Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Mascotte

Pages: 1 2 [3] 4 5 ... 23
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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: vendredi 05 octobre 2018, 21:30:04 »
« Ho, Suzy, rien d’extraordinaire. Elle s’est fait tirer dessus. Il faut admettre que c’était un joli tir de la part de ce garde. Il a fait mouche à près de 50 mètre, fusil à la hanche, même pas épaulé. Faut se méfier, y’en a qui sont doués. »
Randal sortit, puis il prit avec Leny la direction de l’infirmerie. Chemin faisant, il dit :
« Ho, j’oubliais… Dans l’espèce de hangar, on a notre armurerie. T’ira te prendre quelque chose et si tu sais pas t’en servir, faudra apprendre. Un opinel, souvent, ça suffira pas, surtout pas si tu te retrouves face à  des types ou des machines capables de te voir. Moi, je te suggère couteau de combat, pour le contact, pistolet, quand ça devient la merde, et grenades, parce que mine de rien, avec ton invisibilité, je pense que tu vas t’éclater à les déposer direct sous les pieds de tes cibles. Voir dans leur slip, qui sait. Faudra tenter. »
Randal, sérieux deux minutes de suite ? Fallait pas trop en demander ! Voilà les deux hybrides dans l’infirmerie. L’intérieur ressemblait, par son omniprésence du bois, au dortoir, mais l’odeur de désinfectant ne trompait pas. La dénommée Miss Belle, assise à une table, détacha son regard d’une sorte de chapelet fait de petits ossements. Avec un nom comme ça, on aurait pu s’attendre à une personne plus avenante. Mais il n’en était rien. Miss Belle était une hybride corneille plutôt sinistre. Pelage noir aux reflets bleu métallique, bec imposant, regard pénétrant, elle était vêtue d’une robe toute simple en grosse toile, mais taillée pour laisser passer ses ailes qui, repliées, lui faisaient comme une cape. La présence de son bizarre chapelet pouvait presque la faire passer pour une chaman. Elle, elle venait de la forêt, c’était certain.
« Ha, Leny… Toute pleine de sang… » fit-elle de sa voix tout de même aimable.
Où elle avait su que Ghost était une fille, ou elle l’avait devinée dieu sait comment. Elle contourna la table et poursuivit :
« Une chance que ce ne soit pas le tien. »
San prévenir, elle saisit le museau du lémurien, le tourna légèrement sur la gauche, puis sur la droite, tout en observant la brûlure. Elle lâcha ensuite Ghost, et ne fit aucun commentaire.
« Suzy est impatiente de vous voir », conclut-elle à l’intention des deux nouveaux venus.
Randal conduisit Leny dans la pièce d’à côté, avant de lui glisser à l’oreille, sourire aux babines :
« Tu aurais vu ta tête ! Et ouais, elle fait flipper notre infermière. »

Les voyant entrer, Suzy se redressa dans son lit. C’était une hybride renarde d’une vingtaine d’années. Pelage roux et blanc, yeux ambrés, elle était… très belle. Torse nu, un bandage lui ceignait la poitrine. Elle ne semblait pas souffrir.
« Alors ? Comment ? demanda Randal.
- Demain, je peux tout retirer. Si les produits de miss Belle me choutaient pas comme ça, j’aurai déjà pu débuter les séances de remise en condition.
- C’est pas un mal que tu dormes. Recharge bien tes batteries, ton sniper me rassure. »
Randal tapa l’épaule de Ghost.
« Voici Leny, alias Ghost. Une méga qui envoie du lourd. Avec elle, notre potentiel d’infiltration vient de doubler. »
Suzy tendit la main.
« Bienvenue dans l’équipe, Ghost. Je suis dégoutée, j’ai ratée ta première. Mais je serai là pour la suivante. »

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: jeudi 04 octobre 2018, 23:12:27 »
Randal éclata de rire, puis fit signe à Leny de le suivre. Il allait lui faire visiter.
« Moi, ça doit faire 3 ans que je suis là. Et comme toi, je viens de la ville. Bug, enfin Jimmy, aussi c’est un citadin, mais j’imagine que ça te surprends pas. Lui, il est dans la résistance depuis deux ans, mais ça fait à peine trois mois qu’il s’est expatrié ici. »
Le chat leva la main vers la maison de l’écureuil, perchée à plusieurs dizaines de mètres du sol. On y accédait par un escalier en colimaçon enroulé autour du tronc massif de l’arbre supportant sans mal la construction.
« Bon, puisqu’on parle de l’écureuil, c’est là-haut qu’il crèche. Il a un peu, beaucoup, réaménagé. Maintenant, c’est lui qui gère l’électricité, les com, tout ça. Alors si jamais t’as plus d’eau chaude, tu sais sur qui gueuler. »
Il continua de marcher, longeant un édifice allongé  sur lequel il ne s’attarda pas pour l’instant. Le long de celui-ci, un jardin de belle taille. Hector, l’impressionnant ours qui avait conduit Randal et Leny sur le site de la mission, était là, occupé à creuser des sillons pour une nouvelle semence. Le plantigrade ne leva même pas la tête au passage des deux hybrides. Le félin désigna une cabane quelque peu isolée par rapport au reste des bâtiments. On l’apercevait à peine derrière le rideau végétal.
« Là, c’est chez Hector. T’entre pas, sous aucun prétexte, sinon tu finiras dans la soupe du soir. »
Il ne plaisantait qu’à moitié, l’ours n’était pas la personne la plus sociable qu’on puisse imaginer. Le chat poursuivit, autant son chemin que ses explications.
« Hector est notre jardinier, notre cuisinier, notre charpentier aussi. Il a un fils, David, tu le verras presque jamais, un vrai rôdeur. C’est notre chasseur. Là, les deux maisons côte à côte, celle de gauche, c’est l’infirmerie de Miss Belle, et à droite, c’est chez Lionel. C’est aussi là-bas qu’on se rassemble pour manger et pour les réunions importantes. Et là, à côté de notre pseudo hangar, c’est chez les humains que tu connais déjà, donc. »
Randal s’immobilisa et fixa les profondeurs de la forêt.
« Par là, c’est la rivière. Tu peux t’y rendre, t’y baigner même si t’as envie. On s’en prive pas. Par contre, évite de t’éloigner seule du camp de base. Ce conseil, moi, je l’ai pas suivi et j’ai eu l’air très con après. On se perd vite dans la forêt, vraiment très vite. Hector et David, eux, ils se perdent jamais, mais ils sont nés ici. On aura toujours l’air de citadin maladroit à côté d’eux. »
Randal fixa Ghost et ajouta, d’une voix qu’il aurait pu employer pour une histoire qui fait peur :
« Et puis, oui, il y a de grosses bêtes. Elles viennent pas jusque là, on a mit des répulseurs autour du camp, sans compter notre armée de caméra pour prévenir les intrusions. Mais au-delà du périmètre… c’est la nature sauvage ! »
Il s’était un peu penché, il se redressa, souriant à présent.
« Par contre, des arbres de cette taille qui tombent, ça, y’a aucun risque. Au pire, quand on a une grosse tempête, il peut y avoir des chutes de branches, mais c’est tout. De toute manière, quand y’a une grosse tempête, et qu’on s’appelle pas Hector ou David, on reste tranquille à l’intérieur à se mater un film. On capte la télé, tu sais. Mais la télé, pour la regarder, c’est soit chez Bug, soit chez Lionel. »
Retour au bâtiment allongé qui se situait presque au centre du camp. Cette fois, Randal entra. Il alluma également la lumière, révélant un dortoir. Sol, murs, plafond, meubles, tout était en bois, tout sentait le bois. Les lits étaient faits, il y en avait cinq mais seulement deux semblaient servir puisque des affaires étaient posées à leurs pieds. Sur les murs, des affiches de film avec des hybrides mis à l’honneur.
« Là, c’est mon lit. Là, c’est celui de Suzy. Elle fait partie du groupe d’intervention, elle aurait dû participer à la mission de ce matin. Suzy, c’est notre sniper. Mais elle a morflée lors de la dernière mission. Elle est à l’infirmerie. D’aillerus, ce serait sympa d’aller lui dire bonjour. Toi, t’as le choix entre ces trois derniers lits. Au fond, c’est la salle de bain. »

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One Shot / Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: mercredi 03 octobre 2018, 23:26:02 »
« Alors ? demanda Lionel.
- Et bien, on s’est tous fait capturer et Nox a trouvé notre base, répondit avec un grand sourire Randal.
- Ho, oui, je vois ça, pouffa Lionel. Mais donc ?
- Boom ! Et puis, Ghost assure et puis on a trouvé un super projet secret de la Mortus qui tue ! Pour les détails, demande à Bug. »
Randal se faisait un devoir de pondre les rapports de mission les plus loufoques qui soit. Lionel, mi amusé, mi exaspéré, se tourna vers l’écureuil. Ce dernier déclara avec une mise en scène de vainqueur :
« 14 à…. 9 ! Mouhahaha ! »
Randal mima le scandalisé.
« Hé mais t’es pas sensé dire ça ! Et puis c’est pas vrai ! C’est 13 à 13 ! T’as pas arrêté de te faire capturer en chaîne !
- N’importe quoi, Monsieur je me laisse bloquer dans un couloir comme un bleu ! »
Lionel fit non de la tête, mine de dire : ils sont irrécupérables. Il se tourna cette fois vers John.
« L’opération a été un succès, répondit ce dernier, qui commençait à avoir pitié de ce pauvre chef en mal de rapport convenable. La centrale hydraulique est hors service et nous avons volé les documents. Ghost s’est bien comportée, son pouvoir est vraiment utile. Nous avons également découvert une installation secrète sous la centrale, quelque chose lié à un projet nommé Mortus. Pas plus de renseignement à ce sujet, on a dû s’extraire. Seule bobo à déclarer, une blessure légère pour Ghost, un laser qui l’a frôlée d’un peu trop près.
- Mortus… répéta Lionel, en grattant son bouc. Un nom plein de vilaines promesses.
- Je vais fouiller, assura Bug, redevenu sérieux.
- Très bien les gars. Et bien je suis ravi de vous voir tous de retour avec un bilan si positif. Je ne vous enquiquine pas plus longtemps, vous avez bien mérité un peu de repos. Surtout toi, Ghost, tu as une petite mine. Ho et je te le redis une nouvelle fois, bienvenue dans l’équipe. Survivre a sa première mission, c’est un peu l’examen d’entré ! »
Lionel récupéra sa pipe et s’éloigna. C’était un hybride bouquetin d’un âge déjà avancé. Le terrain, c’était plus pour lui, mais il avait une grande expérience. Il avait été un résistant de la première heure, il avait vu le monde changé. Lors de ces jeunes années, le Docteur Nox n’avait pas encore répandue son ombre sur la région et Metropolis avait encore des dimensions raisonnables.

John et Amanda, les seuls humains de cette cellule, partirent mettre les documents sur le bureau de Lionel. Mr Bug récupéra sa mallette dans la voiture et s’en alla en direction de son atelier. Randal fit face à Leny :
« Tu as eut le temps de t’installer ? »

En vérité, non. Leny connaissait à peine le camp de base. Elle n’était arrivé que tôt ce matin. Juste le temps d’un entretien rapide avec Lionel, puis hop, on l’avait envoyé rejoindre Hector et Randal. Ce n’était donc que maintenant qu’elle allait le découvrir.
Le camp se trouvait en pleine forêt, là où les arbres devenaient énormes et les frondaisons, si épaisses que la lumière du jour peinait à atteindre le sol. On entendait le chant d’une rivière à proximité. Les oiseaux, tout autour, l’accompagnaient de leurs trilles joyeuses. Les bâtiments étaient faits de bois, le camp en comptait une demi-douzaine, avec à peu près autant de véhicules. Il fallait s’attendre à un confort limité mais, pour autant, ce n’était pas un endroit primitif. L’atelier de Mr Bug, construit en hauteur, dans un de ces énormes arbres, l’illustrait bien. Son toit était orné d’une grosse parabole visant le ciel et des panneaux solaires étaient disposées sur les branches. Électricité, eau à peu près chaude, moyen de communication, cela faisait bien longtemps que la résistance hybride ne boudait plus la technologie, elle en avait bien trop besoin. En tout, une dizaine de personnes vivaient ici. Et maintenant, Leny en faisait partie.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: mercredi 03 octobre 2018, 18:14:37 »
Timothée était coutumier de la violence ordinaire, ainsi que du racisme lattant anti-hybride. Il avait également eut des expériences très difficiles. À une ou deux reprises, on avait tenté de le tuer. À une ou deux reprises, il avait vu des violes, des actes de tortures. Il savait que le monde pouvait être noir…
Samba, cependant, ébranla sa raison en pulvérisant le plafond des horreurs. L’horreur, c’était ce qu’on pouvait maintenant lire dans ses yeux exorbités. Ses oreilles raisonnaient encore du bruit de ses propres cris, ainsi que ceux, encore plus affreux, d’un Marty pas bien loin du malaise. Nul doute que jamais, jamais il pourrait oublier cette descente aux enfers. Sa robustesse de caractère jouait contre lui, ne lui offrant pas l’échappatoire d’un évanouissement, il ne lui offrirait pas non plus par la suite le luxe d’une amnésie post-traumatique.
Il était là, piégé dans les entraves de métal de ce robot infâme, son petit corps brun tremblant comme une feuille, sa queue plus frémissante encore, la poitrine et les babines souillées de son sang et de celui de son pauvre ami, un goût inacceptable dans la gorge. Haut le cœur, vomissement, ses yeux roulèrent dans leurs orbites. On put craindre un instant qu’il défaille, mais il n’en fut rien. Samba eut même l’agréable surprise de retrouver chez sa victime une lueur de raisonnement. Le Petit Mage, poussé à bout, rassemblait ses pensées éparpillées. Il tourna la tête vers le chat, prostré, à demi inconscient ; intimité profané, mutilé… Sous lui, une flaque rouge qui commençait à devenir importante… Le souriceau eut une dernière hésitation, mais lorsqu’il sentit à nouveau les lames sur son poitrail, il se rendit à l’évidence. Il allait craquer. Aucune chance qu’il meurt avant, cette machine diabolique était trop experte en son art ignoble. Alors, la mort dans l’âme, il se mit à beugler d’une voix aiguë et vacillante :
« Ok, ok ! J’ai pigé ! Valentine aura son spectacle ! Et même plusieurs si ça lui chante ! Mais par contre, vous allez soigner Marty ! S’il y passe, je marche plus ! Si vous le prenez en otage, je marche plus ! »
Il se remit à fixer les capteurs rouges.
« Marty fera le spectacle avec moi. Il me servira d’assistant. Il l’a déjà fait. Voilà. Contente, machine de merde ?! »
Il ne pleurait pas. Et il osait encore provoquer. Non, en fait, c’était la première fois qu’il provoquait, ça ne lui ressemblait pas. Mais on le sentait sérieux. Il ne savait pas mentir…


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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: lundi 01 octobre 2018, 23:27:00 »
Dans l’obscurité de la camionnette, Timothée rouvrit les yeux. Il était parvenu à dormir. En fait, il parvenait à dormir à peu près n’importe où. Marty, moins chanceux, à cause de sa position, l’accueillit d’un air bougon :
« Bien roupillé ? »
Tim lui lança un regard éloquent en guise de réponse.
« Excuse-moi, reprit Marty. C’est juste que… que j’ai mal partout.
- Je sais, je sais… »
Silence gêné entre les deux amis. Subitement, le Petit Mage eut un tressaillement.
« Fait chier ce collier, grogna-t-il. Je suis sûr que je peux le griller mais… »
Nouveau tressaillement, accompagné d’un petit cri.
« C’est lui qui va te griller, soupira Marty.
- Fait chier ce collier… » répéta Timothée.
Nouveau silence. Le chat gémit en cherchant à nouveau à rectifier sa position.
« J’aurais dû comprendre pour Monday. J’ai pas assuré…
- C’est pas ta faute…
- Tu t’y attendais, toi, à un truc comme ça ? »
Le regard de Marty s’attarda sur l’arachnide d’acier et plus encore sur la silhouette inerte de la lapine, au fond.
« Je m’attendais à un truc… oui… peut-être pas ça, mais…
- Tu nous avais assuré du contraire.
- Pour pas se faire flipper. Tu crois que… que Rodrigue va bien ?
- Non. Bien sûr que non. On le reverra plus Tim.
- Pourquoi t’es aussi négatif ? commença à s’énerver le Petit Mage.
-Les prisons de la Tech-13, ce sont pas des camps de vacances. Et si tu veux le fond de ma pensée, je vais y passer aussi. J’ai aucune valeur, sauf à tes yeux. C’est pas moi le super mage que la harpie super friquée cherche à recruter. Ils vont me cogner pour te faire chanter. Mais tu vas pas chanter, tu chantes jamais… »
Nouveau silence, plus long, plus lourd que les précédents. Tim finit par le briser, à mi voix.
« Je peux pas, Marty, je peux pas bosser par le Tech-13. »
Le chat explosa. La peur le poussait à exprimer plus violemment le fond de sa pensée.
« Mais pourquoi ?! Tu te rends compte qu’en gros, t’as peut-être l’occasion de sortir du quartier sud ?! Tu te rends compte que la Valentine elle va te placer sous le feux des projecteurs ?! Putain c’est quand même pas la mer à boire de devenir riche et célèbre !
- Tu peux pas me demander ça, Marty, reprit Tim, d’une voix plus sourde, plus ferme. Tu sais ce qu’est la Tech-13. La Tech-13, c’est le Docteur Nox, c’est ceux qui vendent des armes, massacre la forêt, rendent les gens tristes… tuent nos frères… Je peux pas, je peux pas… Je pourrai plus me regarder dans une glace si je le faisais. »
Exaspéré, Marty se tut. Peu après, Frevo arrivait et les sortait de la camionnette…

* * *

Un monstre… ce type était un monstre…
Timothée était là, nu, et devant lui, son ami Marty subissait… peut-être pas quelque chose d’inimaginable, ça se faisait ce genre de chose, dans le quartier sud comme ailleurs, mais ça ne les rendait pas plus pardonnable. Il n’avait pas détourné la tête. Assis par terre, adossé à un des meubles, il regardait, au contraire, pour ne pas fuir ce qui sans doute aurait pu être évité s’il avait capitulé tout de suite. Le prix de ses convictions… Peut-être qu’il pouvait mentir, faire semblant de… Non. Le Petit Mage n’avait jamais su mentir. Il se sentait coupable, impuissant. En lui montait la colère. À nouveau, un tressaillement, suivi d’un second, d’un troisième… De ses mains jointes, quelques étincelles d’un bleu agressif avaient dansés. Pas des lumières pour faire joli, ha ça non… Mais il dût rompre sa concentration, ça faisait trop mal. Il avait serré si fort la mâchoire qu’elle en était engourdie. Ce n’était pas comme ça qu’il devait s’y prendre. Il devait y aller d’un coup, tout balancer. Seulement, il ignorait s’il allait griller le collier avant que le collier ne le grille, lui. Du courage, il devait le rassembler…

Frevo cessa enfin sa sodomie et se retira, laissant au sol un Marty en larmes.
« Tim… gémit-il. Tim, ils vont me tuer… »
Qu’ils essaient, songea le Petit Mage. Qu’ils essaient et je les tuent avant. Il se surprit d’avoir cette pensée. Il n’en était pas coutumier. Il détourna la tête car… il ne pouvait pas travailler pour la Tech-13.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: lundi 01 octobre 2018, 17:04:36 »
Timothée avait beau être petit, mignon, de réputation altruiste, il ne fallait pas oublier qu’il avait grandi dans la rudesse du quartier sud, sans père ni mère pour veiller sur lui. Il savait ce que c’était la violence, il savait ce que ça faisait de prendre une raclée, il savait se défendre quand il fallait. Gentil, oui, mais pas candide ou naïf, absolument pas.
Au début, bien sûr, il s’était demandé ce qui lui arrivait. Pourquoi le kidnapper comme ça alors que la police aurait très bien pu l’embarquer avec Rodrigue ? Puis il avait compris ou, tout du moins, il avait sa petite idée. C’était un coup de Diane Valentine. Il l’avait vexé par son refus catégorique, il s’en était rendu compte. Elle était de la Tech-13, elle avait les moyens de se payer des mercenaires. Car il avait à faire à des mercenaires, de ça, il en était à peu près certain. Mais dans quel but ? Lui forcer la main ou lui faire payer l’affront d’avoir rejeté par deux fois la proposition ?
Il avait retrouvé à peu près ses moyens lorsque Marty le rejoignit. Son apparition engendra chez lui à la fois le soulagement de ne pas être seul à affronter cette épreuve et la crainte que son ami serve de moyen de pression, ou de sanction, selon l’objectif de la manœuvre. Quoi qu’il en soit, cette lapine, montée dans la camionnette avec son ami, le mettait mal à l’aise. Outre son aspect étrange, il sentait en elle de la malveillance. Il n’était pas pressé que le véhicule arrive à sa destination.

Il se contentait de regarder Marty, ou plutôt, de le deviner dans la pénombre. Les prunelles du félin ressortaient, troublées. Le coup de l’aiguille, ça filait quand même un sacré choc ! On se demandait qui, des deux hybrides, cherchait à rassurer l’autre. Marty secouait de temps en temps la tête, l’air de se reprocher quelque chose. S’il avait compris, tout de suite, que Monday était une félonne, tout ça ne serait sans doute pas arrivé. D’un autre côté, la présence de l’araignée mécanique prouvait que les mercenaires avaient eu en tête d’autres plans, d’autres approches. Tant de moyens, c’en était déroutant, terrifiant… L’impression d’être broyé par l’instrument du pouvoir et ses innombrables sbires.

Samba retira le bâillon du Petit Mage et chercha à engager la conversation. Le souriceau, qui avait poussé un grognement, à cause de l’adhésif qui lui avait tiré les poils du museau, tourna ses yeux noirs vers l’anibot.
« Je suis plutôt content en fin de compte que les flics soient venus. Rodrigue sera plus en sécurité derrière les barreaux qu’avec vous. Pour le reste, je travaillerai pas avec la Tech-13, point final. Buttez-nous si ça vous chante. »
Et vlan ! Voilà le genre de refus que c’était pris Diane dans la figure. Autant son ton que son expression prouvaient que ce n’était pas des paroles en l’air. Il avait des convictions solides. Marty tiqua, mais il n’était pas encore en mesure de s’exprimer de manière intelligible.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: lundi 01 octobre 2018, 00:08:44 »
« Monday attends ! » cria Marty d’une voix ferme.
Il la rejoignit dans la cage d’escaliers puis ajouta, sur le même ton :
« Ça pourrait être dangereux. Que ce soit bien clair, si tu viens, tu assumes. »
Grégoire, maintenant au pas de sa porte, intervint :
« Oui, ça pourrait être dangereux. Fais gaffe à toi, Marty. Tim envolé, Rodrigue arrêté, n’oublie pas que tu fais partie du trio.
- T’en fais pas, vieux. Je vais faire gaffe.
- Hé, vos gueules là haut ! beugla quelqu’un du pallier d’en dessous. Y’en a qui voudrait dormir !
- Dangereux ? Qu’est-ce qui pourrait être dangereux ? » fit une autre voix.
Marty agrippa la rambarde, se pencha et annonça la mauvaise nouvelle :
« La police a fait une descente chez nous. Rodrigue a été arrêté. Tim devait se rendre ici parce que c’est tout saccagé, mais il n’est pas arrivé. Il lui ait arrivé quelque chose. On se rassemble et on va le chercher ! »

Ce fut come un brasier qui prenait dans du bois bien sec. Ici, tout le monde était uni, tout le monde aimait le Petit Mage et exécrait la Tech-13. Car forcément, c’était un coup de la Tech-13, qui d’autre ? Certes, il y en avait des autres, des criminels en tout genre, des organisations diverses et variées, mais peu importait, la Tech-13 était la réponse par défaut à tout les problèmes. Quoi qu’il en soit, en moins de cinq minutes, un groupe assez important, essentiellement composé d’hybrides, était dehors, cherchant le souriceau. Dans ce groupe, il y en eut plusieurs pour s’étonner de la présence d’une inconnue, mais quelques explications suffirent et ce n’était pas le moment de perdre du temps. Néanmoins, Samba se rendit compte qu’un des hybrides présents, un chien à l’air un peu vaseux, l’observait avec grande insistance. Était-il tombé sous son charme ? Non, il semblait… se poser des questions.

Le groupe finit par se scinder en plusieurs petites équipes pour se disperser, examiner plusieurs lieux. Samba perdit de vue le chien et ce n’était pas plus mal. Il guettait l’occasion. Ils n’étaient plus que quatre, Marty et lui compris. Plus que deux importuns à larguer… Ce fut fait, à la faveur de la visite d’un vieux hangar qui servait parfois de planque à des truands. Pas ce soir, il était vide, comme purent le constater Willy et Nadia, les deux fameux importuns désormais seuls. Après avoir balayé le hangar une dernière fois de leurs torches électriques, ils sortirent et regardèrent autour d’eux en quête de Marty et Monday. Ils ne les virent pas. En revanche, ils virent le chien accourir, accompagnés par les gros bras de l’immeuble Grégoire.
« Où est Marty ! cria le chien.
- Ben, pas loin, répondit Willy. La lapine a entendu un truc, ils sont allez voir par-là, vers l’impasse. Un problème ? Enfin, un problème de plus ?
- Oui ! Marty est en danger ! La lapine est un anibot !
- Un quoi ?
- Un robot, merde ! J’ai bossé pour BioSoft, j’ai construit des trucs comme ça ! Vite ! Vite ! »
Willy et Nadia ne comprirent pas tout, sauf qu’il fallait se presser. Ils prirent tous la direction de l’impasse au pas de course…

Ils aperçurent alors une camionnette grise démarrer en trombe et partir. Ils crièrent, la prirent en chasse, mais en vain. C’était trop tard. Le chien, Lucas de son nom, eut néanmoins le réflexe de la prendre en photo.

38
One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: dimanche 30 septembre 2018, 17:31:21 »
Dans la poche de Diane Valentine, son téléphone vibra. Non, elle ne dormait pas. Comme souvent, elle participait à des soirées mondaines, entretenait ses relations, distribuait ses sourires, prodiguait ses conseils. Autour d’elle, des visages connus de la scène médiatique de Metropolis. L’événement était filmé, les journalistes guettaient les petites phrases dont allaient se repaitre la presse. Diane, une coupe de champagne à la main, se mit légèrement en retrait et sortit brièvement son téléphone. Elle lut le message qu’elle venait de recevoir de la part de Frevo et rangea l’appareil. Son expression n’avait pas changé et elle replongea dans les conversations. À vrai dire, elle n’était pas surprise. Elle avait été avertie en milieu de journée que cette opération avait été décidée. Une fois de plus, elle était intervenue pour protéger le Petit Mage, mais elle s’était cette fois heurtée à un mur. Le Docteur Nox était furieux, tout le monde, en haut lieux, était sur les dents, particulièrement ceux du secteur sécurité à l’origine de l’opération policière. Diane, en dernier recours, avait dû révéler ses plans, ce qui avait été un peu humiliant. Merde quoi ! Elle était administratrice de secteur, elle n’avait théoriquement pas à se justifier, sauf devant le Docteur Nox lui-même. Quoi qu’il en soit, c’était passé, mais uniquement parce que Frevo et Samba était sur le coup. Malgré tout, elle était soulagée. Si le souriceau avait fait une connerie, cela aurait pu mal tourner. Concernant Rodrigue, elle s’en foutait. Mort ou en prison, cela revenait au même, d’autant plus qu’on mourait souvent, en prison.

* * * Au même moment, dans les rues du quartier sud * * *

Timothée marchait, perdu dans des pensées moroses. Il aurait pu s’éclairer avec son pouvoir, mais il n’en faisait rien. Il connaissait par cœur le trajet de chez lui à l’immeuble du vieux Grégoire et il y avait toujours, de ci, de là, une lueur provenant d’une fenêtre ou d’un des rares lampadaires encore en marche pour diluer les ténèbres nocturnes. Le quartier était silencieux, cela faisait bizarre. Les policiers étaient arrivés d’un cou, en nombre. Tout avait été réglé en moins de dix minutes. Ce devait être ça une opération coup de poing, songea le souriceau. Que faire maintenant ? Que faire pour aider Rodrigue ? C’était un ami, il ne pouvait pas se résigner à le laisser tomber.
Tenant d’une main l sangle de son sac à dos, il prit de l’autre son téléphone et chercha un contact qui pouvait lui être utile. Il chercha plus dans sa tête que sur l’écran, car la plupart des numéros n’étaient pas en mémoire. Peut-être que…

Timothée eut une violente convulsion. Ses yeux s’exorbitèrent, il émit une sorte de hoquet et son téléphone lui échappa de la main. Encore une seconde et il s’affala à plat ventre sur le bitume, tétanisé de la tête aux pieds. Sa vessie s’était relâchée mais étant allé aux toilettes avant de partir, ce fut d’impact modéré. Une aiguille s’était fichée dans son épaule, celle bien sûr du fusil incapacitant de Frevo.

* * * Un peu plus tard, chez Grégoire * * *

Marty faisait les cents pas dans le salon. Grégoire, assis à table, referma le livre qu’il lisait et se racla la gorge avant de dire tout haut ce que l’hybride pensait tout bas :
« Il aurait dû arriver depuis des lustres. »
Le chat jura et tenta à nouveau d’appeler Timothée. Même résultat. Il tombait direct sur le répondeur. La première fois, il avait cru à une panne de batterie. Le Petit Mage était le champion pour oublier de recharger. Mais maintenant… Il se retourna vers Grégoire, résolut :
« Je vais le chercher. Je vais prendre des gars avec moi, on va ratisser tout le quartier. Je t’envoie également quelqu’un pour me remplacer ici. Explique-lui, j’ai pas le temps. »
Sur ce, il sortit de l’appartement. Les gars en question, il allait tout simplement les trouver dans l’immeuble. Il y avait là tout un lot d’hybrides prêt à aider et certains, prêt à se battre s’il le fallait.


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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: dimanche 30 septembre 2018, 10:41:24 »
Il y eut bien une étreinte, mais Marty ne la prolongea pas. Il ne chercha pas non plus à en profiter. Il se contenta en fait juste d’être aimable. Un peu surprenant car il était à peu près certain que la beauté cachée de la lapine ne le laissait pas indifférent. Seulement… peut-être que le côté fille au bord des larmes n’était pas son genre. Ou que ça éveillait quelque chose de douloureux en lui. En tout cas, Samba put comprendre qu’il n’avait pas à faire à un hybride aisément manipulable. Le chat ne réfléchissait ni avec son sexe, ni avec son cœur, mais avant tout avec sa matière grise, d’où la remarque à propos de son pragmatisme dans le disque confié par Diane Valentine. Il ne remarqua toutefois pas le geste de l’anibot qui put mettre en place son mouchard.

« Non, t’en fais pas, je vais t’accompagner. Je vais rester avec toi cette nuit. Allez, viens, Grégoire s’éloigne déjà. »
Marty se leva du banc et rattrapa le vieil homme.
« Hé, Grégoire, besoin d’un coup de main.
- Que puis-je faire pour toi, Marty ? répondit le grand-père en faisant face aux hybrides.
- Cette demoiselle nous vient de la décharge. Elle n’a pas encore essayée de me poignarder, c’est plutôt bon signe. Tu veux bien la loger ? Je vais rester avec elle, elle préfère et toi aussi j’imagine. »
Restait-il pour faire plaisir à Monday ou pour la surveiller ? Le vieux considéra la lapine d’un regard attentif.
« Si elle sait se tenir, aucun souci.
- Cool.
- Hé ! Grégoire ! » fit Rodrigue, le renard, qui émergeait d’un pas rapide de la foule.
Il n’avait pas récupéré son chapeau qui continuait de se remplir de petite monnaie.
« Ouf, j’ai eu peur de te louper ! Tu as le journal ?
- Bien sûr, très cher goupil. Le voici. »
Grégoire sortit un journal roulé sur lui-même depuis une poche intérieure de sa veste. Rodrigue remercia et le déroula. Samba put lire, sur la première page, le titre de la une qui concernait la destruction d’une centrale hydraulique de la Tech-13. Le renard finit toutefois par remarquer Marty et surtout Monday. Il s’adressa au chat, un peu narquois.
« Tu aides les gens maintenant ?
- Ça m’arrive. »
Il y avait en effet un peu de tension entre eux deux mais ça n’allait pas plus loin. Le renard sourit et Marty ajouta :
« D’ailleurs, je vais rester avec elle, cette nuit. Si vous nous cherchez, on est chez Grégoire.
- Ça marche. Bonsoir mademoiselle. Bienvenue parmi nous. Je reste pas, Tim a besoin de moi. »
Et il fila.

* * * Une petite heure plus tard * * *

Grégoire habitait un appartement dans un immeuble non loin de la place où avait eu lieu le spectacle de magie. Il était en fait propriétaire de tout l’immeuble, comme l’appris Samba. Le vieil homme avait une situation financière confortable, en tout cas elle aurait pu l’être s’il ne consacrait pas tout ses moyens à son journal et à l’aide des nécessiteux. Monday avait pu se laver et elle finissait à présent de se changer. On lui avait donné des vêtements à sa taille, simples mais convenables. Une chambre l’attendait pour la nuit. Grégoire discuterait avec elle demain de la suite, notamment de la manière dont elle pourrait "payer" un logement dans cet immeuble. Aucun mouvais coup à attendre, il était manifeste que l’homme ne faisait pas dans le proxénétisme, l’esclavage ou toute autres pratiques peu reluisantes hélas assez répandues. Marty continuait d’être aimable, mais également attentif. Il n’avait pas cherché à la suivre dans la salle de bain, il n’avait pas l’intention de dormir dans la même chambre, il allait en prendre une autre, l’appartement était grand ce n’était pas le problème. Par contre, Samba avait maintenant la certitude que manipuler le chat serait soit impossible soit trop long. Ce serait aussi très risqué car il n’était pas exclu que le chat finisse par le démasquer.

Il en était là de ses réflexion lorsqu’il entendit Marty, dans le salon en compagnie de Grégoire, recevoir un coup de téléphone.
« Ouais Tim ? … Quoi ? … Merde… Et toi ? … Ok, c’est déjà ça. … Oui, oui je lui demande. Heu, Grégoire, on a un souci.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- La police a débarqué chez nous. Ils ont arrêtés Rodrigue et tout foutu en l’air en cherchant tout ce qui pouvait être lié aux terroristes de la forêt.
- Aux résistants, rectifia Grégoire.
- Ouais, aux résistants, excuse-moi. En tout cas, Tim peut plus dormir chez nous, ça ressemble plus à rien. Il voulait savoir…
- …bien sûr, il peut venir ici. Aucun problème, au contraire.
- Tim ? C’est ok. … Très bien, on t’attend. … Allez, à tout de suite. »
Fin de l’appel. Marty et Grégoire se mirent à parler avec animation. Visiblement, le chat n’était pas très surpris.
« Faut pas s’étonner quand même. Rodrigue aurait dû se planquer dès qu’il a franchi la ligne rouge. Et filer des infos à Mr Bug, c’était la ligne rouge ! Surtout quand on voit à quoi ont servies ces infos ! Non, moi, ce qui m’étonne, c’est qu’ils n’ont pas embarqué Tim dans la foulée. »

* * * Au même moment * * *

Timothée jeta un dernier regard à son petit appartement saccagé. Porte défoncé, désordre indescriptible, objets brisés… L’ampoule du couloir jetait sur la scène une lumière sinistre. Il soupira, éteignit et commença à descendre les escaliers, la mine contrariée et un sac sur l’épaule avec dedans ce qu’il avait pu récupéré de ses affaires. Il régnait dans l’immeuble un silence inhabituel. La police ne s’était pas contentée de coffrer Rodrigue, mais également la plupart des voisins venus s’interposer. Ce fut donc seul que le Petit Mage s’engagea dans les sombres ruelles du quartier sud. Il n’était pas inquiet pour sa sécurité. Mis à part une fouille au corps et quelques provocations, les flics ne lui avaient rien fait. Il était protégé et il savait par qui, cette satanée harpie de la Tech-13. Mais il préférait finir en prison plutôt que de s’associer avec la pire corporation de la Fédérations. Décidément, cette nuit débutait bien mal…

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: vendredi 28 septembre 2018, 14:57:10 »
Marty rit.
« Je me méfie de tout le monde, Monday. Enfin, de presque tout le monde. Les coups de pute, ça vient de partout. Mais j’imagine que je t’apprends rien. Le type dont je parle, c’est le vieux Grégoire, un humain réglo qui, en échange de quelques services, comme distribuer les journaux qu’il imprime, faire le ménage, descendre les poubelles… donne un vrai coup de main. Il est là, ce soir, il regarde le spectacle, c’est un habitué lui-aussi. »
Il marqua une pause, lorgna du côté de la brochette abandonnée, mais ne la récupéra pas. Au lieu de cela, il se mit à regarder Timothée.
« Tout le monde voudrait des pouvoirs. Moi, j’en voudrais. Mais on n’a pas tiré le bon numéro quand on est né. Je connais bien le Petit Mage. En fait, j’habite avec lui et un troisième hybride, un renard un peu relou. »
Bon sang, ce qu’elle était jolie cette lapine ! Et puis, elle avait l’air d’avoir un caractère pas trop dégueu… Il avait hâte de voir à quoi elle ressemblait, une fois décrassée.

Sur scène, le grand brasier explosa en une myriade d’étincelles. Tout le monde applaudit. Timothée se gratta la tête, l’air un peu perdu.
« Et zut, j’ai loupé une étape, avoua-t-il. J’avais prévu un truc avant le bouquet final. Bon ben pas grave, je le fais maintenant. »
Et il enchaîna sur un numéro forcément plus modeste mais qui s’exécutait avec l’aide d’une personne du public. Ce fut un humain qui eut la chance de venir rejoindre le Petit Mage. Le numéro étant court, il consistait juste à se renvoyer des balles de lumière, il fut répété plusieurs fois, avec des volontaires différents et des variantes improvisées sur le moment. Rodrigue, la fin du spectacle approchant, déposa son chapeau à l’envers sur un coin de la scène pour que ceux qui le désire puisse y mettre une pièce.
« Regarde, Monday. Grégoire, c’est lui. »
Marty venait de désigner un septuagénaire qui se tenait un peu en retrait, pour ne pas être chahuté par la foule. Il marchait avec l’aide d’une canne en bois, mais ne claudiquait pas de manière excessive. Il avait l’aspect d’un aimable grand-père.
« On y  va ? C’est comme tu veux, mais il ne va pas tarder à partir. C’est pas un couche tard. »


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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: vendredi 28 septembre 2018, 09:47:01 »
« Ho, moi, je suis un habitué », répondit Marty.
Se présenter comme venant de la décharge avait ses avantages. Personne n’irait vérifier si c’était exact et le look actuel de Samba suffisait amplement à convaincre. Pour autant, cette origine avait une contrepartie : la méfiance. Bien des gens, jusque là, avaient vu la lapine et certains avaient également dû remarquer son charme, mais personne n’avait osé s’assoir à côté d’elle ou même trop s’approcher du banc. Personne, sauf Marty, mais même lui avait conservé une certaine distance de sécurité. Il voulait pouvoir réagir si jamais elle lui sautait dessus. Ceux de la décharge avaient vraiment une sale réputation. Lorsqu’on tombait si bas, généralement il devenait impossible de refaire surface un jour. La distance de sécurité était également dû à l’odeur, assez dissuasive, surtout pour un félin.
« Je connais pas mal de monde, ici, je peux sûrement t’aider, si tu sais te tenir. Je dis pas qu’il n’y a que des gens biens parmi nous, ce type là, par exemple, faut pas croire un seul mot qui sort de sa bouche. »
Il venait de désigner l’escroc avec ses breloques.
« Par contre, les tueurs, les voleurs, les violeurs, ils sont pas les bienvenues. »

Marty s’interrompit pour regarder du côté de Timothée. Ce dernier s’était lancé dans un nouveau numéro. Il avait fait apparaître un petit brasier au milieu de la scène, un feu factice aux couleurs surréalistes. Il l’alimentait en y jetant des balles de lumière. Et à chaque balle, le feu devenait plus grand, plus lumineux, plus crépitant. Les flammes, maintenant, mesuraient plus de trois mètres et parvenaient à éclairer une bonne moitié de la place. Le Petit Mage, minuscule à côté, était soit mis en valeur, tout illuminé et contrastant donc sur l’obscurité de l’arrière plan, lorsqu’il se tenait à gauche ou à droite du brasier, soit réduit à l’état de simple silhouette lorsqu’il était devant, soit totalement occulté lorsqu’il était derrière. Il était facile d’imaginer ce à quoi pensait Diane en voyant cela. Elle voyait le souriceau avec un vrai costume de scène pour lui retirer ce côté gamin des rues, elle le voyait avec un vrai jeu de scène pour lui retirer ce côté amateur, elle le voyait enfin sur une vraie scène et là, oui, il pouvait subitement passer du petit statut d’artiste de rue à celui de star de Metropolis voir de toute la Grande Fédération. Un monstre médiatique, une machine à fric et une vitrine inespérée pour la Tech-13.

Marty reprit :
« Je peux t’indiquer un gars de confiance. Tu pourras te laver, te changer et dormir chez lui. Ce sera un bon début, non ? Au fait, c’est quoi ton nom ? »
Le problème, c’était que le gars de confiance auquel pensait le chat, ce n’était pas du tout Timothée. Le Petit Mage vivait en "collocation" avec ces potes, Marty inclus, et il n’y avait pas assez d’espace pour quelqu’un d’autre. Et puis, le chat avait une idée derrière la tête. Tout ne tournait pas autour de Tim. S’il aidait cette belle lapine, c’était pour voir s’il n’y avait pas moyen de la séduire. Il avait flairé l’opportunité, découvrir peut-être la diva des bas-fonds avant tout le monde.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: jeudi 27 septembre 2018, 22:43:49 »
Diane Valentine n’avait pas menti sur la popularité de Timothée. Ces spectacles attiraient du monde et engendraient même pas mal d’activités parallèles. Samba était aux premières loges pour le constater. La place où se déroulait l’événement était grande, même si les immeubles démesurés qui la cernaient de toute part semblaient vouloir l’écraser. C’était la fin de soirée. Du ciel, on ne pouvait en voir qu’un petit morceau si on levait vraiment la tête et il n’apportait guère de luminosité. Puisque ici l’éclairage public avait depuis des lustres rendu l’âme, on s’éclairait en bricolant. Des guirlandes d’ampoules, pendues à des fils électriques, couraient sur les façades. On avait également disposé plusieurs gros spots à la provenance douteuse et fonctionnant sur des batteries rafistolées. La place, maintenant, était bruyante, pleine de vie. Deux ou trois cents personnes, la moitié humaine, l’autre hybride, allaient et venaient dans le désordre. Dans un angle, quelqu’un faisait griller des saucisses sur trois barbecues installés les uns à côtés des autres. Dans un autre angle, on disputait une partie de football avec un ballon plus très rond. Un marchand aux airs d’arnaqueur cherchait à vendre ses breloques en ventant leur suprême utilité. Au centre, l’estrade avait été montée par un groupe de grands gaillards qui, maintenant, s’imbibaient d’alcool. Plus loin, une bagarre éclata… et se régla par un KO expéditif. Un groupe de musiciens amateurs se lança dans quelques improvisations plutôt inspirées.

« Allez, mets ton chapeau !
-   Arrête avec ce chapeau, Rodrigue, j’aime pas les chapeaux !
-   - Tu es un magicien, c’est un chapeau de magicien. Et hop, t’es mimi comme ça ! Hein qu’il est mimi, Marty ?
-   - Mouais. »
-   Timothée, Rodrigue et Marty venaient d’arriver sur la place. Le souriceau portait une tunique verte à amples manches, un pantalon bleu marine et des baskets déjà bien usées. Il devait faire à peine un mètre de haut mais en revanche, il avait bonne mine et devait manger à sa faim. Rodrigue, un renard blanc vêtu de beige, qui le dépassait de deux têtes, venait de le coiffer d’un chapeau pointu en papier brillant. Timothée s’en débarrassa en l’offrant à un gamin humain venu le saluer. Ledit gamin fut absolument ravi, nul doute que pour lui, le ridicule chapeau en papier était devenu un trésor. Rodrigue fit mine de bouder, mais il se marrait. Lui et le petit mage disparurent à la vue de Samba, car il venait de plonger dans la foule. Le souriceau monta sur scène environs dix minutes plus tard et alors, le silence ce fit. Il n’y eut pas besoin d’éteindre d’ampoule, comme cela aurait été le cas dans un spectacle en salle, elles avaient beau être nombreuses, elles ne le seraient jamais assez pour vraiment tout éclairer, aucun risque que ça cache les sorts du magicien.
-   « Heu, salut tout le monde ! »
-   On l’entendit à peine. Il parla plus fort, joignant même les mains en porte-voix.
-   « Heu, navré, le micro est mort ! De toute manière, depuis que j’essaie de faire des blagues avant la représentation, c’est nul ! »
-   Il provoqua quelques rires.
-   « Ha bah, tiens, on dirait que je m’améliore ! »
-   De nouveaux rires, un peu plus fournis. Ses yeux passèrent sur la foule. Le hic, ce fut qu’il ne remarqua pas la lapine. Il pouvait la voir, de là où il était, mais elle était loin et lui, un peu stressé, plus concentré sur ce qu’il allait faire. Il ne tarda pas à se lancer et, là encore, Madame Valentine n’avait pas menti. Le Petit Mage invoqua des couleurs, des formes et des sons oniriques avec une déconcertante facilité. Il fit sortir des oiseaux jaunes de ses manches, traça des spirales vertes, évoqua un navire sur l’océan… Il avait l’imagination, la sensibilité pour façonner son pouvoir. Il offrait du rêve, tout simplement… Face à lui, des visages conquis qui, sous les lueurs surnaturelles et mouvantes, acquéraient eux-aussi un côté féérique.

« Salut toi. »
Quelqu’un venait de s’assoir à côté de la lapine. C’était Marty, le chat qualifié de pragmatique et stoïque sur le disque de donnés confié à Frevo. Pelage noir, yeux jaunes, air futé. Baskets, jean, blouson, casquette, il tenait une brochette à peine entamé dans une main, il l’avait acheté juste à côté.
« Je t’ai jamais vu ici, avant. Tu débarques d’où ? T’es de la décharge ? »
Il la considéra d’un regard fugace. Il avait remarqué la beauté qui se cachait derrière la crasse. La décharge qu’il avait mentionné se trouvait en bordure de Metropolis. C’était le lieu de vie des plus miséreux des miséreux, des gens en général dangereux, totalement désociabilisé, pour ne pas dire redevenu sauvages. Marty tendit la brochette.
« Tiens, j’ai pas faim. »
En fait, il avait dû l’acheter juste pour elle. Sur scène, Timothée faisait une sorte de danse avec une silhouette de lumière. La fluidité et la polyvalence de son pouvoir étaient confondante.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: jeudi 27 septembre 2018, 16:40:18 »
Diane fut un peu déconcertée par les interventions de Samba. Certes, elle savait que certaines IA pouvaient être assez évoluée pour prétendre au statut de vraie conscience ou, à défaut, faire vraiment illusion. C’était juste qu’elle n’avait pas pris cela en compte dans cet entretien et qu’elle n’aimait pas être prise de court. Elle décida d’en sourire puis répondit à Frevo :
« Si vous êtes contraint d’abattre le Petit Mage, une simple photo de son corps suffira. Quant à son entourage… »
Elle chercha ses mots.
« Soyez sélectif. Une tuerie de masse serait préjudiciable en terme d’image. Si, aux yeux de l’opinion public, Timothée est contraint et forcé, il va passer pour une victime et nous, une fois de plus, pour les oppresseurs. Non, il faut que l’essentiel de la populace croie que Timothée a juste décidé de saisir une opportunité. Et d’ailleurs c’en est une d’opportunité, même s’il est trop stupide pour ne pas s’en rendre compte tout seul. Je vous suggère donc vivement d’agir le plus discrètement possible. Ce sera sans doute ça, le plus dur, car il est bien entouré. Par chance, je n’ai jamais été menaçante avec lui, moi ou mon messager. Je ne pense pas avoir éveillé sa méfiance. Pour le reste… »
Elle sortit un petit disque de donnés d’un tiroir.
« J’ai ici à priori tous les détails qui vous intéresse. »
Elle inséra le disque dans la table pour que le projecteur holographique affiche son contenu. Une liste de fichiers se matérialisa.
« C’est le fruit d’une enquête de terrain que j’ai commanditée. »
Elle ne se donna pas la peine d’ouvrir un fichier. Elle éjecta plutôt le disque et le fit glisser jusqu’à Clément Frevo.
« Ses relations, ses habitudes, son pouvoir, tout y est. Pour le payement, 50 000 crédits si vous parvenez à convaincre Timothée, 10 000 seulement si vous le tuez. Certaines de ses relations ont leur tête mise à prix. Pour les primes, voyez ça comme vous le faite d’ordinaire. Je paie néanmoins 5 000 crédits la mort de Rodrigue. C’est le meilleur ami de Timothée et un terroriste avéré. De tous ses proches, c’et lui qui exerce la plus mauvaise influence. »
Diane jeta un regard à sa montre.
« Si vous avez tout ce qu’il faut… je vais devoir vous laisser. J’ai une réunion qui va débuter. »

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: mercredi 26 septembre 2018, 23:29:05 »
« Produit BioSoft n’est-ce pas ? commenta Diane, avec un sourire avenant. J’ai eu quelques relations avec eux, sur un gros projet. On avait besoin d’anibot avec un look réaliste et force est de constater qu’ils sont meilleur que nous sur ce segment de marcher. »
Sa voix était assez grave pour une femme. En cause, la clope, sans l’ombre d’un doute. Son bureau empestait la cigarette en d’épis du diffuseur de parfum cherchant à assainir l’air. Elle écrasa son mégot dans le joli cendrier stylisé trônant sur la table, puis s’assit à son tour. Elle joignit les mains, exhibant de longs ongles vernis de bleu nuit, et elle organisa une fois de plus ses idées. Se retrouver face à un tueur la déstabilisait un peu, mais au moins, celui-là savait se vêtir convenablement. Elle avait craint de devoir parler à une brute tout en cuir et sueur, un couteau entre les dents et une paire de gros flingues aux poings.
« Je vous remercie, Monsieur Frevo, pour votre ponctualité. J’ai eut vent de vos performances et je pense que vous êtes la bonne personne pour le job que je vais vous confier. »
En vérité, le nom de Clément Frevo n’était arrivé à ses oreilles que depuis deux jours. Il était sorti de la bouche d’un de ses collègues vers qui elle avait demandée conseil lorsqu’elle s’était résolue à employer les grands moyens. Mais elle n’aimait pas passer pour une ignare, quel que soit le domaine. Néanmoins, si elle avait mieux connu son interlocuteur, elle n’aurait pas considéré le rat comme un simple jouet. Elle pressa un bouton devant elle. La table, d’ample dimension, fit coulisser depuis son milieu son revêtement supérieur afin de dévoiler le projecteur holographique en dessous. Un nouveau bouton pressé et la maquette d’un bâtiment se matérialisa. C’était un immeuble de forme standard. Encore un bouton et l’hologramme occulta les niveaux supérieurs pour se concentrer sur l’ensemble des étages qui faisait l’objet de son chantier.
« Comme vous le savez peut-être, reprit Diane, j’ai financé la construction du Magic Kingdom. Ce sera un complexe de 7 étages consacré aux arts et aux loisirs, avec des salles des fêtes et des lieux d’exposition, le tout implanté dans le quartier sud, l’un des plus pauvres de Metropolis. Ce projet a également été l’occasion de réhabiliter tout le gratte-ciel qui, avant ça, était en situation d’insalubrité. Le Magic Kingdom a pour vocation d’offrir un peu de rêves à nos pauvres et ainsi changer l’image qu’ils ont de la Tech-13. Cette ville est la notre après tout. »
L’administratrice fit quelques zoom et rotations pour laisser voir le complexe qui sans être un palais, savait quand même en imposer. Après un petit silence, Madame Valentine fit disparaitre l’hologramme.
« Le chantier est pratiquement terminé. Le jour de l’inauguration approche. Mais j’ai un problème et c’est pourquoi vous êtes là. »
Le projecteur matérialisa un nouvel hologramme qui, pour le coup, n’était qu’en 2d. Il reproduisait en fait un écran et sur cet écran, il y avait une fiche signalétique, celle d’un hybride.
« Voici Timothée, plus connu sous le nom du Petit Mage. Il n’a pas usurpé ce titre, c’est un Méga doté de pouvoirs dont il sait user avec un grand talent. »
La photo laissait voir un visage de souriceau aux très charmant, au pelage brun, aux yeux noirs très expressifs.
« Timothée est un gamin du cartier sud, il fait des spectacles de rues et jouit d’une grande popularité. Sans être lui-même un terroriste, car il a en horreur la violence, il en fréquente et nous critique souvent. Malgré tout, je fais des pieds et des mains pour qu’il ne soit pas arrêté. »
Diane poussa un soupire et poursuivit, une flamme dans le regard.
« Je veux que le Petit Mage fasse partie du spectacle d’inauguration du Magic Kingdom. S’il y participe, il conférera au complexe sa propre popularité. Les gens ne se diront pas : "Ha, c’est le truc de la Tech-13". Non, ils se diront que "C’est le Timothy Kingdom et que c’est trop classe !". Vous me suivez ? Et puis même, de manière plus large, Timothée a l’étoffe d’une star. J’ai de quoi en faire un personnage public incroyable ! Il faut voir ses spectacles pour comprendre. »
Diane grimaça.
« Sauf que bien sûr, vous vous doutez bien qu’il n’est pas très chaud. J’ai tenté, à deux reprises, de le convaincre. Je me suis même personnellement déplacée, la seconde fois. Et cet hybride continue de m’opposer un refus catégorique ! »
Le poing de Diane heurta la table. Elle avait été vexée par l’affront. Mais elle retrouva son calme, ainsi qu’un sourire de requin.
« Votre mission est de le faire changer d’avis. Sois il accepte de sagement bosser pour moi, soit vous m’en faite une carpette. N’y allez pas de main morte, c’est une tête de mule derrière sa gueule d’ange. Ho et profitez-en pour faire le ménage parmi ses proches. Ils ont sur lui une mauvaise influence. »

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One Shot / Les Chroniques de Mobius, acte 2
« le: mardi 25 septembre 2018, 18:40:43 »
Diane Valentine cracha un nuage de fumée, pensivement accoudée à la fenêtre de son bureau. La vue qui s’offrait à elle n’avait rien de très réjouissante selon l’opinion majoritaire. Metropolis était un monstre d’acier, de béton et de verre, très vertical avec ses immeubles vertigineux, très sombre également avec les vapeurs grises qui couvraient ses cieux en permanence. Mais avait-on besoin du soleil lorsque il y avait tant d’enseignes lumineuses, de néons colorés, de phares mouvants dans les avenues ? Avait-on besoin d’oiseaux lorsque les voitures ronronnaient de leur moteur, chantaient de leur clacksons ? Diane aimait cette ville enfiévrée qui jamais ne s’assoupissait. C’était un monde de contraste où le pauvre côtoyait le riche, le laid, le beau. C’était un monde qui donnait envie de s’élever pour ne pas fermenter dans la fange des bas-fonds. Et tant pis si de s’élever trop haut on se brûlait les ailes à la flamme du pouvoir, c’était le jeu.
Dans cet espèce de chaos plus ou moins organisé par la tutelle de la Tech-13, Madame Valantine Assumait les fonctions d’administratrice de secteur. Dieu qu’elle avait dû en trahir pour se hisser à ce post aussi envié que dangereux. Dangereux, oui, Diane en était plus que jamais consciente après la récente disparition de Radec. Fort heureusement, son secteur était plus éloigné des préoccupations du Docteur Nox. Son job à elle, s’était de promouvoir l’art. Oui, la Tech-13 faisait ça, aussi. C’était stratégique pour l’image de la corporation, Diane ne le répéterait jamais assez lors des réunions annuelles budgétaires. Il en fallait du fric pour financer des films, des concerts, des expositions, des spectacles en tout genre et même des jeux vidéo. Son dernier projet : la construction d’un grand complexe, moitié salle des fêtes, destiné aux classes moyennes et populaires. Bref, pour les bouseux. C’était ce complexe qu’elle cherchait à apercevoir depuis sa fenêtre. Certes, pour y parvenir, il lui fallait surtout une bonne imagination, car même perchée aussi haut, son bureau était au 50e et dernier étage d’un superbe building au design d’enfer, ses yeux ne pouvaient passer au travers des dizaines et des dizaines d’autres immeubles la séparant du chantier quasi achevé. C’était également à cause de ce fameux complexe qu’elle avait une fort vilaine ride d’anxiété qui lui barrait le front. Car elle avait un problème, un problème qu’elle aurait pu contourner, mais c’aurait été se priver d’une très jolie cerise sur le gâteau.

Dans le genre butté, on pouvait difficilement faire mieux que Madame Valantine. Elle qui d’ordinaire était très éloignée des milieux du mercenariat, elle qui n’avait de contact avec des militaires que pour sa sécurité personnelle ou celle des événements qu’elle chapotait, voilà qu’elle venait de faire appel à ce qui se faisait de mieux en chasseur de prime. Elle était un peu stressée, c’était peu de le dire, elle en était à son deuxième paquet de clopes, mais elle aurait sa fête d’inauguration et celle-ci serait parfaite !

Voilà que son interphone sonna. Une voix masculine retentit, celle de son secrétaire.
« Madame, il est arrivé.
- Qu’il entre. »
Elle se détourna de la fenêtre et vérifia une seconde son reflet dans la belle glace murale que comptait son coquet bureau. Diane était belle, une grande rousse, la taille fine, vêtue d’une robe argentée moulante avec des chaussures à talon très, très hauts. Bijoux, maquillages, c’était très sophistiqué comme look, peut-être un peu trop, et son habitude de fumer commençait à la vieillir prématurément, mais elle continuait d’en imposer.

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