Les terres sauvages / Re : Le passé tel un poison { Pv ~ Freya }
« le: jeudi 13 avril 2023, 23:07:39 »Son visage immuable revint à cette façade glacée que l’on lui connaissait. A son tour, elle se présenta à la vieille marchande et obtint un accueil bien chaleureux. Elle ne manquait une occasion d’y venir chercher quelques raretés nécessaires à de nouvelles expériences ou pour la matriarche occupée. Mais la mention de ses comparses ne l’étonna. Il suffisait d’observer les nouvelles venues, dont celle qu’on lui avait mise dans les pattes contre son gré. Il y avait tant à faire que les amener à Jurpim semblait être le cadet de leur soucis. Seules des anciennes, à son image, parvenaient encore jusqu’à sa roulotte quand elles n’étaient pas dispersées aux quatre coins du monde.
« Sigrid m’envoie. Elle est débordée par la nouvelle génération. Plus stupide que l’ancienne, elle ne volait guère haut. C’est un fait : Le niveau décroît. Si tu tiens à le constater, je t’emmènerais la prochaine fois l’apprentie qu’elle a osé me coller entre les pattes. Un spécimen rare, tu y trouveras peut-être une utilité. »
Dans sa longue vie, aucune matriarche n’avait osé lui affecter un apprentissage. Jusqu’à aujourd’hui. Exaspérée, encore, cette seule pensée lui rappelait toujours cette effroyable créature qu’il l’attendait. Elle en venait presque à se dire que la vendre à Jurpim serait un bon sort pour la faire disparaître. Or, la cruauté de Freya ne s'étendait pas au point d’offrir cette souffrance à une sorcière aussi respectable.
« Notre première rencontre date… Et il est bien différent de cette époque lointaine. Tes conseils ne tombent jamais dans l’oreille d’une sourde. » La différence flagrante pouvait en inquiéter plus d’un ; Freya a toujours été attiré par les puissants, qu’il le soit par le sang, leur autorité ou leur pouvoir. Sa fascination naquit à leur première rencontre, se renouvella aujourd’hui. « Sigrid a besoin de larmes de banshee et… »
La liste continua.
* *
Quelques longues minutes, le galbe gracile de la sorcière se dévoila à l’entrée de la roulotte. Une sacoche pendait dans l’une de ses mains qui finit accrochée à l’extrémité de son balais. Il resterait là, à côté de la roulotte jusqu’à être appelé pour le retour. Freya aimait garder les mains libres. Les commissions demandées par la matriarche ne craindraient rien.
Ainsi, elle s’avançait dans le marché animé en quête de la haute silhouette de Darth. Il avait annoncé se dégourdir les jambes ; l’humaine le trouva à quelques pas, sans efforts. Il lui était impossible d’affirmer combien d’années s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre. Pourtant, la familiarité lui donna son nom, comme une évidence prononcée dans la roulotte. A l’extérieur, devant lui, elle pouvait admirer sous la lumière artificielle ses traits reconnaissables.
Ses doigts s’étaient saisis sans préavis de son menton, tournant son visage à droite, puis à gauche. Ses pupilles vermeils détaillaient les différences que ses vagues souvenirs lui permettaient de remarquer. Elle finit par le lâcher, visiblement satisfaite.
« Tu as changé. J’ai failli ne pas te reconnaître, Darth. Il est toujours agréable de constater que tu n’es pas seulement mort, seul au fond d’un ravin. »
La conversation s’entamait. La sorcière se dévoilait comme une vieille amie, curieuse de connaître ce que les années passées lui avaient apporté. Elle ne se dotait, pas encore, de mauvaises intentions et de cette irrésistible envie de comprendre et d’apprivoiser sa puissance. Pour l’heure, avancée de quelques pas, Freya l’invitait à la suivre à travers le marché animé.
Cette fois-ci, à la lueur des étales, il pouvait mieux l’observer : identique. Sa démarche était aussi assurée qu’élégante. Son imposant chapeau pesait sur le sommet de son crâne tandis qu’un coup de vent souleverait sa courte jupe pour dévoiler ses courbes envoutantes. Bien similaire aux vêtements qu’elle portait auparavant. Seule sa puissance ne connaissait la même immuabilité, ayant grandi au cours des siècles accompagnées de ses connaissances. Enfin, rien n’était comparable au vampiroïde à côté de qui elle faisait pâle figure.
Elle attendit ainsi quelques secondes qu’il vienne à sa hauteur pour continuer le chemin. Son regard n’accordait qu’un coup d'œil distrait aux différentes étales. Quand une telle créature marchait à ses côtés, le reste lui paraissait bien fade à côté.
« Raconte-moi. Qu’es-tu devenu toutes ces années ? Bien que j’ai une petite idée. »