Les landes dévastées / Re : Le tranchant des sentiments. [Libre]
« le: lundi 26 octobre 2009, 13:10:08 »Elle se laissa tomber en arrière et ferma les yeux, se plongeant dans le noir infini, les larmes transperçant ses paupières comme ses sentiments ouvraient une brèche dans son cœur. Elle avait trop pensé être forte, être une battante, invulnérable, solide comme le roc, dure comme la pierre des plus hautes montagnes. Israël était si loin, son pays était sur une autre planète, ailleurs, séparée d’elle par un vide infini. Elle avait dans sa tête les airs orientaux que jouaient son orchestre de chambre, lorsqu’elle vivait au palais, et ils disparaissaient peu à peu pour laisser place à des bruits de lame, des cris d’agonie, qu’elle reproduit. Ses yeux s’ouvrirent sur des iris de la couleur du sang, des pupilles plus grosses que le rouge.
Elle hurla, une douleur profonde envahissant son cœur, comme un poignard dans son ventricule droit. Elle fixait le néant, en hurlant, envahie par les spasmes, la tétanisant, les cambrant, comme lorsque le venin des vampires pénétrait dans le sang humain. Sa tête chauffait, ses membres brûlaient, son sang était si froid qu’il la carbonisait de l’intérieur. Elle resta dans cet état de longues minutes durant puis enfin ferma les yeux et tomba dans un profond sommeil hanté par son maître, par le sang, la guerre, les cadavres, comme si toutes ses âmes qu’elle avait envoyé en Enfer venaient se venger et agiter son sommeil…
Lorsqu’elle se réveilla, elle se leva, épuisée, léthargique, et elle marcha droit devant elle vers le fin fond des terres sauvages, on apercevait Olympe à l’horizon. Le paysage changeait peu à peu, et le soleil au zénith faisait perler la sueur sur son front. Devant elle, tout était flou, la chaleur qui brulait le sol dégageait un rayonnement qui rendait l’air invivable et l’horizon illisible. Dans ce néant elle ne voyait rien, juste rien, et cela l’importait peu car, elle n’avait pas envie de tuer à présent. Alors, elle entendit des bruits de pas dans l’argile rougie du sol, des pas qui accéléraient, qui se rapprochaient. Elle ne se retourna pas pour le moment, car elle se fichait qu’un brigand l’approche, Lana avait le main sur le pommeau de son épée et était prête à trancher à la moindre agression.
Mais alors une voix arriva à ses oreilles, ce qui la fit se retourner brusquement, la main sur son épée, méfiante. Cette voix était douce, désespérée, essoufflée, tout ce qui l’adoucissait au milieu des terres sauvages. Un homme, d’une beauté froide et fixe, le regard un peu perdu, elle sentait dans son aura qu’il était perdu, et c’est ce qu’il dit, la peur qu’il dégageait était telle qu’elle figea Lame. Elle lâcha doucement le pommeau de son arme et s’approcha de cet homme dont elle ressentait une puissance affaiblie. Lorsqu’elle se retrouva à moins d’un mètre de lui, elle perça son regard, froide comme la glace, ne laissant rien transparaitre de son agonie intérieure. Elle dit alors, d’une voix froide et indifférente :
« Vous êtes dans les Landes Dévastées, la sortie est de l’autre côté. »