Les alentours de la ville / Re : Un amour qui vient de loin [Ophelia M. Morgan]
« le: vendredi 27 septembre 2013, 16:39:21 »Il ne sut combien de temps il resta là, avant de lentement émerger. Ses oreilles sifflaient, sa vision était trouble. Il pouvait entendre les battements de son cœur, une sorte de tambour profond et sourd dans les profondeurs de sa poitrine. L’homme regarda à droite et à gauche, ressentant une vive douleur à hauteur de la tempe. Il toussa. Il ne s’entendit pas éternuer, mais sa gorge lui brûlait. Le sifflement dans ses oreilles commençait à lentement diminuer, et il respirait lentement, les jambes complètement englouties sous le tableau de bord. Ulrik essaya de soulever son bras, de déloger les débris, mais son corps ne répondait pas. Il n’avait jamais encore eu un atterrissage aussi catastrophique.
*Saloperie de merde... beuglait-il intérieurement. Inutile de forcer, attends que ça aille mieux…*
Ce qui l’inquiétait, c’était qu’il ne sentait pas du tout ses jambes. Elles devaient être tellement enfoncées que le sang ne circulait plus, ce qui pouvait être très dangereux. Ulrik tenait encore un peu trop à son corps pour avoir des jambes cybernétiques. Il sentait quelque chose couler de son front, et comprit qu’un éclat de verre avait du lui ouvrir la tempe. Il ne s’inquiéta pas outre mesure : à cette hauteur, le sang était présent en grande quantité, et il était donc normal qu’il s’écoule abondamment. Peut-être devrait-il envoyer un appel de détresse ? Cependant, l’appareil devait être bousillé, comme les autres... Son seul espoir venait d’une quelconque aide extérieure. Il avait vu des habitations en descendant, quelqu’un avait du voir qu’il venait de débarquer.
Il ignorait sur quelle planète il se trouvait, mais il espérait bien obtenir de l’aide. S’il avait bonne mémoire, il avait frôlé des satellites artificiels, et vu des immeubles. Ceci sous-entendait un certain niveau technologique, écartant le risque de tomber sur des sauvages anthropophages. Il toussa à nouveau, se faisant mal aux poumons, qui semblaient en feu. Sa respiration était lourde, éreintée, et il se mit à divaguer, comatant dans une espèce de dimension à mi-chemin entre le rêve et le délire...
...Jusqu’à sentir quelque chose sur ces jambes. Une pression se réveilla, alors qu’une sensation l’enveloppait. Il ouvrit les yeux, revenant à lui, en sentant quelque chose se lever de ses jambes. Il ne sentait toujours pas ces dernières, mais quelqu’un l’aidait. Ulrik essaya de se forcer, de se remuer, de sortir son corps de cet engourdissement dans lequel il se trouvait. Il entendait des grincements, des bruits, comme si quelqu’un était en train de découper le vaisseau, d’écarter les plaques de métal cabossées pour le libérer.
« Vous... ‘Scient ? » entendit-il vaguement.
Il sentit quelque chose sur sa main, une sorte de contact chaud qui le fit frissonner. C’était une main. Sa veste était déchiquetée, les boutons ayant sauté, révélant une partie de son torse.
« ’Vais... ‘Yer... ‘Là..., poursuivait l’énigmatique voix. ...’Tendez ? »
La voix était mystérieuse. Elle murmurait des mots incompréhensibles, des phrases sans consistance, mais les sons parvenaient à dépasser le bourdonnement dans ses oreilles, et il devinait une voix suave, féminine... Sa sœur ? Non, elle était morte. Il revit le visage de Koraya, et ce fut comme si cette dernière lui parlait, lui disant de se sortir les doigts du cul pour sortir de là.
*Tu es un homme ou une pisseuse qui attend qu’on lui frotte les fesses pour sortir ? semblait-elle lui dire. Allez, dégage de là !*
Ulrik se mit alors à éternuer à nouveau, et rouvrit les yeux, ses doigts se serrant sur la main de sa sauveuse. Il tourna la tête vers elle, et crut voir une espèce de vision surréaliste... La femme avait une paire de seins à donner la trique à un eunuque, et il releva la tête, pour voir son visage... Dans l’obscurité de la nuit, son teint pâle lui donnait une aura surnaturelle, et il crut à une espèce d’Ange de la Mort. Craignant que l’apparition soit là pour l’emporter, il réussit à relever son autre main, mollement.
« Je... ‘Pas encore crevé... Pas totalement..., réussit-il à dire d’une voix faible, sa respiration lourde. ’Sens... Pas mes jambes... Air... »
Il essayait de dire qu’il ne sentait plus ses jambes, et voulait sortir, car il étouffait. Mais il se sentait faible, tellement faible ! Certes, il y avait beaucoup de mental là-dedans, mais, quand on s’était fait aplatir les jambes par un tableau de bord... Ses jambes étaient toujours en un seul morceau, mais le sang n’avait pas circulé dedans pendant un certain temps. Elles étaient donc inertes, semblables à deux espèces de poteaux... Il commençait à sentir des fourmis dans les jambes, une sensation des plus désagréables, signe qu’elles étaient en train de revenir.
Pour autant, il ne se sortirait pas seul de cette carcasse, et devait lutter pour ne pas s’endormir à nouveau.