bien longtemps. Quelque chose qui, après tout, il aurait presque cru impossible. Non seulement quelqu’un performait un Appel, mais quelqu’un venait de prononcer son Nom. Rares étaient les écrits qui le mentionnaient et il ne s’était pas privé pour détruire l’une ou l’autre des copies de ce Grand Livre des Démons dont il avait personnellement connu l’auteur. Mais il était tellement intéressant de laisser parfois quelques-uns de ces jouets entre les mains des Mortels. Il n’y avait qu’eux pour jouer avec le feu aussi facilement. Son sourire toujours sur les lèvres, l’Incube prit une profonde inspiration, embrassa une dernière fois l’environnement des Enfers des yeux avant de le refermer une dernière fois, ouvrant son esprit à la magie qui le convoquait en des lieux encore inconnus. Où tomberait-il cette fois ? Quel Mortel avait la présomption de pouvoir le maîtriser ? Savait-iel seulement ce qu’iel faisait ? Tant de questions auxquelles il aurait très bientôt des réponses, très probablement pour le meilleur, ou pour le pire, mais ce n’était là qu’une question de point de vue.

Les lumières qui bordaient le cercle d’invocation vacillèrent une première fois, faiblement, puis une seconde fois, avant de finalement s’éteindre, plongeant ainsi la pièce dans une obscurité oppressante. Les volutes de fumées des bougies éteintes s’élevaient tranquillement. Asep’Timusoth rouvrit les yeux. Habitué à l’obscurité, il put commencer à entrevoir quelque chose, d’autant qu’il suffisait d’entendre sa respiration pour savoir que quelqu’un se trouvait non loin. Ses pupilles d’or captant une faible lueur lunaire, le Démon leva la main, entrouvrit la paume de cette dernière et aussi brièvement qu’elles s’étaient éteintes, toutes les bougies se rallumèrent, projetant une faible lumière dans la pièce, suffisante pour révéler les parties présentes et projeter de grandes ombres de la nouvelle présence sur les murs. S’habituant rapidement à la nouvelle luminosité de la pièce, Asep’Timusoth porta son regard sur l’autre personne présente dans la pièce, l’observant en silence à travers ses pupilles d’or. Ses lèvres s’étirèrent finalement sur un large sourire et sa voix rompit le silence qui s’était installé autour d’eux. « Cela faisait bien longtemps qu’on ne m’avait pas invoqué avec mon nom. » Alors qu’il parlait, il guettait les réactions de son interlocuteur et observa tranquillement les environs. Il y avait quelques protections, pas nécessairement très bien soignée mais qui pourraient peut-être faire l’affaire, au moins pour un temps. Il reporta son attention vers le principal intéressé. « J’imagine que l’élémentaire politesse serait de te présenter, après tout, tu connais mon nom, mais je ne connais pas le tien. » Son regard dévorait presque l’inconnu des yeux, essayant de déceler tout ce qui méritait de l’être : réaction, tic nerveux, signe de stress ou d’assurance… Rien n’allait lui échapper.


30
Il n’était pas difficile de jouer la soumission : ne prendre aucune initiative, accepter toutes les sollicitations de l’autre sans broncher, etc. Néanmoins, il était bien plus délicat d’offrir à l’autre un sentiment de domination. Kara ne maîtrisait pas les codes et, si elle montrait l’envie d’être en charge, elle ne semblait pas réellement savoir comment faire, ou, plus exactement, avait besoin qu’on l’encourage un petit peu. Car, il fallait l’admettre, une fois sur les rails, elle savait pertinemment quoi faire, et comment le faire, pour s’offrir un soupçon de ce luxe qu’était la domination. Et si Asep’Timusoth lui offrait avec plaisir ce sentiment de dominance, il était bien entendu évident que c’était lui qui restait maître de la situation. Certes elle contraignait son visage à aller là où elle le désirait, mais son corps entier ne faisait que l’appelait pour qu’il continue à la satisfaire. Néanmoins, ce besoin instinctif qui transpirait par le moindre pore de sa peau délicate n’était pas étranger à l’Incube. Car, s’il dominait leur interaction, il n’aurait cependant pas supporté qu’elle vienne l’interrompre si l’envie lui en prenait. Et, ainsi, il était davantage dominé qu’on aurait pu le penser, même de l’extérieur. Heureusement, elle ne semblait pas prête à leur infliger une telle torture, ce qui aurait été pourtant particulièrement… Intéressant. Elle repoussa sa corne, le forçant à poser son regard ailleurs que dans le sien. Il entreprit alors de faire avec ce qu’on lui offrait, à savoir sa poitrine. Son corps entier était tourné vers celui de Kara, voué à le satisfaire, à l’éveiller à des sensations qu’elle connaissait assurément, mais par lesquelles il souhaitait qu’elle se fasse submerger. Regarder jouir une Mortelle avait toujours été particulièrement agréable et celle-ci ne semblait plus trop loin du point de non-retour. Qui plus était son extase était la clef de sa propre liberté, mais ce point-là était devenu de plus en plus optionnel dans l’esprit du Démon.

Mais alors qu’il souhaitait l’emmener un peu plus loin, quelque chose s’arrêta. Ce fut d’abord dans le son de sa respiration, moins enfiévrée, que l’Incube décela le premier indice. Puis, elle fit remonter son visage vers le sien et, dans son regard, la créature des Enfers comprit qu’il se passait quelque chose. La situation lui échappait-elle ? Réalisait-elle peut-être qu’il n’avait rien d’un Mortel normal ? L’alcool cessait-il de faire effet désormais et sa raison rattrapait-elle l’absurdité de la réalité de la créature qui la surplombait désormais ? L’intéressé cherchait des réponses dans le regard de la jeune femme, ayant suspendu complètement ses activités connexes. Il attendit qu’elle prenne la parole, un peu perdu, il fallait l’admettre, par ce changement assez soudain. Un véritable retournement de situation. Sa main abandonna sa corne pour se faire plus douce. Elle émit alors le souhait de rentrer chez elle, qu’elle ne voulait pas l’utiliser, que ce n’était pas elle. Le Démon haussa un sourcil de surprise, sans réellement comprendre ce qui pouvait la pousser à réagir comme ça. Elle ne semblait pas vraiment vouloir le quitter, du moins, elle n’essayait pas de s’échapper de son étreinte, au contraire, ses doigts glissaient de sa nuque vers ses cheveux. Elle semblait avoir réalisé quelque chose qui la mettait en contradiction avec ses réelles envies. Néanmoins, Asep’Timusoth n’avait aucune idée de ce que cela pouvait être. Mais cela ne voulait pas dire qu’il était sans armes. Prenant complètement appuie sur l’un de ses avant-bras, il vint poser une main sur la joue de la jeune femme. Son regard ne quittait pas le sien, cherchant à y déceler ce qui pouvait la perturber autant. Il se remémora ses derniers mots et hésita un bref instant.

« Quand tu dis que tu ne veux pas m’utiliser, tu as peur que je ne fais ce que je fais que parce que j’y suis obligé, c’est ça ? » Il ne savait pas réellement s’il frappait juste, mais il n’y avait pas non plus trente-six raisons pour lesquelles on repoussait doucement quelqu’un sans réellement s’en détacher complètement. Il se pencha légèrement en avant, posant son front contre le sien, leur regard étaient presque aussi proches que leurs lèvres. « Je ne fais jamais rien sans avoir envie de le faire, Kara. Je ne suis pas entre tes bras parce que j’y suis forcé, mais parce que tu me plais. Et je ne t’appelle pas maîtresse parce que j’y suis contraint, mais parce que cela m’amuse d’être à toi. » Il était facile de jouer avec les mots. Mais, le Démon devait admettre qu’il y avait une part de sincérité dans ses propres. Car si la volonté de pouvoir parcourir ce monde librement était certaine, il y avait un intérêt non-feint à vouloir posséder Kara. Il appréciait cette Mortelle. Peut-être plus que de raison d’ailleurs. Mais il aurait été idiot de renoncer à une attirance. Sa voix se fit un peu plus faible. « Si tu veux rentrer chez toi, je te raccompagnerai Kara. Mais il faut que tu saches une chose. » Il s’approcha encore un peu plus. « J’ai envie de toi. »

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