Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Raytee Lee

Pages: [1] 2
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[Vérification des données géographiques]…
[Aucun changement, trajectoire maintenue]…
[Vérification des données naturelles]…
[Éruption dans le Sud, formation nuageuse inquiétante à l’Est]…
[Calcul d’une nouvelle trajectoire]…

Mollement avachie dans le large siège du pilote, avec toute la grâce qui sied à une créature aussi fantastique qu’un dragon doublé du grade de capitaine de vaisseau, je me curais l’espace entre deux crocs du bout d’une griffe. L’ennui des longs voyages dans un petit espace c’est justement l’ennui lui-même. Il survient vite, et prend source partout, dans les parois trop proches qui empêchent de se dégourdir le pattes, de s’étirer dans toutes les positions désirées, ou même simplement de se tenir bien droit debout. Courbée pendant plus de vingt-quatre heures ça commence à peser lourd sur l’échine, que ce soit chez les cervicales ou les lombaires. D’ailleurs ces dernières se récriaient activement depuis plus d’une heure, suffisamment pour que je me décide à glisser mon postérieur vers l’arrière, rencognée dans le siège, et fasse supporter l’arrondit de mon corps à ma nuque. Les deux coudes sur le tableau de bord, le regard embué d’un ennui ensommeillé, je regardais les informations élémentaires s’affichant sur le grand écran de mon cockpit. Comme toujours de mornes colonnes de chiffres se promenaient d’un bout à l’autre de l’écran, agrémentées d’images extérieures et de simulations pêchées ici et là dans les ondes en perpétuel mouvement entre les grandes villes. La météorologie n’étant clairement pas l’une de mes passions, et l’arithmétique ne me servant guère qu’à compter mes sous, je m’en désintéressais d’un long bâillement. Il devait bien y avoir un putain de truc à faire pour m’occuper, autre que de terminer mon petit jeu sur console pour la soixante douzième fois en deux mois.

Cherchant à me divertir l’esprit je songeais, encore, aux raisons qui me poussaient à subir ce long voyage en conserve volante. Une histoire de bâton, sceptre, peu importe, un long machin brandit par quelqu’un de puissant pour se donner l’air péremptoire quand il ordonnait de changer le monde selon ses désirs. Un cure dent de plus qu’un peigne cul en mal de gloire rangerait dans une petite pièce trop propre et trop inhabitée pour se rengorger devant trois visiteurs par décennies, trop peureux de dévoiler son trésor plus souvent que cela. Voila pour les raisons économiques. Mais pour d’autres, plus personnelles, je brûlais déjà de me trouver au cœur de l’aventure. Il devait y avoir une créature là bas, une vieille bestiole crevée à qui appartenait la fameuse batte, et c’est sur son cadavre que je comptais mettre la main. Plus que l’argent c’est le pouvoir, sous ses multiples facettes, qui m’a permit de survivre à peu près tranquillement jusqu’au aujourd’hui. Aussi je juge normal de poursuivre le pouvoir de mes assiduités, toujours plus de pouvoir, toujours plus de forces, jusqu’à ce que plus personne ne puisse m’atteindre. Alors seulement, je me reposerais pour l’éternité, où jusqu’à désirer mourir.
Un petit soupir filant entre les crocs je me frottais les yeux comme pour les dessiller de ces rêves irréalisables, puis je tirais d’une tablette de contrôle un petit coussin y traînant. Quelques minutes plus tard je combattais l’ennui par l’inconscience en dormant profondément, bercée par la voix monocorde du moniteur de bord et le ronronnement des diverses parties du vaisseau s’actionnant sans répit.

Une sirène me réveillât, pas le genre qui donne envie de se noyer, mais plutôt de la noyer elle, et je martelais le tableau de bord du plat de la main dans l’espoir de la faire taire. Fort heureusement les détecteurs du cockpit captèrent le mouvement et comprirent que je m’éveillais. De sa voix atone le vaisseau m’informa de l’arrivée à destination, un point encore un peu éloigné de la véritable destination mais je ne désirais pas me planter dessus comme pour y braquer un projecteur. S’il y avait d’autres charognards autant les prendre dans le dos et par surprise.
Rapidement je ramenais mon vaisseau près du sol. Je dénichais sans trop de soucis une cache derrière un groupe de pierres agrémenté d’arbres résineux. Situé en plaine, l’endroit n’offrait qu’un couvert relatif, une butte ici ou là, de loin en loin, et quelques arbres massifs regroupés en bosquets eux même encerclés par une végétation moins imposante. Mon masque sur le museau, des jumelles en mains, je vérifiais au loin l’état de ma future prise. Quelques points se mouvaient dans les premières pièces, certains se discernaient si mal qu’il devait s’agir de petites bestioles, rats et autres nuisibles. Il y avait donc un comité d’accueil, de là à savoir s’il s’agissait de bêtes ou d’être intelligents…
Je ronchonnais alors, pour la forme, en remontant dans mon bolide. Je ne m’attendais pas à un tapis rouge dans un bâtiment immaculé, mais au moins à rien, ou presque, mis à part quelques pierres branlantes et des araignées tissant sur de la mousse humide. La banalité des cryptes oubliées et suffisamment répugnantes d’aspect pour que personne ne désire y séjourner. Maintenant que la compagnie se confirmait je devais prévoir un plan, une suite logique ne débouchant pas sur de graves blessures ou une mort prématurée pour moi. Pour ce faire, il me fallait un QG, un endroit calme et plus spacieux que la carlingue de mon vaisseau.
Je remontais donc dans ses entrailles à la recherche d’un lieu qui ne soit pas à plus d’une heure à portée de mes réacteurs.

C’était mignon, le petit coin que je venais de me dégotter. Une bâtisse en bois, avec de la paille sur un côté, un joli petit toit luisant, et des carreaux pas très propres dans des carrés de bois presque brut. Il s’en dégageait une aura rustique et artisanale, le genre de sentiment que seule une maison faite de bric et de broc par un solitaire peu dégager, un croisement entre sauvage et civilisé. Je dois dire que j’aime bien ce genre de trucs, c’est pittoresque ça incline à imaginer, c’est bon pour l’esprit. Mon vaisseau posé et verrouillé juste à côté de la bicoque, et personne ne se manifestant dans les alentours immédiats, je me décidais à entrer voir l’intérieur. Une exploration qui se promettait presque plus palpitante que celle pour laquelle je m’étais envolée.
C’est d’un bon coup d’épaule que je forçais la porte, braquant ensuite immédiatement le fusil tekhan m’occupant les deux mains dans tous les angles sombres de la pièce. La lumière artificielle de la lampe ne me révéla rien de dangereux, et je relâchais un peu la tension dans mes épaules, sans pour autant baisser le canon principal de mon arme.
Vingt minutes plus tard, toujours rien, enfin, rien de vivant et braillant venu me demander des comptes. Le loquet en bois, tout simple, de la porte s’était remit facilement, comme si je ne l’avais jamais déboîté. Pour ce qui était des trouvailles inertes je pouvais me targuer d’une meilleure chance. De la bouffe ! Plein de bonne bouffe ! De la viande séchée, fumée, salée, tout ce qu’il faut pour se tailler un vrai festin, mis à part une bonne bière ou un alcool sirupeux tekhan. Mon ventre grondant déjà rien qu’en respirant les odeurs engageante de la masse de viande accumulée sur la table après avoir vidé les placards, j’entamais une bonne ripaille, face à la porte, décalée de la fenêtre la plus proche, et mon arme prête à l’emploi directement à portée de main. Même en mâchant un bout de viande et en tenant une tranche dans la main je dézinguerait le premier machin un peu trop brutal qui chercherait à faire des choses malsaines ou engageant possiblement ma mort certaine avec ma tête.

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Le coin du chalant / Re : Un loup à apprivoiser
« le: vendredi 24 novembre 2017, 23:48:43 »
Je pense que ce serait bien oui. Si tu es d'accord je peux te donner mon discord et nous en discutons là bas, sinon par MP, ça ne me dérange pas mais ce sera plus lent car je n'actualise pas toutes les cinq minutes.

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Le coin du chalant / Re : Un loup à apprivoiser
« le: vendredi 24 novembre 2017, 15:56:44 »
J'ai parfois besoin de gros muscles pour mes missions. Si tu es tenté...

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Les bas fonds / Re : La vengeance démoniaque ~Raytee Lee~
« le: mercredi 15 février 2017, 18:53:30 »
Mauvais choix ? Ça c’est encore à mon cul de décider ! Parce que je ne joue pas la bête sauvage pour des nèfles !

La gifle me cueillit au vol, comme si un mur avait soudainement décidé de partir en vadrouille pour se placer sur mon chemin. J’ai l’habitude des coups, ça fait partit des bienfaits relatifs de l’aventure. Mais là, tout de même, je découvrais de nouvelles couleurs. Mes poumons écrasés un peu plus tôt manquaient d’air, je tentais de respirer avec force, par réflexe physiologique. Une poigne de fer m’enserra alors la gorge et mes pattes décollèrent du sol sans que je n’y puisse rien. Bien stupidement, mais totalement dans mon rôle de sauvage aux mouvements violents et anarchiques, je dilapidais mes dernières parcelles d’oxygène en donnant des ruades. Même si je n’avais pas voulut me faire avoir j’aurais dût l’admettre. Mes agresseurs avaient de la poigne, et savaient retenir leurs cris si tant est qu’il en ait poussé en temps normal.
Lorsque la prise sur ma gorge s’ouvrit, je chus presque sans force au sol. Mes jambes se dérobèrent sous moi, même mes bras tremblèrent en menaçant de me laisser la truffe contre les dalles humides. Je râlais, le souffle cours, en avalant de grandes goulées d’air pour me remplir les poumons. Le répit, si l’on peut dire, fut de courte durée. Je glapis de douleur lorsque ma chevelure se fit empoigner sans douceur. Les yeux humides je relevais le museau comme la traction sur mon crâne m’y obligeait. Un petit ricanement rauque s’échappa de mon museau et je crachais à la figure du démon. Voila qui devrait laver la crasse ternissant son éloquence.

«Me faire rire ? Guignol.»

Ouais, apparemment il avait préparé une grosse blague et j’en étais le pivot central. Mais celui qui se marrait le plus c’était le muret qui m’avait vu arriver et contre lequel j’avais maintenant la tête appuyée. Le truc n’était pas assez haut pour que ça me laisse debout. De fait, je me retrouvais encore à quatre pattes, les bras pliés sous ma poitrine en essayant de ne pas trop me laisser manipuler tout de même. Bien qu’une lueur de désir illumine les yeux de mes malfaisants adorés, je n’oubliais pas que leur but premier restait de m’envoyer rejoindre les vieilleries traînant sous terre, avec à peu près autant de vigueur dans le corps que la caillasse que je débusque moi-même. Ce qui n’empêcha pas mon échine de fourmiller au passage d’un long frisson provoqué par ce que me promettais le démon m’empoignant la tignasse. S’il s’était douté que je m’arrangeais pour les faire enrager juste histoire que ce ne soit pas un viol trop mou il aurait probablement changé de discours. Pour donner faire bonne mesure je lui crachais au visage, enfin je tentais. Le temps que je me prépare à lui engluer sa trogne satisfaite son copain s’était glissé derrière moi. J’ai dût avoir l’air particulièrement idiote en ouvrant de grands yeux ronds quand le démon dans mon dos se chargea de m’informer de la taille de son sexe en me l’enfonçant entre les jambes. Résultat, la salive me coula sur le museau au lieu de s’étaler sur le visage de mon interlocuteur.
Je poussais alors un petit grognement, entre douleur et surprise. Le membre me surinait l’entrejambe sans délicatesse. Exactement ce que je désirais au demeurant, c’est toujours la résistance de mon propre corps face aux agressions extérieures qui m’excite le plus. En réponse, une chaleur douteuse montait de mon bas ventre pour chercher à rallier d’autres parcelles de ma chair. Ma fourrure utilisée comme poignée, je souffrais un peu, mais la distance séparant mon postérieur du bassin de mon bourreau n’était pas bien grande. Il pouvait se permettre de m’empoigner pour me bourrer sans avoir besoin de me traîner, et il ne s’en privait pas. Je réprimais des gémissements, hors de question de céder si facilement, ils allaient devoir mériter que je sois leur chose. A la place je serrais les crocs, le museau froncé, les yeux fermés, encaissant chaque venue qui projetait légèrement mon corps en avant le temps que la poigne vigoureuse du violeur ne me ramène à ma place. La pierre du muret dérangeait ma fourrure sans me blesser, je n’y prêtais guère attention que pour me tenir convenablement et ne pas déraper avec l’avant du corps dans le vide. Ma queue s’arrangeait pour lui rendre la tâche moins facile. Sa base musclée lui imprimait une pression inverse sur les abdominaux, et l’extrémité fouettait l’air, régulièrement ses reins. Je me préparais à cracher une insulte sur l’oeunuque que devait être son père pour qu’il lui ait si mal apprit à baiser qu’il ait besoin de forcer ses partenaires. Raté.

Quelqu’un venait de m’empoigner les épaules en montrant la délicatesse du marteau de forge envers l’acier à battre. J’en avais les muscles endoloris, et une nouvelle raison de ronchonner s’offrait à moi. La tête à hauteur de verge pour le nouvel acteur confortablement installé sur son séant qui me faisait face, je compris ce qui allait arriver. Ma faconde naturelle entreprit néanmoins de s’assurer un nouveau coup de pub lorsque je rétorquais par réflexe «Hein ?». Il n’en fallait pas plus pour que le sexe, et tout le démon derrière, force le passage entre mes crocs. Sa verge s’installa sur ma langue, tapis moelleux, humide et chaud, puis elle s’enfonça, sans aucun regard pour les politesses d’usage, jusque dans ma gorge. La progression du gland se remarquait par une bosse que je sentais progresser, chaque veine du chibre m’enfonçant la glotte se faisant connaître de mon pauvre corps étiré. Je manquais de m’étouffer, la truffe contre le bassin du ruffian, en tentant vainement de reprendre mon souffle, le musc animal du sexe et de ses représentants masculins profitant des maigres bouffées d’air pour m’envahir les sinus. Je tentais de me tortiller pour échapper un peu à l’étouffement, mais la verge me pénétrant l’entrejambe refusa et m’enfonça jusqu’à ce que les couilles de son possesseur valdinguent contre mon corps, frappant au fond de celui-ci. Je m’en trouvais plus appuyée encore contre celui qui lui faisait face, s’installant confortablement dans ma gorge dont la recherche d’air forçait les contractions spasmodiques. Enfin le gland se redirigea vers ma bouche. Je ne perdit pas un instant pour tousser, cracher, inspirer en sifflant, mais ne fit rien pour retirer le sexe qui me remplissait ma foi fort convenablement le museau. Tout cet exercice respiratoire eut pour effet de lubrifier impeccablement le membre envahissant qui m’écartait les dents. Ma langue le parcourut aussi, pressant plus ou moins contre, l’installant bien au centre, sans que rien ne le justifie à part que je me débattais pour tenir une future apnée certaine.  De temps en temps, le coup de reins infligé à mon postérieur m’envoyait  vers l’avant. Le gland pressait légèrement à l’orée de ma gorge, mais celui entre mes jambes écartait sans pitié la chair se trouvant sur son chemin. Il frappait dans mon corps comme la tête d’un bélier contre une porte. Je mouillais, soit disant bien malgré moi, sous le joug d’un tel traitement. Quelques perles, après avoir fait reluire la verge jaugeant mes profondeurs, roulaient dans ma fourrure en y traçant des routes chaleureuses. Puis je pouvais à nouveau prendre de longues goulées d’air lorsqu’il se retirait, me laissant malheureusement vide, mon corps envieux m’électrisant fébrilement de désir que je refusais, en apparence. Tout cela aurait été nettement plus plaisant sur un divan, avec quelques coussins sous le ventre pour me placer dans la meilleure des postures, mais le fait d’être victime à quelques enjambées de la foule… la libido me projette vraiment dans un autre monde lorsqu’elle se combine à mes fantasmes. Et il frappe, fraye son chemin dans mon corps, me laisse une marque brûlante des lèvres humides jusqu’à son gland tout le long du chemin que sa verge épaisse occupe.

Oooooh ! Encore !

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Prélude / Re : Nãar, avatar de l'Orgueil [Valilouvée]
« le: dimanche 12 février 2017, 22:55:13 »
Salut Ko o/
Ko Nã-SBAM
AÏEEEUUUUUU

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Les bas fonds / Re : La vengeance démoniaque ~Raytee Lee~
« le: mercredi 08 février 2017, 19:33:31 »
 Une analyse rapide de la situation m’apprend qu’il pourrait exister des risques sur lesquels je n’ai pas suffisamment porté mon attention. Quel dommage. Quatre mecs taqués comme des statues de divinités impies me chopent dans une ruelle pour une vengeance, et ils ne pensent ni à la dérouillée ni à préparer la dinde. Je ne rencontre vraiment que des esprits vides d’imagination… Plaquée contre le mur, je regarde la lame apparue dans la main de mon agresseur principal. Les engrenages dans ma tête commencent à retrouver leurs crans. Ils s’imbriquent, tournant, pivotent, et le cliquetis de la machinerie emplit mes pensées, musique bien rodée du génie de la survie. Si je frappe ils vont s’y attendre, mais si je frappe mal pour viser ailleurs je peux en mettre deux au tapis. Je juge cela possible en considérant que leur résistance naturelle équivaut celle d’un humanoïde conventionnel. Si j’ai affaire à des gaillards de pierre et d’acier je suis partie pour bien couiner en sautillant sur une patte après mon coup foireux. Un petit dégagement préalable serait peut être plus intelligent. Probablement. Les mains couvrent un plus grand champ de possibilités que les pattes antérieures. Il me suffit d’attendre qu’il place son coup et de m’écarter pour percuter celui sur ma droite. Un bon coude de coude dans la trachée et je le piétine jusqu’à la lumière quelques enjambées plus loin. En pensée c’est simple. Dans les faits je vais en baver, mais je survivrais, et si le sort en décide autrement je vais casser plus que quatre crânes d’oiseau venus demander des comptes à la gardienne d’une étiquette que leur analphabétisme les a empêché de déchiffrer convenablement.

Mon regard est troublé. Ma poitrine se soulève doucement mais par petits à-coups, comme si la panique couvait dans mon cœur. J’ai les doigts fébriles, je les plie, les déplies, ils ne tiennent pas en place. Tout et fait pour l’image de la peur, de la crainte et d’une pointe d’espoir. Mais je ne leur laisserais aucune chance d’en finir avec moi. Promesse : Ils se mordront les doigts d’avoir levé la main sur moi. Les démons sont d’essence mauvaise. Les individus neutres ont la possibilité d’explorer et d’allier deux champs de possibles. Nous sommes plus inventifs, et plus recherchés dans l’expression de notre cruauté. Je les ferais supplier.

C’est du moins ce que je pensais en armant mon coup pour déstabiliser le démon à ma droite tout en me faufilant sous la lame de celui qui tentait de me taillader.
Et v’la que mon plan tombe à l’eau. Un trublion se mêle à mes plans. Il faut toujours qu’un grain vienne gripper la machinerie la mieux préparée. Comme si, au moment d’exister, le Destin lui-même s’était dit «Il faudrait que je trouve un moyen de me faire chier», et qu’il avait appliqué cette idée en cherchant chez chacun le moyen de parvenir au même résultat. Bien que les explications m’amènent à repenser mon futur, et à apprécier de nouveau l’idée des sévices qui me seraient faites, je n’avais pas envie que ce soit trop simple. Je suis une aventurière crénom ! Même si j’aime me faire plaquer au mur ce n’est jamais sans me débattre un peu ! Malgré les mains baladeuses venant chercher ma peau sous la fourrure, les doigts inquisiteurs déchirant mon haut. Mon putain de haut ! Est-ce qu’ils imaginent seulement à quel point je l’aimais ce haut ?! «Hé ! C’est pas parce que vous pouvez pas enfiler un pagne sans mode d’emplois qu’il faut déchirer ce qui fait preuve d’un peu de civilisation chez les autres !» Et pour affirmer mon agacement j’envoyais mon front percuter le nez du démon face à moi, tout en frissonnant à la sensation des paluches m’agrippant les fesses et s’aventurant entre mes jambes. Un petit grognement signala que je jouais la pas contente, et l’instant d’après le démon à gauche prenait mon coude dans la trachée. Comme je ne désire plus m’échapper, seulement me débattre et les forcer à me tourmenter dans les règles, je n’attaque pas le flanc droit. Un craquement se fait entendre quand je frappe du point dans les côtes flottantes de mon ennemi. Les pattes arquées, je tâche de le soulever pour le balancer sur son compagnon, profitant à la fois de l’élan gagné avec mon enchaînement et de mes appuis solides. Un frappé, l’autre avec son pote dans les bras. Il reste celui qui m’avait attrapé et dont je me suis dégagé de l’étreinte après un coup de tête, et son voisin sur ma droite. Ils sont frais, dispo, et je les attaques sans espoir de gagner puisque je sais qu’ils vont me maîtriser. Mais je m’assure tout de même qu’ils en chient un peu. Je suis Raytee Lee ! Pas la ménagère du notaire ! Avec un rugissement sauvage qui retentit jusque dans la grand rue, je me jette sur le plus proche. Je sais que personne ne viendra à mon secours. Personne ne vient jamais sauver les petites gens sans argent à Nexus. Pourquoi risquer sa vie pour une maigre somme ? Pourquoi risquer sa vie en étant quasiment certain que l’on y gagnera rien de bon même ?

«Prépare ton cul pour l'enfer ma salope ! Je t'y renvois sur une broche !»

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Oh que si j’étais sérieuse. Tout me poussait à l’être depuis l’enfance, car les saloperies n’attendant pas la majorité pour tomber sur les gens. Moi j’en avais connu une palanquée, et les cicatrices restaient bien présentent dans ma mémoire. Elles me disaient : la plus grande force du diable et de se parer des atours de l’ange. Rien de tel que de faire la gentille et de s’acquérir la confiance d’une personne pour la poignarder ensuite dans le dos. Je m’y connais en la matière, j’ai expérimenté des deux côtés de la lame. Je restais donc suffisamment sur la défensive pour lui coller un pruneau dans le citron si elle s’avisait de tenter quoi que ce soit d’un peu trop louche et violent. Mais en attendant je la laissais écarter mon arme par le canon, la mine maussade et dubitative.

«-Toi et moi nous ne devons pas avoir les mêmes histoires à raconter. Les miennes regorgent de faux semblants. Ça aiguise la paranoïa, désolée.»
Je me suis laissé aller dans mon fauteuil, toujours suffisamment alerte pour ma sécurité. Je l’écoutais alors d’une oreille qui pouvait sembler distraite. Le job d’aventurier demande certaines qualifications, surtout pour une femme seule comme moi, notamment d’être bon acteur. Je bougeais donc mon siège du bout d’une patte tout en l’observant d’un œil quelque peu dans le vague. Derrière celui-ci, la turbine tournait et engrangeait de l’information. Il était tout à fait possible qu’elle soit ce qu’elle prétende. Une sorte de collègue donc. Bon, il fallait tenter de positiver.

J’avais dans mon vaisseau une inconnue. Elle était armée. Elle parlait de magie en précisant qu’elle n’en manipulait pas une en particulier. Donc elle était tributaire d’un autre pouvoir. Trois points noirs. Mais elle s’était portée à mon secours. Elle était intelligente, elle avait agit sans avoir à poser de question ni attendre d’explications. Elle n’avait en effet pas l’air bien agressif, même si je préfère ne jamais parier sur l’apparence. Ce pouvait être une collègue, une sympa qui plus est, ce qui est rare dans mon métier. Les gens préfèrent se tirer dans les pattes pour récupérer le plus de gains possible. Et enfin, c’était une femme, et une mignonne. Pas de risques que Mr zizi vienne se mêler des affaires d’attributions, et moi je pouvais me rincer l’œil sans piper mot ni que ce soit bizarre. L’intérieur du vaisseau est tellement exigu que je n’ai tout simplement pas le choix. Je la vois, quoi qu’il arrive.
D’un autre côté, même la plus adorable des bestioles peut cacher une fourberie mortelle. Et les créatures comme elle et moi se placent nettement au dessus de ce que la nature sauvage peut produire de plus intelligent. C’est pour cela que je n’aime pas tellement tomber sur des aventuriers quand je suis moi-même sur un coup. J’ai beau aimer la compagnie, j’ai toujours peur. On peut me blâmer, mais je tiens à ma vie quand même, et j’ai déjà éliminé plusieurs soit disant compagnons qui auraient fait de même si je n’avais pas réagit.

«Bouge pas. Je vérifie un truc.»
Je la chopais alors par le col en la tirant vers moi en même temps que je me pliais, de sorte que ma truffe se retrouva si proche de son nez que j’aurais put l’embrasser. Durant une poignée de secondes je la reniflais des oreilles jusque dans le cou avant de me redresser.
«Moui. Tu as l’odeur de quelqu’un qui pourrait barouder sans être un salaud. On va dire que je te crois, je préfère ça que d’essayer de te tuer et que ça finisse mal pour une raison ou une autre. J’aime pas ce genre de choses…»
Je me trémoussais un peu en me rencognant dans mon fauteuil avant de répondre à ses questions.
«Moi je suis une simple terranide en vadrouille. Mon boulot c’est d’explorer là où les autres ne veulent pas fourrer leur nez. Catacombes, temples, ruines, forêts, tertres, entrepôts désaffectés, usines aux cuves défoncées. Je vais là d’où le vent a porté les rumeurs pour les vérifier. Une fois rentré j’essaye de revendre mes trouvailles. Ce n’est pas un travail très gratifiant mais c’est tout ce que j’ai, alors je le ferais de mon mieux jusqu’à crever. Je dois m’enfoncer encore de quelques milliers de kilomètres dans le coin. Paraît que des tribus discutent à propos de quelque chose qui se réveille. Probablement une prophétie quelconque, ou une bêtise qui s’est ancrée dans les mémoires jusqu’à devenir une parole divine. Pardonne moi si tu as des croyances, je ne les insulte pas, je parle d’expérience.» Tout en m’expliquant j’avais entreprit de démonter les quelques pièces constituant l’extrémité du canon de mon arme et je jouais avec en les replaçant.
«Ah et, attend. Je crois que j’ai un truc quelque part pour mon espèce. Je ne sais plus vraiment où c’est.»
Je me retournais alors rapidement dans le cockpit pour farfouiller. Les papiers au sol et les clefs de stockages parsemaient l’habitacle. Il me fallut plus de cinq minutes de recherche pour retrouver un dessin que j’avais réalisé et le projeter à l’écran. Il s’agissait d’une sorte de croisement entre une patate et un violent coup de pelle, avec peut être un tentacule et deux excroissances triangulaires.
«Je… C’est… J’ai tenté de dessiner ce que je dois être en animal… Mais je sais pas, je trouve qu’il manque un truc… Peut être la forme du museau, je sais pas, c’est bizarre.»
Je restais ainsi à contempler mon œuvre sur les écrans du cockpit. Ça ne ressemblait à foutrement rien, et je n’avais aucune idée de ce que j’étais réellement. Je n’ai pas répondu à la question sur mon véhicule. Pas envie. Si je buvais un peu j’en causerais peut être plus tard, ça m’arrive des fois…

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Les bas fonds / Re : La vengeance démoniaque ~Raytee Lee~
« le: mardi 07 février 2017, 17:08:53 »
J’aime bien Nexus, ce n’est pas la plus belle ville de Terra mais elle conserve tout de même une certaine majesté dans ses sphères les plus huppées. Personne n’y vit trop mal, sauf les individus situés les plus bas sur l’échelle sociale. Nexus place l’argent avant la vertu dans l’établissement de l’échelle sociale. Les plus riches, même s’ils ne sont pas particulièrement bienveillants, trouvent toujours un moyen de s’afficher en public sans subir l’opprobre liée à leurs commerces. Tous les systèmes ont leurs défauts. Même celui qui comprend la solitude, on s’en lasse rapidement, moi en tout cas je m’en lasse.
Mon travail m’oblige à m’éloigner de la civilisation, souvent pour une durée indéterminée. Je suis toujours heureuse de rentrer à l’un de mes chez moi après plusieurs semaines, voir mois, loin du confort douillet de mes petites boutiques. Je n’ai pas une grande fortune, juste assez pour me garantir une place avec une tache de soleil dans la jungle de Nexus. Ma profession n’assure ni une longue espérance de vie, ni la richesse et la gloire. Elle a toutefois l’avantage de me permettre de fricoter avec tous les milieux sans donner beaucoup de raisons. Je peux passer des bas fonds de la dernière cité du côté de St Pouilleux les Trous, et rencontrer ensuite une reine technocrate tekhane s’habillant avec le PIB annuel d’une région. Tout le monde veut ce que personne ne connait, parce que c’est forcément ce qu’il existe de plus intéressant. Parfois, la puissance importe peu. J’ai risqué la peau de mes fesses et de tout le reste pour trois pages bouffées par le moisi et puant l’urine. Pourtant j’en tire des mois de salaire si je trouve le bon acheteur. Tout est question de réseau et de chance, et le meilleur moyen de lier l’un et l’autre de façon à ce qu’ils dévoilent leur plein potentiel est encore la tournée des échoppes de boisson. Les gens discutent aussi bien dans les salons de thé que les tavernes d’alcool de bois. Une oreille avertie traînant çà et là y trouve son comptant de ragots prometteurs. La plupart ne mènent à rien, mais le peu qui se révèle intéressant vaut son pesant d’or.

Moi je viens de rentrer de mission, éreintée. L’aventure ne préserve pas des maux physiques du monde mortel. Je me demande ce que c’est d’être un dieu des fois. Jamais malade, jamais mal quelque part sans que ce soit pour une grande peinture théologique. Franchement, les petites divinités doivent avoir une vie de pachas. Tout le monde se fout de leur existence à part leur poignée d’adorateurs, et personne ne s’intéresse à leur causer des ennuis. Je devrais essayer d’en becter une pour lui chiper sa place, les papattes en éventail.
Rêveuse, je me laisse aller dans un gros tas de coussins amoncelé au fil des ans. Nexus profite d’un commerce médiéval. Les tissus et les colorants y sont encore aussi prisés que la drogue et le sexe. Trouver des coussins moelleux et délicats revient à chercher de l’eau dans une citerne pleine. Il y en a partout. Et moi je me vautre dedans en ronronnant de plaisir après une bonne douche bien chaude. Mon pelage fume encore. Mon joli postérieur arrondit fait cerise sur le gâteau. Le temps est clément à Nexus en ce moment, je ne mets presque jamais de vêtements chez moi.
Après un petit moment de détente apathique je me décide tout de même à accomplir ma première obligation de commerçante : maintenir le stock. Mentalement je me passe les derniers articles vendus à l’esprit. Je dresse ainsi la liste à peu près complète de ce qui doit se trouver dans ma boutique, dans mon entrepôt, et dans ma poche. J’ai encore de quoi tenir tranquille deux années. Mais c’est en comptant mes économies et sans réfréner mon train de vie. Je préfère avoir de quoi pour cinq ans, un mauvais coup ça peut vous détruire une fortune aussi facilement que le fléau bat un épi.  Je repartirais au travail dans moins d’un mois. Si possible il me faudrait une mission bêton. Un acheteur tout trouvé qui m’emploie pour aller lui dégotter un bidule perdu dans le trou du cul d’une bestiole dégueulasse et acrimonieuse. Bien entendu. Sinon ce ne serait pas amusant.
Il va falloir que je sorte. Les gens qui viennent vous chercher, plein d’argent et d’envie de le dépenser en vous suppliant de faire votre travail, ça n’existe pas. Soit ils décident de vous convoquer, de gré ou de force, soit c’est à vous d’aller les chercher directement dans leurs antres. Pour le moment je ne vois personne à l’horizon de mes contacts qui ait réellement besoin de mes services au point que je puisse lui faire cracher une somme importante. L’exploration des tavernes est requise. Mais plus tard…

Il est quatre heures de l’après-midi maintenant. Je suis sortit après avoir longuement délibéré avec moi-même. Il s’avère que j’avais de bons arguments, ce qui m’a fait gagner et perdre à la fois. Au lieu de me complaire dans la mollesse et les activités lénifiantes de mon terrier, j’ai bougé mes fesses. Je me suis vêtue une sorte de simili pagne. Autour de la taille me passe une corde de cuir et de soie mêlés. Elle est joliment torsadée, je l’aime bien. C’est elle qui enfile les petits anneaux argentés de mon bas, un ensemble de deux pièces de tissus rectangulaires descendant jusqu’à mes genoux. Les deux pièces d’étoffe sont indépendantes en temps normal, mais des orifices discrets permettent de les lier sur une dizaine de centimètres depuis leur sommet. On dirait des lacets de corsage rustique, cela me laisse la liberté d’une robe ample et fendue sur le côté à mi cuisse, et en même temps j’aime le côté un peu sauvage. Le rouge profond fait penser à la toile du fanion d’une quelconque maison fière et belliqueuse. Les bordures cousues de fils noirs abondent en ce sens. Pour le haut, j’ai décidé de prendre quelque chose d’un peu festif, j’ai suffisamment léché la mousse trente coudées sous terre pour apprécier de faire du bruit en public. C’est un petit top en tissu amidonné, rigide pour bien me tenir la poitrine, mais doublé d’un peu de velours à l’intérieur afin de ne pas accrocher ma fourrure. Il s’arrête juste au dessus du nombril et ne couvre pas les bras, s’arrêtant à la moitié du biceps. De petits trous cerclés d’argent sur tout le pourtour de la partie inférieure permettent d’y accrocher des breloques. Mes babioles à moi sont de petits bouts de métaux rutilants, des cailloux chatoyants et des perles coruscantes.  J’ai aussi passé un collier en maillons de chaîne tarabiscotés. Chaque maillon est en fait un ensemble de trois boucles de métal formant une illusion d’optique. Elles ne commencent ni ne finissent nulle part. Les rainures du cuivre qui les composent capturent la lumière. Enfin, pour mes pattes, j’ai enfilé une de mes paires de grolles préférées. Les coussinets son apparents, l’inverse rend la marche affreusement désagréable. Ce sont de longues chaussettes de cuir souple qui me remontent jusque sur le genou. Elles me couvrent le dessus des pattes et le talon, puisqu’il ne touche pas le sol ce n’est pas grave. Elles ressemblent à la version terranide de ces grandes bottes que portent les humaines lorsqu’elles partent à l’«aventure» à la campagne. Ou aussi à celles des chasseresses qui vivent de leurs prises dans les forêts. En somme, j’ai de quoi faire baver, et je suis fière de mon allure, heureuse de m’amuser un peu en ville pour quelques jours.

Je suis donc sortie maintenant. Dans la rue le soleil de quatre heures m’accueille. Il me reste encore facilement deux heures avant que la clarté ne décroisse, et une de plus avant qu’elle ne chute véritablement. Je peux donc m’adonner à une bonne partie de pêche aux infos comme j’ai l’habitude de m’y prendre. En premier lieu, un peu de parfum. Je connais une boutique qui fait des substances odorantes suffisamment délicates pour ne pas agresser mon flair. M’y rendre ne me prends guère qu’une vingtaine de minutes, et j’en ressors entourée d’effluves de cannelle et de gingembre, un brin laurier frais composant le fond olfactif. C’est un mélange de magie et de chimie, je sais que je ne serais pas la seule à le sentir, mais il restera acceptable pour mes sinus autrement plus sensibles que ceux du commun.

Guillerette, je m’en retourne à mes affaires moins frivoles. Il me faut encore une demi-heure de tours et de détours pour me rapprocher du quartier où je compte commencer ma quête. J’ai quitté ma maison depuis une heure déjà. Ma marche n’a emprunté que des avenues et des rues suffisamment larges pour que les charrettes s’y engagent et que la populace y forme une petite foule.
Les coins que je cherche à investir se trouvent loin du brillant de la civilisation. Il faut s’engager dans le réseau de petites venelles. Les maisons qui s’élèvent ici, étages empilés les uns sur les autres, ressemblent à des plantes s’étouffant mutuellement dans leur recherche de la lumière. La population y est nombreuse mais affreusement pauvre, ou bien marqué du sceau de l’infamie. Je vivais quelque part dans l’une de ces auges dans ma jeunesse, maintenant je ne m’y rends plus que pour le travail, et jamais là où je vivais avant. Je change donc de direction et m’enfonce entre les hauts murs. Les premières maisons sont bien entretenues, puis, après une dizaine de mètres, tout se dégrade. Ce n’est pas grave j’ai l’habitude.
Cependant il est une chose dont j’ai moins l’habitude : deux mecs à l’aspect patibulaire se plaçant épaule contre épaule au débouché de ma ruelle. Bon, je peux jouer de ma taille pour chercher à les enfoncer de l’épaule. Les rixes sont fréquentes dans les bas-fonds, la garde n’interviendrait pas même si je les égorgeais à vingt pas de la rue bondée dans mon dos. Elle n’interviendra pas non plus si eux m’égorgent. Une raison suffisante pour que je tente de rebrousser chemin. Je passerais ailleurs. Raté, deux autres gars m’attendent à l’autre bout. Je suis faite comme un rat, et je risque d’en voir de toutes les couleurs si je me transforme pour les massacrer. Il y aurait forcément du dommage collatéral. Mais je n’ai pas le temps d’y penser. Des mains puissantes m’empoignent en me faisant sursauter. Mon casque de musique tressaute sur ma tête, se dégageant un peu ce qui permet à la voix de l’homme de me parvenir. Je peux sentir une trace chaude suivant l’arrondit de mon oreille, une trace humide tandis qu’il lèche ma fourrure. Un petit frisson naît entre deux vertèbres, et se diffuse quand il me prévient qu’il va y avoir une vengeance. Je n’ai pas vraiment envie de finir en rondelles, mais en même temps je doute que ce soit l’idée. Les deux d’en face se rapprochent. A travers mon air perdu et un peu hagard je les observe, bien taqués, j’espère qu’ils ne vont pas trop me passer à tabac avant sinon je leur dirais d’aller se faire foutre chez la mort. Comme dans un réflexe de peur, je plaque mon corps contre celui de mon agresseur, ma fourrure se hérissant très légèrement dans le sillage d’une onde de tentation qui combat la turbine de mes méninges pour chercher en quoi un démon a affaires avec moi. Je ne parviens pas à mettre le doigt dessus, mais je me rappelle vaguement que j’ai vendu une babiole en assurant qu’elle provenait d’un lieu de culte démoniaque. He oh ! J’ai dit provenant d’un lieu de culte démoniaque. J’ai peut être bien appuyé dessus mais je lui ai pas vendu la clef des enfers. Pas ma faute s’il est con. En tout cas me voila attrapée pour les dieux savent quelles sévisses. Et ce avec vue sur les passants au débouché de la ruelle, quinzaines mètres plus loin. Je me demande comment ils ont prévu que ça se déroule, mais mon corps n’est pas contre une détente de type élargissement interne pendant quelques heures, alors je me débats de façon frénétique et avec des grognements rageurs, pour la forme, mais sans force.

9
Encore quelques minutes passées à me démener pour rien. Tout ce que j’y avais gagné c’était de me prendre un bon nuage de vapeur sous pression entre les oreilles. Si je n’avais pas baissé la tête il m’aurait brûlé le museau, au lieu de quoi c’était ma fourrure un peu plus longue sur le haut du crâne qui avait subit l’avanie. Le froid se mêlant de la partie, j’avais l’air d’avoir amidonné mes cheveux en faisant exploser un truc en plein milieu au passage. Je hais ma vie.
Ma vie le sait d’ailleurs. C’est pour cela qu’elle s’arrange pour aligner les motifs d’agacement les uns derrière les autres. Si je croisais celui qui s’occupe de ma destinée je refuserais une partie de poker avec lui, il ne ferait que des suites. Pour le coup, la carte suivante s’est abattue en la matière d’un choc sourd contre la carlingue de mon vaisseau. Pour faire bonne mesure j’y répondis d’un choc non moins puissant de mon crâne contre la coque métallique au dessus de ma tête. Oui, j’ai sursauté, j’avoue. Faut dire que jusque là je n’ai pas croisé grand monde qui s’égaye sur les étendues désertiques de la toundra environnante.
En prenant plus de précautions, j’extrais mon crâne endoloris de là où je l’avais fourré. Une litanie de ronchonnements s’échappe de mon museau. Je vais encore avoir une bosse. Je déteste les bosses.

Surprise, enfin à moitié. Il y a une nouvelle venue, cela je m’en doutais. Je pensais avoir affaire à un terranide qui allait me demander de rendre des comptes pour être venue me promener avec un joujou tekhane sur le territoire de notre espèce. Mais non, même pas. L’autre n’est pas bien grande, comparée à moi. Je vois bien deux oreilles à l’arrondit lupin, et une queue qui affirme encore un peu qu’elle est moi ne sommes pas si différentes. Mais cela mis à part, rien qui m’incite à la confiance. Il y a toujours matière à embrouille lorsque quelqu’un d’inconnu surgit à l’instant même où vous êtes perdu au milieu de nulle part. Elle, je ne lui faisait clairement pas confiance. Ma main sur la crosse de l’arme tekhane que je portais à la taille le montrait bien. Elle n’a pas semblé s’en émouvoir plus que si je lui avais parlé du beau temps. Tout juste si elle a remarqué que c’était un peu mon vaisseau dans lequel elle allait fourrer ses mains pleines d’ignorance. Je ne voyais pas comment elle pourrait l’amocher plus qu’il ne l’était déjà avec ses petits bras. Je l’ai laissé faire. Temps mieux, elle devait m’observer depuis un moment car il ne lui a pas fallut dix secondes pour empoigner les deux tuyaux que je peinais à maintenir l’un contre l’autre. Un coup de fondeur et tout serait réglé ! Liberté !
Mes outils reposaient dans la fine couche de neige malmenée autour de moi. En fait, cela ressemblait plus à une grosse tâche bariolée faite de croûtes cristallisée. La neige avait fondu plusieurs fois, mais le froid l’empêchait de rester longtemps à l’état liquide. J’avais moi-même une pellicule glacée autour des pattes. Comme une andouille je n’avais pas pensé à enfiler mes grolles avant de sortir réparer mon veau. Depuis un moment déjà j’en pays le prix, je ne sentais même plus mes coussinets. Pour cette raison, tout comme le fait que mes doigts menaçaient de ne plus répondre non plus, je me dépêchais d’attraper un outil ressemblant de loin à un marteau à cheville. En l’appliquant contre la cassure des tuyaux il les fit rougir peu à peu. Un cercle parfait plus tard, le froid finissait de refroidir la soudure, assurant qu’elle ne romprait pas à cause de la ductilité du métal chaud. Parfait, il ne me restait plus qu’à sauter dans mon vaisseau et à mettre le chauffage à fond avant de me transformer moi-même en glaçon.

Un dernier souci m’empêchait toutefois de mener à bien ce rêve. Il fallait que je sache ce que me voulait l’autre, ou au moins que je la remercie. Nan, d’abord le chauffage, le multivers entier devrait attendre pour le reste. Je refermais donc rapidement la carlingue de mon vaisseau, me dépêchant de visser les différentes parties entre elles et de recoller parfaitement le métal là où j’avais dû le découper.

«Oh putain putain putain putain putain…» Furent mes dernières paroles ponctuées de buée avant que je n’ouvre le sas de mon vaisseau pour m’engouffrer dedans. Pensez-y si vous devez effectuer des réparations sur territoire terranide : le faire dans l’équivalent des sous vêtements, shorty et top de sport, c’est une très mauvaise idée. Après avoir rampé jusqu’au tableau de commande et relancé le bousin je retournais passer ma tête à l’extérieur. Je devais avoir l’air fine, le museau multicolore et crasseux à la fois, seule la marque du masque se découpant proprement. «Ramène tes fesses toi, j’ai des questions et je vais pas chauffer tout le pays !» Et pour le coup je ne comptais vraiment pas !

L’intérieur de mon vaisseau ressemble à une pelle vu de haut. Il y a un cylindre matelassé dans lequel je peux m’allonger et dormir. Mais je ne tiens guère qu’à quatre pattes et le dos bas dedans. Une foultitude de petits rangements se cachent dans la cloison, rien de bien énorme toutefois, le plus gros du vaisseau c’est de la machinerie. Tout au bout de ce qui s’apparente au manche de la pelle se trouve le cockpit. Il n’y a pas de vitre sur l’extérieur. Il faut être dramatiquement con pour en mettre une, c’est mon avis. Ce sont des caméras qui récoltent les images de l’extérieur, et des écrans qui me les montrent sur la paroi interne, comme si j’étais assise dans l’air sans coque autour de moi. Juste sous les écrans se trouve le tableau de bord, et encore en dessous quelques pédales et des outils de première nécessité. Pour ce qui est de la personnalisation… Il y a des paquets de sucreries éventrés un peu partout, une forte odeur de sucre et un vague relent de stupre. J’ai aussi quelques films et peut être un livre qui traînent. Une enceinte en forme de boule qui me sert de veilleuse, de la taille d’un pamplemousse, mais c’est tout. Bien carrée dans mon siège de pilote, le chauffage me cramant le visage, je me suis tournée en direction de la couchette pour vérifier que l’autre arrivait bien.

«Rabat derrière toi et fait pivoter la poignée sur la gauche. Après tu me diras qui tu es, d’où tu viens, et ce que tu faisais là. J’te déconseille de te foutre de ma gueule, j’ai beaucoup apprécié ton aide mais j’ai aussi toutes les raisons du monde d’être à cran. Sérieux, regarde ma fourrure ! Ma pauvre fourrure…» J’avais pausé mon fusil d’assaut en travers de mes cuisses tout en me lamentant sur l’état dans lequel je me présentais, canon braqué sur l’inconnue.

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Pfffff, c'pour ça que je vais jamais sur Terre. Trop fainéants pour seulement lever le nez et voir qu'y a d'autres monde. Restes donc a te peigner la raie, le reste te dépasse. èwé

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Genre t'as cru avec ta toison inexistante t'allais m'apprendre la survie. Ça fait 22 ans que je sauve mon cul sur Terra, c'est un autre job que de se peindre le nombril sur Terre. Tssk ! Pfpfpfpfpf ! è3è

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Bwwwaaaaa-lut ! Et bienvenu ! o/

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Fait attention Ray, tu pousses un peu trop sur le champignon. Gaffe à décoller la patte du plancher Ray, tu vas faire sauter la machine. Tu verras Ray, un jour tu vas te retrouver sur la route comme une andouille avec la machine qui t’insulte. Putain Ray ! Si c’est pas le zinc qui t’encastre dans un mur c’est moi qui le ferais la prochaine fois que tu me le ramène dans cet état !
Bon j’admets, je suis du genre à écraser la pédale et à bidouiller le moteur pour le forcer au-delà de ce que la prudence recommande. Mais la prudence me dit aussi de ne pas suivre les rumeurs de types louches et de ne pas aller dans des souterrains où des flèches clignotantes indiquent que le dernier éboulis date de deux heures. Mais si je devais me référer à la prudence et à ce qu’elle attend de moi à chaque instant de ma vie je ne pourrais pas me payer le luxe de la liberté. J’ai toujours été un paria. Le genre d’individu qu’on regarde en coin même sans le connaître. Je dois puer la suspection  à dix lieu par ce que ça ne rate jamais, y a toujours quelqu’un pour croire que je suis le genre à cacher une barre de fer sous la veste. Mais bref. Tout ça pour dire que, pour une fois, j’aurais dût laisser sa chance à la sécurité.

«-FFFSSSS !» a rétorqué le tuyau en me couvrant le museau d’un truc chaud et puant, et certainement toxique.
«-RRRHHAAAAAAA !!! Tiens ! C’est tout ce que tu mérites saloperie !» J’ai donné un coup de poing dans la carlingue. Mauvaise idée. Bien que le modèle monoplace que je me suis payé se trouve dans le milieu supérieur de la gamme actuelle, il est fait pour encaisser. Et il encaisse des trucs de quelques tonnes, dont mon poing, qui lui n’est pas de manufacture tekhane.
«HRZFRZGFZ !!!» Ça fait très mal de taper dans un blindage avec les jointures, n’essayez pas.

En vérité ma colère ne venait pas tant de la giclée reçue en plein visage. Après quelques heures de manipulation elle s’ajoutait à une liste déjà longue. Mon superbe pelage, pour lequel j’entretiens une grande fierté car il me permet souvent de choper des bons coups, disparaissait sous un mélange de couleur parfaitement affreux. Je passais du rose au marron, puis du marron au bleu et au violet avec des reflets huileux. Ce patchwork coloré s’accompagnait bien entendu d’un bagage odorant non moins remarquable. J’en avais les larmes aux yeux. Il m’arrive souvent de négliger mon apparence au profit de ma survie. Je peux tenir quelques semaines sans vrai bain, voir quelques mois dans les situations les plus stressantes. Mais jamais je n’apprécie de me voir dans un tel état que je me répugne moi-même, cela me serre la gorge et j’ai envie de pleurer quand ça m’arrive. J’ai toutefois retenu mon bras. Me frotter les yeux ne ferait qu’empirer les choses, une bonne dose de produits chimiques n’est jamais conseillée pour leur fonctionnement. Mon masque m’en empêchait aussi.
Histoire de ne pas terminer en loque humide et salée j’ai augmenté le volume dans mon casque audio, rabattu une nouvelle fois les oreilles en arrière, et entreprit de fourrer mon museau sous la carlingue. Encore.

Tout en farfouillant dans l’embrouillamini de câbles, de tuyaux, de fils et d’arcs crépitant, je repensais un peu à la raison pour laquelle je me retrouvais ici. Je m’étais promenée en ville, chez les tekhanes, jusqu’à rencontrer un type bizarre. Pas plus que les tekhanes ceci dit, mais bizarre comparés aux autres bizarres du coin. Pour le coup j’avais vu juste, il venait d’ailleurs, et il cherchait quelqu’un pour lui tenir la jambe en lui payant un verre. Je n’avais rien à faire et ce sont souvent ces plans sans débouchés qui me mènent finalement à quelques pistes pour mon travail. Cette fois bingo ! Je dégottais l’adresse d’un de ses potos qui pourrait me filer une soi disant carte au trésor. Et je n’avais même pas les groles salopées de vomit. C’est dire si je commence à me placer au dessus du lot.
Le coin devait se trouver dans un territoire pas trop déplaisant pour moi. Ma terre, pour ainsi dire, là où les terranides se planquent des violeurs professionnels et de leurs gros bras qui nous vendent aux enchères. Avant cela je devais toutefois me rendre chez le fameux ami de mon informateur, et lui se situait en territoire Ashnard. Autant le dire, ce n’est jamais une partie de plaisir pour moi que d’aller pointer mon museau par là bas. Mais les affaires sont ce qui permet de vivre correctement, je n’avais pas le choix. Et à vouloir trop me presser j’avais niqué mon engin sur le chemin du retour. Fichue machine, en plus je ne pouvais pas réparer ça seule. Il m’aurait fallut au moins deux mains de plus pour tenir les deux bouts d’un tuyau l’un contre l’autre le temps que je les soude. Une cale n’aurait pas put faire l’affaire, pas assez de placer pour. J’étais fichue. J’allais probablement me faire violer trente-six fois par une troupe de passage avant d’avoir seulement l’espoir de repartir sans boiter mais en volant…

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Prélude / Re : Konoka, Japonaise perdue [Validarthée]
« le: dimanche 05 février 2017, 14:27:59 »
Bwaaaaaaaaaa-venue o/

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Merci o/
Peut être nos pérégrinations respectives nous feront-elles croiser nos chemins :3

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