Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Katelin Elinore Strauss

Pages: [1] 2
1
Le coin du chalant / Re : Des Romains et des barils de pétroles
« le: samedi 23 mars 2019, 11:18:05 »
Ça veut piller et jouer à la guerre, mais ça ne sait pas fermer correctement les balises. Ah, ces hommes...

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Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: mardi 05 mars 2019, 14:49:28 »
La perception de Katelin s’étendait bien au-delà des possibilités humaines. Les tractations avec les démons lui avaient permis de repousser les limites physiques et magiques de son corps, ses sens, sa longévité… Tout cela avait naturellement un prix, et l’essence même de son être penchait de plus en plus vers un aspect démoniaque, ou tout du moins, fortement corrompu. Ici, dans cette forteresse abandonnée, elle percevait d’autant plus les effluves magiques dans l’air, presque palpables.
La sorcière maitrisa respiration, inspirant et expirant calmement pour étendre au maximum sa perception surnaturelle. Le plus ardu était d’ignorer Rivoria. Au moins, la peste chamane lui avait répliqué en la vouvoyant, ce qui constituait un net progrès et indiquait que le message était passé. Katelin sourit en fermant les yeux. Face à des barbares des cavernes, un peu d’autorité et un rappel à l’ordre suffisait souvent à les tenir en laisse.

*Et la voilà partie.* Remarqua-t-elle, lasse, en voyant la drow disparaitre au sommet d’un mur. *Ces créatures des cavernes sont comme les chatons, un rien suffit les distraire…*

Un long soupir s’échappa des lèvres de la sorcière. La drow était sa guide pour le meilleur et pour le pire, et elle ne pouvait se permettre de la laisser filer. Jusqu’à ce qu’elle n’ait plus besoin de ses services au moins. Katelin se faufila à l’intérieur des ruines de la forteresse, entre les formidables piliers écroulés et les restes de murailles, faisant profil bas. De la magie était actuellement mise en œuvre, son manipulateur inconnu, et mieux valait se faire discrète avant d’en savoir davantage.
Katelin gagna l’abri sommaire d’une baraque, probablement une caserne, au toit éventré. L’idée lui vint de simplement prendre de la hauteur, en choisissant la forme d’une chauve-souris. Mais, outre qu’elle s’était déjà transformée deux fois récemment, elle répugnait à utiliser sa magie à cet instant. Qui sait quel genre de mage se trouvait dans le coin ? Et qui sait s’il n’était pas capable de détecter une autre magie ? La solution lui parut aussitôt évidente.

« Viens… » Commença-t-elle avant de marmonner des syllabes raques.

La sorcière prit la peine de s’asseoir sur une pierre de taille à moitié enfouie, tandis que deux cercles jumeaux incrustés d’une étoile à cinq branches se dessinaient dans la poussière. Apparu alors au milieu une petite forme rouge sombre, à peine plus grande qu’un enfant, aux ailes parcheminés. Le diablotin s’étira longuement, comme s’il sortait d’une longue sieste, et regarda placidement Katelin.

« Ouais ? » Dit-il en se raclant la gorge.

« Langage, merci. Je croyais t’avoir pourtant suffisamment appris les bonnes manières. »

« Pardon, maitresse. »

« C’est mieux. Tu vas me retrouver une drow qui s’est aventuré dans le coin, je vais t’en laisser une image mentale. » Ordonna-t-elle au démon. « Ah, elle doit être près d’une source magique inconnue, alors sois discret. »

Le petit démon se gratta le derrière en hochant la tête, ce qui arracha un soupir exaspéré à la sorcière, avant de s’envoler en rasant le sol. Katelin n’avait plus qu’à prendre son mal en patience. L’invocation possédait le grand avantage de générer peu de magie, étant donné qu’il s’agissait du rappel d’un pacte, et non d’une nouvelle convocation. Si les sorcières avaient coutume d’utiliser des familiers, souvent des animaux considérés comme vils, elle-même était bien différente, comme elle appréciait à le rappeler.
En effet, ce démon mineur n’était autre que son propre familier, un niveau au-dessus et bien plus efficace que de simples animaux de chair et de sang. La magie noire permettait à la sorcière de voir par les yeux de son serviteur, de partager certaines de ses pensées pour lui donner des ordres à distance. Cela avait néanmoins des inconvénients, mais Katelin en avait vite apprécié les avantages.

*Ne te fais pas remarquer surtout. Et montre-moi ce qui pulse toute cette magie.* Dit-elle à son serviteur qui voletait silencieusement entre les ruines.

Grâce au lien mystique l’unissant à sa maitresse, le diablotin avait une bonne image mentale de l’apparence de Rivoria, et même… De son parfum. Katelin était en effet, une maniaque des détails. Tant et si bien que son serviteur fila directement vers l’endroit où la Liche se tenait, créant son portail, et, avec toute la discrétion d’une ombre, il se glissa non loin de la drow invisible.
C’était l’un des avantages d’un démon familier : Ils possédaient des pouvoirs incomparables par rapport à un vulgaire mammifère, même s’ils n’avaient qu’un intelligence limité. Il eut tôt fait de suivre l’odeur de Rivoria et, en se posant à proximité sans un bruit, put voir partiellement dans l’illusion de son camouflage. En réalité, Katelin pilotait quasiment son serviteur. Celui-ci suivait ses indications, même s’il était capable d’initiatives, et la sorcière profitait de ses sens affutés.

« C’est un portail. » Chuchota-t-il à Rivoria sans se présenter, puis enchaina rapidement. « Ma maitresse me fait dire que le pentacle c’est un portail pour faire passer des créatures en masse. Ou bien une très grosse. »

Le petit démon s’appuya nonchalamment sur un muret, profitant de sa petite taille pour demeurer hors de vue de la clique mort-vivante. Il lorgna sur les contours de Rivoria, à peine perceptibles sous son camouflage, une mimique complètement indépendante de la volonté de Katelin.

« C’est vrai que t’as un joli cul. » Commenta le démon, comme s’il confirmait un fait déjà enregistré dans son esprit.

Quelque part plus loin, Katelin poussa un nouveau soupir exaspéré. C’était exactement le genre d’inconvénient d’un démon familier capable d’avoir sa propre volonté et de s’exprimer de lui-même. Lui faire tenir sa langue n’était pas toujours évident, surtout à propos de certaines pensées…

3
Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: dimanche 03 mars 2019, 21:15:49 »
Au grand désespoir de Katelin, sa coiffure ne ressemblait plus à rien. La fuite éperdue à travers les galeries obscures avaient laissé ses soyeuses et précieuses mèches de nacre dans un chaos total. La sorcière entreprit de les ordonner avec un soin minutieux, alors que Rivoria s’estimait suffisamment supérieure pour la sermonner sur sa conduite. A la vérité, elle ne l’écoutait guère. L’hygiène et sa tenue lui paraissaient mille fois plus importantes que les plaintes d’une elfe des cavernes.

*Qu’est-ce que c’est que ça ?* S’interrogea-t-elle en retirant une matière spongieuse de ses cheveux, une grimace de dégoût plissant son visage pâle, alors que sa guide continuait à geindre.

Katelin ne lui prêta pas la moindre attention toutefois, et se résolut finalement à attacher sa belle crinière d’argent. Mieux valait oublier sa coiffure quelques temps, plutôt que de risquer des taches définitives et d’être contrainte de les raser. Une humiliation modérée pour éviter une catastrophe.

« Oui, bien, allons-y. » Dit-elle rapidement pour conclure l’agaçant chapitre des araignées.

La sorcière leva les yeux au ciel. Comment pouvait-on faire toute une histoire pour de vulgaires arachnides ! Cela la dépassait. Rivoria acceptait finalement de la guider, et c’était bien la seule chose qui lui importait plutôt qu’un sombre culte primitif sur de simples insectes. Elle emboita aussitôt le pas à sa guide, tâchant d’éviter les coins sombres où pouvaient se tapir les pires crasses répugnantes.
Néanmoins, le pire était encore à venir. De passage bas en boyau étroit, la progression au travers de l’Outremonde se révéla de plus en plus pénible, et parfois même dangereuse. Surtout pour ses habits. Katelin se contorsionna à la suite de sa guide dans un passage si maigre, que son pantalon s’accrocha à l’une des stalactites, le déchirant copieusement jusqu’au genou.

*De mieux en mieux. Elle me fait passer aux pires endroits, c’est certainement fait exprès.*

Maigre consolation, la sorcière n’était pas sujette à la claustrophobie, et la vue du fessier de Rivoria se trémoussant entre les parois, était au moins un peu distrayante. A peine de quoi juguler sa mauvaise humeur, et l’empêcher de s’en prendre verbalement à sa guide.
Emergeant enfin du boyau, Katelin jura tout bas en secouant sa botte, une grimace de dégoût plissant son visage pâle tandis qu’une substance spongieuse se décollait de sa semelle avec un bruit répugnant. Ce calvaire ne semblait donc pas avoir de fin ! Jamais la sorcière ne s’était sentie aussi sale, aussi humiliée qu’en cette maudite journée où, pour parachever l’horreur, Rivoria lui faisait désormais la leçon sur l’Outremonde.

En réalité, Katelin n’avait fait que survoler le sujet. Lorsqu’on étudiait les arcanes, on en venait naturellement à évoquer les chapitres des créatures surnaturelles, de toute nature, et leur influence sur l’histoire de Terra. Néanmoins, qu’une tierce personne puisse en savoir plus long qu’elle, cela l’insupportait. Rivoria se lança dans une explication interminable, alors que la sorcière fulminait en silence, tâchant maladroitement de camoufler la déchirure de son pantalon.

« Merci bien pour la visite touristique, je penserai à vous garder un pourboire. » Lâcha-t-elle, sarcastique avant de suivre la drow malgré tout.

La perspective de s’aventurer dans pareil endroit était loin de l’impressionner. Katelin était avant tout une sorcière sans aucun scrupule, dont les expérimentations les plus noires et la fréquentation de démons lui avaient valu une condamnation définitive de l’Ordre de Nexus. La sorcière daigna un regard vers Rivoria tandis que les deux femmes continuaient leur chemin à travers une tranchée.

« Il nous suffira d’être prudentes voilà tout, inutile d’en dresser un portrait exagérément dramatique. D’ailleurs, je ne crois pas vous avoir autorisé à me tutoyer. Si être malpoli est d’usage chez les elfes des cavernes, sachez que ça ne sera pas possible avec moi. »

Sur cette nouvelle tirade, Katelin dépassa sans un regard sa guide, cette dernière probablement crépitant de colère, pressant le pas pour atteindre les abords de la forteresse. L’air était déjà vicié. La sorcière plissa le nez sans accorder plus d’attention à Rivoria, et marqua un temps d’arrêt. Sous ses pieds se formaient les premières marches marquant la fin de la tranchée et le début du chemin vers la forteresse.

« Taisez-vous donc une seconde. » Intima-t-elle à sa guide en pointant un doigt vers elle. « Il y a eu de la magie dans cette structure, récemment… »

Seul le silence répondit à sa réflexion à haute voix. Néanmoins, les sens de Katelin percevaient quelque chose… Des créatures en train de les observer dans l’obscurité, des consciences en éveil.

« Je crois que vous devriez vous préparer. » Déclara-t-elle à Rivoria comme s’il s’agissait d’une banalité.

A peine la sorcière avait-elle terminé sa phrase que des grognements répugnants se firent entendre au-dessus d’elles.

4
Le thé était presque terminé d’infuser. Katelin en retira délicatement le sachet d’infusion à l’aide de sa petite cuillère en argent ouvragée et déposa le tout dans une soucoupe en porcelaine à part. Délicates, rares, et très coûteuses, les herbes répandaient un parfum aromatisé qui flattait les sens, surtout lorsqu’elle y ajouta un doigt de miel. Elle commença à remuer délicatement la boisson, tenant la cuillère du bout de ses doigts manucurés, veillant à ne point renverser une goutte.
 La sorcière appréciait la perfection de ces collations. La tasse était posée sur un napperon décoré de filigranes noires, la vaisselle était d’argent et de porcelaine, alors qu’elle-même était habillée élégamment. Une riche robe de tissu somptueux, teinte de noir et décorée de fanfreluche argentées, le tout ouvrant sur un léger décolleté révélant un soupçon de sa poitrine laiteuse. Katelin était parfaite, elle le savait bien, et elle tenait à ce que son environnement le soit aussi.

Le calme était appréciable aussi. Elle souleva sa tasse lorsque la corne d’alerte de la garde hurla au loin, la faisant sursauter et renverser une larme de son précieux thé.

« Ces crétins… » Maugréa-t-elle en reposant la tasse pour éponger la flaque. « S’ils sont encore ivres, ils vont le regretter. »

Le salon, où Katelin avait coutume de prendre le thé, était aménagé en cabinet de curiosité et disposait, parmi les vitrines d’expositions, un luxueux miroir incrusté dans le mur. Elle claqua des doigts tout en nettoyant le thé renversé. La surface de l’instrument aux contours gothiques se troubla, révélant une vue plongeante sur le bourg, et la porte principale aux prises avec la horde.
La sorcière soupira en jetant un coup d’œil sur l’instrument magique. Les raids similaires étaient légions dans les terres désolées, mais étrangement, son village avait été plutôt épargné ces dernières années. Elle avait tenté de déménager avant que cela n’arrive, mais déplacer ces affaires constituait une telle corvée que Katelin avait finalement compté sur les mercenaires de la bourgade par facilité. Ils étaient payés pour cela après tout, se faire tuer pour lui permettre de vivre tranquillement.

« Quelle bande d’incompétents, ils les laissent aller partout. Voilà ce-… »

Un grand bruit au rez-de-chaussée l’interrompit subitement, la faisant sursauter et renverser son thé une seconde fois d’affilé. Katelin pesta en changeant la vision du miroir magique. La surface se troubla à nouveau avant d’afficher le joli jardinet avec son beau portail à présent défoncé. La sorcière orienta la vision vers son élégante porte d’entrée qui s’avéra également en ruines.
Katelin pinça les lèvres. D’un point de vue extérieur, elle semblait parfaitement calme, mais cette petite mou suffisait à indiquer que la jeune femme fulminait intérieurement. Et lorsqu’elle changea la vision du miroir pour regarder son vestibule, la découverte d’une barbare rousse dépenaillée en train de saccager son intérieur acheva de la mettre dans une colère noire.

*Oh, toi… Toi, tu vas me payer ce saccage…*

Le guéridon que cette bête sauvage venait d’écraser lui avait coûté une fortune ! Katelin décida d’agir avant qu’elle n’en vienne à éventrer les armoires à vaisselles, et utilisa ses sortilèges.

Alors que Xélia était occupée à beugler dans l’entrée, une obscurité totale et inattendue s’abattit en un instant sur toute la maison, accompagnée d’un silence tout aussi soudain. La barbare ne voyait ni n’entendait plus rien : un noir d’encre avait tout englouti et un silence de tombe remplaçait les bruits extérieurs. L’air puait la magie. Seule la présence des débris de mobiliers sous ses pieds indiquait que la barbare était encore dans la maison, mais au-delà, ce n’était qu’un noir d’encre inquiétant.

« Oui, il y a quelqu’un, mais tu as choisi la mauvaise maison, je le crains. Les barbares n’ont peur de rien, n’est-ce pas ? Nous allons voir ça. » Dit une voix de femme.

La voix de Katelin résonnait de partout à la fois autour de la barbare, et pour cause, la sorcière n’était pas vraiment là. En réalité, elle se trouvait encore à l’étage, devant son miroir magique, manipulant sa magie à distance et elle cherchait simplement à faire perdre ses repères à l’intruse.
Dans ce noir complet, une paire d’yeux rougeâtres et reptiliens se mirent à flotter à hauteur d’homme, comme si quelque créature au corps invisible observait la barbare. La maison de la sorcière n’était pas seulement protégée par des sortilèges classiques, en bonne adepte de la magie noire qu’elle était, mais également par un démon mineur servile capable de s’y dissimuler.
Hors Xélia n’allait pas être au bout de ses surprises… Alors que ces inquiétantes pupilles l’observaient sans ciller, la barbare pouvait sentir quelque chose s’enrouler autour de ces jambes. Comme le corps froid d’un serpent, de puissants anneaux montaient le long de ces cuisses pour l’immobiliser.

« Débats-toi si tu as envie, personne ne t’entendra. Oh, et tu peux me supplier aussi. » Fit la sorcière aux oreilles de Xélia.

Les yeux du démon n’avaient toujours pas bougé, la fixant encore, dans cette obscurité totale…

5
Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: mardi 22 janvier 2019, 00:01:02 »
L’Outremonde ne lui plaisait guère. Katelin était déjà lassée de ces grottes labyrinthiques, de ces répugnantes créatures, de cette obscurité poisseuse et bien pire, de cette atmosphère puante. L’odeur fétide de C’thun gangrenait encore l’air, comme si la roche elle-même en était imprégnée, et la sorcière eut la terrible impression de sentir mauvais elle aussi. Elle brossa son pantalon de voyage avec une grimace de dégoût, et éjecta d’un revers de main une espèce de glaviot immonde, mélange de mucus du grand Ancien et de débris de roche séculaire.
Un bain. Katelin avait besoin urgent, presque vital, d’une énorme baignoire où se prélasser longuement, se débarrasser de cette crasse et oublier quelques temps ces soucis. Tout occupée à se morfondre sur l’hygiène déplorable des lieux, elle en oublia quasiment la présence de l’elfe bleutée.

« Oh, vous n’allez donc pas faire une histoire de quelques araignées. Elles ont fait tampon, comme vous dites, vous devriez en être satisfaite. » Lâcha-t-elle, piquée au vif.

La journée de la sorcière avait allégrement dépassé les limites de l’intolérable. Elle avait fui comme une voleuse, chevauché sans trêve dans la poussière du désert, traversé des grottes obscures avec une meute de Paladins derrière elle, survécue à des araignées géantes et un grand Ancien. Et pour couronner le tout, Katelin était perclus de crampes et sale ! Sale !
Katelin retint à grand peine une réplique bien sentie. L’impudence de cette elfe ! Qu’on puisse lui parler sur ce ton, la tenir responsable de ces mésaventures, c’était inacceptable. La sorcière se considérait comme une invitée de marque dans ces profondeurs reculées et barbares, on devrait la choyer, l’accueillir confortablement, et non l’accuser de la disparition de quelques arachnides.

Elle refoula néanmoins son exaspération, et emboita rapidement le pas à sa guide. Celle-ci la guida à travers un réseaux de tunnels, boyaux étroits et salles plus grande, le tout illuminé par la vague lueur magique de son bâton. Katelin conserva un silence total, ruminant ses options pour sortir de cet endroit.

*Jeune femme ? Tseuh. Je suis sans doute ton ainée, petite pimbêche...*

Katelin marqua toutefois une pause afin de promener son regard sur le paysage souterrain. Moche fut le premier adjectif qui lui vint à l’esprit. La sorcière ne partageait guère le goût des elfes noirs pour les endroits souterrains, surtout quand celui-ci ressemblait à un vaste champ de ruines chichement éclairé. Les palaces de marbres aux draperies finement tissées, meublées de mobilier chaud et confortable, correspondaient davantage à ses goûts et à sa stature.
La vie en souterrain était une chose, mais l’absence du minimum de confort civilisé, cela la dépassait totalement. Les mains sur ses hanches, Katelin afficha une mine de mépris total face à ce spectacle. Le raffinement de l’architecture était, à ses yeux, intimement lié à l’intelligence de la race l’ayant construite. Hors, si de telles ruines étaient véritablement habitées, cela ne pouvait qu’indiquer une race particulièrement barbare et primitive.

« Vous n’allez pas recommencer avec vos enfantillages, c’est évident que je ne connais pas cet endroit, qu’est-ce que vous voulez me faire dire ? » Katelin haussa le menton, jaugeant Rivoria d’un air hautain, comme envers une enfant en passe de commettre une bêtise. « Ne soyez donc pas sotte, je ne me suis pas transformée par plaisir. Voulez-vous que je formule cela autrement ? »

La sorcière secoua la tête d’un air condescendent, se massa le front, et articula un à un ses mots, comme si elle s’adressait à un être attardé mentalement. Et visiblement, même émettre une demande envers autrui la répugnait.

« Pouvez-vous s’il vous plait me guider vers votre… demeure, caverne, peu importe comment vous l’appelez. » Dit-elle, en agitant négligemment la main. « De préférence avec de l’eau pour se laver, donc propre. Je vous rembourserai le prix du logement. »

Des mots prononcés avec tant de parcimonie, qu’ils semblaient lui écorcher la langue. Ce qui n’enlevait rien au caractère irrespectueux du ton employé, et un rictus méprisant ne s’effaçait jamais complètement du visage de Katelin. Celle-ci croisa les bras, et attendit impatiemment qu’on veuille bien la servir…

6
Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: vendredi 11 janvier 2019, 18:13:56 »
La grotte toute entière résonnait de bruits flasques et spongieux à mesure que les répugnants appendices de C’thun se mouvaient tout autour de Katelin. Celle-ci demeura sonnée l’espace d’un instant, flanquée par terre d’un seul coup de tentacule, avant que l’odeur pestilentielle de l’Ancien ne l’arrache définitivement de son étourdissement. La sorcière recula précipitamment hors de portée de l’immonde mucus tapissant le sol, et se releva tant bien que mal, les jambes encore chancelantes.
La situation était désespérée, et la sorcière suffisamment intelligente pour le comprendre. Les invectives moqueuses, cruelles, de C’thun emplissaient ses pensées, parasitant ses sens pour tenter de la faire sombrer dans le désespoir total. Pourtant, Katelin était calme, étrangement calme. Elle se redressa fièrement, bien campée sur ses jambes fines, et un jet de flammes sombre jaillit de sa main pour carboniser un tentacule fureteur. Le regard de la jeune femme n’avait rien perdu de sa vivacité.

« Oh, quelle chance, effectivement. Pourrir pour l’éternité dans une grotte oublié de tous, ruminant sa défaite, comme je vous envie ! » Dit-elle d’un ton acerbe.

Une langue acérée qui n’était guère au goût de C’thun. A peine ses pensées moqueuses s’étaient-elles agitées dans l’esprit de Katelin, à peine ses mots avaient-ils franchi ses lèvres élégantes, que la créature passa à l’attaque avec une rage folle. Mieux valait mourir après une vie d’opulence, asséna-t-elle mentalement, qu’être un immortel pourrissant au fond des égouts du monde.
Une opinion que l’Ancien ne partageait clairement pas. Katelin se préparait à déchainer ce qu’il lui restait de magie avant de mourir définitivement, broyée par les tentacules ou bien brûlée par l’acide, lorsque l’inattendu se produisit. Une silhouette svelte émergea soudainement de l’obscurité juste devant la sorcière, brandissant sa paume en avant où les appendices dégoûtants de mucus se heurtèrent avec fracas contre un mur invisible.
Katelin se couvrit les oreilles face au hurlement de rage indescriptible que l’affrontement déchaina, non sans jeter un regard surpris vers sa libératrice opportune.

*Qu’est-ce donc cette fois-ci ? Encore une créature des cavernes difformes ?* Maugréa Katelin dans sa tête, tout en demeurant sur ses gardes.

La créature en question ne se privait nullement pour invectiver C’thun, à la manière d’un vieil ennemi familier, et la sorcière eut tout le loisir d’examiner la nouvelle arrivante. Nulle difformité n’affublait le corps de cette dernière, bien au contraire, ces formes suaves subtilement éclairées par d’étranges tatouages phosphorescents. Katelin aurait certainement pris beaucoup de plaisir à pousser l’examen visuel plus avant, mais la situation présente ne se prêtait certes pas à pareil trivialités.

Katelin soupira négligemment, et attrapa la main de Rivoria. « J’accepte l’invitation. Pour un être éternel, il manque singulièrement de conversation… »

Tandis que l’Ancien se débattait contre l’étrange magie de l’elfe, se rependant en imprécations et malédictions silencieuses, Katelin se cramponna à la taille bleutée de la magicienne qui l’emporta d’un bond prodigieux dans les méandres minérales du plafond. Les deux femmes n’étaient pour autant tirée d’affaire. Le monstrueux corps de C’thun s’irradiait de flammes verdâtres de mauvaise augure, si bien que la sorcière refoula ses nombreuses questions à l’adresse de Rivoria.
Qui était-elle ? Qu’est-ce qu’elle était ? Et d’où venait ces étranges pouvoirs ? Les interrogations se bousculèrent dans l’esprit de Katelin, tandis que la mage la tenait fermement, poitrine contre poitrine, jusqu’à l’emporter hors d’atteinte des tentacules. Momentanément du moins. L’insatiable curiosité de la sorcière allait devoir attendre quand des tremblements de mauvaise augure se répercutèrent entre les parois de l’étroite galerie.

*Cette immondice fore à travers la roche, voilà qui promet d’être pénible.* Songea-t-elle en lâchant la main douce de Rivoria.

Cette dernière ne perdit d’ailleurs, pas une seconde pour courir à toute jambes dans le passage souterrain, et Katelin fut bien obligé de l’imiter de mauvaise grâce. Fuir, toujours fuir, maugréa-t-elle dans sa barbe, je passe mon temps à courir comme un galopin des rues. Toutefois, la mauvaise humeur croissante de la sorcière, aussi véhémente soit-elle, n’allait certainement pas être d’une grande aide dans leur situation alors que C’thun perçait les murs au fur et à mesure de leur avancée.
Des tentacules hérissées d’yeux et de dents improbables trouaient les murs dans son dos, crachant et sifflant d’inscriptibles borborygmes cauchemardesques. Katelin tâcha d’ignorer ces monstruosités pour se concentrer sur ses foulées, et éviter de perdre de vue la silhouette longiligne de sa guide qui se hâtait devant elle. C’thun était un véritable tremblement de terre à lui tout seul, ce qui rendait la progression des deux femmes de plus en plus difficile au milieu de la poussière et des chutes de pierres.
La galerie ancienne était littéralement en train de s’écrouler au fur et à mesure de leur avancée, sous la puissance de l’Ancien vindicatif. Des blocs de plus en plus gros s’écrasait derrière Katelin et, plus inquiétant encore, également devant elle ce qui déclenchait de dangereux nuages de poussière dans cet espace clos. La sorcière toussa en pestant, mais parvint à maintenir l’allure jusqu’à ce qu’un éboulement particulièrement important lui coupe la route et la sépare de Rivoria !

« Peste ! » Jura-t-elle, enjambant en toute hâte un bloc pour se frayer un chemin et rejoindre sa guide.

Hors, C’thun n’était guère de cet avis. La sorcière sentait le contact glacé et gluant d’un tentacule s’enrouler autour de sa cheville en une fraction de seconde d’inattention, la faisant basculer au sol à nouveau. Un jet de flammes noires grilla l’appendice en une abominable odeur de brûlé, mais bien d’autres se frayaient un chemin à travers l’obscurité. Katelin leva la tête vers le bouchon de pierre obstruant la galerie, et qui la coupait de Rivoria, un obstacle apparemment infranchissable.

« Mes flammes te font rire ?... Je vais te faire goûter autre chose. » Katelin se releva, le regard flambant de colère et entonna une formule d’un ton ferme. « In petra est vivere ! »

La sorcière étendit les bras autour d’elle et, dans un impressionnant déferlement magique, les énormes roches autour d’elle commencèrent à se mouvoir. D’abord lentement, puis de plus en plus vite tandis que les blocs sombres s’assemblaient pour dessiner une forme longue et menaçante : Un énorme golem de pierre en forme de grand serpent étirait ses anneaux autour de Katelin.
Dans un grand bruit évoquant l’éboulement d’une montagne, la créature magique se rua à la rencontre des tentacules sous le sourire satisfait de sa créatrice. Le golem-serpent faisait double emploi : il obstruait la progression de C’thun, et venait de libérer le passage puisque Katelin avait utilisé le bouchon de pierre pour le créer. Celle-ci s’empressa de rejoindre Rivoria à petites foulées souples, non sans remettre sa coiffure en ordre d’un geste pompeux.

« Inutile de remercier, je me suis employée à l’occuper quelques temps. Hâtons-nous, ça ne durera pas. » Déclara-t-elle à Rivoria.

Le vacarme du combat titanesque résonnait derrière elles, alors que le golem-serpent se débattait entre les tentacules, et que les mouvements des deux forces monstrueuses contribuaient à faire écrouler davantage la galerie. Le temps était manifestement compté avant que tout ne s’effondre.
D’un calme olympien malgré tout, comme si la victoire lui appartenait, Katelin indiqua dédaigneusement à Rivoria, la galerie qui s’étendait devant elles. Des remerciements envers sa libératrice auraient été plus que souhaitable, mais l’elfe allait bientôt découvrir combien la sorcière avait une très haute estime d’elle-même…

7
Blabla / Re : J'offre mon corps à....dix
« le: lundi 07 janvier 2019, 20:55:50 »
Je condescends à accepter cet effort modeste, mais c'est pas dix que ce soit vraiment suffisant la prochaine fois. Et n'essayez pas de vous offrir ma personne, elle est trop précieuse pour vous, bande de manants.

8
Blabla / Re : J'offre mon corps à....dix
« le: lundi 07 janvier 2019, 20:32:57 »
Ces esclaves Terradines, ça ne fait aucun effort pour les jeux de mots. C'est pourtant pas six difficile.

9
Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: samedi 29 décembre 2018, 02:13:18 »
Quelque chose clochait. Katelin marqua une pause prudente au beau milieu d’une énième gigantesque caverne aux stalactites séculaires, dans un lourd silence des plus inquiétant, et tâcha de se repérer dans l’obscurité. Les dernières traces des nains avaient disparu, et la sorcière évoluait désormais dans un lugubre paysage de grottes primitives, demeurées identiques depuis l’aube des temps. La botte de la sorcière écrasa avec un bruit sec le fragment d’un os, lequel était bien trop petit et déformé pour appartenir à un humanoïde.
Katelin tendit l’oreille pour essayer de percevoir le plus petit indice d’une présence quelconque. En vain. Les échos du passage des Paladins s’étaient éteints depuis longtemps derrière elle et, à cette profondeur, seul le bruit ténu des gouttes d’eau saumâtre chutant du plafond perçait le silence. La sorcière maugréa contre sa mauvaise fortune, et conclu qu’elle n’avait d’autre choix que d’avancer.

*Quelque chose m’observe, je le sens. Avec cette maudite obscurité, ça peut être n’importe où… Allons bon, c’est quoi ça ?*

Les parois de la grotte se rétrécissaient  pour former un nouvel entrelacs de galeries plus étroites, et guère plus engageantes, mais surtout luisantes d’une étrange lumière verdâtre. Katelin se couvrit aussitôt le nez à l’aide de son foulard dans l’espoir de filtrer les plus grosses particules, et s’approcha pour examiner les parois couvertes de cette substance gluante. Le mucus brillait, éclatant par endroits en des bulles toxiques et surtout, le plus inquiétant à ses yeux, il semblait pulser de vie.

*Quelle odeur… Ces tunnels doivent être complètement saturés par cette matière. Respirer ça dans un espace clos, mauvaise idée...*

L’organisme de la sorcière avait beau demeurer supérieur aux humains après de dangereux rituels noirs, elle ne tenait nullement à tester les effets de cet acide sur elle-même. Passer l’éternité avec une peau brûlée à l’acide, ce n’était guère enviable, ni d’un grand esthétisme. Ce serait un outrage à mon teint délicat, songea Katelin en rebroussant prudemment chemin. Alors qu’elle retournait de mauvaise grâce dans la grotte précédente, un nouveau bruissement, comme le doux chuintement d’un murmure, se mêla à l’écho de ces pas dans cet immense espace vide.
Katelin se figea soudainement pour sonder l’obscurité dense et muette autour d’elle. L’air lui-même semblait immobile, figé dans le temps, et pourtant, elle percevait distinctement des chuchotements ténus. Ces derniers semblaient provenir de partout à la fois et, maligne comme elle l’était, la sorcière comprit aussitôt que leur origine se trouvait ailleurs, et qu’ils résonnaient dans sa tête plutôt que dans la grotte. Elle pesta à voix basse, cherchant rapidement un moyen de défense à cette intrusion mentale, au moment précis où un grondement se fit entendre au niveau du sol.
Dans un grand craquement, le sol céda brusquement sous ses pieds. Katelin agita les bras pour essayer de se rattraper à quelque chose, mais la pente l’entraina inexorablement dans les ténèbres. Elle dégringola sur le derrière, parvenant à conserver un remarquable air digne, et atterrit rudement dans un large tas d’ossements au terme d’une courte glissade.

« Quoi que tu puisses être, j’ai un cadeau de bienvenue… » Marmonna-t-elle, menaçante, en se relevant parmi les cadavres de nains, tout se massant le derrière.

L’obscurité était dense dans ces profondeurs, et la chute l’avait empêché de maintenir son petit sort de flamme éclairante, la rendant momentanément aveugle. Une précaution que Katelin n’eut pas le temps de réitérer. Quelque chose de massif, et pourtant rapide, se précipita sur sa droite. Dans un pur réflexe de défense, la sorcière généra une puissante flamme noire de ce côté, éclairant brièvement un monstrueux tentacule qui se contorsionna sous l’atroce brûlure magique.
Katelin plissa le nez de dégoût. La puanteur ici était abominable, et ne faisait qu’empirer avec la blessure infligée à la créature dont le tentacule se retirait momentanément. Mais de quelle créature, s’interrogea-t-elle, légèrement inquiète. En l’absence de lumière, elle n’y voyait goutte, jusqu’à ce ses yeux s’habituent et révèlent la faible lueur phosphorescente d’un sol recouvert de ce même mucus gluant qu’auparavant. Les murmures dans son esprit reprirent leur sérénade, l’appelant, lui proposant pouvoir illimité, fortune, connaissance…

« Oui, oui, j’ai compris. J’adore l’argent, le pouvoir, la gourmandise, le sexe, tout cela n’a rien d’un mystère ! » Clama-t-elle face à un ennemi inconnu.

Le clapotis de l’eau dans son dos fit retourner Katelin d’un bloc. Apparu alors la forme monstrueuse, gigantesque et tentaculaire, d’une indescriptible laideur aux dimensions improbables, de cette créature qui la harcelait depuis plusieurs minutes. C’thun baignait dans une espèce de lac putride de mucus verdâtre, d’une puanteur insoutenable, et de son corps cauchemardesque émanait une étrange lumière phosphorescente qui le révélait dans toute son horreur.
La sorcière resta interdite pendant un long moment dedans cette vision. Les énormes tentacules émergeaient un à un du bain immonde, s’étendant dans toute la grotte pour entourer l’humaine, tandis que l’œil s’autorisait à sonder les profondeurs de son esprit. N’importe qui aurait pu sombrer dans la folie immédiatement. Mais Katelin n’était pas n’importe qui, son énorme ego le lui rappelant suffisamment, si bien qu’elle se força malgré tout au calme.

*Tu peux toujours écouter mes pensées, je connais tous mes pires penchants, t’en servir contre moi est inutile.*

Le gigantesque œil sembla méditer cette réflexion un instant. La fuite était la seule issue dans ce genre de situation où le combat était perdu d’avance, et Katelin faisait de son mieux pour dissimuler ces intentions à ce cauchemar ancien. Ce qui était pour le moins difficile. C’thun tentait de s’introduire dans son esprit, comme une lame invisible tentant de percer son crâne, contre laquelle la sorcière tentait de lutter en vidant ses pensées… Tout en reculant pas à pas.
La caverne où reposait le monstre, était à l’image de l’Outremonde : Immense. Katelin chercha du regard une autre issue durant le duel silencieux, esprit contre esprit, mais malheureusement, la lueur glauque émanant de C’thun ne permettait pas d’éclairer la roche avec suffisamment de précision pour déceler une issue. Un tentacule se précipita soudainement contre la sorcière, qui le repoussa d’un jet de flammes noires.
Les raclements flasques contre le sol, et les bruits spongieux autour d’elle s’intensifiant à mesure que les longs tentacules griffus s’étalaient partout. Katelin comprenait très bien que sa situation était désespérée, et que son existence ne tenait qu’à un fil. Soit ce cauchemar profiterait d’un instant d’inattention pour l’attraper entre ses tentacules, soit il parviendrait à prendre le contrôle de son esprit. C’thun n’attendait qu’une seule erreur de la sorcière, et une seule lui suffirait pour la tuer.

*Aucun sombre secret à me révéler, n’est-ce pas ? C’est embêtant d’être face à… une…*

Katelin siffla entre ses dents. Une image d’elle-même, complètement nue et attachée, giflée et fouettée par une silhouette floue, gémissante de plaisir, venait de s’imposer de force à son esprit. Une vision de pure soumission. Un fantasme honteux et de longue date que sa fierté démesurée avait du mal à avaler, ce qui la déstabilisa un instant. Exactement l’occasion que C’thun attendait.
Les tentacules s’agitèrent en tout sens, et la sorcière ne réagit que trop tard quand l’un d’entre eux s’enroula fermement autour de sa cheville. Katelin brûla un second tentacule qui chercha à attraper ses poignets tandis que le premier la souleva de terre, l’agitant comme une poupée de chiffon, avant qu’elle ne parvienne à lui lancer une autre boule de feu noir. Lâchant la jeune femme en plein vol, le tentacule se replia douloureusement, tandis qu’elle retombait rudement dans un empilement d’os.
C’thun agita ses tentacules rageusement, le clapotis de son immonde baignoire accompagnant sa frustration devant cette proie qui l’avait blessé à trois reprises. A demi assommée par la chute, Katelin se redressa tant bien que mal, roulant par terre pour se redresser. Ce n’était qu’une question de secondes avant que ce monstre revienne à l’assaut et, si elle ne paniquait pas encore, la sorcière était bien consciente qu’il lui fallait trouver une issue, et vite…

Hors, à moins d’un miracle, Katelin ne pouvait que compter sur elle-même pour s’en sortir…

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Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: mercredi 19 décembre 2018, 18:44:38 »
L’escalier plongeait droit dans les ténèbres opaques. Une obscurité si dense, que Katelin fut forcée de raviver à nouveau son sort de feu, ne serait-ce que pour apercevoir les marches usées par des siècles de passage. Derrière elle, la mystérieuse porte béait dans le vide, ouverte pour la première fois depuis bien longtemps. Comme une impulsion maniaque, le besoin de la refermer s’empara d’elle. Non que cela ralentirait les Paladins le moins du monde, mais la sorcière avait une sainte horreur du désordre et des issues non refermées provoquant des courants d’air.
Katelin haussa finalement les épaules, et se força à ne rien faire. D’une, cela n’avait concrètement aucune utilité réelle, et de deux, elle risquait de se casser un ongle cette fois-ci, étant donné que les battants pendaient lourdement dans la pente. La sorcière promena sa flamme magique pour repérer les parois, mais l’escalier semblait s’enfoncer au beau milieu d’un noir d’encre, comme si les murs étaient trop éloignés pour les voir. Un craquement se fit entendre sous sa botte. Elle repoussa avec une mimique dégoûtée le fémur brisé, ou était-ce un tibia, qui dégringola dans le noir en cliquetant.

*Charmant cet endroit.* Katelin fit quelques pas  prudents au milieu des corps de nains putréfiés. *Ils devaient défendre la porte, mais contre quoi ? Ce serait sans doute pertinent de le savoir…*

Descendant lentement l’escalier, Katelin attarda son regard sur les armures des défunts, mais le métal était bien trop poussiéreux et cabossé pour identifier les marques d’un quelconque assaillant. A ce stade, cela ne l’aurait guère avancé de toute manière. Les Paladins à sa poursuite ne lui feraient clairement pas de cadeaux, et seule une exécution en bonne forme l’attendait si elle osait faire demi-tour.
Un procès autrement mieux organisé que le précédent. L’Ordre avait fait l’erreur de la sous-estimer une première fois, mais Katelin était convaincue qu’ils ne feraient pas une autre fois la même grossière erreur. Ils bloqueront ma magie, songea-t-elle, sans doute avec de l’obsidienne. L’élite des Paladins étaient une preuve criante que Nexus prenait son cas très au sérieux, et ces chances de s’échapper d’un second procès étaient quasiment nulles. Autrement dit, l’escalier putride était sa seule et unique option de s’échapper.

*Avec leur quincaillerie sur le dos, ils ont dû avoir des problèmes d’araignées. Encore que je ne devrais pas m’estimer plus chanceuse là-dedans, s’il s’agit bien d’un passage vers l’Outremonde.*

Katelin poussa un profond soupir de lassitude en poursuivant sa descente au milieu des crânes et des armes antiques. Elle avait beau être parfaitement calme et sûre de ces capacités, prendre les créatures de l’Outremonde à la légère serait une stupidité. Idiote, la sorcière ne l’était nullement, et c’était précisément l’origine de son inquiétude actuelle. Lutter contre une araignée géante était une chose clairement à sa portée, mais les monstruosités anciennes ayant trouvé refuge dans les profondeurs sont d’une toute autre envergure.
Au terme de quelques minutes de marche, les corps des soldats nains se raréfièrent, tandis que l’obscurité demeurait impénétrable. Katelin se pencha vers l’un des squelettes, et tenta de ramasser un petit glaive abandonné. En vain. Malgré sa petite taille, l’arme était plutôt lourde pour son maigre poignet, et la sorcière jeta son dévolu sur une dague émoussée mais intacte. Un maigre réconfort dans sa situation, mais elle la glissa tout de même à sa ceinture.

*Si je tombe sur une monstruosité tentaculaire des Grands Anciens, ou un Balrog, ça ne m’aidera pas beaucoup...* Maugréa-t-elle.

Une raison supplémentaire pour que sa présence demeure inaperçue. La sorcière continua sa lente progression, évitant chaines vétustes pendant du plafond, et antiques chariots miniers à moitié démolis par les combats. Le moindre bruit pouvait résonner comme un gong dans ces tunnels abandonnés, et les faire résonner comme une fanfare était bien la dernière chose que souhaitait Katelin. Le simple écho de ces bottes contre la pierre tintait déjà suffisamment fort à son goût.
La lueur de sa flamme éveilla des scintillements au bout de plusieurs mètres. Katelin s’arrêta momentanément pour inspecter les murs grossiers, taillés par des centaines de pioches, dont le minerai renvoyait un miroitement gris. Du mithril, remarqua-t-elle, voilà donc la raison d’être de ces mines si profondes. L’endroit en question semblait délaissé depuis bien longtemps. La sorcière franchit des embranchements complètement écroulés, des poutres de soutènement ayant cédées, et plus inquiétant encore, des traces de combats.

*Quelque chose a surpris des mineurs en plein travail manifestement. Et personne n’est venu les chercher ensuite, ce qui veut dire que tout cela a été évacué et scellé en catastrophe.*

Hors, plus Katelin s’enfonçait dans les galeries, plus celles-ci devenaient grossières. Au bout d’une bonne demi heure de marche, ce n’était plus qu’une succession de grottes sommairement aménagées par des rails et quelques poutres. Des boyaux s’ouvraient de tous les côtés, sans aucune réelle indication, comme un gigantesque gruyère empli de ténèbres. La sorcière marqua une pause au milieu d’une grotte au plafond particulièrement élevé, que même sa flamme ne parvenait pas à éclairer.
Les traces de la civilisation naine se faisant rare, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : elle avait atteint la limite des profondeurs explorées par ces derniers. Était-ce le seuil à ne pas franchir ? Devait-elle attendre, et rebrousser prudemment chemin en espérant que les Paladins aient abandonné ? La sorcière balaya cette hypothèse. Dans le meilleur des cas, ces poursuivants camperaient à l’entrée des grottes pour la cueillir si elle décidait de revenir sur ces pas.

Katelin sentit un léger frisson d’appréhension la traverser.  La sorcière venait véritablement d’entrer dans l’Outremonde, l’immense et noir cœur de Terra, où des monstres innommables se réfugiaient. Hors, pour ne rien arranger, elle avait la désagréable sensation d’être observée…

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Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: jeudi 13 décembre 2018, 18:24:23 »
La monstrueuse arachnide crachait et sifflait. La boule de flammes noires s’était écrasée sur l’une de ses pattes antérieures, avant que la magie ne se propage le long du corps du monstre, la brûlant atrocement à plusieurs endroits. Même son épaisse carapace semblait incapable de résister contre ce feu sombre, lui causant une souffrance inconnue jusque alors. La sorcière constituait en effet une proie radicalement différente des gobelins crasseux dont elle avait l’habitude, plus appétissante cela va sans dire, mais aussi terriblement plus dangereuse.
Katelin patientait en suivant son adversaire des yeux, le feu dans sa paume dessinant l’ombre de sa silhouette longiligne sur les murs des grottes. L’insecte géant tournait autour d’elle, la menaçait, mais manifestement les flammes de la sorcière avaient nettement refroidi ses ardeurs. L’air était empli d’une désagréable odeur de chitine carbonisée, et les cris du monstre résonnaient lugubrement dans les tunnels entoilés. Un vacarme magique et sonore qui n’était guère au goût de Katelin, compte tenu de l’avance précaire dont elle disposait sur ses poursuivants.

« Fais-moi une faveur, et va-t-en ! J’ai mieux à faire que désinsectiser ces tunnels. » Marmonna la sorcière entre ses dents, prête à refaire usage de sa magie dévastatrice.

La créature parut hésiter une dernière fois, lâchant un ultime crachat menaçant, avant de conclure que cette proie ne valait guère la douleur causée. Katelin observa avec un certain soulagement la monstruosité se replier souplement jusqu’à disparaitre dans l’un des étroits boyaux adjacents. La vaincre était tout à fait dans ses capacités en réalité, mais le feu démoniaque, aussi puissant soit-il, dégageait également une importante quantité d’effluves magiques facilement perceptibles.
La sorcière se figea l’espace d’un instant. Les clameurs du combat avaient cessé depuis peu mais, en tendant suffisamment l’oreille, elle percevait désormais nettement les échos métalliques et les voix masculines. Katelin pesta à voix basse. Il lui était néanmoins impossible de connaitre la distance précise la séparant des Paladins, tant les cavernes résonnaient dans toutes les directions, mais elle était persuadée que l’élite de Nexus n’avait pas manqué de relever sa position durant l’affrontement avec cette araignée.

*De véritables chiens renifleurs, ceux-là. Je suppose qu’ils ne me laissent guère le choix…*

Les tunnels miniers, empoissés d’épaisses toiles d’araignées se poursuivaient dans l’obscurité, toujours plus loin, vers les profondeurs du monde. Et  surtout vers l’Outremonde. Katelin n’avait jamais ressenti la nécessité de se documenter sur cette sombre partie de Terra, sinon qu’elle était un véritable monde souterrain, peuplé de terribles créatures. Les peuplades de la surface n’aimaient guère explorer d’aussi dangereuses profondeurs, et s’y réfugier elle-même lui paraissait tout aussi hasardeux.
Katelin se décida promptement. Enjambant les plus épaisses toiles, elle poursuivit à sa décente à travers le dédale de galeries sommairement étayées et abandonnées voilà des siècles. Quelques rares outils ou chariots y trainaient encore, mais l’endroit était de toute évidence, complètement vide de civilisation. Même du temps des nains, ces tunnels ne devaient servir qu’à l’exploitation du minerai. La sorcière promena la flamme devant elle tandis qu’un carrefour s’ouvrait sous ses yeux.

En vérité, Katelin était complètement perdue. A force de s’enfoncer toujours plus loin dans les abysses, d’obliquer dans un labyrinthe de tunnels plongés dans la pénombre, elle avait depuis longtemps perdu le sens de l’orientation. L’unique repère que la sorcière suivait encore, se trouvait être une petite pente et la légère chaleur qui remontait des profondeurs. Elle dégagea d’un geste rageur une toile d’araignée empêtrée dans ses cheveux soyeux et ses vêtements poussiéreux.

*Je vais mettre des siècles à remonter à ce rythme, si jamais j’arrive à les semer. Ils vont bien me lâcher tout de même…* Songea-t-elle avec un début d’appréhension.

Le pari était relativement simple, mais plutôt risqué. Katelin était intimement persuadée que les Paladins ne pourraient se risquer éternellement à la poursuivre toujours plus loin, et son objectif était avant tout de les prendre de vitesse. A pied, elle était plus agile et discrète qu’un régiment d’hommes en armures avec leurs montures, et ils devaient bien exister une limite à partir de laquelle ces soldats ne s’avanceraient pas davantage. Le seul inconnu, s’inquiéta la sorcière, c’est que je ne sais pas moi-même ce qui se trouve en bas.
Les répugnantes toiles se firent soudainement plus rares, pour finalement devenir complètement absentes. Katelin ralentit le pas tandis que le tunnel allait en s’élargissant, intensifiant son sort de feu pour y voir plus clair. Un épais mur de ténèbres concluait la galerie. La sorcière s’apprêta à jurer contre le mauvais sort une fois de plus, quand elle remarqua un miroitement à travers l’épaisse obscurité. Ce qu’elle prit d’abord pour un cul-de-sac, se trouvait être en fait une épaisse porte renforcée d’un métal sombre, massive de plusieurs mètres, et décorée de rivets parfaitement ciselés.

*Ça n’a pas l’air de ressembler à une conception naine. Et pourquoi placer une porte aussi ouvragée dans un vulgaire tunnel minier ?* Elle en profita également pour brosser sa tenue, retirant les morceaux de toiles répugnantes de poussière.

Katelin caressa prudemment le métal froid, puis jeta un coup d’œil pensif derrière elle. Le tintamarre métallique se poursuivait, sans que l’on puisse en estimer la localisation, mais les Paladins ne semblaient guère enclins à abandonner la chasse pour l’instant. La sorcière maugréa dans sa barbe. Qui avait placé cette porte ici, pourquoi, et que se cachait-il derrière ? Elle n’avait sans doute aucun moyen de l’apprendre, mais une chose était sûre, elle ne pouvait plus rebrousser chemin désormais.
La sorcière s’arc-bouta sur les lourdes poignées, et poussa de toutes ces forces. Les gonds pivotèrent dans un grincement sonore, dévoilant un escaliers en bon état qui continuait à descendre encore, et encore. Elle frotta ses mains gantées pour les débarrasser d’une couche de poussière. Katelin eut la brève intuition que cette porte marquait une quelconque frontière. Mais au final, cela importait peu dans sa situation, si bien qu’elle la franchit sans hésitation pour continuer sa descente vers l’inconnu.

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One Shot / Re : Humiliations [PV Vaness]
« le: dimanche 09 décembre 2018, 18:01:00 »
L’inspection de son vernis à ongles achevée, Katelin daigna finalement reporter son attention sur les gradins bruissant de murmures impatients. Avec une telle foule de candidats venu des quatre coins de Terra, l’examen avait trainé en longueur plus que d’ordinaire, et le public, tout autant que le jury, étaient très pressés d’en terminer. Nul ne s’attendait à être surpris désormais. Les mages les plus prometteurs, souvent représentants de riches familles, pouvaient en effet se payer le luxe de réserver un ordre de passage précis en évitant les places les plus préjudiciables.
Néanmoins, tous se trompait, et plutôt deux fois qu’une. Katelin suivit des yeux une silhouette élégante fendre la foule accumulée sur les gradins, une pure beauté elfique au teint d’un doux mauve velouté, avançant d’un pas assuré vers le jury. De nombreux murmures traversèrent les spectateurs. La présence d’elfes à Ashnard n’était guère un évènement en soi, mais les membres de cette caste au physique très particulier demeuraient tout de même rarissimes en ces lieux.

Le regard de la sorcière se perdit quelques temps dans le balancement lascif des hanches de cette nouvelle rivale, alors que celle-ci débutait sa grande démonstration magique. Hors, au grand étonnement de Katelin, l’enthousiasme du jury ne fit que croitre au fur à et mesure que l’invisible magie œuvrait dans leurs esprits réceptifs. La vieille Bénédicte hochait vigoureusement la tête, le démon poilu affichait un sourire béat, si bien que la sorcière finit par se résoudre à sortir un monocle enchanté de l’une de ses poches afin d’assouvir sa curiosité naissante.

*Ah, ce sont des illusions personnalisées. Astucieux, mais guère suffisant.* Songea-t-elle, tout en se félicitant d’être suffisamment éloignée du sort de manipulation mentale pour en éviter les effets.

La démonstration terminée, le jury semblait totalement conquis, et Katelin rangea négligemment son monocle tandis que le démon applaudissait ostensiblement Tiriëlle. Enfin son tour était venu ! Pas un instant la sorcière n’éprouva un grain de remord envers l’elfe inconnue, aussi belle soit-elle. Tous ses espoirs de cette dernière allaient fondre, la bourse lui filer entre les doigts et Katelin n’allait guère se gêner pour donner à cet éphémère instant de gloire un goût de cendre. Et cela, par pur plaisir, par simple méchanceté.
Katelin se leva tandis que les applaudissements envers sa rivale s’éteignaient peu à peu pour laisser place aux conversations enthousiasmes, les mages persuadés d’avoir découverts là la grande gagnante. Il en faut peu pour les impressionner, songea-t-elle en vérifiant que sa robe n’était pas froissée par cette longue et exaspérante attente. La sorcière se dirigea d’un pas résolu vers l’arène, un sourire suffisant aux lèvres, le port altier, l’attitude même de la peste sûre d’elle-même.

« Tss… » En croisant la jeune elfe repartant en sens inverse, Katelin ne put s’empêcher d’émettre un reniflement de mépris, assorti d’un regard hautement condescendant.

« Je crois que nous avons notre… » Commença la vieille Bénédicte avant de remarquer la sorcière dont la patience se consumait bien trop vite. « Ah, il nous reste encore une candidate, c’est vrai. »

Si le vénérable Octavio, comme à l’accoutumée, ne laissait rien transparaitre de ses émotions, l’étrange démon à la pilosité si développé, ne se privait nullement de déshabiller Katelin du regard. Celle-ci l’ignora délibérément. Le désintérêt du jury en sa personne était manifeste, et plutôt logique, dans la mesure où ceux-ci estimaient déjà pouvoir décerner la bourse à Tiriëlle, dont la prestation semblait les avoir convaincu au même titre que le public. Hors, la sorcière ne partageait guère cet avis.

*Quelques illusions, et voilà quelques vieux gâteux impressionnés. La pimbêche elfique doit déjà se réjouir à ce stade…*

Devant ce manque d’intérêt, tout discours de présentation devenait futile, et Katelin décida de passer directement à la pratique. Elle se déganta avec une lenteur toute maniaque et élégante, exhibant des mains délicates d’un blanc pâle où étaient dessinés à l’encre noire des pentacles et des symboles mystiques. La sorcière avait eu, après tout, tout le loisir de préparer son coup au même titre que ses concurrents. Un silence lourd tomba dans le grand hall, alors que chacun retenait son souffle, suspendus aux gestes mesurés de la sorcière.
Katelin mit ses mains en coupe devant son visage, et souffla lentement dessus, comme une enfant dispersant une poudre. Cependant rien de comparable ne se produisit. Au lieu d’une vulgaire poussière, ce fut un mince filet de fumée grise qui se matérialisa lentement, se tordit en s’élevant, crépita soudainement avant de s’enflammer en d’authentiques flammes noires. Le feu sombre, fruit de la magie démoniaque, continua à enfler alors que la sorcière continua à souffler délicatement.

Mais la démonstration ne s’arrêta pas là. Au lieu de s’élever comme un brasier classique, les flammes noires continuèrent à croitre autour de Katelin, s’enroulant autour d’elle à la manière d’un serpent, ces anneaux enflant démesurément. Une vague de stupeur, et de crainte mélangée, commença à enfler dans le public étonnant donné la dangerosité bien connue de ce type de magie. Le sort prenait effectivement la forme bien identifiable d’un serpent, mais les proportions étaient gigantesques, alors sa tête de flammes frôlaient désormais le plafond !

« Mai… Maitrisez votre illusion ! » Protesta la vieille Bénédicte alors que la sorcière continuait à accroitre la puissance de son sort.

En l’espace de quelques instants, la réalité dépassa l’illusion en prenant des dimensions titanesques. Lorsque Katelin cessa de souffler, le doute n’était plus permis : une véritable vouivre constituée flammes noires occupait tout le centre du hall ! Les anneaux du monstre frôlaient les piliers, sa tête la coupole du toit, et tout cela se mouvait avec tant de réalisme, respirait, comme vivant, qu’on avait peine à croire à une illusion.

« Ne soyez pas insultante, je vous prie. Vous pensez que je suis venu ici pour vous présenter de vulgaires illusions ? Soyons sérieux ! »

La vouivre de flammes s’agita et, alors que Bénédicte allait répliquer vertement, le monstre plongea brusquement et goba un gnome ménager d’un seul coup. Le pauvre démon mineur disparu dans la gueule de la créature magique et, coïncidence ou non, juste sous le nez de la pauvre Tiriëlle. Katelin le rappela d’un geste sec, prenant un malin plaisir à voir les anneaux de flammes monstrueuses frôler la tête de l’elfe rivale. Un vent de panique souffla dans les gradins tandis que certains mages plongeait à l’abri sans cérémonie derrière les piliers.

« Comprenez que ceci est un jeu d’enfant à créer. Cela n’a rien d’une magie d’illusions, à peine bonne pour distraire la plèbe, je vous montre là une véritable sorcellerie, et non quelques tous de passe-passe pour enfants. » Clama-t-elle pendant que la vouivre resserrait docilement ses anneaux autour de sa personne.

En vérité, si Katelin avait si facilement généré ce sort, c’était avant tout grâce à son longue expérience, et aussi par les pentacles dessinés à l’avance dans ces mains, ces derniers servant de catalyseurs. Mais nul n’avait besoin de connaitre son âge réel. La gigantesque vouivre cracha un filet de flammes noires vers le plafond, créant une nouvelle onde de panique parmi la foule.

« Et comme vous pouvez le constater, je la maitrise parfaitement. » Katelin claqua des mains, et aussitôt, le feu sombre animant le monstre se tordit pour regagner ses paumes à toute vitesse.

En l’espace d’un instant, la vouivre avait disparu, et un silence soudain s’abattit sur le hall. Les juges se consultèrent du regard et, à la plus grande surprise de tous, même le vénérable Octavio se mit à hocher la tête.

« Parfait, eh bien… » Le démon juge tendit finalement un parchemin cacheté vers la sorcière. « Le jury est unanime. N’oubliez pas de remplir les formulaires nécessaires pour récupérer votre bourse. Et félicitations ! »

Un tonnerre d’applaudissements salua cette déclaration, tandis que Katelin s’avançait d’un air suffisant pour récupérer le document. Le public, remis de cette frayeur, s’était levé pour l’applaudir d’un seul coup, et même le jury se joignit aux félicitations. La sorcière fit une révérence guindée, presque théâtrale en guise de salut, puis gagna la sortie sous les salves d’acclamations enthousiastes.
Elle s’arrêta néanmoins devant Tiriëlle dont tout le monde semblait avoir momentanément oublié l’existence, la jaugeant de la tête aux pieds, comme si elle contemplait un déchet jeté là sur son trajet.

« Hmm. Amatrice… » Dit-elle d’un air délibérément moqueur.

Katelin franchit les portes du hall ensuite, allant récupérer les papiers officiels justifiant de sa bourse nouvellement acquise, sans accorder un regard de plus vers l’elfe humiliée.

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One Shot / Humiliations [PV Vaness]
« le: mardi 04 décembre 2018, 18:42:06 »
Les larbins de service, de vulgaires diablotins inférieurs dont l’intelligence ne dépassait guère celle d’un bouc, s’empressèrent d’empoigner leurs balais en crins de centaure pour évacuer les cendres souillant le marbre noir du hall de la Grande Académie. L’institution magique était presque aussi vénérable que l’Empire noir d’Ashnard, et si le nom témoignait d’un manque d’imagination certain, c’est sans doute dû à l’absence totale d’académies rivales.
Ce qui n’avait rien d’étonnant dans la mesure où la Grande Académie avait pour coutume de n’accepter aucune concurrence et de tuer dans l’œuf la moindre initiative de nouveauté. Par quelques incidents aussi mystérieux que subites par exemple. Les mages y enseignaient leurs arts quand l’humeur leur en prenait, y décelant parfois des talents susceptibles de grossir l’armée de l’Empire ou de regarnir les rangs de chair à canon dans le pire des cas.

Toutefois, si la Grande Académie était si renommée, c’était en grande partie grâce à ces recherches à la pointe de la magie. Chaque mage en devenir convoitait les juteuses bourses que l’institution décernait chaque année aux talents nouvellement découverts afin de rejoindre les rangs de leurs brillants chercheurs. Toute une vie grassement payée, l’attribution d’une luxueuse demeure au cœur de la capitale, le droit d’expérimenter n’importe quelle magie, même dangereuse. Autant dire que de telles bourses se trouvaient âprement disputées chaque année, non sans accidents.

*Que des amateurs…* Songea Katelin en regardant les diablotins évacuer les cendres du mage précédent, dont le sort de foudre avait mal tourné.

Lorsque ces bourses couvraient toute une vie de dépense, nombreux étaient les candidats prêts à se lancer dans des démonstrations dangereuses, et pas toujours au point, pour simplement impressionner le jury. Ce dernier était constitué de trois archi-mages dont les capacités n’étaient plus à prouver, et dont les coffres étaient suffisamment remplis d’or pour noyer toute contestation.
Une vieille pyromancienne revêche nommée Bénédicte, dont les lèvres ne cessaient de se pincer d’elles-mêmes comme un bec de canard. Octavio, le mage barbu impassible en fauteuil roulant, dont l’âge était si avancé que la plupart des gens avaient oublié ses capacités précises. Son regard vide qui ne frémissait jamais, même en cas d’explosion, avait véritablement quelque chose de terrifiant. Le troisième était un démon très laid, à la pilosité nasale fort développé, qu’on disait incroyablement riche, mais dont Katelin avait complètement oublié le nom complexe.

La sorcière remua sur l’inconfortable gradin de marbre, et croisa les jambes en s'adossant tant bien que mal. L’immense hall était d’une conception à la fois simple et pratique, à la manière d’une arène avec son cercle complet de gradins séparés du grand cercle central par d’épais piliers soutenant les arcades du toit. Le tout en marbre noir. Même si la Grande Académie interdisait l’accès à ces démonstrations magiques aux profanes, les mages en devenir ou en exercice étaient toujours nombreux à venir y assister.
Katelin s’était ainsi attribué un gradin vide à part, demeurant à l'écart de la trentaine d’inconnus qui attendaient le prochain candidat dans un brouhaha fébrile. Voilà un mois qu’elle s’était réfugiée à Ashnard, et la sorcière ne connaissait toujours personne, ce qui lui convenait très bien. Tout son temps avait été consacré à gagner l’entrée de ce concours, et les banalités sociales ne l’intéressaient pas le moins du monde. Elle jeta un regard méprisant sur l’assemblée de magiciens agités comme s’ils s’agissaient d’un spectacle pour la basse populace.

*Ils feraient mieux de m’attribuer immédiatement cet argent au lieu de me faire perdre du temps avec ce cirque. Deux heures pour assister à ce défilé d’amateurs, c’est interminable.*

Katelin avait en effet hérité de la toute dernière place parmi les candidats. Un ordre de passage que personne n’enviait. Après deux heures d’évaluation, la mage Bénédicte piquait du nez, et le démon commençait à afficher un air sérieusement agacé. Quant à Octavio, il n’avait pas changé d’expression depuis le début de la démonstration.
Cependant, la sorcière n’était pas inquiète. D’une, parce que son ego lui fournissait une confiance inébranlable en ces talents, et de deux, car les candidats précédents n’avaient guère brillé. Passablement agacée, Katelin réajusta machinalement sa tenue. Celle-ci était l’un de ses ensembles favoris, une grande robe légèrement fendue au niveau des jambes, et se terminant par un riche corset rehaussant magnifiquement sa poitrine. Des épaulettes bouffantes rejoignaient un élégant collier qui refermait le tout, où ses longs cheveux blancs et soyeux retombaient librement.

*Plus qu’un candidat. Qu’est-ce que ça va être maintenant ? Un satyre qui fait des bulles de savons ? Une elfe qui joue de la trompette par le nez ?* Maugréa-t-elle, de mauvaise humeur.

Katelin vérifia le vernis rouge de ces ongles. Elle s’était faite très belle pour l’occasion, avec un rouge à lèvres très sombre mettant parfaitement en valeur son teint pâle, et elle comptait bien faire forte impression. Il ne restait plus qu’une avant dernière candidate, puis ce serait son tour. La sorcière prit donc son mal en patience.

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Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: mardi 04 décembre 2018, 00:39:01 »
L’immense citadelle des Nains fut le théâtre de bien des merveilles au fil du temps, allant d’extraordinaires créations à des affrontements spectaculaires entre créatures légendaires. Malgré cette existence séculaire, l’apparition d’un minuscule rat noir, dont le museau plissé et les moustaches frémissantes illustraient une totale contrariété, constituait là une grande première. Si tant est qu’un rongeur puisse exprimer une humeur noire, autant que l’était son pelage, Katelin en était la preuve vivante.
La sorcière métamorphosée descendait l’escalier aux étroites marches aussi vite que ses petites pattes le lui permettaient, furetant de temps à autre contre les murs dans l’espoir d’y découvrir l’ouverture d’un boyau idéal pour se cacher. Du point de vue de Katelin, pareille humiliation ne s’était encore jamais vue. Qu’on la dépouille de ces biens pour avoir simplement profité de ces talents innés afin d’accroitre son pouvoir, voilà déjà un affront impardonnable ! Mais que cela la conduise à dévaler des tunnels pouilleux sous la forme dégoutante d’une vermine à fourrure, cela passait au-delà de l’affront.

*C’est un crime. Voilà, un crime contre l’intelligence et la beauté de la part d’un ramassis de grenouilles de bénitier, très certainement pauvres et frustrées sexuellement.* Maugréa-t-elle, en proie à une mauvaise humeur croissante.

Le rat exprima sa frustration par un couinement sonore. Aussi noire que puisse être son humeur du moment, Katelin ne cédait pas pour autant à la colère, ni ne perdait de vue sa situation présente. Elle traversa en courant un pont étroit suspendu au-dessus d’un gouffre obscur, une construction typiquement naine sans garde-fou, si bien que l’on était forcé de le traverser un par un. La sorcière s’arrêta à mi-chemin, écoutant les bruits avec attention.
De toute évidence, le groupe de Paladins avait déjà atteint le gigantesque hall central, et Katelin constata avec regret que son avance s’était drastiquement réduite. Autant la transformation en rat était idéale pour se cacher, autant elle n’était guère adaptée pour battre des licornes à la course. La sorcière trottina jusqu’à l’escalier suivant qui continuait à s’enfoncer lui aussi dans les profondeurs avant de marquer un nouveau temps d’arrêt face à un brusque tintamarre métallique.

*Ah, ils se battent.* Les oreilles du rat se dressèrent. *On dirait des cris de noctules ? Bien. Voilà ce qui arrive lorsqu’on déboule dans les profondeurs avec une fanfare sur le dos.*

La citadelle souterraine fut une fois de plus témoin d’un nouvel évènement extraordinaire lorsque le rat noir à l’humeur exécrable sembla sur le point de ricaner. Cela quelques secondes avant que Katelin ne reprenne forme humaine, réordonnant sa tenue et se recoiffant aussitôt d’un souple revers de main. Si l’assaut des noctules sur ces poursuivants était certainement le meilleur moment pour abandonner son camouflage, la sorcière ne criait pas victoire pour autant.
Katelin se remit à courir le long du tunnel minier de plus en plus sombre faute d’avoir perdu sa vision animale. Que la perception des Paladins puisse être faussée par l’ardeur du combat, c’était un pari risqué, mais de toute manière, elle ne pouvait guère se permettre de demeurer en rat plus longtemps. Elle n’aurait donc sans doute pas de plus belle occasion. La botte de la sorcière en fuite heurta brusquement un objet métallique. Celle-ci chancela, mais avec une certaine élégance, avant de se rattraper de justesse au mur poisseux, laissant une matière spongieuse sur son gant de cuir.

« Ignis ! » Clama-t-elle tandis qu’une vive flamme orangé se manifestait au creux de sa main, illuminant les murs du tunnel.

La pioche abandonnée gisait en plein milieu du passage, et Katelin l’aurait volontiers envoyer bouler d’un coup de pied rageur si le métal n’avait pas semblé suffisamment épais pour lui briser un orteil. La sorcière leva sa flamme improvisée devant elle en plissant les yeux. Le large tunnel comportait deux rangées de rails parallèles et donnaient l’impression de se perdre dans l’obscurité sans fin. Quelques échos des combats parvenaient encore à ses oreilles, mais comme le moindre son se propageait à des kilomètres dans cet environnement, elle ne s’en inquiétait pas outre mesure.

*L’on pourrait jeter un seau dans un puit, que cela alerterait toute la citadelle. Quel troupeau de crétins. Ils vont s’attirer tous les monstres du coin à ce train-là.*

Même si elle n’était plus aussi discrète qu’en rat, Katelin avait au moins l’avantage d’être seule, dépourvue d’une armure de métal et de ne pas rayonner d’or pur. Un indice de furtivité bien meilleure que les Paladins à ses yeux. La sorcière ne perdit toutefois pas un instant pour continuer sa progression, cheminant d’un bon pas pendant de longues minutes à travers la pénombre, avant de s’arrêter net.
Bénissant sa lumière, Katelin jeta un coup d’œil prudent vers l’abime s’ouvrant devant elle. Les rails déformées et brisées par le temps demeuraient suspendues au-dessus d’un vide impressionnant, par-dessus duquel jadis devait se trouver un pont depuis longtemps tombé en poussière. La sorcière promena sa flamme autour d’elle, avant de se rendre à l’évidence : le tunnel s’arrêtait ici. Nul doute que celui-ci continuait par delà le gouffre, mais la distance était si vaste, qu’il lui était impossible de l’apercevoir dans les ténèbres opaques.

*Bien. Je suppose que je n’ai guère le choix.* Bougonna-t-elle avant de recourir à une nouvelle transformation, cette fois en chauve-souris.

La chauve-souris voleta un moment au-dessus de l’abime tandis que Katelin hésitait. Grâce à son écholocation, elle avait effectivement repéré la suite du tunnel qui s’enfonçait directement en face du premier, mais également un second tunnel situé plus en profondeur. Bien décidée à compliquer davantage la tâche aux Paladins, la sorcière opta finalement pour la seconde option, et plongea encore plus loin sous terre.
Le deuxième tunnel était manifestement abandonné depuis très longtemps. Utilisé pour conduire les minerais comme le premier, celui-ci était toutefois plus grossier, moins parfaitement étayé et entretenu. Katelin se débarrassa de sa transformation en chauve-souris sitôt arrivée. Un début de nausée commença à se manifester après ces deux changements d’apparences successifs, et elle marqua une longue pause, s’appuyant sur le mur pour reprendre ses esprits. Avant de retirer sa main face à la matière collante accrochant son gant.

« Ah. » Soupira-t-elle. « Il ne manquait plus que ça. »

Le gant de la sorcière était recouvert d’épaisses toiles d’araignées. De répugnants glougloutements résonnèrent dans le tunnel séculaire, et le frottement typique de la chitine se pliant et se dépliant.

« Ignis ! » La flamme dans la main de Katelin se ralluma juste à temps pour voir une monstrueuse araignée géante émerger de l’angle juste en face de la femme.

La sorcière siffla entre ses dents. Les araignées géantes des profondeurs n’étaient pas des adversaires négligeables, avec leur force colossale, leur venin mortel et une rapidité étonnante pour une créature de cette taille. Néanmoins, les choix de Katelin n’étaient pas nombreux. Faire demi-tour ? Si tant est qu’elle puisse supporter une troisième transformation, les Paladins finiraient tôt ou tard par se débarrasser des Noctules, et alors…

« Peste ! Cette journée va de mal en pis... » Jura-t-elle en jaugeant son adversaire.

L’immonde araignée crachait et s’agitait, manifestement très mécontente de cette source lumineuse soudaine et très inhabituelle dans ces profondeurs, qui lui interdisait l’accès à sa proie. Katelin, au demeurant incroyablement calme malgré sa situation, enflamma alors son main libre d’une boule de feu noir. L’heure n’était plus aux hésitations. La sorcière était allée trop loin, trop profondément et s’était bien trop démenée afin de semer les Paladins pour rebrousser chemin maintenant.

Katelin lança la boule de flammes démoniaques sur la patte de l’araignée, enflammant une infime partie de la carapace, et le combat s’engagea…

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Les landes dévastées / Re : Cuir et sortilèges [PV]
« le: lundi 26 novembre 2018, 18:57:59 »
Katelin brossa machinalement d’un revers de main le sable rougeâtre accroché à son pantalon de voyage. La fraicheur de la grotte avait au moins eu le mérite de lui apporter un répit bienvenu après le déplaisant trajet au milieu de la contrée désertique brûlée par le soleil. Adossée à la paroi de roche glacée, immobile statue de marbre blanc, l’esprit de la sorcière se perdait en conjectures.
Hors le plus redoutable talent de Katelin Elinore Strauss ne résidait nullement dans ses propres pouvoirs de sorcière, mais bien dans cette vive capacité de réflexion. Analyser une situation, appréhender et comprendre la réalité, si vite qu’elle avait toujours disposé ainsi d’une longueur d’avance sur n’importe quel problème. Un véritable instinct. Balayer ses différentes options ne lui prit que quelques minutes pour en arriver à l’évidence même : elle manquait cruellement d’informations.

*Pour autant que je m’en souvienne, la région est hostile, pleine de ruines souterraines conduisant vers les entrailles de Terra, mais aussi de monstres charmants… Je ne connais ni le nombre ni la nature de mes poursuivants. Ni même si l’Ordre a vraiment envoyé quelqu’un. Je suis peut-être en train de fuir des courants d’air.*

Une éventualité à laquelle Katelin ne croyait guère. Que l’Ordre laisse filer une alchimiste de seconde zone tripotant quelques potions interdites pouvait se concevoir, mais qu’il néglige de poursuivre une sorcière capable de se servir du feu sombre... Tout simplement inconcevable. Du bout de son index ganté, la femme blafarde se mit à dessiner un cercle dans le sable recouvrant le sol, y ajoutant des signes cabalistiques, avec une dextérité remarquable.
Demeurer dans l’ignorance l’exaspérait, et la sorcière s’apprêtait à y remédier rapidement. Déposant sa main dans le symbole mystique fraichement dessiné, ses yeux se voilèrent aussitôt d’un noir d’encre lorsque la magie opéra. A quelques kilomètres de là, un vautour chauve qui planait placidement au-dessus des étendues sablonneuses, vit sa conscience éjectée de son corps, tandis que Katelin en prenait possession de force.

Emprunter la vision d’un animal était chose relativement aisée, et surtout très efficace, en particulier lorsqu’il s’agissait d’un oiseau dont la vue perçante s’étendait à des kilomètres. Katelin fit planer le vautour vers un courant d’air chaud, le laissant prendre de la hauteur sans effort, et repéra presque aussitôt la longue trainée de poussière d’or barrant les plaines désertiques. Le convoi de Paladins n’était guère discret, leurs licornes autant que leurs armements brillants n’avaient aucune chance d’échapper à l’acuité visuelle du rapace.

*Quelle plaie. Ils n’ont pas négligé les moyens cette fois-ci, ça va s’avérer plus compliqué que prévu.* Songea-t-elle en faisant planer l’oiseau à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du convoi.

Katelin rompit sans attendre le lien avec le vautour. Le camouflage qu’offrait la possession d’un animal était une excellente sécurité, mais elle préférait ne prendre aucun risque face à des Paladins aux pouvoirs conséquents. Ces derniers allaient forcément tomber sur les restes de son cheval, et repérer sa trace ne serait qu’une question de temps avec ces combattants rompus à la traque de la magie noire, la sorcière en était persuadé. A nouveau, elle passa en revue ses options.
La confrontation directe n’était évidemment qu’à envisager en dernier recours. La sorcière n’avait aucun moyen de connaitre la puissance de cette troupe en détail, ni l’audace de les espionner davantage, sans parler de leur avantage numérique et elle manquait de temps pour se préparer. Katelin pesta en se levant. La vitesse de ces montures magiques faussaient ses calculs ! La confortable avance qu’elle croyait acquise, n’existait plus,  et il lui fallait désormais masquer sa présence aussi vite que possible avant que les Paladins ne la localisent.

« Déguenillée, crasseuse, et maintenant les rongeurs ! » Persifla-t-elle tout haut en se recoiffant pour se calmer les nerfs. « Maudit soit l’Ordre et ses moutons en armures pailletées… »

La perte de sa toilette était de loin, la pire humiliation à ses yeux. La métamorphose en créatures viles faisait aisément partie de ses capacités, mais elle n’en était en cas très friande, surtout lorsqu’il s’agissait de se terrer comme une bête traquée. D’humeur exécrable, Katelin se concentra à nouveau, et les contours de son corps devinrent flous, se changeant progressivement en un nerveux petit rat, dont la fourrure noire luisait tout de même de propreté.
Ses préférences esthétiques allaient nettement vers les serpents à l’accoutumée, mais s’enfoncer dans les profondeurs glacées de la montagne sous la forme d’un reptile à sang chaud n’était pas sans inconvénients. Le rat avait l’avantage de l’odorat, d’une excellente vision et même de pouvoir se contorsionner partout, même si sa défense contre des Paladins en armure laissait à désirer. Toutefois la manœuvre avait surtout le gros avantage de dissimuler presque totalement sa présence magique.

Katelin, désormais sous la forme d’un rat de fort méchante humeur, renifla l’air et, à force de tâtonnements, parvint à trouver une fissure profonde afin de s’y glisser. Agitant ses petites pattes, la sorcière métamorphosée ne perdit pas une seule seconde pour s’enfoncer dans les crevasses obscures, filant devant les autres rats, les vrais eux, en évitant d’émerger dans les endroits trop ouverts.

*Qu’ils s’amusent à fouiner chaque recoin, je leur souhaite bien du plaisir. Quoique c’est assez flatteur en y repensant.* Pensa-t-elle. Que les autorités religieuses de Nexus aient pu dépêcher l’élite de leurs force pour la traquer, cela flattait grandement son ego déjà disproportionné.

 La crevasse s’élargissait pour s’ouvrir en une grande salle au plafond soutenu par d’antiques piliers sculptés à même la roche brute. Architecture naine, reconnu Katelin, sans doute une mine ou quelque palais souterrain. Le petit rat qu’était la sorcière renifla l’air à nouveau.
La salle, toute en longueur, se perdait loin dans l’obscurité, et nombre d’issus menaient vers d’autres tunnels plus vastes encore. Un véritable labyrinthe. Katelin était suffisamment documentée sur les monstrueuses créatures régnant dans ces profondeurs, aux frontières de l’Outremonde, pour éviter de les affronter. Surtout sous la forme d’un vulgaire rat. Celle-ci fila en silence sur les antiques dalles, regardant autour d’elle sans cesser de renifler l’air putréfié, et s’arrêta devant un escalier étroit qui se perdait dans l’obscurité.

Katelin pesta une fois encore, ce qui se traduisit par un couinement aigu du rat. D’un côté l’escouade de Paladins, de l’autre les profondeurs abyssales peuplées de monstres et d’autres menaces inconnues dont elle percevait vaguement l’hostilité. Une situation guère brillante. Les hommes de l’Ordre ne pourraient certainement pas se permettre de naviguer trop loin dans les souterrains, mais elle-même risquait de se perdre, ou d’être confrontée à quelques abominations.
L’ouïe affuté du rat perçu le bruit du métal alors qu’elle était encore plongée dans l’indécision. Le grand escalier menant à la salle souterraine s’éclaira d’une vague lueur doré, encore invisible à l’œil humain, et Katelin comprit instantanément que sa situation venait d’empirer. Elle ne connaissait pas exactement la portée réelle de la perception de ces Paladins, mais elle n’allait pas leur faciliter la tâche en se cachant pathétiquement dans une fissure. Et qu’ils puissent la confondre avec d’autres rongeurs était sans doute trop demander.

Le seul espoir, songea Katelin, c’est de les semer dans un boyau trop étroit pour eux. Le rat jeta un œil vers la voûte souterrain où pullulait les chauves-souris. Changer de forme était à présent exclu, sans quoi le dégagement magique allait forcément trahir sa présence. Katelin plissa le museau de mécontentement avant de filer aussi vite que ses petites pattes de rongeur lui permirent, descendant ventre à terre l’escalier qui s’enfonçait dans les profondeurs de Terra.

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