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Messages - Laura

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: mercredi 24 décembre 2014, 01:56:20 »
La jeune fille restait immobile depuis longtemps ; si longtemps que de ses bras nus s’étendaient maintenant des toiles d'araignées, et que quand elle cligna des yeux à nouveau ses cils chassèrent des petits flocons de poussière. Les visiteurs, figés dans leurs positions respectives, se mettent à reprendre du mouvement lentement, hésitants comme de vieilles mécaniques rouillées. Des regards s'échangent lentement entre les trois personnages ; étions nous endormis ? Sommes nous réveillés ? Un frisson les agite tous, et la couche de poussière qui les couvrait s'évapore dans une volute diaphane ; c'est un frisson qui vient d'ailleurs, qui secoue la peau et les os, un grondement qui se transmet par les pieds au travers du sol. La maison l'a ressenti aussi : elle vibre d'un mugissement sourd à travers chaque poutre et chaque latte.

« Il s'impatiente... », la petite murmure en tordant ses mains maigrichonnes, ses grands yeux paniqués regardant autour d'elle. « Nous avons un problème... oui, un problème ! »

Les tremblements s'accentuent par poussées, redescendant régulièrement pour recroître de plus belle. Les personnages évaluent des possibilités, envisagent de fuir par la porte ; mais privés de leur libre arbitre ils restent sur place à claquer des dents, craignant d'être déchirés avec le tissu de la réalité.

Le récit trop longtemps endormi sort de sa torpeur en baillant, fait ses étirement la gueule grande ouverte et emplit l'air d'une odeur de charogne. Il secoue sa lourde tête, fait ondoyer sa trame narrative. Les portes des meubles s'ouvrent et brinquebalent, et leurs contenus s'échappent en rythme stochastique pour frapper le sol ; assiettes de bois et pots en terre rebondissent et se fracassent de concert, accompagnés par le craquement du bois, le tonnerre des armoires renversées, et des volets qui éclatent en milliers d'échardes. Un bruit de vieilles brindilles qu'on brise et de tomate qu'on presse, et la jeune fille s'aplatit du bas vers le haut, écrasée par un pouce invisible ; cervicales, fémurs et le reste sont émiettés, comprimés, éclatés tout fluide dehors, et la galette de chair est jetée à la mer. Les protagonistes hurlent tandis que les pierres des murs se déchaussent autour d'eux. D'acteurs à spectateurs, ils se regardent et s’auscultent mutuellement de leurs regards horrifiés, se voient bouger à reculons, entraînés par leurs jambes qui s'activent à rebours, comme articulées par des fils invisibles.

La bâtiment dont ils ont été extraits n'est plus qu'un souvenir qu'ils contemplent de face en s'en éloignant, un champs de terre labouré par un soc gigantesque. Et un essaim de pierres et poutres qui zonzonnent au dessus du sol avec un grondement de tempête. Il en fait pleuvoir, des briques, des volets, des tuiles et des portes, imprimant les fondations dans le sol et élevant des chaines de maisons mal fagotées les unes en face des autres. Le bruit est de plus en plus étouffé pour les deux voyageurs, qui marchent dans leurs propres traces en les effaçant.

Le titanesque chantier finit par disparaître derrière les reliefs et se faire totalement inaudible. Alors le grand horloger frappe sa montre d'une pichenette, et l'aiguille des secondes se remet à tourner dans son sens habituel. Avec elle, les membres des deux aventuriers retrouvent leur mobilité normale, et l'expression de leur visage revient à une certaine neutralité.

« Si c'est important pour toi, sache simplement que je n'ai rien à faire à Castelquisianni. J'y vais simplement guidée par mon intuition, même si celle-ci m'a souvent trompée. En fait, je compte une peu sur toi et la chance pour me donner des idées, une fois arrivée là bas... J'espère que je n'émousse pas ta loyauté, petit homme ! » achète-t-elle en gloussant.

Arrivée en haut de la colline, la constatation que la ville est bien là où elle avait pensé la trouver renfloue légèrement l'ego de Laura. Elle se tourne vers son jeune compagnon avec un sourire ;

« Nous y voilà encore un petit effort, chevalier, nous y sommes ! »

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: mercredi 10 septembre 2014, 12:14:14 »
« Malveillant ?... » répondit-elle simplement, légèrement anxieuse. Décidément, la frousse de cette humain lui était communicative. Peut être aurait-elle dû se reprendre et garder la tête froide pour deux. Le garçon ne semblait pas en état de diriger cette exploration. Un grincement de porte et l'apparition d'une jeune fille lui épargna cependant cette peine. Fée ou non, elle n'était physiquement pas bien menaçante, et Ozvello pourrait toujours la poignarder en cas de problème. Les deux intrus se dirigèrent vers cette demoiselle, avant qu'elle ne prenne la parole d'une voix passablement enrouée.

Au moins, ce sourire sans émotion rassura quelque peu la Sirène, qui se détendit. Elle avait du se tromper sur le compte de l'inconnue. Celle-ci souriait comme une humaine, jusqu'à en être un cas d'école. Ces créatures terrestres, particulièrement celles des villes, avaient pour coutume d'effectuer ce genre de "faux sourires" à de nombreuses occasions et, bien que Laura n'ait jamais réussi à vraiment saisir toute la logique de ce rituel, adresser la parole à un inconnu était de ces situations où déformer les joues sans plisser les yeux s'imposait.

Son jeune guide de se présenter, et elle d'en faire autant, dans les grandes lignes, le singeant à la limite de l'ironie :

« Je m'appelle Laura, et ne peux que confirmer ce qu'affirme le jeune mâle ; c'est un plaisir de faire une rencontre si charmante, et c'est une chance qui m'est donnée pour la première fois aujourd'hui. »

Laura se sourit à elle même, lançant à peine un regard en coin à Ozvello, pour apprécier sa réaction. Elle espérait que sa pique le ferait sourciller. Il l'avait méritée, après tout, pour avoir mis la beauté de des deux femmes sur le même plan, dans son élan de flatterie. Grave impair. Hors de question que la brune laisse insinuer que cette humaine de rang inférieur et aux cheveux négligés, aussi bien faite soit-elle, puisse porter concurrence à la grâce d'une Sirène. Question d'orgueil, d'abord, et de bon goût, ensuite.

La Sirène saisit sa chevelure entre ses mains et la remonta au sommet de son crane, découvrant des pans de chair jusque là noyés sous la noirceur de ses mèches. Une peau pâle et lisse, tendue sur les arêtes de ses omoplates et laissant se dessiner entre elles le discret relief de la colonne vertébral ; « Vous vivez seule là dedans ? » Des épaules minces, légèrement anguleux à la naissance de la clavicule. Des aisselles glabres, Mésopotamies d'une musculature gracile, sous lesquelles l’œil attentif pouvait percevoir le début de la zébrure des côtes, accentuée alors que les deux bras s'étaient hissés pour s'affairer à nouer le chignon de la belle. Celle-ci n'était pas pressée ; elle faisait de son exercice une parade langoureuse et feignait de n'avoir d'yeux que pour la nouvelle venue.

La petite était belle, c'est vrai. Malgré son état piteux et négligé, elle dégageait sans aucun doute une grâce indissociable de sa fragilité. Laura se laissa aller à un sourire bienveillant à son égard, tout en achevant son ouvrage ; la copieuse cascade noire était maintenant réduite à la discrétion, sous la forme d'un chignon serré. Celui-ci laissait cependant échapper une épaisse mèche sombre dont la pointe balançait à quelques centimètre du milieu de la nuque de la Sirène, dont les oreilles respiraient enfin.



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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: dimanche 27 juillet 2014, 22:26:25 »
Oui, pâle c'est mieux que bronzé.

Me voilà plus pâle encore, mais moins terne.

12h12

Et je vous interdit de penser que je pourrais avoir fait un quelconque trait d'humour basé sur une réponse à une question mal posée.

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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: dimanche 27 juillet 2014, 20:48:04 »
En parlant d'avatar, je me sens belle comme un rosier en pleine floraison :)

12h12

[Edit : Mais maintenant que je viens de poster, j'ai l'impression d'être toute terne en comparaison de vos couleurs chatoyantes ... T.T ]

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: samedi 19 avril 2014, 10:11:59 »
« Oh, de la musique. » releva simplement Laura.

Elle avait décidé de laisser Ozvello agir, c'est pourquoi elle ne fit aucun mouvement jusqu'à ce que lui même se décide à pénétrer les lieux. Ceux-ci n'avaient rien d'effrayant et, pour tout dire, la Sirène ne voyait pas en quoi cette ferme pouvait différer de n'importe quelle construction de main d'homme. Mais certainement son jeune guide avait l’œil plus entraîné à reconnaître ces choses là ; si quelque chose l'inquiétait, elle, ça n'était rien d'autre que la réaction de son compagnon. Et encore. Non, elle ne se sentait décidément pas menacée. Elle fit le tour des lieux en passant ses doigts sur les meubles poussiéreux, s'amusant à les recouvrir de d'une douce pellicule grise et à faire voler de petits nuages derrière elle. La semi-obscurité ne la dérangeait pas vraiment ; les yeux de ses semblables avaient la capacité de percer la lourde noirceur des fonds marins, et, dans cette cuisine éclairée par une faible chandelle, la Sirène n'avait rien à envier à la finesse de perception d'un chat.

« Je ne perçois nulle sorcellerie... j'ai déjà vu des portes s'ouvrir par des mécanismes tarabiscotés, et tout le monde trouvait ça normal. Enfin, tu dois savoir mieux que moi – je suis musicienne, je n'y connais rien en portes. »


Elle frotta ses doigts l'un contre l'autre pour les épousseter et pivota nonchalamment pour marcher jusqu'à une embrasure sans porte, qui traversait la roche d'un mur massif. Dans une large salle non éclairée et aux volets fermés, elle repéra un escalier qui, de doute évidence, menait à l'étage supérieur. Elle s'engouffra dans la pièce rectangulaire, où la lumière était rare au point qu'Ozvello n'y distinguait sûrement pas grand chose, et s'arrêta au pied de l'escalier dont les marches étaient recouvertes de la même couche de neige grise uniforme que les meubles et le plancher. C'est drôle... aucune trace de pas. Peut être bien qu'une quelconque magie était à l’œuvre ici, finalement. Si c'était le cas, elle semblait plutôt bienveillante. Ne les avait elle pas invités à entrer, tout en prenant soin de leur offrir la lueur d'une bougie ?

Laura jeta un coup d’œil ascendant : l'étage supérieur était bien plus sombre que leur position actuelle, mais encore une fois, ce genre d'ambiance n'était pas de celles susceptibles de l'effrayer : à moins de se trouver dans le noir complet, elle y verrait toujours bien assez pour se repérer aisément.

« Je vais voir là haut. »

Sans rien ajouter, elle entama l'escalade d'un pas souple et relativement silencieux, malgré les craquements plaintifs que ses pieds arrachaient parfois aux planches. Elle restait l'oreille aux aguets, attentive à cette mélodie aux notes brèves et clinquantes. C'était sans aucun doute de la musique d'humain. Ceux-ci avaient souvent recourt à des sons discontinus, au contraire des Sirènes, qui n'utilisaient pour tout instrument que leurs voix. Un signe distinctif qui était particulièrement marqué ici. Qui dit musique dit musicien... il y a donc un humain ici. Ou une créature qui joue de la musique d'humain ?...

Elle déboucha dans un couloir où de fins rayons de lumière, traversant les volets des pièces alentours, venaient trancher par endroit l'obscurité. La musique provenait de plus haut encore, de toute évidence ; Laura se dirigea directement vers un second escalier, posé à l'autre bout du couloir. Elle posa le pied sur la première marche puis... se ravisa. Elle resta quelques secondes au pied de l'escalier, à écouter. Le son lui parvenait encore faiblement, mais elle en distinguait toutes les notes... c'était une très jolie musique, fascinante, peut être parce que tellement différente de ce qu'elle pouvait entendre dans son monde... elle posa la paume sur la vieille rambarde, incapable d'avancer. Elle s'était franchement éloignée de son compagnon, attirée par cette mélopée de tintements. Elle ne pouvait s'empêcher de penser aux marins, qui, happés par la beauté d'un chant de femme, se laissaient entraîner dans un rêve dont ils ne se réveillaient jamais. L'homme, ou la chose, qui vivait en ces lieux n'était pas nécessairement leur allié, même s'il semblait se montrer aceuillant.

« B-bonjour ? »

Le son de sa propre voix, brisant soudainement le silence, la fait frémir violemment. Elle rebrousse chemin à petites foulée précipitées, descend, les escaliers et se présente devant Ozvello, le cœur lancé dans une course folle.

« Tu... tu viens avec moi ? »


Sans attendre sa réponse, elle se place du côté de sa cheville blessée pour l'aider à marcher, bras dessus bras dessous. Et, à moins qu'il ne proteste, elle lui fera gravir les deux escaliers. L'inconnu, à deux, semble toujours plus aisé à affronter.

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: lundi 14 avril 2014, 12:52:26 »
[Suite à une mauvaise manipulation de votre Sirène favorite, le pavé que vous auriez du prendre dans la gueule fut perdu. Pour cette fois, l'action sera résumée en quelques lignes (et ça nous fera pas de mal de respirer un peu, hein?)]

« Quant à ce que vous souhaitez faire au sein même de cette ville, vous voudrez peut-être me le dire ? »

Cette question reste sans réponse jusqu'au sortir de la forêt, puisque sinon la narration précédente en serait contredite. Cependant, cette interrogation ne cesse de tourner dans la tête de l'ondine, tandis qu'ils randonnent en direction de leur objectif ; Laura s'abandonne donc à l'introspection, et finit par en tirer la conclusion qu'elle n'a aucun objectif précis, et qu'elle se fait sûrement des idées à propos de Castelquisianni. Cela n'émousse cependant pas sa détermination à avancer car, comme elle le fait remarquer de but en blanc à son jeune compagnon alors qu'ils débouchent tout deux dans la plaine :

« Il faut bien aller quelque part, j'imagine. »

Prise par la double envie de se confier et de le taquiner, elle lui fait l'aveu suivant, tandis qu'ils escaladent le relief au sommet duquel ils verront la misérable bâtisse qui trône en lieu et place de ville :

« Si c'est important pour toi, sache simplement que je n'ai rien à faire à Castelquisianni. J'y vais simplement guidée par mon intuition, même si celle-ci m'a souvent trompée. En fait, je compte une peu sur toi et la chance pour me donner des idées, une fois arrivée là bas... J'espère que je n'émousse pas ta loyauté, petit homme ! » achète-t-elle en gloussant.

Arrivée en haut de la colline, la constatation de l'absence de ville met un coup à la détermination de Laura. Crotte de poulpe, jure-t-elle en elle-même. Elle écoute cependant les conseils avisés de on guide avec une attention certaine, et finit par hocher la tête d'un air approbateur.

« Très bien, allons frapper à leur ouïe, alors! »

Et les deux voyageurs descendent jusqu'à l'entrée de l'habitation. La sirène hésite un moment devant la porte et se tourne à nouveau vers Ozvello :

« Je... il serait mieux que je te laisse parler. »

Et elle frappe le battant de sa main gauche, avant de la laisser retomber le long de son corps, masquant sa douleur derrière un visage inexpressif, maudissant intérieurement cette coutume masochiste de s'interpeller en frappant du bois avec les jointures.

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: lundi 24 février 2014, 18:00:35 »
Pas insensible à la flatterie, la Sirène minauda comme une adolescente devant le premier charmeur venu. Pour sûr elle avait de la grâce, et il était toujours plaisant de l'entendre relever de si belle manière. Elle se voyait déjà dans une parure de reine, étouffante mais chatoyante, au milieu de ces Hauts Hommes. Si son guide lui assurait que c'était possible  - et c'était bien ce qu'il faisait, à moins qu'une nuance n'ait échappée à l'esprit sagace de l'ondine - elle saisirait sa chance. Peut être qu'elle aurait la chance de faire la guerre.

Alors, fille de bailli ou de bourgeois ? Qu'est-ce qu'un bailli, d'ailleurs ? Elle aurait bien opté pour la réponse du bailli - la sonorité était bien plus plaisante que celle de "bourgeois" - si elle seulement elle avait eu la moindre idée de ce sont il s'agissait. Et son ignorance l'aurait sûrement faite pencher vers la deuxième réponse, si elle avait eu plus de connaissance de ce côté là.

« Fille de musicien ! »

Elle n'en dit pas plus. Elle espérait bien qu'il n'en demande pas plus non plus, car elle risquait fortement ne pouvoir satisfaire sa curiosité. Toutefois, fille de musicien était le rôle qu'il lui semblait le plus aisé de jouer. Après tout, elle aurait été bien en peine de soutenir une conversation sur autre chose que la musique ou la poésie, sans que son interlocuteur ne commence à trouver son inculture générale étrange.

« Mais mon père est mort, et ma mère aussi. Donc voilà. »

Voilà qui lui éviterait des questions auxquelles elle ne pourrait répondre.= : Les ancêtres décédés, le sujet était clos, en principe. Une bonne chose de faite. Peut être aurait-il été avisé de prendre un air chagrin, mais c'est bien trop tard qu'elle y pensa. Elle ne se laissa pas tracasser trop longtemps par son erreur, suivant avec attention l'exposé que lui donnait Ozvello de sa cité natale.

Le récit était fascinant et, bien qu'elle ne le comprit que partiellement, elle ne disait mot, se contentant de hocher la tête en encourageant le bavard de son regard pétillant de curiosité. Il lui faudrait certes reprendre la parole à un moment où à un autre, mais que pouvait-elle répondre à tout ça ? Pas grand chose, en vérité. L'expérience et le vécu lui manquaient cruellement, pour mettre des images sur les mots qu'Ozvello bombardait sur elle. Pour l'heure, elle ne pouvait que fantasmer. Des paysages rutilants se déployaient dans son imagination : des tours effilées grattant les nuages, des bâtiments énormes formant des dédales aux formes insensées, de larges avenues fleuries encadrées par des façades de granite blanc aux nervures bleues. Quelques hommes et femmes, jeunes, beaux, vêtus de manière extravagante, affairés à... à leurs affaires d'humains.

« J'ai vraiment hâte d'y être ! »

Mais je risquerais de m'y perdre...
songea-t-elle, je ne peux pas prendre le risque de faire autant de bêtises qu'à Nexus. Je n'aurais peut être pas de la chance éternellement... il me faudra absolument un guide.

« Il faudra que tu m'expliques... une foule de choses. Tous les hommes te connaissent, là d'où tu viens ? A Nexus, j'avais beau m'attirer des ennuis, il me suffisais de m'enfuir et on ne me retrouvais jamais ! Je ne veux pas te faire tuer, évidement, mais ce serait quand même très pratique si tu pouvais entrer avec moi. Je ne connais pas grand chose aux villes. »

Peut être parlait-elle de la survie du jeune homme avec trop de légèreté. Après tout, c'était certainement un sujet qui lui tenait à cœur, à lui. Il avait pourtant l'air si dévoué qu'elle se demandait jusqu'à quel point il serait capable de négliger ses propres intérêts.

« Enfin, tu feras comme bon te semble, évidemment. » ajouta-t-elle avec un sourire bienveillant. Elle n'aurait pas le cœur de l'entrainer à sa perte contre son gré, s'il préférait finalement se dérober. Et puis, ç'aurait été plus dangereux et contre-productif pour elle.

[...]

Les deux "amis" ne tardèrent effectivement pas à croiser le chemin d'un passage à gué, que la Sirène n'envisagea même pas d'emprunter, sûre qu'elle était de sa destination. Elle ne déviait pas d'un pouce de sa trajectoire, et suivait le courant de manière rectiligne, ignorant les fluctuations du lit en largeur et en profondeur, quitte à marcher pieds et mollet dans l'eau, quitte à entrainer le gentil-jeune-homme dans le sillon de ses clapotis décidés (non, ne soyons pas mauvaise langue, elle ralentissait assez, lorsque nécessaire, pour qu'il reste à son côté). Heureusement pour Ozvello, dont la fierté était sans doute le pire des instincts possibles entre les griffes de sa créancière, la tendance à l’élargissement du fleuve fut bien vite effacée par son austère opposée, et les flots dilués se resserrèrent progressivement en un courant profond pour s'enfoncer avec un calme grondement entre les pente douces qui se formaient inexorablement à ses flancs. Bientôt, l'inclinaison du terrain devint trop marquée pour y randonner convenablement, et le couple de marcheurs dut s'écarter du rivages de plusieurs mètres pour progresser aisément. Les arbres, eux, se clairsemaient, et de discrets souffles d'air chatouillaient par moment la peau de Laura ; à mesure qu'ils avançaient, les arbres se faisaient de plus en plus rare et la brise de plus en plus insistante, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent au beau milieu d'une plaine battue par le vent, à peine bosselée par des reliefs recouverts d'une herbe inégale et terne. Les bourrasque firent voler à plusieurs reprises les cheveux de la noiraude ainsi que son vêtement de fortune, amenant chaque fois à ses narines l'odeur discrète et familière du grand large. Une odeur qui aurait été réconfortante, en d'autres situations. Seulement, ici, elle indiquait que la mer était dramatiquement proche... alors que les voyageurs n’apercevaient toujours pas signe de vie sédentaire. Une émotion désagréable, à mi chemin entre la panique et la honte, noua les entrailles de Laura. Il devrait y avoir une ville ici. Non, pas ici, mais au bout de ce fleuve. Elle était sûre de suivre le bon fleuve. Elle ne reconnaissait pas l'endroit. Elle ne voyait pas de ville. Pas de village. Rien du tout.

Mais peut-être, en grimpant ce petit relief, là devant ?...

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: mardi 31 décembre 2013, 16:01:54 »
Le compliment caressa à nouveau l'ego de la Sirène, bien qu'il n'eut dans les fait rien de très rassurant. Encore une fois, Ozvello mettait implicitement en doute l'humanité de son interlocutrice, et celle-ci n'avait pas la moindre idée de la manière dont elle était censée répondre à ces accusations en sourdine. Les ignorer, c'était certainement la meilleur chose à faire, décidément. Plutôt que de travailler à sauver sa couverture, elle préféra entrer dans le jeu de son flatteur :

« Qui te dit que tout ceci est réel, et que tu ne reposes pas en ce moment même au fond du torrent ? Penses-tu qu'il y ait de grandes chances pour que quiconque vienne à ton secours, dans cette région inhabitée ?... En réalité, ton cerveau se berce de douces rêveries pour alléger son agonie. Mais que cela ne t'empêche pas d'en profiter. »

Un léger rire découvrit la blancheur impeccable de sa dentition bien ordonnée. Ses cheveux noirs étaient de nouveau lisse et soyeux, et bien qu'elle ait passé toute la nuit à les démêler soigneusement, elle ne pouvait s'empêcher de les faire glisser sans cesse entre ses doigts, à la recherche d'une quelconque imperfection. C'est donc le visage légèrement incliné de côté, ses deux mains s'activant lentement sur les ondulations de sa crinière, qui passait toute entière par dessus son épaule, qu'elle observait Ozvello. La cape était maintenue par deux fins morceaux deux bois qu'elle avait taillés en pointe à l'aide de la dague du dormeur et soigneusement débarrassés de leur écorce. Ceux-ci perçaient chacun le tissu en deux endroit et faisaient office d’agrafes de fortune. Laura doutait être capable de poignarder quiconque avec des outils d'une si médiocre facture, mais au moins n'avait-elle plus à tenir elle même son habit. Et puis, selon le besoin, elle pourrait toujours emprunter à nouveau le poignard du jeune homme.

« C'est volontiers que je vous la laisse ! Cependant, moi qui pensais avoir eu un... euh, privilège particulier... en vous trouvant... dans votre plus simple appareil... Puis-je m'inquiéter du sort de vos affaires ? Il m'a semblé que vous aviez l'élégance d'une princesse, et que vous deviez avoir des atours en accord. Si vous n'en possédez pas, alors nous vous en trouverons à la prochaine ville... ?
- J'ai malheureusement du laisser mes vêtements derrière moi pour secourir un malheureux happé par les flots. Il nous faudrait traverser la rivière pour les retrouver, et je crains que cela n'en vaille pas la peine. »


Elle observa en silence Ozvello qui tentait de se mouvoir à l'aide de son bâton et les pieds nus. Sa curiosité la démangeait au sujet ce cette paire d'artefacts, mais elle ne chercha pas à en savoir plus pour le moment. Elle avait une foule de questions à poser, et si cela pouvait leur donner à parler durant le trajet, ça ne serait pas plus mal. Quelque part, elle était excitée à l'idée de passer quelques heures seule avec cet humain. Les conversations qu'elles avaient tenues jusqu'alors sur le continent avaient toutes été plus ou moins sources d'angoisse, du fait qu'elle se trouvait perdue et isolée dans un environnement étrange et potentiellement hostile. Elle avait hâte d'avoir réglé les questions pratiques qui s'imposaient pour pouvoir bavarder à l'envie. Elle opina doucement du chef lorsque qu'il lui proposa de contourner la rivière. C'était peu ou prou l'idée qu'elle avait en tête.

« Justement, nous pourrions suivre cette rivière dans le sens du courant : elle nous mènera à un village, si mes souvenirs sont bons. Si toutefois tu as de quoi me procurer des vêtements, ça sera l'occasion d'enfiler quelque chose de... plus pratique. »

A condition que son sens de l'orientation ne se soit pas trompé, le torrent devait, quelques heures de marche plus tard, rejoindre un fleuve qu'elle connaissait un peu. Il lui était arrivé de chasser dans les environs. A son embouchures, située à quelques vingts minutes de nage de la jonction avec le torrent, s'était installée une petite ville vivant essentiellement de la pèche. Par chance, les deux voyageurs n'auraient pas à traverser la rivière pour s'y rendre. Elle rejeta donc ses cheveux dans son dos et se mit calmement en marche, rejoignant la berge pour la longer ; à moins qu'Ozvello ne décidât de rester sur place et de la laisser partir seule devant pour lui jouer un tour cocasse, les deux voyageurs entamèrent leur périple côte à côte. Il ne fallut pas longtemps pour que la femelle se mette à causer joyeusement :

« Donc tu penses que je pourrais être confondue avec une princesse ? Tu en as déjà vu dans ta contrée ? A quoi cet endroit ressemble, exactement ?... Oh, tu peux t'appuyer sur moi, si tu juges que c'est plus pratique, pour marcher. » Disant ceci, elle lui proposait son bras avec enthousiasme, « J'espère que c'est un endroit plus grandiose que Nexus. Est-ce qu'ils laissent facilement entrer des étrangers ? Oh, j'ai vraiment hâte d'y être... Ah, tu marches vraiment lentement. Tu es sûr que tu ne veux pas d'aide ? Comment s'appelle l'endroit d'où tu viens, déjà ? Castel... j'ai oublié, hehehe ! »

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: samedi 28 décembre 2013, 15:47:18 »
« Ça conviendra parfaitement pour maintenir le brasier quelques heures ! Je vous épargne l'expression de ma gratitude, j'ai peur qu'elle ne devienne redondante ! Toutefois, je crois que vous savez quel est mon sentiment ! Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais contracté autant de dettes envers une personne. Une chance qu'il s'agisse d'un être tel que vous... »

Laura retint soudain sa respiration. "Un être tel que vous" ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Il ne pouvait pas l'avoir déjà percée à jour ! Il n'avait pas changé de ton, et avait utilisé cette appellation d'une manière apparemment désinvolte. Déstabilisée, elle préféra ne pas relever. Bien assez tôt, elle saurait ce qu'il avait en tête, et alors elle pourrait inventer un mensonge, le plus plausible et convenable possible. Inutile de s'avancer dangereusement. Elle répondit, en soupirant avec une nonchalance simulée :

« Très bien... » un léger sourire aguicheur naquit sur ses lèvres « Tes flatteries me plaisent, tu sais. Mais n'imagine pas me manipuler ainsi. »

Que les choses soient bien claires. Là ! Ceci dit, Laura n'avait plus grand chose à faire ou à raconter : elle se mit donc assise, à une distance respectable du feu de camp, et observa d'un œil distrait Ozvello qui se dénudait. Il était beau, d'une certaine manière. Il n'avait pas cette charpente virile qui aurait fait briller le regard de la Sirène, mais son corps était délicat et harmonieux. Quelque chose, dans le buste frêle d'Ozvello, donnait l'envie d'y poser les mains, de le serrer contre soi. Elle n'en ferait rien, bien sûr. Puis le garçon abaissa son pantalon et dévoila son sexe, dressé contre vents et marées, étreint par la lourdeur d'un tissu froid et translucide. Laura sourit de toutes ses dents, un peu surprise, comme si l'absence de son propre désir lui avait fait oublier que ce petit éphèbe était avant tout un homme. Il n'y avait, après tout, aucune raison pour que lui n'ait pas envie d'elle. Cette idée plaisait à la séductrice : elle la confortait dans l'idée qu'elle se faisait de sa supériorité. Visiblement gêné, le jeune mâle tenta maladroitement de cacher son érection, et Laura dut plaquer sa main à sa bouche pour étouffer un rire. Elle supposait instinctivement qu'une moquerie aurait blessé l'égo de son guide, c'est pourquoi elle garda le silence en se remettant sur pieds.

Elle ignora les commentaires du jeune homme - bien sûr qu'elle allait le veiller, ça n'était pas comme si elle avait mieux à faire - et, tandis qu'il reposait sur le sol, elle se dirigea vers le tas de ses vêtements, qu'elle prit entre ses bras, et s'éloigna de quelques mètres pour essorer consciencieusement chaque pièce de tissu. Après avoir extrait autant d'eau qu'elle le pouvait de la cape du bretteur, elle l'étendit devant elle pour jauger sa taille, puis l'enroula autour de son buste ; de sous les aisselles au milieu des cuisses, la pudeur était sauve.

« Je porterais ta cape pendant le voyage, ça m'évitera d'être totalement nue. »

Elle avait parlé sur un ton qui, sans être excessivement autoritaire, ne laissait pas penser qu'elle s'attendait à être contredite. Et c'était bien naturel. Elle ignorait même si son futur guide était encore éveiller pour pouvoir l'entendre, et ça n'avait pas tellement d'importance. Elle s'éloigna encore un peu pour faire pendre tout son linge aux branches d'un arbre. Si seulement elle avait pu amener le feu plus près de l'arbre sans craindre de propager un incendie... Son esprit se trouvait face à un dilemne agaçant : la chaleur du feu ou la circulation de l'air ? Comment conjuguer le deux ? Fichtre. Elle se tripota les cheveux et se mordilla la lèvre, tout en réfléchissant. Ses orteils fouillèrent la terre devant elle. Elle fit craquer des brindilles entre ses doigts, jeta les brindilles par dessus son épaule, recommença. Puis elle se mit à chantonner son air fétiche en tripotant l'écorce de l'arbre à étoffes. Bah ! Problème insoluble ! Elle jeta le casse-tête hors de ses pensées, et son esprit vagabond l'amena jusqu'aux côtés d'Ozvello.

Celui-ci dormait paisiblement sur son flanc, sa respiration soulevant sa cage thoracique. Son visage portait encore un peu de la candeur qu'on les enfants assoupis, et elle ne pouvait en détacher son regard, tandis qu'elle à pas de louve et se faufilait près de lui à quatre pattes. Dans le sous-vêtement humide, son pénis s'était visiblement détendu, ce qui contraria un peu la Sirène, elle qui aurait voulu y jeter un coup d’œil un peu plus inquisiteur. Tout en retenant ses cheveux pour leur éviter de chatouiller le dormeur, elle promena son nez le long de son corps, humant l'odeur qui s'en dégageait : il était agréablement propre. Peut-être y avait-t-il un lien avec son récent passage dans un cours d'eau, mais Laura avait déjà senti des marins aux odeurs bien plus fortes, même après qu'ils aient fait une rapide trempette. Ses cheveux bouclés, tout particulièrement, semblaient être entretenus avec régularité. Elle hésita à toucher directement sa peau, mais sa ravisa. Si elle jamais elle le réveillait... non seulement elle n'agissait pas d'une manière très polie, même selon les critères ondin, mais surtout elle risquait de rallumer le désir du jeune homme avec une intensité peu souhaitable.

Bon sang !

Une idée venait d’éclater dans son esprit. Persuadée d'être une créature géniale et supérieur par la pertinente fertilité de son esprit, elle bondit sur ses pieds et courut avec enthousiasme vers la forêt : lorsqu'Ozvello se réveillerait, sous le regard conquérant de Laura, une étrange construction instable à base de branches trônerait à côté du feu, recouverte par des vêtements - presque - parfaitement secs.

« Alors, joli blessé, prêt ? Oh, je me suis permise d'emprunter ta cape. Ça n'est pas très pratique, mais c'est plus décent ainsi. Tu peux marcher ? Encore une fois, mon aide est offerte, si tu veux. »

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: jeudi 26 décembre 2013, 16:08:55 »
« Oh... je supporte très bien le froid. Ne t'inquiète pas pour moi, nous allons commencer par te réchauffer. »

Il aurait été ridicule de se mettre à simuler des frissons et autres symptômes du froid, qu'elle connaissait de toute façon très mal. Elle n'était pas assez bonne actrice pour réaliser une imitation de manière convaincante. Autant se montrer immédiatement honnête sur ce point, puisqu'elle ne pouvait mentir convenablement. Tenter de maquiller maladroitement la vérité ne ferait qu'attirer les soupçons de l'humain.

Lorsque Ozvello sortit son ustensile, la Sirène s'approcha et s'accroupit à ses côtés, puis observa ses gestes avec curiosité, plissant les yeux devant l'objet qu'il manipulait. Il s'agissait donc d'une sorte de bijou enchanté ? Des flammes jaillirent, et la Sirène recula dans un sursaut de peur. Du feu. Un frisson remonta son dos et lui fit frémir les épaules. Elle n'aimait pas le feu. Aucune de ses sœurs n'aimait le feu. Entre elles, elles le surnommaient "langues de méduses" ; une appellation qui trahissait ce que les ondines redoutaient en cet élément. Laura elle-même s'était déjà brûlée, et la morsure avait été si violente qu'elle avait laissé des cloques sur sa main. Elle se souvenait très clairement de ce tiraillement persistant qui avait torturé sa chair des heures durant. Pendant des jours, sa peau se décollait à l'endroit de la brûlure, laissant une chair rose et sensible à vif. La cicatrice était restée plusieurs années avant de s'effacer progressivement, mais l'expérience était restée gravée dans la mémoire de l'imprudente.

« La cire s'embrase et brûle assez longtemps. Toutefois, je crains que cette durée n'excède pas une dizaine de minutes.
- D'accord, je vais faire vite. » répondit-elle d'un ton décidé en se remettant rapidement sur pieds. »


Puis elle tourna les talons et se fraya une chemins entre les arbres à la recherche des fameux fagots secs. "Secs"... tout avait l'air également sec dans les environs. Elle fit quelques mètres dans les broussailles en scrutant le plancher du bosquet : tout était recouvert d'une légère humidité, mais il semblait impossible d'y échapper où que les yeux se posassent. Cela devait déjà faire deux minutes qu'elle tergiversait ( elle s'était, à dessein, enfoncé suffisamment dans la végétation pour cacher sa totale inexpérience à son jeune compagnon ) : il fallait maintenant qu'elle se décide, ou les flammes que le garçon avait allumées allaient mourir. Et elle soupçonnait le petit humain d'être capable de mourir de froid...

Elle se pencha et ramassa donc toutes les branches qu'elle pouvait trouver, courant presque, le dos voûté, tout en entassant les morceaux de bois entre son bras et sa taille. Son fardeau lui piquait et griffait l'épiderme, et elle pestait sans cesse contre les branches qui se mettaient en travers de son chemin en lui sautant au visage par surprise.

C'est donc passablement exaspérée qu'elle surgit devant Ozvello, quelque cinq minutes après son départ, un fagot de branches mortes sur les bras. Elle se courba pour le laisser tomber devant le jeune homme puis se redressa en époussetant ses bras et son buste. Quel idiot, aussi ! Utiliser son allume-feu avant d'avoir le combustible à portée ! Même elle se rendait compte du manque de sens pratique dont il venait de faire preuve.

Pour sa part, elle espérait avoir bien interprété ce dont le garçon avait besoin. L'idée de passer pour une idiote l'angoissait un peu, aussi elle dut se racler un peu la gorge pour que sa voix reste assurée lorsqu'elle demanda :

« C'est bien ça qu'il te faut ? Combien veux-tu que j'aille en chercher ? »

Elle ponctua sa question en se tournant de profil, comme si elle s'apprêtait à repartir sur le champs en recherche de combustible. Ce faisait elle s'était dressée de toute sa hauteur, la poitrine bombée et les mains sur les hanches, et elle toisait maintenant le garçon en attendant sa réponse. L'idée venait de germer dans son esprit que, peut être, Ozvello avait voulu lui forcer la main en la mettant en situation d'urgence. Au lieu d'une simple étourderie, il se serait agi d'une petite stratégie pour que Laura soit forcée de partir seule à la chasse aux brindilles.

Elle ne pouvait pas se laisser mener par le bout du nez. Il devait être clair qu'elle était celle qui prenait les décisions et qu'elle n'était pas sotte. Si elle l'aidait, c'était uniquement parce qu'elle en avait envie et que cela coïncidait avec ses intérêts. Il était hors de question qu'un humain ( à peine pubère, de surcroît ) lui donne des ordres ou tente de lui jouer des tours. Maintenant qu'elle avait été roulée, elle se contentait de lever le menton d'un air défiant, mais elle ne se laisserait pas prendre à nouveau, ça non.

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: dimanche 22 décembre 2013, 22:48:58 »
Tout en réfléchissant, l'ondine tripotait et maltraitait entre ses doigts la fine branche d'un arbre qui avait eu la malchance de pendouiller imprudemment devant son nez, tandis que le jeune homme tardait à donner sa réponse. Celui-ci peinait dans son labeur, et Laura lui aurait bien prêté main forte s'il n'avait pas précisé à plusieurs reprises - et avec une grande conviction - que toute aide supplémentaire aurait été malvenue. Et puis elle était focalisée sur son objectif, prise par ses pensées. Pendant qu'Ozvello tergiversait, elle calculait. De gré ou de force, il la guiderait, ce point était acquis. Elle n'avait pas une idée très précise de la mesure dans laquelle la blessure du garçon serait handicapante, mais elle supposait qu'il leur faudrait au moins cinq jours pour arriver à destination, si l'on prenait ce point en compte. Peut être six, sept... elle n'en avait pas la moindre idée, en fait. Elle espérait simplement qu'ils ne mourraient pas de faim pendant le trajet... et qu'elle saurait retenir son appétit. Son autre appétit. Une idée saugrenue concernant son futur guide jaillit soudain dans son esprit et la fit sourire : "Le manger, le tuer, le remanger". Amusant. Elle n'avait jamais goûté à la chair humaine, mais il n'tait jamais trop tard pour essayer.

Elle était occupée à se chatouiller la joue avec un bout de feuille lorsqu'Ozvello se décida enfin à répondre - par l'affirmative.

« Très bien ! J'avoue que je ne comprend pas vraiment ce qui te pousse à te jeter ainsi dans la gueule du grand blanc... mais enfin, nous feront tout pour que tu t'en sortes vivant, n'est-ce pas ? »

Si ses mots auraient pu passer pour de l'ironie, le ton lui était enjoué et énergique. Ce garçon était une aubaine ! Aurait-elle pu rêver mieux ? L'humain le plus raffiné qu'elle ait jamais rencontré s'avérait être également le plus serviable. Décidément, elle ferait un effort pour lui éviter la mort... Même si, à vrai dire, qu'il y reste ou pas était pour elle un détail. Sa quête personnelle primait largement sur la survie d'un humain, aussi jeune et agréable fut-il.

Enfin, voilà, c'était déjà un bon début ! Comme pour appuyer son enthousiasme, le garçon parvint enfin à détacher la branche qu'il convoitait. Extraordinaire ! Cependant, lui ne semblait pas partager l'entrain de sa bienfaitrice. Cette dernière se pinça les lèvres en écoutant ses excuses et plaintes.

« Non, toutes mes excuses, j'ai eu tort de vous faire part de cela. L'insipide personnage que je suis, et toutes ses péripéties n'ont pas à vous préoccuper, je vous en conjure encore. Nous irons ! Mais, toutefois... mes forces sont en cet instant à un niveau terriblement bas. M'accorderez vous la patience de quelques heures de repos ? »

Oui. Evidemmment. Ils ne pouvaient pas partir tout de suite, dans son état. Même si la sirène était impatiente. Elle arracha la brindille avec laquelle elle tapota distraitement sa paume gauche.

« Oui. Oui oui oui... Il n'y a rien à faire pour ta cheville ? »

S'il lui avait été aisé de remarquer quelle partie de son anatomie faisait souffrir le jeune homme, elle n'avait pas la moindre idée du genre de blessure qu'il s'était infligée. Cette question, cependant, ne retint pas longtemps son attention. Une sensation furtive venait de lui rappeler que des saletés étaient restées collées sur son derrière. Elle les balaya de quelques mouvements rapides de la main, puis jeta un coup d’œil par dessus son épaule : l'herbe avait laissé des marques sur le dessus de sa croupe, striant de rouge la blancheur de ses fesses. Elle se contorsionna pour en voir plus et se sourit à elle même. Le phénomène, qui ne se produisait que sur la terre ferme, la captivait chaque fois d'une manière étrange. Tout en passant le bout des doigts sur les reliefs imprimés dans son épiderme, elle se tourna à nouveau vers son interlocuteur, prête à partager avec lui son émerveillement ; elle se retint cependant, réalisant juste à temps que le terrien devait être habitué à ce genre de phénomènes depuis longtemps. Il avait certainement déjà eu l'occasion d'expérimenter avec ses propres fesses.

Ah oui !Il était également en deuil. Et exténué. Laura avait bien du mal à se mettre à sa place, toute revigorée qu'elle était...

« Enfin, si je peux t'être d'une aide quelconque... je te promet que cela ne générera aucune dette. Et si tu veux dormir un peu, eh bien... je patienterais. »

Elle était assez curieuse de la manière dont Ozvello allait réussir à trouver le sommeil. Peut être les humains connaissaient-ils une méthode pour dormir confortablement sur le sol ? Les rares fois où elle avait dormi hors de l'eau, n'avait presque pas pu fermer l’œil. Durant son trajet de la mer à Nexus, dormir par terre avait été un vrai supplice, lui causant des douleurs épouvantables dans tout le corps. Ensuite, dormir dans un lit lui fut bien moins désagréable mais tout aussi ardu... jusqu'à ce qu'elle découvre cette boisson merveilleuse qu'était l'alcool. En quantité suffisante mais non exagérée, la substance lui donnait une sensation de roulis ; alors elle glissait entre les draps, et s'imaginait bercée par les courants marins. Et le sommeil venait à elle avec une facilité déroutante, plus vite même que lorsqu'elle se reposait sous le niveau de la mer. Pour couronner le tout, il se trouvait que , par une heureuse coïncidence, les humains cherchant à s'accoupler n'hésitaient pas à offrir des portions de ce breuvage à celles qu'ils convoitaient. Quelle folie que le continent ! Quel endroit merveilleux, en fait !

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: samedi 21 décembre 2013, 13:03:02 »
Une dizaine d'horizons... ça n'était pas la plus précise des informations, mais cela suffisait pour que Laura pousse un soupir las ; ses mollets protestaient par anticipation à l'idée de parcourir une telle distance à pieds. Peut être cela n'en valait-il pas la peine... mais, au fond, elle n'avait aucune envie de se résigner et de rentrer chez elle. Elle avait battu en retraite sous le coup du découragement, persuadée qu'elle avait pris la mauvaise direction, qu'elle s'était fourvoyée, que la terre ferme ne contenait rien qui puisse encore l'émerveiller ou la contenter. Et maintenant qu'une nouvelle possibilité s'ouvrait à elle, elle ressentait cet abandon comme un véritable gâchis. Lentement, elle commençait à envisager un changement de cap en direction de la cité que venait de lui décrire le dénommé Ozvello. Là bas... c'était certainement différent de Nexus. C'était à cet endroit qu'elle trouverait... elle ne savait trop quoi. De grands hommes, surement. Et des femmes à leur mesure, elle l'espérait.

« Une dizaine d'horizon... combien de temps cela fait-il, à pieds ? » murmura-t-elle, autant pour elle que pour lui.

Pendant un instant, elle se mordilla le coin de la lèvre inférieur en réfléchissant, puis, semblant émerger de ses pensées, se pencha avec intérêt vers le jeune homme.

« Tu causes merveilleusement bien, c'est ce que j'entends par "parler ainsi"... j'apprécie grandement ton vocabulaire et ton sens du rythme. J'irais même jusqu'à dire... que les accents de ta diction frappent mes oreilles d'une façon des plus charmantes, et je suis navrée que ma langue ne puisse suivre qu'ardûment la tienne dans ce jeu là. »

Un rictus joueurs s'était formé sur son visage au fur et à mesure qu'elle parlait. Complètement oublieuse de la pudeur qu'elle voulait simuler, elle avait lâché ses jambes et avait porté son buste en avant, pour finir dans une position de tailleur approximative, découvrant sans y prendre garde ses seins et tous les reliefs de peau qui se dessinaient en dessous d'eux.

« Il est hors de question que je vous sois encore redevable de quelque-chose de plus... L'honneur immense que vous me feriez en m'acceptant à vos côtés, et en tolérant ma triste présence serait une faveur bien assez grande, en vérité. »

Laura leva le yeux au ciel, agacée. Ces histoires commençaient à devenir pénibles. Elle se dressa sur ses jambes pour suivre calmement Ozvello qui se trainait à quatre pattes, tout en réfléchissant à la manière dont elle pourrait formuler sa demande. Elle voulait pousser ce garçon à faire une chose qui était certainement à l'opposé de ses intérêts, à savoir retourner parmi les siens avec lesquels il était visiblement brouillé. Mais ne répétait-il pas sans cesse qu'il avait une dette envers elle ? S'il voulait absolument se mettre à son service... eh bien elle en profiterait. Il lui servirait de guide.

Bien sûr, cela ne résoudrait pas tous les problèmes. Il faudrait certainement l'aider à marcher. Il faudrait aussi trouver à manger : pour cela, elle espérait qu'il sache lui indiquer où trouver de la nourriture sur la terre ferme. Et enfin il lui faudrait des hommes. Elle pouvait supposer sans grand risque qu'elle aurait besoin de s'accoupler avec un mâle d'ici une poignée de jours, et elle ne tenait pas à consommer son jeune compagnon. Il n'était pas le genre de proie qu'elle attirait habituellement dans ses filets. Ses choix se portait toujours sur des mâle et à l'age un peu plus avancé à la virilité beaucoup plus marquée. Et puis, elle avait déjà pris cet Ozvello en pitié, peut être même en sympathie. Elle ne le tuerait que si elle n'avait pas d'autre choix.

« Si j'accepte ton aide, cela sera-t-il suffisant pour te faire arrêter de jouer les idiots ? » laissa-t-elle tomber d'un ton amusé mais néanmoins condescendant. « Je veux aller à Castelquisianni... alors si tu tiens absolument à m'aider, voilà. Emmène moi là bas. »

Elle avait achevé sa phrase d'une voix légèrement vibrante. Elle avait beau se sentir en position de force devant ce jeune homme, sa demande était réellement contraignante. Il allait certainement refuser. Il allait refuser mais elle avait besoin de lui... est-ce qu'elle parviendrait à le forcer, le cas échéant ? Elle n'avait pas envie de le maltraiter, mais si elle devait en arriver là...

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: samedi 21 décembre 2013, 01:24:24 »
La réponse du garçon lui fit pincer les lèvres. Les images du drame ne lui venaient que trop facilement. Une fillette chutant, s'accrochant désespérément à la première chose susceptible de la sauver et entrainant le jeune homme avec elle. Bien sûr, ballotée par le courant, elle n'avait pas eu la force de garder sa prise, et les deux enfants avaient été séparés. Laura jeta un regard dépité sur les remous du torrent : aucun signe de la moindre petite fille.

Le jeune homme s'était assis. Sans doute lui aussi avait-il fini par réaliser qu'il était trop tard. Son visage caché entre les bras, il restait immobile, et la Sirène l'observait, intriguée. Elle s'accroupit à côtés et approcha timidement la main, prête à saisir doucement son épaule dans une tentative hasardeuse pour le réconforter, puis se ravisa. Les humains étaient des créatures étranges, et celui-ci plus encore... elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il convenait de faire pour alléger la peine de ce malchanceux, et l'audace lui manquait. Elle resta immobile devant lui pendant plusieurs secondes, le cœur battant... pour finalement laisser son bras retomber le long de son flan. Y'avait-il seulement quelque chose à faire ? Elle soupira tout bas et se laissa tomber sur son derrière pour attendre que les sanglots - supposés - de l'adolescent se soient calmés.

Elle aurait pu chanter, bien sûr, mais elle répugnait instinctivement à anesthésier ainsi les sentiments du jeune mâle par des artifices surnaturels. Et puis elle risquait de se compromettre. Ça n'était pas parce qu'il n'était pas directement dangereux qu'il ne pourrait pas répéter ce qu'il avait vécu. Laura avait d'ailleurs tout intérêt à tenter de paraitre la plus humaine possible. Elle replia ses cuisses devant elle et les entoura de ses bras afin de se trouver dans une position plus pudique. Elle attendit ensuite que le garçon lève à nouveau sur elle ses yeux rougis par les larmes. Son regard restait quelque peu fuyant, et c'était une chance, car elle n'aurait sans doute pas pu le soutenir si ça n'avait pas été le cas. Confrontée directement à ce jeune éploré, elle sentait une étrange panique fourmiller discrètement en elle.

« Je regrette. Si vous pouviez pardonner mon insignifiante personne de s'être ainsi emportée... Le destin m'a furtivement paru cynique et barbare. Cette expérience faite et ma raison retrouvée, je vous promets de ne plus me laisser submerger, et de ne plus vous importuner avec mes égarements...
- Allons allons... »


Elle sourit d'un air faussement désinvolte en agitant la main devant elle, comme si elle voulait chasser un insecte. "Ça n'est qu'un homme, reprend toi voyons...". Pourquoi se sentait-elle mal à l'aise ? Elle n'avait à rougir de rien, bien au contraire... Le garçon, lui, semblait déterminé à rendre service à sa sauveuse. Il lui parlait maintenant d'une dette, alors évidemment... la sirène n'accorda pas plus de sérieux à ses dires. Il s'agissait bien, comme elle le pensait, d'élucubrations d'humain. Encore une fois, elle balaya ces paroles d'un revers de main. Elle allait répliquer mais cherchait encore ses mots, réticente à l'idée de contrarier encore cette faible créature. Le pauvre humain venait déjà de perdre un être cher et n'était pas au meilleur de sa forme, il était inutile d'être cruelle avec lui. Par peur de le blesser d'avantage elle garda donc le silence jusqu'à ce qu'il se présente et qu'elle soit certaine que sa tirade était finie.

« Je m'appelle Laura. »

Elle marqua une pause et tripota ses cheveux pendant deux secondes avant de reprendre ;

« En effet, je ne vois pas bien à quoi tu pourrais m'être utile. J'ai même le pressentiment que c'est toi qui va avoir besoin d'aide. »

Elle désigna la jambe blessée de son interlocuteur d'un petit coup de menton.

« Est-ce que les tiens vivent loin d'ici ? Castel...Quisia...nni... c'est ça ? C'est là bas que tu as appris à parler ainsi ? »

Un idée venait soudain de germer dans son esprit ; sans doute cet humain n'avait-il pas appris à manier les mots avec une telle aisance en vivant parmi les paysans que Laura avait pu croiser jusqu'à présent. Il venait donc certainement d'un endroit où les humains étaient plus raffinés... et la curiosité de la Sirène était piquée.

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Les contrées du Chaos / Re : Le Torrent [Laura]
« le: jeudi 19 décembre 2013, 22:21:16 »
Tous ces caprices pour un peu d'eau. Laura attendit patiemment que le petit humain ait fini de tousser, prenant machinalement ses chevaux dans ses mains de manière à les essorer par dessus son épaule. La torsion fit jaillir de sa crinière une petite cascade qui coula sur sa peau. Contournant la rondeur de son sein droit de part et d'autre, il s'élargit et se dispersa sur le ventre pâle de la sirène, formant une multitude de ruisselets, ceux-ci épousant la forme de son aine pour caresser l'intérieur de ses cuisses ou s'échouant dans sa toison. La brune laissa la natte improvisée reposer sur son épaule, et celle-ci pendit docilement, épaisse et soyeuse, son extrémité chatouillant la poitrine qui était juste à sa portée.

Finalement, le jeune homme se redressa partiellement ; un coup d’œil à Laura, et il se détourna aussitôt, comme s'il venait de regarder le soleil en face. Sans doute était-ce la nudité ; les hommes pouvaient avoir des réactions très variées en apercevant un corps de femme dénudé. Pourtant, la Sirène ne manquait pas d'être toujours un peu surprise lorsqu'elle semblait, en quelque sorte, effrayer un mâle par la seule exhibition de sa féminité. Bah !... il ne fallait sans doute pas trop chercher à comprendre ces animaux.

« Vous dites... quelque-chose de juste... les poissons n'ont pas cette chance... que d'entrevoir les beautés célestes... malgré leur réticence à les rejoindre... »

Laura fut surprise d'entendre une prose si riche sortir de la bouche du jeune homme. Les sirènes étant friandes de poésies et autres fioritures du langage, Laura avait par conséquent un certain goût pour les vocabulaires fleuris et les répliques bien rythmées... bien qu'elle n'ait jamais été elle-même très douée pour improviser des tirades agréables à l'oreille. Il faut dire que son comportement introverti et asocial la poussait rarement à participer aux jeux de verbe auxquels ses congénères s'adonnaient régulièrement avec entrain. Enfin, il était certain qu'elle appréciait que la mâle se soit donné la peine de formuler des compliments d'une telle qualité, même si le sens en restait pour elle assez obscur. Céleste devait avoir un sens particulier dans ce contexte, ou bien peut être qu'elle n'était pas cette "beauté", comme elle l'avait supposé. Mais ce deuxième cas de figure aurait été plutôt vexant, en plus d'être étrange.

Toujours est-il qu'un sourire amusé se dessina sur son visage. Elle n'avait guère fréquenté que des rustres, durant son périple, et la sophistication avec laquelle l'inconnu lui parlait était à la fois cocassement décalée et agréablement stimulante.

Son interlocuteur tenta de se redresser sur ses pieds, sans succès. Visiblement, le maladroit s'était blessé à la patte. Prise d'un élan de compassion, elle approcha de quelques pas de l'adolescent dont les vêtements gouttaient sur l'herbe, tandis qu'il déployait son art de la formulation dans des déblatérations étrange. Elle leva la paume de la main pour lui faire signe de se calmer. Les filles de l'océan n'ayant jamais eu un sens aiguë de la propriété privée, ni même la connaissance du concept de salaire ou de dette, Laura trouvait ce raisonnement bien abscons, voir grotesque. Cette manie que pouvaient avoir les humains de projeter leurs petites conceptions abstraites sur toutes les choses du monde... l'ondine s'en étira le coin de la bouche de déplaisir.

« Tu supposes donc que ta vie t'appartient ? C'est assez risible. Si cela peut t'aider, considère qu'elle m'appartenait quand tu te débattais dans la rivière. J'avais sans doute le choix entre la jeter et te la rendre, alors je te l'ai rendue. Et voilà, n'en parlons plus. »

Mais voilà que déjà il ne l'écoutait plus... occupé à chercher on ne sait quoi autour de lui, appuyé sur une seule jambe. Il s'agitait tout en parlant, si près du bord que Laura eut peur de le voir glisser et tomber à nouveau dans la rivière. Elle s'approcha de lui par deux pas vifs et lui saisit fermement le bras pour l'entrainer un bon mètre en arrière profitant qu'il était estropié pour le guider bon gré mal gré. Ses propos étaient un peu incohérents - le pauvre n'avait visiblement plus toute sa tête, tout étant arrivé trop vite pour lui, sans doute... mais il avait parlé d'une amie ; "je ne suis rien sans elle". Laura ressentit un léger pincement au cœur. Si éloigné d'elle que ce jeune humain pouvait être, ses paroles faisaient douloureusement écho en elle. Elle pouvait aisément comprendre le désarroi qui commençait à le saisir à l'idée d'avoir perdue celle dont il semblait si proche.

« Tu étais avec quelqu'un ? Elle est tombée, elle aussi ? »

Elle avait légèrement approché son visage, comme si réduire la distance entre leurs deux têtes allait rendre son interrogatoire plus percutant. Si l'amie du jeune mâle pouvait être sauvée ou retrouvée, elle l'aiderait sûrement dans cette tâche. Cependant, si l'infortunée était tombée en même temps que son compagnon... les chances de la repêcher en vie étaient bien minces. Et puis Laura n'avait pas vu la moindre jeune fille lorsqu'elle avait plongé.


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Les bas fonds / Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]
« le: vendredi 08 novembre 2013, 18:28:33 »
Un petit cri de surprise s'échappa de sa gorge : Laura avait failli tomber, surprise par l'initiative de la jeune terrienne. Elle ne résista pas pour autant et accompagna le mouvement de la téméraire par les caresses de ses mains, jouant avec ses cheveux tandis que cette dernière enlaçait ses jambes. La sirène ne comprenait pas exactement ce que son amie pouvait avoir en tête... mais la laissait faire avec joie cependant. Les petites mains se promenèrent sur ses jambes dont l'alcool engourdissait les muscles et faisait chauffer l'épiderme, et le visage de la belle disparu sous sa jupe. La brune émit un gloussement, devinant que son sexe était finalement la cible. Ça n'était pas pour lui déplaire, ça non...

-Ooh...

Le fantôme de sa jupe glissait doucement sur elle, et elle haletait à mesure qu'il montait. Elle pressentait aisément ce qui allait advenir, et elle l'attendait avec une impatience fébrile : Telka s'était arrêtée, un instant, comme si elle dévisageait l'intimité de son amante... puis elle plongea, enfouissant son visage entre les cuisses de sa victime. Celle-ci poussa un soupir qui en réclamait d'avantage : les lèvres de la petites tâtonnèrent d'abord avec précaution, sans oser entrer dans le vif du sujet... puis les attouchements se firent plus appuyés. Maladroits, certes, mais agréables, et suffisamment insistants pour que le sourire laisse place, sur le visage rose de l'ondine, à une expression chargée de désir au premier degrés. Les lèvres mollement entrouvertes, les yeux dans le vague, elle s'abandonnait autant qu'elle le pouvait. La position était frustrante, quelque peu désagréable, et Laura craignait parfois de basculer en arrière, emportée par le roulis étrange qui s'était installé dans sa tête. Elle aurait préféré pouvoir profiter pleinement de ce moment, les mollets détendus.

Son amour sortit finalement la tête de sous sa cachette de tissu pour la dévisager ;

-Est-ce que... ça va ?

La Sirène ne put s'empêcher de commettre un petit rire étonné : comment cela aurait-il ne pu ne pas aller ? Était-ce de l'anxiété sur le visage de l'aventurière ? Elle répondit au regard de celle-ci par un sourire bienveillant. Elle saurait la rassurer et la guider, cette petite. Et lui montrer l'étendue de ses talents en matière d'étreintes amoureuses, cela allait de soi. Elle se saisit des pans de sa jupe et retroussa son vêtement jusqu'à le faire passer au dessus de sa tête, dans un mouvement où pointait l'impatience, et jeta la robe de côté en agitant la tête pour débarrasser ses yeux des mèches noire qui lui étaient retombées en travers du visage. Elle était, soudain, totalement nue, la chair enfin libre.

-Oui.


Les mots étaient superflus, et Telka ne tarderait pas à le comprendre : Laura fit un pas en avant, écartant les jambes et forçant son amie à basculer en arrière. Rendue un peu plus rustre qu'à son habitude par la boisson, elle la fit tomber sur les fesses et plia les jambes pour la pousser vers le sol ; à moins de lutter activement, la jeune fille n'avait nul autre choix que de s'allonger sur le dos. L'entre-jambes brulant de la Sirène poussant sur son menton, elle finit le crâne posé sur le sol. La pataude s'était mise à genoux et pouffait bêtement, sans vraiment savoir pourquoi : elle caressait les cheveux de sa prisonnière, dont elle n’apercevait plus que le haut du visage, puisqu'elle en recouvrait la bouche de son sexe humide. Son souffle saccadait déjà, et elle n'avait pas l'intention de faire taire le grondement de sa respiration. Bien au contraire. Elle avait toujours su appuyer ses gémissements de plaisirs afin de guider les mâles sur la voie de sa propre jouissance, et, sur ce plan, sa précieuse captive leur était semblable : maladroite mais pleine de bonne volonté. Ses coups de langues avaient déjà donné à la brune un avant goût des plus exaltant, jusqu'à la rendre impatiente et pressante.

La recherche égoïste du plaisir n'entamait cependant en rien chez Laura le désir de combler sa dulcinée ; elle déplaça sa main droite derrière ses fesses pour palper tendrement la poitrine de la fillette : ses seins étaient petits et fermes, chauds. Elle les capturait un à un dans sa paumes pour les masser, jouant par intermittence avec leurs extrémités érigées qu'elle compressait parfois du pouce.

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