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Sujets - Synthesis Novella

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1
Les terres sauvages / Excursion et artefacts [Ivy Valentine]
« le: jeudi 30 novembre 2017, 22:17:29 »
   Parfois, écouter les autres ne s'avère pas être une idée lumineuse, et peut conduire dans un pétrin quelque peu problématique. Cela peut pourtant partir d'une bonne intention, d'autres non, mais le résultat reste le même. Ainsi, certaines personnes sont plus touchées que d'autres par ce que l'on appellerait la malchance. Notamment, Synthesis. Depuis quelques temps, cette malchance lui collait à la pire plus encore que ses habits à cause de la chaleur environnante. Le soleil cognait passablement fort, les yeux de la demoiselle pouvait presque voir des ondulations de l'air lorsqu'elle levait le nez. Elle se serait crû folle, si elle ne se savait pas l'être déjà. Syn tournait en rond depuis déjà plusieurs heures. L'orientation n'était pas son fort, et elle n'était guère aidée par les petites voix dans sa tête, qui se confondaient les unes les autres au travers d'une dispute qui durait déjà depuis un long moment. Le sujet de cette fameuse dispute était la direction à prendre, mais particulièrement quelque chose à faire. Et la pauvre Synthesis ne pouvait que les écouter, sans pouvoir les faire taire. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais en vain.

   Soline, une jeune femme à la personnalité bien appuyée, clamait de sa voix désagréablement aiguë qu'il fallait sortir de ces terres arides pour trouver la civilisation, et s'y fanfaronner. Ce qui faisait gronder Ramzir, qui voulait du combat, de l'action, du sang en particulier. Et puis Prune qui voulait partir à la chasse au trésor, et tous les autres encore qui voulaient autre chose. Dur de pouvoir penser au calme avec un tel brouhaha. Sauf que quelques heures et ronds plus tard, Synthesis en avait marre, et se mit à crier :


« Mais vous allez vous taire, à la fin ?! Si vous continuez comme ça on n'ira nulle part ! Alors laissez-moi réfléchir, je suis fatiguée vous m'épuisez ! »


   A l'approche du soir, le ciel se voila de orange, d'ambré et de cuivre, teinté par quelques nuages violacés. Au loin, on pouvait apercevoir des volutes de fumée. Des volutes d'espoir ? Attirée, la jeune fille se redressa sur ses jambes frêles, lissa ses vêtements salis par la poussière et le sable, et s'orienta vers ce nouvel objectif. Quelqu'un souffla à Syn, à son approche, de se cacher dans les herbes qui entouraient ce qui semblait être un camp de fortune, chose qu'elle fit, pour observer. Il y avait un groupe d'individus, qui semblaient être chargés, essentiellement composé d'hommes larges et bien bâtis. Il semblaient discuter autour du feu, mais impossible de voir qui parlaient à qui, elle ne voyait pas grand chose dans l'herbe. En revanche, elle entendait plutôt bien. Il était question d'une grotte, plus au Sud, qui renfermait une sorte de trésor, dont une épée dont la description fit ronronner Soline.

« - Oh mais moi je l'ai vue cette épée, et elle n'est absolument pas là-bas, c'est là d'où l'on vient !
- Mais c'est vrai, ça, il n'y a rien là-bas, juste du sable et de la gadoue ! »


   Il n'y avait pourtant pas que l'épée, qui avait été vue. Synthesis venait de se lever, et fixait de ses grands yeux innocents le groupe, pas si innocent que ça. A vrai dire, voir surgir ainsi une jeune fille, toute sale d'herbe, de terre, de sable, les joues rougies par le soleil sous un voile de poussière, n'était guère la meilleure façon de faire les présentations. Cette fois, la décision fut unanime : la fuite. Alors la demoiselle blanche prit ses jambes à son cou, et courut le plus rapidement possible aussi loin qu'elle le pouvait. La poursuite ne dura pas vraiment longtemps, à compter qu'il y ait eu une poursuite, puisqu'elle n'avait pas pris le temps de regarder derrière elle. Syn se rappelait très bien de l'épée, sa couleur, sa forme ; elle avait une très bonne mémoire visuelle. Mais ils avaient déjà des épées, pourquoi en chercher une autre ? Il n'en avait pas besoin pour couper du jambon, si ? Plongée dans son innocence, la jeune fille trébucha sur ce qui semblait être un panneau de bois à terre. Il n'y avait rien d'inscrit dessus, pourtant, il semblait avoir été arraché. A quoi donc ? De plus, il y avait plus loin d'autres bouts de bois éparpillés ça et là un peu partout, sur ce qui semblait malgré tout un chemin. La curiosité emporta la demoiselle, qui se retrouva bientôt devant... Un tas de bois. Rien de plus. Un immense tas de planches, de branches, brindilles et feuilles. Elle en fit le tour, appuya ses mains dessus, mais ce n'était qu'une montagne de bois. Et elle s'était perdue, pour couronner le tout. Alors Synthesis posa son derrière au sol, replia les jambes sur elle-même, et attendit.
   Lorsque le ciel se teinta d'or et de bronze, une ombre arriva dans le champ de vision de la jeune fille, qui se releva, et alla à sa rencontre. Elle dut lever la tête pour s'adresser à cette personne, puisque somme toute, Syn était relativement petite, et détestait parler à quelqu'un sans le regarder dans les yeux, bien que cela puisse en offenser plus d'un.


« Dites, vous savez où est-ce que je pourrais trouver un endroit où dormir, puis repartir quelque part avec des gens ? J'ai peur à cause des hommes qui cherchaient l'épée et je veux pas avoir d'ennuis... Euh.. D'ailleurs, vous faites quoi ici, vous ? Il n'y a rien du tout, vous savez ? Juste de la terre et des cailloux ! »


   Dans toute son innocence, elle n'hésitait pas à tout expliquer en une seule fois à un parfait inconnu, sans même savoir s'il pouvait s'agir d'une mauvaise personne. Mais Syn trouvait que cette personne lui faisait bonne impression. Elle avait même envie de la suivre pour savoir où elle allait et pourquoi. Et maintenant que cette idée était dans sa tête, elle s'y accrochait, le désirait dur comme fer, et pas moyen de la faire changer d'avis, sauf en trouvant quelque chose qui l'intéresserait plus encore. Aussi, elle acheva son petit monologue en demandant si elle pouvait accompagner cette personne, avec un grand sourire d'enfant heureux.

2
   Le soleil venait de poindre timidement à l'horizon, caressant chastement la terre grise de ses rayons tièdes. Il était très tôt, et pourtant, on s'activait déjà, ici. La mer avait été, semble-t-il, particulièrement agitée cette nuit-là ; aussi, il fallait s’atteler rapidement pour réparer les dégâts. C'était une ville côtière, après tout, assez isolée du reste du monde du fait de sa proximité avec la montagne, une région particulièrement stérile. Si on pouvait encore y voir quelques arbres résister au froid mordant, c'était bien là la seule chose qui colorait encore ces massifs imposants. Pour ainsi dire, on pouvait parler plutôt de ville de pêcheurs que de ville côtière. Les dégâts étaient donc, pour la plupart, portés sur les navires de pêche, les étalages primaires de poissons, les cargaisons, mais aussi et malheureusement, sur les habitations de bric et de broc. De nombreuses familles étaient là, sur le bitume, à contempler ce qui avait été leur maison, à présent un tas d'ordures cassées parmi tant d'autres.

   Et à travers ce spectacle désolant, dans l'odeur de poisson et de sel, se baladait une petite figure blanchâtre, qui dansait plus qu'elle ne marchait. Elle ne semblait pas se rendre véritablement compte de la situation, et traversait joyeusement les décombres, sans se soucier de quoi que ce soit. Il était tôt, et il faisait déjà terriblement chaud. Et pourtant, cette demoiselle se promenait avec une sorte de cape blanche, sale et usée, ainsi que des habits relativement chauds. Elle était trempée, non pas de la mer qui s'était éveillée durant la nuit, mais d'être tombée nombre de fois dans la neige, qui accrochait ses cheveux et le dessus de sa capuche, et fondait tranquillement sous le soleil matinal. Et puisque celle-ci commençait à peser sur sa pauvre tête, Synthesis la repoussa en arrière, et tira ses cheveux blancs dans son dos. C'était ainsi nettement plus pratique et agréable.
   Elle était venue ici pour s'en aller. En effet, elle avait fait le tour de la montagne, après qu'un drôle d'homme soit venu la chercher dans sa maisonnée. La jeune fille avait dormi un peu trop longtemps, et l'avait perdu de vue. Mais ça ne l'affectait pas plus que ça. Pourquoi ? Parce que Syn avait été attirée ici par la douce odeur, sucrée et amère, qu'est celle du regret. Une petite voix chuchotait à son oreille qu'ici, elle allait pouvoir trouver des gens à aider, mais surtout, une personne ici dégageait plus que les autres ce doux parfum, qui l'attirait comme le nectar attirerait une abeille.


   Synthesis observait le panorama qui s'offrait à elle. Des ruines, de l'eau, mais rien d'autre. Par où allait-elle passer ? Et puis, elle voyait au loin de drôles d'objets, très gros, qui flottaient et avançaient sur l'eau. A quoi cela pouvait-il bien servir ? Il y avait nombre de personnes, ici, mais elle ne savait pas s'il était possible de quitter cette petite île isolée, pour rejoindre le continent. Mais d'ailleurs, quel continent ? Elle n'avait pas lu grand chose sur la géographie, et n'avait aucune idée d'où elle pouvait bien se trouver. Aussi, la jeune fille se dirigea vers une mère qui berçait son enfant, et lui tapota timidement l'épaule.

« Hm... Excusez-moi, mais pourriez-vous me dire où sommes-nous ? J'entends par là, le territoire..

- Mais d'où sors-tu, ma pauvre fille ? Tout le monde connaît cette pauvre île. Si tu traverses en bateau, tu peux rejoindre ensuite Tekhos en moins de trois jours de marche. »


   Bateau ? Tekhos ? Île ? Synthesis était un petit peu perdue, devant tant de mots qu'elle ne comprenait pas. Mais l'odeur des regrets lui fit tourner la tête, vers le pont. Il y avait une petite foule, mais elle ne distinguait pas très bien celui qui dégageait ce doux parfum. Mais un homme semblait regarder une de ces drôles de choses flottantes avec un grand drap, du moins, c'était ce qu'elle en voyait de loin. Alors la demoiselle se glissa dans son dos, et demanda comme si c'était une question courante :

« Ca veut dire quoi, bateau ? Et c'est quoi Tekhos ? Et qu'est-ce que c'est, que ces drôles de bols en bois qui flottent ? On n'étend pas le linge comme ça, vous savez ? Et puis, qui utilise un drap aussi grand ? »


   Peut-être avait-elle trop posé de questions à la fois, mais l'individu lui jeta un regard mauvais, qui fit reculer d'un pas Syn. Il y avait tant de colère et de haine, dans des yeux si petits et si clairs, tant de promesses de cruauté et de souffrance, que quelques voix dans sa tête se mirent à rire, à se moquer d'elle.

«  Beh alors, Syn, on a peur d'un simple matelot ? Il va pas te manger, tu sais ?
- Oh toi ne parle pas de nourriture, il m'a l'air croquant sous la dent, j'en ferais bien mon goûter...
- Aller Synthesis, un peu de courage, et affirme-toi, sinon, il va être méchant avec toi !
 »

   La dernière voix, qui était celle de Lucie, une adorable petite elfe de huit ans morte égorgée après avoir été volée de sa petite bourse d'enfant dédiée à des bonbons, avait raison, pensait Synthesis. Elle devait affronter un peu l'extérieur, plutôt que de fuir incessamment. Après tout, n'était-elle pas une adulte responsable et autonome ? Capable d'affronter le monde par ses propres moyens ? Si, elle en était persuadée. Aussi, elle retourna voir le bougre, et gronda de sa petite voix qu'elle voulait aller à Tekhos. Il ne l'écouta pas vraiment, et tendit la main vers elle en grommelant quelque chose, à propos d'or et de pièces. Pour quoi faire ? Il veut que tu le payes, Syn! se moqua gentiment Lucie au creux de son esprit. Maladroitement, la demoiselle tira de ses poches un bouton, un petit nœud rose poudré, des lunettes cassées, et enfin, un lot de pièces de différentes couleurs : bronze propre, rouille, argent poli, et quelques unes en or. La pauvre Syn n'avait aucune notion de valeur, aussi, elle ne se rendit absolument pas compte qu'elle venait de payer au moins dix fois plus que ce que le marchand lui avait demandé pour monter à bord de son navire. Et Syn ne savait pas non plus, à ce moment, que la nourriture devait s'acheter, et que pour dormir, il fallait payer aussi, et que des habits, il lui en fallait, et ça s'achetait encore. Mais elle n'avait plus rien, ses poches étaient remplies de bricoles et de babioles, vieilles, usées, cassées, décrépies, sales et souillées.


   Après trois jours de voyage en bateau, passés dans le plus grand calme, la petite demoiselle posa enfin le pied sur la terre ferme. Mais n'était-ce pas un peu long, trois jours de bateau, alors qu'on lui avait dit que l'île était toute proche de cette fameuse cité ? Le temps que Synthesis s'en aperçoive, le navire était déjà au large, la laissant toute seule dans un minuscule port inhabité. Par où aller, à présent ? Syn emprunta un chemin de terre sèche, et s'en alla, tout droit, sans vraiment savoir vers quel lieu elle se dirigeait. Drôle de façon de débuter un voyage, n'est-ce pas ? De plus, cela ne ressemblait pas du tout à ce qu'on lui avait décrit brièvement de l'endroit où elle se rendait : elle ne voyait là qu'une étendue aride. Enfin, la nuit tomba. Elle se retrouva seule, au milieu de nulle part, dans le froid et le noir, incapable de se repérer, avec pour seul compagnon son ventre qui gargouillait. Désespérée, elle se laissa choir sur le sol, et renifla comme une enfant par terre.

« C'est pas juste ! Personne veut m'aider, et voilà où on en est, merci ! On arrivera jamais là où je voulais aller... »

   Elle ne parlait pas vraiment seule, puisqu'elle obtenait divers râles en guise de réponse. Certains grondaient que c'était de sa faute, qu'elle n'avait qu'à mieux prévoir son voyage, plutôt que s'en aller sur un coup de tête ; d'autres se moquaient simplement d'elle ; et enfin, un petit groupe essayaient de la consoler, et lui indiquer un pseudo-chemin. Mais Synthesis en avait marre, elle ne voulait plus bouger. La volonté, ce n'était pas vraiment son fort. Sauf quand elle vit, tout au loin, une petite lumière, qui attira son regard gris. La curiosité était bien plus sa tasse de thé, aussi, elle se leva, et essaya de suivre cette petite lumière, qui semblait si proche et si lointaine à la fois. Si elle ne pouvait l'atteindre, peut-être au moins celle-ci allait la mener quelque part, non ? La lumière ralentit progressivement, jusqu'à s'abaisser au sol. La jeune fille pouvait presque la toucher, quand elle se heurta de plein fouet à quelque chose de dur et massif, et sa petite carrure tomba sur le sol, en arrière, dans un bruit ridicule. Impossible de distinguer ce contre quoi elle venait de se cogner. Un autre être vivant ? Une quelconque plante ou roche de ce lieu ? En tout cas, la lumière, elle, était bien posée sur le sol, bien que la source émettrice était peu distinguable pour Synthesis, toute sonnée par sa chute.

3
Le coin du chalant / Un pied devant l'autre, du courage, et en avant !
« le: dimanche 17 septembre 2017, 21:07:32 »
        Bien le bonjour à vous qui lisez ce petit texte improvisé. Bonsoir de même s'il est tard chez vous, qu'importe, salutations ! Ici vous trouverez de quoi jouer avec ma petite Syn, dont vous pouvez lire la fiche via le petit lien du même nom. Un peu de courage, ce n'est point si long que ça en a l'air voyons !

   Évidemment, il va de soi que ces propositions sont indicatives, et que vous êtes libres de me proposer une trame si le cœur vous en dit. Je ne suis pas difficile, je ne me restreins pas à un genre de jeu, puis de toute façon ça se discute. Ma seule condition est la suivante : amusons-nous !

   Ainsi, je réponds quand je le peux, bien évidemment en essayant de le faire de la manière la plus régulière possible, mais il est inutile de me presser. Quantité ? Si j'ai de quoi vous écrire trois pages de texte, alors je m'en donnerai à cœur joie, sinon, je ferai comme je peux. Et faites comme vous pouvez ! Soyez tout de même gentils avec moi, cela fait longtemps que je n'ai plus écrit..



Trame n°1 : Le récent décès d'un proche vous intrigue, vous ne pensiez pas qu'il pourrait s'en aller de cette manière, brusquement. En cherchant un peu, vous apprenez l'existence d'une demoiselle qui pourrait vous aider à résoudre ce mystère. Hélas ! La voilà collée à vous, désireuse de soulager les regrets de votre ami(e). Impossible de vous en débarrasser...

Trame n°2 : Un esprit curieux et scientifique se doit de rechercher le progrès, et en fouillant des archives, vous trouvez le dossier de Synthesis Novella. Son étude pourrait vous rapporter beaucoup. Gloire, argent, reconnaissance, pouvoir.. Mais il faut avant tout l'attraper pour l'étudier. Qu'est-ce qui vous fait croire qu'elle se laissera faire gentiment ?

Trame n°3 : Vous n'aviez rien demandé à personne, simplement une petite balade tranquille, sans personne pour... Rectification, vous trouvez une petite demoiselle qui semble complètement perdue, et vous demande de l'accompagner dans son voyage. Et elle sait se montrer insistante, aussi, va-t-il vous falloir vous arranger pour la suivre dans son périple.

Trame n°4 : Voyager sans savoir où l'on va peut s'avérer dangereux. Et il semblerait que Syn soit de ce cas, puisque la voilà en terre inconnue, à mettre un bazar de tous les diables sans même s'en rendre compte. Il faudrait peut-être l'arrêter ou lui expliquer. Allez-vous l'aider, ou plutôt employer la force pour qu'elle cesse de déranger tout le monde ?

Trame n°5 : La petite Syn demande toujours à voyager, et apprendre. Mais tout ceci a un coût, et sa naïveté ne lui permet pas de distinguer convenablement le bien du mal. Une âme pourrait lui faire découvrir de nouveaux lieux, nourrir sa soif de connaissances, l'accompagner ou l'héberger... Mais aussi se jouer de sa crédibilité au prix fort ?


Intéressé(e) ? Contactez-moi par message pour en discuter tranquillement !

4
Prélude / Dossier n°186-AD.5 : Synthesis Novella [Valicidée !]
« le: jeudi 29 juin 2017, 16:56:13 »
« Ha ! Te voilà mon enfant, prends donc un siège, et viens écouter un vieux croûton comme moi, dont les jours sont tristement comptés. Mais nous ne sommes pas ici pour discuter de mon âge, absolument pas. Veux-tu un thé ? Je viens juste de le faire, il est certes trop chaud pour le boire de suite, mais cela devrait me laisser le temps de te conter l'histoire que tu m'as si chèrement demandée. Enfin, au moins le début, je l'espère. Oh, j'oublie mes bonnes manières : lait, sucre ? Le thé dans son plus simple appareil est la meilleure chose qui soit. Allons, nous n'allons pas débattre sur la façon de prendre le thé ! Chacun ses sales goûts, comme vous dites, vous, les jeunes !

Où en étions-nous ? Ha, oui, le thé, le thé... Essaye de ne point te tâcher, ce serait regrettable d'avoir à faire une lessive, n'est-ce pas ? Dis-moi, alors, quel dossier peut donc attirer ton intérêt ? Tu sais, j'en ai fait tellement qu'il me serait dur de me rappeler celui que tu m'as demandé, surtout après que tu aies déjà traité bon nombre de ceux que tu as pu voir jusqu'alors. Je ne saurais te dire s'il sera le plus intéressant ou non, mais j'espère que tu reviendras me demander des précisions, comme pour tous les autres. Tiens ? C'est de la petite Syn, que tu veux que je te parle, aujourd'hui ? Et bien, soit, parlons-en, de ce petit bout de femme.
»



Le vieil homme se leva, et posa face à lui, sur la petite table basse, sa tasse de thé aussi datée que sa personne, à la porcelaine craquelée, et aux couleurs jaunies par le temps. Le récipient émit un petit tintement aigu, sur la coupelle visiblement bien âgée, avant que son propriétaire ne quitte son siège, chauffé par le feu rougeoyant dans son dos, source d'une lumière tamisée et douce dans la petite pièce. C'était un peu comme si un esprit rendait cet endroit chaleureux, accueillant, bien qu'ancien, montrant des faiblesses quant au fardeau que peut être le temps. Le vieillard poussa une porte en bois, cachée derrière la cheminée de pierres grises, donnant sur une pièce plus petite encore, sans éclairage aucun. Quelques casiers, soigneusement rangés dans la pièce, renvoyaient une faible lueur due au feu dans la pièce voisine. Il s'en approcha, et fouilla quelques tiroirs, avant d'en sortir une épaisse chemise cartonnée brune, abîmée, comme si on l'avait lue maintes et maintes fois, qu'elle avait énormément voyagé. Sur le dessus, un gros coup de tampon d'origine rouge, avait viré à une couleur proche du sang séché. Pourtant, les lettres y étaient toujours parfaitement lisibles : Secret défense.


« Elle est loin, l'époque où j'étais un chercheur de grande renommée, où mes talents étaient applaudis dans Tekhos, tu sais ? Je me rappelle encore comment ces si frêles jeunes filles m'ont chassé de mon bureau, criant après mon sexe, qu'un homme ne pouvait être leur égal, que je me devais donc de quitter le pays, avant de finir, comme mes confrères, tué de la façon jugée la plus amusante par ces dames. Il n'empêche que je pus partir avec mes dossiers, ce qui me permet aujourd'hui de te montrer celui-ci. Mais ne te berce pas d'illusion ! Les Tekhanes ont toujours l'original, ceci n'est qu'une copie d'époque. Peut-être qu'entre temps, quelqu'un a repris l'affaire après moi, mais ça, ce sera à toi de le découvrir. Je te laisse lire le descriptif, en premier lieu, d'accord ? Mais n'oublie pas, il date de plusieurs décennies, certaines informations sont donc erronées.»



Identité : Synthesis Novella
Nous noterons que le sujet répond au nom de Syn.
Âge réel : 5 ans
Âge visuel : Environ 17 ans
Sexe : Féminin
Race : Données insuffisantes
Sexualité : Non-observée

Taille : 167cm
Poids : 44,8kg
Couleurs des yeux : Gris
Couleurs des cheveux : Blanc
Teint de peau : Pâle
Les informations données ci-dessus sont indicatives, cf. rapports suivant le présent document.



« Mh ? Pourquoi me regardes-tu de la sorte ? Ha, c'est à cause de son physique très peu argumenté ? Ou parce que le document semble extravagant quant à son âge ? Et il y a une photo, certes, mais elle date légèrement, bien que je puisse t'assurer que la petite n'a pas changé d'un pouce, bien qu'elle ait bien grandi, tout du moins je l'espère, auquel cas nous aurions un véritable problème. Mais ne brûlons pas les étapes, laisse-moi te parler un petit peu d'elle, mais que cela ne reste pas indélébile dans ta tête, tu comprendras plus tard.

   Syn est une adorable jeune fille, à l'apparence très douce et juvénile. Il n'est pas rare qu'on ne lui donne pas d'âge, en cause ses traits enfantins, mais son attitude montrant une expérience très appuyée, comme si elle avait au compteur bien plus d'années que toi et moi réunis. En effet, elle semble porter sur ses épaules un poids bien trop lourd pour elle, que seul le temps a pu laisser sur son dos, et pourtant, si l'on observe de près son visage, il n'en est rien. Certes, sa pâleur frôlant le cadavérique peut en rebuter plus d'un, quoi que toi comme moi savons qu'il y a bien pire, mais ce n'est guère là l'élément le plus froid de son corps. Pour ma part, je dirais que ce sont ses yeux. Ils sont brillants, mais pourtant vides, durs comme de la pierre, et aussi froids que de la glace, comme... vidés de sens, vois-tu ? Fatigués aussi, comme fatigués de la vie, de ce monde, des gens qui le peuplent. D'où mon utilisation de vidés de sens. Pourtant, on peut voir au fond de ses prunelles un éclat merveilleux. Cet éclat, c'est celui de la recherche du bonheur, du non-abandon de sa personne, sa lutte constante d'accomplir son but. Lequel ? Oh allons, je ne vais pas te gâcher mon récit aussi tôt, tu ne crois pas ?

   En temps normal, elle se présente avec le physique décrit dans la fiche. Je dis bien, en temps normal, c'est à dire, comme elle a été créée. Avec ses yeux gris, et de longs cheveux blanchâtres. Quelques fois, ceux-ci tournent légèrement vers le blond platine, quant à d'autres, vers un gris très clair, voire légèrement sur un violet pastel. Nous n'avons d'autre explication à ce fait que la lumière sous laquelle elle se trouve exposée. Même si, personnellement, je n'y crois guère. Sa chevelure est relativement longue, arrivant à peu près au niveau de son derrière. Ah vile créature atteinte de luxure, cesse de penser tout de suite à tel pêché, voyons ! Certes, je ne peux que confirmer que la petite Syn a des fesses assez rebondies, pour une femme aussi fine qu'elle, mais ce ne sont pas des manières ! Enfin, quitte à continuer le sujet, je peux aussi te dire que malgré sa fine taille, que tes yeux ne te trompent pas, sa poitrine est douce et ma foi très attirante, d'une taille permettant de tenir amplement dans la main d'un amant, sans pour autant la gêner dans un quelconque mouvement. Ha mais que me fais-tu dire ?

   Allons bon, où en étais-je ? Je ne vois guère d'autre renseignement à te donner. Quoi que ! Synthesis a beau avoir été créée dans le but d'être utilisée par les corps militaires, elle est loin d'être une guerrière, bien au contraire. C'est une douce demoiselle fébrile, aux membres fins et délicats, qui ne saurait réellement blesser qui que ce soit. Mais là encore, il ne faut pas s'arrêter à cette idée, il lui suffit de le vouloir pour y remédier, mais ne te pose pas trop la question tu comprendras par la suite ce que je veux dire par là.

   Quand j'étais en charge de son dossier, j'ai dû lui faire essayer plusieurs styles vestimentaires, afin de cerner sa personnalité, mais aussi sa réflexion quant à sa liberté de mouvement, qui est essentielle pour elle, puisque n'étant en aucun point taillée pour le combat, elle se doit d'être rapide, agile, afin de prendre la fuite aussi prestement que possible. Fort heureusement pour nous, c'était le cas, et malgré ses tendances à exprimer sa féminité à travers des robes, des voiles et de la dentelle, elle se plaisait dans des habits amples, permettant une certaine fluidité pour les fuites, et de temps à autres, quelque tenue plus courtes mais tout aussi aptes à une grande liberté de mouvement. Cependant, j'ai pu remarquer son besoin de se cacher en sortie à l'extérieur : elle se pare de longs tissus pour recouvrir son corps, tel une longue cape, qu'elle passe par dessus sa tête pour la voiler, la plongeant dans un anonymat somme toute vital pour elle, visiblement. Quoi qu'elle choisisse toujours avec soin le drapé qu'elle souhaite porter. Pourquoi ? Aucune idée.
»




Apparemment fatigué de son récit, le vieil homme se laissa mollement retomber sur son siège. C'était comme s'il revenait d'un long combat, alors qu'il venait de tenir son monologue guère plus de quelques minutes. Mais après tout, un personne si avancée dans l'âge ne peut tenir sur certains points comme les jeunes générations. Le peu de cheveux qu'il lui restait, sur son pauvre crâne dégarni, semblait roussir près du feu chatoyant, âme en colère venant lécher les parois de pierre, tel un prisonnier réclamant ardemment à sortir de sa cellule. Pourtant, il n'en était rien, car se redressant, le vieillard avait toujours ses cheveux grisonnant sur sa tête, avec ses tâches de vieillesse, et ses grands yeux bleus pleins de sagesse. Il observa alors sa tasse, vide, et attrapa la théière d'un mouvement vif. Mais celle-ci aussi était vide. Apparemment, les deux comparses avait vidé le récipient durant ce rapide échange.

En tous les cas, il passa maladroitement sa main plus loin sur la table, et s'empara d'une petite cloche, qu'il agita, avant que l'on ne voit faire irruption dans la pièce une petite femme, avec un chignon sévère de cheveux poivre et sel, d'où s'échappaient de sauvages mèches, rehaussant un visage rond, ridé, marqué par le travail. Les quelques plis de sa peau rendaient ses yeux bruns incroyablement petits, comme ceux d'un animal méfiant, redoutant le prédateur venu le chercher jusque dans son terrier. Malgré sa tenue de travail passablement lugubre, uniquement de noir et gris anthracite, elle ne semblait guère méchante, mais simplement inquiète, sentant venir un mal que nul autre n'aurait pu ne serait-ce qu'imaginer à cet instant. La petite bonne s'avança donc dans la pièce, baissant humblement le regard vers le tapis d'un rouge ancien, ni trop voyant dans la pièce, ni trop discret, simplement une touche supplémentaire à l'ambiance globalement chaleureuse de celle-ci.


« Angèle, ma chère, voulez-vous bien nous refaire un peu de votre thé ? Ce serait très peu honorable de notre part de ne pas servir notre visiteur, surtout un aussi important que celui-ci ! Notre sort, à vous comme à moi, dépend uniquement de son bon vouloir, savoir si nous avons assez pour lui plaire, faute de quoi, nous resterons aux oubliettes. »


La vieille femme hocha la tête, avec un sourire doux adressé autant à ce qu'il semblait être son maître, qu'à son comparse du soir. De ses mains fatiguées et fripées, elle s'empara de la théière, avant de quitter la pièce. Un silence aucunement pesant s'installa, accompagné du bruit sourd de l'eau que l'on verse dans un récipient métallique, pour le faire chauffer au feu. La maison, une sorte de chalet, en réalité, était dans une région montagneuse reculée, et en cette saison, au milieu d'une plaine de neige immense : par conséquent, ni électricité, donc ni eau chaude instantanée. Ce qui expliquait que la domestique ait fait couler l'eau d'un pichet dans une casserole aussi vieille qu'elle, avant de la placer dans les braises chaudes du foyer. L'eau ne tarderait sans nul doute à être assez chaude pour le thé, et le vieux scientifique ne semblait pas près de reprendre son récit tant qu'il n'aurait pas son breuvage entre les mains. Aussi, il fallut prendre son mal en patience, continuer à attendre, sans obtenir d'information.

Pourtant, la femme revint, avec un petit plateau portant la théière et deux tasses propres. Elle posa le tout sur la table, avant de reprendre la vaisselle sale, et partir en silence, aussi rapidement que possible de sa démarche boiteuse faite de pas courts, lourds et maladroits. Le liquide était d'un ambré très sombre, un thé noir odorant, dans sa charmante tasse blanche, comme neuve, aux rebords et à la anse dorés. Même le sucre avait été rapporté, carrés de cristaux roux qui s'égrenaient déjà sur la coupelle. Pour rompre ce moment de quiétude certaine, l'hôte âgé en pris un, et le laissa tomber dans sa tasse, dans un son humide.


« Si tu n'es pas parti, et donc n'as pas encore abandonné mon récit, c'est que tu n'en as pas eu assez pour étancher ta soif, je présume. Je me demande bien ce qui peut attirer quelqu'un comme toi vers cette pauvre créature. Elle n'est qu'une nouvelle chose en ce lieu, inconnue, on ne sait même pas ce qu'elle pourrait bien faire ici. Que cherches-tu donc ? Ha, pardonne mon attitude, tu veux des informations, après je te poserai mes questions, c'est vrai c'est vrai... Donc soit, reprenons. Que veux-tu savoir de plus ? Hm ? Comment était-elle ? Oh, dans le sens caractériel.. Je vois.

   Et bien, nous pouvons dire que tu as de la chance de me poser la question en personne. Je suis sans doute le seul à avoir un tant soit peu considéré Syn comme un être vivant, et non comme un objet, voire même une arme. Par conséquent, avec des sentiments, des émotions, une âme pour ainsi dire. Ainsi, elle me l'a bien rendu, puisque j'ai pu voir qui elle était. Bien sûr, je ne l'ai fréquentée que deux malheureuses semaines, c'est trop peu pour se faire une idée précise d'une jeune fille aussi réservée et discrète qu'elle. Car, vois-tu, il en aura fallu du temps, pour la faire sortir de sa cage. Et si elle ne sort pas, on ne peut pas communiquer avec elle. Encore une fois, prends en considération que je suis un vieux bonhomme, et qu'il est très peu probable qu'elle n'ait pas changé. Du fait qu'elle était jeune, mais aussi, et tu le sauras plus tard, ou non, à cause de sa nature. Si tu espérais qu'elle ait des caractéristiques mentales d'une espèce, tu fais fausse route, il nous a été impossible de la rentrer dans une case. Elle n'appartient simplement à aucune race. C'est quelque chose qu'elle a toujours eu du mal à comprendre, elle a souvent cherché à se ranger quelque part. Syn m'avait mandé pour remplir un petit questionnaire, où elle cherchait à se classer quelque part. C'était comme une obsession, et.... Oh, pardonne-moi, je m'égare sans doute un peu par rapport à ta question.

   Que te dire de plus, ma mémoire est si floue, je crains de te dire quelque chose de faux... Hm... La première fois que j'ai vu Syn, elle ressemblait à une fillette de quatre ou cinq ans à peine. Si petite, si craintive, réagissant au moindre son. Elle se cachait perpétuellement derrière ses cheveux quelque peu bouclés. Si je pensais alors lui poser des questions sur sa vie dans le labo', il n'en était rien ! La fillette avait décidé elle de me poser les questions, elle était très curieuse, sais-tu ? Apprenant que ma mère était décédée deçà quelques semaines, elle se mit étrangement en tête de m'accompagner dans mon deuil, et se montra d'une incroyable gentillesse, sans pour autant m'envahir. Ah, une bonne petite...

   Quand on laissa un peu plus de libertés à Synthesis, du fait qu'elle avait un bon comportement, on me rapporta qu'elle venait souvent la nuit voir si tout le monde se portait bien. De ce que j'en ai vu, en somme, c'était une adorable jeune fille, gentille comme tout, attentionnée, et terriblement curieuse et investie. Elle était passionnée par un tout et un rien, comme si chaque découverte pouvait changer le monde. Ah, vous avez perdu cette fascination, vous, la jeunesse !
»



Le vieil homme se stoppa soudain, pris d'une quinte de toux, qui le plia en deux sur son siège. Aussitôt apparut la bonne, qui plaça doucement sa main dans son dos, quoi qu'elle trembla plus que son maître. Elle semblait fort inquiète, quoi que ses traits paraissaient moins tirés qu'auparavant. Comme si son absence dans la pièce, depuis une dizaine de minutes, l'avait fait se sentir mieux, ou quelque autre explication. Cependant, là semblait être la fin de cette entrevue, laissant le pauvre visiteur, après autant de paroles, mais si peu d'informations, pour ainsi dire sur sa faim. Qu'apprendre d'un vieux dont les souvenirs sont brouillés, datés, absolument inutiles pour l'époque ? Après tout, cela se voyait bien, qu'il n'était plus ni scientifique ni citoyen libre depuis longtemps, bien longtemps déjà.
Pourtant, la bonne, prenant son vieux maître sous les aisselles afin de le conduire à sa chambre pour prendre du repos, fit signe qu'on la suive, d'un simple mouvement de tête, pourtant très explicite. Elle borda cet ancien homme de science, non sans placer sur son front un linge humide, pour ensuite se retourner vers l'invité.


« Je suis navrée, mais il semblerait que ce soit à présent mon rôle de vous raconter la suite de cette histoire. Elle sera, rassurez-vous, bien plus précise et récente que celle de ce bon vieux monsieur. Il n'y peut rien, ce n'est guère sa faute, de ne pas savoir ce qu'il est advenu par la suite de cette petite. On ne peut pas toujours sauver tout le monde, vous ne pensez pas ? Donc... Si je ne m'abuse, vous étiez en train de parler de son caractère, n'est-ce pas ? Soit, reprenons, donc.

   J'ai peur de m'égarer un peu dans son histoire, mais nous verrons cela après, n'est-ce pas ? Synthesis était donc une jeune fille très attachante, puisque gentille et très attentionnée. Elle ne sait pas s'arrêter lorsqu'il est question du bonheur de quelqu'un. On peut presque dire que c'est la seule chose qui la motive un tant soit peu. Apporter son aide, de quelque manière que ce soit, par sa présence, un service qu'elle puisse rendre, ou simplement pouvoir donner des conseils, car contrairement à ce que l'on pourrait penser, il y en a, dans sa petite tête ! Elle connaît énormément de choses, sans doute bien trop malheureusement. Si ce vieux bougre ne peut le savoir, je me dois de vous mettre en garde : Syn n'a pas toute sa tête, ou en tout cas, pas pour elle toute seule. Elle sait trop de choses, il y a trop de monde dans son crâne pour qu'elle arrive à gérer des situations trop complexes. Ce qui fait qu'elle a tendance à, parfois, se perdre elle-même. A divaguer. Elle peut se parler à elle-même, tenir plusieurs propos de différentes voix pour une même réponse à une question simple. Je dirais que sa plus grande peur, est d'être incapable de se reconnaître. Pour que vous compreniez bien, laissez-moi vous apprendre d'abord quelque chose.

   Syn a un pouvoir certes extraordinaire, mais très lourd à porter pour une enfant si fragile. Elle peut prendre l'identité des morts, à condition d'avoir eu une fois un objet personnel du défunt. Un bouton, une mèche de cheveux, un pendentif, un ruban, qu'importe. Elle peut en prendre l'apparence et la voix, à volonté, cela reste en elle, comme mémorisé. Cependant, la mémoire et la personnalité restent aussi mémorisées. Et là vient tout le problème. Je vous laisse imaginer : vous avez une bonne centaine de personnalités, de mémoires et d'apparences à votre disposition. Qu'est-ce qui vous justifie que celle que vous avez, actuellement, est la votre ? Celle qui vous est propre ? Il y a de quoi devenir fou, non ?

   Malgré tout, cela ne change pas qu'elle ne fera jamais de mal à qui que ce soit. Elle en est tout bonnement incapable. Une limite à ne pas franchir, vous me dites ? C'est vrai. Elle croit en la non-violence, en la résolution par la parole sage. Ce n'est peut-être pas toujours une solution efficace, mais c'est son idéologie. Aussi naïve soit-elle, sans doute. Syn a montré un profond intérêt pour l'ancien. Que cela soit, donc, dans les lieux, les objets, ou de manière plus simple, dans le vestimentaire. Elle refusait de porter autre chose qu'une antique robe de chambre, puisqu'elle ne pouvait que rarement avoir d'autres habits. Pourtant, ayant fui du laboratoire, elle a pu essayer d'autres habits, et s'est agréablement plu dans des robes anciennes, voire même, au contraire, dans ce que l'on appellerait du gothique. Cela ne l'a pas empêchée de ne jurer que par sa robe du laboratoire. Elle est atteinte d'une profonde soif de connaissances, la jeune fille s'est instruite sur les bases de la biologie, de la médecine, et de la botanique. Sans doute un héritage d'une vie en laboratoire, n'est-ce pas ?

   Je ne sais quoi vous dire de plus. Elle est très soignée, polie et serviable, quoi que très naïve et longue pour réfléchir. Sans doute aussi très timide et indécise, elle ne va jamais vers autrui, sauf si elle sait qu'il y a un problème qu'elle peut régler, grâce aux mémoires des morts, qui lui font part de leurs regrets, auxquels elle tente par tous les moyens d'y remédier. Elle préfère aussi ne pas parler, pour ne pas laisser s'exprimer sa folie. De toute façon, si vous la rencontrez, vous le verrez bien de vos propres yeux, n'est-ce pas
? »



La vieille bonne, préférant sans doute laisser le vieillard se reposer, prit par le poignet son invité afin de quitter la pièce, et retourner ainsi dans la pièce à vivre. Descendre les marches les faisaient grincer, planches de vieux bois gémissant sous la douleur du passage de deux êtres sur elles, un peu comme des cris d'agonie, des plaintes d'un escalier prêt à s'effondrer sur lui-même, tout comme la bonne qui commençait à suer et peinait à respirer convenablement. Ce n'est donc pas sans difficulté qu'elle parvint à la fin des marches, et se laissa lourdement tomber sur une chaise, devant la table où gisait toujours la théière et les deux tasses vides.


« Ne vous en faites pas, ce n'est rien, je vous assure. Personne dans cette maison ne devrait avoir à s'inquiéter pour moi, vous savez ? Enfin... Cela dépend de quel moi nous parlons. »


La vieille se courba sur elle-même, et gémit douloureusement. Le temps de battre des paupières, et elle n'était plus là. A sa place, il y avait sur la chaise une jeune femme, tout en blancheur, à la peau tâchée de cambouis. Les habits de la bonne, bien trop grands pour sa taille maigre, étaient retombés sur ses hanches, et cela ne semblait guère gêner la jeune femme, aussi bien de se trouver en tenue d'Eve, que d'apparaître subitement dans la pièce. Elle ressemblait étrangement à la description que la bonne avait faite, une femme toute fine, toute blanche, aux yeux gris curieux et étranges, à la chevelure longue et bouclée. Sans relever le regard de la personne assise en face d'elle, elle se leva, se débarrassa des restes de la tenue de la bonne, et ouvrit sous la cheminée un vieux coffre, d'où elle sortit une robe de chambre ancienne, blanche, et s'en drapa, sans s'occuper de sous-vêtement ou quoi que ce soit d'autre, avant de reprendre place, droite sur sa chaise, les mains posées sur ses cuisses, telle une petite reine juvénile. Elle indiqua du menton le coffre, où le visiteur eut à prendre un dossier, caché sous une adorable culotte en dentelle grise. Il s'agissait du dossier de Synthesis, mais nettement plus actuel. Il était daté, et l'était de moins d'une année. Soit donc, très actuel. Mais il ne fut guère possible de lire en profondeur, que la jeune fille plaqua sa main pour refermer la chemise, et attrapa les mains du lecteur.


«Enchantée, je suis Synthesis, mais appelez-moi Syn. Oh, cela fait longtemps que je suis ici, vous savez ? Le professeur m'a hébergée, et Angèle s'est occupée de moi, pour que les curieux ne me découvrent pas. Mais aujourd'hui, je dois... comment dire.. partir ? Je ne peux pas rester ici. Je ne peux plus. Bientôt, je serai toute seule, et je veux pas rester toute seule. Je veux voir du monde. Il doit bien y avoir quelqu'un qui sait ce que je suis, non ? Peut-être même que vous, vous le savez. Hein ? Pourquoi quoi ? Angèle est morte il y a deux semaines, je l'ai enterrée dans le jardin. Elle a fait une crise cardiaque, elle était vraiment vieille, ça arrive, même quand on ne vieillit pas comme tout le monde. Et elle avait des regrets. Elle regrettait de ne pas pouvoir s'occuper du professeur jusqu'à sa mort. Ca ne va pas tarder. Il ne se rappelle pas. Des fois, il ne sait pas qui je suis et il panique. C'est quoi, déjà... Vous savez, c'est une maladie qui est très commune, il me semble, ailleurs, ça ne se soigne pas, et la personne finit par mourir à cause de son cerveau. Ca a le nom d'un monsieur... Ha, enfin, oubliez. C'est dur de tout se rappeler, puis Angèle n'a pas envie que je parle de ça. Elle m'a demandé de veiller sur lui. Alors je l'ai fait. Mais il va mourir, et... et j'ai peur de rester toute seule. Je ne veux donc pas rester ici. Je dois partir.

   Donc oui, Syn, c'est moi. C'est sur moi, que vous vous renseignez. J'ai pris l'identité d'Angèle. Je ne peux pas m'en empêcher, je dois absolument aider, je ne peux pas laisser les gens partir avec des regrets, c'est trop triste. Et je veux voir du monde ! Pourquoi rester enfermée ? Il y a du monde, dehors, des gens à voir, et je veux aider. Je veux participer. Angèle vous a parlé, non ? Elle est gentille, et j'espère bien que vous comprenez que même morte, et dans ma tête, elle veut me protéger. Et si vous espérer partir sans moi, c'est manqué ! Je suis tenace, je compte bien sortir de ce trou perdu ! Vous vouliez en savoir plus sur moi ? Emmenez-moi avec vous ! Et là, d'accord, je vous raconterai ce que vous voudrez savoir, mais faites-moi sortir !
»



Syn resta encore cinq jours en compagnie de l'invité du vieillard, qui finit comme prévu par s'éteindre. C'était sans doute très précipité, soudain, mais aussi très étrange, de mourir aussi rapidement, mais il n'empêcha que ce fut le cas. Il était mort. Et la jeune fille ne lâcha évidemment pas l'affaire, et suivit la personne venue curieuse dans son chemin du retour.

   La maisonnée était haut perché dans une montagne glaciale, pourtant sans neige. L'herbe avait brûlé à cause du froid, par la gelée, et prenait une teinte sinistre, dont la couleur ne pouvait être définie, oscillant entre le brun et le bleu. Le sol avait donc la couleur de la terre, sèche, pâle, avec de petits galets gris, tristes. Un chemin plus clair encore menait à la maisonnée. On y retrouva donc le petit duo qui descendait la pente, avec une petite demoiselle qui semblait fort heureuse d'enfin partir de cet endroit. Elle avait trouvé un manteau gris souris, et avait enfilé une paire de bottes somme toute aussi vieilles que la maison. Mais cela lui convenait, puisqu'elle sautillait gaiement vers le bas du chemin, ouvrant la marche, sans pour autant perdre son compagnon de route. Parvenus à la moitié du chemin, elle attrapa chastement son bras, et s'y colla, écrasant sa poitrine contre, sans vraiment s'en inquiéter.


« Alors, la curiosité est un vilain défaut, n'est-ce pas ? Vous savez, un jour j'ai ramassé un petit ruban rose. Il appartenait à une fillette, qui a été curieuse, et s'est faite égorger dans un coin, et laissée avec les ordures. C'est triste. Elle s'en voulait de ne pas pouvoir rentrer à l'heure, et laisser sa peluche dehors. Je suis allée remettre la peluche à ses parents. Ce qu'Angèle ne vous a pas dit, c'est que je le ressens, ça aussi. La mort des gens. En clair, donc, je suis déjà morte plusieurs fois, mais sans jamais mourir. Amusant, n'est-ce pas ? Désolée, je m'égare. Ca vous dirait, d'entendre mon histoire ? On a le temps après tout !

   J'ai été créée dans une boîte de pétri. On ne peut pas savoir ma race exacte, parce que pour me faire, ils ont associé des tonnes et des tonnes de gênes, d'espèces différentes. Impossible donc de déterminer ce que je suis. D'apparence, je suis normale, mais est-ce que quelqu'un de normal ferait ce que je fais ? J'en doute. Même les autres en doutent. Bref. Mon projet, de base, n'a pas été fait en laboratoire. C'était une scientifique internée pour folie qui l'a eu. Elle venait de perdre sa fille, bébé. Elle a voulu faire donc un être capable de récupérer l'âme de son enfant. Elle n'a jamais réussi, mais on a récupéré ses formules, ses pensées, tout. Je suis née d'une mère porteuse, donc sortie d'une femme, avec un nombril, et une taille de nouveau-né. Rien d'extraordinaire, en somme. La première année, j'ai pu rester avec elle. Elle était gentille, c'était ma maman, après tout. Je l'aimais, vous savez ? Mais j'ai été enlevée à elle. Pour être étudiée, qu'ils ont dit. Ils m'ont gardée en labo jusqu'à mes cinq ans. Puis ils m'ont dit de me transformer, en me donnant des objets. Je ne comprenais pas, je ne voulais pas. Alors ils étaient méchants avec moi, vraiment méchants... Je ne pouvais pas, de toute façon. Alors ils se sont énervés, et ils m'ont fait grandir. Rapidement. Je ne sais pas si vous imaginez, la douleur que cela inflige au corps, de grandir pour atteindre celui qu'il devrait avoir pour dix-sept ans, en seulement une semaine. Je ne savais toujours pas faire. Le professeur était parti, juste avant, renvoyé car il n'avait pas pu me faire me transformer. Alors je me suis enfuie. Je ne voulais pas rester là. C'est Angèle qui m'a trouvée, parce qu'elle était responsable de la laverie du laboratoire. Je m'y étais cachée.

   Elle m'a ramenée chez le professeur. Quand j'y ai atteint un âge physique de dix-neuf ans, j'ai su me transformer. Depuis, j'ai arrêté de grandir, je n'ai plus changé physiquement. Alors, j'ai demandé à savoir qui était ma vraie maman. On m'a amené là où était la scientifique folle. Elle s'était suicidée la veille, et ma visite a permis de le savoir. Elle s'était brisé la nuque en se jetant contre le lavabo. Ca a été la première dont j'ai soulagé les regrets. Je n'ai pas su m'arrêter ensuite. Je devais aider les autres. Faire de mon mieux pour soulager les consciences. Mais je crois qu'au fond, j'avais aussi soif d'avoir d'autres personnes en moi. Je me suis perdue. J'ai erré, et j'ai trouvé des regrets autour du laboratoire à soulager. La petite fille, dont je vous ai parlé. Aussi un serveur qui avait taillé une pipe à un scientifique, et qui a fini étranglé dans le local à ordures car il avait entendu des choses. Sur moi. C'est pour ça, que je sais comment je suis née. Mais j'ai fini par rentrer, parce que j'ai failli me faire attraper.

   Quand je me suis retrouvée enfermée dans cette maison, j'aidais Angèle dans les corvées, mais personne n'était en mesure de m'expliquer l'extérieur. M'expliquer le monde, ce qu'il s'y passait. Je ne connais rien. Des pays, des gens, des coutumes, je ne sais rien. Un peu comme un enfant que l'on lâche dans le monde, vous voyez ? C'est pour ça que je ne veux pas partir toute seule. Ca... me fait peur. Et les voix me font peur. Je ne sais pas les faire taire toute seule, j'ai besoin de quelqu'un avec moi. Je suis peut-être trop enfant, non ? Bah, qu'est-ce qu'on s'en fiche ! Excusez-moi si je raconte mon histoire très vite, c'est sans doute le fait que j'ai plusieurs voix qui me parlent en même temps.

   Oh, la suite de mon histoire ? Et bien, il n'y en a pas vraiment. Je suis restée ici, puis vous êtes venus me chercher, pour m'amener dans ce drôle de monde que je ne connais absolument pas. Désolée si je ne peux pas vous raconter une histoire fantastique, on ne peut pas raconter quelque chose qui n'existe pas. Donc c'est tout ! Je n'ai jamais parlé à ces gens, je ne connais que très peu cet endroit. Ca me fait un peu peur. Alors, qu'est-ce que vous allez donc faire de moi ?
»



La jeune fille gloussa, et lâcha le bras qu'elle tenait pour courir un peu, enfant enfin lâchée dans la nature pour découvrir par elle-même un lieu inconnu, empli de drôles de personnes, plus surprenantes les unes que les autres. Son premier voyage, peut-être ses premières relations sociales, qui sait ? La seule chose qu'il lui manquait, c'était quelqu'un pour l'autoriser à partir, à quitter son foyer, se risquer dehors, aux regards. Elle ne s'en faisait pas pour le reste, elle était simplement inquiète de se retrouver seule et rejetée, et devoir retourner loin de tout et de tous.

« Alors ? J'ai le droit d'y aller, dehors, ou pas, dites ? »

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