Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Prisma Fabius

Pages: [1] 2 3
1
One Shot / Re : Tu vas adorer être à mon service Julian.
« le: vendredi 28 janvier 2022, 16:48:13 »
L’insolence de ce gamin la piqua profondément, mais si elle en avait été affectée, seul un éclair brumeux dans son regard d’émeraude put la trahir. Elle accueillit cependant ses excuses avec un léger signe de menton, n’estimant pas nécessaire de s’abaisser à l’en remercier, ou à explicitement les accepter. Prisma le trouva fort audacieux, et cela éveillait tout à la fois l’envie de lui rappeler sa délicate situation, tout comme celle de souligner cette qualité. N’en était-elle pas une, après tout ?
On la disait, elle-même, très ambitieuse, mais elle avait pour elle d’avoir l’expérience, celle qui sait mesure quand il faut oser, et quand il faut se taire, baisser les yeux, et acquiescer comme un bon serviteur. Oui, elle agissait ainsi lorsqu’elle se trouvait face à une personne supérieure, et à cet instant Julian Antonius devait s’en souvenir à son tour.

« Chiquenaude. Vous manquez cruellement d’imagination. » Avec un sourire presque maternel, la Conseillère, qui sent sa petite Domestique frotter avec une ardeur retrouvée, ricane légèrement. « Chiquenaude… Quelle mignonne punition, hein Rhéa ? »

Quel Maître laisser passer la moindre erreur, même la plus petite ? On la traiterait de faible si l’on savait… Cette suggestion était risible, mais n’était-ce pas là l’idée d’un tout jeune homme ? Sans doute peinait-il à réprimander une Servante ? Pauvre Julian… Si elle avait pu, elle l’aurait plains, et s’apprêtait à lui conseiller de s’endurcir, lorsqu’il interrompit le fil de ses pensées, pour lui tendre la missive de son père.

« Ah, ce cher Erik… »

Il était facile de noter les gestes nerveux de ses doigts lorsqu’elle détruisait le sceau. La moindre parcelle de cire qui voulu lui résister sembla l’agacer immédiatement, sans une once de patience. Lorsqu’elle commença sa lecture, le ton lui parut pompeux, mais le contenu n’en était pas moins intéressant.

L’Héritier Antonius était donc un jeune homme bien fait de sa personne, et correctement éduqué. Il était intéressant de noter que le Patriarche désargenté n’avait pas fait l’effort de mentir à la Conseillère en flattant bien trop son fils de qualité déraisonnables. C’était un trait appréciable, et sans doute pourtant un défaut dans le milieu plein de mensonges où ils voguaient tous.

« Oh j’adore la chasse au renard, moi aussi… » Fit-elle, comme pour elle-même, les yeux décrivant des lignes de gauche à droite à mesure qu’elle descendait sur le parchemin. L’écriture d’Erik n’était pas des plus élégantes, mais son style était franc. Malgré ce qu’elle pouvait laisser paraître, Prisma appréciait…

La Conseillère déglutit.
Oh que de souvenirs. Antonius père n’avait pas été avare de détails concernant leur liaison passée, et s’il ne manquait pas de mémoire pour cela, elle ignorait encore s’il cherchait à s’attirer sa sympathie, ou lui rappeler qu’il possédait quelques informations pouvant éventuellement lui nuire. Evidemment, les tendances paranoïaques de la Louve s’en trouvèrent agitées, et ses joues perdirent une nuance.

Se rendant compte immédiatement qu’elle s’attardait un peu trop sur la lettre, éveillée par la remarque du fils, la Rousse releva immédiatement ses prunelles sur Julian, roulant le document pour le glisser dans l’une de ses nombreuses poches.

« Je vais bien, je vous remercie. » Cette simple phrase n’était destinée qu’à écarter immédiatement de son esprit son état de faiblesse. « Votre père a dépeint de vous un portrait fort aimable, mais il aura oublié de préciser que vous parlez trop vite. »

Un reproche ?
Le sourire qui venait de naître sur les lèvres rouges de la Conseillère paraissait contredire son ton.

« Règle numéro un, ne faites pas remarquer tout haut toute indisposition de votre interlocuteur. Tout comme vous ne ferez pas note, de vive voix, d’une tâche sur son divan. »

Prisma éclata de rire, reprenant son verre, et en servant un second sans prendre la peine de demander son avis à son jeune serviteur. « C’est impoli, et comme vous souhaitez vous rendre sympathique auprès de cette personne, vous garderez pour vous ces éléments inconvenants. »

Elle but une gorgée, en tendant d’un geste sévère la coupe pleine de vin à Julian.

« Règle numéro deux, vous accepterez verre ou boisson tendus, toujours dans le but de vous faire apprécier. »

Seconde gorgée, alors que son regard s’ancre dans le sien, forçant s’il le fallait, par l’attendu social de sa position, à accepter le verre qu’elle lui présentait. Enfin, un petit geste du menton put paraître encourageant.

« Votre perception des détails est intéressante. C’est une excellente qualité. » Un compliment ? « Vous allez peut-être pouvoir m’être utile finalement… »

2
Blabla / Re : Re : Re : Horloge parlante
« le: vendredi 28 janvier 2022, 09:27:56 »
:P :P :P
J'arrive Koya !

Ben alors ? J'ai attendu t'es pas arrivée D:

Mon GPS a merdé grrrr
Garde une petite part pour moi, mais j'ai comme l'impression que c'est déjà tout mangé :P

09h27 - Cette semaine est interminable  :'(

3
One Shot / Re : Tu vas adorer être à mon service Julian.
« le: mercredi 26 janvier 2022, 22:20:47 »
En silence, Prisma suivit des yeux les pas du jeune homme qui se présentait à elle. Il y avait un attrait certain à admirer des jeunes gens venir à elle, respectueusement, avec toute l’étiquette dévolue à son rang. Jamais elle ne s’en lasserait. L’excitation qui avait étreint son cœur lorsque Rhéa lui avait rappelé le rendez-vous avait été muselée avec maîtrise, pour ne laisser paraître qu’un visage d’un marbre habituel, légèrement froide. Cependant, la famille Antonius avait été à son apogée jadis, et par respect envers ce vieil excentrique d’Erik, elle a accepté de recevoir son fils.

Cet Héritier est élégant, elle apprécia ses manières, et la douceur de ses lèvres sur le dos de sa main, à peine perçue. Comme c’est touchant, il s’y attarde, et la Conseillère, royale dans sa demeure, ne peut que laisser ses lèvres s’étirer en un rictus attendri. Attendri ? Carnassier ? Il s’efface rapidement, en le voyant se redresser, bien trop droit, signe qu’il doit mettre de grands espoirs dans cet entretien. Et s’il y a une chose que Prisma Fabius aime, c’est qu’on ait besoin d’elle, tenir une vie entre ses mains, avoir ce pouvoir est grisant. Il lui arrive fréquemment de littéralement avoir ce droit de vie ou de mort sur un être humain, et elle est désormais curieuse de connaître exactement les termes qui les uniront.

Quels jolis yeux gris il possède, songe-t-elle lorsqu’il se présente, écoutant à moitié ses mots, trop occupée à le scruter. S’il avait appartenu à une caste supérieure, elle n’aurait pas osé, mais comme il l’a dit, il est ici pour la servir, et la Rousse n’a pas à s’embarrasser des manières avec les Serviteurs. Pourtant, eu égard à son rang même terni, la Conseillère hausse une épaule faussement indolente.

« Me faire attendre ? Non, vous avez… » Elle fut coupée dans sa phrase par la remarque de Julian et deux paires d’yeux s’arrêtèrent immédiatement sur la fameuse tâche. Rhéa, la Domestique écarquilla des pupilles rondes de stupeur, quant à sa Maîtresse, elle reporta son attention sur son invité, le visage un peu plus sévère.

Sans une parole à son encontre, la petite Esclave vint frotter l’objet d’un silence qui s’installa, avant d’être brisé par la voix sans appel de la Dame.

« Il est fort impoli de faire remarquer à son hôte ce genre de choses. Insinuez-vous que je ne sache tenir ma Maison ? »

En parlant, Prisma se relevait, le ton s’accompagna d’un pas en avant, vers le jeune homme. Impertinent. En fond sonore, le grattement de Rhéa qui s’acharnait à faire disparaître le problème. Cependant, dans l’œil vert de la Rousse, brillait une forme de malice cruelle lorsqu’elle s’adressa de nouveau à Julian.

« Mais vous avez raison, quelqu’un ici n’a pas correctement fait son travail. » Il sembla que le frisson de l’Esclave soit palpable dans l’air de la pièce, le frottement sur le tissu s’interrompit une seconde. « Rhéa sera corrigée, veuillez excuser le manque de manière de cette incompétente. Une suggestion, pour son châtiment ? »

Elle avait plongé ses émeraudes dans ses yeux, comme pour s’en nourrir, et sonder son vis-à-vis, jaugeant silencieusement désormais, dans une atmosphère qui venait de s’alourdir.

4
One Shot / Tu vas adorer être à mon service Julian.
« le: mercredi 26 janvier 2022, 15:59:55 »
- Tu aimes ma bouche ?

Un léger et discret soupir passa le faible espace ouvert entre les lèvres de la Conseillère. Elle avait l’habitude de devoir exprimer son exaspération poliment sans que cela ne s’entende, et maîtrisait l’expression de son visage, neutre, alors que ses iris vertes fixaient sans la voir la bouche pulpeuse et rosée de celui qui lui faisait face.

Il l’ennuyait.
Il parlait trop, et uniquement de lui. Songeait-il que Prisma Fabius le désirait pour converser ? Aurait-elle eu besoin de l’inviter à se défaire de sa veste, de sa chemise, puis de son pantalon ? Aurait-il été nécessaire de lui indiquer le sofa de velours pourpre dans lequel il se prélassait ? La Rousse aurait aimé que cette fameuse bouche lui serve davantage, ne serait-ce que pour la complimenter elle. Ses traits étaient élégants, cependant, alors qu’elle le détaillait plus avant.

- Tu ne réponds pas ? Aurais-tu perdu ta…

Un sec claquement de sa langue sur son palais le coupa. Prisma se redressa pour se lever et baisser les yeux sur le jeune marchand dénudé. Les bijoux à ses doigts étaient bon marché, son nez portait les traces d’une ancienne bagarre, et les tentures qu’il voulait vendre n’avaient aucun intérêt. Son seul attrait était d’être là, d’avoir croisé sa route au moment où elle s’ennuyait. Pourtant, désormais, il l’agaçait.

« Cela marche sans doute sur les paysannes des places de villages… »

L’homme ne sembla pas comprendre, fronça les sourcils, perturbé par le changement d’attitude de celle qui l’avait invité dans sa suite. Il s’en offusqua légèrement, alors qu’elle lui tournait le dos pour se servir un verre de vin épicé.

- Je… je ne comprends pas, tu…

« Vous. » L’interrompit-elle. « Vous aimez ma bouche. Vous ne répondez pas. Tu parles à une Conseillère Royale. » Prisma, cette fois, soupira distinctement. « Tu m’ennuies, rhabille-toi, va-t’en. »

- Mais je…

Le commerçant était blessé dans son orgueil, il se leva, pour protester, avançant d’un pas rapide et outré jusqu’à la Rousse, en lui saisissant le poignet. Dans un calme olympien, les yeux verts se baissèrent sur le geste audacieux, avant de revenir dans le regard de l’homme. La voix était calme et froide, sans une once de compassion.

« Il me serait pénible d’avoir à appeler ma garde. » La main vacilla, mais ne lâcha pas le poignet gracile orné de bracelets d'or. « L’emplacement de ton échoppe est recherché. Il ne mettrait pas longtemps à trouver repreneur. »

Cette fois, il lâcha totalement sa prise, les yeux écarquillés, en percevant l’étendue de ses erreurs. Prisma réprima savamment un sourire victorieux, en se repaissant de cette expression sur son visage. L’instant où ils comprenaient qu’ils avaient perdu. C’était un délicieux festin. Là, au moins, il n’était pas décevant. Sans un mot, le marchand de tissus attrapa ses vêtements et s’en fut sans demander son reste.

La porte ne claqua même pas. Prisma soupira longuement avant de se laisser choir dans le sofa où la forme des fesses du jeune homme aurait dû s’imprimer s’il n’avait pas été aussi bavard et imbu de lui-même. Quel gâchis… Buvant une gorgée de vin, en fermant les yeux, l’arrivée de Rhéa la sortie de sa torpeur.

- Il est là Ma Dame.

« Qui donc ? » Ses paupières s’ouvrirent derechef, la voix légèrement énervée par le petit ton de souris idiote de sa Domestique.

- Julian Antonius, Ma Dame.

La Conseillère Royale se redressa, un sourire venait de naître sur ses lèvres rouges. « Oh. Oui… » Une satisfaction non dissimulée venait d’illuminer son visage fardé. Tout comme l’on s’apprête à ouvrir un paquet contenant un présent, la Louve allait obtenir un nouveau serviteur. C’était toujours très excitant ! Un nouveau jouet. « Hé bien ? Qu’attends-tu ? Apporte-le-moi. »

5
Hey ♥
Je suis en manque de RP avec Prisma :3

6
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: mardi 25 janvier 2022, 13:27:19 »
En gros t'as pas dormi mais en fait si :O

13h26 - Qu'est ce que j'aime les questionnaires à la con xDD
C'est encore plus drôle à remplir pour des persos  :P

7
Archives / Re : Si votre perso était...
« le: mardi 25 janvier 2022, 12:34:51 »
Etttttttttt Prisma !

Si Prisma était...

Portrait nature
1. Si tu étais un animal, tu serais... Une Lionne
2. Si tu étais une plante (fleur, arbre...) la Belladone.
3. Si tu étais un élément L'Eau
4. Si tu étais une pierre précieuse ou non Une émeraude
5. Si tu étais une saison l'hiver
6. Si tu étais un moment de la journée Entre chien et loup
7. Si tu étais un des cinq sens La vue

Portrait lieux
8. Si tu étais un pays les Emirats Arabes Unis   
9. Si tu étais une ville Florence
10. Si tu étais une planète Mars
11. Si tu étais un paysage Un glacier
12. Si tu étais une pièce de la maison La salle de bain

Portrait objet
13. Si tu étais un objet du quotidien Un couteau. Pour découper la viande hein.
14. Si tu étais un véhicule Une chaise à porteurs
15. Si tu étais un vêtement Je serais au sol, éparpillé.

Portrait culture
16. Si tu étais un livre L'art d'aimer, d'Ovide
17. Si tu étais un personnage de fiction Lady Macbeth
18. Si tu étais un mot Certes.
19. Si tu étais un film Orgueil et Préjugés
20. Si tu étais une célébrité Meryl Streep
21. Si tu étais un dessin animé Princesse Mononoké
22. Si tu étais un super pouvoir Manipuler les esprits
23. Si tu étais une créature légendaire / imaginaire une Érinye
24. Si tu étais un jeu vidéo Assassin's Creed (le 2 bien sûr)
25. Si tu étais une chanson Game of Thrones OST - Await the King's Justice -
Ramin Djawadi

26. Si tu étais un style de musique Musique classique
27. Si tu étais un instrument de musique Le pipeau  :kappa:
28. Si tu étais une photo Une photo officielle d'une famille royale ?
29. Si tu étais un art la Trahison
30. Si tu étais un événement historique La mort de Mufasa  ;D ?

Portrait gourmand
31. Si tu étais un plat Des cuisses de grenouilles
32. Si tu étais un dessert Des macarons
33. Si tu étais une friandise Des marrons glacés ♥_♥
34. Si tu étais un fruit Une poire (c'est doux et ça te colle des aphtes en traitre...)
35. Si tu étais une boisson l'Hypocras
36. Si tu étais une odeur La fleur d'oranger

Portrait Loisir
37. Si tu étais un loisir créatif l'Assassinat ? C'est parfois très créatif. 
38. Si tu étais un sport le Dressage  8)
39. Si tu étais une fête Ls bacchanales
40. Si tu étais la lettre idéale Z. La fin de tout.
41. Si tu étais de la papeterie ou un accessoire de papeterie Un sceau 

Portrait un peu plus perso
42. Si tu étais un chiffre ou un nombre 0
43. Si tu étais un bruit Le silence
44. Si tu étais une devise "Le cadavre d’un ennemi sent toujours bon."
45. Si tu étais un hashtag #RIP
46. Si tu étais une mauvaise habitude Trahir les gens  :( oops
47. Si tu étais une qualité la Méfiance
48. Si tu étais un gros mot "Ambitieuse"
49. Si tu étais une émotion La Victoire.
50. Si tu étais un plaisir La Sérénité... qu'est-ce que c'est ?

8
Qu’il était impertinent de caresser ainsi le dos d’une Conseillère sans qu’elle n’en ait donné l’ordre explicite. Dans d’autres contextes, Prisma Fabius aurait, au mieux, fait sentir sa désapprobation, et au pire, fait regretter son geste à cet individu se pensant assez digne pour toucher une femme de son rang. Dans l’esprit de la Rousse, les pensées contradictoires bataillaient, bien que son naturel hargneux, hautain et supérieur l’ait peut-être poussé à se raidir une seconde ; mais, maîtrisé, ce naturel devait, comme toute chose, se plier à la nécessité de ses missions, et s’en accommoder quel qu’en soit le prix.

Pour ce faire, elle se détendit et, même, y trouva dès lors un certain bienfait. Sous les traits de cette mimique machinale, si Niqa en avait quelque compétence, il pouvait sentir des années de maintien et de tension rarement exprimées, toujours sous contrôle. Cela se ressentait, au-delà de l’apparence détendue de la jeune femme, par des muscles toujours bandés, des nerfs noués, une stature droite. Se détendre, pour son petit esprit paranoïaque, était synonyme de danger, de faiblesse. Et ses pensées malades y voyaient le chemin le plus simple vers sa perte.

Cependant, le geste était agréable, elle y décelait une habitude, sa main ne tremblait pas, signe qu’il y trouvait une aisance rassurante, peut-être. Et quoi qu’elle en dise, il était bon de s’offrir quelques caresses ; aussi Prisma se permit-elle un léger soupire, discret certes, mais parfaitement audible alors qu’ils étaient si proches.

Niqa souligna sa franchise, ce qui fit sourire la jeune femme, sans doute de manière un peu naturelle… Quelle naïveté de que d’être honnête, et surtout, que de s’afficher ainsi. Quel manque de lucidité quant au monde extérieur, quelle belle erreur face à une Prédatrice comme elle. Les Candides avaient cela de plaisant, quels qu’ils soient… Noblesse ou plèbe, la Conseillère aimaient les avoir comme cible. Quel gâchis, néanmoins, que d’avoir à ouvrir les yeux de pareils êtres. Quelque chose en elle voulait les violenter, les secouer, les gifler. Leur hurler de cesser d’être des enfants, de réaliser enfin qu’ils sont, et resteront inadaptés en ce monde, et que pour le bien de tous, leur propre bien, il était préférable qu’ils n’en fassent plus partie.

Cruel, mais inévitable. Niqa était plaisant, un charme indéniable, mystérieux et poli. Il était cependant inapte à vivre dans une mer de requins, et, dans sa grande mégalomanie, Prisma estima alors, en pensée, que ce devait être honorable de mourir de sa main, à elle, plutôt qu’un idiot guet-apens à la sortie d’une taverne mal famée.

Le regard d’émeraude, jadis orienté vers l’ouvrage, glissa sur les lignes et symboles, jusqu’à se poser durement sur la main du Mage venant de se poser sur sa cuisse. Un geste qu’elle aurait corrigé immédiatement en d’autres circonstances. Quelle impudence… Et pourtant, il était étrange de ne ressentir aucune malice derrière cette caresse. Etrange, oui. Anormal, dans le fonctionnement de Prisma. Chaque mot, chaque mouvement avaient un intérêt selon elle, et l’on ne faisait rien au hasard. Naïf, il était naïf, elle devait le garder à l’esprit. Les gens comme elle voyait toujours double sens et mal partout, peut-être n’était-ce pas son cas, à lui ? Son regard s’adoucit, elle tira ses lèvres en un sourire et leva un sourcil lorsqu’il reprit la parole.

« Vous avez parfaitement raison. Lorsqu’il faut survivre, la fierté est une bien faible armure. » Quelle étrange tristesse dans ce regard d’ambre… Prisma s’y perdit un instant, cherchant à en percer les mystères, intriguée par ces difficultés qu’il évoquait. Son passé s’avérait être semé d’embuches… C’était un survivant, à n’en point douter. Un fait à prendre en compte, car ce sont ces individus emplis d’une soif de vivre trop grande, qui donne le plus de fil à retordre aux assassins. Cependant, sûre d’elle et de sa supériorité, la Conseillère Royale ne doutait pas de l’issue de cette rencontre.

Alors que Niqa reprenait sa lecture, les yeux verts continuèrent de scruter le visage de cette étrange personne, sans doute complexe, plus complexe que ce qui paraissait de prime abord. La caresse sur sa cuisse le rendait sans doute plus sympathique qu’il n’était, quel dommage de devoir le tuer… Il se montrait plus cavalier, bien que rien dans son attitude ne semble cacher une volonté plus vile. C’était… étonnant, vis-à-vis de Prisma, qui plissa les yeux un instant, suspicieuse. La nommer Damoiselle la fit pousser un petit rire, bien malgré elle, et elle voulut lui répondre spontanément lorsque l’être l’albâtre proposa un tournant dans leur relation. Un tournant familier qui la fit sursauter.

La Rousse tutoyait deux types de personnes. Ses amants et les personnes qu’elle considérait comme inférieures. Dans les deux cas, des gens sous son pouvoir direct. Il n’était pas idiot de vouloir créer une telle proximité avec sa cible, et il avait raison sur ce point ; ainsi sur ses genoux, ses mains décorées parcourant doucement son corps, l’on pourrait croire facilement que cette marque de distance était obsolète. Prisma déglutit lentement, puis se força à sourire, de peur qu’il ne perçoive ses réflexions.

« Je. »

Après un instant pesant, la jeune femme hocha lentement la tête, la désagréable impression de ne pas maîtriser cette conversation ; mais c’était ainsi que l’on gagnait la confiance des gens, malheureusement, en leur faisant croire qu’ils contrôlaient, eux, les choses.

« De sages paroles, Niqa, j’y consens avec joie. » Comme une habitude, sa voix lorsqu’elle tutoyait s’était positionnée plus basse, comme écartant la possibilité que l’homme soit un esclave. « Mon intérêt est largement piqué, et j’imagine qu’avec tes dons de magie, inoculer un poison à un tiers doit être quelque chose de facile. »

Un petit gloussement accompagna une pensée, qu’elle articula rapidement.

« En plus de pouvoir te laisser les mains libres, tout en lisant. Plaisante capacité, n’est-ce pas ? As-tu l’habitude d’avoir ainsi quelques oreilles attentives autour de toi ? Femmes, famille… »

Si elle ne ressentait aucun scrupule à faire disparaître un père, un frère ou un fils, il fallait pourtant avoir en tête les ennuis potentiels qui, parfois, la poursuivaient. Rares, heureusement, étaient les témoins de ces petits agissements. Comme pour l’encourager à répondre, ses doigts se posèrent sur cette main encrée qui s’était approprié sa cuisse tendrement.

9
Tant d’informations lorsque l’étrange personnage discourait. Prisma en était ravie, quelque chose commençait à bouillir véritablement en elle, faisant sans doute un peu trop briller son iris verte lorsqu’elle l’observait du coin de l’œil, parfois discrètement, et parfois plus franchement, sans une once de gêne. En s’asseyant, se faisant la plus légère possible, la Conseillère esquissa un sourire sous l’aimable remarque qu’il faisait sur son poids… Niqa était extrêmement poli et courtois, elle l’avait déjà noté, et s’exprimait avec soin. Un signe d’une bonne éducation ? Etrange, au vu des étonnantes choses qu’il évoquait de ci de là, sur des conditions de vie plus difficiles. Du moins, inconventionnelles.

Sans doute au même moment que lui, elle se rendit compte que leur collation et, surtout, le vin, étaient restés hors de portée. Elle allait engager un mouvement pour se redresser, lorsqu’elle perçu une certaine tension dans le corps de celui qui lui servait de coussin, tourna les yeux vers son visage, en constatant que celui-ci se refermait légèrement. Ses pupilles s’arrondirent lorsqu’elle l’entendit prononcer la formule, inconnue d’elle.

La Magie.
Prisma semblait y être peu sensible, ayant pourtant côtoyé quelques Sorciers au long de sa vie, elle se tenait en général peu confiante de ces capacités et leurs détenteurs, les jugeant fourbes, troubles, comme tout domaine que l’on ne maîtrise pas, il fallait s’en méfier. Attentive, la Conseillère Royale en mission observa le manège, les doigts qui gigotaient, et les objets qui s’animaient tenus par des mains invisibles.

« Oh. » Souffla-t-elle, échangeant un regard presque complice avec Niqa, se saisissant de sa coupe et la levant légèrement pour l’en remercier. « Voici des aptitudes bien pratiques. Comme elles me seraient utiles... »

Il lui était important d’avoir en tête cette partie de l’équation, et se félicitait de toujours prendre son temps avant d’effectuer un contrat. Le temps de connaître sa cible, lui parler, découvrir les éventuelles difficultés dans sa tâche. En cela, cet être étrange qu’elle n’arrivait pas correctement à cerner pouvait se montrer plus coriace que prévu. Une chance qu’elle ait, désormais, cette information dans un coin de cerveau.

La jeune femme s’efforçait d’être légère ainsi sur les genoux du Mage, trouvant alors dans sa voix des notes intéressantes, douces, et une diction parfaite. Confirmant son impression que cet homme semblait bien né, et se demandant alors comment un tel personnage pouvait finir dans une Auberge aussi miteuse… Peut-être son Commanditaire avait-il d’autres intentions à son sujet, au-delà de réparer un affront, en se débarrassant d’un concurrent ? Si Niqa était fortuné, il ne fallait pas négliger les éventuelles retombées qu’aurait sa mort. La curiosité de la Conseillère était en ébullition, bien qu’elle tente de se concentrer sur le sens de son résumé, qui l’importait peu.

Certes, le sujet était utile, elle avait parfois recours à des experts dans le domaine des poisons, et connaître la façon d’y être immunisé était un avantage certain. Mais Prisma peinait à ne pas gigoter sur son assise de chair, se forçant au calme avec une certaine sévérité, souriant lorsqu’il l’interpela.

« Je me demande surtout si vous pensez ces méthodes pour contrecarrer la dangerosité des poisons efficaces. J’ignore si vous venez d’un milieu où l’usage de ces substances est courant, mais pour certains, ces informations semblent nécessaires à la survie. »

La grande proximité entre eux ne semblaient en rien perturber Niqa, pas plus que Prisma par ailleurs. Elle pouvait ainsi l’observer de près, tenter de déceler dans son regard ou les infimes défauts de sa peau, des failles ou des endroits où appuyer en cas de souci. En sirotant son verre de vin, sa main libre sur son propre genou, la Rousse cilla.

« Confirmez-moi, Messire, que je ne vous indispose pas. »

Il y avait dans sa voix, comme dans son regard, une insistance qui n’appelait qu’à une confirmation, comme s’il était impensable qu’on lui réponde par la négative. Le refus avait toujours été hors de propos, dans l’esprit de Prisma Fabius. Mais elle faisait passer tout cela pour de la politesse, là où elle instaurait, simplement, une habitude d’acceptation de sa Cible envers elle. Plus il serait coutumier de lui dire oui, plus il accepterait naturellement de choses de sa part.

10
Tout était presque trop facile. Malgré les apparences, les discours qui pouvaient sous-entendre qu’il ne serait pas de bonne composition, Niqa tombait sans difficulté dans sa toile. L’étau se resserrait, et la Prédatrice, contenant avec efforts son excitation de traque, se sentant de minute en minute plus enthousiaste. C’était comme venir en aide aux jeunes aristocrates faisant leur entrée dans le Monde, lorsqu’elle se proposait, humblement, de manière si altruiste, pour leur servir de guide à la Cour. Ces jeunes gens étaient honorés qu’une Conseillère leur accorde autant d’attention, alors qu’elle ne faisait que tisser un lien de loyauté avec de la chair fraiche. Il ne fallait pas sous-estimer le nombre de partisans, bien que la qualité prévale toujours… Mais parfois la boulimie l’emportait sur les attributs particuliers, que voulez-vous.

Prisma sentait dans chaque regard de son interlocuteur qu’elle avait piqué son attention, et cela satisfaisait également son égo, surdimensionné, la rendant davantage assurée, s’il était possible de l’être. Lorsqu’il attrapa sa main, bien qu’elle n’eût pas douté une seule seconde qu’il accepterait de l’amener dans un endroit plus calme, peu importait où, elle hocha lentement la tête, comme pour lui donner son consentement tacite. Cependant, elle crut bon d’enfoncer un peu cette porte ouverte avec un sourire qu’elle voulut charmant.

« Oh, ce sera parfait. » Souffla-t-elle en faisant un geste au petit homme serviable dans un coin de la pièce, afin qu’il fasse porter leurs consommations là-haut. Il était hors de question de gâcher un si bon vin.

Ils étaient déjà partis de cette pièce principale miteuse, grimpant des escaliers qui semblaient à la Rousse tout aussi misérables, grinçant sous leurs pas. Il y avait quelque chose d’attirant, dans cette situation, qui lui rappelait des souvenirs, frais ou plus anciens, où elle se laissait entraîner par n’importe quel amant d’un soir, montant les marches jusqu’à une chambre improbable, inconnue, où la finalité pourtant, elle, se montrait sans équivoque. Là encore, Prisma estimait connaître la fin de cette histoire, funeste pour ce pauvre Niqa mais, hé bien, c’était ainsi. C’était bien la seule raison pour laquelle elle le permettait de la toucher, avec autant d’insistance, d’une douce manière certes, mais elle sentait dans la pression de sa main une fermeté intéressante.

Alors qu’elle considérait à peine les lieux, repérant cependant les éventuelles caches, issues ou moyens de la fuir, ou d’appeler du secours, la jeune femme pouffa de rire alors que l’homme à l’impressionnante chevelure blanche reprenait la parole. Trôner sur ses genoux ? S’il savait… Plutôt lui sur les siens, songea-t-elle, en plissant les yeux, gardant un masque légèrement troublé par ses mots.

« Peut-être l’inconfort de ma posture saurait-elle se faire oublier, si nos échanges sont aussi intéressants que ce qu’ils promettent ? »

Lentement, elle haussa une épaule presque nonchalante, esquissa un petit sourire malicieux, et traversa la modeste pièce en évitant de songer aux puces et autres affreuses choses qui grouillaient surement, dans son esprit, partout en dehors du Palais et sa demeure. Devant le fauteuil de cuir, qu’elle désigna d’un geste de main un peu trop autoritaire, Prisma l’encouragea à nouveau.

« Installez-vous, et vous m’avertirez si, par malheur, mon poids vous indispose. Il nous restera le lit en consolation. » Sur ces mots, on frappa à la porte, interrompant leurs mouvements, et Prisma lâcha un claquement de langue, naturel, qui lui échappa devant la désagréable intervention… Pourtant, il s’agissait simplement du tenancier, venu rapporter bouteilles et timbales ouvragées, se confondant en excuse de les déranger.

Sans un mot pour l’opportun, Prisma le laissa disposer sur la table basse son petit plateau, et il se retira humblement, en s’excusant à nouveau. Se raclant la gorge, elle reporta son attention sur Niqa, lui adressant un sourire chaleureux.

« Vous ne m’en voulez pas d’avoir réclamé à boire ? Je suis sûre que vous aurez soif, à tant parler. » Et puis, l’ivresse aidait à faire baisser la garder, bien qu’elle n’en décèle pas énormément chez cet homme étrange. C’était une aubaine, qui la fit frissonner légèrement d’impatience. Doucement. La Conseillère répéta son geste vers l’assise.

« Après-vous, Messire Niqa. »

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Bienvenue adorable plèbe.

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Parmi les mots qu’adoraient entendre Prisma Fabius, les excuses étaient pratiquement ses préférés. Ces quelques notes sonnaient à ses oreilles avec une mélodie particulièrement savoureuse, faisant passer le son désagréable du siège tiré sur un parquet fatigué. Qu’on lui demande son pardon la mettait toujours dans une posture délicieuse, la glorifiant, quelle que soit la teneur de la faute… Elle était en position de force lorsque l’on s’excusait devant elle, l’apothéose étant atteint lorsque, parfois, l’on s’agenouillait pour supplier qu’elle accorde son divin pardon. Il n’en était rien, cette fois, évidemment, mais cela tintait pour son esprit dérangé comme une petite victoire, qu’elle prenait à sa juste mesure. Douce, légère, néanmoins présente. L’homme était définitivement poli, et elle esquissa un sourire pour l’en remercier, de manière presque totalement sincère.

Il était bien plus agréable de devoir passer les quelques instants avant de passer à l’acte en compagnie d’un homme éduqué, cela changeait des rares rustres qu’elle avait parfois eu à faire trépasser. Etrangement, elle écourtait l’affaire, ne supportant que peu ce type d’individu. Certes, ce Niqa ignorait qu’il n’était pas très élégant de s’approcher si près d’une Conseillère Royale, mais à sa décharge, il n’avait pas cette information, qu’elle désirait garder, bien évidemment, secrète jusqu’à son trépas. Lui prendre la main était cependant un acte potentiellement choquant… Dans d’autres contextes, elle l’aurait retirée immédiatement, ne se laissant toucher que lorsqu’elle l’avait décidé, et par qui elle voulait. Pourtant… Ses doigts frémirent légèrement, mais elle lui offrit volontiers son contact, soutenant son regard.

C’était encore plus intéressant d’apprendre qu’il n’attendait absolument rien en retour, rien de matériel, toujours, et qu’il n’avait été motivé que par la curiosité. L’information lui importait plus que l’or, ou les objets de l’éventuelle transaction que la Rousse aurait pu mettre dans la balance. Il paraissait donc être héritier d’une fortune suffisante pour écarter de son esprit les bas besoins du peuple, ce qui l’intriguait et, une seconde, cet intérêt fit briller sa pupille. L’argent avait toujours eu un attrait particulier pour Prisma, tant il lui permettait d’asseoir son rang, et était un pilier important de son statut social. Peut-être son commanditaire avait-il d’autres raisons plus prosaïques, pour se débarrasser de lui ? Un rival dans une succession, l’appât de cet héritage ? Mille scénarios se construisaient dans le crâne de la Conseillère, persuadée que savoir pourquoi l’homme qui l’avait chèrement payée pour faire disparaître Niqa lui donnerait bien des avantages, qu’elle achève son contrat ou non.

Quoi qu’il ne soit, son intérêt était totalement piqué, et, bien qu’elle sourit avec calme à l’intérieur, à l’excitation de la traque se mêlait désormais l’envie pétillante des intrigues de Cour.

« Vous êtes tout excusé. » Concéda-t-elle finalement, avec un petit mouvement de main parfaitement naturel, comme si elle avait régulièrement à accorder sa clémence. « Savoir reconnaître ses erreurs est un signe de grande sagesse, je vous admire. »

Mensonge, ou vérité ?
Prisma était, pour sa part, incapable d’une telle clairvoyance quant à ses échecs.
Avec un enthousiasme qui fit l’élever sa voix étrangement plus haut qu’à l’accoutumé, la jeune femme interrompit presque l’étrange individu aux cheveux blancs.

« Parlez. » Elle se racla la gorge, comme si la Conseillère se rendait compte de son manque de politesse. A bien des égards, les femmes de la Cour devaient être pondérée et discrète, ce qu’elle n’était absolument pas, de nature. Pourtant, des années d’apprentissage lui avaient permis de savoir maîtriser ses élans, en société, sans peine. Alors, cette envolée n’avait rien de spontané. S’excusant d’un sourire en baissant les yeux, Prisma se reprit.

« Pardonnez ma fougue. Je serais enchantée de vous entendre m’offrir un condensé de ce que vous avez pu y lire, en débattre serait très intéressant. »

Fadaises. Prisma n’aimait pas lire, tout comme elle trouvait l’écriture agaçante, fastidieuse, alors que l’on possédait des scribes et des esclaves pour cela. Cela ne l’empêchait pas de se tenir informée des ouvrages en vogue au Palais Royal, et d’en discuter longuement, dans des conversations soporifiques, avec la haute société… Quelque chose lui soufflait cependant qu’elle n’aurait pas à s’endormir lorsque Niqa lui parlerait. C’était fortement déconseillé, à vrai dire. D’une main, dans un geste lent mais assuré, la Rousse gêna l’ouverture du livre… Et se penchant comme pour lui faire une confidence, parla à voix plus feutrée.

« Peut-être auriez-vous un lieu plus propice à l’échange et la lecture, j’ai toutes les peines du monde à me concentrer ici. »

A vrai dire, les voyageurs se montraient taciturnes, mais des habitués avinés discouraient avec énergie, apportant l’excuse idéale pour qu’ils s’isolent. Pour appuyer son argument, le hasard heureux porta le bout de ses doigts jusqu’à la main de sa Cible, portant l’œuvre tant convoitée.

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Dès que Niqa prit la parole, les petits yeux verts de la Conseillère se plissèrent sensiblement, alors qu’il avait assez de culot pour lui rétorquer, sans broncher, sans ciller, qu’il avait perçu combien le refus n’était pas une option. Quelque chose s’agita dans ses tripes, et une sorte d’excitation la fit immédiatement sourire… Autant qu’un agacement certain fit passer un éclair dans ses iris. Cette insolence assurée était tout à la fois dommageable et plaisante, bien que dans le cas d’une cible, liée sans le savoir par un contrat onéreux, il était plus raisonnable pour lui de n’être qu’un candide aveugle.

Fort heureusement, l’homme restait bavard, et ne se contentait pas de répondre sans crainte à ses invitations, il poursuivait le fil de ses pensées sans paraître posséder de filtre. La plupart des gens en étaient culturellement constitués, ce qui représentait un avantage certain pour la caste dirigeante, libre de jouer sur ces leviers d’éducation depuis des siècles. Prisma eut un signe de tête, comme pour saluer son esprit, avant de remplir la seconde coupe, et reposer lentement la bouteille, sans paraître le moins du monde perturbée.

« Il m’attriste que vous puissiez penser que j’ai une quelconque intention de vous contraindre, quel que soit le moyen. »

Un instant, en effet, son visage prit une expression désolée, lorsqu’elle baissait les yeux, les paupières presque closes. Plus le temps avançait, plus la Conseillère Royale trouvait cet échange délicieux. Certes, Prisma Fabius préférait lorsque tout lui tombait tout cuit dans la bouche, et qu’il lui suffisait de rester alanguie dans des coussins moelleux pour obtenir ce dont elle avait envie… Mais lorsqu’il s’agissait de ses petites activités annexes, rien n’était réellement aisé.

Après avoir fait tinter sa timbale contre la sienne, les lèvres tirées en un sourire élégant, dans un sourire protocolaire parfait qui qu’il puisse être, monarque ou diplomate, la Rousse porta le verre à sa bouche, et le parfum du vin chatouilla ses narines dans une explosion significative. Elle aimait cette odeur, elle l’aimait par-dessus tout, et cette simple effluve lui provoqua un frisson discret. Comme un vieil amant qui ne déçoit jamais, quel que soit l’heure du jour ou de la nuit, et qui garantissait, à minima, d’apprécier l’instant présent.

Alors que l’homme reprenait ses discours, semblant se parler à lui-même le plus souvent, la jeune femme restait concentrée sur ses mots, l’œil perçant amoindrit par la juste maîtrise de chaque fibre de son corps, et le contrôle poussé à l’extrême qu’elle opérait sur son attitude. Des années d’apprentissage, des défaites, des échecs cuisants, des déconvenues, pour en arriver à ce niveau de régulation, qui était devenu une seconde nature.

Pourtant, lorsque le ‘non’ sonna à ses oreilles, la Conseillère serra imperceptiblement les dents. On ne lui refusait jamais rien. C’était exclu, son esprit même ne le concevait pas. L’envie viscérale de se lever, là, et de lui asséner une puissante gifle piqueta ses doigts. Mais ce visage clair afficha pourtant une moue déçue, soupira légèrement, avant de boire une gorgée de vin dont elle apprécia la qualité. L’Aubergiste ne s’était pas moqué d’elle, il était donc parfaitement malléable, et suivait les consignes à la lettre, avec même un peu de zèle, quand il était payé suffisamment, par la bonne personne. Une information qu’elle tenta de ranger dans un coin de tête, avant de poser son verre sur la table défraichie.

« Hé bien. » Fit-elle avec un haussement d’épaule lourd de sens, comme si elle se trouvait démunie. « Je ne devrais dans ce cas, pas compter sur la bonté des inconnus. Il m’a paru que vous sembliez vous ennuyer, seul ici, et que ma compagnie puisse être un échange de service agréable, contre les connaissances que vous avez désormais de cet ouvrage. »

Elle repoussa délicatement son gobelet métallique en regardant le liquide pourpre valser légèrement, vers le centre du petit meuble, avant de ciller, et reprendre d’une voix où la contrariété chagrine s’entendait clairement.

« Si le vin ne vous sied pas davantage, et si mes intentions premières n’étaient donc pas suffisantes pour vous faire accepter, veuillez m’excuser. Préférez-vous une simple proposition commerciale ? Je serais peinée d’en arriver là, mais peut-être voudriez-vous fixer votre prix ? »

Pour la Rousse, l’argent n’était pas un problème, toujours une solution. Elle se fichait comme de son premier amant de ce livre ridicule, bien que sans doute intéressant au demeurant si l’on aimait lire, mais ce serait un moyen d’estimer si cet homme était avide de richesses, ou si la seule perspective de pouvoir passer un peu de temps avec elle suffisait. Elle n’avait aucune intention de se plier en quatre pour lui plaire, mais cela, il l’ignorait, et son attention semblait alors toute tournée vers la réponse qu’il lui donnerait.

« Ou boirez-vous autre chose ? Un alcool plus fort ? Une boisson plus douce ? Avez-vous faim ? » A combien de personne avait-elle déjà posé toutes ces questions, d’un air affable, dans le seul but de leur être agréable ? Combien voyait en elle une adorable dame de compagnie ?

« Si vous refusez, je ne vous cache pas ma déception. De ce que vous me permettez d’écouter, vous entendre discourir à ce sujet me semble une perspective des plus enrichissantes. Mais je m’en irais humblement, me permettant de vous priver de cette bouteille, qui aura l’avantage de noyer un peu mon chagrin. »

Un très léger sourire témoignait qu’elle se montrait davantage espiègle que désappointée, convaincue qu’il n’avait, pour l’heure, rien de mieux à faire que de passer du temps avec elle.

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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: lundi 24 mai 2021, 10:45:43 »
J'ai pas très envie de donner des vues à ça xD
10h45 - Lundi férié solo avec mon gnome, autant vous dire qu'on regarde des dessins animés et qu'on va faire des gaufres  :kappa:

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Avec un silence de bienséance, Prisma s’était installée dans un fauteuil sans âge sans même grimacer malgré le dégoût que ce coussin élimé faisait naître en elle. Combien de fesses impropres avaient souillé cette assise où elle se vautrait ? L’homme ne lui laissait cependant pas le loisir de trop s’appesantir sur le sujet, alors qu’elle suivait son raisonnement avec un intérêt non feint. Son regard émeraude, une seconde, se mit à briller en entendant le flot de paroles s’écouler si naturellement des lèvres de son vis-à-vis. Un bavard. Parfait. Vraiment parfait. Son esprit frétillait silencieusement alors qu’elle adorait déjà les quelques secondes qui venaient de s’écouler.

Il y avait deux types de cibles. Celles qui se savaient épiées et qui étaient d’une méfiance affreuse, les plus délicates à berner. Et celles qui, comme cette personne, agréable à la vue, atypique, exotique peut-être, ne semblaient pas se soucier des problèmes immenses qu’ils pouvaient avoir. Si les premières étaient des proies agréables à pister, difficile à amadouer, et meilleures encore à abattre, les secondes avaient l’avantage d’une chose : elles faisaient passer les soirées plus délicieusement. Parce que l’amusement le disputait à l’excitation de la traque.

Le regard vert de la Rousse suivit le geste de son interlocuteur éloquent, ses yeux vifs puisant dans la couverture de l’ouvrage de précieuses informations, percevant les dangers d’une telle lecture, le félicitant presque, intérieurement, de ne pas être qu’un simple idiot candide perdu dans un bouge miteux.

L’étiquette avait été bafouée. Elle n’avait pas salué le jeune homme en l’interrompant, aussi rectifia-t-elle cette grossière erreur, avec un sourire contrit. « Bonsoir en effet. » Avant de l’écouter encore palabrer sans discontinuer. Les Dieux étaient avec elle. Prisma évita de sourire d’amusement à l’entendre lui donner de précieuses informations. Un grand lecteur, quelqu’un qui s’ennuie ici, qui vivait dans un donjon jadis, et qui sans doute s’en était allé de manière un peu hâtive. Quelqu’un de poli, également, ce qui était une qualité que la Rousse adorait. Un bon point pour le cadavre.

« Oh, je vois. Vous êtes tout excusé, Messire. Mais vous semblez posséder des talents d’orateur incontestables, vous écouter me plait. »

Et dire que, pour une fois, ce n’était même pas un mensonge… Quelle belle soirée s’annonçait. Elle lui sourit avec une sorte de sincérité, toute relative pour Prisma Fabius, qui jamais n’était franche. Et il enchaînait, parfaitement imperturbable, en osant sans gêne lui poser des questions, comme s’il était son égal, le petit impudent… La naïveté de ces gens. La Conseillère leva un sourcil, par réflexe, alors que cette petite musique piquetait son orgueil vaniteux, et se reprit bien rapidement, pour acquiescer avec douceur. Toujours de cette voix aimable, bien que plus assurée cette fois, puisqu’elle aurait eu du mal à feindre de n’être pas à l’aise en toute circonstance, de cette aisance des gens puissants, se pensant maître du monde, quoi qu’il arrive, intouchable…

« Pardonnez-moi. Je m’appelle Prisma, et ce détail -elle avait marqué une pause étrange à ce mot- passé, voici donc mes aveux… Il m’aurait été agréable de posséder ce livre. »

Une moue déçue glissa sur son visage de marbre, assez fardé pour masquer ses taches de rousseur, alors qu’elle reportait son attention sur l’ouvrage posé sur le bois collant entre elle et lui. Un haussement léger d’épaule chassa sa légèrement expression de dépit, alors que le petit Aubergiste revenait chargé d’une bouteille poussiéreuse, et deux timbales élégantes… A voir la facture de ces dernières, il avait sorti la vaisselle la plus coûteuse de son établissement, pour impressionner cette femme qui l’avait largement récompensé pour la bouteille qu’il venait de déposer sur la petite table. D’un simple regard vert, l’homme se retira, comme s’il avait compris qu’il dérangeait. Ces gens du petit peuple… si serviable.

« Mais puisqu’il n’est plus à vendre, que diriez-vous de partager avec moi les quelques pages dont vous avez pris connaissance ? » Un sourire ourla ses lèvres carmin, cependant qu’elle se penchait en avant, pour se saisir de la bouteille, sans sembler ennuyée par la poussière des plusieurs dizaines d’années qui y était incrustée. « Autour d’un peu de vin, peut-être ? »

Prisma Fabius n’attendait jamais aucune permission, quoi qu’elle semble en dire, et commençait déjà à verser le liquide pourpre dans un gobelet métallique. Un son qui lui plaisait particulièrement, et la fit soupirer discrètement.

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