Papua… Un royaume de sable, plein de charme, et plein de poésie. Un royaume qui lui rappelait ceux du Moyen-Orient, avant que la religion, moteur de la civilisation arabe, ne finisse, sous le joug du dogmatisme, par en finir un frein nuisible. Elle connaissait l’Histoire. Aux Cieux, Cupidon avait eu le temps de l’apprendre, et elle connaissait aussi bien celle de Terra, que celle de la Terre. Or, l’Ange officiait principalement dans ces deux temporalités. Ce soir, elle volait au-dessus de Papua, petite flamme rose flottant dans une nuit étoilée, et son vol la rapprocha du Palais Royal de Papua.
Une magnifique demeure, où elle se posa sur le toit de l’une des tours. La nuit avait beau être tombée, Papua brûlait de mille feux de joie. Elle voyait tout depuis sa position… Les concerts nocturnes, les séances de théâtre, les soirées animées dans les tavernes de la ville. C’était une ville portée sur les arts, sur la joie de vivre, ce qui se manifestait clairement à travers leurs tenues exotiques. Les vêtements… Il y avait toute une réflexion à avoir sur les vêtements. Originellement conçus comme un moyen de se protéger du froid, ils servaient maintenant de marqueurs et de référents culturels. Un vêtement en disait beaucoup sur la personne qui le portait. Après tout, comme le disait Victor Hugo, un écrivain que Cupidon adorait lire, la forme, c’est le fond qui remonte à la surface, adage valant pour les livres, mais aussi pour bien d’autres choses… Et ce même si on disait que l’habit ne faisait pas le moine.
Cupidon regardait donc cela, tandis que ses cheveux virevoltaient dans le vent, lorsque ses pensées furent captées par… Par quelque chose. Quelque chose qui émanait d’un résident du Palais. Surprise, elle se retourna, et perçut les pensées qui s’échappaient.
*Oh… Du désir !*
Mais oui, c’était bien ça ! Ce fin parfum qu’elle sentait, cette douce fragrance qui remontait dans son être, c’était le zeste du Désir ! Se pinçant les lèvres, elle se déplaça alors. Le Palais disposait de protections magiques, de runes et de talismans, mais Cupidon était une Ange. Elle n’avait aucune intention hostile, et était, de surcroît, dotée de puissants pouvoirs, un cocktail qui lui permit, sans l’ombre d’un problème, de s’immiscer à l’intérieur du Palais. Elle se posa dans le harem, et se déplaça un peu, voyant, outre les pièces centrales, les chambres.
Le harem était comme une grosse rotonde plantée au centre du Palais. De base, Cupidon détestait toute forme d’exploitation, a fortiori sexuelle, mais elle avait pu remarquer que, chez certains harems, comme un à Ashnard, ou comme ici, les femmes étaient consentantes, et heureuses de leur sort. Il n’appartenait pas à Cupidon de juger, elle n’était qu’une humble messagère. Le harem, donc, était une rotonde, avec, au centre du cercle, des parties communes, et, tout le long, un couloir cylindrique abritant les chambres des courtisanes, qui étaient toutes de magnifiques femmes.
Cupidon se déplaça le long des chambres, délaissant derrière elle des traînées rosâtres qui vinrent ensemencer leurs rêves. En continuant à se déplacer, elle finit par rejoindre la chambre de la femme qui était en train de désirer l’être aimé.
Toute émoustillée, Cupidon s’en mordilla les lèvres, et se rapprocha du lit. Une belle femme dormait dedans, et, en se pinçant silencieusement et respectueusement les lèvres, l’Ange caressa sa tête, et surprit ses pensées.
*Rhian Thoris… La Princesse de Papua… Elle compte beaucoup à tes yeux…*
C’était… Trop MIGNON ! Cupidon sourit, ravie, puis se rapprocha un peu, en venant, en réalité, tout simplement squatter le lit de la courtisane. Elle s’allongea en effet contre elle. Si les gens avaient besoin de manger, Cupidon, elle, avait besoin de sa nourriture : renifler, pour le dire ainsi, le désir d’amour. Elle se lova donc contre le corps de la femme, et déposa un baiser sur sa joue.
« Oui, laisse-moi t’aider à faire de jolis rêves… »
Grâce à la magie…