Les alentours de la ville / L'ora di apprendere una lezione [PV]
« le: mercredi 16 janvier 2013, 22:32:59 »Certains diront que c’est tôt, trop tôt. Pour elle, c’est juste une habitude. Comme tous les matins, ses premiers gestes seront les même. Comme tous les matins, ira dans la cuisine. Comme tous les matins, elle appuiera sur les boutons On de la chaine Hi-Fi et de la cafetière. Et, comme tous les matins, réglée comme une horloge, elle posera une tasse vide sur la table dans laquelle un morceau de sucre viendra faire trembloter la porcelaine lorsqu’elle l’y jettera. Elle bouge avec une certaine lenteur, presque au rythme de sa musique. Elle profite de ce moment de solitude qui l’apaise. Les minutes s’égrènent autant que son café disparaît entre ses lèvres.
Elle regarde l’heure. 6h15
Une injure fuse dans l’air. Elle le sait, elle va être en retard. Non, ce n’est pas le bon jour ! Ce n’est d’ailleurs jamais le bon jour. Elle file dans la salle de bain et se douche. Rapide mais efficace. Elle n’osera sortir si elle n’est pas certaine d’être fraiche et pimpante. Elle enfile une robe tunique d’un camaïeu allant du rouge à l’orange clair qu’elle tranche avec des collants sobres noirs et des bottines en daim marron. Comme à son habitude, elle n’a rien en maquillage si ce n’est qu’un peu de gloss pour hydrater et illuminer ses lèvres rosées. Lorsqu’elle est enfin prête, elle va directement au sous-sol. Là-bas, un homme l’y attend, il dort encore et se remet doucement d’une opération visant à lui refaire une tête.
Bien que ce soit un Yakusa, Verena tente d’être aimable. Elle lui sourit et lui parle doucement. L’homme est tellement dans les vapes qu’il ne distingue rien. Il ne voit qu’une forme humanoïde aux allures de fantôme. Il se croit en train de mourir et s’agite, puis hurle. Il s’agrippe à celle qu’il pense être un spectre de la mort et serre comme un damné sur ses bras. Dans un geste agile et salvateur, Verena lui injectera le sérum qui le fera se tenir tranquille jusqu'à ce que son père ne daigne venir le voir. Elle ne lui en veut pas, c’est elle qui n’a pas été prudente et regarde avec agacement les rougeurs qui deviendront des bleus. Elle soupir.
7h00. Il est temps d’y aller.
Tous les jours, elle va en cours à pied et doit faire un crochet par le lycée. Son emploi pour sa matinée est mal fait, elle doit s’occuper des élèves qui arrivent en retard à la première heure de cours au lycée. Elle a tout juste le temps d’aller ensuite pour ses propres cours du jour à l’Université. Aussi elle court sur ses petits talons sans même se préoccuper de sa tenue négligée. Sans un mot, traversant les couloirs la menant à sa salle, Verena est plongée dans des réflexions.
Elle arrive enfin, pour un peu elle aurait pu être en retard. Elle entre. Elle est même prête à s’excuser mais lorsque ses yeux parcours la salle, elle n’y trouve aucune tête inconnue. Tant mieux. Elle se dirige vers sa place habituelle, près de ces deux Japonaises qui tentent d’être des amies. Verena à vite comprit que les deux jeunes femmes s’intéressaient à son père, ce prestigieux chirurgien. Malgré tout, elles sont de bonnes compagnies, alors l’Italienne ne les boude pas. Non loin, un groupe de garçons parlent du dernier match de l’équipe de baseball de l’Université. Verena les voit reproduire les mouvements si fantastiques des joueurs. La jeune femme n’y comprend rien, surtout quand ils hurlent des « Home Run ». Elle qui est persuadé que c’était pour le football Américain, la voilà renseignée.
- Vellena ! Toi qui travaille ici, tu dois savoir ! Le nouveau prof, comment il est ?
Les Japonaises ne savent pas rouler les r. Verena change donc de nom depuis qu’elle est au Japon.
- D’après les bruits…c’est un Européen. Je ne sais que ça et encore, ce n’est pas certain…
Les deux demoiselles s’égayent déjà. Pour elle, l’Europe c’est exotique. Elles espèrent que l’homme sera plus intéressant que le précédant professeur. Elles se voient déjà avec un prof à l’Indiana Jones…A côté, les futurs médecins s’énervent à propos d’un point décisif qui aurait dû compter. Ils se lèvent et se bousculent, s’insultent. L’Italienne lève les yeux au ciel tant la situation est ridicule de son point de vue. Sans plus aucun contrôle sur eux-mêmes, les jeunes gens commencent à se battre vraiment écartant les tables sur leurs passages. Les voix s’élèvent, les unes supportent, les autres demandant le calme. Verena s’y essaye aussi mais ne trouve dans sa voix que l’écho de celles de ses camardes. C’est finalement un coup de coude près de son visage qui aura raison d’elle. Elle s’écarte. La journée s’annonce mauvaise.
Et il n’est que 8h07.