Les alentours de la ville / Peluche de Troie [Alexis Midnight]
« le: dimanche 11 août 2013, 21:38:50 »Indiscutablement, la vampire se faisait plaisir. On pouvait même dire, sans se tromper, qu’elle prenait son pied. Ce qu’elle ressentait était plutôt intense, en réalité. Elle ne couchait pas avec n’importe qui, et l’homme se trouvant sous elle n’était pas un humain. C’était un démon. Bien bâti, et assez endurant. Et il était son esclave. Et elle l’avait chèrement mérité. Il était le frère d’une baronne démoniaque, un démon de haute lignée devenu son esclave. Assurément, peu d’esclavagistes pouvaient se targuer d’avoir entre leurs mains une proie d’aussi belle valeur, et on pouvait le comprendre. Pour l’obtenir, elle s’était retrouvée impliquée dans une bataille démoniaque pour la succession d’une puissante baronnie infernale, Roc Noir. Elle avait rejoint, bon gré mal gré, les forces de Caprice, aboutissant à une espèce d’alliance qui ne reposait sur pas grand-chose, mais dont l’un des enjeux était qu’Alexis reste auprès de Mélinda, en tant qu’esclave. Le brave Alexis n’y avait pas vraiment eu son mot à dire, mais, entre la perspective d’être la risée des démons de Roc Noir, et celle d’être l’esclave sexuel d’une vampire nymphomane, il n’y avait pas à hésiter. Du point de vue de Mélinda, Alexis avait fait le bon choix.
« Haaannn !! HAAAANNNNN !!! »
Mélinda soupirait son bonheur de vive voix, continuant à onduler sur l’homme. Ils faisaient l’amour depuis un certain temps, maintenant, étant après tout plus résistants que des humains lambdas. Elle posa ses griffes sur le torse tendre et musclé de l’homme, avant de se pencher, le visage en sueur, quelques mèches de cheveux rebelles caressant ses yeux, pour l’embrasser sur les lèvres. Sa langue fila dans sa bouche, et elle caressa son torse avec ses doigts, jouant dessus, amoureusement, tout en continuant à danser sur son corps. Il était vraiment bien bâti. Mélinda savourait ce moment avec un plaisir vif.
« Hummm... Haaaa... C’est si bon, haaaaaannnn !! »
Naoko pestait contre elle-même, car elle était en retard. Et elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. La studieuse élève avait encore passé trop de temps à la bibliothèque, à se plonger dans les livres d’Histoire. Elle s’était plongée avec un plaisir non dissimulé dans l’Histoire tumultueuse du Moyen-Âge européen. Tout féru d’Histoire, selon elle, se devait de connaître la riche histoire du continent européen, afin de mieux comprendre comment, à l’apogée de sa puissance, l’Europe avait pu imposer une domination mondiale. Elle avait toutefois tellement lu qu’elle était restée jusqu’à l’heure de fermeture de la bibliothèque. Kishiwa-san, l’une des responsables de la bibliothèque, avait indiqué à Naoko qu’elle ne pouvait pas dormir ici. Rougissant bêtement, Naoko était partie rapidement, mais, avant de quitter le lycée, elle devait tout de même récupérer ses affaires dans son casier.
De manière générale, Naoko n’aimait pas traîner dans le lycée après les horaires d’ouverture. Il y avait tellement de légendes circulant sur ce lycée qu’il était tout simplement suicidaire d’y aller, surtout quand on était, comme elle, légèrement superstitieuse : des plantes-violeuses, des esclaves sexuels, sans compter les démons qui jaillissaient dans les couloirs de la nuit, tuant les jeunes femmes si elles ne leur offraient pas leur virginité. Il était curieux de voir comment toutes les histoires surnaturelles, dans un lycée, gravitaient autour du sexe. Naoko s’avançait rapidement, nerveuse, jetant des œillades à droite comme à gauche, et finit par rejoindre son casier. Il ne faisait pas encore nuit, mais il était troublant de constater combien, quand on était seule, les couloirs du lycée Mishima pouvaient être oppressants.
Elle n’avait pas de vêtements différents dans son casier. Maîtresse Mélinda aimait la voir dans son uniforme scolaire, alors elle le conservait. Ainsi, elle gagnait du temps en s’habillant, et pouvait en profiter pour bouquiner un peu. Elle dévorait en ce moment un petit pavé de Tim Willocks, « Religion », décrivant la bataille légendaire survenue à Malte en l’an 1 561, opposant quelques centaines de chevaliers à des dizaines de milliers d’Ottomans, Malte étant défendue par un homme qui avait à ce point imprégné Malte que la capitale portait son nom, La Vallette. Il était hors-de-question qu’elle abandonne son livre dans son casier. Elle ouvrit donc ce dernier, prête à s’en emparer... Quand son regard fut happé par la vision troublante d’une peluche rouge ressemblant à un mignon petit lapin planté au beau milieu de ses affaires.
*Mais... Qu’est-ce que c’est que ce truc ?!*
Clignant des yeux sous la surprise, Naoko contempla cette curieuse peluche. Comment diable était-elle arrivée ici ? Naoko était plutôt intelligente, et une réponse logique se forma rapidement dans son esprit. L’une de ses camarades avait du le lui fournir. Maîtresse connaissait les numéros de tous les casiers, et les numérotait dans ses cahiers.
*C’est sûrement Clara, elle a du aller fureter dans le bureau de Maîtresse... Petite peste !*
Que faire de cette peluche ? Naoko la regarda. Elle était vraiment trop craquante ! C’était l’un des péchés mignons de Naoko : elle adorait les peluches, et avait une belle collection dans sa chambre, utilisant à bon escient l’argent de poche offert par sa Maîtresse pour dévaliser les boutiques. Clara allait lui payer ! Naoko rougit légèrement, puis attrapa la peluche par une oreille, avant de la tenir dans le creux d’un de ses bras, la tête de la peluche s’enfonçant entre ses seins. Elle allait faire demi-tour, quand elle sursauta.
*Mon livre !*
Elle le récupéra d’une traite, puis referma la porte.
Il était dorénavant temps de rentrer au manoir.