Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Flint Eklepios Adaenika

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" Oh putain, oh putain, oh putain... C'était pas du tout ce qui était prévu ! "

Flint fuyait à toute jambe au travers du quartier de la Toussaint. Profitant de l'aléatoirité des rues, des escaliers, des pontons, des impasses et des petits passages cachés de ces lieux malfamés, elle tentait tant bien que mal de distancer ceux qui se trouvait derrière elle. Qui était-il ? Des voyous qu'elle aurait insulté ? Pas le moins du monde. Un marchand à qui elle avait volé les quelques denrées qui se trouvaient devant la fenêtre de sa boutique ? Non plus, ce genre-là elle les distance en deux rues ! Alors peut-être étaient-ce plutôt quelques membres d'un gang qu'elle aurait titillé sans le savoir ? Pas encore mais l'on s'en rapproche... C'était des flics ! Des membres des forces de l'Ordre ! Des putains de gars entraînés à faire valoir la loi à l'intérieur de Seïkusu, une ville dont la criminalité est suffisamment élevée pour que les policiers soient entraînés à la dure afin de pouvoir tenir le coup face à la population déviante de la cité ! Mais alors, comment ? Comment avait-elle été assez stupide pour asticoter de véritables policiers, à telle point qu'elle se devait désormais de s'époumonner pour malheureusement tenter de les semer au milieu du quartier le plus dangereux de la ville ? Eh bien, il fallait l'avouer, ce n'était même pas tant de sa faute que ça... Du moins s'en persuadait-elle, tandis qu'elle bondissait par-dessus une barrière, se rattrapait un peu plus bas et reprenait sa fuite éperdue en direction d'une cachette.

Le début de cette histoire prenait place une petite demi-heure plus tôt. Flint, alors en quête d'un endroit pour pouvoir enfin retourner chez elle, dans les belles terres de Terra, avait par quelques moyens pernicieux cherché à définir la position d'un portail de manière complètement expérimentale. Elle vaquait, d'un endroit à un autre, cherchant à percevoir les fines traces d'énergies magiques qui lui permettrait ainsi de définir qu'il se trouvait, proche, un lieu de passage vers un univers plus propice. Malheureusement, elle n'avait pas fait attention aux directions qu'elle empruntait, aux portes qu'elle passait, ni même aux éventuels spectateurs de ses errances maladroites. C'est ainsi que sans s'en rendre compte, non seulement sous les yeux de la gérante d'un grand magasin, mais aussi sous l'oeil avisé de caméras de surveillance, elle avait quitté les abords honnêtes d'un rayon ménager pour s'enfoncer alors dans les zones de stockage de l'hypermarché, milieu bien sûr complètement interdit au public, alors qu'en dire quant il s'agissait d'une jeune femme ayant l'apparence d'une cosplayeuse excentrique. Pas de déclenchement d'alarme, mais les magasinier était venus lui barrer la route. Un mot en plus, une interpellation de leur part... Et voilà que l'imp surprise en pleine errance se trouvât obligée de fuir à toute jambes, scellant son destin tandis que les forces de l'Ordre furent appeler et prévenus de son incursion illégale.

Malheureusement pour elle, elle n'avait pas quitter les lieux assez vite, aussi son profil communiqué par les gérants de l'hypermarché permit à la flicaille de la ville de l'interpeller quant elle fit une menue pause afin de reprendre des forces. Catastrophe, la voilà repartie avec suffisamment de débiles au cul pour faire croire qu'elle se trouvait encore il y a peu en plein commissariat, tandis que son choix de fuir dans le quartier de la Toussaint scella ses chances d'y trouver la moindre main tendue, la laissant seule et désoeuvrée face à ce coup du sort. Elle s'y trouvait encore, entendant derrière elle les ordres qui lui étaient jetés au loin pour l'intimer de s'arrêter, de se rendre, mais la jeune femme savait très bien que si on l'attrapait, si on la faisait passer devant le moindre appareil photo une fois dépossédée de ses artifices, il ne leur suffirait que de quelques secondes pour finalement remarquer qu'elle n'avait de nature humaine qu'une apparence légère. Faut dire, si elle détachait ses cheveux, ses cornes épaisses serait la preuve immédiate de son manque d'humanité. Alors elle courrait, elle courrait, elle courrait... essouflée, tremblante, les jambes de plus en plus lourde, elle courrait. Mais quand, finalement, elle fut dans l'obligation de constater que se tenait face à elle, dans la rue, deux policiers qui lui barrait le chemin, elle n'eut plus d'autre choix que de changer de tactique. Elle leva le bras, sceptre en main, puis prononça les paroles rituels qui aboutiront aux événements de la soirée :

" Shh'vul Lubrig'dk "

Un nuage de poussière venu de nul part lui permit de dérouter les deux officiers de police, de se glisser entre eux, puis de s'échapper le plus rapidement possible en direction d'une autre ruelle. Elle connaissait quelques petits lieux dans cette ville de fou où elle pouvait se dissimuler pour avoir la paix, alors elle continua sa course dans l'espoir d'en atteindre au moins un avant que d'autres membres des forces de l'Ordre ne la retrouve. Tout ce qu'elle ne savait pas, c'est que ses deux précédents adversaires, face à son tour de force, venait de tirer leur radio, puis de prononcer quelques mots qui allaient lui permettre d'être tranquille un court instant, avant que les vrais professionnels ne se mettent en route :

" kshrt ... Ici l'officier Kabuto, nous sommes face à un cas de type D dans l'affaire de l'hypermarché. Demande de retrait du personnel et de l'envoi du bureau des affaires ésotériques. À vous ! ... kshrt
 -  Ici le sergent Kobu, autorise le retrait. Le bureau des affaires ésotériques reprend le dossier. "

*
*   *

À peine capable de tenir sur ses jambes, la jeune femme se laissait lentement tomber au sol. Après une belle heure de course pour s'assurer que plus rien ni personne ne se trouvait à ses trousses, l'imp avait finalement fait le choix de ralentir, d'observer un court instant les lieux, puis de descendre le long du canal où passait un piètre court d'eau souillé pour rentrer dans une des caves du quartier par la petite fenêtre qui se trouvait à flanc de mur. Un lieu calme qu'elle avait découvert il y a de cela plusieurs jours alors qu'elle était en pleine quête d'un passage pour rentrer chez elle, où elle s'écroulait désormais en poussant un soupir qui en disait long sur son état. Sa poitrine se soulevait de manière chaotique à cause du besoin de reprendre son souffle, tandis que l'échauffement de son corps l'amenait à voir légèrement trouble. Elle en avait presque trop fait avec cette fuite. Mais elle était en sécurité. Avançant lentement dans le lieu sombre, elle chercha de la main l'interrupteur sur le mur, puis finit par le trouver, l'actionnant immédiatement pour laisser la lumière orangée et faible d'une ampoule basse consommation baigner la pièce d'une lueur décrépite. Ce n'était pas le plus sain, mais elle y avait fait la poussière la première fois qu'elle y était venue, décidant d'en faire son quartier général. Il y avait même un petit évier en état de marche, un canapé en cuir éventré, et un tapis aux couleurs fades sur lequel trônait une table basse en bois plein. En résumé, la planque parfaite.

Enfin, s'asseyant à même le sol, elle se permit de reprendre sa respiration, se sentant enfin en sécurité. Elle ne remarqua ni la figure qui se glissa près de la fenêtre, ni même l'arme qui passa lentement l'angle de cette ouverture par laquelle elle s'était glissée, la pointant de ses deux extrémités crépitantes. L'instant d'après, voilà que les deux picots se plantaient dans son dos, la faisait glapir de douleur, avant que l'électricité n'en parcourt les fils, la projetant au sol sous l'effet du choc.

Elle perdit la notion du temps. Dans une demi-conscience, elle ne vit alors qu'une forme masculine passer devant elle, le pas lourd, puis s'accroupir au dessus d'elle. Il semblait parler, lui dire quelque-chose, mais n'en comprit que des bribes alors qu'elle s'enfonça dans l'inconscience :

" ..... Sergent Kobu, vous.... arrestation.... collègues ceinturent la zone..... rien que tout les deux.... "

2
Flint aurait put se surprendre elle-même de ses comportements ... Si elle se permettait encore de réfléchir à ce genre de trivialités. Ce qui l'animait, la faisait agir, ce n'était pas sa nature de diablotin malicieux, celui qui s'occupe de faire des blagues plus ou moins bonnes et des farces plus ou moins méchantes. Ce n'était pas non plus cette capacité raciale à rechercher des relations plus ou moins charnelles, où les relations de maîtres et d'esclaves, de puissants et de faibles, avaient une prédisposition toute naturelle au vue de l'échelon ridicule où se plaçait les imps en terme d'échelle démoniaque. Loin de tout ces penchants, pourtant inscrit en la petite cornue, ce qui animait ses gestes, son souffle, ses délicatesses, tout ce fatras d'incohérences corporelles et mentales, c'était bien un attrait bienveillant, redevable et un peu égoïste de la part de cette menteuse experte. Skyler, dans toute son attention, dans toute sa gentillesse, avait eut le savoir-faire bien particulier pour transformer cette malicieuse demoiselle des enfers en délicate et sincère jeune femme, oeuvrant bien malgré-elle pour ses propres désirs, ses honnêtes passions.

Alors oui, elle ne réfléchissait pas quand elle se tourna vers la femme pour l'enlacer, ni quand elle se mit à lui savonner le dos, tout comme elle ne se permit pas de juger le bégaiement gêné de son hôte. En soi, s'il y avait bien une dose d'égoïsme de sa part, c'était qu'elle n'allait pas chercher au-delà de son propre désir, qu'elle ne se questionnait pas de la réception des évènements par la fantastique boxeuse collée à elle. Elle lui offrait simplement ce qu'elle jugeait normal de lui offrir en la situation, en l'instant, au travers de ses sentiments et de son propre cheminement de pensée. Cela aurait put être bien mal prit. Si l'imp avait encore eut un peu de jugeote, le frottement de leurs poitrines, avec l'excitation naissante qui avait tendue leurs chairs, réveillée le sommet de leurs bustes, aurait été autant de preuves que le contact offert par Flint était accueillie avec bien des accords, même si parsemés de doutes et d'incompréhensions. Pourtant, l'échauffement graduel des deux jeunes femmes allait connaître une sentence terrible, celle d'un événement imprévu qui coupa court à la moindre forme d'engagement plus poussé... Car à la première réponse tactile de Skyler, la lumière vint à manquer !

QUE ?

Skyler raffermit sa prise sur l'imp, produisant chez cette dernière un petit glapissement surpris. Non pas qu'elle ne puisse pas apprécier ce contact, mais le fait que son hôte exprime un signe d'inquiétude amena l'imp à ressentir tout aussi efficacement l'anormalité de l'instant. L'eau ne tarda pas non plus à perdre de son aspect réconfortant, refroidissant tout de go leurs ardeurs communes, tandis que d'étreintes tendres, la situation mena l'occupante première de la maisonnée à s'occuper de reprendre ses esprits, donc de mettre fin à leur rapprochement :

Je gère, je gère ! Ça doit être une coupure de courant ! Ça doit glisser, fais attention ! Tu peux me tenir la main pour ne pas tomber.
 -  T-très bien.

Elle accepta bien rapidement cette main qui lui était tendue, ultime forme de leur contact pourtant si récent, tandis qu'elle observa la jeune femme avancer à tâtons dans les ténèbres. Oui, observer. Car si elle ne pouvait clairement pas se permettre de mettre en avant sa nature bien peu humaine, Flint avait toutefois la chance de ne pas être gênée par cette soudaine obscurité : Douée d'une vision nocturne propre à une grande majorité des créatures infernales, la nappe poisseuse qui avait envahie le logis de Skyler n'avait en soi aucuns moyens d'altérer la vision de Flint. En revanche, la superbe et sculpturale nudité de la boxeuse, elle, fut suffisante pour que la maline descendante des enfers se retrouve immédiatement à détourner les yeux, comme si elle ne pouvait supporter cette image qui lui rappelait ses propres limites en terme de désir. Elle suit toutefois la superbe demoiselle, se laisse offrir la serviette pour pouvoir se sécher un minimum, tandis qu'elle voit sa pauvre hôte foutre la moitié de son matériel d'entretien physique au sol... Elle allait ranger tout ça quand elle n'y ferait pas attention.

Merci beaucoup. Ça va ... aller, ne t'en fais pas.

Honnêtement, elle aurait aimée d'abord sécher son hôte plutôt que de s'occuper de sa propre peau, mais voilà déjà qu'à ses mots, elle sentit Skyler se diriger vers la porte de la salle de bain, mûe par un objectif que l'imp ne connaissait pas. Elle ne fit rien d'autre que lui emboîter le pas, cherchant absolument à ne pas la gêner dans ses recherches, les amenant toutes deux à se retrouver au coeur du salon, Flint à observer autour d'elle tout en se séchant lentement, tandis que son hôte semblait farfouiller à l'aveugle les tiroirs qu'elle trouvait à la recherche d'un objet dont l'imp n'avait aucune connaissance. En soi, les pensées de la petite demoiselle des enfers ne sont pas encore vraiment tirée de leurs déviantes observations, le simple fait qu'elle puisse encore distinguer, ce même bien mieux qu'avant, la corps de sa délicieuse protectrice dans son plus simple apparat étant un sujet de distraction tel qu'elle ne parvenait pas à imaginer autre chose que de retrouver son contact. Il devint toutefois évident que la différence sensorielle entre les deux femmes jouait énormément sur leur comportement immédiat. Mais dans tout les cas, cela amena la petite imp à ne pas suffisamment faire attention à son environnement, tandis que Skyler ne put percevoir ce détail à cause du bruit qu'elle produisait par sa fouille maladroite :

Elles passèrent toutes deux à côté des fins cliquetis provenant de la serrure de la porte d'entrée.

*
*   *

Tokuro et Homura n'avait pas attendu le moindre instant pour s'activer. Rentrant dans l'immeuble à pas rapide, les deux s'étaient immédiatement dirigés vers l'escalier, avant de monter les marches d'un pas rapide. Ils n'avaient pas besoin d'être plus discret que cela, les ténèbres environnantes suffisant pour masquer qui ils étaient, tandis que la petite lampe-torche faiblarde d'Homura permettait aux criminels de ne pas louper une marche. Ils ne croisèrent personnes, chose qui fut somme toute agréable, pas de risques qu'un jour l'on parle des deux "étranges gars" qui montaient les escaliers juste après la panne. En revanche, ils arrivèrent rapidement à l'étage fatidique, le chef de ce duo faisant alors signe à son collègue d'immédiatement calmer son pas, avant qu'ils ne s'engouffrent tout les deux dans le couloir pour s'approcher alors de la porte qui les intéressait. Ce fut là le dernier instant où l'homme se permit un propos envers son subordonné avant qu'ils ne se mettent en action, tout en éteignant sa lampe-torche pour la remplacer habilement en sa main par un set de crochetage :

Je crochète, tu rentres sans un bruit. J'allumerai la lampe un court instant. Sois prêt.

Ils atteignirent leur objectif. Immédiatement, Homura s'agenouilla dans le noir, tâta délicatement la porte jusqu'à trouver la serrure sans le moindre bruit, puis y glissa son matériel afin d'entamer une très lente et méthodique opération de déverrouillage. Il préférait prendre un peu de temps et ne pas produire un bruit plus haut que l'autre, mais l'expérience allait jouer en sa faveur : il ne fallut pas bien longtemps pour qu'il trouve les deux premiers crans de la serrure, les faisant quasiment sauter immédiatement, pour alors enchaîner avec confiance. L'homme imaginait déjà sa récompense entre ses doigts, si bien qu'un sourire salace illumina son visage un court instant, tandis qu'il entendit le troisième cran s'ôter sous son mouvement expert. Oh oui, le temps était venu de s'amuser, il allait juste falloir que son collègue se montre suffisamment efficace... Et au vu de son comportement plus tôt, il n'en doutait pas. Quatrième cran d'ôter. Plus qu'un, au vu de la profondeur de la serrure.

Puis le dernier saute. Il fait tourner le barillet, déverrouille la porte tout en s'assurant de contre-carrer l'à-coups de la serrure afin de produire le minimum de bruit possible... Puis appuie sur la poignée, ouvrant alors le passage à son collègue. Il lui tape sur l'épaule juste après. Point besoin d'un signal plus clair pour que Tokuro s'élance, sans se demander s'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise idée : il est déjà bien trop loin dans cette histoire pour hésiter. Un pas après l'autre, il se glisse dans la pièce baignée par les ténèbres. Impossible de voir ce qu'il s'y trouve, tout au plus essaie-t'il de ne pas produire le moindre son tandis que le bruit de raclements de tiroirs lui indique que leur cible n'est pas bien loin. Il n'attends qu'une chose, qui arrivera bien vite :

Homura alluma soudainement sa torche, éclairant un court instant la pièce avant de l'éteindre à nouveau. Il ne fallut pas plus pour que Tokuro aperçoive les deux jeunes femmes. Elles étaient nues, les cheveux encore humides... Mais surtout, la petite pute qui s'était foutue de sa gueule était juste à sa portée !

*
*   *

Un flash lumineux ! Les yeux de Flint eurent bien du mal à s'habituer à cette soudaine et surprenante luminosité, l'aveuglant un instant non sans pour autant l'amener à jurer de surprise :

Putain qu'est-ce-... AAAAAH !

Elle n'a pas plus le temps d'exprimer sa surprise qu'elle sent une poigne ferme s'abattre sur elle, lui attraper un bras pour le lui tordre méchamment. La douleur l'amena à crier, mais l'instant d'après une autre main se posa sur sa bouche, transformant l'expression de sa peine en un son maladroitement étouffé. Merde, il se passait quoi !? Elle ne parvenait ni à voir, ni à entendre quoi que ce soit à cause du souffle lourd qui résonna soudain à son oreille, lui indiquant que celui qui venait de l'agripper se trouvait juste derrière elle. Farouche, elle voulut d'abord lutter, tenta de se libérer de la poigne d'un mouvement d'épaule, mais ... Celui qui venait de l'attraper ne fut pas pris de court, tout au plus elle le sentit refermer sa main plus cruellement sur son bras, l'obligeant à avorter sa tentative de fuite pour ne pas s'infliger de plus amples douleurs. Elle crût entendre paniquer son hôte, mais elle perçut surtout la voix de son agresseur, basse, qui ne manqua pas de la faire frissonner. Elle ... Elle reconnaissait cette voix.

" Tiens toi bien petite pute, sinon j'risque juste de t'péter le bras ! "

L'instant d'après, la porte se ferme ce coup-ci avec un certain fracas, tandis que s'élève une autre voix masculine, celle-ci bien plus calme et mesurée.

Que tout le monde se calme...

S'allume alors une énième fois cette lampe-torche, dirigée vers le plafond, afin de plus ou moins révéler la scène. Flint, nue, une main sur sa bouche et l'autre lui tordant le bras dans le dos. Tokuro profitant même d'enfin bien pouvoir voir pour mieux tirer sa prise vers le haut, l'obligeant à se mettre sur la pointe des pieds pour garder un contact avec le sol. Skyler qui peut apercevoir cette scène dans son plus simple apparat... Et Homura, tout juste dans l'entrée de l'appartement, la faible lampe-torche dans une main, un flingue qu'il venait de tirer de l'intérieur de sa veste dans l'autre :

Je ne veux pas entendre le moindre bruit. J'ai la gâchette vive... Bonsoir Skyler, ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu. En tout cas pas dans une si jolie tenue, vous nous attendiez peut-être ?

C'est bon, son sourire salace était désormais bloqué sur son visage telle une ride tordue et inquiétante.

C'est dommage, j'adore déchirer les vêtements pourtant.

3
Flint était ... Confuse. Dans tout les sens du terme pour être parfaitement honnête.

Elle avait toujours été, du plus loin qu'elle puisse se le rappeler, une espèce de petite peste capable de toutes les bêtises possibles, de toutes les taquineries imaginables, de toutes les blagues les plus tordues. Là, entre les mains de Skyler, elle n'avait rien de plus que le fait d'être une enfant qui ne souhaitait que le bien de celle qui prenait tant soin d'elle, qui s'évertuait par ses délicatesses, par ses gestes les plus sains, de lui offrir la plus agréable des sensations. L'imp avait aussi toujours été une personne qui s'assurait de vivre dans la plus grande des autonomies, clamant haut et fort que sa nature de diablotin inférieur ne pouvait la définir à elle seule, qu'elle se devait de combattre cet avis misérable de la société démoniaque. Pourtant, là, alors qu'elle n'avait qu'à se laisser faire et accepter la situation, elle trouvait sa dépendance nouvelle à la présence de son hôte comme l'une des meilleures choses qui ne lui soit jamais arrivée de sa vie. Enfin, alors qu'elle ressentait en ce doux moment de convivialité l'attention toute particulière que lui offrait la belle femme au corps entraîné, elle ressentait aussi cette émotion terrible qui l'obligeait à s'excuser encore et encore comme la chose la plus désagréable mais aussi la plus évidente imaginable : Un sentiment de culpabilité.

Tout cela, elle l'avait acquis par ses mensonges, cela ne lui convenait pas. Exactement, cela ne lui convenait plus, pas quand elle avait le droit à tant de bons comportements, de délicates caresses, de mots rassurants, d'absolue tendresse de la part de Skyler. Sauf qu'elle était désormais empêtrée dans ses mensonges, dans son acte de mauvaise foi, de tromperie. Qu'arriverait-il si elle venait à lui révéler l'ignoble histoire derrière sa présence en ce monde ? Que penserait-elle en découvrant le secret de sa nature non-humaine ? Pourtant l'envie y était, de vider l'ensemble de son sac, de tout lui compter alors qu'elle était là, patiente et attendrie, à lui savonner le dos. Mais elle ne le pouvait pas, elle ne se sentait pas de prendre le risque, ou même de croire qu'il était possible que Skyler accepte l'ensemble de sa vérité. Dans le fond, elle pourrait même se sentir encore un peu plus coupable si il s'avérait que la boxeuse donnait foi au moindre de ses propos sans jamais douter. Cela paraissait complétement impossible, et pourtant même l'éventualité que ça puisse l'être siphonnait l'ensemble du courage que Flint pouvait tenter d'accumuler.

Puis l'électrochoc court-circuitant l'ensemble de sa réflexion. Un toucher simple de cette demoiselle aux abords si aimable, un moment où ses doigts, dans leurs gestes répétées le long de la colonne de l'imp, vinrent effleurer malgré eux la naissance de la queue démoniaque de Flint. La panique, le rouge au joue et l'air paniqué, la petite demoiselle tourna rapidement le visage pour observer celui de la boxeuse, espérant malgré tout y trouver une marque de doute... Mais rien de cela. Visiblement l'illusion qu'elle s'était lancée était suffisante pour tenir malgré un toucher direct, si bien que la mini-démone ne trouva comme réponse de son hôte qu'un sourire doux, délicat, presque aimant. Flint se sentit sotte, puis ne put s'empêcher de rougir encore un peu plus avant de retourner son visage. Sûrement l'humaine avait-elle crût être descendue un peu trop bas, ce qui avait malgré elle appelée la gêne de son invitée. Sincèrement, la petite demoiselle aux yeux verts ne se reconnaissait même plus en l'instant, elle perdait l'ensemble de ses moyens. Tout ce qu'elle parvint à faire en revanche fut de prendre un peu de savon pour se focaliser sur autre chose que les ironiquement divins gestes de Skyler.

Flint commença donc à frotter son corps, peut-être même un peu trop vigoureusement, sa nervosité l'empêchant d'agir avec retenue. Presque comme une piqûre de rappel, elle sentit les doigts de son hôte se glisser le long de ses côtes, venir effleurer le généreux de sa poitrine, presque appuyer sur sa chair sans pour autant lui accorder le plaisir d'une emprise tangible. Sous l'eau chaude, avec cette merveilleuse personne dans son dos, et ces caresses qui pourtant n'en étaient pas foncièrement, ce ne fut pas sans un certain mal que l'imp comprit enfin l'état dans lequel elle se retrouvait. Elle était désireuse. Désireuse de quelque chose de plus direct, de plus ... charnel. Une forme d'affection qu'elle ne connaissait pourtant pas, mais qui éveillait en elle des sentiments contraires, entre absolue soumission et besoin de jouer avec celle qui appelait à elle de telle attentes. Et puis vint enfin le contact de trop, le petit instant où, bien malgré elle, flint soupire tout bas, comme incapable de calmer l'échauffement progressif de son corps. Les démons ont de ça que le péché est inscrit dans leur chair. Et malgré son désir de lutter contre sa nature, en cet instant, Flint n'en avait pas la force, simplement par l'insistance bienveillante de son hôte.

" Je... euh je ... Ce n'était rien ! "

Presque pour contredire son propre instinct, elle alla pour savonner son opulence féminine, mais cela n'aida guère... Non seulement parce que le mal était fait, la graine du désir avait été plantée en elle, l'amenant à avoir de plus en plus de pensées à l'encontre de son hôte en une propension largement sexuée, mais surtout parce que ses propres mains ne lui offrait alors aucune satisfaction, seulement un manque qui ne cessait de grandir. Comment lutter, comment ne pas passer pour une absolue dépravée ? Finalement, une petite idée ne manqua pas de germer, peut-être la pire qu'elle avait eut jusqu'ici, et sûrement une bonne chance pour qu'elle perde le contrôle, mais elle n'avait tout simplement pas mieux en tête. Elle hésita encore un instant, elle tremblait même un peu malgré la chaleur de la douche, l'appréhension la paralysant tout en l'invitant à abandonner ses formes pourtant incohérentes de retenue. Et alors qu'elle n'avait plus la moindre capacité de réfléchir, qu'elle tournait dans son esprit la question en tout sens sans parvenir à la moindre réponse ... Elle craqua, faisant valser l'ensemble de ses terribles questions pour finalement agir, en espérant ne pas se faire rejeter.

" P-P-pardon je... Je me permets. "

Elle se retourne, les yeux mi-clos, faisant fi de l'éventuelle surprise de Skyler, et se colla immédiatement à elle, comme si cela lui permettait de ne pas regarder directement les formes de la boxeuse. Bien sûr, elle les ressentait le long de sa peau, et sûrement que son hôte avait aussi la possibilité de ressentir la douceur de sa peau, la rondeur de ses seins, le frémissement délicat de ses chairs... Mais ainsi positionnées, ainsi collées l'une à l'autre, les gestes étaient soudainement plus difficiles, plus complexes. Skyler ne pouvait plus caresser délicatement sa poitrine, simplement la caresser de la sienne propre. Flint ne pouvait pas détailler avec sa passion nouvelle le corps de sa bienfaitrice, mais elle pouvait au moins la regarder droit dans les yeux, et assumer par la même la teinte cramoisie de son visage. Mais surtout, dans cette position, avec une délicatesse et une hésitation certaine... L'imp vint porter ses mains au dos de la femme et entreprit de le savonner, se perdant parfois sur la ligne d'un de ses muscles, s'abandonnant une fois à détailler l'omoplate d'un de ses doigts. Un mélange suave entre le besoin, l'envie, et le devoir. Sa respiration était courte, et sa peur absolue.

Puis le noir.


*
*   *


En bas de l'immeuble, une mine amusée était visible par la lumière rougeoyante d'une clope à demi consumée. Homura s'était assuré de couper le signal d'alerte à l'instant même où son petit camarade avait coupé le courant, un moyen certes un peu dangereux, mais qui avait le mérite de porter ses fruits quant il fonctionnait. Ne lui restait qu'à attendre quelques instants pour savoir si son plan était fonctionnel, ou si l'un des riverains voisin avait été mis au courant de la panne. Pendant ce temps là, il referma la trappe qui permettait d'avoir accès au cable qu'il venait de sectionner, ainsi que de tout un foutras d'autres tuyaux aux usages divers, puis il descendit à pas lent pour rejoindre Homura, qui sortait alors tout juste de la cave. Court-circuiter l'ensemble d'un tableau de bord est bien plus facile que de chercher à éteindre un seul appartement, cela lui avait permit de faire au plus rapide tout en s'assurant que les réparations prennent quelques longues heures. Dans l'ombre, sans un bruit, le chef de cette expédition aux biens tristes motivations regardait sa montre, avant de finalement ricaner, puis d'enfin se permettre une parole.

" On est bon, aucuns risques. La panne sera trouvée dans plus ou moins deux heures, les réparations dépendront de ton bou...
 -  J'ai fais le nécessaire pour que tout saute.
 -  On a donc la nuit devant nous, parfait. J'aime bosser avec toi Tokuro, tu fais un taff d'enfer. "

L'instigateur jeta sa clope au sol, puis prit la direction de l'entrée principale.

" Les caméras sont out dans les environs. On rentre, on tend l'oreille, on prend les escaliers. Rendu à l'appart'... Tu rentres en premier, je passe à la suite.
 -  Et pourquoi donc j...
 -  Ta gueule. Fais moi confiance et tout ira pour le mieux. "

4
« Voilà longtemps que je n’avais pas été secoué par une boisson ! »

Le propos honnête de l’homme qui se trouvait en face de Tissandre ne manqua pas de la faire rire. Elle préférait ses rencontres quand elles étaient simples, directes. Pas moyen de s’entendre avec un type qui, après avoir consommé une bonne rasade de son alcool favori, se mettait à jouer les fier, à faire mine qu’il n’était pas un peu brusqué par ce qu’il venait de boire. Ce n’était pas que l’elfe ne les imaginait pas capable de tenir cette liqueur si étrange et chaleureuse, non, mais surtout qu’elle savait particulièrement bien qu’un type n’acceptant pas d’offrir une qualité à une boueille d’alcoll n’aurait pas non plus la force de le faire avec une dame. Ici, le voyageur venait de remporter un bon point sans même s’en rendre compte. Après, elle n’allait pas non plus le relever, au point de lui en offrir des félicitations. En revanche, elle n’en était que mieux disposée pour cette rencontre si particulière, aussi n’allait-elle clairement pas se plaindre plus que de mesure, et se résolvait doucement à l’évidente suite de l’histoire : Elle avait suffisamment confiance en ce bonhomme pour se laisser aller à l’alcool sans compter. Et tant pis pour les éventuels résultats !

Donc elle buvait ! Se resservant en premier lieu, sans pour autant remettre une claque à son verre comme la première fois, elle parla de tout et de rien dans une situation de confort qu’elle ressentait avec la plus grande des satisfactions. Contrairement à l’imp qui s’était rapidement éclipsée, pour des raisons que l’aubergiste ne cherchait pas vraiment à découvrir, elle était des plus avenantes avec le voyageur, à tel point qu’elle pourrait même lui parler un peu trop de tout et de rien, oubliant la discrétion pour lui servir quelques informations valables… Mais pas tant qu’elle était lucide, ça elle en était certaine. Tout au plus alla-t-elle plutôt en direction d’un autre sujet : son interlocuteur. Simple curiosité, elle avait envie de le connaître un peu mieux, tout simplement. S’il ne lui répondait pas ou éludait ses questionnements, ce ne serait pas un mal pour autant, tout au plus saurait-elle alors qu’il avait encore des secrets à protéger, même au plus profond de la cambrousse ! La rousse se mit à boire quelques nouvelles goulées quant elle eut finit de monopoliser la parole, meilleur moyen pour enfin donner un peu droit à son compagnon de table de parler. Il ne sembla guère en avoir prit outrage, reprenant le fil de leurs échanges avec une claire amabilité. Vraiment, un plaisir pour l’elfe :

« Je prends le temps de voyager tranquillement. Mais je ne dois mon état présentable qu’à l’endurance de ma monture, et sa taille au garrot. Une raison de plus de profiter de votre hospitalité pour permettre à ma fidèle monture de prendre du repos bien mérité. Quant à moi, j’apprécie toujours de pouvoir discuter de temps en temps avec des gens, car si ma jument a de bonnes qualités physiques, et si elle a un tempérament adorable, elle n’est malheureusement que de piètre compagnie sociale et, comme vous l’avez dit, les étapes entre deux lieux habités sont parfois longues. »

Ah bah tient, visiblement de parler un peu de lui permettait à l’homme de se détendre ? A moins que ce ne soit le fait de la voir boire comme quatre qui le mettait enfin un peu en confiance ? Elle ne pouvait pas vraiment trancher entre les deux possibilités, mais il était assez évident pour la femme que son camarade de breuvage avait enfin fait le choix de se tenir moins droit, de cesser de prendre l’aspect d’un fort gaillard plein d’assurance. Elle trouvait que ça lui allait mieux. Non pas qu’il n’était pas intéressant avant qu’il prenne ses aises, mais elle n’avait pas vraiment d’affinités avec ceux qui n’étaient pas capable de se relâcher un minimum. Avoir l’air « présentable », c’était plus une affaire de nobliaux et d’orgueilleux qu’autre chose. Les mecs qui vivent par eux-même, les femmes qui cherchent à s’en sortir, voire même les puissants qui cherchent à agir pour un bien-commun sont généralement facile à reconnaître : Leurs bottes sont sales et leurs postures souples. En tout cas, elle se laissait porter par la discussion, se permettant même de sourire avec amusement à son dernier propos, qui n’était clairement pas malhonnête, même si elle percevait derrière celui-ci une certaine forme de charme qui allait en un sens qu’elle ne parvenait pas encore à entendre. Sûrement la nervosité et le manque d’alcool, autant de choses qui seront remédiées d’ici quelques temps :

« Enfin pour ce qui est de l’aspect propre… Ce n’est pas parce qu’on voyage beaucoup qu’on est obligé de se séparer de certains… standards d’hygiène, même si, et vous m’en excuserez, j’espère, je pense que je dois davantage sentir le cheval que ma propre odeur corporelle ce soir. Si j’avais su que la tenancière viendrait s’asseoir à ma table, je me serais probablement permis de prendre un bain avant de descendre diner.
Vous en faîtes pas … Hum, pardonnez moi un instant. »

Elle avait voulu l’appeler par son prénom et se sentie passablement stupide, ne l’ayant tout simplement jamais eut. C’était là un problème qu’elle allait devoir régler d’ici peu ! Enfin, elle reprit sa parole après avoir but une grande goulée de sa boisson, se brûlant une nouvelle fois la gorge. Technique rapide pour dissimuler une erreur bête, et même si il l’avait remarqué, elle se doutait bien qu’une personne de sa trempe n’oserait pas la mettre en colère en la poussant dans ses retranchements. Il y perdrait sûrement bien trop au vu de ce qui s’annonçait pour la fin de soirée :

« Je disais donc, il y a des crapauds dans le coin qui sont peut-être plus propre physiquement que vous, mais dont la simple haleine laisse entendre un peu le degré d’excréments qu’ils relâchent à chacune de leurs paroles ! J’préfère voir des bottes crottées que des merdeux se donnant des grands airs … Parce qu’au moins, dans un cas, on peut les nettoyer sans souci. »

Le sous-entendu était sûrement un peu plus fin que celui que c’était permit le voyageur, mais ce n’était pas pour autant une compétition de lyrisme. En revanche, la discussion se portant sur un sujet qui …. commençait à prendre peu à peu de l’attrait pour elle, l’elfe rousse ne manqua pas de se redresser un petit peu, s’enfonçant un peu plus dans sa chaise avant d’abandonner tout effort et de laisser sa joue s’écraser contre son poing levé, coude sur la table, afin qu’elle soutienne sa tête devenue un peu plus lourde. Oh elle n’était pas ivre non, juste en un peu meilleur état que plus tôt, et intéressée par-dessus le marché, donc elle ne faisait pas plus mine de garder de la distance, se relâchant définitivement. Il voulait se nettoyer hein ? Elle avait déjà sa petite idée à lui proposer, mais peut-être se devait-elle de poser d’abord la question si importante dont elle avait relevée son manque de connaissance plus tôt : Le patronyme de son invité. Alors, elle le resservit d’abord, voyant bien qu’il avait avancé déjà un peu plus sur son verre, puis s’en versa elle-même une belle lampée, pour finalement reposer le divin nectar de ses nuits et se permettre enfin de lui demander l’ultime étape de cette rencontre :

« Tiens, d’ailleurs… Je crois que nous ne nous sommes même pas présentés, non ? Moi c’est Tissandre. Et … Je vous échange votre prénom contre un bac d’eau chaude afin que vous puissiez vous nettoyer ici, et pas là où notre cher chef de village s’est fait rosser le fondement. Plutôt sympathique comme marché non ? »

Regardant par-dessus son épaule, elle observait par la-même occasion la petite Imp qui courrait dans toute la pièce principale afin d’encaisser les clients, puis de les inviter à partir pour ceux qui n’avaient pas cherché à prendre une chambre. Au moins, l’elfe n’avait même plus à s’en occuper, la jeune femme s’en sortait comme une cheffe. Ne restait plus qu’à attendre qu’elle ait finie son petit tour pour lui demander qu’elle prépare le bain de cet invité qui l’intéressait de plus en plus. Peut-être d’ici une bonne dizaines de minutes ? Assez pour qu’elle se permette d’aller dans le sens de son compagnon de beuverie, et l’aide à comprendre qu’effectivement elle répondait positivement à ses charmes. Volontairement, c’était un fait, mais qu’elle acceptait effectivement cette entreprise maline entre eux deux. Plus qu’à attendre sa réponse, tout en prenant encore une belle gorgée de Tue-Dragon.

5
Le fiasco, absolu et total. Ce n’était pas facile à la base de jouer les ingénues incapable de comprendre où elle avait atterrie, mais là, malheureusement, la situation était encore bien pire : Elle ne savait effectivement pas DU TOUT comment s’en sortir avec ce que Skyler venait de lui présenter. Quelle sorte de magie noire faisait fonctionner cet objet maudit, elle n’en avait aucune idée, mais l’évidence même se présentait à elle sous la forme du meilleur des échecs : Détrempée, une bonne partie de ses atours désormais collant d’eau froide, elle comprenait qu’il lui faudrait plus que quelques rapides explications pour réussir à dompter cet engin infernal. Mais comment le dire sans que soudainement la honte lui étreigne le coeur ? Elle … Elle était une grande fille après tout, et une démone par dessus le marché, même si de la plus mineure des extractions. Elle était sensée être supérieure à l’humain lambda, capable de comprendre l’ensemble de leurs petites créations de race d’arriérés ! A la place, Skyler venait, sans le savoir, de lui offrir un petit cours accéléré d’humilité, combiné avec l’envie terrible de la demoiselle d’un autre monde d’aller se jeter dans un coin de la pièce et d’y bouder, passablement vexée. Malheureusement, elle n’eut pas plus de choix que de s’exprimer, de tenter de se sauver un peu la face en acceptant son erreur, même si cela la blessait un peu, et quand elle entendit sa propre voix, un peu triste, un peu honteuse aussi, cela ne l’aida guère à assumer son état, mais il était trop tard, et déjà les barrières morales de la petite Imp s’effondraient.

« Pas la peine de t’excuser !! »

Siiiiiii elle devait s’excuser, elle avait été une véritable buse, une honte, et manquait avoir repeint les murs avec sa connerie ! Mais à la place, elle entendait le ton délicat de Skyler, et en rougissait d’autant plus, ayant l’impression d’être une enfant dont on ne pouvait vraiment condamner l’erreur infantile. Se cachant plus ou moins le visage pour ne pas révéler toute la gêne qu’elle ressentait, elle entendit son amie du nouveau monde s’approcher doucement, et entamer de reprendre un peu le tout en main. D’abord les drôles de manivelles rondelettes, puis le fait de faire couler de l’eau et en régler la température … Tout cela semblait demander de la précision, de la connaissance de ce genre d’outil, ce qu’elle ne comprenait et n’avait pas non plus. Alors bon, il faut l’avouer, à moitié cachée derrière ses mains pour couvrir le feu de ses joues, elle ne se donnait pas non plus toute les chances de comprendre ce qui se jouait devant elle, n’en apercevant qu’une partie… Mais elle avait aussi un peu abandonnée l’idée. Tout au plus écoutait-elle la belle humaine à ses côtés tout en réfléchissant à comment elle pouvait faire pour réussir à profiter de ce lavage sans finir par s’étrangler avec le conduit du pommeau de douche après une énième bêtise.

« Voilà ! J’ai peut-être expliqué trop de choses en même temps, on va reprendre simplement, le plus important, c’est les deux boutons-là, pour actionner le robinet et l’autre pour gérer la température. Dis-moi si c’est bon pour toi ? C’est tiède pour le moment, on peut mettre plus chaud si tu veux et si ça te vas tu peux enlever tes vêtements pour rentrer dans l’eau, j’en profiterais pour les mettre à la machine à laver, car avec la course d’aujourd’hui et tout le stress… Ça va leur faire du bien aussi !
- Euh eh bien … attends je te dis. »

Elle ne se fit pas attendre, glissant la main sous l’eau chaude et appréciant particulièrement ce contact naturellement tiède. Bon dieu, si les humains étaient effectivement moins évolués que les humains, au moins avaient-ils eut l’intelligence de produire le meilleur pour leur confort. Sincèrement, l’imp se demandait pour quelle foutue raison ils n’avaient pas déjà volé cette technologie pour la mettre en œuvre dans le monde infernal, pour finalement se laisser aller à une réflexion somme toute logique : Il était certain que les plus puissants des êtres infernaux l’avait effectivement déjà fait, mais elle, pauvre petite chose de la plus basse extraction, n’avait sûrement jamais eut l’occasion de le voir, encore plus avec sa réticence naturelle envers le fait de suivre, de servir, la moindre forme d’autorité de classe ou de pouvoir. En tout cas, elle hocha la tête vivement, comme pour signifier que cela lui convenait effectivement, mais quand elle vit alors Skyler lui sourire et se relever, elle retourna à la panique la plus évidente ! Oh non pitié, si elle partait,il en était finit d’elle, Flint en était juste certaine. Jamais elle ne pourrait reproduire le miracle que l’humanoïde parvenait à faire en un claquement de doigt … Tant et si bien qu’elle se mit immédiatement à se reconcentrer sur son nouvel objectif. Garder Skyler ! Quitte à se doucher avec elle ! Mais … Mais ses cornes ? Et sa queue ? Vite, des solutions, des solutions, il lui fallait des …

« Tu pourras me déposer tes vêtements vers l’entrée je les prendrais ! Et si tu veux de l’aide je pourrais te souffler de l’aide à travers la porte ! »

Oh non, non non non non non ! Pitié, elle ne devait pas partir. En tout hâte, de manière à au moins dissimuler le plus évident, Flint entama par quelques chuchotements une incantation qu’elle jeta à la hâte. Objectif ? Couvrir d’un voile d’invisibilité basique son petit appendice caudale de mini-démone, celui-ci ne possédant de couverture que les deux longues traînes nouées par-dessus son fessier. Cela ne prit qu’une seconde, mais l’instant d’après déjà, elle se redressait d’un coup, comme un diable sortant de sa boîte pour alors s’élancer dans les pas de Skyler qui était déjà auprès de la porte. Un pas, la porte de la salle de bain qui s’ouvre. Deux pas, l’humaine qui commence à se mettre de biais pour sortir. Mais trois pas et voilà que l’imp, paniquée, tend la main et attrape le poignet de la boxeuse, juste avant que celle-ci ne s’échappe. Elle tremble un peu, au moins n’a-t-elle pas à feindre son état de désarroi, il est perceptible par le simple contact qu’elle vient d’entreprendre avec son hôte. Puis … la gêne qui revient. Le mutisme naturel d’une personne qui ne se sent pas en son bon droit mais qui … Eh bien n’a pas meilleure solution que de demander, encore une fois, le soutient de son alliée du soir. Alors elle déglutit, une première fois, cherche ses mots, s’emberlificote dans ses tentatives, puis finit par dire, un peu tout bas, devant la belle jeune femme qui se tient à ses côtés, patiente :

« J’y arriverais pas… Est-ce que … Est-ce que ça te gêne de rester ? Je … prends ta douche avec moi, je m’en sortirais pas sinon ... »

Elle se sentait sotte mais … par quel miracle elle ne sût guère, l’humaine accepta. Très sincèrement, Flint eut un élan où elle voulut la prendre à nouveau dans ses bras pour la remercier, avant de se rappeler que ce même contact, un peu plus tôt, avait rendue Skyler mal à l’aise, amenant l’imp à cesser son mouvement au beau milieu, dans une posture un peu ridicule, avant de se reculer enfin, se targuant tout de même d’un merci des plus sincère. Finalement, le plus difficile, un peu maladroit aussi, fut de se déshabiller. Non pas que Flint n’assumait pas sa féminité, ses belles proportions pour sa taille, et ses belles formes bien dessinées grâce à sa nature, mais … Mais vu qu’elle s’attachait de plus en plus à la jeune femme, elle se rendait compte que la situation était étrangement plus difficile à vivre qu’avec une inconnue. Allez comprendre ! En tout cas, une fois nue, elle se posa dans la douche avec beaucoup de calme, faisant dos à son amie pour ne pas la mettre elle-même mal à l’aise. Après tout, peut-être que la boxeuse elle-même se sentait difficilement capable de montrer sa beauté nubile aux yeux d’une autre ? Elle ne savait pas et ne voulait pas non plus la forcer à répondre à ce genre de prise de tête. Tout au plus entendit-elle la femme se glisser dans son dos, et ne put s’empêcher de frissonner en imaginant la scène dans laquelle elle venait de se mettre. Elle n’osait même pas regarder, tandis que son visage la brûlait. Bon dieu, si ça provoque ça d’apprécier quelqu’un, heureusement qu’elle ne s’entiche pas du premier-venu, quel enfer !

En tout cas, elle ne manqua pas de sursauter au premier contact de l’eau sur ses jambes, puis se reprit, tandis qu’elle sentait le jet commencer à remonter pour humidifier l’ensemble de son corps. C’est quand Skyler approcha du haut de son dos que la petite démone se permit un nouveau commentaire, seule solution qu’elle avait trouvée pour le second souci de son corps : les cornes !

« Oh attends je … Pardon mais j’aimerais éviter de me mouiller les cheveux… Ils n’en n’ont pas l’air mais ils sont … très long et retords alors… Si on veut pas perdre des heures à remettre tout ça en place je … je préférerai. »

Après tout, autre chose la taraudait, tant et si bien qu’elle n’attendit pas longtemps pour enquiller sur ses précédentes paroles, toujours incapables de se tourner de peur de froisser sa belle amie, bien trop précieuse en cette occasion pour qu’elle se risque à l’offusquer :

« Je … Qu’est-ce que je peux faire en retour pour te remercier ? Je n’ai même pas sut te demander si ça te mettait dans l’embarras je suis désolé. Enfin, ‘‘ça’’ … De te retrouver nue avec une étrangère … à devoir t’occuper de moi parce que je n’y connais rien. »

Qu’il faille lui rendre la pareille en l’aidant à se nettoyer, lui offrir le moindre paiement en retour, ou quoi que ce soit d’autre… Flint ne savait pas comment elle le ferait, par quels moyens, mais une chose était sûre, après tout le bien que lui offrait cette humaine, il devenait essentiel à ses yeux qu’elle cesse non seulement de la tromper, mais surtout qu’elle lui offre quelque chose en échange. Que la relation soit … bonne ? Équivalente ? Elle ne trouvait pas le mot juste, l’imp ne voulant juste pas être la seule à profiter du lien qui commençait à se faire entre elles.

6
Arrivée à la table, Flint ne fit pas plus de commentaire que les servir, et observant un court instant sa chef, remarqua bien qu’elle se trouvait dans les prédispositions mentales suffisante pour qu’effectivement, elle ait à la raccompagner à son lit dans quelques heures. Aussi malheureux cela pouvait-il être, l’évidence qui s’imposait à l’Imp ne pouvait pas trouver d’autre finalités, et c’est avec une mine un brin désespérée qu’elle décida de faire un petit pas en arrière, de saluer le regard de ce démon en pleine infiltration d’une mine boudeuse, puis de filer en arrière cuisine pour aller s’occuper de la désinstallation des équipements de cuisine, ainsi que du sallage de ce qui pouvait être conservé, afin de pouvoir en faire quelques repas à petit prix pour les gens du coin durant la journée prochaine. Visiblement, Tissandre tenait à coeur de donner les restes à ceux qui travaillaient le jour d’après, aussi, les matinées étaient souvent synonyme de longues heures de livraisons pour l’imp, qui préférait donc prendre de l’avance sur ses futurs labeurs. De toutes manières, sa présence auprès des deux adultes en pleines possessions de leur moyen et de leurs choix n’était plus nécessaire. Et quitte à avoir à les déplacer jusqu’à leurs lits, autant qu’elle soit encore en état de le faire, ce qui suggérait qu’elle ne puisse pas être emportée dans la consommation de Tissandre. Le meilleur moyen pour cela était de rester loin, et c’est bien ce qu’elle comptait faire !

Mais à la table, l’elfe aux tâches de rousseur n’avait pas du tout la même retenue. Elle attrapa la bouteille d’un geste franc, et l’amenant à portée de son autre extrémité, agrippa le bouchon à pleine main pour forcer l’ouverture de la boisson. En un court instant, les effluves savoureuses du tord-boyaux emplirent l’air. Bouquet de fruits intenses mêlé à l’alcool brut, les herbes sauvages qui servaient aussi à la conception du breuvage étaient totalement éclipsée par la force brute des autres senteurs, même si Tissandre avait le don de les connaître par coeur. Si au nez cela ne se ressentait pas, une fois en bouche elle savait parfaitement quelle fraîcheur glacée allait précéder le feu intense et infernal qui collait les larmes aux yeux de tout ceux avec qui elle partageait sa boisson favorite. Nombre de ses homologues aurait le bon goût de juger ce poison comme parfaitement infâme, et indigne du plus petit des intérêts… Encore une chose qui la séparait de ses congénères, elle, charmant mouton noir perdue au milieu des humains. Eh bien merde à eux, ils n’auront jamais à profiter d’un tel bonheur, celui de l’ébriété sans concession provoqué par le plus onéreux des alcools qu’elle pouvait se fournir dans la région. Elle en versa donc deux verres, sans aucune forme de retenue quant aux dosages réglementaires auxquels elle devrait normalement se conformer. Puis tendit l’un des deux à son compère de tablée pour la soirée. L’homme était tout en retenue et en sagesse, et même si elle ne cherchait pas à le mettre au défi par cette consommation, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si l’imbiber d’alcool saurait le métamorphoser.

Après tout, ne dit-on pas que les beaux et galants humains cachent toujours les pires bassesses derrière leurs bonnes manières ?

« A quoi buvons-nous ce soir ?
Au plaisir que j’ai de vider mon sac avec quelqu’un tout en sachant parfaitement que ça ne me retombera pas dessus ! »

Son propre verre en main, elle l’apporta à ses lèvres. Puis sans la moindre modération, elle se permit de faire ce que toute personne avec un peu de bon sens éviterait à tout prix : Elle vint engloutir l’ensemble de sa boisson en trois gorgées, se délectant des fausses sensations de fraîcheurs à chaque fois que le liquide épais s’écrasait sur sa langue, avant que la chaleur ne lui remonte des entrailles pour lui carboniser la gorge. Quelle satisfaction. Quel délice. Il ne fallait pas plus d’un verre pour sentir l’ébriété pointer le bout de son nez, mais elle n’avait pas prévu de recevoir uniquement des salutations de sa part. Oh non, quitte à se laisser porter par l’alcoolisme, autant qu’elle y aille franchement, et l’embrasse avec passion. Son verre fut reposé sur la table avec un brin de sécheresse dans le geste, puis elle ne put s’empêcher de ricaner un court instant, avant de reprendre la bouteille et se servir à vif goulot, laissant le breuvage s’écraser contre les parois du verre à grandes vagues bruyantes. Si l’alcool pouvait avoir un instinct de survie, il est clair qu’il aurait déjà battu en retraite face à la lueur folle d’avidité qui commençait à naître dans le regard de Tissandre, mais pris au piège, elle ne l’aurait de toutes manières pas laissé filer. En revanche, le confort joyeux qu’elle ressentait l’amena à reprendre ses déblatérations oisives, tout en observant l’homme en face d’elle :

« Oh, nez-bruni ça veut dire … hum… un truc se rapprochant de lèche-cul. Du sous-fifre, en somme, qui se sent bien protégé parce qu’ils sont dans les petits papiers du chef du coin. Un enfer. Enfin bon, pour l’instant il ne peux même pas se lever de son lit, donc normal qu’il envoie du monde pour vérifier que je tiens ma part du marché… Quant à la fauteuse de trouble initiale... »

Instinctivement elle passe un coup d’oeil au dessus de son épaule, puis les hausse avec une certaine désinvolture, reprenant une gorgée de son breuvage avant d’enchaîner :

« Disons qu’elle sait désormais que culpabilité et responsabilité sont deux choses parfaitement différentes. Enfin … Je passe à autre chose, mais z’êtes dans le coin depuis longtemps ? J’veux dire, ces terres sont grandes, les villages peu nombreux. Le dernier…. La dernière voyageuse que j’ai vu arriver était dans un tel état que je me suis demandée si le Diable n’était pas à ses trousses ! Vous faites bien plus propre pour le coup ! »

7
« Non, non, pas du tout. Un malentendu malheureux. J’ai eu l’impolitesse de la regarder peut-être un peu trop longtemps et, de ce que j’en ai vu, je peux comprendre pourquoi la petite ait pu mal le prendre.
- Qu’elle le prenne mal, de toutes manières les gens du coin l’apprécient aussi pour son caractère. A croire que ces bouseux trouvent cela amusant de l’entendre gueuler, personnellement ça finit par me vriller les tympans. Et je ne vous parles pas des moments où je dois lui expliquer le métier ! »

Visiblement, elle avait le souhait de discuter avec lui. Rien de bien ordonné toutefois, point de volonté supplémentaire derrière, Tissandre n’ayant simplement pas le désir de se retrouver seule derrière son bar, ni même de devoir faire la discussion avec quelques-uns des pochtrons habituels de sa clientèle. Aussi avait-elle décidée en avance de son interlocuteur, en la personne d’Asep, et s’apprêtait à se laisser aller à quelques échanges cordiaux, sans jamais ne chercher à mâcher ses mots. Ce n’était pas que l’elfe ne connaissait pas les bonnes mœurs et les comportements adéquats en société, son éducation désormais lointaine et sa vie d’autrefois auprès de ses homologues lui ayant largement permise de les maîtriser, mais il s’agissait là aussi des raisons de son départ, de son exil. Marre des discours lisses, des demi-mots pleins de faux-semblants, et de bien d’autres choses par ailleurs. Donc désormais, elle parlait avec autrui dans la plus franche et la plus directe des langues, ses voyages lui ayant en plus offert l’occasion de découvrir un lot de jurons et d’expressions capables de faire rougir de honte une prostituée. Le démon, qu’elle prenait pour l’instant pour un humain, n’ayant pas de particularités magiques lui permettant de voir au travers de son déguisement, allait peut-être souffrir un peu de ce verbe, ou s’en étonner, mais il n’y avait pas de raison qu’elle le gracie de son originale locution. Et puis, désormais, en l’ayant gestuellement invité de se mettre à son aise, il s’était de lui-même engagé dans cette petite entrevue distrayante, et revenir sur son action serait bien impoli, n’est-ce-pas ?

« Et vous-même ? Vous semblez avoir été contrariée ce soir, je n’ai pu m’empêcher de m’en apercevoir lorsque vous êtes arrivée. Peut-être puis-je vous aider ?
- Je pourrais vous dire qu’un client n’a pas vraiment à s’en faire pour son hôte… Mais dans le fond, grand bien m’en fasse de ne pas tenir ma langue : J’ai des déboires avec le maire depuis quelques semaines. Non pas que ce corniaud ait été agréable une seule fois dans sa vie, mais dernièrement, il se trouve passablement infect. »

Une certaine logique pourrait inviter l’elfe à ne pas plus en parler, ne serait-ce que par un minimum de discrétion. Certains de ses clients pouvaient être des proches de ce lourdaud dont elle n’appréciait ni la présence, ni l’existence, et de se permettre ce genre de propos à haute voix avait vite tendance à passer pour de la diffamation aux yeux des fidèles de ce rat. Ils n’étaient pas nombreux toutefois, ce qui était déjà un point de détail agréable, et Tissandre savait en plus que même si ces idiots pouvaient fréquenter son établissement, ce n’était pas pour autant qu’ils pouvaient estimer qu’ils auraient, par leurs contacts, le dernier mot sur ses agissements et ses réactions. Il n’existait qu’une barman et aubergiste dans ce trou paumé, et c’était elle ! L’elfe était la Loi et l’Ordre dans son auberge, tant et si bien que si elle décidait de foutre quelqu’un dehors à grand coup de pied aux fesses, ce sera fait de manière aussi expéditive que douloureuse pour le récalcitrant qu’elle aura dû punir de la sorte ! La seule chose qui pourrait lui faire tenir sa langue est cette idée : au vu des relations conflictuelles qu’elle a avec le pourceau qui sert de chef de village aux maisonnées environnantes, rajouter de l’huile sur le feu ne saurait être que déficitaire pour elle, voire même un véritable suicide commercial si il ose agir ouvertement pour la fermeture de son gîte et commerce de boisson. Elle voyait mal ses habitués l’abandonner, mais certaines formes de « marchandage » et autres manipulations diverses pouvaient porter leur fruit. Pourtant, comme toujours prime l’honnêteté simplette de Tissandre, ne supportant de s’écraser par peur des retours de bâton.

« Disons qu’en gros, un de mes clients a eut le malheur de lui rosser le cuir un peu violemment. Dès lors, il s’est affairé à me faire porter la faute pour le bon plaisir d’abuser un peu plus de sa position, ne pouvant s’en prendre à une voyageur. Et j’ai le droit chaque soir à la visite d’un nez brunie pour me rappeler la situation. Ce qui me fout les nerfs ! »

Elle commençait à monter en pression, c’était un fait. Pour être parfaitement honnête, elle aurait put mentionner le fait que la petite serveuse qui servait désormais d’attraction locale n’était autre que la trouble-fête qui l’avait foutu dans ce merdier, mais elle s’en abstint. À la place, elle regarda autour d’elle, la mine dépitée, cherchant à voir où se trouvait son « apprentie » pour la rappeler à l’ordre. Si certains se permettaient de lui taper sur les nerfs, alors elle pouvait aussi se le permettre, et Flint avait été jusqu’ici la meilleure source de détente qu’elle avait trouvée. Et justement, elle la vit passer en haut des escaliers, la mine fière et le menton haut, le genre d’expression que cette gourgandine n’a qu’au moment où elle se sent enfin suffisamment à l’aise pour recommencer à réfléchir à sa prochaine bêtise. C’était parfait. Comment allier l’utile à l’agréable ? Voici la réponse : Mettre un coup de pression à une serveuse au demeurant bien trop lâche pour lui rappeler qu’elle n’avait pas le temps de se laisser à l’oisiveté, tout en y trouvant le plaisir de se défouler un peu envers la personne qui vous a poussé dans une situation défavorable. Et elle allait le faire dès maintenant, avec le plus grand des plaisirs.

*
*   *
Couette secouée, oreiller battu, drap tendu, et ce pour chaque chambré, Flint avait désormais tellement l’habitude de le faire que cela lui venait naturellement, rendant son travail autrement plus efficace. Un vrai modèle d’aubergiste, à ce rythme elle pourrait même sûrement reprendre la boutique mais …

Mais elle s’en foutait bon sang ! Des connaissances comme celle-ci, elle n’en avait pas besoin, elle n’avait pas quittée les enfer pour vivre sous les ordres d’un autre, encore moins une elfe mal-léchée qui est capable d’avoir un dialogue encore plus fleuri que le sien ! Non mais franchement quelle merde ! Et dire qu’elle devait faire ça tout les soirs alors que les trois-quarts des chambres ne sont de toutes façons jamais utilisées, mais franchement qui lui a foutu dans les pattes une telle dévaine ! Tant pis, au moins ça lui donnait du temps pour poncer un peu ses plans, en arrondir les bords et en parfaire la forme. Elle avait besoin de virer le nouveau venu, et cela fait, il ne lui resterait qu’à subir encore un bon mois ces horreurs pour ensuite fuir, loin, très loin, vers d’autres aventures que l’on peut espérer bien meilleures que celle-ci ! Elle s’était donc imaginée les possibilités qui s’offraient à elle : Bêtes dans le lit du vilain cachottier démoniaque, disparition de ses affaires durant la nuit, bouffe de mauvais goût, esprits vengeurs dans la nuit pour lui faire craindre quelques malédictions ! Parce que oui, elle le savait, même si les démons sont puissants, que peuvent-ils faire face aux esprits réincarnés des défunts, hein ? Rien ? Bah voilà ! En fait, c’était même la meilleure idée qu’elle avait eut : Jouer de ses infimes pouvoirs pour lui faire croire que les lieux sont hantés, et que pour éviter tout retour de bâton, il se devait de décamper vite fait ! En somme, un plan parfait, qu’elle mettrait sûrement en œuvre le lendemain matin.

C’est donc toute joyeuse qu’elle avait quittée les chambres et s’apprêtait à descendre les escaliers, observant la salle qui se vidait peu à peu, avant d’entendre sa patronne la héler de l’autre bout de la pièce. Oh mon dieu et en plus elle parlait avec son ennemi !

« FLIIIIIIIINT ! Ramènes moi le poisseux ! Et deux verres, j’en offre au monsieur !
- Ah non, la dernière fois que vous en avez bu, j’ai dû vous traînez jusqu’au…
- Flint, ma puce… Obéis où c’est moi qui te traîne à la porcherie du vieux Foudraix.
- Hé hé et … et un poisseux, de suite, à vos ordres ! »

Très vite, la voilà qui s’éclipse à nouveau derrière le bar, puis en arrière-boutique, traversant les cuisines à pas rapide pour ensuite se glisser dans le garde-manger, toujours aussi sombre et humide. Ici, il n’y avait que des pots bien remplis, généralement scellés à la cire d’abeille pour ne pas que la moiteur ambiante ne vienne gâter les denrées qui s’y trouvent, ainsi que des bouteilles bien bouchées un peu plus loin, rangées d’une manière que seule la gérante des lieux pouvait comprendre. Toutefois, tandis qu’elle allumait l’énorme bougie qui allait lui permettre d’y voir d’un peu plus prêt en s’approchant des range-bouteilles, elle se remémorait avec précision l’endroit où se trouve la fameuse boisson que venait de lui quémander Tissandre : Le poisseux. Tout en bas du deuxième mobilier se trouvait cette large forme de poire, un peu gonflé en sa partie supérieure, et dont l’apparente surface brune permettait rarement de méconnaître. S’approchant donc, elle la vit rapidement apparaître à la lueur chancelante de sa lumière de fortune, et vint s’accroupir avant de tirer l’étrange contenant. L’odeur étrange qui en sortait malgré l’épais bouchon était suffisante pour lui assurer qu’elle ne se trompait pas. Mélange de fruit confis et de colle forte, seule Tissandre en demandait, et généralement pour les meilleures … ou les pires occasions. Au moins, si le démon y goûtait, il avait toutes ses chances de finir sur ses rotules, et les joues aussi rouges que les braises, ce qui l’arrangerait. Ressortant donc du garde-manger, elle souffla la flamme de la bougie, puis attrapa deux verres sur son chemin avant de retourner à la table de la gérante … et de son terrible invité.

« Tenez, deux verres, et une bouteille de Tue-Dragon. »

8
« Voilà une attention des plus agréables. »

C’est ça mon gros, mord à l’hameçon. L’assiette va tellement te faire serrer les mâchoires que tu vas t’en déchausser les dents ! Et déjà, un démon majeur sans chicots, c’est plus agréable à imaginer ! Franchement, la petite Imp n’en laissait pas voir un traître aspect, mais son agressivité naturelle était à son maximum. La haine des plus forts par les plus faibles, y’avait que ça de vrai dans ce monde de chien, et elle en était la principale personnification. Après tout, elle s’était barrée des enfers pour une raison des plus similaire, ne voulant pas le moins du monde finir en objet de luxure pour démon avide de modèle réduit à remplir de son énorme mandrin. Alors bon, avoir le fin plaisir de voir un homologue de ce genre de fada orgueilleux se détruire l’estomac avec un légume, il n’existait pas de projet plus satisfaisant à ses yeux. En revanche, même si elle avait presque l’envie d’être aux premières loges pour contempler ce spectacle, elle ne se sentit pas le courage d’être en sa présence lorsque l’amertume viendra lui décoller une droite sévère, aussi s’apprêtait-elle déjà à tirer sa révérence après ses remerciements. Du moins était-ce ses prévisions, mais malgré son sourire feint et son air naturellement enjoué, ce fut à l’instant où elle voulut décoller ses pieds du sol qu’elle fut intimement interrompue par le regard de l’étranger venant se poser dans le sien avec l’appui d’un bloc de béton que l’on jetterait sur une fourmi. Bon sang qu’elle haïssait son instinct naturel de soumission pour ce genre de situation, mais elle ne … pouvait tout simplement pas s’extraire de cette impression qu’elle ne pouvait pas bouger pour l’instant, ce qui offrit la demi-seconde nécessaire à l’homme pour s’exprimer :

« Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour tout à l’heure, il n’était pas dans mon intention de vous dévisager, ni même de participer à ce qui semble ici être une pratique… courante. Mais… »

Pitié pas la causette de base, elle n’en avait pas envie le moins du monde, elle avait encore quinze autre lourdaud qui allait demander une bière fraîche d’ici dix minutes, et si elle les faisait attendre, c’était autant de temps pour eux afin qu’ils dégrisent et remarque qu’elle leur servait de la boisson tiède. Puis bon, les excuses d’un démon supérieur, hein, elle y croyait autant qu’en l’existence du sacro-saint plat de spaghettis volant, protecteur des peuplades opprimées des terres australes. Et elle ne savait même pas si il existait des peuplades là-bas, autant dire que les mots de l’homme étaient bien tombés dans l’oreille d’une sourde. Toutefois, malheur de sa triste nature, elle ne se sentait ni de le couper, ni de lui dire un petit mot gentil pour s’esquiver. Tout au plus pencha-t-elle la tête sur le côté avec une mine gênée, comme si elle se doutait de ce qu’il allait lui dire. Dans le fond, pas le moins du monde, mais mieux valait jouer la simplette qui a l’air de porter tout les fléaux du monde sur le dos plutôt que d’accorder à cet homme l’occasion de voir au travers de son jeu. Il reprit donc ses termes avec le même ton courtois (qu’elle concevait comme la plus évidente des tromperies par ailleurs) et elle l’écouta d’un air plus ou moins entendu, faisant bonne figure. Et, étrangement, ce qu’il se permit de lui dire la fit tiquer, suffisamment pour que l’envie lui prenne de s’exprimer. Mais bon sang, c’est qu’il était doué pour tirer sur la corde sensible ce bougre, à croire qu’il avait vraiment été maladroit un peu plus tôt, qu’il s’agissait juste d’un démon supérieur plein d’honnêteté et de considération. Comme si ce genre de mélange aussi contre-nature qu’abject pouvait réellement exister en cette terre !

« Je dois admettre être un peu troublé de voir que votre patronne semble tolérer qu’on s’en prenne à vous ainsi. Autant si cette dernière avait été un homme, peut-être aurais-je pu avoir une idée du pourquoi, mais là…
- Ne vous bourrez pas le mou avec ça. J’ai fais une connerie en arrivant dans cette bourgade et j’en paie les frais, rien de plus.. C’est vrai que la patronne est une sacrée mégère, dans le fond, mais bon, au moins je ne suis pas vraiment mal-lotis, j’ai juste eut le malheur d’attirer les foudres de la mauvaise personne, et ça me retombe dessus par correspondance de responsabilité… M’enfin, j’vais pas raconter ma vie, hein ? »

En fait, si c’est exactement ce qu’elle faisait, et elle s’en rendit compte à l’instant même où elle s’était permise d’en faire le commentaire. Raaaaah plus un mot, pas un seul ! Allez, une formule de politesse, et elle allait s’éclipser le plus rapidement possible, elle ne voulait pas être là quant il allait se permettre sa première bouchée.

« Sur ce, j’m’occupe de votre chambre une fois que j’ai fini mon slalom de la journée, bon appétit. »

Voilà, simple, efficace, et la voilà repartie en laissant le démon supérieur derrière elle. En un sens elle se félicitait de toujours cacher ses petites cornes rondes sur les bords de sa tête avec ses cheveux, elle était quasiment certaine que l’homme n’y voyait que du feu quand à son apparence des plus humaines. En revanche, elle était en train de se faire une montagne de cheveux blanc à chaque fois qu’elle était devant lui, ça allait être un véritable problème si il restait un peu trop longtemps. Décidément, hâter son départ allait être des plus nécessaires. Peut-être se devait-elle de lui faire une autre crasse pour sa chambre ? Flint ne manqua pas de se secouer un peu la tête pour se reprendre quand cette idée saugrenue lui vint à l’esprit : non, si elle agissait ainsi, son animosité à son encontre serait on ne peut plus évidente. C’était un coup à ce qu’il l’attrape peu après et l’agonisse. Ou qu’il raye de la carte cette auberge d’un claquement de doigt. Elle ne savait pas ce qui serait le pire, honnêtement. En tout cas, elle fit sa part du travail, oscillant entre les tables et entamant à nouveau de prendre les commandes tout en évitant ses ennemies communes de la soirée. Un bal curieux, sous les yeux des quelques curieux qui préféraient observer le spectacle plutôt que d’y participer. Elle ne fit pas attention à sa patronne, qui restait, à ses yeux, aux abonnées absentes, ce qui ne manquait pas de lui permettre une belle bouffée d’air frais, dans cette situation déplorable qu’elle vivait. Personne pour l’engueuler au moins !

Ce ne fut qu’une fois l’ensemble des éméchés du coin servit qu’elle put enfin quitter la salle et aller à l’étage pour s’occuper des lits. Pas besoin de grandement se prendre la tête, mais au moins elle se permit le minimum syndical pour la chambre supplémentaire qu’elle se devait de préparer pour le démon. Elle comptait en endormir la vigilance pour mieux le pourrir le jour suivant. Une vraie chasseresse dans l’âme, elle se préparait à appâter sa proie pour mieux lui pourrir l’existence. Et tout en tapotant les draps et l’oreiller, elle ricanait sous cape.

*
*   *

« J’vous jure, ces crétins finiront par me tuer d’ennui. Saloperie de peigne-cul au nez crasseux. »

Tissandre, dans la pire des humeurs, revenait de l’extérieur de l’auberge avec la mine la plus sombre qui soit. Non pas qu’elle n’ait l’air plus aimable naturellement, mais la tempête qui couvait au creux de ses prunelles laissait présager que la moindre forme d’inconvenu risquait sévèrement d’être payée au centuple. Une courte observation des lieux ne manqua pas de lui donner le minimum d’informations dont elle avait besoin : Flint n’était plus au coeur de la pièce, mais les habitués semblaient être servis et personne ne ronchonnait quant à l’existence d’une choppe vide. Cette petite peste avait donc, de manière tout à fait exceptionnelle, fait son travail. Incroyable. Quel qu’en soit les raisons, elle n’allait pas s’en enquérir, à la place elle tourna son attention en direction du charmant voyageur arrivé un peu plus tôt. Ce n’était pas comme si elle l’avait fort courtoisement accueilli, mais il était assez charmant pour qu’elle tente une approche mesurée maintenant que la soirée allait lentement approcher de sa fin. Il ne semblait pas avoir quitter sa table, aussi n’eut-elle que quelques pas à faire pour le rejoindre, et ne se targuant pas de mesures, l’elfe tira à elle une chaise afin de s’asseoir au devant du curieux personnage, avant d’ouvrir la discussion sur le premier sujet qui lui vint en tête. Pour le coup, et quitte à faire siffler les oreilles de celle qui se trouvait actuellement à s’occuper des literies, ce fut à propos de sa néophyte de serveuse qu’elle engagea l’échange, cherchant à paraître la plus professionnelle possible :

« Bonsoir à nouveau. Désolé pour la petite, elle n’est pas du métier, et la courtoisie semble avoir passée son chemin lorsqu’il fallut la lui inculquer. J’espère qu’elle ne vous a pas trop brusqué ? »

9
« Bonsoir, Mademoiselle. »

J’t’en donnerais du bonsoir. Un démon poli est un démon qui trame quelques terribles schémas, pour quelques horribles buts. Et compte tenu du fait qu’il se permettait en plus le sourire charmeur et l’air attentionné, elle était presque certaine qu’il avait la satisfaction d’approcher de son objectif. Autrement dit, elle avait en face d’elle une entité dangereuse qui avait, pour des raisons dont elle n’avait pas la connaissance, réussi à se retrouver dans un coin paumé par sa propre volonté, et surtout, avec une quelconque mission qui ne devait guère se trouver encore bien éloignée. Autant d’éléments qui ne la mettait guère en joie, voire même qui faisaient résonner en plus d’un endroit de sa caboche les alarmes terribles et implacables lui annonçant moult problèmes. Ce type, dont elle n’avait pas le nom… Elle souhaitait le voir partir, au plus vite. Et surtout, qu’il se barre sans n’avoir jamais remarqué ce qu’elle était. Avec un peu de chance, cela devrait se faire : Après tout, elle n’avait pas fait usage de sa magie depuis un moment, et à devoir vivre comme une humaine, elle n’avait pas non plus entretenue quelques actions éveillant sa nature démoniaque. Autant de choses la rendant sûrement imperceptible … Mais bon, allez savoir de quel genre de pouvoirs cosmiques phénoménaux pourrait être dôté le margoulin en face d’elle. Peut-être même qu’il l’avait déjà percée à jour, et ne faisait que profiter de la situation pour la voir paniquer et se débattre avant de la piéger ! Quelle catastrophe ce serait ! Mais bon, pour l’instant, il avait besoin d’être servie, et si elle ne faisait pas son boulot, elle allait avoir une autre sorte de calamité sur le dos !

« Un repas chaud et une pinte de votre boisson la plus fraîche seraient les bienvenus. Vous pensez que c’est possible, Mademoiselle ? »

Le démon restait courtois… Même plus que certains membres coutumiers de l’établissement, c’était pour dire à quel point cela obligeait Flint à se méfier ! Elle s’apprêtait à lui répondre quand elle remarqua le regard glissant du voyageur commencer à la … la … La déshabiller, difficile de trouver un autre mot pour définir cela, si bien qu’elle s’arrêta un instant, une pique d’insolence et de revendication fort naturelle lui remontant du plus profond des entrailles. Une petite voix dans sa tête qui lui dit de rester calme, de ne pas se comporter n’importe comment en face d’un type qui avait assez de pouvoir pour vaporiser les lieux… Puis du plus profond de son être, ce besoin brûlant de remettre à sa place ce voyeur qui, à l’instar de bien d’autres personnes ici, cherchait à voir au travers de sa tenue la superbe plastique dont sa nature l’avait grâciée… Un court instant de combat intérieur qui ne se traduisit à l’extérieur que par un frémissement frénétique de son sourcil droit, comme si celui-ci tentait de montrer paradoxalement un air amical sur la bouille de l’imp alors que les feu bouillonnant de l’enfer cherchait à quitter ses lèvres pour se déverser sur le visage de l’homme rompu par sa journée de voyage.

Mais finalement, ce fut la fierté de la petite démone qui gagna, encore. Elle n’avait pas quittée les enfers sans raisons, elle souhaitait être respectée, et si elle avait apprit à la moitié des villageois du coin que lui toucher les miches correspondait à une gifle également bien placée de sa part, il était essentielle qu’elle le fasse aussi comprendre à ce nouveau-venu ! Oui, c’était stupide, mais la demoiselle était bien souvent trop sotte dans sa colère pour se rendre compte que c’était en ce genre de coup de chaud qu’elle avait souvent la mauvaise tendance de creuser sa propre tombe. Alors, comme pour le réveiller de son observation lubrique, elle frappa du plat de la main le bord de la table, puis se permit de parler avec calme, même si l’aigreur de sa voix laissait parfaitement entendre qu’elle n’appréciait pas le moins du monde la manière dont elle avait été contemplée :

« Oui, ce serait possible, et d’autant plus rapidement de ma part si vous évitiez de me contempler comme un chien affamé contemple un putain de jambon. J’vous jure, marre de ces zouaves. C’quoi la prochaine, vous allez participer à la coutume locale ? Non parce que si même les voyageurs s’y mettent, à vouloir me chopper les miches, autant que je mettes moi-même le feu à l’en…
- FLIIIIIIIIIINT !
- Oh non ! J’ai rien dis j’vous jure patronne ! »

Ne finissant pas son monologue pour le coup, la voilà qui se retourne d’un coup et s’empresse de parcourir la salle principale pour filer en direction des cuisines. Elle ne se rend d’ailleurs même pas compte qu’en agissant ainsi, la relative couverture de sa jupe eut tôt fait de la trahir, affichant son ravissant fessier à quelques yeux, et notamment ceux du voyageur, mais elle a priorité à accomplir son boulot plutôt que de protéger sa vertu. Faut dire, le simple fait d’entendre Tissandre vouloir lui roussir le poil alors qu’elle parlait de faire brûler l’auberge eut bon don de la calmer. Des fois, elle se demandait bien pourquoi elle lui obéissait à cette femme, sans trop comprendre ce qui la terrifiait aussi derrière chacune de ses hausses de ton. Une sorte d’instinct, sûrement.

En tout cas, elle avait effectivement laissée le démon au beau milieu de sa révolte, et quittée ses abords, se retrouvant donc à l’abri des regards entre la marmite et les fûts. Au moins, elle se sentait en sécurité ici, malgré le fait que la monstruosité occupait encore les lieux, qu’elle allait devoir le servir, et que dieu seul sait quant est-ce qu’il allait repartir ! Elle allait devoir en apprendre plus, si elle ne voulait pas faire une sorte de crise cardiaque dans les heures à venir, entamant de remplir une chope tout en réfléchissant à la bonne voie à suivre. Bon… Elle venait de lui ronchonner à la gueule, ce n’était clairement pas le meilleur départ. Le questionner quand elle s’approcherait de nouveau ? Non plus, plus elle se trouvait loin de ce monstre, mieux elle se portait. Alors peut-être …

Elle regarda la chope un instant, désormais pleine d’une belle bière ambrée. Peut-être pouvait-elle simplement chercher à le faire partir ? Ce n’était pas un mal, il avait déjà payé sa chambre, et de toutes façons, elle pouvait sûrement trouver les quelques bonnes idées qui lui suffiront pour rendre le séjour du démon suffisamment désagréable ! Bon, elle ne devait pas non plus faire à ce que cela coûte à Tissandre, sinon elle était certaine que l’elfe aurait l’intelligence de découvrir qu’elle serait à la base de quelques supercheries, mais … Avec un peu de chance, le démon ne remarquerait pas sa présence, mais serait suffisamment incommodé pour reprendre la route sans chercher plus longtemps les lieux ? C’était peut-être un peu paranoïaque de sa part de voir les choses ainsi, mais bon… Elle était une imp, donc pas loin de l’animal de compagnie à forme humaine aux enfers, aussi ne pouvait-elle pas vraiment vivre les choses autrement qu’en s’imaginant qu’un type comme celui qui venait de s’installer aurait tôt fait de lui placer un collier et une laisse autour du cou dès qu’elle baisserait sa garde ! Non, elle en était sûre maintenant, elle voulait que le mec se barre, le plus rapidement possible, et si elle se devait d’avoir de tristes comportements pour cela, alors elle n’hésiterait pas un instant !

Mais d’abord… Le service. Elle posa la chope sur une surface sans danger, puis elle alla quérir une écuelle, et y versa une lourde quantité de bouillon de légume, accompagné d’une dose respectable de chou, de carotte et de poumelle. Elle n’aimait pas la poumelle. C’était amer, ça avait le goût d’un navet mariné dans du jus de poisson, et franchement elle ne parvenait pas à le considérer comme un aliment comestible. Ah bah tiens, la voilà sa première crasse. Normalement elle ne devait pas trop en servir aux clients, mais pour ce démon, autant ne pas se laisser aller à la « radinerie » ! Triple dose de poumelle pour le voyageur exténué, cadeau de la maison, avec amour bien entendu ! D’ailleurs, avec un peu de chance, il s’étouffera tout seule avec l’un des gros morceaux qu’elle lui colle au bord de l’écuelle. Enfin, un maigre bout de viande en sus ! Personne ne maugrée pour un bout de viande n’est-ce-pas, même si il se trouve un peu sec et nerveux ! Parfait, elle allait l’épuiser moralement, il allait tellement être indisposé qu’il finirait par partir sans demander son reste. Magnifique, comme quoi elle pouvait se tirer des pires situations sans avoir recours à la magie.

Se chargeant donc de son matériel, elle ressortit tranquillement de la cuisine avec la mine haute et fière, prête à aller apporter dignement son repas au pauvre voyageur qui attendait là. Après tout, elle faisait bien son travail, n’est-ce-pas, même Tissandre ne pourrait pas lui en vouloir ! En parlant de sa patronne d’ailleurs, elle ne la voyait pas derrière le comptoir, où était-elle allée se poser pendant qu’elle fomentait son plan diabolique en cuisine ? Boarf, pas trop grave, au pire cela pouvait vouloir dire que si l’un des clients lui touchait les miches, elle pourrait lui enfoncer le crâne dans la table. Esquivant une première main d’un geste qu’elle maîtrisait désormais à la perfection, à savoir un jeté du bassin qui l’éloignait immédiatement du membre ennemi, elle se glisse entre deux rigolards qui semblent s’extasier du travail misérable du barde, puis enfin peut s’approcher en ligne droite du voyageur couvert par l’illusion et la tromperie.

« Chaud devant, une boisson et un repas pour le monsieur. Me suis permise de vous filer une dose supplémentaire, j’imagine que la route n’a pas été simple. »

Voilà, un peu de considération en sus. Avec un peu de chance, cela le fera culpabiliser quand il aura l’envie de se plaindre de son plat !

10
« Des dettes…. Des dettes…. Vous m’en foutrez moi, des dettes ! Vous jure... »

Celle qui maugréait actuellement, c’était Flint. Il faut dire qu’elle était des plus mauvaises humeurs depuis quelques jours, et que les événements n’allaient guère en son sens. Cela faisait maintenant deux semaines qu’elle travaillait dans cette auberge, et la situation qui l’avait amenée à s’embaucher sous la bonne garde de Tissandre Julperion, la maîtresse des lieux, était à la fois saugrenue et passablement déplorable…

L’imp était en plein voyage. Du moins à l’origine. Elle était partie depuis les confins des sables Ashnardiens pour ensuite passer les hautes chaînes montagneuses des Cols Gris, un nom qu’elle trouva par ailleurs fort peu original. Sitôt les rocs quittés, elle avait alors entamé une suite d’escales dans plusieurs petits villages, à mesure que ses pas la rapprochait de milieux moins hostiles, puis elle s’était retrouvée dans un néant absolu de civilisation. Pas une chaumière à la ronde. Pas la moindre forme de présence humaine sur des kilomètres, et des kilomètres, et encore un peu plus de kilomètres. Rien, pas âme qui vive, ni le plus petit aventurier, encore moins de pauvres hères en quête de lieux calmes, et pour parachever le tout, ni paysan de quelques extractions pour lui présenter le chemin le plus court vers un éventuel lieu de repos. Simplement le vide. Elle s’y était donc perdue, errant comme une pauvrette sans carte et sans sens de l’orientation. Et si le premier point n’était guère faux, le second fut bien plus difficile à avaler pour elle, qui tenait de son orgueil l’impression naturelle d’être capable de se sortir de la moindre situation que ce monde aurait sût lui faire connaître. Désormais, ce dernier semblait vouloir prendre une triste revanche sur la petite forme de vie démoniaque qu’elle était, et elle en subissait les outrages : En une semaine, puis en deux, enfin en trois, elle se trouva lentement de plus en plus fatiguée, de plus en plus ternes, de moins en moins vives, et entama bien malheureusement des rencontres qu’elle n’aurait jamais voulu avoir à faire. La dernière de son long voyage dans ce grand axe sans civilisation comprenait la présence d’un bourron, titanesque sanglier aux défenses naturellement épineuses, et d’un perclin, forme de vie hasardeuse que l’on pourrait rapprocher du slime, en plus inoffensif. Le résultat fut une tenue en triste état, un souvenir déplorable, ainsi qu’une imp hurlant à la lune moqueuse que plus jamais elle ne fera de feu de camp près d’un point d’eau.

Par bonheur, elle trouva alors enfin une bourgade, modeste, mais qui avait par le plus grand des bonheur une forme de petite route rocailleuse et enherbé qui semblait y conduire, lui facilitant la marche tout en occasionnant quelques espoirs qu’elle puisse bientôt rejoindre une véritable cité. Malheureusement, ses malheurs ne purent qu’aller grandissant : Non seulement son état physique déplorable ne manqua pas de faire hurler la première personne chez qui elle se permit de rentrer, à savoir l’aubergiste, mais même une fois qu’elle put la convaincre de ne pas la jeter dehors à grand coup de pied aux fesses, ce ne fut pas sans qu’elle ne se complique passablement la tâche par la suite. Effectivement, commandant à cette occasion un repas, dont elle avait le plus grand besoin, puis demandant le plus proche point d’eau pour se débarbouiller, elle avait profiter d’être aux jeunes heures de la journée pour se baigner non sans se douter des futurs événements. Grand mal lui prit de faire ce choix. A peine sa tenue ôtée, ou du moins les lambeaux qui en restait, et plongée dans les ondées calmes de l’étang le plus proche, elle y perçut la présence étrangère d’un quelconque voyeur. Peut-être eut-elle un mouvement d’humeur un brin trop hâtif, mais la forme indélicate qui passait par les buissons voisins entendit alors l’imp prononcer quelques mots en une langue étrangère avant de se faire rôtir l’arrière-train, l’obligeant lui aussi à bondir à l’eau pour préserver ses parties génitales proches des flammes, et sûrement sa vie par la même occasion. Flint ne découvrit que bien plus tard qu’il s’agissait du chef du village, et ce n’est qu’une fois à l’auberge, avec un bon repas et l’annonce proche d’un repos dans un lit douillet, que finalement le couperet tomba droit sur sa nuque, l’annonce de son enfermement en ses lieux arrivant de pair.

Car le lubrique chef s’en prit à l’aubergiste, et l’aubergiste s’en prit à elle. N’ayant guère de moyens de riposter contre l’elfe, dont elle découvrit avec le plus grand des malheur qu’elle était capable d’avoir la langue aussi tranchante qu’elle-même, la discussion tourna vite à une résolution des plus claire : Si Flint lui avait attirer des ennuis, il ne tenait désormais qu’à elle de les lui faire oublier, notamment au travers d’un travail particulièrement assidu durant les prochains jours. Très honnêtement, l’imp voulu tenter de fuir à la dérobée, mais un lancer de couteau à viande à quelques centimètres d’une de ses précieuses cornes décoratives fut un argument relativement percutant pour qu’elle finisse par se résoudre à son triste sort. Elle avait donc abandonné, prenant la bonne résolution de répondre positivement à l’ordre de Tissandre, et finissant par travailler pour le mois dans son auberge afin de pallier à la hausse de paiement foncier que le chef de village avait collé au commerce de l’elfe.

Ainsi donc, cela faisait deux semaines. Tissandre ne faisant pas grand cas des codes de son métier, et ne voulant guère manquer la possibilité d’une véritable poule aux œufs d’or en la personne de Flint, elle s’était rapidement permise de plus ou moins la mettre en spectacle afin de ramener du monde en boutique. En deux jours, elle avait troquée une tenue parfaitement normale pour une tenue beaucoup trop courte à son goût, la moitié de ses fesses étant visible dès lors qu’elle ne se tenait plus droite, tandis qu’une moitié de sa poitrine tentait désespérément de quitter le haut de son tablier. Trois jours encore après, Tissandre ne faisait plus attention quand certains de ses clients passaient une main baladeuse en direction de la petite Imp, occasionnant alors échauffourées et prises de becs entre la serveuse et les habitués de l’établissement. Autant dire qu’elle ne gagna pas vraiment ces batailles, encore plus quand la mention du chef du village fut ramené sur la table. Elle eut au moins le bonheur d’apprendre que ce dernier n’était pas franchement apprécié, ce qui faisait qu’elle n’avait pas non plus mauvaise presse parmi les habitants du coin. Elle avait juste le malheur d’être malgré tout un joli brin de fille que l’on avait « envie de taquiner » des dires des plus audacieux. Et là, ce soir, après qu’elle ait eut le temps de faire la moitié de son devoir en ces lieux, elle se retrouvait à la fois aux fourneaux et au service, courant dans tout les sens, et profitant des courts moments où elle était seule pour pouvoir déverser un peu de sa rage dans un coin de la cuisine. Dans le fond, elle était quasiment certaine que cette vieille bique à l’allure de jeunette dans sa vingtaine pouvait l’entendre, mais par le plus grand des bonheurs, elle était encore capable de comprendre que la jeune petite démone avait besoin de vider son sac régulièrement… tant qu’elle conservait bonne mine devant les clients.

« Le prochain qui me pelote je le castre. Non, mieux, je le défroque devant tout le monde et lui coud l’anus. Non, mieux, j’attends qu’il sort, ivre, et je le guide chez le chef pour qu’il le sodomise. Non, mieux : je... »

C’est alors qu’elle se laissait baigner dans ses illusions qu’un violent frisson lui parcourut l’échine. Comme si soudainement, l’ensemble de son instinct lui hurlait de se faufiler dans un coin et de ne plus en sortir. Et elle connaissait bien ce genre de réaction naturelle ! Cessant immédiatement son petit monologue personnel, elle se glissa près de la porte de la cuisine et observa par l’entre-ouverture de celle-ci la salle, actuellement pleine à craquer. Par chance, ou non d’ailleurs, elle ne tarda pas à remarquer celui qui se trouvait au devant de sa patronne, présentant quelques belles pièces en quémandant nourriture pour sa bête, lit pour dormir, et un bon repas pour un repos complet. Viscères et mouche des enfers, un démon ! Et pas le plus petit par ailleurs, une grosse bestiole, un sacré corniaud, un bel éléphant si on voyait en elle une fourmi. Mais qu’est-ce que ce genre de saloperie foutait ici, paumé en pleine campagne ? Pire, même pas la campagne, un coin de bouseux arriérés avec un vieux pervers pour chef, et une carne soigneusement gommée comme aubergiste ? Mais elle … Elle ne pouvait pas décidément vivre sa petite vie tranquille sans que les mondes infernaux ne se rappellent à elle de la pire des manières ? Qui sait, peut-être … Peut-être même qu’il était sur ses traces ? Qu’il avait été envoyé pour la capturer et la ramener dans les tréfonds sanguinolents des hauteurs infernales, afin qu’elle soit enfin envoyée au prince qui avait tant voulut la posséder, autant comme servante qu’en tant que joli petit jouet de ses plaisirs ? AAAAAh ça, JAMAIS ! Elle allait se barrer, tant pis, elle risquait moins de chose à tenter le risque d’un lancer de couteau que de rencontrer cette saloper…

« FLINT !
- IIIIIK ! Quoi !? Putain tu m’as fais sursauter !
- Ferme-la, bonne à rien, et retourne taffer ! Y’a encore la moitié des clients qui attendent d’être servis, et je parle pas des nouveaux-venus. En selle, où j’te colle à poil à côté du chanteur en herbe.
- … Pitié non. »

Comme toujours, ses protestations, déjà rarement extériorisée, moururent dans l’oeuf. En peu de temps, la voilà sur pied, et qui entame de rapides allers-retours dans la salle, apportant boissons et gamelles, tout en priant de ne pas devoir s’approcher trop près du barde, dont les talents musicaux se restreignent très clairement à l’usage de la lyre. Malheureusement, elle se retrouve bien rapidement avec une main haut levée, une main qu’elle ne peut ignorer… Alors, très discrètement, et avec au coeur le bonheur de ne pas s’être retrouvée à porter sur elle les cornes ornementales qu’elle affectionne pourtant énormément, elle vient gagner les abords du démon savamment déguisé. Elle a la chair de poule au simple fait de se trouver près de lui, mais préfère faire la fière, ne voulant guère montrer qu’elle puisse avoir vu au travers de son grimage, ou qu’elle le craigne de quelques manières que ce soit. Pourtant, grand dieu que sa proximité l’a met mal à l’aise :

« Bonsoir voyageur, que puis-je pour vous ? »

Elle priait intérieurement qu’il ne lui fasse pas la discussion.

11
« Non ici nous n’avons pas besoin d’aller dehors chercher un point d’eau pour faire notre toilette, car nous avons ce que nous appelons des douches et des baignoires ! Tu verras ça va te changer la vie, nous disposons d'eau chaude et froide en fonction de ce que tu préfères ! Et en plus nous avons du savon et des parfums pour se laver le corps et sentir bon ensuite. »

Calme et curieuse, la jeune femme à la nature démoniaque observait les images, nombreuses et détaillées, de ces « baignoires » dont lui parlait Skyler. C’était … attrayant ? Ingénieux aussi, elle trouvait tout de même cela parfaitement anecdotique en conscience de son avantage racial, mais la simple idée que les humains avait construit et imaginer de tels moyens pour se laver était quelque chose de proprement stupéfiant ! Honnêtement, cela ne lui donnait qu’une envie, l’essayer, découvrir avec un certain plaisir l’ensemble de ces options, si diverses, dont la seule utilité était de pouvoir s’assurer de posséder un corps sain. Et plus son hôte lui en parlait, pire c’était. Un peu plus et elle aurait tout simplement put l’enjoindre à s’y diriger immédiatement, afin d’en faire la joyeuse découverte, mais malheureusement pour sa curiosité quasiment maladive, elle allait d’abord devoir attendre. Il restait encore bien des choses à dire, tant et si bien qu’elle ne fit pas plus de commentaire pour l’instant, s’assurant de se montrer sous son meilleurs jours, attentive et alerte, en attendant que son amie du nouveau monde engage les prochains sujets de conversation. Et vu que la demoiselle semblait proprement intarissable sur le sujet, ce fut malgré tout à l’Imp de se prononcer, dans toute son honnêteté. Elle ne savait pas trop comment ses mots seraient prit, elle n’avait guère l’habitude de se montrer honnête, directe dans ses aveux, préférant bien souvent cacher ses faiblesses morales ou éthiques. Difficile de décrire son soulagement quand la belle boxeuse lui répondit avec toute la tranquillité du monde :

« Ne t’inquiète pas, je n’allais pas te laisser comme ça ! Je n’aime pas les gens qui s’en prennent au plus faible surtout pour des histoires… Pas vraiment catholique ! La prochaine fois, il fera plus attention car si une gamine arrive à lui voler son portefeuille c’est qu’il n’est vraiment pas fute fute !
- Heeeey je lui ai pas volé… Enfin si mais ce … ce n’était pas volontaire, franchement… »

Bon, là c’était un gros mensonge, mais elle avait au moins la clarté d’esprit de lui donner sa meilleure impression de la jeune demoiselle perdue qui se rend bien compte qu’elle a fait quelque chose de mal, même si ce n’était pas purement de son fait ! Et puis franchement, comment elle aurait put, à un seul moment, s’imaginer que le type qu’elle plumait était un tel … criminel ? Hein !?  Donc était-ce réellement un mensonge ? Eh bien dans le fond, sûrement, et vu comme elle commençait à apprécier celle qui l’hébergeait en cette soirée, on ne peut pas dire que les remords l’aidait à conserver son jeu d’actrice. Sauf qu’elle était enfoncée jusqu’au cou dans son propre mensonge, alors elle n’avait plus le choix : Elle se devait de conserver son rôle, jusqu’au bout… Et pour ce qui était de son passage à la Police, elle trouverait une solution, n’importe laquelle, au lendemain. Enfin, tandis que Flint vivait ses pires moments d’introspections, la jeune femme à ses côtés continuaient de se faire la liste des possibles distractions et découvertes de la soirée, et ça se voyait sur son visage, elle devait sûrement avoir une demi-douzaine d’idées à la seconde. La démone inférieure ne manqua pas de la regarder un moment, vive et joyeuse. C’est qu’elle était terriblement jolie dans le fond, et si elle s’était déjà faite la réflexion plus tôt dans la soirée, cela se confirmait désormais à la lumière de son logis. Un peu plus jeune qu’elle sûrement, mais en bien meilleure forme physique, y’avait pas à dire. Finalement, elles faisaient un duo plutôt complet. Elle-même, petite, fine et aux très jolies formes, à côté de Skyler, sportive, tout de muscles tendus, à la féminité plus diffuse mais si rassurante.

C’est quand elle se rendit compte de ses divagations que Flint eut pour la première fois la nature à rougir, et à détourner le regard avec un peu de gêne. Mince, fallait pas non plus qu’elle passe pour une perverse, ce serait dramatique ! Elle devait jouer la jeune femme pure et innocente, et rien d’autre ! C’est en priant que son hôte n’ait pas remarquée ses errances qu’elle l’entendit reprendre le dialogue, avec toujours autant de calme, la rassurant un peu quant à ce dernier point:

« Dit moi quand tu veux prendre un bain, je viendrais te montrer comment ça fonctionne et pendant ce temps je nous ferais un bon repas pour reprendre des forces !
- Eh bien je … Je dois avouer que je suis vraiment curieuse de ce bain. Si tu veux bien me… Me montrer où ça se trouve et comment ça … ça fonctionne, bien entendu ? »

Sûrement que son côté hésitant fut une raison supplémentaire pour que son hôte se décide à la guider, mais Flint ne doutait pas qu’elle l’aurait fait de toutes manières. Sitôt qu’elle lui eut avouée sa curiosité, les deux femmes se levaient du canapé afin de se diriger un peu plus loin dans l’appartement, les deux débouchant dans la magnifique salle de bain toute équipée. Nouvelle expérience, nouveaux questionnements, la simple vu des divers équipements de la pièce manquant faire surchauffer la petite Imp de mille et une questions. Autant dire, assez pour qu’elle puisse sûrement assommer la jeune femme, encore et encore, de ses paroles. Aussi, elle se tut simplement, cherchant déjà à suivre la belle boxeuse jusqu’à la baignoire, puis à l’écouter lors de l’ensemble de ses explications sur le fonctionnement de cet engin. Flint ne se pensait pas stupide, disons-le, mais là, alors qu’elle essayait de relier les deux bouts sur l’ensemble des détails apportés par l’humaine, elle commençait sérieusement à douter de sa capacité à reproduire la même chose une fois seule. L’eau chaude et l’eau froide, ok, elle arrivait à le concevoir, mais dès lors qu’elle enchaîna sur les options, sur les différents flacons qui parsemaient les environs de la baignoire, non sans parler des différents moyens pour passer du pommeau de douche au jet brut de la sortie d’eau… Non, franchement, elle était perdue. Et si elle ne l’exprimait pas, vu qu’elle tentait de toutes ses forces de comprendre ce que Skyler lui disait, c’était en revanche parfaitement visible sur son visage. La confusion absolue s’y lisait, ainsi que le manque d’assurance quand elle osa dire :

« Je crois que… quuueeee… que je peux m’en sortiiir ? »

Elle voulut lui prouver d’ailleurs cela, élançant donc sa main en direction de l’arrivée d’eau, attrapant une des deux poignées qu’il fallait tourner pour faire couler l’eau et annonça avec un très clair manque d’assurance :

« Alors si je tourne ça vers la droite, et ensuite que je le tire je devrais faire couler de … De l’eau chaude ! »

Perdu. A l’instant même où elle le fait, espérant prouver à son amie du nouveau monde qu’elle avait effectivement comprit ce qu’elle lui avait expliquer, tout ce qu’elle parvint à faire fut de se ridiculiser : Non seulement elle était encore en mode douche, si bien que le jet s’activa d’un coup et fit partir en tout sens le pommeau, mais en plus, elle avait activée l’eau froide. Par chance, elle n’aspergea pas sa merveilleuse hôte. En revanche, elle se prit une partie du jet sur sa tenue et sa figure, si bien qu’elle ne put empêcher un couinement surprit, avant de refermer immédiatement après l’arrivée d’eau… Et de regarder Skyler avec un air mêlant… Honte, gêne, détresse et un brin d’humidité en plus :

« Euh eh bien je … Je … Je crois que je vais … enfin … Pitié peux-tu m’aider ? J’y arriverais pas seule … Pardon. »

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On ne pouvait pas spécialement dire que l’histoire décousue et improvisée de la petite Imp était fondamentalement logique, mais elle avait suffisamment de jeu d’acteur pour pouvoir créer un trouble, un doute, un questionnement chez son auditrice. Elle avait perçue l’instant d’ailleurs où Skyler avait cherchée à s’éloigner d’elle, de cette étreinte sûrement trop gênante pour être acceptée de la part d’une inconnue, et elle avait volontairement resserrée celle-ci, comme si elle voulait signifier que ce contact lui était nécessaire. Mais rien de tout cela n’était vrai. Et elle pouvait presque se sentir un peu gênée d’autant mentir à quelqu’un qui l’avait aidée, mais dans la situation où elle se trouvait, toute occasion de s’en sortir, quitte à profiter de la bonté d’autrui, était à prendre. Peut-être s’excusera-t-elle quand elle disparaîtra derrière un voile de mystère, elle cherchait déjà à lui faire un petit présent le moment venu, mais pour l’instant elle s’assurait que la femme lui offre son plein soutien, quitte à ce que cela se déroule au gré de quelques conditions et argumentations. Pour l’instant, elle finit par la relâcher, lui rendre sa liberté et sûrement aussi un peu son confort, tout en l’écoutant entamer ses explications.

Cette histoire de forces de police ne manqua pas de lui provoquer un léger frisson, qu’elle put dissimuler par un signe de timidité feint, son visage s’abaissant rapidement comme si elle essayait de voiler une inquiétude. Torturant ses doigts en les malaxant nerveusement, elle faisait mine de passer de son esprit l’image des « Forces de l’Ordre » démoniaque, et notamment de la légendaire entité représentant la Loi dans les confins infernaux. Visiblement, la police n’était en rien aussi terrible que ce que l’on pouvait avoir aux Enfers, du moins dans le discours de la boxeuse, ce qui lui permit de respirer un petit peu. Ne manquerait plus qu’elle tombe sur un être antédiluvien capable de la réduire en charpie ! Mais non, ici cela semblait simplement être d’autres humains chargés de s’occuper des affaires locales, et donc de son hypothétique secte dans les montagnes. Si elle pouvait les éviter, elle le ferait. Plus difficile de mentir à une personne qui cherche l’exactitude plutôt qu’à une jeune femme au grand coeur. En tout cas elle ne sut que répondre vaguement, entamant déjà quelques signes de recul, continuant de jouer son rôle de simplette en manque de « réalité » :

« Je peux t'expliquer tout ce que tu voudrais ! Mais en échange tu devras dire toute la vérité a la police, c'est important ! J'imagine qu'il y a d'autres enfants dans ce culte et il faut les sauver aussi… Alors toutes les informations que tu vas donner seront importantes !
Eh bien je… Je peux essayer, même si je dois t’avouer que dans ma fuite, je n’ai pas vraiment bien put savoir par où j’allais. J’ai traversé une forêt, puis ait réussi à suivre un chemin de terre avec des indications confuses sur la direction que je prenais… ça m’a prit du temps et je ne sais encore vraiment comment j’ai put atterrir ici. »

Accompagnant le mouvement de cette amie de providence, qui semblait à même de vouloir l’aider, elle lui emboîtait le pas comme un poussin en présence de sa mère. Elle ne manqua pourtant pas de continuer à l’écouter attentivement, s’apprêtant à réagir au moindre petit point qui lui permettrait de  renforcer sa propre histoire, ou alors de diriger désormais la jeune femme sur d’autres pistes de conversations. Après tout, elles étaient désormais toute deux en sûreté en haut de l’une de ces grandes bâtisses de pierre lisse ! Nul danger ne saurait les y cueillir !

« Nous n'allons pas aller à la police directement, nous allons prendre le temps de faire une petite toilette et de reprendre des forces ! De toute façon, on ne craint rien ici !
Merci encore Skyler. Tu sais je … Eh bien j’aimerais pouvoir être plus précise, désolé de n’en savoir que si peu. Quand tu parles de toilettes, il s’agit d’ablutions ? Nous en faisions fréquemment là où je me trouvais, de grandes purifications à l’eau pure. Ce n’est pas très agréable mais on fait avec ce que la nature nous offre n’est-ce-pas ? Est-ce que ça veut dire que nous allons devoir redescendre pour aller au point d’eau le plus proche ? Je dois t’avouer que je me sens plus en sécurité ici, chez toi. »

Elle se doute bien qu’il doit exister d’autres moyens de se nettoyer dans ce nouveau monde technologique, mais elle n’a absolument aucuns droits de présumer, se devant de jouer l’innocente. Dans le fond, elle ne produit que peu de fluides et de saletés, les corps des être démoniaux oscillant souvent entre le « parfaitement sain » et le « parfaitement immonde », et elle-même faisant partie de la première catégorie. Toutefois, elle n’est pas non plus incapable de procéder à ce genre de décrassage rituel, et si elle peut le faire en plus pour resserrer un peu plus les liens avec sa sauveuse, elle se trouverait bien idiote de refuser. En revanche, juste avant, elle s’assoit auprès de cette jeune femme qui semble fort épuisée, et l’observe un court instant, avant de détourner le regard. Elle voulait lui poser quelques questions, ne savait pas si c’était le bon moment, ni même comment elle pouvait les amener… Si bien qu’elle finit par lui sortir une banalité, maladroite, mais un peu plus honnête, avec un ton étrangement sérieux ce coup-ci.

« Désolé de te prendre la tête avec mes soucis. Donner un coup de main à une inconnue qui te mets en danger ça doit … ça doit être horrible, parce que tu fais quelque chose qui est bien mais… Mais qui dans le fond est presque un peu forcé. Merci. »

Peut-être que c’était un peu étrange au vu de son précédent comportement. Ou pas d’ailleurs… Elle avait juste eut envie de le dire, et parfois, elle ne se prenait pas plus la tête que ça.

« En tout cas, quoi que tu fasses ou dises, je suis à ton service, si je peux faire quoi que ce soit. Et … Et bien sûr je suis tout à ton écoutes. »

*
*   *

La cache D était un petit local, sous-loué pour des raisons diverses à une personne inexistante, afin d’en créer une zone de stockage pour une partie des yakuzas habitant à Seïkusu. Tokuro s’était garé plus loin, pour ne pas avoir l’air suspect de quelques manières que ce soit étant donné que les environs résidentielles pouvaient abriter un lot de fouineurs qui, à cette heure, avait le bonheur d’observer toutes lumières suspectes depuis leur fenêtre. Il avait dès lors fait la fin du trajet à pied, puis s’était glissé jusqu’au local, et utilisé son exemplaire de la clé pour y pénétrer sans un mot. Au-dedans, dans la pâle lumière d’une petite lampe de poche posée nonchalamment sur une chaise ajourée, il put immédiatement voir la forme rebutante d’Homura, avachie dans un coin, cigarette tordue au bec.

Homura l’indicateur était un homme de bien 35 ans, mal rasé, cheveux gommés en arrière, et dont la musculature parvenait à peine à rester dans le carcan qui lui servait de chemise. Tokuro ne supportait pas de le voir comme ça, encore plus en sachant pertinemment qu’il était encore, il y a six mois, un crapaud que l’on aurait crû gonflé aux humeurs nauséabondes. C’était ainsi, il changeait de forme et de physique pour correspondre aux « boulots » qu’il faisait pour le compte des chefs de clan… Et visiblement, si il était aussi bien bâti désormais, sa récente affectation avait dût le mener vers quelques travaux sacrément physiques.

« Alors, Homura ? Je suis là, dis moi ton prix, files moi mes infos et je me casse, ok ?
Allons, ne te presses pas. Si tu veux tout savoir, je t’apprécie pas mal, t’es efficace, et pour un jeunôt tu fais ton boulot avec assez de zèle pour que je puisse t’offrir quelque-chose pour un prix tout à fait raisonnable !
T’es loin de me leurrer, j’ai toujours entendu dire que traiter avec toi était la pire des conneries… En tout cas quand on ne fait pas partie des gros poireaux du clan.
Alors sois rassuré, ce que je propose ce soir n’est qu’un… échange de bons procédés. Je te dis où es la petite pute qui t’as « malencontreusement » chourré tes affaires, et avec qui elle est. En échange, je veux simplement que nous … soyons d’accord pour ne pas y aller comme des abrutis.
Comment ça nous ? »

Avec un petit sourire dans la fine lumière de la lampe torche, l’indicateur se relève avec une lenteur affligeante et disgrâcieuse, avant de s’approcher de son interlocuteur. L’instant d’après, il sort de sa poche une petite photo, qu’il lui présente nonchalamment tout en s’appuyant sur son épaule. Sur celle-ci se trouve une jeune femme, en train de boxer dans une salle de sport. Une jeune femme que Tokuro avait rencontré plus tôt dans la soirée, et dont la vue soudaine le fait grimacer. On s’était foutu de sa gueule, il le comprenait enfin :

« Cette petite là, elle s’appelle Skyler, et elle me plaît bien tu vois. Depuis que je suis allé à cette salle pour me « remettre en forme », je l’ai croisé quelque fois, et j’ai bien envie de lui payer une petite visite. Par chance, c’est aussi celle qui a cachée ta petite voleuse. Alors plutôt que de les tueeeeer…..
Quoi ? Parles bordel !
Je te proposes de les domestiquer. Vois-tu, elle vit seule la plupart du temps, et c’est pas prévu que papa revienne avant un moment. Alors tout les deux on va leur rendre visite, on en profite auuuuutant qu’on veut… puis on repart avec tes affaires. N’est-ce pas le plus sympathique ? »

Tokuro ne savait pas vraiment. Il avait déjà flingué du monde, extorqué du fric ou racketté des gamins… S’en prendre ainsi à des minettes, pas encore. Il se tourna lentement vers Homura et demanda, à voix presque étouffée :

« Et… Et si elles parlent de tout ça ?
Oh crois moi, elles n’en parlent jamais ! »

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Ville-Etat de Nexus / Re : Vous avez dit...Une blague?[Flint Eklepios Adaenika]
« le: mercredi 01 juillet 2020, 23:17:48 »
Flint n'était pas du jour à rester sage, mais en cette occasion, elle faisait une exception. Non pas parce qu'elle venait de provoquer sûrement bien plus de panique et de dégâts qu'elle ne pouvait l'imaginer non, mais surtout parce que voulant trouver un peu de tranquillités dans les jardins publics de la cité, elle ne voulait pas faire plus de remous. Tout les petits trublions de son genre connaissaient très bien ce genre de "prudence mal placée", en ce sens qu'il ne fallait jamais provoquer de problèmes aux alentours de ses refuges. Pourquoi ? Eh bien parce qu'il n'y avait rien de moins gênant que d'avoir laissé derrière soi une traînée de poudre pouvant s'enflammer au moindre événement, et qui aurait ainsi toute occasion de vous flamber les miches une fois le dos tourné.

Donc non, là, dans sa marche sereine et tranquille jusqu'aux beaux jardins de Nexus, la demoiselle évitait tout les problèmes possibles. Même, et grand dieu que cela lui fut un effort, elle passa à côté d'un homme bien grand et gras dont la bourse pendait à son flanc tel les testicules du taureau se balancent entre ses pattes, et ne vint même pas y porter la main pour le délester de cet affligeant atour. Bon, ça l'a tant démangée qu'elle a dut se mordiller la main pour s'en empêcher, mais au moins elle ne vint pas risquer son petit temps de paix pour un simple désir de venir engraisser encore un peu plus ses gains dû à l'ensemble de ses rapines. Non, à la place elle se glissa de rue en rue, commença à prendre quelques raccourcis qu'elle avait put emprunter un peu avant, puis remonta l'une des sinueuses avenues dallées qui menait aux hauteurs de la cité, pour finalement atteindre les abords du parc autrement plus vivant que la ville. Ne lui resta rapidement que quelques pas avant d'atteindre l'entrée, mais se fit tristement interrompre dans ses rêveries par une venue ... impromptue si elle osait le dire ainsi. Se trouva devant elle un large bonhomme, sûrement dans sa trentaine, la mine patibulaire et le front tendu vers le ciel, l'ombre de son menton presque capable de couvrir la forme relativement petite de l'Imp. Et pourtant elle était montée sur talon ! En tout cas celui-ci lui fit barrage de l'ensemble de sa masse, bras croisé, et ce n'est qu'après qu'elle ait ouvert la bouche qu'il lui parla enfin :

"Excusez moi, ce n'est guère par volonté de vous ... Eh bien de vous signaler que vous prenez presque toute la largeur de la rue mais ... Eh bien dans votre position, je ne peux guère finir ma route et atteindre les jardins.
 -  L'accès aux jardins est actuellement réduits. Retournez d'où vous venez."

D'aaaaccoooord. Alors honnêtement, même en prenant compte le fait que ce gaillard avait utilisé la deuxième personne du pluriel, son ton et sa position laissait clairement entendre que la politesse ne lui avait pas franchement été inculquée. Et puis à partir de quel moment un jardin public pouvait être interdit de la sorte ? Elle ne voyait aucune forme d'attroupements en plus, ni même la présence des gardes de la cité, et pourtant ces derniers étaient remarquables, avec leurs armures disproportionnées et leurs lances à fanions. Donc pour être parfaitement honnête, elle fit mine de prendre la mouche. Le type était un sagouin, mais peut-être pouvait-il au moins lui donner une explication, encore plus si il faisait partie des gens engagés pour "garder" les lieux, aussi étrange cela puisse être ? Elle se campa devant lui en tapant du pied, comme si il venait d'attaquer l'honneur d'une noble dame, puis en allant quérir son attention au travers d'un regard furieux, elle vociféra sans faire cas de la plus simple et évidente des discrétion :

"Comment ça "réduit" !? Vous parlez à Eléonore Ducras Heinssbel, descendante d'une des familles les plus ancienne de Nexus ! Le minimum que vous me devez est une explication des raisons pour laquelle je ne devrais pas vous sommer de vous agenouillez d'abord, et de me laisser passer ensuite ! Alors, j'attends !"

En terme de ton impérieux et supérieur, elle maîtrisait, ce n'était guère un souci. Le problème, c'est que ce genre de comportement ne pouvait finalement marcher que sur les serviteurs ni trop bête, ni trop intelligent. Cela parce que le bêta finissait souvent par répéter en boucle ses instructions par manque de capacité mentale pour se demander ce qu'il devrait effectivement faire, et parce que le savant choisissait bien sûr de s'en tenir aux ordres par pure conscience professionnelle. Et en cet instant, elle crût avoir trouvée la perle rare, car l'andouille eut l'air déstabilisée, confondue face à cette révélation, comme si on venait très clairement de lui annoncer une informations capitale où sa juste réaction pouvait finir par le mettre grandement en danger. Mais il se révéla bien malheureusement un abruti quelques secondes plus tard :

"Vous ne pouvez allez dans les jardins Madame Heinssbell, nous n'avons aucuns droit de laisser passer qui que ce soit.
 -  Je... Insolent, espèce de... De H'ligureth Othy't'Tion
 -  Que... Comment Madame ?*

Elle ne lui répondit pas. Ce qu'elle venait de proférer n'était pas une injure, mais une incantation en démonique inférieur. Avec seulement un peu de mana, celui-ci permettait d'endormir la victime au plus simple toucher, et la petite Imp l'avait glissé tout naturellement dans sa phrase pour pouvoir se permettre cette fourberie sans que cela ne mette le vigilant homme de main sur ses gardes. Tout au plus cela le dérouta, et offrit d'ailleurs l'occasion à la demoiselle de projeter sa paume vers son visage, l'attrapant entre ses doigts tandis que le sort s'activa immédiatement. Certaines personnes avec une Force Mentale qui leur permettait de résister à ce genre de coups foireux. Enfin, par certaines personnes, il s'agissait généralement des mages, et elle voyait bien à la carrure du molosse qu'il n'étais pas foncièrement porté sur l'art des arcanes. Cela fut aisément confirmer quand l'ensemble du corps de celui-ci se détendit, et qu'elle n'eut qu'à le pousser en arrière pour qu'il chute mollement sur le sol, perdu dans quelques songes soudain, et prêt à dormir comme un bébé pour les heures qui viennent. Tout simplement parfait ! Elle n'attendit donc pas plus et le foula de ses socques avant de finalement dépasser sa masse pitoyable, et de rejoindre enfin le fin et élégant portail de fer forgé qui menait à l'intérieur magnifique des hauts jardins de Nexus.

Une fois à l'intérieur, elle se sentit enfin heureuse. Ces longues allées de verdure émeraude, ces arbres élégamment taillés en quelques géométries fascinantes, ces arches typiques permettant de percevoir le chemin menant aux autres espaces verts de la cité... Tout en ce lieux respirait un entretien soigné et une volonté de splendeurs inégalables auxquels Flint ne pouvait qu'être sensible. En revanche, elle constata que les lieux étaient bien vide en cette période de la journée. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais elle ne comprenait franchement pas l'utilité de clore un tel endroit en une période où tous souhaiteraient s'y balader. Enfin, elle voyait bien quelques endimanchées plus loin, mais elle opta pour un petit détour, après tout elle n'était guère invitée et voulait pouvoir faire sa marche contemplative sans plus de gardes et de miliciens, enfin, de lourdauds pour lui sommer de retourner d'où elle vient. Cela ne prit qu'un peu plus de dix minutes, juste assez pour éviter le gros du rassemblement et repartir un peu plus loin, non sans croiser un jeune homme accompagné de son serviteur et homme de main. Elle n'en fit rien, ne dévia que peu sa trajectoire, fit mine d'être dans son bon droit malgré l'étrangeté de sa tenue et de sa présence. Après tout, ce n'est pas le PREMIER type sur qui elle tomberait qui viendrait l'ennuyer, n'est-ce p...

"Bonjour, j'espère que vous allez bien. Quelle belle matinée ! Mais vous semblez nouvelle en ce lieu. Je peux peut être vous aider ?"

Adieu ses grands projets de tranquillité apparemment. La démone inférieure se retourna et observa un peu plus longuement celui qui était venu lui offrir quelques banalités polies. Honnêtement, il avait un certain charme fin, celui de l'adulte qui n'a pas encore souffert des affres de l'âge. Et pourtant, elle disait cela alors que quelques rides d'inquiétudes se formaient déjà sur son front et le coin de ses paupières. Non sans parler de la chevelure désordonnée et blanche de cet homme. Quels soucis avait put teinter ce visage d'une telle manière ? Finalement elle aurait put chercher à l'éviter, à s'esquiver, mais cette étrange apparition, avec cette courtoisie clairement aussi factice que ne l'était cette approche "innocente", avait eut le don de titiller un instant sa curiosité, et elle s'y laissa prendre consciemment.

"Si vous avez envie de manger, je peux vous procurer beaucoup mieux. Pour toute contrepartie, je ne demande qu'une seule chose : Que vous me fassiez plaisir en acceptant, pour un bref moment, ma compagnie à la terrasse d'un café que je connais plutôt bien : Le trident du rétiaire
 -  Hum, permettez moi..."

Elle grignota un nouveau bout de sa lombe, puis croisa les bras, faisant mine de réfléchir. Son choix était tout fait, il avait eut un assez bonne impact pour qu'elle puisse concéder un peu de son temps. Ce qu'elle voulait, c'est de ne pas tendre à faire l'idiote, et paraître bien trop avenante. Surtout que quelque chose la gênait suffisamment pour qu'elle ait à ... poser des conditions :

"Je dois vous avouer que même si cette lombe est succulente, midi approche, et je pense en effet qu'un véritable repas ne saurait que me plaire. Aussi je ne vois pas de raisons pour moi de refuser une telle invitation. En revanche..."

Elle se tourna vers l'homme de main qui était resté auprès de ce diligent jeune homme.

"Si j'accepte de déjeuner auprès de vous, ce n'est pas pour que votre homme de main me dévisage comme il le fait actuellement. J'aime manger en paix. Et je pense qu'avant que je ne vous suive, il est de bon ton que vous vous présentiez n'est-ce-pas ? Oh et permettez"

Prise dans son jeu d'actrice, et s'en amusant évidemment, elle ne manqua pas d'accorder ses propos d'un salut propre aux nobles dames  de Nexus. Toutefois, n'ayant ni robe, ni atours lourds et pompeux, elle se contenta de plier le dos, une jambe en arrière, et de quérir les deux lourds pans de tissu à l'arrière de sa tenue pour les redresser du bout des doigts, comme on le ferait des pans d'une royale tenue.

"Appelez moi Flint. Mon nom complet sait se trouver ô combien complexe et pompeux, mais si vous souhaiteriez aussi le connaître, comme le veut les bonnes moeurs, le voici : Flint Eklepios Adaenika"

14
Allez savoir pourquoi, mais plus elle tentait de rattraper ses innommables bourdes, et plus elle avait l'impression d'appuyer encore un peu plus le fait qu'elle ne connaissait proprement rien à ce monde sortit des pires cauchemars. Et normalement elle n'en aurait sûrement rien eut à faire, mais quand elle écouta sa sauveuse, qu'elle l'entendit prendre un autre ton pour lui expliquer le terme argent sale, elle eut un petit pincement au coeur, sa fierté en prenant un coup. C'était pas tant le fait qu'elle ait cherchée à lui expliquer les choses, non ça c'était plutôt louable de la part de l'humaine, mais plutôt le fait qu'elle avait presque eut l'impression que cette jeune femme avait choisie de l'expliquer de manière à ce que même un enfant de 6 ans pourrait le comprendre. Alors que bon, soyons parfaitement honnête, vu comment Flint gagnait son revenu hebdomadaire, il était assez évident qu'elle pouvait comprendre le sens des termes "argent sale".

En revanche, elle fut plus que redevable à Skyler lorsque celle-ci lui expliqua la fonction du petit pochon et de son contenu. D'aaaaccoooord ! Donc il s'agissait là d'une drogue de ce monde. Comme quoi, toutes les sociétés avaient leur vices, sous bien des formes. Oh ce n'était pas comme ci la démone s'y connaissait en drogue, elle n'avait jamais vraiment eut d'intérêt pour la consommation des produits pouvant altérer la perception des choses alentours. Croyez le ou pas, elle avait toujours évitée de consommer le fameux doucras, la boisson alcoolisée produite par les imps depuis des millénaires, et à peu près la seule création aux enfers pour laquelle ils étaient reconnus. Un corps sain pour un esprit qui ne l'était guère, mais passons. En tout cas, non sans ressortir le porte-monnaie et donc le fameux produit, elle ne manqua pas de repenser à la petite pochette avec une curiosité qu'il ne valait mieux pas qu'elle exprime. Tout au plus repensa-t-elle à ces tribus indigènes qu'elle avait rencontrée lors de ses périples, et du terrible Nar'Gon'da, cette poudre chamanique qu'ils se collaient suffisamment dans le pif pour croire que des esprits ancestraux mi-lézard mi-félins veillaient sur eux. La décadence de l’humanité, et après ce sont les démons et les mauvais esprits les coupables...

En tout cas, tirée de ses conclusions par la sensation gênante qu'un silence s'installait entre elles, elle décida plus ou moins de reprendre la parole, alors qu'elles parvenaient aux abords d'une de ces hautes et impressionnantes habitations. Bon sang, elle ne voudrait pas finir de se rendre ridicule, elle demanderait bien à tout savoir sur ces tours et la raison de leur si nombreuse présence en ces lieux ! Pourtant, et parce que même si elle avait jouée le jeu, elle ne voulait plus passer pour une simplette, elle prit un ton plutôt confiant en elle et enchaîna avec une mine un peu moins sombre et affligée que plus tôt :

"Je... Tu sais je me dis que sans toi je serais vraiment dans un merdier sans fond alors ... Merci en tout cas, de veiller sur moi alors que tu avais sûrement bien mieux à faire de ta soirée."

Une manière de la remercier, un peu, notamment parce qu'elle avait vraiment l'impression de ne pas l'avoir assez fait au vu de la situation dont elle l'avait tirée. Arrivant près d'une large porte à la fin de ces quelques mots, elle laissa faire la jeune fille qui l'accompagnait, attendant sagement qu'elle vienne passer sa drôle de petites cartes, appuies sur elle-ne-savait-quoi, puis qu'elle lui ouvre soudainement la porte après qu'un simple petit cliquetis métallique se soit fait entendre.Bon sang, elle n'y comprenait rien, ça commençait à lourdement la souler, elle voulait savoir ce qu'il se passait dans ce monde de merde et comment tout cela fonctionnait, parce que ... Eh bien à moins d'une magie ou d'un sort, elle voyait mal comment une porte se déverrouillait toute seule, et clairement, Skyler, aussi mignonne qu'elle pouvait être, n'avait visiblement pas plus de magie qu'un galet récupéré au bord d'un étang boueux. Alors tout en suivant cette demoiselle à qui elle devait beaucoup, comme le ferait un adorable poussin derrière sa poule de mère, elle cherchait encore et encore le moyen de lui poser des questions sans sembler comme étant complètement stupide. Le pire ? Elle commençait sérieusement à se dire que la meilleure des idées serait d'avouer qu'elle vient d'un autre monde. Ou comment dire à un humain que l'on est complètement cinglé...

Enfin. Elles entrèrent toutes les deux dans une petite pièce, nouvelle étrangetés qui, aux yeux de la démone, ne faisait que s'ajouter à une longue liste d'improbabilités dont la présence croissante l'agaçait fortement. Étrangement toutefois, ce fut alors pour la démone fort inférieure de pouvoir enfin contempler son providentielle amie dans une lumière constante et presque aveuglante après ces heures de marches dans la nuit. Elle avait... Enfin, Flint n'aurait sûrement que bien mal les mots pour le décrire, mais elle voyait sur le doux visage de Skyler un charme délicat, un fin sourire qui était réconfortant, l'oeil vif et clair propre à ceux qui font attention aux détails, et puis... Rah elle ne trouvait pas, c'était d'un frustrant. Quelques chose entre l'adolescente et l'adulte, cet étape si étrange de la vie où l'on peut lire encore un brin d'innocence sur le visage de quelqu'un, mais sans que cela ne soit gâché par quelques idioties infantiles. Très honnêtement l'étrangère à ce monde aurait put perdre des heures à cette contemplation aussi inutile que fascinante, mais le démarrage de l’ascenseur, avec sa petite musique, la surprit tant qu'elle eut malgré elle un petit cri de stupeur, avant qu'elle ne se mette en boule au sol de peur de tomber. C'était quoi cette machine du Diable !?

Mais en quelques secondes ça s'arrêta. Elle n'eut qu'à sortir (et d'ailleurs plutôt deux fois qu'une) en suivant au pas Skyler, se laissant guider jusqu'à la porte la plus proche, et en passer le seuil sitôt celle-ci ouverte. Elle n'aurait sût dire ce qui l'impressionna le plus : La large baie vitrée du salon ? Ces meubles tous plus confortables et élégants les uns que les autres, signe d'une importante richesse ? Peut-être le nombre incroyable de 6 portes communicantes pour une seule pièce ? L'espace énormissime laissant entendre que l'étage entier de cette tour leur était acquis ? Elle en avait presque la tête qui tourne, et heureusement, sa compagne la tira de cette sensation vertigineuse avec un ton presque .... commun, tranchant particulièrement avec l'aspect majestueux de l'habitation aux yeux de l'imp.

"Bienvenue chez mon Père !
 -  Quelle magnifique demeure ! Je ne savais pas que de tels logements existaient, dans de pareilles tours.
 -  Bon avant toute chose... Flint c'est bien ça ? Est-ce que dehors il y a quelqu'un qui t'attend ? Ton papa, ta maman ? Un tuteur quelqu'un qui prend soin de toi ?"

Cette question là, elle ne l'avait pas vue venir. En revanche, elle remarqua que la jeune fille ôta ses chaussures lorsqu'elle était rentrée, aussi fit-elle de même, même si ces socques étaient bien plus simples à retirer.Se glissant un peu à la suite de Skyler, l'étrangère se garda un brin de silence, pour réfléchir une dernière fois à la manière de lui répondre à ce propos. Elle vit son dos, hésita à jouer sur la corde sensible, finit même par trouver cela bien plus intéressant que toutes les tentatives de justifications du monde. Et puis, elle n'avait qu'à déformer la réalité non ? Alors elle accéléra le pas pour rattraper son retard. Alors qu'elles étaient dans la cuisine, elle finit par atteindre le dos de la boxeuse, et la prit dans ses bras en forçant légèrement le tremblement de ses membres, comme si elle était sur le coup de l'émotion. Elle avait un drôle de rectangle lumineux entre les mains mais n'en fit cure. Elle se mit à parler, lentement, d'un ton un peu saccadé.

"Je... Non, il n'y a personnes dehors à ... m'attendre. J'ai fuis. Mes parents... mes parents font partie d'un culte obscur, dans les montagnes. Ils ont voulut m'offrir au chef des lieux, que je sois sa... sa chose. Jamais.... Jamais je n'aurais pû. Alors j'ai fuis... Mais je comprends pas cette grande ville, et ses habitants. Des jours que je .... que je déambule sans pouvoir faire autre chose que chiper de la nourriture pour manger et prier les dieux de ne pas m'en punir.*

Un vrai talent d'actrice, une révélation criante de vérité... Parce que finalement c'était bien son histoire, juste remaniée. Plus qu'à espérer que les cultes existaient aussi en ce monde sinon elle allait définitivement perdre toute crédibilité. Ce qui était en revanche plus honnête, et ce même si l'imp avait vue les verres d'eaux que son hôte avait servie, c'est que le contacte de la jeune femme contre elle lui offrait un véritable réconfort. Assez pour qu'elle insiste par une légère pression de ses bras quand Skyler voulut quitter la sûrement bien gênante étreinte.

"Désolé, j'ai dû... avoir l'air stupide plutôt. Je m'en veux de t'en demander tant mais.... saurais-tu m'expliquer ces choses que je ne comprends pas ? Que je.... Que je puisse me débrouiller par moi-même une fois que ... que j'aurais assez abusé de ta bonté ?"

*
*   *

"Bah alors les blaireaux, on arrive pas à chopper une fuyarde ?"

De l'autre côté de la ville, les événements se gâtaient un peu. Après une course poursuite de longue haleine, le trio de yakuza avaient finit bredouilles, même après avoir traversé le présupposé tram avec lequel la jeune voleuse s'était enfuit. Ils avaient provoqués un joyeux raffut d'ailleurs, et en voyant bien que le conducteur du tram avait signalé leur présence aux autorités, avaient finit par sortir pour aller se terrer un peu plus loin, là où les emmerdes ne viendraient pas les trouver. A peine cachés sous un pont, l'un fumant compulsivement une cigarette et un autre se défoulant en jetant quelques coups de pieds rageurs dans un poteau, le troisième des comparses reçu un appel qui ne manqua pas de lui faire grincer des dents. Homura l'informateur, un sale type, ne téléphonait à personne sans une bonne raison... et un marché à conclure. Tokuro décrocha toutefois et la première phrase de son interlocuteur lui permit aisément de comprendre la situation.

"Ta gueule ! Qu'est-ce que tu veux ? Tu vas pas me dire que tu sais où est cette pute, quand même ?
 -  Oh mais si bien sûr. Je sais même avec qui elle se trouve.
 -  Putain dis le moi, de suite !
 -  Du calme allons du caaaaaalme. Je ne donne pas mes infos gratuitement, mais je peux te faire un prix tu sais ? Je n'ai qu'une condition : Lâche les deux blaireaux qui sont avec toi, retrouve moi d'ici ... Hmmm on va dire une demi-heure à la cache D, et je t'offres tout cela sur un plateau, ça te dis ?
 -  Tu te fous de ma gueule, je sais qu'il y a autre chose !
 -  Mais ça attendra que l'on soit face à face. A tout de suite alors.
"

L'informateur raccrocha sans attendre de réponse, manquant de donner envie à Tokuro de jeter son téléphone portable. Il ne le fit bien sûr pas, mais en revanche, il vint frapper d'un grand coup de pied le réverbère le plus proche en hurlant, puis se tourna vers ses deux comparses.

"J'me casse, Homura semble savoir où se trouve la pute qui nous a tirer la coke, mais... Mais ouais vous connaissez ce salopard. Si j'ai du nouveau j'vous biperais. A plus tard !"

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Prélude / Re : Marie Louise de Amboise ~ a frenchy in Japan
« le: dimanche 28 juin 2020, 18:26:26 »
Bienvenue à toi Marie-Louise, dans l'espoir que nos contrées te plaisent.

Désolé en revanche de te le dire, mais normalement les fiches incomplètes sont interdites. Courage toutefois pour sa complétion.

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