Nom, prénom : ταλαιπωρία, Καλυψώ. (Talaiporia, Calypso.)
Âge : 23 ans depuis quelques millénaires.
Sexe : Féminin.
Orientation sexuelle : Hétérosexuelle.
Profession : Fortune Teller, propriétaire et patronne d’un magasin de magie (
Enticing Magic Shop) et d’un hôtel accolé au magasin (
Witchy Inn).
Pouvoirs : Basique télékinésie, lecture de possibilité d’avenir avec divers moyens, grimoires emplis de sortilèges et de recettes de potions qu’elle réussit plutôt bien, et capacité de voir et discuter avec les fantômes et autres esprits errants.
Malédiction : Changée en femme-pieuvre il y a des siècles de cela, elle était condamnée à rester dans l’océan pour l’éternité. Le temps n’a aucune prise sur elle, et sa nouvelle forme lui a offert des capacités de guérison et de régénération plutôt chouettes. Mais elle a croisé le chemin d’une puissante magicienne, et sa malédiction ne se déclenche à présent que lorsqu’elle est en contact avec l’eau de mer. Et selon sa propre volonté, mais il est rare qu’elle veuille brandir ses tentacules de sa propre volonté.
Faiblesse : Comme tout être humain (même si elle est moins fragile), elle peut mourir par décapitation, hémorragie, balle en plein cœur, etc. Enfin, tant que son facteur de guérison ne prend pas la main, en tout cas.
Histoire :Καλυψώ (de nos jours, ce serait prononcé « Calypso ») est une jeune princesse d’une île des Cyclades (Andros), née environ cinq siècles avant l’avènement d’un certain Jésus Christ. Fille cadette du roi, elle n’était pas censée régner, et elle s’en portait tout aussi bien. Elle préférait largement passer ses journées à se balader, à lire au bord de mer, ou encore à embêter son frère aîné lors de ses leçons de port de l’épée.
Somme toute, elle eut une jeunesse insouciante, gâtée, aimée et aimante en retour. Mais sa petite vie idyllique se trouva bousculée dès lors qu’elle atteignit l’âge de porter des enfants. C’est-à-dire, quand son cycle menstruel débuta. Ce ne fut pas la seule chose qui commença à se manifester. La jeune Καλυψώ se rendit compte qu’elle pouvait entendre les pensées des gens qui l’entouraient. En se concentrant, elle pouvait plonger plus loin que les pensées de surface, et fouiller la mémoire des individus sur lesquels elle se focalisait. Plus étrange encore, elle avait l’impression de pouvoir prédire quelques futurs possibles pour ces personnes qu’elle touchait par hasard ou accident.
Jeune et fidèle, Καλυψώ se confia à sa famille un soir, au dîner. Elle n’avait que treize ans, mais il fut décidé de l’envoyer auprès d’une pythie à Delphes afin d’explorer ces dons. Qui sait, peut-être est-elle la prochaine Pythie, même si elle vient d’une famille royale. Elle y passe en tout cas quatre années, à étudier après des oracles d’Apollon, à affiner son contrôle sur ses facultés. Elle n’est pas une oracle, comme les Pythies, elle ne reçoit pas la présence du dieu Apollon en elle. Elle est quelque chose d’autre. Un outil des dieux, à n’en point douter. Quelque chose d’inconnu encore, mais qui sera certainement profitable à long terme.
Après ces quatre années à Delphes, Καλυψώ n’a plus rien à apprendre des Pythies. Elle est donc renvoyée sur l’île d’Andros, prête à entrer dans l’âge adulte et à aider sa famille avec ses capacités.
(Physique)Celle qui était parti fillette, à peine adolescente, revient presque femme. Sa crinière, d’un blond si pâle qu’il paraissait presque blanc, lui arrivait jusqu’au creux des reins en boucles souples, fluides, qui encadraient un visage aux traits fins, délicats. Son nez avait tout de la perfection grecque, fin, droit, a l’extrémité pointue et aux narines étroites. Il surmontait des lèvres charnues, de la teinte de groseilles bien mûres, toujours étirées en un sourire affable. De chaque coté de son petit nez parfait, il y avait ses grands yeux de biche, aux iris de la même teinte de bleu que les mers idylliques du sud. Ils étaient souvent curieux, ou emplis d’affection pour sa famille, mais pouvaient s’assombrir rapidement si la jeune Καλυψώ était contrariée.
Son visage ou sa chevelure n’étaient pas les plus remarquables, cela dit. Car, en grandissant, la douce Καλυψώ avait hérité du corps tout en courbes de sa mère, et de la posture autoritaire de son père. Elle se tenait toujours droite, fière et digne, et regardait toujours ses interlocuteurs dans les yeux. Elle pouvait afficher la même expression impassible que son père lorsqu’il écoutait les plaintes de ses sujets, mais elle pouvait aussi laisser chacune de ses émotions se lire sur ses traits lorsqu’elle ne contrôlait pas son visage. Quand elle se détendait, on retrouvait parfaitement la séduisante reine d’Andros. La même poitrine généreuse, ferme et arrogante, la même taille fine et les même hanches fécondes, les mêmes jambes galbées, athlétiques mais pas sculptées par les muscles. Et sa démarche ! De dos, on ne pourrait pas différencier la mère de la fille sans les connaître intimement. Καλυψώ a en effet adopté la même démarche féline de sa mère, roulant des hanches tout aussi naturellement qu’elle mettait un pied devant l’autre pour avancer, inconsciente du charme que son fessier rebondi laissait dans son sillage.
(Mental)Mais les changements, la maturation, n’étaient pas que physiques. La fillette qui était parti, enthousiaste, croquant la vie à pleine dent, avide d’apprendre et à l’éternelle bonne humeur était devenue une toute jeune femme à l’air posée. Ses yeux brillaient encore de tout ce qu’elle était plus jeune, mais il y avait la sagesse de l’âge également, une retenue apprise en quatre ans d’apprentissage dans un environnement reculé, secret. On pouvait aussi deviner, rien qu’à la courbure de ses lèvres, que Καλυψώ ne se laissait pas facilement faire. Que, dès lors qu’elle avait une idée en tête, il était très difficile de la faire changer d’avis.
Elle n’était pas devenue cruelle, tout ce temps passé loin de sa famille, mais elle avait appris à réfréner sa générosité, sa manie de faire confiance au premier venu. Elle avait appris à s’affirmer aussi, à ne pas craindre de déplaire à son interlocuteur. Καλυψώ était devenue une jeune femme assurée, confiante en ses capacités, mais avec aussi un soupçon (ou plus ?) de sournoiserie. On ne peut pas en permanence recevoir les pensées d’autrui sans se laisser, au bout du compte, un peu influencer, après tout.
(Histoire, suite)Le retour de Καλυψώ fut célébré par un grand festin au palais, et les notables des îles autour y furent tous invités. Elle y fit la connaissance de certains, elle renoua avec d’autres, et surtout, elle retrouva le jeune homme avec qui elle avait passé des journées entières à jouer sur la plage, ou dans le palais. Son meilleur ami. Mais lorsqu’elle le retrouva, les sentiments d’amitié évoluèrent au fil des semaines, des mois et des années qui suivirent. Elle s’y attacha sincèrement, son amour pour lui fleurissant en quelque chose de pur, de sincère. De charnel, aussi, même si rien de physique ne se passa entre les deux au départ.
Les années qui suivirent son retour, Καλυψώ s’intégra un peu plus dans la politique du royaume, secondant son frère aîné qui s’apprêtait à prendre le relai de leur père. Le roi, après tout ce temps, songeait en effet à se retirer, à partir s’installer sur l’une des petites îles encore inhabitées autour d’Andros, et à laisser son peuple entre les mains capables de son fils.
C’est lors d’un banquet particulier, où le roi annonça sa retraite en faveur de son fils, que les choses changèrent plutôt drastiquement pour Καλυψώ. Si le début de la soirée se passa à merveille, l’arrivée d’un voyageur lorsque la nuit fut tombée bouscula le quotidien de la princesse.
Il arriva alors que la plupart des invités avaient déjà fini de manger, et étaient déjà bien enivrés. Il se présenta comme étant le fils d’un roi d’une île aux limites de la Grèce, et il cherchait une épouse. Il avait entendu parler de Καλυψώ, et la désirait pour femme. Il se vanta d’être sous la protection du puissant Poséidon, et considérait comme acquis qu’on lui accorde la main de la princesse. Mais, autant le roi abdiquant que son fils couronné dans la soirée, le pouvoir en place s’accordait sur une chose. Καλυψώ pouvait choisir d’accepter ou de refuser cette demande. Et ce fut un refus, clair et net, qu’elle choisit. Elle resta tout à fait respectable en lui annonçant la nouvelle, mais sa décision était irrévocable. Comment pouvait-elle, en effet, se marier à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas quand son cœur était déjà pris par un autre ?
Le prince étranger ne prit pas bien ce refus. Le récit de cette soirée variait ensuite selon les personnes interrogées, et leur état d’ébriété, mais tous s’accordaient à dire que Poséidon lui-même fit irruption. Certains pensaient que le prince l’avait invoqué. D’autres, plus nombreux, affirmaient que le prince était Poséidon et qu’il se révéla après le refus. La réponse de la princesse fut la même, cependant. Elle était flattée de l’intérêt du dieu, mais elle en aimait déjà un autre.
La suite de la soirée semblait confuse. Certains affirmaient que le Dieu avait déchaîné son pouvoir sur l’île d’Andros, pour effrayer la famille royale et les pousser à leur livrer Καλυψώ, ce qu’ils firent finalement. D’autres étaient certains que, devant les menaces de Poséidon, la princesse prit la fuite avec celui qu’elle aimait. Mais tous étaient d’accord pour dire que Καλυψώ disparu de l’île cette nuit-là.
Ceux qui supposaient qu’elle s’était enfuie avec son cher et tendre avaient raison. Profitant du chaos engendré par la colère du dieu, elle disparut avec son aimé, allant d’île en île, pour s’éloigner le plus possible de sa famille et leur éviter le courroux divin. Mais cette fuite ne dura que quelques semaines. Au bout du compte, alors qu’ils atteignaient le royaume de Crète, Poséidon les retrouva. Il se désintéressa rapidement du jeune homme dont s’était épris Καλυψώ, et préféra maudire cette dernière pour l’avoir repoussé. Il la condamna à errer pour l’éternité dans l’océan, pourvue des attributs d’une pieuvre en guise de jambe, et à effrayer les marins à cause de son apparence.
Il disparut ensuite, laissant la princesse effondrée, luttant sur la terre ferme contre le besoin de rejoindre l’océan, et le jeune amoureux l’abandonna aussitôt, révulsé par sa nouvelle apparence.
Les siècles passèrent, et Καλυψώ se résigna à hanter les fonds marins. Elle avait tenté d’aider les marins naufragés, au départ, mais lorsqu’ils criaient d’effroi en la voyant, lorsqu’ils tentaient de la tuer avec des harpons, ça la blessait. Et elle devint aigrie, rancunière. Elle devint le monstre voulu par Poséidon, noyant les marins naufragés, terrifiant les autres.
Ce ne fut que bien plus tard que Καλυψώ rencontra la magicienne Circé. Qu’elle noua une amitié avec celle-ci, et qu’elle fut gratifiée d’un allègement de sa malédiction. Grâce à l’enchanteresse, elle pouvait à présent arpenter la terre ferme sans être encombrée de tentacules. Elle pouvait de nouveau vivre comme si elle était humaine… Jusqu’à ce qu’elle se plonge dans l’eau de mer, évidemment.
Les siècles passèrent, et Καλυψώ voyagea de part le monde. Elle oublia presque son premier amour qui l’avait ainsi abandonnée au premier obstacle venu, et elle arriva finalement à Seïkusu. Après des siècles à voir le monde, à se mêler aux humains, elle s’était bâti une confortable fortune, et en profitait pour s’installer à chaque fois, ouvrant des magasins ou des hôtels. Ou les deux, dans le cas de Seïkusu. Elle continuait à se servir de son don dès qu’elle le pouvait, et se qualifiait elle-même de « diseuse de bonne aventure » lorsqu’elle paradait dans les festivals. Avec cette mode de super-héros, elle pourrait presque chercher à passer pour l’un d’eux, mais elle préfère son indépendance. Et puis, elle n’est pas forcément héroïne. Elle n’est pas non plus une super-criminelle. Elle a juste son propre code moral. C’était plus simple de faire ainsi, comme les normes changeaient sans arrêt d’un royaume à un autre, ou d’un siècle à un autre.
Καλυψώ, qui pouvait se traduire par Calypso, avait senti l’attraction pour Seïkusu bien des années auparavant. Pourtant, elle avait toujours repoussé, évitant comme la peste cette ville qui semblait être une plaque tournante de la communauté surnaturelle. Il y avait quelque chose là-bas qui l’appelait. Comme le chant d’une sirène appâte les marins, la ville semblait déterminée à y attirer la créature qu’elle était devenue.
Elle avait résisté, bien sûr. Pendant des années, elle avait voyagé aux quatre coins du globe, repassant parfois dans les contrées de sa lointaine enfance. Elle faisait un pèlerinage à Delphes à chaque centenaire, restant dans l’ombre, rendant hommage aux prophétesse qui l’avaient formée. Le dernier avait eu lieu il y a moins de dix ans, et elle se souvenait encore du choc qu’elle avait eu quand une petite fille -d’environ huit ans- s’était plantée devant elle et lui avait parlé sur un ton bien trop sérieux pour une enfant. « Ta résistance est futile, fille de la mer. Suit l’Appel, suit ton destin, ou les souffrances de ton passé feront pâle figure à côté de ce qui t’attends », avait-elle dit, avant de se détourner et de retourner jouer, riant follement comme seuls les enfants savent le faire.
C’est là que Καλυψώ avait cédé. Elle s’était embarquée vers la ville nippone dans un de ces paquebots de croisière, et avait débarqué un soir de printemps. Après si longtemps sur terre, la femme-pieuvre avait développé un bon réseau de connaissances, et -en quelques clics- elle eut une nouvelle identité. Même prénom, mais nom de famille différent. Cette fois, elle s’appelait Καλυψώ ταλαιπωρία, traduit par Calypso Talaiporia. Elle gardait toujours un nom aux consonnances grecques, en lien avec son passé, et toujours écrit en grec.
Forte de ses talents pour pouvoir voir le passé ou l’avenir des gens, elle travailla dur pour s’établir en tant que Diseuse de Bonne Aventure réputée. En quelques années, sa réputation n’était plus à faire en ville. Peu importe où elle travaillait, elle était sûre d’attirer les gens.
Piochant dans son petit (considérable) pécule accumulé depuis des siècles avec chaque nouvelle identité (les fonds étaient transférés en tant qu’héritages, Καλυψώ se faisant toujours passer pour la fille, ou la petite-fille, de son identité précédente, avec cette étrange tradition de nommer chaque fille première-née du même prénom que ses ancêtres), la prophétesse ouvrit son propre magasin de magie : Enticing Magic Shop (EMS pour faire court). Elle y vendait de tout, allant des plantes aux artefacts ésotériques. La vague Wiccane avait popularisé ce style de vie, et elle ne manquait pas de clients, qu’ils soient croyants, pratiquants, véritablement dotés de pouvoirs, en quête d’un cadeau ou juste des touristes.
Chaque mercredi, elle réservait la journée pour des sessions de lecture d’avenir. Selon les clients, elle utilisait le tarot, la boule de cristal, la lectures dans les lignes de la main, ou encore dans les feuilles de thé, essayant d’adapter la méthode avec ce qu’elle percevait en premier lieu de la personne venue la voir. Chaque session prenait une heure, en commençant à 9h, et en finissant à 2h le jeudi matin, prenant une heure de pause entre 13h et 14h, et une entre 20h et 21h. Chaque plage horaire était toujours occupée, avec un total de quinze client dans la journée, facturée 7000 yen (soit environ 53€). En une heure, elle couvrait le passé et le futur des clients venus la voir, essayant de les aiguiller vers les chemins les plus propices à les mener vers le bonheur. De temps à autres, elle tombait sur une personne aux intentions clairement mauvaises, et mentait -avec un air de sincérité- pour les mener sur un chemin qui les guiderait à leur arrestation.
Enfin, le magasin étant ouvert sept jours sur sept, Καλυψώ avait engagé une jeune sorcière pour gérer le magasin de temps à autres, comme quand elle prenait un jour de repos, ou qu’elle était en consultation. Ou encore quand elle participait à une foire et qu’elle tenait un stand pour lire la bonne aventure aux participants (c’était une lecture moitié moins chère, plus brève qu’en consultation, avec le choix entre le passé et l’avenir, et d’une demi-heure maximum).
Plus récemment, avec le succès d’EMS, Καλυψώ avait racheté l’immeuble accolé au magasin et l’avait fait intégralement rénover pour le transformer en hôtel. L’ambiance donnée reflétait la Grèce antique, le temple de Delphe, le temps des croyances et de la magie assumée. Il y avait des suites de luxe, aux noms de déités grecques, ainsi que des options plutôt cool, comme la piscine sur le toit terrasse, ou encore la salle de sport au dernier étage. La petite particularité de l’hôtel, appelé « Witchy Inn », était que chaque client surnaturel était repéré dès l’entrée, et une petite brochure était rajoutée avec la carte de la chambre, indiquant une arrière sale où ils étaient libres de se retrouver sans devoir se cacher. Une sorte de bar clandestin, un peu comme lors de la prohibition américaine. Mais on n’y retrouvait pas que les clients de l’hôtel.
Le mot s’était vite répandu dans la communauté surnaturelle de la ville, et il n’était pas rare d’y croiser « les habitués », des résidents de la ville qui venaient ici pour se détendre. La seule règle, que tout le monde respectait, était qu’il fallait rester sage. Et par là, Καλυψώ insistait particulièrement sur le « Zone Neutre » (donc pas de violence, pas de règlements de comptes, pas d’effusion de sang) et le « Consentement » (il était tout à fait autorisé de boire le sang d’une autre créature si elle était d’accord, pour les vampires, ou bien de charmer une proie afin de partager son lit, pour les démons, ou encore de glisser une potion ou un sortilège dans le repas ou le verre d’un autre client, pour les sorcières).
Oui, Καλυψώ avait longtemps évité Seïkusu. Mais, maintenant qu’elle y était, elle ne comptait pas partir de sitôt. Elle avait du succès, de l’argent, et des contacts. Que demander de mieux, pour une créature qui se changeait en femme-pieuvre d’une simple pensée ?