Centre-ville de Seikusu / Re : Rose bleue et plume rose [Lissandre Verrières]
« le: lundi 14 septembre 2020, 00:04:58 »Le ballet silencieux des clones dans son appartement reprit une fois qu'il avait fini de transférer tous les fichiers. Les quatre paires d'yeux repéraient et effaçaient toutes traces de sa fouille méthodique, et ils disparurent un à un. Le dernier d'entre eux reverrouilla la porte de l'intérieur avant de s'évaporer à son tour. Ni vu, ni connu.
Le détective déclina la bouteille d'eau d'un geste de main élégant. La concentration de Lissandre semblait... Nébuleuse, et son inattention était un avantage massif. La pression se relâcha légèrement. Il allait pouvoir s'en sortir avec une pirouette.
Il l'aida à se relever et elle tourna cela en une poignée de main incongrue et gênée.
"Moi c’est Lissandre, sinon. Lissandre Verrières. Et vous ?"
Il fallait improviser. Il avait eu tout le temps de potasser n'importe quel mensonge à lui sortir dans cette situation, au cours de l'ascension, mais non. Hébété, il s'était contenté de rester à bonne distance de ce popotin remuant. Pied gauche, pied droit, pied gauche, pied droit. Quelque part, loin, très loin, un Nathéo se fit gifler. Il l'avait peut-être mérité. Mais ici, il se contenta d'un regard malicieux, accompagné de son sempiternel sourire. Un sourire doux à l'épreuve de toutes les situations.
"Rowan Cruxer, et non, mes affaires ne sont pas vraiment stressantes."
Ce n'était pas le nom le plus simple ni le plus discret, mais c'était le seul qu'il avait pu se fabriquer rapidement. Restait à savoir qui était Rowan Cruxer. Diplomate, avocat? Courtier? Non, avocat était exclu. S'il ne les appréciait pas beaucoup, un certain Hiro Atayoshi avait fini de le convaincre: il les détestait purement et simplement. Les courtiers étaient des nerds qui ne s'assumaient pas, et ils étaient trop affairés pour prendre l'air et monter des marches. C'étaient le genre de fragiles qui attendaient devant l'ascenseur pour monter au premier étage. Quant au diplomate, eh bien, c'était une solution facile pour un américain qui parlait couramment japonais, car il était aussi asiatique que Lissandre.
Et puis merde, il y avait une solution simple à ce problème épineux. Il suffisait juste d'être un bel homme armé d'un sourire dévastateur:
"Vous dîtes que vous cherchez votre imagination, right? Alors dîtes-moi ce que je peux bien faire ici. Qui est-il, cet étranger qui rend souvent visite au temple? Et que fait-il donc dans la vie?"
Parce que moi, je n'en ai pas la moindre idée! Il regrettait un peu de lui avoir collé sa montre sous le nez pour l'appâter. Mais au moins, elle lui mâcherait le travail. Elle lui trouverait une histoire farfelue, il dirait oui, non, et broderait au fur et à mesure. Rowan Cruxer, c'était le mec qui allait la fasciner. La porte d'entrée vers la foutue créativité, pour elle comme pour lui.