Que représentait l'Olympe, pour une Déesse telle que Hestia ? C'était une question à ne pas négliger, et que s'était posé n'importe quel Dieu, Déesse, ou autre Divinité, qui connaissait le tempérament sensible de la Déesse du feu.
Mais d'ailleurs, comment définir l'Olympe, selon un avis géneral ? La chaîne de montagnes qui protégeait ce puissant, mais fragile habitat de l'impureté des hommes ? Les escaliers qui semblaient aussi solides que du verre ? Ou peut-être les temples, habités par les habiles prêtresses ?
Non...
L'avis géneral est celui des humains, pauvres pouilleux incapables de traverser le portail d'or pur, car trop faibles. Il faut une constitution impressionnante, mentale comme physique, pour parvenir à ouvrir les portes du Paradis... car oui, l'Olympie est un Paradis. Le Paradis, plus exactement. Le véritable. Celui pour qui humains et humains joignent les mains chaque nuit, au pied de leurs lits, dans l'espoir de s'y retrouver et d'être certains qu'il y a un "après"...
Les Dieux et Déesses n'ont nullement besoin de monter les marches pour arriver à leurs temples ou à celui d'un autre... ils ont tout les pouvoirs. Celui de la plus banale télepathie, comme celui d'être transporté de manière beaucoup plus subtile. Une manière que même l'imagination humaine, si fertile pourtant, ne peut pas visualiser...
Une manière Divine.
Et c'est de cette manière que Hestia gravit le mont de l'Olympe. Elle apparut au fin fond d'un temple, dans une gerbe de flammes blanches... d'abord, se formèrent les pieds, talons hauts cramoisis et chevilles d'ange. Les jambes suivirent, comme des serpents se faufilant dans l'air, dessinant les cuisses laiteuses, la jupe fleurie de motifs compliqués. Un ventre et une taille tout ce qu'il y a de plus enviable, une poitrine ne pouvant que dépasser les limites de l'imagination... une tunique, un cou, et un visage lumineux. Les cheveux se répandirent comme une traînée de poudre noire et brillante, complétant le corps.
Hestia, Déesse du feu et des foyers, la "Déesse Vertueuse", venait d'apparaître dans un temple.
Et pas n'importe lequel... celui d'une autre Divinitée, encore plus belle que cellec qui venait d'apparaître... le temple d'Aphrodite, la Déesse de l'Amour, de l'engagement... du plaisir charnel.
Cette femme qui avait un jour tenté de briser la promesse que Hestia avait faite à son frère Zeus...
« Aphrodite ? »
Un appel léger, comme un son de cloche. D'ailleurs, en voilà une qui résonne, au loin de l'Olympe. Son son est tellement clair qu'il envahit même la surface du temple d'Aphrodite, qui, malgré son appel destiné à la Divine brune, ne semble pas se soucier outre mesure qu'elle a une invitée.
Le regard de Hestia se durcit, plus que d'habitude, si possible.
« ...Je sais très bien que vous êtes ici. Montrez-vous, s'il vous plaît. »
Oui, Hestia vouvoie Aphrodite. Elle vouvoie une Divinité dont l'ego est déjà suffisamment élevé comme cela... mais la marque de politesse trace une barrière entre les deux femmes, une barrière de formalité. Hestia n'a pas envie de se lier d'amitié, ni même d'être plus proche de la Déesse de l'Amour. Elle se doute parfaitement de pourquoi celle-ci a demandé à ce qu'elle vienne la voir. N'importe qui s'en douterait. Un Dieu ne se dérange jamais pour rien.
Aphrodite a toujours été une enfant, ou du moins, a toujours possédé un caractère très enfantile. Son invitée n'est donc pas étonnée de ne la voir nulle part, même quelques minutes après. Le cache-cache ne l'attirant pas, elle s'asseoit sur une dalle gravée, croisant ses jambes parfaites, laissant ses cils effleurer ses joues, dans une totale expression de serénité.