Les contrées du Chaos / Re : La salade magique [PV Guillot/Deidre/Lucian]
« le: dimanche 30 novembre 2025, 16:17:01 »Elle s’avance alors, droite, le visage éclairé par la lueur mourante du brasier.
“Deirdre. Ancienne Commandante de la Guilde des Mercenaires d’Argent… et hybride ange-fée.”
La jeune femme incline légèrement la tête.
“Ravie de faire votre connaissance, Paladin Guillot de Belloy.”
Le ton est simple, mais solide ; une présentation sans ostentation, coupée au fil d’une lame nette.
Déjà, elle se détourne. Ses mains s’activent.
Elle ramasse des branches sèches, effleure quelques feuilles encore vertes. Kan en apporte d’autres, discret mais prompt. En quelques mouvements précis, un nouveau foyer naît, plus stable, plus sûr. Les flammes s’élèvent dans un crépitement doux, enfin capables de rivaliser avec l’obscurité des Contrées du Chaos.
Deirdre s’accroupit, sort les ustensiles qu’ils ont encore, prépare un bouillon dont la vapeur atténue peu à peu les relents brûlés de la créature abattue.
Lorsque chacun trouve place autour du feu, elle inspire, et sa voix se déploie, claire, douce, presque fragile : Un chant énochien.
Les syllabes célestes roulent comme des perles anciennes, lumineuses, irréelles :
“Zodramé… Tal’shiran véan, frères d’acier, cœurs liés, dans l’ombre comme dans la flamme…”
La mélodie flotte sans effort dans l’air qui se reconstruit après la tempête magique. Et tandis qu’elle chante, ses yeux glissent sur chacun :
Barbak, d’abord, insolent, excessif, mais authentique, presque incandescent de loyauté brute. Une entière confiance envers lui.
Guillot, jeune paladin encore neuf pour ce monde, mais animé d’une lumière sincère, presque têtue, qui pourrait devenir redoutable avec le temps.
Lucian, tendu comme une lame sortant du forgeage, précis, fermé, ciselé de danger parfaitement maîtrisé.
Kan, terranide fragile sous ses bravades, paraissant trop jeune sous le poids des responsabilités, trop précieux pour être sacrifié à une veille inutile.
Le chant s’éteint sur une note claire, courte, chuchotée. Deirdre rouvre les yeux, et ses deux wakizashis brillent contre ses hanches, lames nues, jamais gardées en fourreau. La dague angélique repose contre son flanc, tenue seulement par la pression de sa ceinture.
Elle fixe alors Guillot, dont le regard reste hanté par ce qu’ils ont affronté.
“Vous vouliez savoir qui nous sommes… mais permettez que je commence par ce que c’était.”
Elle désigne du menton les restes noircis que les braises font encore grésiller.
“Cette chose n’était pas un monstre ordinaire. C’était une aberration ancienne. Quelque chose ressemblant fort à ma terre d’origine.”
Un silence tombe, lourd. Même Barbak cesse de marmonner contre un caillou.
“Ce genre d’horreurs existait pendant les guerres sacrées. Quand on forgeait des armes vivantes pour détruire les paladins et les mages.”
Elle attrape un fragment calciné, le brise entre ses doigts. Les fibres internes luisent faiblement, comme si la sève cherchait encore à mordre.
“Elles respirent la magie. La goûtent. La reconnaissent. Et elles dévorent tout ce qui leur ressemble : la Lumière d’un paladin… l’Arcane d’un mage… et l’essence d’un être comme moi.”
Sa voix se fait plus basse, grave :
“Elles ne sont pas naturelles. Elles imitent le végétal, mais leurs fibres…”
Elle montre les veines internes.
“…sont tressées comme des nerfs fabriqués, mêlés à du sang.”
Elle laisse tomber le fragment, qui roule dans la terre.
“Voilà pourquoi elle s’est jetée sur vous trois. Voilà pourquoi mon vent a faibli. Et voilà pourquoi elle a brûlé si vite : ces choses n’existent pas pour durer. Elles existent pour tuer.”
Le silence qui suit n’est pas écrasant, il est réfléchi, presque initiatique.
Puis elle se tourne vers Kan.
“Kan. Avec tout le respect du monde… vous ne prendrez aucun tour de garde.”
Le guide sursaute, prêt à protester. Elle continue, posée mais impériale :
“Votre place est de nous mener à travers ces terres, pas de nous protéger de leurs ombres. Vous êtes nos yeux. Pas notre rempart. Et si vous vous épuisez, nous serons aveugles.”
La sang mêlé ponctue d’un regard, un vrai regard de commandante. Kan se tait, avalant sa réplique.
Deirdre se tourne vers les autres.
“Personne ne veille seul. Pas ici. Les Contrées du Chaos ont des oreilles. Croyez-moi, je me suis déjà battue en ces terres. Et quelque chose sait que nous sommes passés.”
Ses ailes frémissent involontairement, un souvenir nerveux du drain magique qui l’a traversée.
“Je prends le premier tour. Avec qui le souhaite.”
Elle observe tour à tour Lucian, Guillot… puis Barbak. Ce dernier croque dans une patate brûlante avec l’air de chercher la bagarre contre le tubercule lui-même.
Un souffle amusé glisse des lèvres de l’ange-fée.
“Mon mouflon adoré… si tu veilles avec quelqu’un, évites d’invoquer des flammes. Les arbres ne nous le pardonneraient pas deux fois.”
Elle saisit la louche, sert chacun avec un calme méthodique.
La vapeur du bouillon s’élève, ronde, apaisante, comme si elle voulait envelopper leurs nerfs encore en tension.
“Mangez. La nuit sera longue. Et elle écoutera tout ce que nous dirons.”
La jeune femme relève le menton, un éclat d’assurance dans le regard.
“Alors autant lui apprendre nos noms. Le nom de ceux qui vont réussir cette quête !”









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