Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Soledad Castejón

Pages: [1] 2 3 ... 5
1
[Les paroles écrites en rouge sont en espagnol à la base.]


De jour comme de nuit, en temps normal, Sevilla est des plus animées, alors imaginez un peu lorsque la Feria bat son plein. En journée, les sites touristiques, les restaurants sont pris d'assaut. Les parcs sont aussi bondés, histoire que la population locale et étrangère profitent de l'ombre, ainsi que des balades en calèche. Le parc Maria Luisa ne dérogeait pas à la règle. Proche de la Plaza España, les touristes y passaient pour faire des tours de calèche ou observer le ballet incessant de celles qui sont ornementées, des privées louées par des familles qui se rendent à la Feria telles de grandes célébrités. Cette effervescence se manifestait aussi de nuit, lorsque l'air se faisait plus frais. Malgré une météo clémente, l'ambiance y était... « brûlante », si l'on pouvait dire. Cette joie fiévreuse plaisait beaucoup à Soledad, la Feria étant toujours une bonne occasion pour retrouver sa terre natale, sa famille et quelques amis. Aussi cette atmosphère sulfureuse, où nourriture et alcool coulaient à flots, enthousiasmait la danseuse.

Lors de cette semaine de célébration, il n'était pas rare que l'andalouse se produise sur quelques salles de spectacle en journée. Ses soirées étaient réservées à ses petits plaisirs personnelles. Un de ses oncles tenait l'une des plus grandes casetas sur le Real. C'était de ses cabanes installées sur la gigantesque place/parc Real où était organisé l'essentiel de la Feria. En journée comme en soirée, elles recevaient des membres qui paient pour manger et boire dans ces casetas. L'oncle avait profité de la situation et on ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Il faut dire que la notoriété de Soledad jouait beaucoup pour attirer les gens. Elle y dansait et chantait pour s'amuser mais c'était tout un avantage pour la caseta familiale Castejón.

La soirée battait son plein. Chant, danse, nourriture, boisson...Soledad s'était parée de sa plus belle robe, ajoutant des fleurs semblables à des flammes dans son chignon soigné. Il était assez tard lorsque la jeune femme décida de quitter les siens, presque au petit matin. L'appartement de l'andalouse n'était pas très loin du Real, alors sur le chemin, elle retira ses chaussures à talons et continua pieds nus, talons en mains. Sa plante de pieds allait noicir mais qu'importe. Heureusement que toutes ses représentations officielles étaient terminées. Ce soir sera le grand final, avec les dernières danses, les derniers chants, les dernières beuveries. Le feu d'artifice sur le Guadalquivir signera la toute fin de la Feria. Mais en attendant d'être à ce soir, la danseuse méritait un long repos, quitte à être décalée dans son rythme jour/nuit.

Une fois arrivée chez elle, la demoisell déposa ses chaussures sans aucune grâce, se dirigea vers le frigo. L'ouvrant, elle ne prit même pas la peine de se prendre un verre d'eau, buvant directement à la bouteille. Peut-être qu'avec un peu d'eau fraîche, elle aura moins la gueule de bois au réveil ? C'était un moyen de se rassurer...Passant ses mains dans le dos, elle délaça sa robe au niveau de son dos, ouvrir la fermeture le long de sa taille, puis s'écroula dans son gigantesque canapé d'angle. Morphée ne tarda pas à accompagner son sommeil...

Ce fut le trou noir pendant un très long moment. C'était sûr et certain qu'elle avait abusé de la boisson, mais la sensation était différente, sans pourtant expliquer pourquoi. Ce n'était pas comme si elle le pouvait de toute façon. Dans l'obscurité onirique, Soledad réalisa qu'elle n'était pas vraiment seule. Elle pouvait sentir la présence d'une force élémentaire familière désormais, celle du feu. Seul point de lumière dans ce monde de ténèbres, elle découvrit qu'elle était captive, entourée de flammes éthérées, comme les esprits du feu qu'elle avait rencontré, dansant doucement autour d'elle. Comme s'il s'agissait d'un rituel, petit à petit, le corps de l'andalouse se transforma, sa peau devenant noire telle du charbon, ses cheveux, des flammes et des cendres...Les pas des esprits ressemblaient au claquement monotone d'une charrette en bois, ainsi que des bruits de sabots tapant la terre et des pavés...Tout ceci était curieux...

Son réveil fut tout aussi étrange. Ses paupières se mirent à papillonner, le monde flou autour d'elle le restant une petite minute. Avant qu'elle ne puisse notifier son environnement, Soledad se plaqua les mains sur le visage, comme pour contenir une douleur subite au niveau du front.

- Oh...Ma tête...

Lorsque la jeune hispanique sortit enfin de sa torpeur, tout ce dont elle avait rêvé semblait réel. Les sons des sabots, le charrette...Elle étouffa un cri de surprise. Cela ne ressemblait en rien à Séville, ni même ses alentours, et l'homme qui conduisait la charrette était encapuchonné, impossible de voir de qui il s'agissait. Il ne prêtait pas attention à cette captive qui reprenait conscience. Soit...Elle pouvait essayer de s'enfuir, mais c'était risqué. Plutôt que de faire face au danger de la sorte, elle scella ses paupières une nouvelle fois, et se laissa bercer par les bruits alentours. Si cet homme ne lui avait rien fait jusque là, il ne ferait rien de suite. Du moins, elle l'espérait...

Une nouvelle fois, ce fut les ténèbres. Puis, un instant qui lui semblait être une éternité, Soledad ouvrit doucement les yeux. La chaleur d'un feu semblait lui caresser la peau. Quelques jurons dépassèrent la barrière de ses lèvres, jusqu'à ce qu'un autre type de « chant » ne s'en échappe subitement. Un sursaut la fit partir en arrière. Quoi ?

- Je suis encore en plein rêve, c'est ça ?

Ça ne pouvait être que ça. L'homme devant elle ne tenait pas du réel, et puis...Attendez, c'est l'hôpital qui se fout de la charité, là ! Elle avait beau être une célébrité du flamenco, elle n'en restait pas moins un esprit du feu également. En regardant autour d'elle, il était clair qu'elle n'était plus dans son incroyable sofa. Il n'y avait pas besoin de beaucoup de neurones pour comprendre ça.

- Suis-je vraiment en train de rêver ? , se murmura-t-elle encore une fois.

L'être devant elle était des plus intrigants. Il paraissait à un homme d'une bonne carrure, le visage à moitié croûté comme s'il était fait d'une pierre de lave et des yeux incandescents. On aurait dit la moitié d'une transformation en esprit du feu telle que Soledad connaissait. Le ton de l'homme semblait plus doux que l'aspect qu'il avait. Elle restait un peu à l'écart, pas certaine de si elle pouvait lui faire confiance. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'elle était enlevée...

- Qui êtes-vous ? Et surtout, que me voulez-vous ?

2
C’était impatiente et un brin excitée que Soledad avait traversé les couloirs et descendu en trombe les escaliers de l’établissement. Du haut de ses vingt-et-un ans, la belle demoiselle faisait davantage penser à une adolescente pensant son premier amour qu’à une adulte. Un air guilleret se lisait sur son visage alors qu’elle pressait le pas dans la cour. Ses yeux sombres scrutaient un tee-shirt noir avec quelques écritures, du groupe de rock ACDC. Il s’agissait bien sûr de celui de Mitsukane, et non pas d’un autre lycéen. Tiens, d’ailleurs, cela ne lui avait pas fait tilt au moment de rentrer dans la classe, ou bien même dans le bâtiment, mais il n’y avait pas d’uniforme obligatoire ici. L’hispanique aurait pensé voir des jeunes filles en petites jupes et hautes chaussettes, et les garçons dans un ensemble bleu ou noir. Mais non. Rien de tout. Mais ce n’était qu’un détail. Le regard de Soledad vagabondait sur les côtés et devant elle, pensant trouver le jeune homme à la sortie.

Petit pas par petit pas, l’andalouse s’approchait de la sortie, arrivant près des grilles qui encerclent l’ensemble de l’établissement. Ses petites joues légèrement rougies perdirent leur couleur lorsque, enfin à l’entrée du lycée, elle ne trouva pas Mitsukane. Mais avant même de penser qu’il lui avait posé un lapin, une voix masculine tinta à ses oreilles. On lui demanda de suivre cette personne. Un simple coup d’œil, et la belle danseuse put remarquer qu’il s’agissait de l’homme qu’elle attendait. Un sourire rassuré se lisait sur son visage, alors qu’elle entama de nouveau le pas juste derrière le lycéen, tout en gardant une certaine distance entre eux. Les autres étudiants auraient trouvé la scène assez louche s’ils se baladaient ensemble, ou bien même, en tant que danseuse mondialement connue, on pouvait se demander s’il n’y avait pas des paparazzis dans le coin, à l’affût pour prendre un cliché compromettant. Enfin, les photographes n’étaient pas vraiment après la señorita Castejón, puisqu’elle n’était pas du genre à faire des scandales pour faire parler d’elle. Elle avait une certaine notoriété, et ne voulait pas l’entacher.

Mais ce petit jeu l’amusait. Toujours derrière le jeune homme, elle longea une rue, marchant sur le trottoir avant qu’il ne s’arrête devant un scooter, ou plutôt devant une Vespa. Ce deux-roues était facile à reconnaître. Un franc sourire éclaira son visage quand elle vit deux casques sur le véhicule. Alors, comme ça, il allait l’emmener faire une balade en vespa ? Intéressant. Mitsukane se retourna subitement, le casque à la main, pour l’y déposer sur le crâne de la demoiselle. Il fallut forcer un peu pour le mettre correctement, le chignon de la jeune femme gênant un peu. Alors que Soledad relevait les mains à son menton pour attacher le casque solidement, elle sursauta alors que le lycéen était tout proche d’elle. Une simple et seule seconde suffit pour comprendre ce qu’il comptait faire. Le contact de ses lèvres sur les siennes, furtif mais tout aussi bon que tout à l’heure, la fit frissonner et fermer les yeux un instant. Se retirant enfin d’elle aussi vite qu’il s’était approché, il pouvait voir les petites joues de l’espagnole rougirent un peu. Gênée, elle l’était. Elle ne s’y attendait pas vraiment, surtout comme ça, en pleine rue, mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’avait pas apprécié. Mitsukane poussa un peu sur le casque de Soledad pour qu’il soit bien mis. Bien évidemment, il fit de même pour lui.

Le jeune homme s’installa alors sur la Vespa rouge. L’andalouse le suivit, enjambant le deux-roues, obligée de relever sa jupe noire pour le faire, dévoilant ainsi la peau claire de ses jambes. Hésitante, elle finit par poser ses mains sur les hanches du jeune homme. Quand il démarra enfin son véhicule, ses petites mains graciles s’agrippèrent au tee-shirt ACDC de son compagnon de voyage. Elle se demandait bien où il allait l’emmener, mais se laissait guider finalement. Se sentant un peu ridicule dans son dos, toujours bien plus grand qu’elle bien qu’assis tous les deux, elle penchait un peu le visage parfois, caché dans le casque, pour observer  Mitsukane dans les rétroviseurs du scooter. Sous le casque, elle ne pouvait pas voir grand-chose, et lui ne pouvait admirer ce sourire qui illuminait le visage de l’espagnole. Alors qu’il grimpait une côte, la belle demoiselle, ayant peur de partir en arrière, enroula alors le corps du lycéen de ses bras fins. Ses joues prirent un peu plus de couleur, car elle se demandait si, malgré sa petite poitrine, le lycéen pouvait la sentir à travers les vêtements, dans son dos.

Ils arrivèrent alors en haut de la fameuse côte, Mitsukane s’arrêta sur un bord de route assez large, comme un petit parking, entouré d’arbres. Enfin stoppés, Soledad se détacha un peu du jeune homme, descendant de la Vespa rouge et mettre pieds au sol. Tirant sur le tissu de sa jupe, elle la remit correctement en place pour cacher ses jambes. Elle avança doucement vers les arbres, voguant entre eux, sans faire attention au jeune homme pour le moment. L’andalouse défit l’attache du casque et le retira enfin, libérant son visage rougi. Son chignon était tout défait et donnait l’impression qu’elle avait fait une sieste. Légèrement blasée, elle tira sur l’élastique qui retenait sa chevelure de jais. Enfin libérée, on pouvait en voir toute sa longueur, qui tombait dans le creux de ses reins, ainsi que les ondulations qui les caractérisaient comme s’ils dansaient eux aussi. Le casque sous le coude, elle regarda le tableau qui se dévoilait à ses yeux. La ville de Seikusu dans toute sa splendeur. C’était magnifique, vraiment. Un sourire aux lèvres, elle se retourna vers Mitsukane, qui s’était sûrement débarrassé de son casque aussi.

- Monsieur serait du genre romantique ? On se croirait dans un film à l’eau de rose. Le beau jeune homme qui kidnappe sa belle pour l’emmener dans un endroit au calme et hors du commun.

Cela faisait un peu cliché, mais Soledad ne se moquait pas du tout du lycéen. À vrai dire, elle appréciait grandement.

3
Soledad, petite étoile aux yeux de tourmaline noire et aux cheveux de jais, ne savait quoi penser.
Soledad, petit bout de femme à l’accent chantant et aux effluves de fêtes et de joie, ne savait quoi faire.

Soledad était complètement perdue. Debout et droite comme un « i » devant Mitsukane, l’hispanique ne faisait que le fixer, plongeant volontiers dans son regard sombre comme la nuit. Son cœur d’espagnole dansait encore dans sa poitrine, le fait que le jeune homme s’approche de plus en plus d’elle n’arrangeant pas la chose. De l’amour ? Non. Un coup de foudre peut-être ? Impossible, ou la demoiselle refusait d’y croire. Un béguin ? Oui, déjà plus plausible. Une forte attirance, ça oui. Dans tous les cas possibles et imaginables de toute manière, c’était une chose que la brunette ne connaissait pas et expérimentait en ce moment présent. C’était tout nouveau et le fait qu’un inconnu -il en restait un malgré le fait qu’ils aient partagés un baiser- puisse la voir dans cet état-là la mettait mal à l’aise. Mais elle se laissait faire tout de même.

Ce n’était pas désagréable. Se sentir légèrement pressée contre un corps d’homme émoustillait Soledad. Sa main agrippait toujours le tee-shirt du musicien, alors qu’elle fut couverte par la paluche de celui-ci. Elle frémit un peu, relevant son menton et le reste de son visage, posant ses orbes sombres sur les traits fins du lycéen. Elle sentit la main vagabonde du brun remonter son dos dans une lenteur douce et légère, filant ensuite dans sa nuque, pour continuer sa course dans la longue chevelure de la danseuse. Sol observait sans rien dire. Elle écarquilla les yeux de surprise quand elle le vit s’approcher de son visage, croyant qu’il venait l’embrasser de nouveau. Oh. Elle n’aurait pas dit non. Quoique. Elle ne savait pas, en fait. Mais Mitsukane ne vint que lui murmurer quelques mots à l’oreille. Ce simple fait emballa davantage le cœur de l’hispanique. Le jeune homme lui proposait de continuer à se voir juste après les cours, bien évidemment. L’ambiance sera sûrement plus propice à faire plus ample connaissance.

Mais avant même que la jeune femme ne puisse lui répondre, la sonnerie annonçant la fin de la pause récréation sonna. Une légère moue sur le visage montrait bien que la belle Soledad aurait bien aimé continuer ce câlin, mais le sort en avait décidé autrement, et qui sait ce qu’il se passera par la suite. Déliant ses bras du corps de Mitsukane, elle s’éloigna de lui, un fin sourire orna ses lèvres, avant de laisser s’échapper un « oui » muet. L’aura-t’il compris, que l’hispanique était d’accord pour se voir après les cours ? Elle l’espérait, car elle ne pouvait désormais en dire plus, les élèves rentrant peu à peu en classe. Et quels regards ! Certains lycéens haussaient les sourcils de surprise de voir l’un des leurs, le retardataire du cours d’espagnol d’ailleurs, déjà là, en classe, avec la professeure. Des murmures et ricanements s’entendirent légèrement, entremêlés dans le brouhaha d’autres conversations de jeunes. Tout ça sent la rumeur. L’andalouse n’avait pas peur de ce genre de choses, ayant eu affaire à d’autres du genre qui dévoilaient un amour secret avec telle ou telle personne, souvent célèbre. Mais est-ce que tout cela nuirait à Mitsukane ? Elle n’en savait rien.

Les élèves reprirent enfin leur place respective, avant qu’Hokatu ne rentre lui aussi dans la salle. Bien, bien. Le cours d’initiation à l’espagnol pouvait reprendre. Encore des choses barbantes peut-être. Sûrement en fait. Tout le monde ne pouvait aimer le pays d’origine de la corrida, des sévillanes, de la paëlla, ou encore de tout plein d’autres choses. La señorita Cascajo écrivait encore quelques phrases qui pourraient servir plus tard à ces jeunes, bien qu’elle se doute que l’Espagne ne soit pas vraiment un lieu très prisé des orientaux. Pourtant, Soledad, remplie de passion pour son pays, ses racines, ne lésinait pas sur les beaux mots pour décrire ce monde d’où elle venait. Appréciez les jeunes ! C’est beau tout ça !

Soudainement…Ding-dong, ding-dong ! Mademoiselle Cascajo, vous n’aurez pas le temps de terminer car voici que les clochettes sonnent. Fin du cours. Enfin, se dit la danseuse. Nan pas qu’elle n’avait pas aimé donner ce cours, ni qu’elle ne pensait pas être faite pour enseigner, mais plutôt parce que la jeune femme trépignait d’impatience, intérieurement, de pouvoir rejoindre ce jeune garçon qui lui avait volé son premier baiser. Oui, Señorita « Tout feu-Tout flamme » était impatiente de voir ce que Mitsukane lui réservait pour la suite. Apprendre à se connaître, ça, c’est sûr. Mais où l’emmènerait-il ?

Les élèves fuirent alors de la salle de classe, saluant la danseuse au passage, d’avoir pris le temps de leur apprendre un bout d’elle. Hotaku remercia également son amie pour avoir donné ce cours, malgré son agenda de célébrité, si l’on peut dire. Déposant un léger baiser sur le front de la jeune femme, il s’éclipsa à son tour de la salle. Le feu monta aux joues de Sol. Non pas à cause d’Hotaku, pas du tout. Mais plutôt pour…Vous savez quoi. Rassemblant ses affaires, elle prit soin de ne pas oublier son sac à main sur le bureau de la salle, et vint fermer alors la classe. Doucement, elle descendit les escaliers et, si elle portait l’uniforme, on pourrait la prendre pour une élève. Après tout, l’andalouse n’était guère bien plus âgée qu’eux.

Enfin dehors. Dans la cour, le vent venait soulever sa jupe, la faisant onduler tout comme elle pouvait le faire lorsqu’elle dansait avec passion. Ses cheveux de jais s’ébouriffaient légèrement, trop bien attachés en un chignon. Seules quelques mèches jouaient les rebelles. Alors, l’espagnole engagea la marche vers la sortie, d’un pas lent mais non dénué d’envie. Son visage trahissait cette envie, rougissant de plus en plus qu’elle avançait. Son regard, porté sur ses chaussures vernies, se relevait parfois en direction des grilles. Sûrement que Mitsukane l’attendait déjà. À moins que ce jeune homme ne lui ait joué un tour et qu’il lui ait posé un lapin !

4
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: vendredi 08 novembre 2013, 01:45:58 »
Depuis que je fais ce qu'il me plaît, bordel de cul. èé
Namého !

1h48   Buenas noches Noh' ! <3

5
Les alentours de la ville / Re : Ma préccccccccccccccccccccieuse !!!! [Pv]
« le: vendredi 25 octobre 2013, 16:36:28 »
Quelle situation grotesque. La belle Soledad, ligotée sur un vieil rocking chair, devait ouvrir la bouche comme un bébé qui réclamait sa bequetée à Nikolaus. Tss. La jeune femme se sentait humiliée, un peu. Déjà qu’on lui rabâchait qu’elle ne faisait pas très adulte à cause de sa petite taille, un petit mètre soixante, mais aussi la faute à sa poitrine menue, pas très femme quoi…Si, en plus, on s’occupait de l’andalouse comme s’il s’agissait d’un enfant qui ne sait rien faire de ses dix doigts, la belle hispanique voyait rouge intérieurement, quoique le froncement de sourcils juste à l’instant pouvait indiquer son mécontentement.

Cependant, Soledad laissait faire son kidnappeur. Elle avait bien trop faim pour moufter, dire quoique ce soit. Silencieusement, elle ouvrait la bouche sur la cuillère de chili chaude, préalablement refroidie par le souffle de cet homme, avant de la refermer dessus et se délecter du repas. Ce n’était pas mauvais, il est vrai. Si la danseuse avait le malheur de s’en mettre sur le coin des lèvres, Nikolaus le lui essuyait avec un torchon, délicatement. La boule de poils ronronnant sur ses genoux guettait le moindre petit morceau qui pouvait tomber, et si l’un d’eux se retrouvait sur la robe de la belle espagnole, il n’en faisait qu’une bouchée.

Une dernière cuillère de chili con carne en bouche et son kidnappeur se mit à regarder le sol. Un sourcil haussé d’étonnement, Soledad se demandait ce qu’il avait, ce qu’il se passait. Non pas qu’elle s’inquiète pour lui, mais plutôt pour elle. Et s’il lui faisait un mauvais coup et avait décidé de la liquider ? Merde ! Et s’il y avait du poison dans la nourriture ? Non, ce n’était pas possible, sinon, il n’aurait pas laissé le petit chaton mangeait le morceau de viande qui était tombé sur sa robe. Alors quoi ? Tout en mâchouillant ce que l’andalouse avait en bouche, elle eut sa réponse. En effet, elle ne comprenait pas grand-chose à ce fanatisme, tellement extrême qu’il voulait la garder pour lui tout seul. Genre, pour la protéger ? Mais il pouvait très bien lui arriver quelque chose, même ici près de lui. Un mauvais coup de froid qui aurait entraîné un rhume, empirant par la suite, ou bien une chute, dans laquelle sa nuque se serait brisée. Il ne fallait pas non plus oublier qu’elle était una bailarin connue et que sa famille, et d’autres personnes, feraient appel aux autorités pour la retrouver. C’était un risque pour lui, et il ne devait pas l’oublier.

Mastiquant sa nourriture, Soledad le suivit du regard, jusqu’à ne le voir que du coin des yeux. Nikolaus s’était échappé derrière le fauteuil à bascule. Il enlaça alors la jeune femme, calant son visage dans le cou de la demoiselle. L’espagnole fut surprise, autant par ses paroles que par son geste, avalant bruyamment ce qu’elle venait de mastiquer. Sauf qu’une peau d’haricot rouge était passée par le trou à tarte, comme on le dit si bien, chatouillant les parois du fond de sa gorge. Instinctivement, elle se mit à tousser, fortement, son corps se convulsant assez puissamment pour que cette chose qui la gênait disparaisse. Impossible. Ses joues commençaient à virer rouges, puis ce fut l’intégralité de son visage qui prit cette couleur de sang. Sol tira de plus en plus fort sur ses liens, cherchant par tous les moyens de s’en défaire, pour avoir une quelconque aide de ses mains, doigts, elle ne savait pas, pour qu’elle ne s’étouffe plus. Elle était incapable de demander de l’aide à Nikolaus, ne pouvant faire autre chose que tousser, et encore tousser. Mierda. Ca serait bien con de mourir de cette façon.

6
Non pas que l’andalouse n’avait pas apprécié le baiser, bien au contraire, mais Soledad n’était pas ce qu’on appelle une habituée dans ce genre de situations. Il suffisait de la voir. Ce rouge bien écarlate s’étalait sans gêne, sans pouvoir se contenir, sur ses joues. Ces mêmes joues qu’elle tentait de cacher avec ses mains ou en détournant le visage, en vain. Elle était bien belle, la demoiselle du haut de ses vingt-et-un ans, à ne savoir comment réagir face à tout cela. Prix du premier rôle de la jeune vierge effarouchée ? Soledad Cascajo ! Franchement, l’espagnole était bien honteuse en ce moment-même. Oui, honteuse. On se croirait dans un shojo, sérieusement. Tout y était. Le lieu, les personnages principaux, seul l’âge de la demoiselle et son réel métier changeaient la donne. Un vrai petit cadre romantique, en somme.

Mais l’hispanique venait de tout gâcher. Cela allait vraiment beaucoup, beaucoup trop vite pour elle. Si Mitsukane savait qu’il venait de lui voler son premier baiser, il allait sûrement se moquer d’elle. Ce serait un véritable coup dur pour la jeune femme. La danseuse s’était sentie pousser des ailes durant le baiser, même le peu de temps qu’il avait duré, mais maintenant, c’était le retour brutal sur terre, et c’était de sa faute. Car, ce n’était pas le lycéen qui avait rejeté la demoiselle. C’était bel et bien les mains de l’andalouse qui s’étaient posées sur le torse du japonais pour ramener une certaine distance entre leurs corps.

Haaaa, les rapports entre individus, surtout amoureux, ce n’est jamais simple. Qué ? De l’amour ? Non, ce n’est pas possible que ce soit ça. L’andalouse trouvait cela inconcevable que ce baiser signifie déjà un grand amour. Une forte attirance pour sûr, mêlée à une grande curiosité qui la poussait à en savoir davantage sur Mistukane. Mais trop vite. Cela allait beaucoup trop vite. Comme son cœur, encore affolé, dont les battements résonnaient dans sa poitrine. Des sentiments nouveaux se bousculaient dans son esprit. S’emballait-elle ? Peut-être. Mais c’était bien la première fois qu’elle se retrouvait dans un état pareil face à un homme.

Soledad ne savait guère où se mettre, et il en était de même pour Mitsukane. Toujours planté devant elle, il soupirait face au silence qui régnait désormais dans la grande pièce, alors que l’espagnole n’osait le regarder à nouveau, clairement le feu aux joues. Il s’excusait même. Surprise, les orbes sombres s’écarquillèrent, reportant leur attention sur le lycéen qui regardait à travers la fenêtre, les autres élèves dans la cour. Attrapant un pan de son tee-shirt ACDC de sa fine main, elle rougissait davantage, balbutiant quelques mots.

- N…Ne t’excuse pas…Pas pour ça…

Ce baiser, Soledad l’avait apprécié, et rien que d’y penser, ses oreilles chauffaient elles aussi. Timide ? Dans le fond, elle ne l’était pas vraiment, sauf avec la gente masculine qui souhaitait l’approcher de la sorte, pour ce genre de choses. Soit l’andalouse se montrait directe et franche, envoyant bouler la personne gentiment, soit elle se montrait timide et un peu mal à l’aise face aux compliments qu’on lui faisait. Le premier cas apparaissait le plus souvent. Le second venait d’avoir lieu. Mitsukane avait raison. La jeune femme n’avait pas l’habitude de se rapprocher de personnes en dehors de ceux de son milieu qu’est la danse. Sa tournée mondiale ne l’aidait pas avoir des points de repère, ni à se faire de véritables amis, et encore moins avoir un homme qu’elle aime. Le lycéen semblait bien l’avoir compris, de toute façon. Il reposa ses yeux sombres sur la danseuse, intimant à la demoiselle de lui dire ce qui l’empêchait d’essayer. Sol se leva alors, un fin sourire aux lèvres, sa main agrippant toujours le tee-shirt, presque collée contre le lycéen. Le tissu de sa jupe longue revint cacher la blancheur de ses jambes, alors qu’elle relevait son visage pour s’adresser au jeune homme.

- Rien…

En réalité, beaucoup de choses, en priorité, son travail de danseuse, ou plutôt, sa passion du flamenco. Être avec une personne qui voyage dans le monde entier, ça peut être cool, à condition de l’accompagner. Et encore…Il fallait savoir supporter les fans, parfois un peu trop collants, de la demoiselle. Car la señorita Cascajo en avait, même si elle n’était qu’une simple danseuse, et non pas une chanteuse du grade de Shakira, par exemple, pour citer une autre hispanique. Mais s’il fallait penser à ça à chaque rencontre que Soledad faisait, il ne fallait donc s’approcher de personne. Sauf que l’espagnole n’était pas faite pour rester seule toute sa vie. Alors, essayons et voyons voir ce que le petit couple donnera.

- Oui…Commençons par apprendre à nous connaître. Le reste, nous verrons bien.

Mais une chose clochait un peu dans tout ça. Le cadre, le lieu.

- Et il vaut mieux en dehors du lycée. Ca serait bête de me prendre juste pour une prof…

Et puis, quoi de mieux pour se parler qu’une balade en dehors de ces quatre murs et du règlement du lycée. Non plus une prof et un élève, mais juste deux jeunes adultes qui font connaissance.

7
Les alentours de la ville / Re : Ma préccccccccccccccccccccieuse !!!! [Pv]
« le: dimanche 08 septembre 2013, 19:14:31 »
C’était de sa faute. La faute à Nikolaus. Il avait parlé de nourriture, et cela fit baver mentalement la jeune femme. Même si elle était assise et attachée sur ce maudit rocking-chair, Soledad sentait bien que son estomac criait famine. L’andalouse le sentait, et l’entendait également. Ce gargouillement disgracieux résonna un instant dans la pièce. Le feu monta aux joues de la belle danseuse, qui essaya de se cacher en tournant légèrement la tête, honteuse que son kidnappeur l’ait entendu. C’était une manière de lui avouer qu’elle avait faim, et que, forcément, elle avait besoin de lui. Grr. La belle brune n’aimait pas ça, mais elle ne pouvait faire autrement. Si elle refusait de manger ne serait-ce qu’un peu, elle souffrirait de ce manque de nourriture, faiblirait, et ne pourrait plus s’échapper ! Alors, autant dire la vérité à cet homme qui la retient captive. Tiene hambre. Son ventre grogna et répondit presque à la place de sa bouche.

À lui, cela avait l’air de lui plaire, qu’elle réclame à manger. Il suffisait de voir l’état de ses joues, quand la belle reposa ses yeux noirs sur lui. Il rougissait. Soledad avait misé sur le bon cheval. Lui proposer de danser contre un repas était finalement une idée géniale. Franchement, la jeune femme n’aurait jamais cru que cela pouvait fonctionner. Ils avaient donc un deal, comme il le disait si bien. Nikolaus lui préparait une assiette pour se repaître et l’hispanique danserait quelques instants pour lui. L’andalouse acquiesça d’un hochement de tête pour répondre à son kidnappeur.

Il s’éloigna alors, partant un peu plus loin pour préparer le fameux plat. Soledad continuait de tirer sur ses liens pour essayer de s’en défaire, en tout discrétion cependant, pour ne pas reporter l’attention sur elle. Elle s’en fichait qu’il ait foutu trop d’épices ou non dans son plat. Ce n’est pas comme si la demoiselle avait l’habitude du piment, avec la cuisine transmise par su abuela. Et ce n’est pas comme si l’andalouse en avait réellement quelque chose à faire, vu qu’elle était toujours scotchée sur ce fauteuil à bascule ! Ah. Flûte. Il y avait encore ce chat sur les genoux, qui ronronnait comme un moteur V8. Et si Nikolaus parlait réellement avec les animaux, ce petit matou pouvait en dire des choses à son maître. Argh. Elle était coincée.

De toute façon, c’était déjà trop tard. Son kidnappeur s’installa à côté d’elle, sur une chaise, venant lui caresser les joues légèrement rouges et ses lèvres. Encore une fois, la demoiselle aurait bien voulu reculer sa tête, mais c’était peut-être signer le fait qu’il ne la nourrisse pas, et par la suite, ne la détache pas. Alors, elle se laissa faire, bien à contrecœur. Il répondit enfin à la question de Soledad, de tout à l’heure, à savoir s’il parlait aux animaux. Apparemment, c’était le cas. Et il semblait déçu de savoir que la jeune femme ne pouvait pas le faire, tout simplement. Enfin, dans son explication, elle comprenait qu’il voulait faire référence également aux habitudes des animaux. Bon, si l’on partait sur ce point-là, alors Soledad comprenait les chats, et un peu les chiens. Les autres animaux, moins, voire pas du tout. Il n’en restait pas moins de spécial, il le disait lui-même, et décrivait l’espagnole comme telle. Oh. La suite lui fit prendre un peu plus de couleur, haussant ses sourcils de surprise.

- Ma danse ? Magique ?

Il ne répondit pas de suite, un léger bruit vint tinter dans la pièce. Le repas était prêt. Aussitôt le dos tourné, la demoiselle remuait pour se libérer mais rien n’y faisait. Le chaton passait et repassait sur ses genoux, lui foutant des poils sur tout le ventre. Argh. Et Nikolaus avait dit que le matou aimait bien qu’on lui gratouille la cuisse…Aurait-il des puces ? Rien qu’à cette pensée, l’hispanique rêvait de pouvoir se gratter de partout, griffant sa peau. Un frisson désagréable parcourut son corps, le remuant doucement.

 Le voilà qu’il revenait vers la danseuse. La belle brune s’immobilisa subitement en le voyant arriver avec son assiette de ce qu’il semblait être du chili con carne. Il y avait franchement plus raffiné comme plat pour sa princesse…Cependant, la jeune femme ne tira pas la tronche face à ce repas. Non. Soledad avait décidément trop faim pour refuser quoique ce soit de comestible. Ce n’était pas le moment de faire la fine bouche. Obéissant finalement à son kidnappeur, la jeune femme ouvrit la bouche, attendant la cuillère pleine de nourriture. L’image de sa mère et de su abuela lui donnant à manger étant plus petite lui revint alors à l’esprit. C’est vrai que le spectacle donnait l’impression que Soledad n’était qu’une gamine.

8
Cette nuit était splendide. Le ciel clair, les étoiles à perte de vue, la Lune brillant de mille feux. Si elle n’était pas sur un bateau regorgeant de pirates, la jeune hispanique se sentirait presque comme dans un film. Cette vision était à la limite de la situation romantique des scénarios à l’eau de rose. Avec les pirates en plus. À vrai dire, ce silence n’était pas complètement au goût de l’andalouse. Il était à la fois apaisant et stressant. Enfin, presque silence, car l’on pouvait entendre les fines vagues taper sur la coque en bois du navire. Il y avait bien eu l’un des matelots encore présents sur le pont qui avait sifflé quand Soledad était sortie des quartiers du capitaine, mais elle avait préféré ne pas y prêter une quelconque attention. L’air frais de la nuit lui faisait du bien. Les ondulations du vent balayaient la chevelure de jais de l’espagnole, cette magnifique mer noire…Par chance, la danseuse n’avait pas le mal de mer. Les balades en mer étaient une petite habitude qu’elle avait prise avec son abuelo, longeant souvent les bords de Cadiz dans un petit canot. Bon, c’était ridicule de comparer une vieille bicoque à ce grand pavillon noir, mais au moins, cela permettait au capitaine d’avoir une invitée impromptue qui ne lui saccagerait pas le parquet de ses quartiers privés.

Perdue dans la contemplation de cette toile sombre aux épingles argentées, Soledad ne remarqua même pas la disparition furtive de Givitrius. Celui-ci avait quitté le pont quelques instants pour s’en aller dans sa chambre et revenir ensuite avec une chaise. Était-ce pour la jeune femme ? Apparemment. Alors, il avait remarqué que les pieds de la belle andalouse la faisaient souffrir ? Sûrement. En même temps, il aurait fallu être aveugle pour ne pas s’en apercevoir…Cette petite attention fit sourire l’hispanique, qui remercia simplement cet homme d’un hochement de tête. Mais pour l’instant, elle n’irait pas s’asseoir. Elle comptait bien profiter de l’air du soir pour se ressourcer au maximum, avant de se cloîtrer une nouvelle fois dans la chambre du capitaine. Tiens, Givitrius va devoir y retourner aussi, ne serait-ce que pour se reposer. Et dans ce cas-là, dormiraient-ils ensemble ? Soledad secoua vivement la tête pour chasser cette pensée obscène qui lui venait à l’esprit. C’était inconcevable ! Tant pis, elle dormirait autre part. Elle trouvera bien quelque chose…

Le grand homme vint se poser sur le garde-corps du pavillon noir, s’aidant du cordage pour ne pas tomber à l’eau. Il suffisait d’une maladresse et plouf ! Un homme à la mer ! Il se demandait si la jeune femme appréciait son voyage, même si celui-ci était forcé. Un sourire aux lèvres, elle prit le temps de lui répondre, tout en s’approchant de lui.

- Oui. C’est beaucoup plus sympathique que sur un paquebot. Merci encore de m’avoir gardé sur votre bateau. Ici, mh, comment dire…On se sent libre. C’est ça.

Après tout, ce sont des pirates. Les lois qui dirigent ce monde que Soledad ne connaît pas ne doivent pas vraiment s’appliquer à eux. Ils font ce qu’ils veulent. Ils voguent sur les océans, ils pillent, tuent sûrement, mais sont libres de faire ce qu’ils leur chantent. Et cette sensation de liberté, l’hispanique la sentait bouillonner dans le fin fond de ses tripes. La vie de pirates n’était qu’aventure. Un autre sourire franc vint se dessiner sur les lèvres rosées de l’espagnole. Au signe du capitaine, elle s’approcha de lui, au bord du bateau. La jeune femme s’avança jusqu’au rebord, y affalant ses bras et y posant la tête dessus. Elle se pencha doucement, les fesses légèrement en arrière pour observer le spectacle. La mer reflétait la sombre toile de la nuit. La lumière de la Lune était si belle. Les milliers d’étoiles se faisaient secouées par les vagues qui claquaient contre le bateau. Cela donnait la sensation que des lucioles dansaient en rythme. C’était si beau. L’andalouse se laissa hypnotisée par ce tableau d’encre et de paillettes, sereine. Avant que le capitaine ne vienne l’interrompre dans sa petite rêverie. Il pensait qu’elle était une magicienne, pire, une sorcière ? À cette révélation, la jeune femme ne put que pouffer de rire, passant sa main sur sa bouche pour se taire légèrement.

- Ja ja ! Non, je ne suis pas ce genre de personnes. Pour moi aussi, tout ceci révèle du mystère. J’étais chez moi, j’ai fermé les yeux, et je me suis réveillée sur cette île…

Mais lui dire tout cela ne le convaincra peut-être pas. La demoiselle pouvait très bien mentir, mais ce n’était pas le cas. Franchement, si elle savait utiliser la magie, peut-être qu’elle aurait déjà eu connaissance depuis longtemps de cet autre monde. Aussi, elle ne se serait pas retrouvée sur une île déserte, à se débrouiller seule durant quelques jours à la façon Koh-Lanta ! Givitrius restait curieux, même après la réponse de l’andalouse. Il se pencha vers elle, encore avec ce sourire charmeur, se demandant ce qu’était la jeune femme. Elle ne tourna pas autour du pot.

- Une danseuse.

C’est ce qu’elle faisait de sa vie sur Terre. Danser était sa raison de vivre. C’était sa façon à elle de transmettre des sentiments qui provenaient du plus profond d’elle-même. Le flamenco n’était pas très répandu dans le monde, vu comme une danse un peu désarticulée et brutale. Tout reposait essentiellement dans l’ondulation des mains et les coups de pieds au sol, tout ceci accompagné par une mélodie à la guitare sèche et un chant typiquement andalou. Se redressant, elle se retourna, sa chute de reins plaquée contre la rambarde, soupirant doucement, avant de fixer le capitaine de ses orbes noirs.

- Une grande danseuse reconnue dans mon monde…

Oups. Ca, peut-être qu’elle n’aurait pas du lui dire. Enfin, elle se gardait bien de lui dire qu’elle n’était pas une simple humaine. Son côté esprit du feu était une roue de secours s’il lui arrivait malheur. L’effet de surprise pourrait lui être utile plus tard. On ne sait jamais…

9
Il s’était approché trop près de l’andalouse, se permettant même de lui passer la main sur l’épaule. Soledad lui était reconnaissante de l’avoir sorti d’affaire, de l’avoir pris à même son bateau et de l’avoir sauvé d’entre les mains de ses matelots, mais cela ne l’autorisait pas à de telles familiarités avec la demoiselle. Cela l’irritait, fronçant les sourcils, comme pour le mettre en garde, tout en lui demandant ce qu’il faisait. Car, après tout, elle pouvait se méprendre sur ses attentions. Mais là, elle ne pensait pas se tromper. Il avait beau sourire, faire son charmeur, la danseuse se méfiait de lui. Son petit rire, montrant ses mains tel un voleur avouant sa faute, rien ne rassurait la jeune femme. Connu pour ses massages sur le port de Nexus ? Mais bien sûr. Avec des putes oui. Mais on ne la fait pas à Soledad. Elle était bien loin d’être une fille facile comme il semblait avoir l’habitude de mettre dans sa couche.

Quand Givitrius se leva et s’éloigna de la jeune femme, elle ne dit rien. Elle n’allait nullement le retenir pour qu’il reste avec elle. Surtout pas après ce qu’il venait de faire. Il allait la laisser tranquille dans ses quartiers pour qu’elle puisse se remettre de ses émotions, et pour se reposer. Sol acquiesça d’un hochement de tête, en le voyant disparaître derrière la porte. Un léger cliquetis de la serrure et la voilà enfermée seule dans la chambre.

Son premier réflexe fut de s’approcher de la porte juste fermée, y collant son oreille pour écouter les moindres paroles des matelots. Mais elle n’entendit que le capitaine du Boléro Bleu donnait des ordres à ses matelots. Un soupir s’échappa de ses lèvres. Maintenant, elle devait attendre tout en se reposant ? Mh, non. Discrètement, sans faire trop de bruit pour ne pas attirer l’attention, elle se mit à fouiller les quartiers. Dans les tiroirs, elle trouva des outils de navigation qui ne l’intéressaient pas. Dans l’un d’entre eux, elle récupéra une dague. Ca pourrait servir, qui sait ? Arrachant un pan de sa jupe déjà bien abîmée, elle enroula la lame dans le tissu et l’accrocha au rebord de sa petite culotte, sous sa jupe. Parcourant la pièce, elle s’arrêta devant la bibliothèque du capitaine. Si elle lisait quelques uns de ses bouquins, peut-être qu’elle comprendrait où elle était tombée. Alors elle en prit trois, plus ou moins grands, plus ou moins épais, et partit s’installer sur le lit de Givitrius. Les titres ne lui disaient rien, du moins, rien de bien connus sur Terre. Elle en feuilleta des pages, baillant. Ses yeux se fermaient lentement, ses paupières de plus en plus lourdes. Son escapade sur cette île déserte l’avait fortement épuisée. Et elle plongea dans les bras de Morphée.

Un profond sommeil dont elle fut extirpée plusieurs heures après par des cognements. Givitrius tapa à la porte pour prévenir la demoiselle qu’il allait entrer. Mince ! Elle se leva prestement, les cheveux ébouriffés et la marque de l’oreiller sur la joue, mais tant pis. Soledad s’approcha de la porte quand elle entendit le verrou se défaire. Le capitaine était venu la chercher pour qu’elle se dégourdisse les jambes. Passant son visage dans l’entrebâillement de la porte, elle sourit doucement.

- D’accord…

Doucement, elle passa devant lui, ouvrant la marche. Dehors, il faisait nuit. Levant la tête, elle observa le ciel. Pas un nuage. Les étoiles parsemaient cette toile sombre, la Lune les accompagnant. Un léger vent vint soulever la chevelure de jais, en bataille, de l’andalouse. Elle avançait doucement sur le pont, tranquillement, sans se précipiter. Ses yeux scrutaient tout. Sur le bateau, encore debout, seuls deux hommes, à part le capitaine, étaient là. Soledad était légèrement rassurée par la chose, mais elle restait méfiante tout de même.

- Ah. Madre de…

Ses pieds la faisaient souffrir. Malgré la fraîcheur à l’extérieur, le bois légèrement humide sur le pont par quelques vagues, les brûlures sur ses petons lui tiraillaient la peau. Tantôt elle s’appuyait sur ses talons, tantôt c’était sur la pointe des pieds qu’elle avançait. De cette façon, on aurait presque pu croire qu’elle dansait. Penser à autre chose pour oublier son mal. Mis à part le souci de ses pieds blessés, cette sortie lui faisait du bien. Pendant deux semaines, elle allait devoir s’habituer à ne sortir que le soir, quand tous les matelots dormiraient, au risque d’avoir quelques soucis…

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Les alentours de la ville / Re : Ma préccccccccccccccccccccieuse !!!! [Pv]
« le: mardi 09 juillet 2013, 00:11:11 »
Soledad ne cessait de se démener sur le rocking chair pour se libérer de ses liens qui lui laceraient la peau de ses poignets et de ses chevilles. Mince quoi. Elle était en train de danser, superbe scène, superbe mélodie, superbe public, et voilà le résultat. Kidnappée par l’un de ses fans, et désormais, ligotée sur une chaise à bascule dans un endroit qu’elle ne connaissait pas, sûrement bien paumé pour ne pas qu’on les retrouve facilement.

Jamais il ne la laissera partir. Soledad le comprenait enfin. Malgré qu’elle ne se laissait pas faire et qu’elle lui jetait des regards noirs, les sourcils froncés, lui était tout sourire, à lui caresser le visage du bout des doigts. Mierda ! À moins de se montrer plus maligne que lui. Ou lui donner ce qu’il veut. Enfin, il faudrait déjà savoir ce qu’il voulait exactement. La garder pour lui, ça, elle l’avait parfaitement compris. Mais après ?

Déjà, pour essayer d’avancer dans la chose, Soledad lui avait demandé son nom. Instaurer une certaine proximité permettrait par la suite qu’il lui fasse confiance. Et peut-être qu’ainsi, il la libérerait de ses liens. Oui, peut-être. Nikolaus…Bizarrement, ça ne sonne pas très japonais. Alors, il l’aurait suivi jusqu’au Japon pour l’enlever ? Dios mio. En plus, il a appris l’espagnol…Pour elle ? Oula…Soledad était plutôt mal barrée. Cet homme au regard émeraude était vraiment à fond sur elle, n’avait d’yeux que pour elle. Jamais, ô grand jamais, l’andalouse aurait pensé être dans une telle situation que celle d’aujourd’hui. Déchaînée des passions ? Laissez-la rire. Enfin, là, elle ne rigole pas trop, la petite.

Soleil de mes jours, étoile de mes nuits. À cette révélation, Soledad eut un frisson qui lui parcourut l’échine. Un frisson désagréable. Ce qu’il lui dit lui faisait soudainement peur. Même avec un petit recul, surprise, elle ne put éviter ce baiser sur son front. L’andalouse n’avait qu’une envie : avoir une main détachée pour pouvoir essuyer cette trace invisible qui l’horripilait. Mais lui souriait, et il se mit à siffler aussi. Aussitôt, Sol tendit l’oreille et ses orbes sombres scrutaient les alentours. Un chat roux fit son apparition. Il grimpa sur les genoux immobilisés de la demoiselle, ronronnant comme un vrai moteur diesel. Nikolaus se mit à le caresser doucement, le regard tendre, avant de s’adresser à la jeune femme. Ce qu’il lui dit la surprit. Attendez, le chat lui aurait parlé ? Curieuse, trop peut-être, elle s’adressa à cet homme, en japonais, cette fois-ci.

- Tu…Tu sais parler aux animaux ? Tu les comprends ?

L’hispanique était bien devenue un esprit du feu, alors lui pouvait très bien savoir parler aux animaux ! Le chat continuait à se frotter sur les genoux de la jeune femme, ondulant parfois sur le ventre de Soledad, lui mettant du poil de partout sur ses vêtements. Nikolaus profita de ce moment de distraction pour caresser le visage de la danseuse, avant de lui embrasser de nouveau le front. Grr. Et de lui proposer à manger. Instantanément, l’estomac de la jeune femme se mit à gargouiller, et pas discrètement. Elle ne voulait pas l’avouer mais…

- Oui, je veux bien…Tengo hambre…

Et peut-être que pour le remercier de cette attention.

- Et si tu veux, après, je pourrais danser pour toi…

11
Voilà une situation qui mettait la jeune hispanique vraiment mal à l’aise. Elle s’était légèrement emportée, croyant que Mitsukane l’avait cherchée, s’était approché d’elle dans l’unique but de la mettre dans son lit, de profiter d’elle et de sa popularité. Mais Soledad s’était trompée sur toute la ligne, le lycéen lui avouant qu’il n’en avait rien à faire qu’elle soit une danseuse célèbre. Que s’il était attiré par elle, ce n’était pas pour ce qu’elle pensait. L’andalouse s’était excusée, l’arrêtant dans sa course pour sortir de la salle, et ne savait pas vraiment où se mettre désormais.

Le petit geste de la danseuse n’avait pas été vain. Mitsukane n’était pas parti. Et la jeune femme se sentait observée. Un frisson lui parcourut l’échine. Il s’approcha de Soledad, collant son bassin tout contre les genoux de la belle, qui continuait de laisser pendre dans le vide ses jambes cachés par sa jupe noire. D’un geste doux, il s’empara de son menton, entre deux doigts, relevant le visage fortement rougie de la señorita. Il était si près. C’est dangereux ! lui criait sa petite voix. Mais Sol ne l’écouta pas. Mitsukane lui offrit un sourire tendre et doux, avant de l’embrasser.

Voleur ! Sais-tu que c’est le premier baiser de l’andalouse que tu viens de prendre sans autorisation, juste là ? Non, bien sûr, tu ne le sais pas. Et pourtant, elle ne le repoussera pas, un agréable frisson secouant son petit corps entièrement. Ses lèvres sont si chaudes et douces. Cela lui fait peur autant que ça la ravit. L’espagnole ne connait rien à ce genre de choses. Et le lycéen pourrait le voir. Elle se laissa finalement aller, ses orbes sombres se fermant lentement. Le passage de ses doigts sur son visage et sur son cou la faisait fondre, presque à en perdre la tête. C’était si bon. Cela ne faisait qu’augmenter le feu aux joues de la belle. Mais c’est quand elle sentit de petits papillons dans son bas-ventre qu’elle se dit que c’était peut-être de trop.

Rompant lentement le baiser, elle rouvrit les yeux, piquant un fard. Soledad s’éloigna du jeune homme. Elle baissa son regard, le posant sur ses pieds, plaçant ses mains devant son visage pour cacher sa gêne, les secouant doucement.

- Ah…Aheum…Ca va…Ca va beaucoup trop vite pour moi…

La honte. Il va vite comprendre que c’est une pucelle. Il devait y avoir quoi ? Quelques années, du genre 3-4 ans, entre eux deux. Mais Mitsukane avait du avoir affaire avec d’autres femmes auparavant, des lycéennes sûrement. Il avait plus d’expérience en la matière. Pour sûr, plus que Soledad, qui n’avait jamais connu d’hommes, même pour un baiser. Enfin, pour le baiser, on peut dire que maintenant oui.

12
C’était une mauvaise idée de trop se basculer sur un rocking chair. Maintenant, Soledad avait vraiment mal et grognait légèrement en ressentant une vive douleur au niveau de son coude et de son poignet. Vraiment pas très malin. Ce n’est pas blessé de partout qu’elle ressortira d’ici, elle le savait parfaitement. Néanmoins, ce mal qui lançait dans son corps frêle, lui fit comme un petit électrochoc pour mieux reprendre ses esprits, qui étaient encore embrumés par son sommeil provoqué par cet homme. De ses sombres yeux, l’andalouse l’observait avec attention, en le voyant s’approcher d’elle. Elle ne cessait de se débattre pour essayer de se défaire de ses liens qui commençaient à lui meurtrir la peau.

D’un geste, cet homme tira sur le fauteuil à bascule pour la remettre droite et bien installée sur le rocking chair. Minutieusement, il commença à inspecter le visage de l’espagnole, comme pour vérifier qu’elle n’avait rien. Non, aucune blessure à l’horizon. Durant ce laps de temps, Soledad suivait de ses yeux, ses orbes émeraudes, presque captivée. Elle fouillait dans sa mémoire si, par hasard, elle l’avait déjà croisé à l’un de ses ballets, ou lors d’une soirée mondaine où elle avait été invitée. Non, rien. Le visage de cet homme blond ne lui disait rien, vraiment rien.

Mais à force de lui tripoter le visage, cela commençait à taper sur les nerfs de la danseuse, qui recula sa frimousse pour l’éloigner de cette main un peu trop aventureuse à son goût. Elle ferma les yeux un instant, relevant le menton, prenant un air hautain. Non mais de quel droit se permettait-il de la retenir ici, contre son gré ? Grr. Soledad se mettait à voir rouge. Un peu trop même. Et il ne vaut mieux pas énerver une fleur de flamenco, surtout quand celle-ci pouvait se transformer en esprit du feu. Mais, à part elle, personne ne connaissait son secret.

Enfin, il révéla ses véritables intentions. L’enlever en faisant soi-disant tout cela pour elle. L’enlever dans le seul but de la protéger. Mais la protéger de quoi ?

- Protegerme ? Pero de qué ?

Malgré que la jeune femme ait détourné son visage, il ne cessait de lui caresser la joue, d’une manière tendre, ce qui décontenança l’andalouse. Mierda ! Il la kidnappe, la ligote, la…Pardon ? Il l’a déshabillée, lavée puis rhabillée. Vous…Vous rigolez ? La danseuse plongea ses yeux noirs, emplis de rage dans le regard émeraude de cet homme. Il a osé la mettre à nue, la toucher. Soledad avait envie de pleurer de colère, impuissante sur le moment, ses mains agrippant fortement les accoudoirs du fauteuil à bascule. Mais elle devait à tout prix se calmer, au risque de tout faire cramer dans un beau feu de Saint-Jean. Il était possessif, il pensait avoir un droit sur elle, que personne d’autres ne pouvaient la voir. Dios moi, un fanatique…Elle rapprocha son visage de celui du kidnappeur, le fixant sans gêne.

- Como te llamas ?

Si sa tête ne lui disait rien, peut-être que son nom lui rappellerait quelque chose. Qui sait. Et peut-être qu’ainsi, elle arriverait à sympathiser avec lui, histoire qu’il la détache, la libérer.

13
La belle andalouse en avait marre de ces rapaces qui lui tournaient autour juste parce qu’elle était célèbre dans sa catégorie, et qu’elle avait réussi à se faire un nom dans le monde de la danse. Un sou est un sou, et profitons de celui des célébrités. Ou alors, rapprochons-nous de cette star pour briller ne serait-ce qu’un petit peu dans son ombre, ou mieux, à ses côtés. Oui, marre de tout ce charabia, de tous ces gens qui ne font que profiter, profiter des autres. Soledad était on ne peut plus sérieuse, le visage aux traits légèrement durcis, en s’adressant doucement à Mitsukane. Elle avait des doutes sur les véritables intentions de ce jeune homme. Il avait été assez dragueur durant son cours, qu’il n’avait pas vraiment suivi, voire pas du tout. Mais était-ce vraiment parce que Soledad était une célébrité, ou bien, juste pour autre chose ? Mh. L’espagnole avait des doutes. C’est pour cela qu’elle avait fait venir le jeune homme après la classe, durant l’intercours, pour le lui demander.

Elle lui avouait tout. Ce qui lui faisait peur, qu’il ressemblait à toutes ces personnes, ces charognards qui n’en veulent qu’à sa popularité et non à la personne qu’elle était réellement. Lui souriait, amusé, son visage se rapprochant dangereusement de celui de Soledad. À quelques centimètres de ses lèvres, un spectateur aurait pu croire qu’ils allaient s’embrasser. Cette scène était presque digne des grands films romantiques à l’américaine. Et la belle Soledad se sentait de plus en plus gênée, le rouge lui prenant rapidement les joues. Dios mio.

Ce qui lui dit ensuite la fit sourire puis rire doucement. Le flamenco, une danse qui gueule et où on piétine des pieds. Ha ha ! D’un côté, quand on n’y connaît rien à cette danse, elle pourrait paraître abrupte, sèche, un peu débile aussi, et dénuée d’une véritable grâce. Soledad la voyait plus comme un moment de transe, pouvant exprimer tous les sentiments qu’elle ressentait dans son fort intérieur. Quand Mitsukane poursuivit, l’andalouse écarquilla légèrement les yeux de surprise, arquant un sourcil. Elle était une célébrité, et il s’en fichait. Vraiment ? Alors, s’il avait fait tout cela pendant le cours d’espagnol, c’était parce qu’il la trouvait attirante et qu’il souhaitait en savoir plus sur elle. Vraiment ? Soledad voulait bien y croire, le feu embrasant davantage son visage, baissant légèrement la tête pour que le jeune homme ne le remarque pas.

Elle ne disait rien. La danseuse le laissa continuer dans sa volée. Mitsukane, pas assez bien pour une fille célèbre ? Que de conclusions hâtives. Mais Sol ne dit rien, grommelant et serrant juste un peu les dents, histoire de le laisser finir. Perdue légèrement dans ses pensées, le lycéen lui releva doucement le menton pour la fixer droit dans les yeux. Une nouvelle fois, cela mit mal à la l’aise l’hispanique qui ne savait pas vraiment quoi faire. Jamais un homme ne l’avait approché de la sorte, pas si près.

Puis, il la laissa là, montrant des signes qu’il allait la laisser seule dans la salle de classe, qu’il allait la laisser tranquille, selon ses propres mots. Non, mais non ! Soledad n’était pas d’accord avec ça ! Impulsive, elle se leva brusquement, bien que légèrement, sa main venant agripper le pan du tee-shirt du jeune homme. Un « Attends ! » ou « Restes ! » résonna dans son esprit mais n’arriva pas à dépasser la frontière de ses lèvres, ne pouvant l’exprimer clairement. Elle lâcha son haut, retournant à sa place, assise, les fesses sur la table d’un élève, les jambes pendant dans le vide. Soledad fixa un instant le sol, le regard perdu on ne sait où, avant de reporter ses orbes sombres sur le visage de Mitsukane.

- Parce que je suis célèbre, tu penses que j’ai la folie des grandeurs ? Même au niveau humain ?

Elle ne répondit même pas à la question qu’elle lui avait posée. L’andalouse ne portait pas d’importance à ce qu’un ami, un proche, un amour qui sait, ait de l’argent ou soit célèbre. Malgré sa grande montée de popularité au sein du groupe des danseurs internationaux, Soledad restait simple et n’avait pas pris la grosse tête. C’est une chose que lui ont appris ses parents et su abuela quand elle était plus jeune. Toujours restée soi-même, qu’importe ce que la vie nous réserve. Continuant de le fixer, un air désolé sur le visage, elle s’adressa de nouveau au lycéen.

- Disculpe…Pardon. C’est une mauvaise habitude que j’ai prise à force de me faire accoster par tout le monde, juste parce que je suis…Mmh…

La situation la mettait vraiment mal à l’aise. Devoir s’excuser pour avoir été trop sur ses gardes, une première pour l’andalouse. Et franchement, elle se sentait tellement stupide d’avoir réagi de la sorte. Vraiment. Elle détourna son regard, le portant de nouveau sur la cour extérieure, à travers la vitre, n’osant plus le regarder en face. Elle se sentait tellement mal et tellement ridicule, qu’elle en attrapait légèrement une douleur au ventre.

14
Il n’y avait pas à dire. Givitrius savait y faire avec ces dames. Ses yeux gris semblaient plutôt froids mais son fin sourire adoucissait l’ensemble de son visage, et devait en faire tomber plus d’une. Soledad n’avait pas l’habitude des hommes, non. Alors quand il lui prit les pieds pour en observer les brûlures, le feu lui monta légèrement aux joues. Il s’installa ensuite juste à côté d’elle. Joues un peu plus rouges. Et, histoire d’achever l’espagnole, un compliment. Bim, une vraie petite tomate, qui ne savait pas vraiment quoi répondre à cela. Si, un sourire un peu mal à l’aise.

Quand elle lui avoua qu’elle ne croyait plus en ces histoires de pirates qui parcourent les mers, du moins, dans ce modèle-là, à l’ancienne, il eût un air bien surpris. Chose qui surprit également l’andalouse qui arqua un sourcil d’incompréhension. Il lui expliqua très clairement que d’autres corsaires parcouraient les mers dans ce monde que Soledad ne connaissait pas. Les pirates, nombreux encore ? Oh. La jeune femme s’attendait alors à ce que ce bateau soit attaqué de près ou de loin dans la seconde qui venait. Un frisson lui parcourut l’échine, qui la fit redresser légèrement. Mais le capitaine tranquillisa la demoiselle, intimant qu’aucun navire ne viendrait les attaquer dans cette partie de l’océan. Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres, rassurée à cette idée qu’ils feraient un voyage sans encombre.

Mais au fond, passer une semaine, voire deux, comme Givitrius lui disait, ne l’enchantait pas vraiment. Rester une quinzaine de jours dans les quartiers du capitaine, à ne rien faire sauf attendre, et attendre encore. Il avait de quoi se mettre un canon de pistolet contre la tempe et tirer. Même si elle n’avait pas le mal de mer, les basculements du navire lui provoquaient quelques bouleversements au niveau de l’estomac. On pouvait l’entendre à ces petits grognements qu’il émettait. À moins que ce ne soit à cause du fruit qu’elle vient de manger, et que son estomac réclamait d’autres délices frugaux. Et apparemment, l’homme n’avait pas entendu. Ouf ! En tout cas, il avait l’air plutôt très intéressé par ce que l’hispanique pouvait révéler de son pays. Un pirate en somme, pensa la jeune femme. Un sourire illumina le visage de l’andalouse.

- Je viens d’un pays qu’on nomme Espagne. Autrefois, c’était un des cinq pays les plus puissants de mon monde. Où les pirates existaient encore. Le royaume espagnol était très riche en or et pierres précieuses. Aujourd’hui, il reste un pays riche, oui. L’Espagne est très portée sur les traditions et les gens de mon pays adorent faire la fête. Moi, je suis une dans…

Soledad s’arrêta net. Le capitaine du Boléro Bleu s’était encore plus rapproché d’elle, l’effleurant simplement de son corps. Mais pas que. Une de ses grandes mains vint se poser sur l’épaule frêle de la danseuse. Une autre laissa ses doigts filer entre les épis de jais de l’andalouse. Attendez un peu, replantons le décor. Un navire, des pirates, une seule femme à bord, dans des vêtements dignes de vieux chiffons à cause du temps passé sur l’île, tout aussi faible à cause de ce dur séjour, dans des quartiers privés, de plus du capitaine, assise sur un lit, et lui commençant à se rapprocher dangereusement d’elle. Une seconde. Il lui fallut une seule seconde pour s’imaginer Givitrius en train de l’allonger sur son lit pour la violer. D’un geste brusque, son épaule sursauta pour faire retirer cette main qui la tenait. Lentement, elle s’éloigna de lui, laissant une distance entre eux, arrivant au coin de la couche. Elle releva le visage, les sourcils froncés, pas vraiment rassurée. Même si cet homme l’avait sauvé d’entre les griffes des matelots, et s’il l’avait accueilli volontiers dans ses quartiers privés pour la nourrir et qu’elle puisse se reposer, il n’en restait pas moins un homme comme un autre, avec des désirs et des pulsions. Elle restait méfiante. Très méfiante.

- Que faîtes-vous ?

15
La porte avait pourtant bien été fermée par l’hispanique, et pourtant…Pourtant, tout avait disparu dans sa loge. Adieu sac de sport, adieu ses affaires, adieu ses précieux chaussons de danse. C’était trop. La pauvre danseuse s’effondra, tombant au sol, à genoux. Les larmes filèrent sur ses joues rosies par les pleurs. Son corps fut secoué par des hoquets assez désagréables mais qu’elle ne put empêcher. On lui avait volé ses affaires. On lui avait dérobé une grande partie d’elle. Elle se sentait vidée. Mais qui aurait pu faire une chose pareille ? Les choses qu’il y avait dans sa loge n’étaient pas de grande valeur. Enfin si, seulement une grande valeur sentimentale. Mais, dios mio, qui avait fait ça ?

Ses sanglots avaient caché un autre bruit, qu’elle n’entendit pas, bien sûr. Mais quelque chose vint bousculer son visage, et un léger frottement tout contre son corps. Interpellée, elle releva la tête et écarquilla les yeux de surprise. Elle eut un mouvement de recul, retombant sur les fesses en voyant ce qu’il y avait devant elle. Une énorme bête qui ressemblait à un grand lion, mais rayé en même temps, prônait devant l’andalouse. Un frisson désagréable lui parcourut l’échine. Aucun geste brusque n’était à faire devant ce monstre de muscles, prédateur bien plus grand que la maigrichonne Soledad.

- Madre de D…

Elle ne put terminer son injure. Quelqu’un arrivant derrière elle, la colla tout contre lui. Elle voulut hurler et se débattre un peu plus, mais il lui apposa un chiffon imbibé d’un produit qui la fit partir dans les bras de Morphée. Ce fut le gros trou noir. Endormie, son esprit vagabonda. Partie dans de drôles de rêveries, l’andalouse revoyait cet animal, drôle de lion, ou de tigre. Drôle de mammifère. Perdue dans ses songes, Soledad se remémorait de simples souvenirs, instants passés avec sa Yaya, elle qui la chouchoutait et qui s’en occupait comme jamais. Su abuela avec qui elle partageait cette passion du flamenco, de cette danse passionnante et de passionnés.

Puis, tout disparut dans un épais brouillard, l’image de su abuela s’évanouissant dans cette épaisse brume. Ses orbes noirs se rouvrirent doucement. Tout est flou autour de Soledad, son regard ne capte qu’une ombre près d’elle. Encore dans les vapes, l’espagnole ne sentit que très légèrement ce doigt qui lui caressait la joue.

- Dónde estoy ?

Mais rien qu’à entendre son prénom, dans une voix masculine qu’elle ne connaissait pas, la fit sursauter. Soledad se mit à balancer, se rendant enfin compte qu’elle était assise sur un rocking chair. Voyant aussi qu’elle était attachée, elle commença à se remuer, pour se débattre le plus possible. L’andalouse fronça des sourcils, encore les yeux dans le flou, vers cet homme qui l’avait enlevé.

- Liberame !

Mais à force de basculer dans tous les sens pour se libérer sans attendre, l’espagnole renversa le rocking chair sur le côté, au sol, tombant bien évidemment avec. Un petit grognement de douleur s’échappa d’entre ses lèvres, s’étant fait mal.

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