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Messages - June Wier

Pages: [1] 2 3 ... 8
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Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: samedi 23 mars 2019, 18:41:02 »
Sven étira confortablement ses jambes aux lourdes bottes sous la table. L’alcool ne représentait pas un problème pour ce dernier, contrairement à un certain nécromancien efféminé, et il tendit volontiers son verre à Shad afin de partager un dernier toast. Face à l’heure tardive, la grande salle de l’auberge se vidait peu à peu de ses clients, s’enfonçant toujours plus dans un silence intimiste bercé par le crépitement de la cheminée.

« J’imagine, j’imagine. » Lâcha finalement Sven en répondant au sourire de la louve. « Ne parle pas trop vite, ce type de personne peut réserver des surprises. »

L’homme porta son verre à ses lèvres en riant. La moindre allusion de Sven semblait porter quelques sens caché, moqueur sans doute, comme si il disposait d’une certaine expérience sur le sujet. Il reposa le verre vide en hochant la tête vers Shad, puis se leva à son tour, sans oublier de récupérer sa lourde hache.

« Comme tu veux princesse ! Troisième à droite. »

L’escalier craqua sous leur passage, mais les derniers clients s’étaient évaporés ou bien trop alcoolisés pour notifier leur escapade. Sven emboita le pas à la Lycane, lui tenant la porte de sa chambre plongée dans une obscurité silencieuse. La pièce était sommairement rangée, aussi bien le lit que le reste du mobilier, et non dans un désordre indescriptible comme l’on aurait pu s’y attendre en présence de grossiers mercenaires.
Ignorant quelques temps la question de Shad, il se dirigea vers le vieux meuble de chevet, y ouvrit un tiroir pour prélever une boite d’allumettes. Sven en craqua une, et illumina la chambre d’une première bougie.

« Maintenant ? C’est quoi cette question… » Commença-t-il en riant à demi, avant d’allumer une seconde bougie sur une commode.

L’endroit était désormais un peu plus clair, les flammes des bougies dessinant des ombres sur les chambranles que les volets clos privaient de lumière lunaire. Sven lâcha son paquet d’allumettes et, reposant avec précaution sa hache sur une chaise branlante, se rapprocha de la Terradine sans un mot. Les mains de l’homme vint entourer avec un bruit feutré les hanches de la jeune femme, et ses doigts vinrent pensivement suivre la courbe de son dos.

« Qu’est-ce que je dois comprendre ? T’es le genre à vouloir te faire diriger ? Détends-toi, c’est pas la peine d’être aussi formelle. Et ton chouchou dort loin, aucune raison de t’en inquiéter. »

Alors que June, à quelques pièces de là, luttait contre une nausée persistante, les yeux de Sven plongeaient dans ceux de sa compagne d’un soir. Etonnamment, l’homme montrait plus de délicatesse que sa prouesse au combat laissait à penser, alors que ses mains se montraient volontiers caressantes en remontant sur la nuque de Shad. En une économie de mouvements, silencieux et mesuré, il s’était faufilé près de la louve, son torse épais contre le sien, leurs souffles s’écrasant l’un contre l’autre.

« Tu vas pas me dire que tu sais pas faire ? » Dit-il avec une légèrement pointe de moquerie.

Un début de chaleur s’instillait entre leurs corps si proches, presque entrelacés, et le visage de Sven était si près de la jeune femme, que leurs lèvres étaient sur le point de se rencontrer.

2
Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: mardi 12 mars 2019, 13:58:34 »
« Je le prends pas mal ! » S’écria June, le visage toujours aussi empourpré par le vin.

Avec sa faible tolérance à l’alcool, le nécromancien n’avait de fait qu’une vague idée du sujet dont il était question. Ses pensées étaient embrouillées par un sérieux début d'ivresse, et la fatigue accumulée à cette heure tardive ne l’aidait guère à garder l’esprit clair. June étouffa un long bâillement. Les démonstrations sociales ne figuraient pas dans ses habitudes et, en voulant marquer la victoire par ce toast, il avait sans aucun doute surestimé ses capacités.
 Sven ricana en se resservant un énième verre, que l’homme semblait parfaitement tolérer contrairement au nécromancien. Peu à peu, les allusions perçaient la couche de brouillard entourant sa cervelle et June comprit lentement les enjeux de la discussion précédente. Curieusement, il ne ressentit nullement la gêne de l’autre jour.

« Hé, si tu comptes gerber, préviens. » Lui lança Sven en reprenant une gorgée de vin.

« Non, ça va… J-Je pense que je vais juste aller me coucher… »

Si la boisson l’avait légèrement désinhibé, June n’avait néanmoins aucune envie d’en apprendre davantage sur ce fameux accord. Shad n’était qu’une simple amie dans son esprit, et rien de plus. Quant à Sven, il ne savait sur quel pied danser avec lui, sinon que l’homme lui inspirait un malaise persistant. Le nécromancien se redressa dans son fauteuil, cherchant à estimer sa capacité à se lever face au roulis.

« Non, non… Ça va, je peux y aller tout seul. » S’empressa-t-il de confier après le retour de Shad. « Je n’ai pas besoin d’aide… »

Sven haussa les épaules en réponse. « Il dit qu’il n’a pas besoin d’aide. »

June se leva lentement. D’abord mal assuré sur ses jambes, il se rattrapa de justesse au solide bord de table alors que la soudaine station verticale lui balada son estomac plein. Sven émit un nouveau rire.

« Bon, bon, je vais emmener la princesse au lit, je reviens. » Plaisanta Sven en se levant à son tour.

En temps normal, le garçon aurait sans doute protesté face à cette énième pique et contre la compagnie d’un homme qui lui déplaisait. Mais June n’était tout simplement pas en état de le contrer. Alors qu’il tentait de ramasser fébrilement son sac, combattant par la même occasion le vertige que cela lui causait, la main de Sven vint lui saisir fermement l’épaule tandis que l’autre empruntait son sac.

« Mais j’y serai arrivé… » Protesta-t-il avec véhémence, mais néanmoins résigné face à la poigne de fer de Sven qui l’emmena aussitôt vers l’escalier conduisant à l’étage.

En réalité, l’aide du colosse fut la bienvenue. June tituba à plusieurs reprises contre les marches, la vision bien plus hasardeuse qu’il ne l’aurait estimé, et sans le bras de Sven pour le rattraper, il se serait sans doute cassé la figure. Le duo atypique rejoignit rapidement le palier des chambres où, constatant un meilleur équilibre du nécromancien, Sven le relâcha peu à peu de son emprise.

« Merci, c’est bon… » June s’arrêta devant la porte de sa loge réservée, et tendit la main. « Mon sac ?... »

Un sourire narquois aux lèvres, Sven lui rendit aussitôt. « Tu vas y arriver tout seul maintenant ? »

June hocha la tête, réprimant un embarras croissant, et murmura un vague bonne nuit alors que leur étrange compagnon d’aventure tournait les talons. Le nécromancien fit volte-face et ferma aussitôt la porte derrière lui, nullement mécontent de se retrouver enfin seul, avant d’aller s’affaler sur le lit. Mieux valait attendre quelques instants avant de se laver, au moins le temps que ce tournis passe.

Alors que June tentait de dompter son estomac baladeur, Sven redescendit placidement les escaliers pour regagner la salle commune et la table de leur diner. Il se rassit en face de Shad, d’humeur jovial.

« La princesse est couchée. Me fait pas la gueule pour ça, j’essayais de le décoincer. » Déclara-t-il sur un ton moqueur. « J’ai toujours du mal à croire que c’est pas une gonzesse, c’est moi qui me suis fait piéger dans cette histoire. J’aurais pu avoir double paiement en nature. »

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Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: mercredi 06 mars 2019, 22:15:10 »
La vision de June commençait à se montrer instable. Et pour cause, sa dernière consommation d’alcool remontait à bien des mois auparavant, alors qu’il s’était simplement autorisé une coupe de vin dans une taverne de campagne. Une rasade pour goûter, et non pour fêter un évènement comme ce soir, unique raison pour laquelle il avait proposé ce toast. Hors de question de se défiler désormais !

« J’ai assez de problèmes moi-même pour ne pas vouloir être associé avec un nécromancien. Nexus ne plaisante pas avec ce type de magie. » Répondit Sven en mastiquant un quartier de viande.

Le nécromancien récupéra sa coupe au détour de la conversation, et s’offrit une lampée supplémentaire, à petites gorgées timides pour ne pas tousser. Le liquide lui brûla néanmoins la gorge, lui faisant monter les larmes aux yeux, mais il parvint à faire honneur au vin ainsi qu’à ses compagnons du soir. Sven le regarda d’un air goguenard, comme s’il avait soudainement remarqué la difficulté de June à consommer l’alcool.
Nexus ne plaisantait effectivement pas avec la nécromancie, et June était bien le premier à s’en être rendu compte. Il faisait profil bas en permanence, ne se targuant jamais de sa magie, et évitant autant que possible les territoires trop bien surveillés. Si bien qu’il ne pouvait guère blâmer Sven sur sa décision. Le jeune homme reposa son verre à moitié plein, et s’empressa de revenir à son plat.

*De quoi parlent-ils ?... Ça commence tellement à tourner, je loupe la moitié de la discussion.*

« Tout travail mérite salaire, n’est-ce pas ? » Ajouta Sven avant de jeter un coup d’œil vers son nécromancien de voisin. « Tiens, reprends-en. »

Avant même que June ne puisse protester, l’homme resservit copieusement le verre de ce dernier d’alcool doré et translucide, un sourire moqueur sur son visage mal rasé. Un geste prémédité. Le nécromancien aurait sans doute apprécié de le fusiller du regard, mais avec ses joues empourprées, et son physique efféminé, il n'aurait ressemblé qu’à une jouvencelle pompette et vexée. Aucune chance d’impressionner Sven dans pareil affrontement.

« Mais puisque tu as été honnête, je vais l’être aussi. Tu peux refuser. Tu as l’air de prendre ça comme une corvée et j’ai pas envie que ça le soit. »

« Mais… De quoi vous parlez ? » Interrogea June, entre deux patates saucées.

Sven suivit le regard gêné de Shad. Celui-ci reprit sa propre coupe de vin, les yeux brillants de malice, alors qu’il repoussait son assiette vide. Quant à June, ses yeux passaient de l’un à l’autre, emplis d’incompréhension et d’un soupçon d’ivresse.

« Ton amie m’avait proposé de me récompenser en nature, tu t’en souviens pas ? » Dit-il sans ambages. « Mais je me demande ce qui le fait hésiter maintenant… »

June croqua dans son ultime pomme de terre avant d’interroger Shad du regard. L’alcool aidant, le jeune homme se montrait beaucoup moins embarrassé devant le sujet, ou bien n’avait-il simplement pas compris l’allusion. En tout cas, aucune rougeur supplémentaire ne vint s’ajouter à son air enjoué.

« Oh… Bah, je… Vous faites comme vous voulez… » Balbutia-t-il avant de piquer les derniers morceaux de viande dans son assiette finalement vidée.

Sven se renfonça dans sa chaise qui grinça sous le poids. L’atmosphère de la taverne était devenu plus épaisse, plus chaleureuse, presque intime avec l’heure tardive et, manifestement, l’homme était d’humeur taquine. Le bruissement des conversations alentours, et le craquement doucereux du bois se consumant de la cheminée invitait aux confidences inattendues, aux nuits sans lendemain. Le colosse reprit son verre, et le termina d’une seule traite, fixant à nouveau Shad.

« Tu vois, il s’en fiche. » Commença-t-il avec son éternel sourire. « Tu décides, hein. Si c’est moi qui t’insupporte, vas-y, je t’écoute. Ou alors c’est encore autre chose ? Déçue que ton ami June s’en fiche justement ? »

Encore une nouvelle allusion grivoise. L’air moqueur que prit Sven s’opposait à l’incompréhension du nécromancien à côté, dont la faculté de réflexion semblait quelque peu ralentie par l’alcool. Le colosse semblait néanmoins prendre un malin plaisir à tenter d’embarrasser la Lycane...

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Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: lundi 04 février 2019, 18:21:28 »
La large cheminée de l’auberge emplissait l’espace d’une chaleur bienvenue. Bien que la grande salle n’était qu’à moitié remplie à cette heure-ci, l’ambiance y était déjà chaleureuse, et June savourait pleinement cet instant de paix. La simplicité d’un repas au coin du feu en bonne compagnie : Du moins l’était-ce en partie, alors que Sven ne lui inspirait toujours pas pleinement confiance.

« Justement, j’ai réfléchis à ce… » Commença-t-il avant qu’on leur apporte le repas chaud. « Ah, merci. »

L’estomac de June gargouillait déjà face au fumet de son plat, un émincé de poulet, si bien qu’il ne tarda guère à s’y attaquer avec appétit. Quant à leur voisin de table, Sven, il ne se fit pas davantage prier en récupérant un large morceau de pain pour saucer son assiette. Chacun avait sa propre coupe de vin que le nécromancien avait tenu à payer pour l’occasion, une manière un peu naïve de fêter la fin de leur aventure. Tout bien considéré, revenir en vie après la cité morte constituait une victoire.

« Évidemment que je comptais tenir parole, je n’ai pas oublié notre petit accord. » Affirma Sven avec son éternel rictus moqueur.

June fit mine de n’avoir rien entendu. Cette clause ne le concernait pas, et le personnage l’inspirait peu, surtout depuis son regard insistant pendant qu’il bouchait le passage de la montagne. Que se passe-t-il donc dans la tête de ce type ? Le jeune homme n’avait guère envie de le savoir. Il reprit une brève gorgée de vin et, revenant au premier sujet, et exposa son idée quant à la missive.

« Pour revenir à la missive… Je pensais justement que tu pourrais leur envoyer seulement d’ici quelques semaines, peut-être une ou deux, et avec le carnet qu’on a trouvé… »

Il remua pensivement un morceau de poulet dans la sauce. Le nécromancien avait bien réfléchit à la manière de présenter la chose à Nexus.

« En fait, je ne voudrais pas qu’on te cause des ennuis à cause de moi parce que si Nexus envoie des enquêteurs, ils vont faire forcément trouver des traces de ma magie noire chez Voshnäk… Donc tu pourrais expliquer que tu as enquêté sur l’attaque du château, et que ça t’a conduit à la montagne. »

« Pour qu’ils pensent que la nécromancie qui l’a balayé vient de ces créatures ? » Devina Sven entre deux morceaux de viande.

« Exactement, et de toute façon on sait que Voshnäk avait plus ou moins un lien avec ces choses, ça n’étonnera personne qu’il lui soit arrivé des problèmes à cause de ça… Comme ça, tu seras arrivé une ou deux semaines après, et en voyant l’état du château, tu as décidé de les alerter du danger. »

Sven hocha la tête en mastiquant. Ce mensonge, le nécromancien y avait longuement réfléchi, et il lui semblait couvrir à peu près tous les aspects. Son identité et celle de la brute restaient secrètes, et personne n’ira chercher de problèmes à Shad qui n’était définitivement pas capable de cette magie noire. Quant à la suite des évènements, June n’y avait guère réfléchi.

« Ce que je faisais avant d’arriver ici. » Lâcha Sven sans plus de détails.

« Moi je ne sais pas exactement… Il faut que je change d’endroit déjà, et puis je vais essayer de retrouver un autre travail. Mais tu sais, je ne dis jamais vraiment quelle magie je pratique… Quand je m’occupe d’affaires occultes et que les gens sont satisfaits de ma performance, mieux vaut ne pas en dire davantage et s’en tenir là. »

June récupéra une nouvelle fois sa coupe de vin. Il prenait rarement de l’alcool, même durant ses repas, et le breuvage lui avait légèrement coloré les joues. Toutefois, pour la première fois depuis des jours, le nécromancien était véritablement souriant et détendu, soulagé d’en avoir terminé avec les horreurs de la montagne.

Et quoi de mieux qu’un bon repas dans une ambiance bonne enfant après une telle aventure ? Sven devait en avoir certainement une petite idée à la manière dont il dévorait Shad du regard mais, tout à son confort, June ne l’avait même pas remarqué.

5
Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: mercredi 30 janvier 2019, 00:05:18 »
L’ombre de la montagne les recouvrait à nouveau. Alors que leurs montures s’aventuraient une nouvelle fois sur l’étroit sentier, June ne put s’empêcher de lui trouver un air encore plus lugubre qu’à l’aller. Ces pentes escarpées lui paraissaient aussi déchiquetées que des crocs, tandis qu’un vent glaciale hurlait comme une âme en peine par-dessus une roche stérile et vide de végétation.
L’imagination du nécromancien y était sans doute pour quelque chose, mais il savait aussi quel genre de créatures se terraient là-dessous, et cette perspective rendait l’endroit encore plus menaçant. June frissonna en resserrant son manteau. Ensemble, ils avaient pris la décision de sceller les entrées afin de se débarrasser au plus tôt de cette détestable histoire, mais durant le trajet, aucun d’entre eux n’était parvenu à briser l’humeur maussade que la montagne leur inspirait.

« Oui, je déteste vraiment cet endroit... » Ajouta-t-il pour appuyer les propos de Shad.

June descendit de cheval aussitôt, tandis que Sven observait d’un air curieux la Lycane se transformer en dragon et s’envoler dans un grand fracas. Le nécromancien ne pouvait lui reprocher cette admiration. Le spectacle l’aurait tout autant fasciné la première fois, s’il n’avait pas été balloté entre ses griffes comme un sac de navets. Il récupéra son sac de voyage en bandoulière et entreprit de gravir les derniers mètres qui le séparaient de l’entrée principal, Sven sur ses talons.
L’endroit n’avait pas changé d’un pouce depuis leur dernier passage. L’amas de planches sommaires masquait toujours en partie les runes, mis à part celles qu’ils avaient arraché, et l’entrée vers la cité béait sur les ténèbres. Un frisson glacé remonta le long de l’échine de June. Le goulet plongeait directement vers la cité souterraine et ses horreurs, comme un portail vers l’enfer, un noir total qui semblait engloutir la lumière même et attirait désagréablement l’œil.

« Tu comptes faire comment ? Faire tout ébouler ? » La voix de Sven le tira de cette sinistre fascination.

« Non, ça pourrait briser les runes si la roche se casse au mauvais endroit. Je vais utiliser un… serviteur et juste bloquer l’extérieur. »

« L’entrée est petite. » Observa Sven en s’approchant. « Et le tunnel avec l’escalier aussi, une seule grosse pierre suffirait. »

« Oui mais ce serait trop risqué de rentrer là-dedans. On ne sait pas si ces créatures peuvent exercer un contrôle mental sur nous ou… Elles pourraient bien voler mes créations magiques comme je l’ai fait contre eux. »

Sven haussa les épaules, et recula en examinant machinalement les planches disjointes. Ces créatures étaient parfaitement au courant de leur existence, peut-être même de leurs intentions, et June n’avait absolument aucune envie de mettre un pied là-dedans. Il récupéra ainsi une plume d’oie et une fiole d’encre noirâtre de son sac, puis commença à tracer un large pentacle directement sur le sol. Des runes et signes mystiques vinrent rapidement s’ajouter au cercle.
Bientôt de la fumée verdâtre, quasiment noire, s’éleva du cercle sous l’œil vigilant du nécromancien et plus circonspect de Sven. Au beau milieu du pentacle, d’énormes doigts rouges sang crevèrent la surface, avant que le bras, puis tout le corps du golem de chair n’émerge, comme si il traversait la matière. June vit son coéquipier se lever par réflexe en posant la main sur hache. Le golem était certes à ses ordres, mais il n’en demeurait pas moins impressionnant avec ses trois mètres de haut.

« Il pue pire qu’un charnier. » Fit remarquer Sven.

« Techniquement c’est quasiment un charnier vu qu’il est composé principalement d’os et de chair décompensés… C’est plus simple avec des cadavres frais d’habitude, mais je… J’ai… »

June laissa sa phrase en suspens en voyant la mine dégoûtée de Sven. Manifestement, l’explication en nécromancie attendrait un autre jour, si bien qu’il mit son golem à l’œuvre immédiatement. D’une force colossale, la créature n’eut guère de mal à décrocher d’énormes blocs de pierres des alentours pour les accumuler avec précaution devant l’entrée.
Le nécromancien veillait à ne pas endommager les runes, dirigeant son serviteur pour qu’il place simplement les rochers par-dessus les planches. Cela avait au moins le mérite d’interdire le passage à des gens du commun, même si les blocs n’arrêteraient pas des mages décidés. Le bouchon masquait désormais totalement l’entrée à la grande satisfaction de June. Il se retourna vers Sven. L’homme l’avait fixé durant toute l’opération, une expression indéfinissable aux lèvres.

« Bon, eh bien… C’est fait… Hmm, on peut redescendre je pense. » Affirma June, néanmoins mal à l’aise face au regard insistant de son collègue.

« Tu laisses ta bestiole là ? »

« Oui, je vais relâcher la magie et il va se dissoudre tout seul. Ce n’est pas très solide quand ils sont sortis de… Enfin, peu importe. »

La puanteur qui se dégageait du golem en train de se dissoudre était déjà atroce. Le duo retourna aux chevaux à pas tranquilles, arrivant juste avant l’atterrissage de Shad.

« Aucune surprise, tout s’est bien passé et c’est bien bouché. » Déclara June avec un léger sourire satisfait.

Sven hocha la tête à son tour en enfourchant son cheval, imité par le nécromancien. Enfin cette histoire était derrière eux ! June en aurait presque eu un rire nerveux. L’auberge les attendait avec un bon repas chaud, et une nuit reposante où ils pourraient songer à la missive tout à loisir. Alors que le trio redescendait tranquillement la route du village dont les premières toits apparaissaient au loin, June se sentait de plus en plus léger comme si un énorme poids s’était envolé de ces épaules.

De soulagement, June souffla un grand coup tandis que le vent battait ses longs cheveux noirs. Ce soir, il allait peut-être s’autoriser une coupe de vin pour fêter ça…

6
Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: lundi 28 janvier 2019, 00:42:40 »
June remua pensivement les pages de l’autre livre, celui sur l’histoire locale. Etant donné que le carnet de Petrus les avait déjà très bien renseigné,  il ne l’avait parcouru que très succinctement. Le nécromancien le laissa momentanément de côté, avant de confier le vieux carnet aux mains de Shad.

« Ça m’est égal, je vous aide jusqu’à ce que le problème soit réglé et peu m’importe comment. » Répondit Sven après un moment de silence.

Au moins l’affaire était-elle conclue. Perdu dans ses pensées, June hocha machinalement la tête devant cette sage décision. Non seulement ils n’étaient qu’un petit groupe de trois mais en plus, le nécromancien doutait que sa magie puisse avoir le moindre effet sur ces monstres. Contre des créations des Anciens, un autre type de magie était nécessaire : de la magie blanche, notamment divine, un attribut des Paladins complètement opposé à la sienne.
Quant à Sven, le jeune homme préféra se taire à son sujet. L’homme était certes une sacrée brute, expert en maniement de sa hache, mais il semblait également dépourvu de capacités magiques, ce qui pouvait constituer un sérieux handicap dans ce genre d’affrontement. C’était du moins l’opinion de June. Renoncer était en définitive la meilleure solution d’entre toutes et, au fond de lui, le nécromancien était bien content qu’ils soient tous d’accord là-dessus.

« Non, je ne pourrais pas faire ça. » Répondit June. « Je pourrais reproduire les runes oui, mais ça n’aurait aucun effet parce qu’il faut des accessoires, des rites que je ne connais pas… C’est une magie tellement opposée à la mienne, je ne sais pas si j’en serai capable même en ayant tout ça. »

La magie blanche de l’Ordre était d’ailleurs conçue pour éliminer les mages noirs comme June. Sa nécromancie n’était rien d’autre qu’une magie noire, interdite dans la plupart des territoires civilisés et surtout ceux supervisés par l’Ordre. Mieux valait donc que ces derniers ignorent son existence.

« Je ne pourrais pas mettre de protection non plus, la nécromancie c’est… Ce n’est pas du tout ce genre de choses. Mais théoriquement, les créatures n’auront pas d’emprise tant qu’on reste à l’extérieur... Par contre je peux quand même trouver un moyen de t’aider à boucher l’entrée… »

« Boucher l’entrée avec quoi ? Un tas de cailloux ? » Demanda Sven depuis son tabouret.

« Oui, indirectement je peux boucher l’entrée principale pendant que Shad fait l’autre, ça empêchera les gens normaux d’y pénétrer… En plus, si l’Ordre intervient plus tard, ils n’auront pas à retirer ma magie. Et honnêtement… Je préfère qu’ils ignorent mon existence. »

June avait beau mener une vie aussi honnête que possible, il ne se faisait aucune illusion quant à son intégration sociale, encore moins auprès de l’Ordre. Pour lui et pour toute la région, mieux valait qu’on ne sache rien de son implication dans cette histoire, ni même de son passage.

« Je préfère te laisser faire la missive, mais… S’il te plait, ne me mentionne pas. Et je crois qu’il vaudra mieux éviter de dire ce qu’il s’est passé dans ce château. »

Sven hocha la tête. « Ouais, les gens qui envoyaient leurs esclaves ici seront pas très content d’avoir perdu leur débarras. Surtout les riches. »

Le nécromancien approuva ses dires d’un signe de tête. Nul doute que de nobles propriétaires d’esclaves avaient trouvé cet endroit bien commode pour se débarrasser d’une ou deux femelles porteuses de bâtards hybrides gênants, des servants malades ou trop âgés. June fit la grimace tandis que cette éventualité lui traversait l’esprit.

« On pourrait peut-être se mettre en route pour terminer tout ça, et on verra la missive une fois reposé à l’auberge ? » Hasarda June en rangeant les deux livres.

Sven empoigna son imposante hache et se leva d’un bond, se dirigeant vers la Terradine pour passer nonchalamment un bras autour des épaules, un sourire goguenard aux lèvres.

« Ça me va, on conclut toute l’affaire à l’auberge. » Dit-il en se collant contre Shad. « Donc je viens avec le gamin pour l’entrée en bas, et toi chérie, tu fais celle d’en haut ? »

Dans l’absolu, June aurait préféré être seul ou bien accompagné de la Lycane. Mais la brute avait sans doute raison, mieux valait un combattant à ses côtés pour lui assurer une protection durant l’opération. De plus, Shad irait beaucoup plus vite en volant vers le sommet plutôt qu’emprunter tous ensemble un sentier de chèvre.
Le nécromancien fit néanmoins une légère moue : l’idée de se retrouver seul avec Sven n’était pas pour le réjouir.

« D’accord, ça me va… »

7
Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: jeudi 24 janvier 2019, 14:36:47 »
June commençait à avoir mal aux pieds. Ces journées d’aventures ininterrompues, rythmées par des marches intensives, de longues chevauchées et tant d’autres rebondissements, l’avaient gratifié de quelques belles ampoules. Il se laissa retomber dans une chaise de bois grinçante avec un soupir de soulagement, et s’empressa d’ouvrir le fragile carnet aux pages jaunies pendant que Shad interrogeait les captives terrorisées. Le nécromancien tendit vaguement l’oreille à leurs réponses.

« Il connaissait peut-être, mais… L’inverse était sans doute vrai aussi. » Marmonna-t-il distraitement.

Alors que la Lycane retournait dans la cour extérieure, dévastée par sa nécromancie, le jeune homme s’autorisa le luxe de déchausser ses bottes. L’air frais apporta un soulagement immédiatement à ses plantes de pieds douloureuses, et June se replongea dans la lecture du carnet parcheminé. Jaunies et fragilisées par une mauvaise conservation, l’écriture en pattes de mouche rajoutait une difficulté supplémentaire au déchiffrement. Ainsi que le regard fixé dans le dos du nécromancien.

« Je t’ai entendu marmonner, ça voulait dire quoi ça ? » Demanda abruptement Sven. « Qu’est-ce que tu voulais dire par l’inverse ? »

June pinça les lèvres, fixant les pages du carnet sans les voir, les yeux dans le vague. Le colosse avait beau être un partenaire désagréable, il avait tenu sa parole jusque là, et par conséquent, le nécromancien n’avait aucun intérêt à lui refuser ses informations.

« Je pense que si ce type était au courant de ces créatures… Elles connaissaient aussi sa présence, je veux dire… C’est logique. Elles sont intelligentes, c’est certain, les cadavres… Ils ne pouvaient pas arriver là tout seuls. »

Le bruit feutré du manteau de Sven fit écho à sa déclaration. L’homme croisa les bras, émettant un simple bruit de gorge, à mi chemin entre le grognement et le soupir pensif. June se passa nerveusement une main sur le front. Réfléchir à tête reposée apportait bien plus d’éclaircissements que des réflexions hâtives, émises sous l’effet du stress, si bien qu’il se remit immédiatement au travail.
Tandis que Shad s’occupait de l’évacuation des captives, Sven mit un point d’honneur à récurer son équipement, laissant un calme total s’emparer de la grande salle. Un instant de paix que June mit aussitôt à profit pour déchiffrer l’écriture du livre, ce dernier s’avérant être une sorte de journal de bord. Tout y était relaté avec minutie remarquable : les dates de l’expédition, la nature de la mission, l’auteur et les méthodes employées.
Tant si et bien qu’au retour de la Lycane, June en avait saisit l’essentiel. Ne restait que les runes mystiques, dont le nécromancien n’avait qu’une vague idée de leur utilisation.

« Ça dépend… » Argua Sven à la question de la Terranide. « Ça dépend de ce que le gamin va trouver dans ces bouquins, je préfère savoir à quoi m’en tenir. »

June se racla la gorge. Il tourna et retourna les pages du carnet, s’attardant sur les paragraphes dodues, comme si quelque vérité aurait pu lui échapper, mais le nécromancien se résigna. Les nouvelles n’étaient pas bonnes, et même clairement très mauvaises.
« Pour être totalement franc, je n’ai pas tout déchiffré au niveau des runes, ce sont… C’est un domaine de magie totalement différent de la mienne, mais le reste est la langue commune, même si c’est un peu difficile à lire… »

« Quelle genre de magie ? » Interrogea Sven en s’asseyant plus confortablement sur un tabouret.

« De la magie blanche, comme celle de l’Ordre de Nexus… C’est d’ailleurs eux qui ont envoyé ce… Petrus, il s’appelle, comme agent pour enquêter sur la montagne il y a environ… Hmm, 86 ans environ. D’après moi, c’est lui qui a apposé ces runes de protections à l’entrée. »
Le déchiffrement était la partie facile. Toutefois, les conclusions que ce carnet apportait, allaient être nettement plus douloureuses à digérer pour le trio. « La partie positive, c’est que selon le carnet, les runes sont très puissantes et qu’elles peuvent continuer à contenir les créatures assez longtemps... En théorie. »
June remua nerveusement les doigts avant de continuer. « Le problème c’est que l’apport massif de ces cadavres a peut-être bien amplifié le pouvoir des créatures et… Ça pourrait affecter la durabilité des runes, je ne saurais pas dire sur quelle ampleur exactement. »

« Donc, en résumé. » Intervint Sven. « Un clerc ou je ne sais quel religieux a été envoyé pour bloquer vos monstres, mais ces crétins ont tout ruiné. »

« Plus ou moins, oui. Peut-être que les runes peuvent tenir encore très longtemps, ou peut-être pas, je ne connais pas assez cette magie… » June avait suffisamment ruminé ces hypothèses pour les partager à présent, et il était quasiment certain que cela s’était plus ou moins déroulé ainsi.
« Ma théorie c’est que… Ces bandits ont voulu aller là-bas, et ces choses ont sans doute exercé une sorte de… Peut-être de contrôle mental, comme tu disais. Peut-être qu’ils ont été manipulé, je ne sais pas, mais… »

« Mais ? » Dit Sven, alors que le garçon marquait une pause hésitante.

« Mais je ne suis pas certain qu’on puisse régler le problème nous-mêmes… Je veux dire, contrer la nécromancie avec la nécromancie, ce n’est pas vraiment le mieux et ces choses… On ne sait pas exactement de quoi elles sont capables, alors vu que les runes sont encore là, on pourrait peut-être envisager de boucher davantage le passage et… Envoyer une requête anonyme à Nexus ? »
June avait réfléchit à cette éventualité toute la journée. Renoncer ainsi n’était pas à proprement parler un échec, mais cette conclusion lui restait en travers de la gorge.
« La cité m’a paru tellement ancienne, je crains que ce soit une sorte de vestige millénaire… Comme si c’était quelque chose qui datait des Grands Anciens et… Ce sont des créatures très puissantes, déjà le peu qu’on en a vu... Je ne sais pas, qu’est-ce que vous en pensez ? »

Sven ne répondit rien, quant à lui, se contentant de jeter un regard interrogateur vers Shad. June savait parfaitement que si ses craintes étaient fondées, retourner dans la cité était très certainement suicidaire. Connaitre et être conscient de ses propres forces était aussi une règle fondamentale de la magie.

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Les contrées du Chaos / Re : Let's hunt! [Cirillia]
« le: lundi 21 janvier 2019, 23:47:47 »
June retrouvait peu à peu des sensations au bout de ses doigts. De légers picotements remontèrent le long de ses frêles avant bras, avant qu’un frisson soudain ne vienne le secouer des pieds à la tête. L’odeur du pot de soupe brûlée devenait désagréable mais au moins la chaleur de la cheminée était-elle la bienvenue après leurs errances dans les couloirs glacés des oubliettes. Cependant, ils n’en demeuraient pas moins nus comme au premier jour, et dépourvus de leurs armes.
Le nécromancien frissonna une nouvelle fois, avant de hocher la tête aux propos de Cirillia. L’absence de la garnison constituait une occasion inespérée de mettre la main sur leurs affaires, ces dernières allant considérablement augmenter leurs chances de sortir de cet endroit en seul morceau.

June se détourna finalement du feu, avant de suspendre son geste. « Que… C’était bien un grognement ?... »

Un grondement horriblement familier aussitôt suivi par les hurlements déchirants de ses malheureuses victimes humaines. Pendant que l’ancien sorceleuse se rapprochait à pas feutrés de la porte, June jeta un regard rapide dans la pièce à la recherche d’une arme quelconque. Un simple couteau de mauvaise facture trainait encore sur la table. Le nécromancien s’en saisit vivement, en maigre défense, avant que ses yeux ne rencontrent ceux de Cirillia.

« Un barghest ?... » Répéta-t-il, l’angoisse trahissant le timbre de sa voix. « On ne va jamais pouvoir traverser avec eux… Déjà la dernière fois… »

Le souvenir mourut sur la langue de June. Leur dernière confrontation avec le nécromancien n’avait guère été couronnée de succès et, lui tout comme Cirillia savaient que les barghest se déplaçaient très souvent en meute. Hors, ils demeuraient nus comme des vers, avec pour seule défense, un couteau de cuisine ayant connu des jours meilleurs. Certes, le nécromancien pouvait toujours user de sa magie, mais l’usage intensif de ces derniers temps commençaient à réclamer son dû.

« Qu’est-ce qu’on fait ?... C’est peut-être le nécromancien qui attaque cet endroit, il doit y en avoir d’autres et… » Chuchota June avant d’être interrompu par un coup puissant sur la porte.

Les gonds de la solide porte de chêne gémirent sous le choc. Quelques grains de poussières chutèrent de la chambranle juste à côté de Cirillia, alors que le barghest se jetait une seconde fois contre le bois épais. June sursauta alors que les griffes enflammées de la créature raclaient contre le battant, arrachant de larges copeaux de bois.
June se précipita pour aider Cirillia à pousser la lourde table contre la porte qui tremblait sous les assauts furieux, mais bien trop tard. Dans un énorme et sinistre craquement, le bois céda, à moitié carbonisé par le feu surnaturel, laissant émerger la tête et les épaules du barghest. Celui-ci se tordait dans tous les sens, déchainé, mordant et griffant pour se faufiler à travers l’ouverture.

« Faut partir, un autre couloir, peu importe, ou… »

Une nouvelle fois, le nécromancien ne termina pas sa phrase. Un profond vrombissement venait de retentir derrière eux, comme celui d’une flamme entrainée par un appel d’air, et June sentit son estomac chuter dans ses talons en se retournant. Emergeant parmi les débris éparses de fagots brûlés, un barghest s’extirpait de la cheminée en se débarrassant du reste de charbons et d’un peu de soupe. La créature, qui s’était manifestement  faufilée à travers le conduit, leva les yeux vers eux, et se mit à gronder, menaçante.
June songea brièvement que la situation ne pouvait être pire. Le gémissement sinistre, puis le craquement déchirant du bois à sa droite, lui prouva le contraire. Le premier barghest était parvenu à se dégager entièrement de la porte fracassée, encerclant à présent le duo avec son congénère, tous crocs dehors. Le nécromancien ravala péniblement sa salive, et s’humecta les lèvres.

« Je peux… Je peux essayer un sort mais… Je ne suis pas certain… » Bredouilla-t-il, en reculant près de Cirillia.

L’inespéré se produisit alors. Les barghest grondants s’avancèrent pas à pas vers le duo acculé pendant de trop longues secondes, avant de s’immobiliser, comme pris d’hésitation. Puis, en un clin d’œil, les deux monstres firent volte-face, abandonnant complètement leurs proies, et se faufilèrent derrière une autre porte déjà ouverte. Les bras ballants, June en resta suffoqué et silencieux une bonne minute avant de balbutier la seule explication lui venant à l’esprit.

« Je rêve ou… Ils nous ont dégagé la voie ?... »

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Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: dimanche 13 janvier 2019, 21:08:19 »
La forteresse poussiéreuse était désormais plongée dans un silence de tombeau. Ni le fracas des pas précipités des bandits, ni le bourdonnement de la pestilence ne brisait plus le calme du château, alors que le cadavre du maitre des lieux terminait de se vider de son sang sur le dallage froid. Quand bien même le danger était écarté, June ne pouvait s’empêcher de trouver l’endroit encore plus sinistre qu’auparavant. Et la révélation de Sven ne faisait que renforcer cette impression.

« Je ne sais pas, c’est difficile à dire… Normalement, j’ai concentré la magie surtout sur la cour intérieure mais… »

Triste ironie que de mourir dévoré par la magie de ses propres sauveurs, songea le nécromancien. Mais qu’y pouvait-il désormais ? La faute imputait en grande partie à Sven, qui n’avait pas cru nécessaire de les avertir de cette réalité. June jeta un coup d’œil sceptique vers la brute. Leur cachait-il encore des surprises ? Plus il y pensait, moins il le considérait comme un allié fiable.
Certes, Sven les avait aidé pour se débarrasser de cette engeance, mais ce n’était qu’à son propre profit, et le nécromancien était prêt à parier que le colosse n’était pas tout blanc non plus. June se gratta la nuque, mal à l’aise à l’idée de ce que pourrait découvrir Shad en descendant dans les cellules. Des Terradines dévorées vivants n’étaient clairement pas un spectacle agréable.

« D’accord, je vais voir si je trouve des archives sur la région alors… Mais fais attention en bas. » Conclu June, tandis que Sven se levait déjà.

Explorer les étages du château avec Sven pour seule compagnie n’était pas pour le réjouir, mais June se garda de tout commentaire en emboitant le pas à l’homme. Les archives datant de l’ancien seigneur du domaine pouvaient se révéler riche en informations historiques, et n’importe quel renseignement sur la Cité Morte était trop précieux pour être négligé. D’autant qu’à ce jour, ils ne possédaient pour ainsi dire aucune information digne de ce nom pour résoudre ce problème.
Sven récupéra une torche suspendue à l’un des piliers de la grande salle, puis poussa la porte du seigneur qui donnait accès à une nouvelle série de couloirs. L’homme obliquait dans la demeure seigneuriale avec une telle aisance, poussant les portes sans hésiter et montant d’étroits escaliers, que June fut rapidement persuadé qu’il connaissait déjà les lieux. Comment ? La suspicion de June monta d’un cran à mesure qu’ils descendaient au niveau inférieur.

« Là. » Sven s’arrêta devant une porte verrouilla qu’il enfonça d’un vigoureux coup de botte. « C’est ce qui tient lieu de bibliothèque, tu devrais trouver de quoi bouquiner s’ils n’ont pas tout balancé. »

June marqua un temps d’arrêt, hésitant. « Vous êtes… déjà venu ici non ? »

Sven le regarda avec une expression amusée, cette moitié de sourire indolente et moqueuse dont il ne se débarrassait jamais complètement.

« Un de ces quatre, je vous expliquerai. Vas-y pendant que je monte aux appartements. » Lâcha-t-il d’un ton qui ne souffrait pas de réplique, avant de lui tourner le dos sans cérémonie.

June regarda la brute disparaitre dans l’angle de l’escalier avec un air contrarié, puis il risqua un coup d’œil prudent dans la salle plongé dans la pénombre. Sven pouvait attendre, quand Shad comptait sur lui pour les éclairer sur le mystère de la Cité, il avait donc mieux à faire que se perdre en conjecture sur ce bonhomme désagréable.
Le nécromancien récupéra lui aussi une torche murale, et s’aventura dans la bibliothèque tout aussi poussiéreuse, sinon davantage que l’ensemble du château. Manifestement, entretenir les archives du domaine n’était pas la priorité de ces anciens bandits reconvertis en petits seigneurs. Les rayonnages contenant les livres étaient couvertes d’une telle couche de toiles d’araignées, que June récupéra un chandelier abandonné pour les dégager.

*Hmm… Livres de comptes, administration, législation… Ah, des cartes régionales…*

Les cartes s’avérèrent avares d’informations sur la montagne contenant la Cité, comme si celle-ci n’avait jamais véritablement exploré. June laissa de côté les contes régionaux, les ouvrages que l’on dénichait dans n’importe quelle bibliothèque et, à force de tâtonnement, parvint à dégoter un livre sur l’histoire locale ainsi qu’un étrange petit carnet de cuir.
Tout en toussant à s’en brûler les poumons sous les résidus de poussière, le nécromancien feuilleta rapidement le vieux carnet. Celui-ci était rempli d’une écriture manuscrite en pattes de mouches, de divers esquisses de cartes locales, mais les derniers pages attirèrent particulièrement l’attention de June. A l’encre noir était inscrit le même genre de runes que Shad et lui avaient découvert à l’entrée du souterrain, derrière les planches clouées en hâte pour barrer l’accès à la Cité.

*On dirait les mêmes runes qui empêchaient les créatures de sortir… Il faut que je montre ça à Shad.*

Le carnet et le livre sous le bras, June remonta dare-dare les marches enténébrées et, au prix d’un véritable miracle, parvint à regagner la salle principale sans se perdre complètement dans le dédale. Shad patientait là, accompagnée de deux Terradines amaigries et crasseuses qui sursautèrent à son arrivée.

« Sans moi, j’ai mieux à faire que la caravane pour donzelles. » Déclara Sven au moment où le nécromancien débarquait dans la pièce.

« Qu’est-ce qui se passe ? » Interrogea June, ses livres sous les bras, osant à peine regarder les deux Terradines dont les haillons cachaient mal leur dignité.

« Ta copine veut ramener ses deux trouvailles à l’abri. Faites comme vous voulez, mais je vous attendrai pas un mois à l’auberge… »

Le pillage de Sven avait visiblement porté ses fruits : l’homme avait déposé un petit coffre en bois sombre sur le sol, ainsi qu’un autre sac en toile épaisse et bien dodu. Nul doute que l’un et l’autre étaient bourrés d’or ou bien de marchandises précieuses. June s’humecta les lèvres en réfléchissant, jetant un coup d’œil aux deux esclaves. Elles auraient sans doute été charmantes si l’emprisonnement et la maltraitance ne les avaient pas laissé maigres, sales et marquées par les coups.

« Je veux bien t’aider moi, mais comment tu veux faire les mettre en sureté ?... Sinon, j’ai trouvé un truc intéressant, un carnet avec les mêmes runes qui fermaient l’entrée des souterrains. »

June posa avec précaution les livres sur une table près de Shad afin qu’elle puisse les examiner, avant de regarder à nouveau les Terradines. Clairement, ils ne pourraient pas les emmener avec eux dans leur expédition alors que la simple vue de Sven semblait les effrayer, mais les aider à retrouver une certaine liberté allait être plus facile à dire qu’à faire. Encore un nouveau problème sur les bras, songea June, mais je peux bien l’aider pour ça aussi après tout ce qu’on a traversé…

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Les contrées du Chaos / Re : Let's hunt! [Cirillia]
« le: vendredi 11 janvier 2019, 18:26:26 »
Les dalles de pierre glacées mordaient la plante des pieds de June. Celui-ci frictionna nerveusement ses bras, dont la surface imberbe ne le protégeait guère des frimas, et jeta un regard contrit vers les deux gardes baignant dans leur propre sang. C’était eux ou nous, se conjura-t-il, on n’avait pas le choix. Contre toute attente, tuer des êtres humains ne faisaient pas parti des attributions du nécromancien, utilisant plutôt ses pouvoirs pour résoudre les problèmes liés aux forces occultes.
Les scrupules de June furent néanmoins rapidement balayés par de puissants tremblements inattendus, prémices de nouveaux ennuis à venir. De la poussière se détachait de la maçonnerie entre chaque tremblement, comme si quelque géant s’acharnait à marteler la forteresse de ses poings furieux. Le nécromancien regarda Cirillia avec un air interrogatif, mais la jeune femme ne semblait pas plus avancée que lui sur l’origine du phénomène.

« On dirait des coups… Comme si quelque chose cognait contre le murs, mais ce serait énorme pour faire vibrer tout le château comme ça… »  Dit-il en s’avançant vers l’entrée béante de la cellule.

June risqua néanmoins un coup d’œil dans le couloir longeant les cellules. On percevait une nette agitation aux étages supérieurs, le tintement des armes et l’agitation des hommes, au milieu du mystérieux fracas extérieur. Appuyée contre la chambranle de la porte, le nécromancien retira rapidement ses doigts en fronçant les sourcils de perplexité : quelque chose était bel et bien en train de cogner contre la pierre, quitte à ébranler toute la forteresse.

« On pourrait peut-être profiter de l’agitation pour récupérer nos affaires et… » June jeta un coup d’œil vers la nudité de la jeune femme, et rougit. « … Et sortir peut-être. »

En l’occurrence, les gardes et les geôliers semblaient avoir désertés les oubliettes comme un seul homme, si bien qu’ils décidèrent de s’aventurer dans le dédale du château. On entendait nettement les pas précipités de chausses et de mailles marteler le plancher des étages supérieurs entre deux tremblements à vous déloger les molaires. Un courant d’air fit frissonner le nécromancien à mesure que le duo progressait le long de cellules crasseuses et tout aussi vides que les couloirs.
Les oubliettes de Valroy semblaient pour le moins peu fréquentées, ce qui n’avait rien d’étonnant pour une juridiction de province. Mais ça n’expliquait pas le monstrueux vacarme extérieur. June prit garde de demeurer aux côtés de Cirillia en longeant le mur opposé. Cela avait l’avantage de lui éviter la vue gênante du charmant fessier de la jeune femme, et de dévoiler le sien en étant devant.

*Quelque chose dans l’air… C’est bizarre, j’ai un mauvais pressentiment.* Songea June suivant néanmoins l’ancienne sorceleuse à travers les couloirs mal éclairés.

Le duo gagna avec prudence l’un des étroits escaliers en colimaçons donnant accès à l’étage supérieur, certainement un autre niveau de cellules ou bien une salle des gardes. June saisit l’une des torches suspendu, avant d’accompagner Cirillia vaille que vaille. Les yeux rivés sur les marches de pierre froide afin d’éviter la vue du postérieur de la jeune femme devant lui, l’inexplicable appréhension du nécromancien ne cessait d’aller croissante.
Le sol vibrait encore sous leurs pieds et, à mesure qu’ils grimpaient, le phénomène s’accompagnaient peu à peu d’un énorme et inquiétant fracas, tel des projectiles s’écrasant avec force sur les murailles. June se mordilla le pouce, anxieux, mais il était trop distrait par les ombres mouvantes sur les courbes de la jeune femme escaladant les marches devant lui, pour émettre une théorie clair.
Fort heureusement pour eux, ils émergèrent bien vite et sans encombre dans l’une des grandes salles de garde où l’on avait installé une table couvertes de victuailles et des chaises près d’un âtre au feu mourant. Le tout était singulièrement vide.

« Ils ont sans doute été voir ce qu’il se passe ou alors ils ont convoqué tous les soldats… » Dit June en jetant un coup d’œil prudent dans la salle à la suite de sa collègue.

Quoique encore situé dans les niveaux inférieurs et souterrains de Valroy, la salle disposait d’un luxe beaucoup plus confortable que les oubliettes inférieures. Preuve que les gardes et les geôliers devaient y déjeuner ou passer le temps entre deux rondes, et peut-être même y entreposer les affaires des prisonniers.

« Tu crois qu’ils ont mis nos affaire quelque part par ici ? »

De nombreux couloirs s’étiraient dans toutes les directions, signalés par des portes cloutés de fer tantôt fermées, ou laissées complètement béantes, en un véritable labyrinthe. Une soupe terminait de brûler au-dessus de la cheminée, témoignant de la hâte avec laquelle les gens d’armes avaient déserté la pièce douillette. June s’approcha du feu pour réchauffer son corps svelte et nu, profitant de la sensation apaisante pour renouer avec sa perception magique l’espace d’un instant.

« On devrait se dépêcher… Je crois que… Je sens de la magie noire à l’œuvre, là dehors… » Dit-il en jetant un coup nerveux vers Cirillia. « Ça n’est pas une attaque normale… »

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Les contrées du Chaos / Re : Let's hunt! [Cirillia]
« le: samedi 29 décembre 2018, 02:16:00 »
Les bourreaux se lassèrent au bout du second évanouissement. Certes, June avait vu des horreurs échappés des pires cauchemars, mais lorsqu’il apercevait un instrument de torture, son imagination travaillait pour lui. La simple idée que ce tisonnier, que cette pince ou cet étrange machin à piques puissent frôler et percer son corps, cela suffisait à le faire tomber dans les pommes. Le nécromancien était en somme extrêmement douillet. Tant et si bien qu’on l’abandonna ainsi dans sa cellule, les geôliers demeurant perplexe sur la conduite à tenir dans ce cas de figure.
Ce fut un terrible rugissement qui extirpa June de son coma, faisant résonner sa tête comme un gong. Celui-ci ouvrit brusquement les yeux, et chercha à reculer précipitamment en poussant un petit cri étouffé… Avant de se rappeler qu’il était suspendu par des chaines. Le nécromancien cligna des yeux, reconnaissant immédiatement le visage de Cirillia juste sous son nez. Malgré les circonstances, il trouva le moyen de rougir légèrement en constatant la nudité totale de la jeune femme.

« A-ah… Attention, ils vont revenir vite… Ils voulaient m’interroger mais hum… »

La voix de June mourut dans sa gorge, tandis que la sorceleuse s’échinait à déverrouiller les chaines l’entravant. C’était tout de même gênant que d’avouer s’être évanoui si facilement, et ce  à plusieurs reprises avant qu’on ne le touche. Le nécromancien préféra ne rien dire à ce sujet. Cirillia le délivra finalement à son grand soulagement, et à celui de ses bras horriblement endoloris après un séjour aussi longtemps suspendu.
Pour la première fois depuis leur rencontre mouvementée, June était vraiment très content de revoir la jeune femme. Et surtout en vie. Celui-ci massa ses poignets avant se souvenir du médaillon d’obsidienne, l’arrachant de son cou pour le balancer dans le brasero.

« Je suis désolé… Ils m’ont bloqué ma magie, je ne pouvais rien faire. » Expliqua-t-il, penaud, et toujours aussi gêné par la nudité de Cirillia.

L’embarras mis à part, June eut au moins la possibilité de constater que la sorceleuse n’était pas blessée, et même très bien portante. Un point certes positif, mais qui ne résolvait pas leurs difficultés. Le nécromancien disposait désormais d’une magie limitée sans l’aide de ses accessoires, mais retrouver ses affaires et les armes de Cirillia allait sans aucun doute être leur première priorité. Ne restait plus qu’à retrouver son chemin dans cette prison, tout en évitant les gardes…

« Ils vont sans doute venir voir si je-… »

Un bruit de bottes lointain interrompit la déclaration de June. Comme il le craignait, les geôliers le surveillaient de près malgré ses évanouissements, et ceux-ci revenaient souvent vérifier son éveil. Hors, contre toute attente, le duo perçu l’écho de chocs métalliques caractéristiques d’armes portées à la ceinture, et de tenues de mailles. Une patrouille de gardes cette fois-ci.

« Je te jure, on dirait une gonzesse, c’est carrément bizarre. Je me demande ce que ça ferait de-… »
« Attends, t’as rien entendu ?... »

June faisait pourtant de son mieux pour demeurer discret en cherchant une cachette, mais son pied heurta le fragment d’une chaine abandonné sur le sol qui émit un cliquetis. Le nécromancien maudit sa maladresse et se tassa dans un coin, loin de la lumière du brasero. Les gardes se rapprochaient de la cellule à pas prudents, manifestement avertis du danger de la nécromancie, et le duo put entendre distinctement le bruit d’épées sorties de leurs fourreaux.
Le cerveau de June fonctionnait à toute allure. Sans ses préparations, ses objets enchantés et son précieux sacs d’accessoires, son panel de sorts pour se défendre était pour le moins limité, et de moindre efficacité. Le seul point positif demeurait en la nature de ses adversaires qui n’était, somme toute, que des humains beaucoup moins résistants que des créatures surnaturelles. Quoique le nécromancien était toujours réticent pour se servir de la magie contre ses semblables, il s’agissait ici d’un cas de force majeure.

*C’est trop tard pour reculer de toute façon… Si on ne se bat pas pour sortir, ils vont nous tuer.* Songea June pour se donner du courage.

Le premier garde fit son entrée, une longue épée à la main. June laissa la sorceleuse se charger de celui-ci, et profita de l’effet de surprise pour sortir des ombres en s’attaquant au second. Le deuxième garde hésita entre secourir son camarade attaqué par Cirillia quand il vit le nécromancien émerger devant lui. Complètement nu, ce qui avait au moins le mérite de le déstabiliser un instant.
June brandit sa main ouverte en direction de l’homme. Marmonnant des paroles indistinctes, une sorte de fumée noire émergeait de ses doigts tordus vers le haut, formant comme une serre. Le garde, prenant peur en comprenant l’implication de magie noire, fonça sur le garçon en brandissant son épée… Mais s’arrêta à mi-chemin pour porter la main à sa gorge.
Les veines de son cou noircissaient à vue, se nécrosaient plus exactement, et le garde essayait d’ouvrir le col de son uniforme comme s’il manquait d’air. L’homme étouffa ainsi pendant plusieurs secondes, June maintenant sa magie jusqu’à ce que son adversaire s’effondre genoux au sol, dans des glapissements d’agonie, tombant finalement face contre terre. Le nécromancien, légèrement essoufflé, abaissa finalement sa main et regarda vers Cirillia.

« Comment on sort de là maintenant ?... Je suppose qu’il va falloir retrouver nos affaires et forcer, j’ai peut-être un sort pour faire diversion mais… Ça va me prendre beaucoup d’énergie. »

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Les contrées du Chaos / Re : Let's hunt! [Cirillia]
« le: vendredi 21 décembre 2018, 19:23:17 »
Le sommeil du nécromancien était parcouru d’atroces cauchemars. Une horrible pulsation sourde, lancinante, semblait le poursuivre dans les méandres d’un brouillard dense, et il avait la désagréable impression d’être frigorifié. Celui-ci fouillait désespérément l’épaisse brume en appelant Cirillia à l’aide, mais le garçon avait beau crier à pleins poumons, seul l’écho d’un monstrueux hurlement lui répondait. Était-ce une nouvelle abomination ? Il se figea un instant pour tenter de localiser ces horribles vociférations. Glacé d’effroi, le nécromancien se rendit soudainement compte que ces grognements provenaient  de sa propre gorge…
June se réveilla en sursaut, et seul le seau d’eau glacé l’empêcha de hurler de frayeur en lui coupant brutalement la respiration. La bouche du garçon chercha l’air en s’agitant comme un poisson hors de l’eau, et il mit plusieurs minutes avant de revenir à la réalité. Ses bras lui faisaient atrocement mal, et il était glacé jusqu’au os. Le nécromancien cligna des yeux, découvrant peu à peu la cellule, les hommes déplaisant l’entourant, les chaines qui l’emprisonnaient, et sa nudité complète.

« Vous avez entendu ce que je viens de dire ? Vous avez intérêt à nous dire où se trouve votre repaire, grotte, ou je ne sais quel trou où vous avez caché vos horreurs. Nous savons qu’il s’agit du marais, mais où exactement ? »

« H-hein ?... »

Le geôlier soupira de mécontentement. Quant à June, il était complètement perdu. Le combat contre le Hurleur, le contrecoup de sa magie noire, l’avait laissé sur le carreau, et il ne comprenait que très lentement la situation désastreuse dans laquelle il était. Le nécromancien jeta des regards affolés autour de lui, réalisant peu à peu que non seulement il était nu et attaché sans défense, mais également qu’on avait complètement bloqué sa magie.

« Mais… Je-… Nous n’y sommes pour rien !... Ce n’est même pas moi… Nous avons aidé le village et on a été attaqué aussi… »

« Ça m’est égal. » Le coupa le gardien. « Vous êtes un nécromancien, c’est avéré et interdit par la loi ! Le Duc veut des aveux, pas la vérité, et on est justement là pour en avoir… »

L’homme patibulaire fit signe aux trois autres restés en retrait. Ceux-ci se mirent aussitôt à préparer, là des tenailles, ici des fouets et une ribambelle d’instruments tous plus menaçants les uns que les autres. June sentit l’affolement le gagner. La situation était désespérément simple : le garçon constituait le coupable idéal, et on allait le servir en pâture comme exemple, sans même écouter sa version des faits.

« A-Attendez !... Cirillia, elle peut vous le dire elle-aussi !... Elle était avec moi… Elle a vu que ce n’était pas moi… ! »

« Ah oui, la femme… » Le geôlier se gratte sa barbe éparse. « On va s’occuper d’elle après, ouais. Quoique on se demande encore qui est la femme entre vous deux... »

Des éclats de rire se firent entendre à cette boutade, que June n’apprécia guère, en même temps que le bruit menaçant d’une lame qu’on aiguisait. L’un des tortionnaires plongea la pointe d’un pieu de fer dans le petit brasier éclairant la cellule, le faisant tournoyer jusqu’à le faire chauffer à blanc. En proie à la panique, June regarda ensuite l’homme s’approcher lentement avec le tisonnier brûlant.

« Non !... Pas ça… Ce n’est pas moi ! Je n’ai fait qu’aider !... » Gémit-il, au bord des larmes

Le nécromancien se savait parfaitement incapable de résister à la torture, douillet comme il était. June savait donc parfaitement quoi faire dans des circonstances aussi désespérées : avant même que le tisonnier ne le touche, il tomba dans les pommes.

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Les contrées du Chaos / Re : Let's hunt! [Cirillia]
« le: jeudi 13 décembre 2018, 18:26:09 »
La morbide création du nécromancien vola en deux morceaux séparés. June regarda les fragments de cheval voler par-dessus les buissons où il s’était dissimulé, cherchant l’inspiration dans la trajectoire de la bidoche. En vain. La magie était souvent une affaire de préparation, et la sienne ne faisait pas exception dans la mesure où il prévoyait bien souvent des sorts tout prêts à être utilisés dans l’urgence. Le garçon tâta le fond de sa sacoche. Il lui restait bien quelques os et plumes capable de pénétrer la chair, mais il doutait franchement de leur efficacité face à la carapace de ce monstre.
Au moins la distraction de l’équidé mort-vivant eut-elle le mérite de créer une ouverture pour ses alliés. June suivit avec anxiété les gesticulations de Cirillia, les roulades et les saltos, une souplesse avec un soupçon d’érotisme, songea-t-il brièvement, mais le Tschart était loin d’être épuisé. Fort heureusement, les invectives de la jeune femme semblaient avoir ravivé le courage des soldats, lorsque le nécromancien vit une lance fendre l’air pour perforer la créature, permettant à la jeune femme de le poignarder grièvement à son tour.

*Blessé, il est encore plus hystérique maintenant…* Songea June tandis que Cirillia retomba lourdement parmi les buissons de groseilliers où il s’était réfugié.

Saisi par l’inquiétude, June rampa prudemment vers la jeune femme, mais ravala aussitôt ses interrogations en la voyant se remettre sur pied aussitôt. Elle avait suffisamment prouvé qu’entre eux deux, la sorceleuse était de loin la plus solide, et ils avaient de plus grandes préoccupations que l’état du postérieur de Cirillia. Le Hurleur s’agita de plus belle, rendu fou par la douleur, et ses mouvements erratiques le conduisirent à embrocher un autre cheval, désarçonnant son cavalier.
Le chuintement d’une lame juste derrière lui tira brusquement June de ses pensées. A peine tenta-t-il de se retourner, qu’une forte main gantée vint se coller contre sa bouche, en même temps que le fil glacé d’une épée menaçait sa gorge. Derrière lui, le soldat respirait fort, très certainement de frayeur, et ses doigts s’agitaient nerveusement. Le nécromancien tenta de protester à travers le gant, mais l’homme pressa l’arme sur son cou tandis que le Hurleur continuait son horrible carnage.

« Arrête-le tout de suite !... J’ai vu que ce t’as fait, c’est toi qui l’a fait venir !... Stop ça maintenant ou je te saigne ! » Aboya le garde derrière lui.

Encore, et toujours, June jouait de malchance. Dans la mesure où il venait d’utiliser sa magie blasphématoire aux yeux de tous, devant des hommes terrifiés et  démunis face ce monstre infernale, c’était une réaction logique, mais difficile à prédire. Le soldat ne cessait de trembler. Le nécromancien jeta un coup d’œil craintif vers Cirillia, mais dans cette situation, il n’était rien qu’elle puisse faire sinon empirer encore davantage les choses grâce son tact légendaire.
Le Tschart résolut la prise d’otage de lui-même. Alors que June commençait à paniquer sous la menace de l’épée, le Hurleur blessé, enragé de courir après les chevaux éparpillés, se retourna brusquement. Le soldat tenait fermement le nécromancien contre lui, le regard fou, surveillant la sorceleuse, et le trio offrait de très belles cibles immobiles. Dans un nouvel hurlement à vous déchirer les tympans, le monstre prit son élan et chargea droit devant lui, renversant au passage hommes et chevaux comme des quilles.

« Lâchez-moi ! » Hurla June d’une voix suraiguë, cherchant à s’extirper  vainement de la prise du soldat en voyant la créature se précipiter sur eux.

La situation vira au cauchemar en quelques secondes. Monstrueuses cornes en avant, le Tschart fonçait dans leur direction et, face à cette vision de mort certaine, le nécromancien paniqua complètement, au même titre que le garde collé dans son dos. Le soldat lâcha son épée puis, dans un accès de terreur, repoussa le pauvre June devant lui pour courir dans la direction opposée.
L’instant lui sembla se dérouler au ralentit : le tintement métallique de l’épée heurtant les pierres, les hurlements du Tschart, le fracas de ses sabots, quelqu’un hurlant son nom, le sol qui se précipitait à sa rencontre tandis que June perdait l’équilibre pile sur le trajet de la créature…

*Je suis mort…* La pensée lui traversa l’esprit comme un glas funèbre alors qu’il atterrit lourdement par terre.

Dans un mouvement désespéré, le nécromancien releva les yeux, vit la masse noire sur lui et roula sur le côté, en se recroquevillant du mieux qu’il put. Le Tschart, voyant sa cible à terre, avait ajusté sa course et l’une de ses cornes se planta exactement à l’endroit où se tenait June une seconde plus tôt, le ratant de justesse. Mais le nécromancien n’était pas sauvé pour autant. Lorsqu’il rouvrit les yeux, ce fut pour découvrir le ventre du Hurleur juste au-dessus de lui, alors que sa roulade l’avait malheureusement conduite sous ses pattes.
Le monstre hurla, et pivota à nouveau, avec une vitesse surprenante pour sa taille, afin de piétiner le nécromancien à terre. Celui-ci roula à nouveau sur lui-même, en pleine panique contrairement à Cirillia, esquivant par chance et de justesse un monstrueux sabot. Le Tschart hurla de frustration, tandis que le garçon cherchait maladroitement à ramper hors de portée. June ne réfléchissait plus, il avait complètement perdu son sang froid et ses gestes étaient conduis par de pures réflexes de survie.

Une solution désespérée s’imposa à cet instant dans son esprit. Un sort extrêmement dangereux car il nécessitait un contact physique avec des entités tenant de la magie noire, redoutables par définition. Plutôt que de chercher en vain à fuir, June se jeta à plat ventre sous le monstre, saisissant fermement l’une de ses pattes putrides entre ses doigts et mobilisa sa magie. Bien des noms furent donnés à ce type de magie, mais le principe, similaire au vampirisme, restait fondamentalement le même, et surtout mortel.
Le Tschart poussa un hurlement dément quand les yeux du nécromancien brillèrent d’un éclat verdâtre. Alors que sa force vitale se retrouva aspiré dans les mains du garçon, littéralement vampirisé par magie à travers les doigts de June, il s’affaiblissait d’autant plus vite. Le monstre leva sa patte, trainant le garçon sur le sol pour essayer de se débarrasser de cette sangsue humaine qui se cramponnait à lui, mais les mouvements de la créature manquaient déjà de force pour le détacher.

Une impressionnante aura de magie noire émanait des lieux, tandis que le Tschart poussa les pires hurlements qui soient, gesticulant désespérément tandis que sa vie s’écoulait hors de son corps, nourrissant le nécromancien. La chair du monstre semblait se flétrir, comme s’il vieillissait à vue d’œil, avant qu’il ne chute finalement à terre, mourant d’épuisement en quelques secondes.
Dans un énième cri de panique, June lâcha la patte du Hurleur désormais mort pour se dégager, mais trop tard… Des dizaines de kilos de muscles puants s’effondrèrent sur lui, le coinçant là-dessous !

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Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: jeudi 06 décembre 2018, 22:07:22 »
Les salles d’armes  et les postes de gardes du mur d’enceinte se succédaient à vive allure, pour être aussitôt promptement vidés de leur occupants, brûlés et déchiquetés par Shad, ou bien fendus par la hache de Sven. Quant au nécromancien, il trottinait derrière le duo, concentré à refuser l’accès au rempart à sa pestilence. Une tâche vitale, car les créatures invoquées par la nécromancie avaient tendance à prendre leurs aises et à attaquer tout ce qui était vivant sans aucune distinction.
Les hurlements dans la cour intérieure étaient particulièrement atroces, et June ne pouvait s’empêcher de jeter des furtifs coups d’œil en bas. Comme Sven l’avait si bien dit, les hommes gardant le château n’avaient rien d’une véritable milice discipliné, et leurs armes tenaient davantage des bandits de grand chemin que des soldats. Gourdins à clous, couteaux de mauvaise facture, quelques épées volées et des armures de cuir bouillie ou de mailles rafistolées, un équipement désastreux qui les laissaient plutôt vulnérables.

« Difficile de savoir ce qui est le plus facile avec ces idiots, les fendre d’un coup ou les balancer du haut du rempart… » Cria Sven en ricanant, tandis qu’il repoussait un bandit par-dessus le parapet et l’envoyait s’écraser plusieurs mètres en dessous.

L’une ou l’autre méthode était efficace, et June était bien content que le colosse soit leur allié dans de telles circonstances. Sven maniait en effet sa lourde hache avec une facilité déconcertante, preuve d’un long entrainement, et l’arme semblait impossible à arrêter. Elle ne portait aucune trace d’usure, et même les mailles métalliques semblaient incapable de stopper son tranchant. Une arme enchantée, songea June en faisant refluer une nuée d’insectes qui s’approchait du mur, ou quelque chose dans ce goût-là.
Les salles du château proprement dit étaient encore plus laxistes en matière de défense, au point que même June, pourtant guère un stratège, en fut stupéfait. Les gardes étaient à peine en tenue, la plupart en train de glander devant des chopes ou occupés à parier entre eux à des jeux de cartes. Autant dire que ce fut un véritable jeu d’enfant pour Shad et Sven de traverser tout ça. Le nécromancien les suivit jusqu’à l’immense salle de réception, où Voshnäk les avait reçu lui et la Terradine il y a quelques temps.

« Tiens, tiens, voilà la chienne et la fillette de retour en traitres ! » S’écria leur ancien employeur. « Si vous me tuez ce connard qui vous accompagne, je peux encore vous laisser en vie… »

Le hall aux gigantesques piliers poussiéreux n’avait guère changé depuis la dernière fois : il était toujours aussi malpropre si ce n’est que la grande table avait été renversé en travers du chemin comme ultime défense. Derrière celle-ci se cachait Voshnäk et une dizaine de ses sbires. Et si le seigneur barbu aux longs cheveux sales poivre et sel jaugeait toujours avec un certain dédain le trio, ce n’était guère le cas de ces hommes dont la peur transpirait dans le moindre geste.

*S’ils ont vu l’état de la cour, je peux comprendre pourquoi ils ont peur comme ça…* Pensa June en restant en arrière.

« J’ai une meilleure proposition… » Commença Sven. « J’en ai qu’après votre patron, alors ceux qui veulent se barrer, allez-y, on va les laisser passer, pas vrai June ? »

Légèrement surpris d’entendre son propre nom de la part de Sven, plutôt qu’un énième surnom moqueur, le nécromancien hocha vivement la tête.

« Oui, oui, je peux faire ça… »

L’un des derniers hommes de Voshnäk lâcha brusquement son arme sous le regard furieux de ce dernier. Il s’écarta du reste de la troupe, passa à côté de Sven d’un air partagé entre méfiance et terreur, puis June s’effaça pour le laisser franchir la porte extérieure. Dehors, les abominables nuages de pestilence s’écartèrent sans le toucher, le nécromancien y veillant scrupuleusement. A cet instant précis, ce fut la débandade. L’ultime garde d’honneur abandonna les armes comme un seul homme et déguerpirent sans demander leur reste, abandonnant leur ancien seigneur seul contre tous.
Voshnäk jura. En quelques secondes, la salle s’était vidée des derniers bandits, et Sven souriait largement devant cette déconfiture.

« Je t’avais prévenu. Les bandits ça se barre au premier pépin, tu vas courir en te pissant dessus, ou te battre avec un semblant d’honneur ? »

Voshnäk lâcha une bordé de jurons en ramassant une lance, plutôt en bon état comparé au reste, et le combat s’engagea. June s’était réfugié près de la porte donnant sur la cour, trop concentré à atténuer sa pestilence pour les fuyards, mais aussi à l’éteindre, étant donné qu’il ne restait aucun survivant là-dehors. En réalité, le duel fut bref. Sven était physiquement supérieur, plus fort, grand mais aussi plus rapide, et sa hache réduisit vite le manche de la lance en copeaux.
Le seigneur ne cessait de jurer, gaspillant son souffle, et s’épuisait vite si l’on en jugeait par son teint rouge bordeaux. Son angle d’attaque fut d’abord de profiter de l’allonge de son arme pour tenir Sven à distance, mais celui-ci semblait suffisamment agile pour l’éviter. Il tenta une parade maladroite pour contrer la hache, mais le bois de la lance se fendit en deux. Le coup de Sven perça tant sa défense, que non seulement il brisa la lance, mais que la lame fendit la cotte de maille de Voshnäk, et ouvrit son ventre jusqu’à la gorge. L’homme s’écroula dans un gargouillis répugnant et une mare de sang.

« Une bonne chose de faite. » Commenta Sven en essuyant sa hache sur le pantalon du cadavre. « Bon, la place est à nous, il est temps de récupérer les gains. A ce propos, je suppose que vous voulez libérer les esclaves ? »

« Il y a des esclaves ici ?... » June revint vers le duo après avoir définitivement chassé le sort de pestilence.

« Joli travail dehors au fait. Et ouais, aux dernières nouvelles ils en gardaient quelques-uns à usage privé, surtout des femmes, je vous ferai pas un dessin pourquoi. Je vous l’avais pas dit, sinon en cas d’incendie, il aurait fallu aller les chercher et ça aurait changé tout le plan. »

June soupira longuement en regardant vers la Lycane. En vérité, il n’était pas étonné que Sven ait jugé inutile de les informer de la présence de Terradines ici, seulement s’ils avaient véritablement incendié la place comme prévu… Le nécromancien doutait que Shad aurait apprécié de faire flamber ses compatriotes.

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Les contrées du Chaos / Re : Let's hunt! [Cirillia]
« le: mardi 04 décembre 2018, 21:40:48 »
Les soldats avaient beau ne représenter qu’une garde de province, celle d’un duc en l’occurrence, ils n’en étaient pas moins les dépositaires de l’autorité. Et ces autorités agissaient toujours dans le respect du droit, non ? C’était du moins la conception que June s’en faisait, que le seigneur administrant la région ne pouvait pas se dédouaner de ces responsabilités vis-à-vis de cette affaire, et qu’il aurait tôt fait de les innocenter. Certes, en tant que nécromancien, il lui arrivait bien trop souvent d’être accusé à tort, mais…
June, l’espace d’un instant, eut tout de même l’ombre d’un doute. Sa naïveté eut pourtant le dernier mot, lui soufflant qu’il valait mieux se fier aux soldats plutôt que risquer de terminer en geôles. Le nécromancien se força à demeurer immobile, et impassible dans une moindre mesure, tandis que Cirillia expliquait son point de vue aux hommes avec toute la diplomatie dont elle était capable.

« Oui, on faisait… Hmm, une pause pour la nuit et… On comptait laisser tomber. Puis, euh… Je n’ai pas d’armes sur moi. » Renchérit-il.

Par acquit de conscience, le nécromancien eut brièvement l’idée de révéler qu’il portait tout de même un couteau rituel dans son sac, gravé de runes mais aussi aiguisé qu’un couteau à beurre. Un élan d’honnêteté malheureusement, ou fort heureusement, abrégé soudainement par un hurlement monstrueux qui laissa coi les hommes d’armes. Et qui glaça le sang de June. Celui-ci n’était pas réellement un expert en créatures, mais il n’y avait guère besoin d’en être un pour saisir toute la teneur inamical de ce cri bestial.
Au moment où les chevaux se cabraient de panique, June se retourna d’un bloc juste à temps pour voir l’énorme masse furieuse, mélange immonde de muscles puants, de carapace solide et de cornes mortelles, charger la troupe de soldats agglutinés. A la suite d’un bond étonnant pour son petit gabarit, mais probablement stimulé par le hurlement de Cirillia, le nécromancien plongea  au cœur d’un bosquet de groseilliers adjacent, pendant que le Tschart embrochait monture et cavalier.

« Reformez-vous ! C’est un coup de ce nécromancien et sa donzelle, ils veu-… » Aboya le sergent de la garde avant que son torse ne soit séparé du corps par un brusque coup de corne.

Mais il est fou, songea June tandis qu’un bout de jambe recouvert de mailles filait par-dessus son buisson de groseilles, ce truc va nous piétiner comme eux. Au moins le sergent n’était-il plus là pour imposer sa version des faits. Privés de leur supérieur, les soldats étaient manifestement incapables de faire face à la créature, et sombraient dans la panique, essayant d’éviter les charges tant bien que mal. Certains tentaient en vain de recharger leurs arbalètes mais les chevaux terrorisés renversaient leurs cavaliers comme les hommes à pieds sans aucune distinction.
Le monstre hurlant gesticulait tant et si bien, que June avait complètement perdu Cirillia de vue, et même s’il jeta un coup prudent dans sa direction, le chaos total lui bouchait la vue. Le Tschart balança son énorme bras au hasard dans le groupement de soldats paniqués, ce qui eut pour effet de faire décoller l’un d’eux qui retomba lourdement à proximité premier cheval mort. Le nécromancien regarda l’animal à moitié éventré, et une idée saugrenue se fraya un passage dans son esprit.

*Si j’arrive à l’occuper, peut-être que Cirillia pourra…*

Après avoir rampé quelques mètres plus loin dans les taillis, ne serait-ce que pour mettre une distance respectueuse entre lui et le monstre, le nécromancien s’assit en tailleur pour se concentrer. Avec un cadavre aussi frais, ce fut un véritable jeu d’enfant pour lui de percevoir la force vitale persistante, et le cheval mort se redressa au bout de quelques instants sous l’œil horrifié d’un soldat déjà paniqué. Autant dire que ses chausses s’humidifièrent abondamment.
En réalité, June n’était pas complètement confiant dans son plan. Le cheval était bel et bien mort, ce qui permettait au nécromancien de le diriger sans se soucier ni de sa peur ni de la douleur, mais il n’était pas une machine de guerre pour autant. Face à une montagne de muscles caparaçonnées, l’équidé n’allait pas tenir longtemps, et se servir des soldats morts n’allaient pas améliorer sa réputation auprès du duc. En dernier recours, songea-t-il.

Un soldat hurla à pleins poumons lorsque la lourde patte du Tschart broya sa jambe. Le monstre allait en finir, lorsqu’un cheval mort-vivant, perdant quelques boyaux au passage, se cabra juste devant et lui asséna une ruade en pleine face. Le Hurleur grogna en reculant légèrement. Le cheval de June avait beau sembler très fragile face à la créature, les coups de sabots avaient au moins le mérite de l’ébranler suffisamment pour le distraire des humains, et la magie nécrotique lui permettait de dépasser largement les réflexes physiques d'un animal vivant.

*Il ne va pas tenir longtemps, j’espère que Cirillia va trouver une solution rapidement…*

La monture morte gesticulait, bondissait et esquivait les coups du Tschart furieux avec une vitesse surnaturelle, comme une véritable danse macabre, pliant et déformant les os de l’équidé selon des angles anatomiques improbables, cela uniquement grâce aux instructions que June lui inspirait. Mais chaque fois que les griffes du monstre l’effleurait, la création du nécromancien perdait un peu plus de chair et de stabilité. Clairement, ce n’était qu’une question de minutes avant que la distraction ne cesse…

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