Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Elynie Reviade

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Pendant un court, infime et merveilleux instant, Elynie avait en elle une fierté hors du commun. La victoire s'était présentée à elle avec une telle évidence qu'elle aurait bien put sauter de joie, si elle n'était pas actuellement étendue au sol, sa tenue ouverte, comme si l'on venait de la priver de sa vertu. En tout cas, son ultime attaque verbale, son appel à la mage qui se trouvait, elle l'espérait, à l'extérieur de la tente, avait pour fonction de définitivement clore toute cette histoire de tournage autour, chose qui semblait exceptionnellement bien se passer. Surtout que la fausse elfe l'entendit, même tout bas, dans l'herbe rase de la plaine : le bruit des pas délicats, légers, encore hésitants mais surtout affaiblis par toute ces émotions, de Maxine. Sa forme se glissa au travers de l'entrée de la tente, tandis que d'un mouvement plein de pudeur, la prêtresse rabattit sa tenue sur son corps afin d'en dissimuler les charmes révélés. Action presque inutile, Elynie le remarqua facilement, car la mage n'avait d'yeux que pour le jeune et preux jouvenceau qui se tenait un peu plus au fond de l'abri nocturne.

Des regards sans mots, des aveux sans gestes. C'est bien tout ce que constatait la demoiselle aux cheveux blonds tandis qu'elle détaillait de haut en bas ces deux empotés. L'un n'osait plus bouger, le membre en érection pointant fièrement, comme pour appeler la demoiselle en chaleur de se jeter dessus, tandis que l'autre tremblotait et se contorsionnait dans l'entrée, encore indécise quant à la manière de le rejoindre. Rapidement pour Elynie, le succès de son opération, la fierté de son piège malicieux, le goût délicieux de la réussite absolu tourna à l'aigreur. Non, décidément, maintenant qu'elle avait remportée la victoire il n'y avait plus rien dans la situation qui la satisfaisait. Non seulement ils l'ignoraient copieusement, mais en plus de voir ces deux personnes en émoi alors qu'on avait très indélicatement rejeté ses fausses mais pourtant convaincantes avances, ça lui montait la moutarde au nez à vitesse grand V. Alors, sans autre signe de sa présence, elle roula au sol pour se redresser, tandis qu'elle entendait la mage rejoindre enfin les abords de sa flamme.

" .. Je...hum ... Rien n’est gâcher... Ulrick. "

Ah non, elle ne voulait pas rester une seconde de plus. Se redressant rapidement, ne faisant même pas attention à l'état de sa tenue qu'elle était bien loin d'avoir convenablement repositionnée, Elynie quitta de quatre pas rapides la tente, s'enfuyant immédiatement. La toile couvrant l'entrée voleta subrepticement à son passage, puis elle eut le bonheur d'enfin s'éloigner du couple, tout autant que de la zone de campement des membres du groupe de mercenaire. Pour l'instant, elle ne fit que mettre de la distance, autant pour leur intimité que pour son propre bien personnel, puis une fois qu'elle se sentit suffisamment éloignée, elle se laissa tombée dans l'herbe, les pans de sa tenue cléricale s'effondrant en cascade de chaque côté de son corps. Elle sentait le vent délicat et frais sur sa peau dévoilée, sur la ligne délicate de ses seins, entre ses cuisses pourtant à peine entrouverte. Voilà bien une fraîcheur salutaire, malgré tout l'ensemble de cette situation l'avait particulièrement échaudée. Elle allait avoir besoin d'un certain temps pour que sa propre chair se remette de la situation, mais ce n'était pas grave. La nuit resterait longue, le repos salutaire ... du moins pour elle.

*
*   *

" ... Cette fois... on ne fuit pas.... "

Elle s'approchait. Complètement éberlué par le retournement de situation, Ulrick n'avait rien sut faire. Il n'avait pas eut de gestes pour se couvrir, pas eut de gestes pour s'éloigner, pas eut de gestes pour essayer de faire comprendre sa confusion pourtant évidente au vu de son immobilisme. Il était resté là, rougissant et pantois, tandis que la divine demoiselle l'avait rejoint, s'était installée auprès de lui, puis lui avait confiée quelques mots à l'oreille avec tout le courage du monde. Etait-il lâche de ne pas savoir comment réagir ? Il ne le savait pas, mais quand elle mit un point final à ses doutes, quand la mage s'approcha de lui de plus en plus clairement, qu'elle fit l'effort de couvrir les derniers centimètres qui les séparait, quelque chose commençait à s'embraser au creux de sa poitrine. Ses lèvres, elles étaient à un souffle. Il eut la volonté de bouger, mais elle le prit d'avance, se glissa jusqu'à son visage, croisa son regard juste avant de venir apposer le pulpeux de sa chair sur le berceau de ses mots. Elle le priva du droit à la parole, mais lui offrit, en cet instant, le droit d'écouter ses émotions.

Ses bras agirent en premier. L'un se glissa dans son dos, l'enveloppant avec tendresse pour l'attirer à lui délicatement, sans force, simple moyen de lui communiquer une réponse positive à ce rapprochement. Puis, bien plus audacieusement, l'autre main alla chercher la chevelure bleutée, s'y glissa pour accompagner d'un geste honnête le baiser. D'une première embrassade chaste, le second baiser vint du soldat, qui ne sut contenir son désir en déposant une seconde fois, une troisième, une quatrième même, ses lèvres sur les siennes. Une fièvre qui s'emparait de lui et l'empêchait de se contrôler envahissait sa psyché, mais il n'était pas homme à agir tel le dernier des brigands. Si ses doutes s'évanouissaient, si ses pensées se concentraient en un seul objectif, son instinct, lui, lui rappelait que nulle femme ne devait être maltraité, encore plus quand les jeux de l'amour étaient engagés. Alors, délicatement, il s'éloigna, non sans garder son bras autour de sa taille, puis il prit enfin le contrôle de son verbe pour répondre au courage de Maxine.

" Pardonnez moi Maxine, je n'ai pas su... Pas su voir l'émotion qui comme moi vous étreignait. "

Cette main qu'il gardait en ses cheveux quitta le support délicat pour glisser alors vers la joue de la mage, le pouce y passant avec délicatesse, puis le reste de ses doigts, avant qu'il n'y appose sa paume dans un geste plein de tendresse. Ses grands yeux verts vinrent se poser dans le regard de Maxine, le doute ayant définitivement quitter ses mirettes pour y laisser alors une pleine détermination. Cela lui donnait un autre genre, bien plus direct, bien plus assuré, peut-être déstabilisant pour la belle mage, mais qui démontrait enfin la capacité de ce damoiseau à assumer sa position une fois que tout semblait aller en son sens. En d'autres occasions, peut-être se serait-il sentit misérable d'agir ainsi, mais dans l'instant, seul comptait ses prochains mots, qu'il énonça avec la plus grande honnêteté possible.

" Dame Ma... Non, Maxine, souhaites-tu... Que nous partagions la nuit ensemble ? Veux tu que je te serves à la hauteur des émotions que tu m'évoques ? "

Une chose était sûre pour le damoiseau, même si il était parvenu à repousser les provocations charnelles de la prêtresse, elle l'avait laissé dans un état d'excitation terrible dont seule la morale lui permettait de lutter contre. Il ne pouvait garantir de rester aussi sain d'esprit par la suite, aussi il était évident que dans la situation qu'il vivait, il ne pouvait progresser sans s'assurer de la pleine volonté de Maxine à participer à ce rapprochement. Pourtant, il n'attendait au plus profond de son coeur qu'un oui de sa part. Un oui qui lui permettrait de diriger ses doigts vers la superbe poitrine de la demoiselle, pour que ses mains lui ôtent cette barrière de laine qui l'empêchait de goûter à la chaleur de sa peau. Un oui qui lui permettrait de ne plus se contenir et de projeter sur la magnifique dame aux cheveux bleus l'ensemble de ses désirs, qu'il s'agisse de la posséder, de la faire sienne, qu'elle s'abandonne à ses baisers et l'accueille en elle, afin de plier moralement sous les assauts de sa masculinité. Il était à bout d'ailleurs, sa respiration s'accélérant graduellement tandis que tout son corps se tendait.

" Merveilleuse, sublime Maxine, vois mon état, je ne saurai rester calme encore bien longtemps. Libères moi ou achèves moi, je t'en conjure. "

2
Point ardu de remarquer qu'il la scruta avec un air peu convaincu après qu'elle lui ait exprimée l'éventuelle possibilité d'un coup de main. S'il cherchait à jauger sa capacité à se tenir debout tout en l'accompagnant le long de la route, il était évident pour les deux parties qu'elle n'avait pas la puissance physique pour tirer à elle seule le corps clairement entraîné à outrance du roi. Quant à la question de si elle était un danger pour lui, une forme de piège qui l'attirerait en dehors de l'église pour mieux le mettre en danger, elle espérait au moins qu'il n'ait pas l'inconscience de prendre sa proposition pour un piège. Le déplacer d'un tombeau pour un autre, ça n'avait pas de sens. Elle œuvrerait pour l'ennemi qu'elle aurait simplement signalée sa présence à ses poursuivants, n'ayant guère l'audace de faire face à un combattant aguerri au vu de sa fluette nature physique. Mais bon, tout les doutes sont permis quant on manque de répandre ses entrailles sur le sol, n'est-ce-pas ?

En tout cas, il sembla juger l'ensemble de la situation avec un oeil suffisamment aguerri : Se redressant donc avec une certaine lenteur, elle ne manqua pas de pouvoir observer le florilèges d'expressions faciales qui lui furent présentées par le visage du Roi. Autant dire que chaque mouvement devait lui provoquer une lancinante et insupportable douleur, sinon elle se doutait que la "décence" des nobles et des puissants l'aurait empêché de présenter pareil spectacle. Elle ne fit montre d'aucun sourire moqueur, ni même d'ailleurs d'un air un peu amusé, se contentant tout simplement de quitter sa posture assise pour elle-même se remettre debout, droite et ferme dans sa posture. D'ailleurs, elle fut sur ses jambes avant que le seigneur ne parvienne lui-même à redresser son visage vers le lointain. Les dix minutes qu'elle avait annoncée promettaient d'être biens longues, mais elle ne s'en jetait pas la pierre : C'était ça ou attendre de se faire trancher la gorge en un lieu qui ne promettait plus aucune protection divine, seulement la mort et l'oubli.

" Eh bien, madame, je vous suis.
 -  Très bien, ne perdons pas de temps. "

Elle lui fit dos et s'avança à pas lents en direction des grandes portes de l'église. L'homme derrière elle se mit à claudiquer dans ses pas, ne manquant pas de ponctuer une bonne partie de ses mouvements par quelques plaintes qui semblaient déjà mourir avant de rencontrer les murs de la bâtisses. Triste prédiction ou simple constat, en tout cas la prêtresse se contenta de veiller sur ce corps en lambeaux en passant son regard par-dessus son épaule régulièrement, remarquant la bien triste forme physique de cette figure royale. Décidément, il y avait une forme de déchéance dans cette créature pantelante et maladroite se déplaçant déjà comme une goule dont on aurait interrompu le sommeil éternel. Elle n'allait pas lui faire l'affront de le dire à haute voix, mais elle se doutait déjà que sans une certaine participation de sa part, il était évident qu'il ne ferait pas l'ensemble du chemin et s'écroulerait. Elle n'eut pas d'autre choix que de l'attendre donc à la sortie de l'église, moment qu'elle choisit pour aller se glisser auprès de lui, l'attraper à la ceinture pour maintenir son bassin, puis passer son bras libre par-dessus ses frêles épaules.

" Je ne saurais être plus qu'un bâton de marche, je ne peux ni vous tirer, ni supporter l'ensemble de votre poids. C'est tout ce dont je suis capable. "

Elle n'attendit pas plus de réponses pour continuer à donner le pas de cette marche maladroite. Chaque progression devenait particulièrement rude, et pour cause, celui dont elle gérait désormais une partie du poids et de la démarche manquait, la grande majorité du temps, de perdre l'équilibre, se trouvant donc à appuyer d'autant plus lourdement sur les épaules de la prêtresse. Mais même si elle ne pouvait pas assumer de le déplacer s'il se trouvait inconscient, sa présence en l'instant permettait au duo incongru de progresser un peu plus rapidement, Elynie s'assurant d'amener avec elle la forme en plein déclin du roi tandis que ce dernier lui ahanait à l'oreille d'un souffle lourd et chaud. Il était évident que l'enfer abritait ses entrailles, que sa chair condamnait l'audace qu'il avait eut de se remettre en marche, autant de détails auxquels la fausse-elfe n'avait qu'une seule et simple réponse : Pas le temps de réfléchir à ce genre d'éléments, tout ce qu'ils devaient faire était de progresser, en espérant que l'homme d'âge mûr ne s'écroule pas avant qu'ils n'aient atteints le refuge de la prêtresse.

" J'en profite que vous ne puissiez me répondre, mais ... pfffouh... Un régime ne serait pas de trop. "

Boutade simple pour détendre l'atmosphère ou provocation évidente pour que la colère lui permette de conserver encore quelques forces pour finir la route ? En soi, elle avait fait ça pour les deux cas de figures. S'il se trouvait amusé, c'est qu'il était encore en état de garder un oeil cynique sur le monde, c'était bon signe. Dans le cas éventuel où c'était la colère qui parlait, alors c'était peut-être même encore mieux. Sérotonine, testostérone, autant d'éléments qui permettent au cerveau de rester actif, d'oublier la douleur et d'avancer encore et encore. Qu'il lui réponde ou non, encore une fois, elle s'en fichait, elle voulait juste qu'il avance avec elle. D'ailleurs, elle-même faiblissait vite, pas assez encore pour ne pas pouvoir maintenir son gaillard sur le bon chemin, mais suffisamment pour que ses jambes commencent à trembler dès lors qu'elle mettait trop de temps à avancer. Ils tournèrent ainsi une première fois à gauche, puis une seconde fois, avant de prendre une ruelle à droite menant à de petites maisons en ruine.

" Nous y sommes, la vieille boucherie. "

C'était une vieille bâtisse déjà à l'époque où Elynie officiait encore, mais maintenant, elle semblait complètement délabrée. Pourtant, contrairement au reste de la ville, elle semblait avoir étrangement bien tenu, que ce soit par le fait que de nombreux autres murs avaient prit les coups autours, ou pour une toute toute autre raison dont la fausse-elfe avait le secret. La mère Ingham, insupportable commère dont les pouvoirs magiques avaient toujours été connus des environs, tenait tant à sa viande qu'elle avait longuement protégé son garde-manger des polissons, tout en aspergeant les gamins de liquides nauséabonds quand ils osaient s'approcher trop près. Elynie ne savait pas si elle avait survécu, en revanche, elle avait à l'époque put constater la barrière magique existante autour du stock, non sans parler de la protection d'autant plus importante au niveau d'une trappe cachée dans le sol. Elle s'y était déjà aventurée, il y a de cela cinq ans. Et c'est pour cet endroit qu'elle mit un petit mouvement d'épaule dans la porte déjà fracturée pour enfin atteindre leur objectif.

Elle était en sueur, sa tenue cléricale couverte de sang, mais elle parvenait enfin à destination.

" Tenez debout quelques secondes tout seul, le temps que j'ouvre le garde-manger. "

3
Les infinités de douceurs d'Elynie mirent un petit temps avant de fonctionner, mais finalement elle put sentir sa camarade commencer à se détendre, à se blottir contre elle, à se laisser à la peine qui l'avait envahie pour mieux s'en libérer. La prêtresse ne manqua pas pour autant de continuer de la réconforter, offrant et caresses et douces paroles pour lui donner lentement les éléments qui lui permettront de se remettre sur pied, de se préparer à ce qui allait suivre. Car oui, la demoiselle aux allures d'elfe n'avait clairement pas abandonnée ses projets, surtout que même les collègues du jeune soldat s'y était bien volontairement engagés. Elle comptait ne pas leur laisser de chances de se méprendre, de craindre une forme d'incompréhension. En gros, la prêtresse d'écailles se préparait à mettre les pieds dans le plat avec une grande et maligne mise à l'épreuve du jeune damoiseau. Elle se doutait qu'elle le prendrait de court, tout comme Maxine, mais elle n'avait plus le choix si elle voulait que ça fonctionne.

Surtout qu'en écoutant la chère magicienne entre ses bras, il semblait évident que même elle s'était complètement perdue, incapable de croire en les désirs pourtant évident pour tous d'Ulrick. C'était encore un autre point que sa prochaine action devrait élucider, Elynie entamant déjà de réaffermir son moral et ses convictions pour les événements à venir. Elle n'allait pas contredire Maxine maintenant, cela ne pourrait créer que plus de palabres sans résultats. Non, elle allait la mettre devant le fait accompli, elle n'aura plus d'autres choix que d'ouvrir alors les yeux !

Préférant donc prendre encore un peu de temps, non seulement pour s'armer de courage, mais surtout pour s'assurer que la magicienne soit bien remise de ses émotions, Elynie l'écouta lui donner son feu vert avec un petit sourire. Parfait, maintenant qu'elles étaient toutes les deux d'accord, il n'y avait plus qu'à chercher le dernier membre de cette histoire qui durait depuis certes peu de temps, mais qui n'avait que peu d'égales en terme de maladresse et de vaines timidités. S'éloignant délicatement de MAxine, mettant donc fin à cette étreinte aussi douce que bienveillante, la fausse elfe regarda son amie dans les yeux avant de lui offrir un sourire radieux, accompagné d'un regard empli d'assurance. Elle tendit la main, attrapa celle de la belle femme aux cheveux bleutés, puis se tourna de manière à faire un premier pas en direction des tentes installées par le corps de mercenaire. C'est là qu'elle lui répondit, exposant la première partie de son plan :

" Je vais aller lui tirer les vers du nez. Tu m'accompagnes, mais ne fait pas de bruit, d'accord ? Poses toi juste à côté de la tente et écoutes nos discussions. Je pense que tu vas y apprendre beaucoup de choses. Et pardon d'avance car je vais devoir être ... "

Elle s'arrêta un instant, cherchant le bon mot. Dans les faits, elle savait bien que ses actions pourraient être comprises comme aux antipodes de ce qu'elle souhaitait produire, mais elle était quasiment certaine qu'il n'y avait bien que ce moyen là pour vérifier l'honnêteté du jeune homme. Si elle ne le bousculait pas, qu'elle ne l'envoyait pas dans ses retranchements, il ne saurait que détourner la vérité et fuir. Quelques secondes passèrent, alors que les deux femmes marchaient quasiment sans un bruit dans les herbes hautes des landes. Tournant lentement son visage vers celui de Maxine, elle lui offrit un nouveau sourire, accompagné d'un léger sourire :

" Devoir être audacieuse dans mes actions. "

Alors qu'elles approchaient finalement des tentes, Elynie lâcha lentement la main de son amie, puis lui fit signe de ne plus faire un bruit, posant doucement son doigt sur ses lèvres. Elles approchèrent à pas feutrés, le vent couvrant le son de leur lente progression, puis la fausse elfe tendit l'oreille, cherchant à percevoir les quelques mouvements parasites qui révéleraient la position d'Ulrick dans l'une des tentes. Un grand mouvement accompagné par la déformation d'une des toiles sombres lui permit d'immédiatement percevoir où le petit fuyard s'était réfugié. Parfait, elle couvrit lentement l'écart entre eux, s'assurant que Maxine restait bien auprès d'elle, avec une courte distanciation, puis s'accroupit près de l'entrée de la tente. Elle avait le coeur qui battait vite, en même temps elle n'était pas habituée à ce genre de projet, mais ... Elle voulait que ces deux-là se rencontrent, même pour une simple nuit, qu'ils puissent se livrer à l'attention qu'ils se portent tout deux. Alors elle se retourna une dernière fois en direction de la magicienne, lui fit signe de se mettre un peu de côté, puis leva son pouce en signe d'approbation et de confiance. Tout était prêt, à elle de jouer !

Elle ouvrit lentement les pans de la tente, laissant un fin rai de lumière lunaire éclairer l'intérieur, dévoilant le cadet des soldats en train de se changer.

" Hein ? Mais qu'est-ce-que ...?
 -  Chhhh. Du calme, tu ne voudrais pas réveiller tes collègues, si ? "

Le ton d'Elynie était joueur, un peu provocateur. Quelqu'un ayant l'habitude aurait peut-être deviné que ce n'était qu'une affaire d'apparence, mais dans le cas du blondinet, il ne pouvait pas vraiment voir au travers du jeu de la prêtresse. Tout au plus cherchait-il à retrouver son haut dans la tente tandis que la fausse elfe s'approcha doucement, à quatre pattes au vu de la hauteur de l'abri de voyage. Oui, il était terriblement attendrissant quand il se perdait en timidité, mais c'était son énormissime défaut. Un défaut que la fausse elfe comptait bien gommer pour le reste de la soirée, mais pour cela elle allait devoir se surpasser. Aussi, alors même qu'elle le vit attraper enfin un tissu qui semblait être son haut, elle vint poser sa main sur celle du soldat, l'intimant de ne pas terminer son geste. Il y eut un flottement, suffisant pour qu'Elynie vienne chercher le noeud de sa ceinture de tissu, puis qu'elle le défasse, ouvrant par la même occasion les pans de sa tenue cléricale sur sa chair d'opale. Ulrick en aperçut la ligne d'un sein, se retournant instantanément.

Grave erreur de sa part, elle l'avait prévue. Elle se glissa alors lascivement dans son dos, faisant lentement passer la chair rebondie de sa poitrine jusqu'à ce qu'elle atteigne les omoplates du damoiseau. Elle l'entendit couiner, sûrement un signe qu'il cherchait comme il pouvait de garder le contrôle de ses émotions, mais Elynie savait qu'elle se devait d'être impitoyable. Il fallait qu'il craque, qu'il avoue. Qu'il la repousse, ou se jette sur elle, pour mieux encore démontrer sa passion pour celle qui l'intéresse vraiment.

" Dame prêtresse, je vous en conjure, vous...
 -  Ne fuis pas, regarde, je suis là, à l'écoute... "

Elle marqua la pause, glissa une main libre autour du corps du damoiseau, abaissant ses doigts vers la naissance du bassin de l'homme, puis glissant ces derniers sous son bas encore présent. C'est là qu'elle le perçut avec clarté sous sa pulpe, la raideur incontrôlable de ce membre masculin poussé au péché par de bien trop nombreuses hésitations, par de bien trop nombreuses images salaces, par de trop impurs désirs. Il se cachait bien, ce charmant monsieur, il avait réussi à dissimuler un si bel outil aux deux femmes pendant l'ensemble de la soirée, c'était un exploit en soi. Mais désormais, Elynie l'empoignait, le sortait du tissu tandis qu'elle percevait sa victime se raidir. Il voulait sûrement l'arrêter, elle le sentait lutter légèrement, mais elle n'allait pas accepter ce non pour l'instant, surtout qu'il ne l'avait pas exprimé de vive-voix. Elle voulait des aveux, elle en obtiendrait. Aussi, avec une lascivité provoquante, elle se mit à caresser le superbe barreau de chair du cadet avant de l'enlacer de ses doigts, produisant de délicats passages de la naissance de sa hampe au sommet de son érection.

" ... de tes besoins. Comme si tu n'avais pas envie de ravager une pauvre demoiselle prête à s'offrir à toi.
 -  Aaah Arrêtez vos... vos doigts ! Non, je ... NON ! "

Il la repoussa. Honnêtement, dans la plus pure des transparences possible, Elynie n'attendait que cela, même si elle en ressentit pour autant quelques émotions contraires. Elle se doutait que la nature parfaitement dénuée de mauvaises intentions du jeune homme aurait le don de le pousser à se séparer de la prêtresse face à son insistance, et de cela elle était particulièrement fière d'avoir eut raison. En revanche, de se faire ainsi repousser alors qu'elle donnait de ses charmes et de sa personne, se prétextant prête à le délivrer de ses besoins charnels, malgré tout, cela lui faisait un petit coup au coeur. Tant pis, son égo s'en remettra, tout au plus se retrouva-t'elle allongée sur le dos, sa tenue complètement ouverte sur ses attributs féminins, mais elle n'en avait cure. Elle le vit se retourner, manqua montrer de la gêne instinctive, mais se reprit avant de dévoiler maladroitement son plan, apportant sa main à ses lèvres, se mordant un ongle en faisant mine de vouloir ouvrir sa robe de l'autre.  Elle allait le provoquer à nouveau, mais ce coup-ci, l'emportement d'Ulrick prit le dessus sur la conversation :

" Allons, tu pouvais me demander si tu...
 -  Non ! Cessez ! Pardon mais ... Je ne voulais pas vous faire croire quoi que ce soit. C'est ... "

Elynie s'arrêta, des étoiles dans les yeux. Elle se retenait de sourire pour ne pas tout gâcher. Allez, dis-le ! Avoue tout, que Maxine t'entendes ! Qu'il l'éconduise en parlant de tout ce qu'il ressentait au plus profond de lui pour Maxine, c'était cruel... Mais c'était son but depuis le début !

" C'est cette superbe dame, Maxine, qui obscurcit mon jugement. Chaque fois que je l'apercevait, elle ... elle m'ensorcelait. Vous avez vue son sourire ? Sa beauté ? Ses airs tendres ? Désolé dame prêtresse, vous êtes jolie mais ... Mais c'est cette divine présence qui m'obsède, et j'ai ... J'ai déjà absolument tout gâché. Je vous en prie, arrêtez vos avances, j'ai suffisamment fais d'erreurs ce soir. "

Victoire absolue. Soupirant doucement, la prêtresse se détendit enfin, non sans ravaler un court instant l'aigreur d'avoir été ainsi rejetée malgré ses approches. Tant pis, ça ne pouvait pas marcher sur un damoiseau aussi pur, c'est qu'elle avait bien choisie ses intérêts son amie ! Lentement, Elynie amena ses doigts sur sa tenue et la rabattit sur son corps, de manière à conserver un peu de pudeur maintenant qu'elle en avait le droit. Puis elle amena sa tête en arrière, observant l'entrée de la tente. Si il y en avait  un qui avait enfin fait preuve d'honnêteté, il était désormais temps qu'une autre personne accepte de l'entendre. Surtout que désormais, la magicienne allait aussi devoir lui rendre la pareille.

" Alors Maxine, tu as une réponse à donner à ce monsieur ? "

4
« Une excellente question, mademoiselle, mais pour répondre simplement ; je me cache et je tâche de rester vivant. Tant qu’à mes origines… Si vous avez déjà vu une pièce de monnaie de Meisa, vous devriez à peu près pouvoir me replacer.
 -  Hum hummm. »

Cet homme. Si de prime abord il avait visiblement cherché à lui répondre sans autre forme de vérité que celle simple et sincère, la suite de son propos déplaisait légèrement à la prêtresse. Qui ne dit pas son nom par orgueil n'a généralement pas la vertu de pouvoir exprimer son patronyme pour le bon et le bien que celui-ci a sut insuffler à autrui. La mention de la pièce de monnaie ne lui plu pas plus, laissant entendre que sa position dans la noblesse pouvait justifier qu'on le connaisse naturellement, sans même que l'on se pose la question de qui peut bien se trouver face à soi. Au grand malheur de ce bellâtre dont l'infatuation du langage prouvait un certain manque d'humilité, Elynie n'avait jamais eut à voyager en Meisa, ce qui avait bien naturellement eut l'effet de ne pas lui permettre d'avoir un de leur sou en sa poche. Aussi, le noble ou souverain qui se trouvait face à elle n'était rien d'autre qu'un blessé, caché dans les profondeurs d'un pays en ruine, en train de se laisser à des traits d'esprits plutôt que de s'exprimer correctement. Voilà bien un bon moyen de refroidir son bon coeur, heureusement que la piété maintenait son âme au chaud.

« Ah, et accessoirement, je me prends pour un porc-épic.
 -  Je constate cela. Visiblement, vos agresseurs ont eut la chance d'avoir déjà vu une pièce de monnaie de Meisa, eux. »

Elle avait besoin de cette réponse cinglante, ça lui permettait de souffler un peu, de se permettre un instant de lui rendre la monnaie de sa pièce. Oui, exactement en ces termes. En tout cas, maintenant qu'elle avait relevé tacitement son manque de bonne manière, elle s'approcha de plus en plus, ne cherchant ni à cacher ses mains, ni son attention de le rejoindre. Le premier point pour prouver qu'elle n'était pas en danger, le second qu'il pouvait bien être un animal blessé, il allait peut-être falloir qu'il se détende un peu si il souhaitait avoir quelques chances de quitter cette église sans qu'elle ne devienne un caveau. La démarche de la fausse elfe était aussi un signe de calme, qu'elle espérait avoir la chance de lui prodiguer : Petits pas par petits pas, elle s'avançait sereinement sans se presser. Si éventuellement il tirait l'épée, elle avait toutes les chances de voir sa tête sauter en soi, aussi ne chercha-t'elle pas à couvrir les trois derniers mètres qui les séparait, conservant cette précieuse distance le temps qu'ils soient bien d'accord sur la présence de chacun en ces lieux.

« Eh bien messire, vos blessures sont graves, je ne parle même pas de la perte de sang. Je ne sais pas si vous êtes magicien, mais la magie à ses limites, une exsanguination ne se régénère pas si simplement. »

Elle s'asseya devant lui, cuisses sur les jambes, fesses sur les talons. Pour l'instant elle ne cherchait pas à être aussi cordiale qu'elle aurait put naturellement l'être. Cette homme était sur les terres de son enfance, ravagée et détruite. Même s'il n'était sûrement pas l'auteur de ce massacre, il n'avait en revanche aucune forme de justifications pour y amener à nouveau le sang et la violence. Sylvandell avait droit de reposer en paix, loin des actes stupides de ceux qui, encore aujourd'hui, cherchent à en capturer les terres, à en posséder les anciens forts, à en récupérer les champs. Il était blessé ? Peut-être était-ce une juste punition pour l'audace d'un homme en pleine conquête. Et ci ce n'était pas le cas, elle le découvrirait en temps et en heure. Pour l'instant, elle releva son visage après un court salue, plus ritualisé que sincère, puis posa ses mains sur ses genoux, entamant avec une posture droite de l'observer avec le plus de précision possible.

Celui qui lui faisait face avait de l'âge, c'était un fait. Elle ne manqua pas pour autant de se demander si son ton cynique avait toujours existé, ou si quelques raisons se cachaient derrière une nature aussi désagréable. Que ce soit l'innocence du souverain dorloté ou la lente descente aux enfers du règne, l'un de ces éléments justifiait sûrement les prises de paroles évitantes du souverain. Encore une fois, elle n'en avait toutefois cure. Chaque action à son fondement, avoir eu une vie dure ne peut pas permettre à quelqu'un de s'exprimer avec un ton dégradant auprès d'autrui. Par contre, elle pouvait comprendre en revanche que la souffrance d'avoir encore trois flèches plantées dans le corps ne pouvait que diminuer ses torts. Surtout qu'il avait agit relativement intelligemment pour le coup, s'empêchant d'ôter les pointes qui comprimaient sa chair, donc diminuait les saignements.

Elle ne pouvait tout simplement pas le laisser là. Par bonté de coeur, mais aussi par devoir, elle se devait absolument de l'amener vers un domaine plus sûr. Est-ce qu'il était toutefois capable de faire l'effort de se remettre debout, de progresser encore quelques rues pour trouver un recoin suffisamment sécurisé ? Ça allait être le coeur de sa demande, tandis qu'elle se faisait un plan des lieux en tête pour se rappeler les milieux les maisonnées les plus costaudes d'autrefois, généralement dotée d'une cave ou d'un cellier souterrain.

« Enchantée, Elynie, anciennement prêtresse d'écailles de l'église d'argent. Vous semblez souffrir et je peux vous aider, mais nous sommes à un endroit où l'on vous cherchera très certainement si vous avez encore quelques chasseurs à vos trousses. Nous pourrons discuter d'autres chose plus tard, mais d'ici là, je vous propose de vous mettre en sûreté. Êtes-vous en capacité de marcher, ne serait-ce qu'un peu ? »

Plus elle y réfléchissait, plus la vision de la vieille boucherie de dame Ingham lui venait en tête. C'était un lieu qui ne donnait guère de mine, mais Elynie se souvenait, dans son enfance, avoir accompagnée d'autres petits trublions dans les méandres de la cave de cette famille, s'y enfonçant suffisamment pour ne pas être remarqués par des parents curieux et inquiets. C'est ce qu'elle avait de mieux comme cachette, comme de bastion dans lequel un adulte seul pourrait se défendre sans craindre pour sa vie. Aussi, la jeune femme se redressa lentement, se préparant malheureusement à l'idée qu'elle se devrait de le soutenir tandis qu'ils voyageront en direction de la vieille boucherie, puis observa rapidement les portes principale de l'église, alors entrouverte. Plus vite ils partiront, mieux ce sera.

« Je connais un lieu à quelques dix minutes d'ici, c'est bien ce que j'aurai de mieux à vous proposer. Là-bas, j'aurais aussi le temps de vous soigner, avec en plus les fournitures nécessaires si vous avez de la chance. »

5
Autant dire que les échanges étaient au point mort. Ça, c'était ce que constatait Elynie à chaque fois qu'elle passait son regard par-dessus son épaule, constatant avec un certain malheur que les deux jeunes gens avaient tout le mal du monde à se rapprocher, l'une parce qu'elle semblait faire de vrais efforts mais sans résultats, tandis que l'autre se murait de plus en plus rapidement derrière un silence pesant, signe de sa timidité excessive. Ou d'un réel manque de confiance en lui, peut-être aussi était-ce cela le problème. En tout cas, ça la ramenait à sa discussion immédiate. Elle tourna la tête vers le doyen du petit groupe, visiblement plus loquace et sociable que les autres, dont la consommation d'alcool avait définitivement altéré leurs capacités, pour alors écouter ses deux questions. Elle aurait aimé être plus discrète, le risque que les oreilles des deux intéressés soient tendues pouvant être un problème au plan qu'elle concevait lentement pour offrir l'intimité nécessaire à ces jeunes gens. Tant pis, elle allait devoir être plus directe dans sa demande, sans méchanceté aucune, mais il fallait que ça progresse vite avant que les choses ne se gâtent vraiment derrière elle.

" J'aimerais que ces deux là se retrouvent seuls le plus rapidement possible. Plus on reste dans le coin et moins on a de chance que ça évolue dans le bon sens. Donc, s'il-vous-plaît, attrapez vos compagnons, trouvez moins une excuse logique, n'importe laquelle, et filez ! "

Elle le regardait droit dans les yeux, d'un air assuré. On sentait qu'elle n'avait absolument aucune forme de malveillance dans la demande, malgré l'aspect un peu étrange de celle-ci. Tout au plus la fausse elfe avait réellement conscience qu'elle les contraignait à profiter moins longtemps de leur soirée de repos pour le bien-être d'un seul de leur compagnon, une requête relativement égoïste s'il en était. Mais peut-être que ce fut aussi ce qui toucha le soldat. Que la prêtresse cherche à agir pour le bonheur d'une personne en particulier, non pas le sien propre. Alors quand l'homme se mit doucement à sourire sous sa moustache épaisse, avec un air mêlant amusement et ébriété, elle ne manqua pas de rougir un peu, se demandant si il ne voyait pas en elle une idéaliste un peu simplette. Puis vint son ricanement délicat, avant qu'il ne se tourne vers le reste de l'assemblée, surjouant presque son côté amoché pour mieux attraper ses comparses par l'épaule. Elynie observa la scène avec un peu de surprise, avant d'elle-même se laisser atteindre par l'air amusé du garde. Ouaip, voilà un homme qui venait très clairement d'accepter sa demande.

" Allez les gorets, on se lève ! J'ai envie d'aller boire au campement ! Pis nos couvertures me manquent, j'veux dormir avant qu'Alfred ne ronfle à en réveiller la moitié de la contrée !
 -  Oh c'est bon j'fais pas tant de bruit qu'ça !
 -  Ça c'est parce que tu es le seul à ne pas t'entendre mon cochon ! Allez debout les gars, on remerci la dame et on file ! "

L'activité fut vive au campement, au point d'ailleurs qu'Elynie se mit à craindre pour le repos de la famille marchande, mais par chance elle les observa simplement remercier gaiement Maxine avant d'être attrapés par le plus âgé qui les emporta en titubant. Le regard de la prêtresse se posa de manière répétée sur l'un puis l'autre des parties de cette soirée, tantôt sur le duo de tourtereaux maladroits, tantôt sur les "fuyards", analysant rapidement ce qu'il se passait. En soi, le groupe de soldat marqua visiblement une pause une fois qu'ils étaient suffisamment loin, puis semblèrent alors changer de direction, s'éloignant du campement en direction de la plaine plutôt que des tentes qu'ils avaient installés pour leur futur repos. Cette initiative de leur part ne manqua pas de faire sourire la fausse elfe par ailleurs, ce dernier cadeau qu'ils leurs offraient pouvant être la pierre angulaire de la réussite de son plan. Par contre, les événements semblaient être de plus en plus catastrophiques entre la magicienne et le cadet des soldats, à tel point qu'Elynie, en se rapprochant, constata avec stupeur que la relation atteignait quelques tristes tréfonds d'intimité.

" Je peux changer de place et aller plus loin si vous désirez rester seul. "

Que ... Comment ? Comment, en les laissant seul à seul pendant quelques faillis minutes, les événements avaient-ils put prendre une tournure aussi extrême. Elle voyait bien que le jeune homme avait le nez pointé en direction de sa gamelle froide, que Maxine semblait mélanger sa tristesse avec l'ensemble des émotions qu'elle tentait de lui convoyer, et surtout ... Que rien, absolument rien ne semblait s'être amélioré malgré la première prise de parole d'Ulrick. S'était-il de nouveau muré dans le silence après s'être présenté à la mage ? C'était ... Aaaaah ! Intérieurement, Elynie en était presque vexée, le damoiseau n'était clairement pas méchant, mais il était grand temps qu'il se rende compte que malgré tout ce qu'il pouvait s'imaginer, il avait des charmes. Pire, ses charmes avaient effectivement marchés sur celle qui l'intéressait, mais il avait tellement peu conscience de cela qu'il était en train de tout gâcher, de A à Z. Bon sang, elle était une prêtresse, elle se devait normalement de rester pure et interdite aux plaisirs de la chair, pourtant ... Elle avait visiblement plus de sensibilité à ce sujet que le duo qui se désagrégeait lentement devant ses yeux.

Sa frustration grimpait lentement, l'amenant à envisager de mettre les pieds dans le plat pour faire avancer les choses, mais là, on ne lui donnait plus vraiment d'autres possibilités pour qu'enfin ils acceptent de se rapprocher l'un de l'autre ! La prêtresse d'écailles souffla donc un grand coup pour reprendre son avancée vers le duo, mais c'est là qu'elle constata le point d'orgue de cette première rencontre catastrophique, avant même qu'elle ne puisse s'arrêter à leur niveau.

" N-N-non Dame Maxine, je ... P-pardon pour ... pour tout ça, pour ma présence ... Je...Je je ne vais pas vous gêner plus longtemps ! P-p-passez une bonne nuit je... au r-r-revoir. "

Elynie n'eut ni le temps de s'élancer pour arrêter cette scène, ni celui pour se mettre en travers du chemin d'Ulrick pour l'empêcher de fuir. Le garçon se leva d'un trait, puis fort de son entraînement, il couru avec le visage cramoisi en direction des tentes des membres du Crocs, à une vitesse qui ne manqua pas de prendre par surprise la prêtresse interdite face à cette scène. Mince, que faire !? Se diriger en direction du damoiseau pour le faire, revenir ? Elle ne savait même pas si c'était une bonne idée. Par contre quand elle se tourna en direction de Maxine et qu'elle vit les perles humides qui naissaient au coin de ses yeux, elle sut immédiatement que sa première action allait devoir se concentrer sur la magicienne qui portait ses vêtements. Finissant sa marche, plus lentement ce coup-ci, de manière à ne pas surprendre, à ne pas apeurer son amie en plein émoi, elle s'approcha pour s'agenouiller à ses côtés. Il était évident que Maxine tentait déjà de cacher ses émotions, mais la prêtresse avait encore l'intelligence de remarquer ce genre de comportement. Alors elle tendit les bras et enveloppa la magicienne de ces derniers, venant l'approcher de son torse, de sa poitrine, la serrant doucement contre elle.

" Shhhh, t'en fais pas. Ne t'en fais pas Maxine, ça va aller. Ça va aller, tu n'as rien fais de mal, alors ne penses pas que tu es fautive dans l'histoire, d'accord ? "

L'idée d'Elynie était de la calmer un maximum avant de reprendre son plan. Plan qu'elle allait très clairement devoir changer, modifier, rendre bien plus direct si elle voulait enfin leur faire ouvrir à tout deux les yeux. Commençant donc avec la tendresse et la douceur, elle serrait la demoiselle aux cheveux bleus avec la plus grande des bienveillance, passant ses mains dans son dos dans un geste rassurant, presque maternel même. Elle s'armait de douceur pour mieux lutter contre les éventuelles turpitudes de l'âme que vivait sa pauvre petite camarade. Elle imaginait bien que l'autre garçon devait être lui-même dans un état déplorable, en train de se jeter la pierre pour son évident manque de tact, le fait même qu'il se soit excusé avant de prendre la fuite laissant entendre qu'il se voyait comme le méchant dans l'histoire, alors même qu'aux yeux d'Elynie, il avait simplement péché de couardise. Il ne lui restait plus qu'à réparer les pots cassés, et pour cela elle allait devoir se mettre en première ligne. Lentement, dans ses méninges, la fausse elfe voyait son plan se former. Il était un peu radical mais... Avec un peu de chance, peut-être qu'elle parviendrait à un résultat ?

" Écoutes moi Maxine, j'ai ... J'ai une idée, un peu particulière. "

Elle parlait doucement, à voix basse, tout en continuant de passer ses mains dans le dos de la demoiselle avec une tendresse des plus singulière. Tout dans son comportement était là pour atténuer les peines de la mage, ainsi qu'elle soit la plus réceptrice possible à son futur projet. Si tout se passait bien, le résultat promettait d'être magistral.

" Je pense qu'il vous a manqué à tout les deux pleins de choses pour discuter et vous comprendre. Acceptes-tu que je vous donne une seconde chance ? Ça peut être un peu difficile, mais si cela fonctionne je te promets que ça ira dans le bon sens, d'accord ? "

Elle coupa son propos, passant sa main dans les cheveux de Maxine, avant d'ajouter un dernier propos.

" Je veux avant tout te promettre que ce que je prévois est fait uniquement pour ton propre bonheur, d'accord ? Je te le promets. Et si tu me donnes ton accord, alors... Je ferais tout pour que les choses aillent mieux. "

6
Que ce soit lors du départ de la prêtresse, comme lors de la distribution de l'alcool, il ne fut pas un seul des hommes qui remarqua l'absence d'Elynie. La demoiselle avait cela de discret qu'elle n'était pas nécessairement dans le besoin de se dissimuler ou de faire attention à ses sorties. Elle s'éloigna simplement du camp, traversa la bordure lumineuse du brasier pour alors se retrouver sous la chape stellaire, observant au loin la myriade d'étoiles qui occupaient le paysage nocturne. Ce monde était beau, c'est ce qu'elle ressentait en son coeur, malgré l'élan de nostalgie qui y guettait depuis quelques instants. La prêtresse n'aurait pas doutée que la simple vue d'un ouvrage magique puisse lui faire ce genre d'effet, mais là était la preuve que ses racines étaient encore trop proche d'elle pour qu'elle parvienne à les abandonner, ce malgré ses voyages et ses errances. La vie de vagabond avait du bon, encore plus quand l'on possédait un frère comme le sien, mais ... Là, en cette soirée, elle avait un grand besoin d'extérioriser. La nécessité de soupirer, sans faire acte de façade.

" ... Comme tout ça me manque. "

La vie chaleureuse de l'église, les échanges avec les gardes de la cité, les dons et la charité faites aux enfants et aux sans-abris. Les balades en dehors de la cité, pas de celle qui te font souffrir après des heures et des heures de marche forcée... Faire abri pour tout les voyageurs sans refuges, plutôt que de devoir, comme ce soir, quérir la bonté de groupes plus importants afin de connaître sérénité et chaleur. Elle se tourna de nouveau vers le camp, un léger sanglot perché haut dans sa gorge, dont seul la décence l'empêchait de le faire sortir, malgré sa solitude. Ce genre de milieu, qu'elle ne connaissait que depuis peu, était certes une belle expérience, mais Elynie savait qu'au plus profond de son être elle ne désirait que retrouver son passé, ou un semblant de celui-ci : la vie dans un foyer, stable, là où elle pourrait avoir l'espoir d'offrir aux autres tout ce qu'ils ne pouvaient espérer. Sur les routes, bien trop de paramètres l'en empêchait, ne serait-ce que sa propre nécessité. Le chemin allait être encore bien long avant qu'elle ne puisse goûter à nouveau à son rôle, à son désir de guider, de prendre soin d'autrui. Et pourtant...

Pourtant elle savait qu'elle pouvait encore accomplir certaines choses. C'était ce qu'elle faisait en cette soirée par ailleurs, offrir son aide, prendre soin des membres du camp. C'était un peu gênant en un sens, car la fausse elfe le faisait notamment avec en tête la nécessité de leur rendre la pareille, pour leur accueil, leur sympathie, le fait qu'ils partageaient tous ce soir le même domaine, au coeur d'une terre de dangers. Tout en y réfléchissant, la demoiselle baissa un peu la tête, perdue dans ses pensées, avant de lentement relever ses doigts en direction de ses oreilles inhumaines... puis de venir en caresser le dos délicatement. Une habitude infantile, mais qui lui permettait, encore maintenant, de se détendre, de calmer ses moments de doute. Kin la taquinerait s'il avait put voir ça, bienheureusement, il ne l'observait pas. En revanche, ce geste apaisant permit à la prêtresse de souffler profondément, de passer au-delà de son instant de trouble. Oui, elle n'était pas chez elle, elle n'était plus la figure de proue d'un culte ancien. Mais elle restait une personne qui portait en son être toute la volonté des dragons d'argent. Prendre soin d'autrui, veiller sur le bonheur de tous.

" Allez, du nerf ma grande. Tu y retournes, tout vas bien se passer ! "

Elle se redresse, relâche la pointe de ses oreilles puis retourne en direction du camp, prête à finir la soirée.

*
*   *

Forcément, la promesse de l'alcool avait rendue les gaillards autour du feu bien animés. Loquaces qui plus est, chacun allait de son petit commentaire ou de ses avis sur ce qu'il se passait dans la soirée, ce jusqu'à ce que la mage vienne les rejoindre pour demander de l'aide afin de produire la liquoreuse boisson. Ulrick, lui, était interdit. Perdu tantôt dans ses contemplations, tantôt dans sa fuite la plus absolue pour éviter que l'on remarque ses attraits et ses doutes, le pauvre cadet de la compagnie sentait bien qu'il devait être ridicule... Mais ne trouvait pas du tout la force suffisante pour assumer ses émotions du moment. Tandis que ses collègues ne tarissaient pas d'éloges en plongeant leurs verres dans le tonneau afin d'en récolter l'alcool, lui ne bougeait pas de son siège, peinant encore à faire disparaître le repas qui lui avait été servi par la prêtresse. Il releva la tête dans un signe d'abandon, tomba immédiatement sur les prunelles de la mage. Ses joues le brûlèrent, avant qu'il ne tourne la tête soudainement, prit sur le fait de son émoi. Pitié qu'elle ne le comprenne pas...

N'osant regarder vers elle qu'un peu après, le jeune soldat remarqua son départ en direction de la marmite. Bon, elle ... Elle allait se servir, tant mieux, ça lui donnait du temps pour se reprendre. Massant ses joues, cherchant tant bien que mal à essuyer son front et ramener ses mèches de cheveux sauvages en arrière, le damoiseau tentait de se trouver une contenance par l'entretien de son faciès. Le résultat était maigre : S'il sentait effectivement un peu mieux l'air frais du soir, ce n'était pas pour autant que la sensation cuisante de ses joues semblaient s'amenuir. Chose qui n'alla pas en s'arrangeant : À peine crût-il enfin reprendre un peu le contrôle de son émoi, une ombre plana au-dessus de lui, l'amenant à tourner la tête vers ce qui faisait barrage à la lumière du feu. Il s'attendait à un de ses collègues, prêt à lui offrir une honnête taquinerie. Il vit à la place la belle femme aux cheveux bleus, son corps moulé dans la robe de laine, son air doux et son merveilleux sourire :

" Puis-je me joindre à vous ? "

Quelque chose en lui hurla. Son esprit, le coupable du hurlement intérieur, mit de longues secondes avant de comprendre le ridicule de la situation. Lui, immobile devant la demoiselle souriante alors qu'il n'était parvenu à lui donner la moindre réponse. Pour corriger cela, tout ce qu'il put faire fut de détourner le regard à nouveau, les doigts serrés sur son auge, avant de faire un mouvement de tête rapide, de haut en bas, comme pour lui signifier qu'elle pouvait parfaitement se poser à ses côtés. Ce qu'elle fit, occasionnant pour le jeune homme un second cri de l'âme alors qu'il sentit un court instant son bras frôler le sien. Il n'allait pas survivre à cette soirée, c'était certain, son mental était trop faible pour tenir le coup face à un tel... un tel...

" Vous ne mangez pas? Vous pouvez aller vous servir de l’hydromel aussi. "

Quelques tremblements, quelques gestes vifs, comme pour tenter de se donner la force de dire quelque chose, mais il n'y parvenait pas. Par bonheur, ses collègues revinrent plus ou moins à ce moment là, hélant la magicienne et la félicitant pour la qualité de son alcool. Parfaite distraction, le jeune homme put en profiter pour en prendre rapidement trois grosses bouchées, comme pour se donner de l'avance si la demoiselle aux cheveux bleus venait observer à nouveau le contenu de son auge. Mais ça n'allait pas le sauver au niveau de la parole. Il fallait qu'il parvienne à lui parler, c'était un devoir, il ne pouvait pas rester muet et effacé toute la soirée. En plus il aurait l'air d'un parfait crétin. Alors il se prépara intérieurement, chercha comment répondre, sans bégayer, sans perdre le contrôle de sa langue. Aussi, quand elle se tourna de nouveau vers lui, quand elle lui demanda son prénom, il se raidit certes, mais en revanche parvint à lui faire face pour alors ... perdre tout courage en ouvrant ses lèvres :

" E-Eh euh... J-j-je... Ul...U... Je m'appeeeeeeeee... "

La honte l'étreint. Il rougissait à nouveau mais pour une raison bien différente, celle de ne pas être à la hauteur et de se rendre ridicule malgré toute la bonne volonté du monde. Il aurait put en désirer crever, si ce ne fut pas pour l'apparition salvatrice d'une troisième partie :

" Eh bien Ulrick, tu n'as pas faim ? Un grand garçon comme toi, tu devrais me dévorer cette assiette, tu en as sûrement autant besoin que tes camarades ! "

Elynie, grand sourire, était arrivée dans le dos du duo en pleine tentative de discussion. En soi, ce fut presque une libération pour le jeune homme, un léger coup de pouce, mais suffisant pour qu'il s'élance enfin de lui-même. Se tournant vers Elynie, il lui répondit avec calme, malgré sa gêne apparente, pour alors se tourner vers celle qui le perturbait tant... Parvenant enfin à lui parler sans perdre toute contenance :

" Je ... Je manges doucement, ne vous en faites pas ma soeur. Hum je ... Enchanté dame magicienne, je m'appelle... Je m'appelle Ulrick, je suis le cadet des membres du Crocs. Pardonnez mon silence je... Je ne savais comment répondre. "

Fière de son coup, Elynie dépassa les deux personnes assises l'une à côté de l'autre, puis s'avança en direction du reste de la troupe. Dans les faits, elle avait bien compris les désirs du jeune homme, combien la magicienne occupait ses pensées, mais elle ne savait pas encore à quel point le damoiseau nourrissait ces fameux désirs. Est-ce qu'il la voulait pour lui ? En avait-il après sa chair ? Ou était-ce simplement un coeur d'artichaut qui se voyait déjà parler de fiançailles ? En tout cas, si elle voulait lui donner un coup de main, c'était malheureux, mais elle devait surtout parler avec ses trois autres collègues, actuellement en train de s'enivrer de bon alcool. Elle s'approcha d'eux dans un certain calme, visiblement à l'aise dans ce genre de situation de par son statut, puis se glissa jusqu'à l'oreille du plus vieux, chuchotant tout bas pour que le crépitement des flammes couvre ses syllabes :

" Désolé de vous importuner, est-ce que je peux vous soumettre une idée, rapidement ? "

Un regard rapide entre les deux ne manqua pas de faire comprendre le sérieux de la demande. Ils s'éloignèrent de quelques pas supplémentaires, avant qu'Elynie n'apporte sur le tapis son idée :

" On est d'accord, votre petit gars a le béguin pour ma protégée. En soi, ça ne me gêne pas, mais si on veut laisser les choses se faire, peut-être ... que vous pourriez avoir besoin d'un petit somme ? Genre d'ici peu ? Avec vos autres gars ? Je promets de veiller sur le blondinet aussi, d'accord ? "

7
La distribution du repas s'était faite avec une extrême simplicité. En soi, c'était un avantage des soldats. Disciplinés, droits, répondant à la moindre intonation sèche, Elynie n'avait pas vraiment eut à forcer pour qu'ils agissent de manière à lui simplifier la tâche. Il n'y avait bien que le plus jeune de ce groupe déjà pas bien vieux pour s'être permit autre chose que le remplissage de son auge, ce qui suffisait pour que la prêtresse s'intéresse un peu plus à son cas. Grands yeux verts, petites mèches blondes et l'air délicat, elle était quasiment certaine qu'il peinait à grandir, étant donné qu'elle avait put le regarder droit dans les yeux alors même qu'elle ne fait guère partie de ces dames élancées. En soi, elle le trouvait assez mignon, mais difficile de ne pas remarquer que le damoiseau avait déjà en tête une autre personne. Quelqu'un avec plus de forme, plus de féminité visible, et dont l'aspect grelotant et affaibli avait peut-être eut une petite influence sur l'esprit plein de bonnes intentions d'un preux mais juvénile soldat.

Reposant sa louche dans la marmite, Elynie ne put s'empêcher de se parler à elle-même, tout bas.

"Alors jeune homme, vous auriez une faim de loup sous vos airs d'agnelet tremblotant ?"

Cela l'amusait. Non pas qu'elle ait quelques formes de vilénies en son coeur, mais elle avait à plaisir de remarquer ces formes bien innocentes de désirs et d'attraits maladroits. Il y avait quelque chose de rafraîchissant là-dedans, une forme de pureté douce, que l'on souhaiterait préserver non sans pour autant chercher à la bousculer un peu, histoire que l'honnêteté surpasse la maladresse et la fausse modestie. C'est en ce-disant cela qu'elle put entendre les pas délicats qui s'approchaient d'elle, dans son dos. Aussi se retourna-t'elle calmement en direction de celle qui la rejoignait en portant ses vêtements, non sans avoir un petit coup au coeur en posant ses yeux sur les formes de son amie. Bon, les petits papillons lumineux n'aidaient peut-être pas à en diminuer l'effet, mais la robe étaient effectivement bien proche du corps de Maxine, tant et si bien que ses hanches comme sa poitrine semblaient volontairement torturer les mailles de la laine. Par réaction de surprise, la fausse elfe pinça ses lèvres, comme interdite, avant de se rendre compte de ce réflexe pour rapidement le gommer de ses traits, y préférant un petit déglutissement discret.

" Oh. Elynie j’ai pris trop de temps à me changer ?
 -  Oh non ne t'en fais pas. Ces messieurs ont juste été très disciplinés.
 -  Je peux leur servir à boire. Qu’en penses-tu ? Ils doivent vouloir étancher leur soif.
 -  Charmante idée Maxine, je suis sûr que ça leur fera à tous plaisir. "

Dans un geste innocent, la prêtresse ne manqua pas de joindre ses mains, un sourire rayonnant sur le visage. Il y avait bien des choses qui déliaient les langues, la proximité et la camaraderie en était des exemples, mais ... Un petit peu d'alcool, c'était souvent le meilleur moyen pour des personnes se rencontrant tout juste de discuter amicalement sans se poser trop de questions. Restait à savoir si elle avait en tête ce genre de liquide, si même elle pouvait en convoquer. En tout cas, ce fut avec un petit sursaut qu'Elynie accueillit l'apparition soudaine du grimoire, la demoiselle observant alors le lourd ouvrage avec un air curieux. Voilà un bien beau livre, et d'une sacrée masse. Ça lui rappelait le code des Dragons d'Argent, dont les restes de page devaient désormais êtres rongés par quelques insectes, sous une mer de débris. Cette simple idée coupa la fausse-elfe dans ses projets innocents, l'amenant un court instant à paraître bien plus sombre, la nostalgie envahissant son visage. Par chance, Maxine lui posa une question, la tirant de cette glissade soudaine vers quelques émotions dévorantes.

" Je pourrais essayer de faire apparaître un peu d’hydromel.
 -  Hein ? Oh... Hum, eh bien je.. J'imagine que...
 - OUAIIIIIIS, C't'une bonne idée chère dame ! D'la Tise ! "

L'engouement terriblement expressif du trio en train de dévorer leur repas ne fut pas sans couvrir la visible hésitation d'Elynie. Tirée de son élan nostalgique sans prévenir, elle n'avait même pas sut lui répondre, alors même qu'elle s'était dis qu'un peu d'alcool ne pouvait que servir la situation. Merci à ces messieurs. Toutefois ... Elle ne parvenait pas à se libérer de ce soudain vague à l'âme, tant et si bien qu'elle tourna pour un fugace instant le dos à la mage pour observer le quatuor, notamment le jeune chevalier dont les coups d'oeils parfois trop insistants trahissaient ses émois. Le repas semblait leur plaire, l'écuelle du damoiseau aux cheveux blonds peinait à être vidée, ses confrères eux-même semblaient sentir avec une forme d'amusement respectueux ses turpitudes... Peut-être qu'elle pouvait se donner un peu de temps pour souffler, essayer de se reprendre. Il fallait juste qu'elle n'inquiète pas son amie, aussi revint-elle immédiatement en face de la mage en pleine convocation, s'approcha, puis avec un feint air joueur posa la main sur l'épaule de la mage tout en lui chuchotant :

" Excuse-moi, il faut que je ... Enfin ... Voilà, disons que je me dois de m'éloigner pour une affaire urgente, je reviens tout de suite. "

Et elle fila hors des lieux, à grandes enjambées, comme pressée par un besoin qu'elle cherchait à surjouer pour mieux rassurer son amie.

*
*   *

Le jeune soldat, malgré tout son bon sens, se perdait entre son repas et la belle dame aux cheveux bleutés. Qu'elle était belle. Cela faisait des semaines qu'ils voyageaient avec la famille marchande, il avait eut l'occasion de produire ses premiers faits d'armes en compagnie des autres membres de la troupe, mais ... Mais il était là en face de son premier véritable défi, sans même qu'il n'ait put s'y préparer. C'était un... un maléfice ? Impossible à dire, mais dès qu'elle rentrait dans son champ de vision, il avait chaud, le coeur qui s'emballait, les joues qui lui cuisaient. C'était immédiat, une sensation si étrange qu'elle le mettait de plus en plus mal à l'aise. Pourtant, alors que la logique voudrait qu'il s'éloigne de la source de son trouble, il ne parvenait pas à mieux faire que... de la regarder, encore et encore, de tourner vers elle ses grands yeux émeraudes pour ne les faire fuir qu'à partir du moment où il risquait de se faire remarquer. Une fascination absolue qui l'amenait à se perdre dans le détail de ses courbes, dans les jeux de lumière sur son visage, dans... l'indécente fragilité de la robe face à la féminité de cette beauté mystique.

En soi, il n'avait mis que quatre coups de cuillère dans son écuelle depuis qu'il avait été servi, tant et si bien que la chaleur commençait à quitter le plat. Il n'en avait pourtant rien à faire, ce qui était beaucoup dire étant donné les rudes et fatigantes journées qu'avaient connus les soldats. Perdu dans ses pensées, il n'avait même pas bien compris lorsque l'alcool avait été mentionné, du moins jusqu'à ce que ses plus festifs camarades sortent leurs verres en bois pour être servis, non sans lui en tendre un avec un grand sourire. Il vit d'abord la main tendu, puis le visage de son collègue. C'était quoi cette expression ? Ça pétillait dans leurs yeux, un peu comme quand l'un d'eux avait une mauvaise idée. Pas méchante dans la plupart des cas, mais une idée qui se voulait souvent bien plus maladroite qu'attentionnée. Pourtant, le blondinet tendit ses mains, attrapa le verre, puis fit mine de raffermir sa position, comme pour protéger un peu sa prestance, lutter contre son propre émoi, dissimuler les turpitudes de son esprit. Il ne savait pas que c'était un peu trop tard, ainsi que sa tentative de sauver son honneur l'incriminait d'autant plus !

" Merci les gars. J'ai pas écouté, on a quoi à boire ?
 -  D'l'hydromel Ulrick ! Invoqué avec passion par cette belle dame ! "

La mention de la "belle dame" ne manqua pas de le faire réagir, assez maladroitement par ailleurs. Non seulement le feu de ses joues fit à nouveau apparition, mais surtout, comme prit sur le fait d'une éhontée débauche, il ne put s'empêcher de répondre vivement, sur la défensive :

" A-Allons on ne parle pas ... Ne dis pas ça comme ça. Enfin oui, elle est... Hum, elle est plutôt sympa, c'est vrai. Enfin elle nous offre à boire, donc elle est sympa, c'est ce que je veux dire ... "

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Les contrées du Chaos / Re : Tendre la main à l'ennemi [PV: Elynie Reviade]
« le: dimanche 23 avril 2023, 18:08:43 »
" La nostalgie est un poison. "

Ces mots, Elynie les ressentait au plus profond de sa chair alors qu'elle foulait d'un pas lents les restes d'une maison en ruine. Elle tenait ce propos de son frère, Kin'Dareb, dont la puissante présence se tenait pour l'instant en hauteur, alerte et vigilant, tandis que la prêtresse d'écailles foulait lentement un lieu qu'elle avait quittée depuis trois longues années. Pourtant, elle n'était pas revenue par nostalgie. Durant leurs pérégrinations, elle et son frère avaient rencontrés de biens nombreux voyageurs, certains fort peu courtois, d'autres autrement plus cordiaux, tant et si bien que la jeune femme avait appris bien des rumeurs. On lui avait notamment dit que l'ancien royaume dont elle était originaire avait certes perdu toute forme de direction, de vie, d'importance, mais qu'il y avait encore maintenant d'anciens citoyens qui y retournaient dans l'espoir d'y trouver un peu de ce qu'ils avaient put goûter à l'âge d'or du Royaume de Sylvandell. En toute honnêteté, Elynie savait que les dragons d'Or avaient quittés ces terres, que la famille royale avait été enterrée... Alors que pouvaient-ils espérés, ces pauvres hères, à venir ainsi parcourir les ruines de ce royaume ?

C'est là qu'elle avait compris qu'il pouvait s'agir d'elle. Malgré tout, sa ressemblance avec la défunte princesse, le fait qu'elle soit accompagnée par un dragon aux écailles argentées, il y avait là pas mal de chances pour que des concitoyens aient eut vent de son existence, de sa survie même, et qu'ainsi ils se soient mis en route dans l'espoir de la rencontrer à nouveau. Aussi, c'était avec sur le coeur son devoir de prêtresse qu'elle avait fait le chemin retour, en direction des ruines de son pays natal. Kin l'avait ainsi mise en garde, mais elle n'avait pas franchement désir de l'écouter, simplement de s'assurer que personne ne se trouvait encore à attendre son potentiel retour au milieux de ruines. Sylvandell était morte, c'était un fait, personne ne devait à nouveau en parcourir les décombres. Si elle y allait, ce n'était pas pour se faire adorer, chose que devait craindre sa puissante famille. Non, Elynie s'y dirigeait avec pour objectif d'ordonner à tout ceux qu'elle rencontrerait de quitter cet endroit, de laisser mourir ce morceau du passé, pour enfin aller de l'avant vers une nouvelle vie plus saine.

Voilà pourquoi elle grimpait sur les différents murs effondrés de la cité, qu'elle se glissait entre les décombres, qu'elle repoussait certains débris pour se créer un chemin au milieu de nuages de poussières et de cendres. Cela faisait déjà deux jours qu'elle sillonnait les environs de la cité royale, s'affairant à suivre la moindre trace de vie qu'elle pouvait déceler... Mais pour l'instant, aucune forme d'existence n'avait rencontré son chemin. Les villages étaient vides, les forêts n'abritaient plus aucunes formes de vie, les routes et chemins de terres s'éteignaient doucement sous une végétation vive, parfois si dense qu'elle en devenait infranchissable. Oui, ce royaume avait perdu toute forme de civilisation, ne resta alors qu'une destination pour la jeune femme, un lieu qu'elle se devait malgré tout de vérifier avant de quitter ce pays, définitivement pour le coup : la capitale. Même pour elle, l'idée de devoir à nouveau parcourir les gravats de la cité où elle avait grandie l'inquiétait. Elle pressentait la détresse qu'elle y ressentirait, la peine qui serait sienne de voir son passé ressurgir au milieu des ruines.

Sans son devoir, elle n'aurait jamais fait le choix d'y retourner. Pourtant, elle ne put qu'envoyer un ultime message télépathique à son frère de couvée avant de s'enfoncer au coeur du royaume, en direction de l'imposante cité montagnarde.

" Kin, je vais y aller.
 -  Ce sera sans moi. Je n'ai aucunes raisons de perdre mon temps au dessus de morceaux de pierre dénués de sens.
 -  Je le sais. Je reviens dans deux jours, n'ai crainte. "

*
*   *

Il lui fut difficile de retenir ses larmes. Son foyer, l'église d'argent, n'avait même plus de forme : Quelques maigres pierres seulement laissaient entrevoir qu'il y avait eut, un jour, l'existence d'un mur à cet endroit là, d'une colonne à celui-ci, ainsi que d'un clocher, tout au fond. Les escaliers menant au nid de Kin étaient ensevelies sous les débris, tandis que ce qui avait été sa propre chambre n'avait même pas encore une forme, un simple trou causé par elle ne savait quel puissance magique se trouvant à la place de celle-ci. Elynie s'en détourna avec le coeur rongé de douleur. Son frère avait raison, la nostalgie était effectivement un poison. Ce qu'il ne lui avait pas dis, c'est qu'elle l'avait déjà dans ses veines sans même le savoir. Qu'aussi bonne et juste était sa mission, cela ne la protégeait pas pour autant du malheur que de voir sa patrie réduite en lambeau. Mais elle n'avait pas le choix. Elle dû raffermir son emprise sur ses émotions, ravaler les sanglots qui voulaient s'échapper de sa gorge, et reprit son exploration.

Proche de l'église d'argent se trouvait le coeur de la foi de feu Sylvandell. Si il était désormais certain que la chapelle de la foi d'argent avait été réduite en miette, Elynie voyait déjà qu'il n'en avait pas été de même avec le temple de l'Omni-prêtre. Le lieu trônait encore assez fièrement au milieu des ruines. D'ailleurs, quand elle s'en approcha, ce ne fut pas sans remarquer que si plusieurs flèches se trouvaient encore dressées fièrement vers les cieux, ce n'était pour autant pas sans que les murs de cette bâtisse n'ait subit les mêmes affronts que le reste de la capitale : Un trou béant en avait ouvert le flanc Ouest, comme si un gallion en avait rencontré la façade et s'était échoué dessus à pleine vitesse. L'idée même ne manqua pas de faire trembler la fausse elfe, mais elle préféra éclipser ce genre de fantaisie de son esprit par des éléments de réflexions bien plus concrets : sa mission. Si elle ne croisait pas d'anciens Sylvandins par ici, il ne lui resterait bien que le palais pour espérer trouver des fugitifs. Si ce n'était pas le cas... Alors elle se remettrait en route, avec le baume au coeur de savoir que nul n'errait encore en ces lieux.

Pourtant ... Quelque chose allait bien rapidement la calmer dans son espoir de repartir rapidement des lieux. C'est quand elle approcha de l'enceinte de l'église, qu'elle entama de gravir le tas de débris qui s'échappait de l'ouverture béante produit par quelques terrible sortilège, qu'elle perçut un son étrange, anormal : Une respiration. Cela lui prit quelques secondes pour s'en assurer, mais oui, elle entendait bien le râle difficile et poussif d'une personne exténué, sûrement poussé à l'extrême de son énergie et de ses forces. Elle ne se précipita pas, après tout il aurait été stupide que dans un élan d'empressement elle se blesse en glissant sur un débris instable. En revanche, elle finit son ascension à un rythme mesuré, et une fois en haut de l'amas de pierres et de bois calciné, elle observa l'intérieur de la bâtisse. La respiration qu'elle percevait se répercutait sur les murs de l'église, l'empêchant d'avoir une appréciation solide de sa provenance, mais son regard fit le travail à la place de son ouïe. Elle vit au fond cette figure altière, en partie adossée à l'autel de la chapelle, peinant visiblement pour rester conscient.

La prudence invitait à ne pas s'approcher ainsi d'un homme blessé au milieu de ruines abandonnées depuis plusieurs années. Elynie y préféra la bienveillance de l'église d'argent, descendant de son perchoir d'un pas prudent tout en élevant la voix pour se faire entendre, annonçant son arrivée au soldat qui se trouvait là.

" Ces lieux n'ont ni prêtre, ni guérisseur depuis des lunes. S'y réfugier est une folie. "

Une pierre glisse sous son pas, et la voilà qui se jette de côtés pour se coller aux gravats, afin de ralentir sa chute comme elle peut. Deux mètres de glissade douloureuse s'ensuivent, mais elle atteint par chance le sol inégal de l'église, non sans louper un battement de coeur. Dieu que ses vêtements manquaient de praticité dans ce genre de situation. Elle se redresse doucement, observe l'homme d'âge mûr depuis sa position. Il est blessé, c'est une évidence, mais il se trouve tant et tant recroquevillé sur lui-même qu'elle ne parvient pas à observer où se trouvent ses plaies. Par contre, elle ne peux que constater que l'homme ne semble guère provenir de Sylvandell, autant dans sa tenue militaire, aucunement commune avec les équipements sylvandins, mais aussi dans les traits durs et battus de son visage. Elle fit un premier pas en sa direction, s'exprimant calmement.

" D'où venez-vous ? Que faites-vous donc perdu au milieu de ces ruines ? "

9
L'instant de connivence entre les deux femmes dû s'écourter par la présence de nouveaux-venus. Même si elle était présente autour du feu depuis un peu plus longtemps que sa camarade, Elynie n'avait pas encore eut le soin de rencontrer les soldats, d'observer leurs habitudes, ni même d'analyser comment ces derniers pouvaient se comporter en leur présence. Elle ne doutait toutefois pas de leurs bonnes moeurs : Après tout, leur capitaine semblait à la fois droit et juste, non sans parler de son évidente politesse. Autant de bons points qui lui permettait de se rassurer quand à ses subalternes, ils ne devaient sûrement pas être de ceux qui veulent abuser de leurs forces, ou d'une proie facile à leurs yeux. En tout cas, elle vit le quatuor commencer à se déséquiper, entamant de dénouer les boucles de leurs armures et posant leurs armes dans un coin où ils pourraient, si un danger venait à se faire remarquer, rapidement les récupérer pour se poster en formation défensive. Ce fut l'occasion où sa compagne du soir ne manqua pas de la questionner :

" Tu crois qu’il y aurais des vêtements secs qui traîneraient dans le coin ?
 -  Oh euh ... Je ne crois pas qu'ils aient de vêtements de rechanges, hormis les leurs propres. En revanche, attends moi un peu, je vais aller fouiller dans mes affaires. "

Peut-être que le style vestimentaire d'Elynie ne serait pas vraiment au goût de la voyageuse, mais dans la situation immédiate, ce serait tout de même bien mieux que des vêtements humides. Aussi, la demoiselle qui se tenait auprès de la mage se redressa, et partit d'un pas rapide en direction d'une des carrioles proche, là où elle avait posée son fardeau. Normalement, elle aurait pû se trouver un peu plus méfiante, notamment par rapport au fait de laisser une jeune femme seule au milieu d'un campement où quatre hommes étaient en train de partiellement se dévêtir, mais comme elle se sentait franchement en confiance vis-à-vis de leur comportement... Elle s'était décidée à surtout agir le plus rapidement possible pour le confort de Maxine. Aussi, la demoiselle aux cheveux bleus pourra la voir disparaître dans un des coins sombre du campement, la fausse-elfe grimpant alors par l'arrière d'un des véhicules pour commencer à chercher à tâtons la texture de son sac. Une fois trouvé, la voilà qui jette rapidement les premiers outils qui se trouvent au sommet de ses affaires, pour alors tenter de trouver la tenue la plus chaude et passe-partout qu'elle possède.

Et tandis qu'elle produit quelques bruits évidents d'une fouille hâtive, la situation sur le camp continue à progresser, dans une sorte de sérénité assez rare en pleines landes dévastées. Les soldats, dont les bustes métalliques et les haubergeons sont désormais rangés dans un coin du camp, finissent de s'ôter leur protecteur fardeau pour enfin se diriger vers le feu, avec pour objectif de trouver un peu de réconfort. Seul reste le blondinet, dont l'observation muette et envoûtée lui a fait perdre un bon bout de temps, avant de remarquer que ses alliés avaient déjà en bonne partie quittés leurs armures. Aussi, c'est avec quelques taquineries qu'il ôte lui aussi son équipement, ses compagnons ne manquant pas de lui faire remarquer qu'il a la tête ailleurs : Le damoiseau avait oublié une boucle à son plastron, un renfort sur son épaule, puis un peu plus tard manqua même défaire la ceinture de son pantalon plutôt que de ses jambières. Ce dernier propos lui empourpra les joues, comme s'il avait manqué produire un geste ô combien outrancier au vu... de la présence supplémentaire de la nuitée.

En tout cas, les soldats commencèrent donc à s'installer auprès du feu, témoignant par la suite d'une forme bien naturelle de camaraderie. Maxine ne sera pas vraiment embêtée durant ce temps-là, les hommes semblant plutôt vouloir s'épandre sur la difficulté de la journée et leurs futurs projets une fois arrivés à destination. Seul le retardataire ne peut s'empêcher, par à-coups, de passer son regard par-dessus son épaule, d'aller voir la forme délicate qui tremble de froid de l'autre côté des flammes. Elle est sublime, quelque chose qu'il ne s'explique pas fait qu'elle l'obnubile en cet instant. Malheureusement pour lui, c'est quand il finit de se libérer de son fardeau qu'Elynie parvient enfin à revenir auprès du feu, tenant entre ses mains une épaisse robe en laine, accompagnée de chausses hautes et d'un gilet brodé aux nombreux symboles.

" Voilà Maxine. J'espère que ça t'ira, mais normalement la robe est tricotée suffisamment peu serré pour que ça s'adapte un peu sur tout les corps. Tu peux te changer dans la carriole si tu veux ! T'en fais pas pour les repas, je m'en occupe d'ici à ce que tu sois disponible !
 -  Des repas ? "

La prêtresse n'avait pas parlé fort, mais un ventre affamé a le don de rendre les sens bien plus fins dès qu'il s'agit de nourriture. Elynie se redressa assez tranquillement avant de se tourner vers les gardes déjà assieds devant le brasier.

" Oui, on m'a demandé de vous en servir. Soyez sages, ça arrive une fois que je me suis occupée de Maxine. "

Les visages s'éclairaient à l'idée d'un bon repas, hormis celui du plus jeune, qui observait cette situation d'un tout autre angle. Il n'avait pas foncièrement envie de manger, disons qu'une autre passion lui avait coupé l'appétit. Cette passion, elle avait les cheveux bleus, l'air fatigué, ainsi qu'une beauté qui ne manquait pas de lui retourner les viscères. Déjà, l'esprit de ce jeune homme l'amenait à chercher quelques moyens de repousser sa présence en ces lieux, peut-être d'essayer de parler à cette belle dame une fois que ses compagnons seront allés se coucher. Mais est-ce qu'il y parviendrait ? Après tout, le plus compliqué dans toute cette histoire, c'était sa propre capacité à discourir avec une belle dame. La simple idée d'entamer une conversation avec elle accélérait son coeur, lui nouait la gorge et rosissait ses joues. Comment pouvait-il s'imaginer y parvenir alors qu'il était déjà aussi mal à l'aise. Enfin, tandis qu'il se trouvait en pleine introspection par rapport à ses piètres compétences auprès de la gente féminine, Elynie donnait son lot d'affaires à la belle magicienne, lui montrant d'un geste de main la carriole... Non sans observer des coups d'oeils rapides qui leur était destiné de part le plus jeune damoiseau.

" Installe-toi, change-toi, et si tu as besoin de moi, tu m'appelles, d'accord ? Je ne suis pas loin, je fais le service pour ces messieurs ! "

Se retournant juste après, elle se dirige vers les bols déjà rincés par la soeur du marchand, puis attrape louche et marmite, avant d'appeler l'ensemble de ces hommes affamés.

" Venez messieurs, je vais vous servir. En file et pas de ronchonneries, y'en a qui dorme sûrement déjà ! "

Cela lui permettait au passage de s'assurer qu'aucuns de ces damoiseaux n'osent avoir un instant de grivoiserie envers Maxine. Les quatre devant elle et sous sa direction, elle s'évitait ainsi le risque qu'il parte discrètement voir les formes délicates de son invitée en train de se changer. En revanche, ça avait aussi un avantage pour elle : Elle en profita pour faire connaissance. Les trois premiers la remercièrent tout naturellement quand elle leur offrit les repas, se présentant très respectueusement, surtout qu'ils avaient eut par leur chef l'ordre de bien se comporter envers elle. Ils savaient qu'ils avaient le droit de se reposer ce soir grâce à la présence du dragon à l'extérieur du campement, ainsi que du lien qui existait entre ce dernier et la fausse elfe devant eux. En revanche, le petit dernier sembla beaucoup moins à l'aise, presque niais quand il arriva en bout de ligne, alors même que ses camarades s'étaient déjà retrouvés à nouveau près du feu, à se jeter sur leurs victuailles.

" Bonsoir ma.. Madame. Ulrick, enchanté. Est-ce... Est-ce-que...?
 -  S'il en reste ? Bien sûr Ulrick, ne t'en fais pas. Je te sers ça immédiatement !
 -  Non.. euh hum... Enfin oui mais, je ...
 -  Hummm ? Je t'écoutes, qu'y-a-t'il ? Ne t'en fais pas, je suis une prêtresse, tu peux tout me dire, je ne le répèterai à personne.
 -  Est-ce-que... Vous connaissez la femme qui s'en est allée ?"

Intrigante question et tout aussi curieux comportement. Elynie préféra la jouer relativement honnête et calme, sans rentrer dans les détails.

" Point vraiment Ulrick, elle s'est perdue et avait besoin d'aide. Kin'Dareb, grand seigneur que je sers, a échangé son aide contre la protection de cette demoiselle en peine.
 -  Oh hum... je comprends... C'est malheureux.
 -  Qu'elle se soit retrouvée en danger... ou que je ne la connaisse pas plus ? "

Le jeune homme ne put s'empêcher de rougir, avant d'attraper son bol, de remercier la prêtresse, puis de fuir rapidement auprès de ses compagnons de voyage. Refermant la marmite, Elynie ne put s'empêcher de voir le jeune blondinet plonger son nez dans le ragoût sans autre mot dire. Il était évident que la réponse de la demoiselle l'avait perturbé, mais en son for intérieur, la prêtresse d'écaille l'observait désormais avec un oeil différent. Ce garçon semblait avoir un étrange intérêt pour Maxine et... la fausse elfe observait avec beaucoup de surprise ce qu'elle commençait à présupposer être un vrai coup de foudre. Elle allait attendre le retour de Maxine et agir, avec un peu de chance elle découvrirait peut-être une belle occasion de défendre douceurs et passions en cette nuitée ?

10
Visiblement, la petite tromperie de la prêtresse ne semblait pas avoir offusquée la mage. C'était une bonne chose. Elle n'y avait pas pensée de prime abord, mais il aurait tout à fait été possible que celle qu'elle cherchait à aider n'apprécie pas vraiment les méthodes que la fausse elfe venait d'utiliser. À la place, la demoiselle sembla prendre cela avec peut-être un peu de culpabilité, mais surtout avec une délicate légèreté, accompagnée par ce rire, tout bas, exprimant qu'elle voyait en Elynie, ainsi que son clin d'oeil léger, une forme de détente suffisante pour ne pas plus se questionner sur les actions qu'elle avait entreprise. Quand à la blonde en elle-même, elle n'était pas gênée de ses actions. Elle savait que les marchands aiment à vivre par le biais du juste échange, tandis que ses propres préceptes ne l'empêchaient pas de mentir, ou de manipuler. L'église de l'écaille d'argent, même si dépossédée d'un lieu de culte, conservait ses valeurs : protéger, soutenir, soigner autrui. Rien de ce qu'elle venait de faire allait à l'encontre de ces grandes lois. D'ailleurs, cela avait même semblé mettre la famille marchande sur cette voie, notamment par l'apport de cette couverture qui fit, visiblement, un bien intense à la voyageuse encore humide.

" Merci. Je m’appelle Maxine. Je suis venue dans les environs pour trouver des objets magiques. Mais la personne que me servait de guide... m’a abandonnée en volant mon sac.
 -  Juste ciel... "

Le rire délicat de Maxine se fit entendre à nouveau, même si teinté d'une forme d'ironie. On peut dire que ce genre d'actions étaient courantes dans les landes dévastées, nombreux ayant trop peu pour vivre, ou trop peu à gagner d'agir honnêtement, pour se permettre de passer à côté de gains éminemment plus précieux que leurs mièvres et simples tâches. Elynie passa un coup d'oeil par-dessus son épaule, en direction de Kin'Dareb. Le dragon, même juvénile, lui avait évité de connaître pareils désagréments. Il faut dire qu'elle n'avait pas non plus vraiment besoin de guide, étant donné qu'elle n'avait pas de destinations ou d'objectifs concrets. Ce serait un propos pour plus tard, car dans l'immédiat, Maxine sembla vouloir reprendre la parole, aussi la prêtresse adressa-t'elle immédiatement son regard à celle-ci, afin de montrer par-là toute son attention offerte aux propos de la voyageuse :

" Je me suis fait complètement avoir... comme une débutante.
 -  T'en fais pas chérie, t'es pas la seule. Tout le monde se fait avoir une ou deux fois avant de montrer naturellement une certaine prudence. Mon frère a mis trois expéditions avant de faire appel aux Crocs pour protéger nos cargaisons. "

Les Crocs. Des mercenaires à la réputation franchement positive. Pourtant, Elynie avait toujours trouvée que leur nom sonnait comme celui d'une vieille troupe de brigands aux comportements fallacieux. Elle en avait entendue parler il y à un peu moins d'un an, quand elle avait passée la frontière Ashnardienne pour descendre lentement en direction des côtes de Nexus, mais n'avait pas encore eut l'occasion d'en croiser un bataillon. Encore une fois, elle observa plus loin les membres de la garde qui semblaient s'entretenir un peu plus loin. Voilà donc à quoi ils ressemblaient. Finalement, de bons gaillards, polis en plus au vu des paroles de leur actuel commandant. Voilà bien des gens dont elle n'hésitera pas de chanter les louanges si elle se doit à un moment de convier marchands ou voyageurs à la prudence. Tout le monde ne doit pas pouvoir se permettre de louer leurs services, mais autant proposer une solution sécuritaire plutôt que de laisser partir quelques quidams sans même leur offrir une possibilité supplémentaire afin de garantir leurs survies.

" Je peux vous offrir mon aide... Pour les repas... ou n'importe quelle tâche. Je ne suis pas une super bonne combattante mais je suis une invocatrice... Je... Si vous me permettez de vous aider en échange d'un repas... C'est un peu présomptueux de ma part toutes mes excuses.
 -  T'en fais pas, tu as ta place autour du feu. Et puis, le compagnon de cette soeur nous a demandé de veiller sur toi en échange de sa vigilance, on va pas en plus te faire payer ta présence.
 -  Je suis certaine qu'il en finirait passablement offusqué, effectivement. "

Cette petite remarque, Elynie venait de la glisser avec toute la délicatesse du monde, sans agressivité ni malignité dans la voix. Elle statuait juste un fait indéniable : les dragons, qu'ils soient jeunes ou vieux, sont d'une fierté abominable, souvent plus grande encore que leur puissante stature naturelle. Défier les lois, les ordres, ou les promesses faites à un dragon était pure folie, car ces majestueux seigneurs y voyaient très souvent la preuve du manque de grandeur de l'être humain, de sa nature misérable et déliquescente. La grande majorité de leur prise de bec, à Kin et elle-même, était souvent alimentée par l'exceptionnelle fierté de son frère de couvée, ce qui provoquait des incompréhensions, voire des interprétations, souvent erronées de sa part. La prêtresse cherchait bien souvent à suivre les préceptes de son église pendant que sa puissante famille, lui, voyait avant tout sottises et fausses gentillesses derrière ces actes. Autant dire qu'elle y était habituée, d'où le détachement serein avec lequel elle parvenait à en parler.

" En revanche, cela n'empêche en rien de donner un petit coup de main gratuit, n'est-ce-pas ? J'ai promis au capitaine d'aider à nourrir les soldats qui vont nous rejoindre, si tu le souhaites Maxine, tu peux m'accompagner.
 -  C'est pas une mauvaise idée. D'autant plus que mes neveux et moi allons sûrement nous coucher, la nuit commence à bien avancer et nous avons quand même nombres de préparatifs demain matin. "

Les deux jeunes hommes se tournèrent en direction de leur tante avec un air de vive désapprobation. Il était évident pour la prêtresse que l'idée d'aller se reposer maintenant ne les enchantait guère. Ce devait d'ailleurs être une évidence pour la mage aussi. Préférant prévoir le coup, voilà que la fausse elfe se rapprocha donc de Maxine pour venir lui chuchoter quelques mots amusés à l'oreille, sorte de petit commérage innocent face à une situation dont l'issue était certaine.

" Attention, je crois que la matriarche va nous faire une démonstration de sa poigne de fer. "

Il ne fallut pas plus de temps pour que les deux convives se retrouvent devant une scène qui devait se produire quasiment tout les soir. Pressentant l'action qui allait s'ensuivre, voilà que le père des deux garçons s'éclipse tranquillement en direction d'une carriole, sûrement pour préparer les couches, tandis que l'aîné des garçons se dresse devant sa tante. Et l'explosion survient : Ce damoiseau encore bien jeune qui se défend de son droit de passer du temps à sa manière, cherchant en demi-ton à défendre aussi son cadet, tandis que la tante semble devenir un mur imperméable à ses suppliques déguisées en beaux discours. Profitant de ce spectacle, la prêtresse se redresse sans un mot et passe dans le dos de Maxine, lui sortant ses cheveux humides de sous la couette pour mieux les sécher dans un repli de couverture inutilisée. Après tout, vu l'orage dont elles étaient toutes les deux témoins et étrangères, mieux valait ne pas s'y aventurer par quelques verbes mielleux, cela n'aurait pour seul résultat que de s'attirer les foudres d'Amalia. "Ne nous mêlons pas de ce qui ne nous regarde pas", n'est-ce-pas ?

" ... DU BALAI ! Et si j'en vois un seul sortir de ses couettes, je lui fais conduire l'ensemble de l'attelage au sol ! C'est clair !? "

Victoire absolue d'Amalia. Les deux jeunots s'éloignent tristement, essuyant sûrement une énième défaite sans grâce. La présence d'un public à cela n'a clairement pas dû aider non plus. Quelques secondes plus tard, la tante se tourna vers les deux invitées du camp, soupirant bruyamment :

" Et désolé pour ça mesdemoiselles. C'est ici que je vous laisse, j'vais aussi aller dormir. Profitez des lieux, mangez un bout, vous êtes chez-vous. Je vous dis à l'aube, bonne soirée.
 -  Bonne nuit à vous Amalia, à demain matin. "

Observant la silhouette d'Amalia s'éclipser dans une des carrioles, Elynie ne manqua pas de se permettre une petite pensée amusée : En voilà bien d'une bonne femme avec du coffre. Si le bonhomme chauve semblait être un maître du commerce, il était évident que sa soeur était la raison pour laquelle leur famille tenait debout malgré la précarité de leur vie. Elle ne fit pas connaître cette observation à haute voix en revanche, finissant juste de sécher les cheveux de Maxine avant de s'installer de nouveau auprès d'elle, se laissant aller à une légère détente, amenant son corps vers l'arrière pour simplement s'équilibrer de ses mains dans l'herbe fraîche. Dans les environs, il n'y avait plus personne pour l'instant qu'elles deux, peut-être était-ce le moment de faire preuve d'un peu d'honnêteté ? Elle tourna son visage en direction de la mage aux cheveux bleus, puis s'exprima d'un ton délicat, doux, légèrement bas, comme si quelques oreilles pouvaient encore les entendre.

" J'espère que mon petit mensonge ne t'a pas gênée, mais je préférais qu'il ne doute pas de ta sincérité. Ce n'est pas très agréable quand ça arrive. Tu nous as entendue en parler, mais je voyage avec un compagnon qui a tendance à... être un petit problème quand il s'agit de montrer patte blanche. "

Se tournant un peu, elle fit un geste de la main pour montrer la forme imposante du dragon, allongé plus loin.

" Je te présente Kin'Dareb. Je parle de compagnon de voyage, ou de représentant du culte de l'écaille d'argent auquel j'ai prêté allégeance. C'est aussi un petit mensonge, tu veux savoir la vérité ? "

Elle ricane comme une enfant avant de se glisser à l'oreille de la mage, chuchotant sur un ton de connivence.

" Dans les faits, nous sommes nés du même oeuf, lui et moi. "

Elle ne manque pas de rendre son espace personnelle à Maxine une fois ces révélations déclarées, mais la mine rayonnantes de la fausse elfe laisse entendre qu'elle garde un grand plaisir à pouvoir parler, ne serait-ce qu'un peu, de sa véritable nature à quelqu'un. Après tout, les deux femmes étaient dans la même situation, alors pourquoi ne pas se permettre de partager un petit secret, moyen de consolider une relation nouvelle, entre deux personnes qui avaient eut besoin de l'hospitalité de marchands, aux beaux milieux des landes dévastées. Toutefois, même si la discussion se poursuit un peu, elle restera de courte durée : Tandis qu'elles sont à échanger, les gardes plus loin semblent enfin avoir eut l'ensemble de leurs directives, tant et si bien que le groupe se sépare. De cet ensemble de robustes guerriers se détache un groupe de quatre débutant, dont le capitaine avait visiblement souhaité qu'ils puissent se reposer. Tout les quatre approchaient donc du camp à pas lents, jusqu'à apparaître à la lumière du feu.

L'un d'eux, tout particulièrement, eux l'air troublé à son arrivé, sa voix s'exprimant timidement à la suite de celle de ses camarades pour saluer les deux voyageuses :

" B-bonsoir mesdemoiselles. "

11
Elynie savait deux choses en cet instant. Tout d'abord, la figure lointaine qui foulait l'herbe rase des plaines semblaient avoir bien du mal à tenir face aux affres de la nuit. Cela, elle le devinait à la posture de cette dernière, recroquevillée sur elle-même alors même qu'elle continuait d'avancer en direction de leur camps. La seconde, plus facile à connaître pour la prêtresse, c'était que son frère écailleux était actuellement sur ses gardes, prêt à fondre en avant pour éventuellement servir de bouclier à un sort qui serait projeter depuis cette voyageuse imprévue. Donc, selon les apparences, elle était dans une position de force face à une personne affaiblie. Voilà bien les raisons qui justifiaient sa prise de risque, son hardiesse alors qu'elle s'était approchée légèrement de la nouvelle-venue pour faire acte de présence, faire savoir qu'elle avait été remarquée. Toutefois, point de sens accrus, point de capacité pour Elynie de quérir plus d'informations que cela pour l'instant. Elle se devait juste d'attendre, campée sur ses positions, que cette hère soit enfin à portée d'observation malgré les vicieuses ténèbres des landes dévastées.

Cela prit tout de même quelques minutes. Suffisamment longtemps en tout cas pour que l'éclatante couleur de la robe de cette voyageuse ne manque pas de ressortir malgré l'épaisseur de la nuit. Voici bien un accoutrement particulier, encore plus dans le cas d'une personne qui, se trouvant sur les routes, aurait dût avoir la présence d'esprit de se couvrir de tenues non seulement plus chaudes, mais surtout bien moins handicapantes pour la marche et les déplacement ardus. Rapidement, la prêtresse d'écaille entama de passer en revue les raisons de telles parures, surtout en un lieu aussi isolé. Elle voyait en soi la possibilité de sort de transports qui avaient dysfonctionnés, le vol qui restait une théorie des plus probable, la fuite malheureuse d'une esclave depuis trop longtemps enchaînée, ainsi que la plus dangereuse des éventualités, celle qui suggérait qu'il s'agisse de la tromperie d'une créature bien maline souhaitant s'infiltrer auprès d'un groupe peu vigilant. Cette dernière suggestion aurait put être la réponse acceptée par les membres du camp quant elle-même s'était approchée de la lueur de leur feu, aussi... Elynie se résolvait déjà à ne pas conserver cet angle de vue par la suite.

Et en parlant de cela, elle percevait enfin le visage de cette voyageuse, dont les lèvres se mirent assez rapidement à bouger pour entamer le dialogue :

" Excusez-moi... Mademoiselle... Wow... Vous êtes très jolie. "

Elle ne s'y était pas du tout attendue. Non vraiment, quand elle avait commencée à détailler les gouttelettes qui glissaient le long des joues de la voyageuse, non sans parler de son air fatigué et de sa tenue qui montrait d'épaisses traces de boue au niveau des chevilles, la prêtresse d'écailles aurait bien eut du mal à se préparer à une telle approche. Un court instant, la fausse elfe se demanda très honnêtement comment elle pouvait répondre à cela, non sans se rendre compte que son naturel avait prit les devants, empourprant ses joues d'un trait, envahissant ces dernières avec une telle vivacité que ce fut la chaleur cuisante ainsi produite qui lui permit de remarquer son propre embarras. Certains hurleraient à la faiblesse claire et visible. Elynie préféra simplement se secouer bien vite la tête avant de se redresser, remarquant par ailleurs qu'elle n'avait clairement pas été la seule à se faire surprendre, sa propre interlocutrice exprimant par ses traits qu'elle-même n'avait pas vraiment réfléchie à son propos. Bon, elles allaient pouvoir repartir sur de meilleures bases, n'est-ce-pas ?

" Je peux... je peux partager votre feu ?
 -  Hum dans les faits... Ce n'est pas le mien. "

Autant l'avouer immédiatement, cela permettait d'éviter les confusions. En revanche, cela donnait un brin de temps supplémentaire à Elynie pour prendre sa décision. Celle qui lui faisait face semblait clairement pas en position de faire quoi que ce soit d'autre que de demander la charité. Son corps parlait de froid, de faim, de fatigue et plus encore que tout cela, de déroute. Tout autant de choses qui amenaient la bienveillante prêtresse à considérer d'un oeil bienveillant la demande de cette femme. Lors du court flottement qui suivit sa réponse, elle se tourna vers Kin'Dareb, le questionnant du regard. Elle savait qu'à cette distance, il lirait parfaitement ses traits, pour ensuite lui offrir un geste adéquat quant à son avis. La réponse du dragon d'argent fut somme toute assez claire : Elle le vit détourner la tête, et la coucher en un autre sens, veillant sur une autre partie de la plaine. Il considérait qu'elle n'était pas dangereuse. Se retournant alors vers la pauvre demoiselle, Elynie élimina la distance qui les séparait pour venir quérir l'une de ses mains entre les siennes.

Mais je peux intercéder en votre faveur auprès des autres. Suivez-moi s'il-vous-plaît. "

Lui offrant par la même occasion un rayonnant sourire, la prêtresse d'écailles fit volte-face et avança calmement en direction des tentes qui avaient été plantées autour du feu. Le vent battait son visage, faisait virevolter sa chevelure, mais c'était un problème dont elle ne faisait guère attention. Elle se permit un petit coup d'oeil par-dessus son épaule, observa la longue natte épaisse de cette nouvelle arrivante. Ce devait être pratique, mais elle se voyait mal tresser ses cheveux de la sorte. Ce sera peut-être un sujet de discussion pour plus tard, si elle s'assurait de convaincre les membres de la caravane marchande. En tout cas, cette ultime distance jusqu'aux abords du camp était bien maigre par rapport à tout ce qu'avait dût vivre la pauvre hère dont elle tenait la main, aussi ce fut accompli en bien peu de temps. À son retour, Elynie ne manqua pas de se faire appeler par la mine bonhomme de Malus, avant que la toute nouvelle présence ne calme un peu les effusons amicales :

" Oh ma soeur ! Nous nous demandions si vous n'vous étiez pas perdue ! Alors, qu'a donc dit votre puissant com-pa... gnon ? "

Les regards se tournent tout naturellement vers la forme chatoyante et misérable de Maxine. Se permettant à cette occasion de relâcher sa main, Elynie s'approcha d'un pas vers le feu avant de s'agenouiller, mains sur l'avant de ses cuisses, avant de reprendre la discussion :

Kin'Dareb s'est garanti de veiller l'ensemble de cette nuit, mais ne compte pas prendre les airs. Des soldats se devront malgré tout de prendre quelques tours de gardes pour garder un oeil là où il ne pourra poser son propre regard.
 -  Je... Hum, nous le remercions chaleureusement. Et pour... enfin...
 -   Cette personne derrière moi a été repérée par mon puissant compagnon de voyage. Visiblement désoeuvrée, il m'a enjoint d'aller la chercher afin de vous présenter sa condition : Faites preuve de bonté envers cette pauvre dame, ainsi protègera-t'il en retour l'ensemble de votre expédition cette nuit. "

Un petit mensonge ne faisait de mal à personne n'est-ce-pas ? L'objectif de la prêtresse était d'offrir une place chaude à cette demoiselle, alors tout les usages étaient bon. Et il était bien plus facile de présenter une forme de marché de la part de son frère draconique plutôt que d'appeler à leur simple bon coeur. Non pas qu'ils auraient put la surprendre et accepter sans condition, mais elle n'avait pas besoin de vérifier s'ils étaient de bonnes gens, avec l'amour du prochain comme prime bannière. En revanche, elle joua tout simplement sur l'élément le plus évident face à des marchands : le commerce, ici de services. Cela ne manqua pas de faire mouche, surtout quand elle vit le chef de cette expédition sourire bien honnêtement derrière son épaisse moustache. Soit il avait compris le fonctionnement de la prêtresse, soit il était juste plus à l'aise en sentant qu'il allait ainsi pouvoir se sortir de cette nuitée sans la moindre dette. Sa réponse alla d'ailleurs en ce sens, étant donné qu'il tourna son accord d'une manière bien grandiloquente :

" Dieu que les créatures du ciel sont capricieuses, mais je ne me verrais pas être l'ennemi d'une si majestueuse entité. Bien entendu nous allons accueillir cette dame, tout le monde a besoin d'un lieu où se reposer, et puis ... Vous m'avez l'air bien frigorifiée jeune femme. Je vous en prie, venez donc vous asseoir auprès du feu. Amaline, peux-tu aller chercher une de nos couvertures ?
 -  Bien sûr, je reviens. "

L'activité autour du feu de camp reprit alors avec tout le naturel du monde. La fausse elfe ne manqua pas d'en sourire, se redressant tranquillement pour se retourner vers la mage aux cheveux sombres, lui offrant, maintenant qu'elle était dos aux membres du camp, un petit clin d'oeil. Simple manière de lui garantir encore une fois qu'elle allait être bien accueillie. Mais le plus important restait désormais qu'elle se réchauffe, alors la prêtresse la contourna, se posa dans son dos, et la poussa gentiment en direction du feu de bois crépitant, avant de rebondir sur les propos du quarantenaire.

Tu as entendu le monsieur, allez assieds-toi et récupères donc quelques forces. Je me permets des présentations, je suis Elynie, Prêtresse d'Écailles du culte sans foyer des Dragons d'argent. Et toi don...
 -  Juste avant, pardonnez moi ma soeur, mais pouvez vous m'indiquer la position où moi et mes soldats devons nous poster. Nous nous devons de reprendre notre surveillance.
 -   Oh pardon. Hum... Kin'Dareb surveille l'ensemble des flancs Sud de la plaine, ainsi que les bordures forestières. Vous pouvez vous concentrez, ainsi que vos hommes, à la pointe Nord, en direction de l'à-pic d'Ochin.
 -  Bien, merci beaucoup. Je vais réunir mes gars et donner les directives. Si vous pouvez aider à servir un repas à nos jeunes recrues par après ? Je compte bien les renvoyer vers le camp une fois les ordres donnés.
 -   Ce serait avec plaisir ! "

Un ultime sourire, puis elle voit le soldat et son second s'éloigner. Plus besoin de rester tendue, la jeune femme soupir d'aise, relâchant un peu la pression de son acte théâtrale, pour alors retourner en direction de la nouvelle arrivante qu'elle venait d'épauler. Elle s'installe dignement auprès d'elle, et reprends alors son précédent propos.

Je disais donc, enchantée, Elynie. À qui ai-je l'honneur ?
 -  ...Et que vous est-il bien arrivée, rajouta Amaline tout en jetant une couverture sur les épaules de la femme en robe écarlate."

12
Les landes dévastées faisaient parties de ces territoires où seuls les voyageurs les plus expérimentés se permettent de faire une halte. Tantôt dans des fosses creusées par des éons d'affrontement entre des créatures mythologiques, tantôt dans des plaines ayant vu la création d'obscures tyrannies et de superbes royaumes, ceux qui parcourent ces terres cherchaient bien souvent les abris les plus pratiques pour s'arrêter, reprendre leurs souffles, et se permettre enfin un repos mérité après de longs jours de marche forcée. Ces occasions rarissimes voyaient naître un feu de camp salutaire, parfois remarquables à des lieux à la ronde, tant la présence de la moindre lumière dans ces nuits obscures pouvait être synonyme d'une prise de risque suicidaire, mais dont l'existence jusqu'au lendemain matin promettait la poursuite sereine d'une quête, d'une mission, ou d'un voyage aux objectifs des plus importants pour les concernés. Traverser les landes dévastées était une épreuve, s'y reposer nécessaire, et le feu qui baignait le visage des voyageurs le symbole même des histoires que tous y vivait : intense, chaleureux, tout en frôlant perpétuellement le dangereux.

Elynie vivait tout cela comme chaque être en ces terres. Prêtresse sans église, sans patrie, son voyage perpétuel l'amenait à fouler du pied des territoires inconnus qu'elle n'aurait sûrement jamais imaginé traverser du temps où elle vivait encore avec sérénité dans son église natale. Pourtant, elle s'était particulièrement bien adapté à la rudesse de ces pérégrinations, non seulement par ses propres moyens, mais aussi grâce à la sagesse absolue des dragons d'argents, dont son frère était le dépositaire, malgré son jeune âge. Kin'Dareb n'avait d'ailleurs pas que l'avantage de l'esprit, il avait aussi celui de la force : le puissant dragon, dont la taille était encore bien loin de celle d'un adulte, restait tout de même un danger évident pour bon nombre de créatures, qui ne se permettaient donc pas d'approcher la prêtresse qui représentait pourtant une proie de choix aux yeux des dangers de ces landes. Elynie en avait conscience, son rôle s'en tenant souvent à ne pas provoquer sa chance trop abondamment, restant sous la surveillance de sa bien étrange famille tout en taisant souvent le lien de parenté qui existait entre eux.

Toutefois, ce soir, ce n'était pas les écailles de son frère qui miroitaient le plus dans la nuit. Ce soir, comme bien d'autres, elle avait eut l'occasion de connaître une rencontre peu après que le crépuscule se soit éteint, l'amenant alors à contempler la lumière d'un feu de camp peu loin de sa position. Elle et Kin avait longuement hésités. Approcher d'un tel phare, c'était aussi le risque de faire la rencontre de personnes mal attentionnées, de beaux visages souriants cachant des crocs aiguisés. Pourtant, ils firent le choix de s'en approcher, la prêtresse se présentant en première aux abords du camps, quittant la pénombre pour se faire remarquer, puis argumentant de sa présence auprès de celui qui semblait être le chef de l'expédition s'étant laissée allée au repos. Les mines s'ouvrirent quand ils comprirent ne pas avoir affaire à quelques esprits frappeurs ou fée trompeuse. En revanche, leur expression fut plus difficile à lire quand ils virent la forme massive du dragon s'approcher, non sans comprendre alors que la "prêtresse de l'Écaille" était immédiatement liée à la présence du puissant saurien.

Il fallut un peu de temps pour que tous jaugent la situation... Puis que chacun abandonne ses armes et ses à-priori. En soi, une telle créature était plus qu'appréciée pour vivre une nuit potentiellement dangereuse. Surtout que désormais, elle était de toutes manières dans les environs, alors autant ne pas se la mettre à dos. Ainsi, Elynie avait trouvée place autour du feu de camp. Kin lui était resté aux abords du rassemblement humanoïde, se contentant de somnoler sur l'herbe rase des plaines peu loin du poste que les gardes occupaient pour se relayer afin de faire le guet.

" Je vous remercie encore de nous accueillir, Kin'Dareb et moi-même. Nous voyageons depuis maintenant trois semaines, vous êtes les premiers que nous croisons sur notre chemin.
 -  J'dois vous avouez qu'avec un tel compagnon, j'suis pas certains que beaucoup de compagnies oseraient vous approchez ma soeur. "

Ce commentaire, c'était Malus Bourlahf qui venait de le prononcer d'un ton bourru. Le chef d'expédition était un homme ayant bien dépassé la quarantaine, dont le crâne chauve luisait au feu, tandis que son épaisse moustache en reproduisait les couleurs vives. Se tenait à ses côtés deux fils, dont l'un tout juste adulte, ainsi qu'une bonne femme qui se présentait comme la soeur de cet énergumène. Elynie pressentit que l'absence de la mère des garçons n'était pas un sujet qu'elle se devait d'aborder. En revanche, elle questionna assez naturellement leur présence dans ces territoires hostiles, obtenant peu après une réponse des plus simples de la part du quarantenaire, tandis qu'il fit un geste de la main en direction de trois carrioles installées un peu plus loin, à l'ombre d'un croc rocheux :

" Le commerce, ma soeur.  Nous avons de nombreuses marchandises que nous nous devons d'acheminer en direction de Lyestfolley, ce depuis les terrains bien étrangers des royaumes Terranides. Rares sont les idiots qui, comme nous, échangeons avec ce que les gens d'Ashnard appelleraient une "sous-espèce", mais certains royaumes voient d'un bon oeil la libération et les arts de ces hommes et ces femmes.
 -  Je comprends. C'est un bel acte, ainsi... que de belles affaires, j'imagine ?
 -  Parfaitement. Même si pour cela, nous sommes bien obligés de monnayer en plus des services de protection d'autant plus conséquents. "

Il présenta de la main deux autres personnes alors autour du feu. Les soldats restaient relativement discret, la fatigue se lisant sur leurs traits. Si le marchand et sa famille semblait peiner de la rudesse du voyage, il était évident que le groupe de guerrier qu'ils employaient vivaient la traversée des landes d'autant plus difficilement. Moins de sommeil, moins de quiétude, une marche d'autant plus fréquente et soutenue, contrairement à ceux qui guidaient les carrioles... Elynie ne pouvait s'empêcher de ressentir pour ces pauvres hommes une empathie d'autant plus grande qu'elle savait très bien que dans ses propres errances elle avait un gardien qui lui aussi s'échinait afin de la tenir éloignée de tout maux. Un comportement qui l'amenait à être blessé, à se fatiguer, à veiller bien plus que de raison pour elle, afin simplement de gager de sa sécurité. Elle voulu s'adresser directement aux soldats présents autour du feu, mais n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que l'un des deux armurés se permit un propos de sa propre initiative.

" Ne nous regardez pas avec cet air désolé ma soeur. Il s'agit de notre métier, c'est ainsi qu'on gagne notre vie. Les plus anciens supportent ce que les plus jeunes ne peuvent encore accomplir, on veille ainsi à ce que tout le monde puisse se préparer à son rythme à parcourir ces terres en toute sécurité.
 - Je ... Je comprends, toutes mes excuses. "

Elle baissa le regard instinctivement, comme gênée d'avoir été ainsi prise sur le fait de sa propre innocence. Elle manquait encore d'expérience, non sans parler du fait qu'elle gardait, malgré les dernières années, un penchant bien trop positif par rapport au monde et son fonctionnement. C'était ... malheureusement normal pour beaucoup de monde de peiner pour gagner sa croûte, un jour elle allait devoir l'accepter et l'intégrer.

" Vous excusez pas. Permettez nous plutôt de vous remercier, vous et votre ... compagnon. Sa seule présence va sûrement éloigner bien des dangers, on va pouvoir dormir sur nos deux oreilles. Si ça vous gêne pas d'ailleurs, on se demandait, mais ... Il peut veiller combien de temps ? Si ça lui convient, on aimerait bien offrir un plein repos à nos jeunes recrues.
 -  Je... Je vais le lui demander. Excusez moi, je reviens. "

S'éloignant ainsi du camp, la jeune femme épousseta sa tenue cléricale avant de remonter la légère pente qui l'amenait au poste de guet improvisé. Difficile de louper la forme impressionnante du dragon d'argent, même s'il était couché sur l'herbe, aussi ne fit-elle pas de détour et s'approcha-t'elle directement de son frère, se postant alors aux abords de son museau. Il pouvait faire mine d'être endormi, elle le connaissait bien : Vigilant, alerte même, Kin'Dareb devait non seulement être déjà en train de scruter les horizons derrière ses premières paupières, mais surtout... Il avait bien sûrement entendu les paroles du garde avec qui elle avait conversé. Surtout, elle savait très bien qu'il ferait mine de rien à moins qu'elle ne lui fasse clairement part de la demande, aussi elle se permit de parler calmement, un petit air amusé au visage, jouant la comédie afin de ne pas vexer l'égo surdimensionné du dragon :

" Seigneur d'argent, veuillez entendre ma requête. Ces hommes sont fatigués, les forces leur manquent. Auriez vous la miséricorde de leur offrir un plein repos par le biais de votre vigilance et indéniable sagesse ?
 -  Rrrrffrrrghh... Mfrrouuugh.
 - Je comprends grand seigneur, soyez assuré que tous parleront de votre splendeur et bonté. "

Elle se permit une courbette, puis... Fit deux pas en arrière avant de se tourner en une direction que Kin venait de lui indiquer. Il ne venait pas de lui confirmer qu'il ferait le guet, tout deux savaient que c'était le cas. En revanche, le dragon l'avait prévenue qu'une autre personne s'approchait du camp. Une personne qui, visiblement, ne semblait pas dangereuse en soi. En revanche ... Il avait été relativement clair : Cette personne, féminine de ce qu'il percevait, sentait aussi la magie à plein nez. Elynie avait le choix de prévenir le campement, ou d'attendre l'approche de cette nouvelle-venue en première ligne. Elle fit le second choix, s'avançant légèrement, puis se tenant de façon à être visible de loin pour celle qui s'approchait.

13
" Tu.... Tu n'est qu'un gros tas de krouag têtu ! Et borné ! Et ... ET ... Et je ne viendrais pas m'excuser ! "

Furieuse, Elynie regardait son frère draconique partir haut dans les airs à grands battements d'ailes, s'éloignant à une vitesse folle de son champ de vision. Elle ... Elle savait parfaitement qu'il n'était pas dans leur intérêt de se battre, mais quand le dragon d'argent avait fait le choix de réfuter ses demandes, de ne pas l'écouter dans ses argumentations pourtant logiques et sincères, elle n'avait pas sût faire d'efforts pour modérer ses propos. Pourquoi s'était-il battu ? Eh bien une histoire sotte, même la jeune femme le savait. Dans les faits, son frère avait voulu, pour une fois, ne pas avoir à voler au loin et trouver un lieu où dormir dans les environs tandis qu'Elynie bivouaquait dans une auberge. La jeune prêtresse avait bien tentée de lui dire que ce n'était pas une bonne idée que d'apparaître devant le petit village, que les honnêtes habitants de ces lieux le prendraient pour un ennemi, risqueraient de sortit les armes qu'ils avaient à portée de main pour se défendre, mais il avait fait la sourde oreille, refusant d'être traité une nouvelle fois comme un problème. Non, il avait insisté, et la fine blonde au coeur empli de bonté ... Avait enfin craqué devant l'entêtement de son jumeau.

Les mots qui suivirent menèrent à cette situation. Avec un léger point noir dans le ciel, ultime forme d'un Kin'Dareb passablement vexé, et une Elynie seule au milieu de la petite route de terre battue, les cheveux battue par le vent.

Rageusement, elle ne put s'empêcher dans un caillou du bout de sa botte avant de se retourner en soufflant lourdement, comme pour essayer de vider un peu la pression intérieure qu'elle ressentait. Normalement elle ne se mettait jamais en colère, mais là c'était ... Trop ! Simplement trop. Frère stupide qui ne se rend pas compte de sa forme, pas compte de ce qu'il représente pour les humains ! Non franchement si elle en avait eut l'occasion, elle lui aurait rappelée combien de voyageurs s'étaient enfuis à toute-jambe, dans une peur panique, à sa simple vue, mais elle n'avait même pas eut le temps de le mettre en avant que le ton avait monté, réglant définitivement cette situation. Seule, maugréant, Elynie ne trouva le calme et la composition qui la définissait qu'après de longues minutes, au bout desquelles elle se mit enfin à relever le menton, et observer l'endroit où elle se trouvait. La réalité de la situation la frappa dès lors : Sans Kin pour lui indiquer le chemin, pour lui dire où se trouvait la prochaine ville ... Comment allait-elle pouvoir se repérer ?

A droite, des champs luxuriants, dont les beaux blés la dépassait de plusieurs dizaines de centimètres. A sa gauche, exactement la même chose, elle ne parvenait même pas à voir plus loin que ceci. Mais bon, qui disait champ disait aussi village peu lointain, n'est-ce-pas ? Personne n'allait planter des céréales à mille lieux d'une zone habitable où il pourrait les vendre, cela lui paraissait ... Sot ? En tout cas, elle ne s'y aventurerait pas dans l'espoir d'un raccourci. Elle se redressa et reprit la route donc en direction du plus proche croisement, où elle espérait avoir la chance de trouver un panneau lui indiquant la route la plus directe possible vers un abri salutaire. Surtout que l'après-midi avait fait un bon bout de son chemin lui, tandis que les jumeaux s'étaient prit le chou. A défaut de savoir où elle allait, la prêtresse d'écailles pressa tout du moins le pas, non sans laisser parfois glisser entre ses lèvres quelques ronchonnements à l'intention de son aîné, tout particulièrement quand elle sentit qu'il s'était suffisamment éloigné pour rompre le lien mental immédiat qu'ils partageaient. Mais quel goujat en plus, c'est elle qui était en colère et le voilà qu'il décide par lui-même de rompre le contact pour l'instant !

" Kin tu .... Tu es un imbécile ! Un crétin, une cervelle de lézard ! Quand je te retrouverai tu vas voir comment ça va barder ! Raaaah ! "

Elle s'approcha au bout d'une bonne demi-heure de ce qu'elle cherchait : un croisement. Presque invectivé par cette vision d'un bonheur proche, elle hâta le pas d'un coup, se pressant pour atteindre le coeur de ce dernier, et y chercher la présence salvatrice d'un panneau. Rien à première vue, puis finalement une révélation au milieu des hautes herbes qui envahissaient le bord des routes : La forme magnifique d'une flèche de bois brisée. Si le sabotage était une possibilité, Elynie ne manqua pas d'observer la base pour remarquer que l'attache était, de toutes manières, vermoulue. Finalement, une bestiole un peu vive ayant tapée dedans aurait largement put mettre ce panneau à terre. Enfin... si ça n'avait pas été déplacé, elle pouvait estimer que le chemin de gauche menait au bourg de Furache. Aussi se mit-elle en marche de nouveau, confiante. Bientôt elle aurait un lit, un toit, et éventuellement de quoi se décrasser, quelque chose d'agréable quand elle passait ses jours et ses semaines sur les routes. Pourtant ...

Pourtant la nuit tomba avant qu'elle ne trouve la plus petit forme de civilisation. Pas la moindre lumière au loin, pas la plus petite trace de roues sur la terre battue, point non plus de masure lointaine laissant entendre la présence d'un éventuel village dans les ténèbres. Était-elle perdue ? Le vent qui soufflait dans les blés voisins traversait ce mur de végétation pour l'atteindre, le froid lui mordant la chair. Elle se devait de trouver un lieu pour s'abriter, n'importe lequel. Bon sang si seulement son jumeau était avec elle.

Un craquement survint, elle se retourna avec angoisse. Rien du tout. Juste les profondeurs de la nuit. Mince c'était vraiment problématique. Elle n'y voyait rien en plus, se devait-elle de s'enfoncer à tâtons dans les céréales voisines afin d'espérer se protéger un minimum des éléments ?
Mais non, un nouveau bruit la paralysa. Le chuintement caractéristique d'une lame quittant son fourreau. Elle tenta de faire face dans un mouvement de courage, pivotant soudainement...

Elle ne fit qu'offrir sa tempe au coup de pommeau qui survint, la plongeant dans l'inconscience.

*
*   *

Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, ce fut avec un énorme mal de crâne. Elynie était allongée sur la surface rude et odorante d'un bois humide, dont elle se redressa avec une certaine faiblesse. La première chose qu'elle remarqua furent les barreaux. Nombreux, resserrés, clairement graissés en plus pour rendre la prise difficile. La seule lueur de lumière se trouvait au-dessus d'elle, produite par une étrange pierre d'un noir violacé qui luisait faiblement. Visiblement, le joyau était fiché dans le toit, puis Elynie comprit de ce dont il s'agissait : Une obsidienne lugubre. Un type de joyau que personne n'aimait en Terra, un inhibiteur absolu d'énergie magique et psychique. Il n'y avait qu'un type de salopard pour en faire usage, aussi regarda-t-elle immédiatement au travers des barreaux pour s'en assurer, et ne fut pas surprise : Autour d'un feu de camp pâlichon se trouvait une dizaine d'individus, armés jusqu'aux dents, et aux mines patibulaires. Fouets et dagues étaient à leurs ceintures, blason de marchands à leurs cols, des esclavagistes dans toute leurs splendeurs. Bon dieu elle ... elle avait été capturée par la pire engeance de Terra.

" Ah putain ... ma tête. "

Redressant sa main vers son visage, elle sentie la gêne autour de son cou. Un collier ? Mince, que s'était-il passé durant son évanouissement ? Au moins elle avait encore ses vêtements, même si dans un triste état, en partie en lambeaux, le reste tâché de terre humide et de traces d'herbes fraîches. L'envie de vomir lui monta, elle se retint... Ce n'était pas le moment d'attirer l'attention. Encore plus qu'elle remarquait enfin qu'un autre corps se trouvait dans sa cage.

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Le coin du chalant / Re : Walk like an egyptian
« le: mercredi 10 mars 2021, 15:48:07 »
Bonjour.

Suite à sa revalidation après une légère modification de l'histoire, Elynie Reviade et son frère aux belles écailles d'argent, Kin'Dareb, sont tout les deux disponibles pour vous rencontrer dans le monde merveilleux et pas du tout dangereux de Terra !

Si ces chers bienfaiteurs vous donnent envie, n'hésitez donc pas à faire un petit signe, ici ou par mp.

Note : Pour tout mp, n'hésitez pas à me contacter plutôt sur Enothis/Emaneth, même si j'essaye de vérifier l'ensemble de mes comptes pour voir si on m'a contacté sur l'un d'eux.

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Petit Up : Bonjour !

Je signale ici un léger changement sur la fiche, pouvant demander à revalidation. Effectivement, trois nouveaux paragraphes prennent le temps de brosser une nouvelle finalité pour Elynie et son frère afin qu'ils puissent de nouveau agir dans LGJ sans être affectés par l'existence d'un passé commun avec l'univers de certains joueurs désormais absents.

Voilà voilà, je signale du coup !

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