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« le: samedi 25 avril 2020, 11:19:11 »
Comment définir Thiana Gian?
Hum... Voilà une question délicate. Eh bien... C'est une sorcière. Le genre de personne qui est ici un jour et qui est ailleurs le lendemain. C'est le genre de personne qui apparait quand on en a besoin... Ou quand il serait préférable qu'elle ne soit pas là. Thiana Gian est LA sorcière planaire. Et sa tête est aussi insondable que les plus profondes abîmes.
Elle est volage. Elle est aussi libre que lui permettent ses pouvoirs. Tantôt prévenante et rassurante, elle vous mettrait à l'aise avec un bon chocolat chaud au coin du feu. Tantôt cruelle. Dans ces moments là, on ne voudrait pas la croiser. Oui, Thiana Gian pourrait paraitre bipolaire vue de l'extérieur, comme ça mais laissez moi mieux vous expliquer.
Elle croit fermement en ses idées. Si elle veut protéger quelqu'un, elle le fera. Mais, prenez garde si elle vous en veut personnellement. D'apparence très calme, elle est comme la plus grosse tempête que vous pourriez voir en trois siècles d'existence au beau milieu d'une mer agitée. Elle ne vous laisserait aucun répis, aucun repos. Elle abattrait des empires pour vous retrouver et vous exterminer. Elle détruirait les fondements de la civilisation et voyagerait jusque dans les enfers pour vous faire payer ce que vous lui devez. Car oui, Miss Gian est extrêmement rancunière... Et quelque peu avare, ne nous le cachons pas. Si tout l'or du monde l'attire, elle peut trouver bien des moyens différents pour se faire payer par qui n'a pas les moyens. Vous voulez un service? Pas de soucis, allongez l'argent ou trouvez un autre moyen de la payer. Oh, pour ça elle n'est pas difficile. Un service contre un service, un servcie contre une de vos nuit, contre un de vos biens (parfois les plus chers à votre coeur)... Mais soyez rassurés, une fois payée, elle fera tout ce que vous ne pouvez faire à sa place. Elle reste honnête. Tout payement sera remboursé par ce que vous lui demanderez de faire.
Éliminer un démon? Pas de problèmes. Faire brûler le champ de votre voisin qui commence à empiéter sur votre territoire? Un jeu d'enfants. Acheter un esclave pour vous au marché? Rien de plus facile (avec votre argent, bien sûr). Non, rien n'est vraiment impossible pour elle. Même pas créer des portails pour voyager... Ceux là sont sa spécialité. Vous arriverez pile là où vous l'aurez demandé.
Mais elle est également extrêmement fidèle. Aucun danger pour qu'elle ne dévoile votre identité si vous lui demandez de la cacher aux autres. Oui, Thiana Gian fera vraiment tout ce que vous lui demanderez, ses limites seront les vôtres.
Que retenir de tout ça? Soyez dans ses petits papiers et elle saura vous aider. Payez et elle vous servira pour n'importe quoi. Trompez la et elle vous traquera jusqu'au bout de l'univers.
Comment? Vous voulez savoir à quoi elle ressemble?
Voilà encore une question un peu difficile. Heureusement pour vous, j'ai eu l'honneur de la voir un jour et je vais tenter de vous la décrire le plus fidèlement possible. C'est une créature des dieux. Digne de leur plus grande beauté et gâtée par eux. Il est facile de la remarquer lorsqu'elle ne porte pas son large chapeau bleu et brun. Elle possède des cheveux turquoise incroyablement irréels. Courts, ne tombant même pas plus bas que sa nuque mais encadrant de leur coupe carrée son beau visage. Celui ci n'a que des traits fins, des yeux turquoise qui vous feraient vous noyer dedans si vous les regardiez trop longtemps. Un petit nez retroussé qui donne un charme un peu particulier à son visage et, enfin, une fine bouche aux lèvres discrètes. Plus bas, vous trouverez le cou, caché d'une écharpe bleue. Et, enfin, un corps de déesse. Des formes là où il faut, des courbes très nettement dessinées par dessous une armure ne cachant que peu un buste parfait. Celle-ci, à l'image d'une tête de mort, cache un tissu du même bleu que le reste. A sa taille, une large ceinture semble tenir ce qui ressemble à une arme tekhane. Cette ceinture tient un large pantalon bleu, lui aussi et cachant des jambes que l'on devine fine, à l'image du reste du corps. Notons que ses ongles sont toujours manucurés, au couleurs de ses yeux et de ses cheveux. Elle semble apporter un soin particulier à son apparence.
Et maintenant vous voulez connaître son histoire? Vous voilà bien curieux... Mais je ne peux vous en vouloir. La connaissance mène au pouvoir.
Pour cette partie, je ne peux vous raconter que ce que j'en ai entendu. Si vous voulez la version complète, il vous faudra lui demander en personne... Si vous avez de quoi la payer.
Enfin, venons-en à notre sujet. Née dans uen famille pauvre, elle a presque directement été vendue pour quelques sous. Les parents vécurent alors plus librement, mais ce n'est pas eux qui nous intéressent. Ce que les parents ne savaient pas, c'est qu'ils avaient vendu leur fille à une sorcière.
Comment? Il y a combien de temps? Nul ne le sait à ce jour. Mais c'était il y a fort longtemps, plus personne de l'époque n'est encore en vie pour nous le dire... Et je vous défie d'aller lui demander ça.
Donc, vendue à une sorcière, Miss Gian devint très vite un réceptacle de choix pour les pouvoirs de sa mère adoptive. Allant de rituels en rituels, la vieille espérait pouvoir prolonger sa vie en la transférant dans le corps d'une enfant encore jeune, très jeune même dans ce cas. Mais rien ne se passait comme prévu, il semblait y avoir une barrière infranchissable pour la vieille sorcière pensant avoir tout vu dans sa longue vie. Elle mutltiplia encore plus les rituels, le temps lui était compté. Et Thiana l'observait, apprenait l'art des rituels de sorcellerie. Oh, elle n'était pas volontaire, loin de là. Même si elle avait été vendue comme un objet qu'on jette après avoir trop usé, elle tenait encore un peu à la vie. Elle voulait voir le monde, le voir de ses yeux à elle.
Et pourtant, la mère adoptive avançait dans ses travaux. Elle avait réussi à lui insuffler ses pouvoirs... Ou tout du moins une partie. La barrière invisible se brisait et laissait filtrer quelques bribes de la vieille à travers le corps de la jeune. C'était presque devenu un duel générationel. Qui de la plus jeune ou de la plus expérimentée finirait par l'emporter? Bien sûr, la vieille folle affaiblissait l'enfant pour affaiblir cette barrrière qui lui posait tant de problèmes. Nourriture insuffisante, eau très limitée, récréations inexistantes... Oui, Miss Gian vivant vraiment un calvaire quotidien.
Pardon? Si ses parents s'en seraient voulu de savoir ça? Oh non, leur fille n'existait plus dés le moment où la vente était terminée. Ca ne leur aurait rien fait... Ils ne l'auraient même pas reconnue.
Ah oui, Miss Gian devenait réellement différente. Le manque de nutrition l'avait considérablement fait maigrir. Et pourtant, ça avait forgé un caractère en elle. Un esprit de battante. Un moral d'acier pour un corps de coton. Et dans cette volonté de survie, elle apprenait autant que son bourreau progressait. Était-ce un don que de comprendre ce qui allait li arriver sans qu'on ne lui explique quoi que ce soit? Hum... Pour certains oui, pour d'autres, c'est synonyme d'enfer. Miss Gian avait choisi que ça lui serait bénéfique. Non contente d'apprendre, elle extrapolait et comprenait encore mieux l'essence même de la magie. Comme si elle était née pour ça, comme si la magie l'appelait à elle. Et, tout au fond d'elle, elle gardait une colère sourde qui ne manquerait pas de se manifester le moment voulu. Car oui, la magie naissait du chaos, le chaos était son berceau. Le chaos était sa raison, le chaos était son seul et véritable parent. Toute sa vie il la berçait et elle s'y complaisait tant qu'elle le pouvait.
Au fur et à mesure des années, La petite Thiana absorbait malgré elle des fragments de la vieille sorcière... Et pas forcément les meilleurs. Elle avait avalé toute la colère qu'une vieille femme centenaire pouvait avoir accumulée au rythme des échecs... Mais aussi l'avarice. Oui, Miss Gian est comme une expérience de sorcellerie qui aurait... tourné comme elle a tourné.
Je vérifie mes paroles au cas ou elle m'entendrait. Voyez-vous, on ne sait jamais par où son tournées ses oreilles ni ce que regardent ses yeux. Ce don de voir par delà les distances et d'entendre par delà les dimensions, je crois qu'il n'y a qu'elle qui le possède... Alors faites toujours attention à vous, qui sait si elle ne vous écoute pas dans l'instant. Et puis, il y a bien une raison qui fait qu'elle arrive toujours dans les meilleurs ou pires moments. Enfin, je digresse, revenons-en à notre affaire.
Donc, la petite Thiana absorbait la vieille mais gardait son esprit à elle, même si quelque peu embué d'une parcelle assez noir de la vieille. Il s'en était passé des années. L'allure de notre chère Miss Gian devint exceptionnelle. D'une enfant dont on voyait presque les côtes, on passait à une splendide jeune femme d'une vingtaine d'années. Son corps avait évolué et la mère adoptive ne faisait que s'en complaire. Elle aimait à toucher ce corps, à caresser ces courbes délicates, à explorer de fond en comble ce morceau de chair qui deviendrait le sien. Mais il y avait une chose qu'elle ne pouvait explorer, c'était l'esprit rageux de notre chère captive.
Et puis, vint l'heure du dernier rirtuel. La nuit de la plus grande tempête jamais arrivée dans toute l'histoire de votre chère Terra. Les cieux grondaient, les marées était exceptionnellement agitées. Nombre de villages côtiers furent engloutuis par les flots déchainés. Nombre de forêts furent brulées par les foudres les plus incroyables qu'on ait vues de mémoire d'êtres vivants. L'on raconte que les démons eux-même se cachèrent le temps que tout se tasse. Et, quelque part, au fin fond d'un labyrinthe souterrain, une jeune femme était attachée sur un autel. Le corps nu, recouvert d'un drap blanc elle observait le plafond de granit. Cette roche l'absorbait. Apparemment, elle avait cessé de lutter contre la vieille. Elle observait le reflet des flammes onduler le long des parois inégales du plafond. Dans la périphérie de sa vision, une lame brillait à la lueur des torches sur pied. L'heure était venue. Le moment ultime, ce moment de délivrance. La vieille allait passer à la dernière étape de son plan. Après ça, plus rien. Après ça, le néant.
La lame baissa rapidement, ce fut un flash lumineux dans ce clair obscur. Un bruit de chair transpercée. Des gouttes tombant en rythme sur le sol. Une odeur de rouille. C'était fini, la sorcière s'était donné la mort... Enfin, la mort corporelle. Son esprit s'éleva dans les airs. Sa voix résonna contre les parois rocheuses. Une torche s'éteignit dans un coup de vent. Une forme sombre et transparente se posa au dessus du corps nu de notre jeune Thiana. C'était l'ultime moment de vérité. Si ça ratait, c'en était fini de tout. Mais quoi qu'il se passe, c'était la fin d'une vie de supplices. La fin d'une vie infernale, d'une vie de captivité. Mais le véritable enjeu derrière ce moment de vérité, c'était surtout ça. A qui profiterait cette vie de liberté?
La vieille folle qui voulait prolonger sa longévité, ou la jeune gamine qui ne connaissait rien d'autre qu'une vie enchaînée, en cage?
Cette jeune fille se mit à murmurer. En écho à la voix fantomatique de la sorcière. Non, pas en écho, ça signifierait qu'elle prononçait les mêmes paroles. On en était bien loin. C'était extrêmement différent. Elle récitait ce qu'elle avait entendu, un chant qui chassait les esprits. Tout d'abord inaudible, le murmure s'éleva de plus en plus fort. Comprenant ce qu'il se passait, l'esprit de la vieille entonna plus fort et plus vite ses litanies. Effort compensé par ceux de la jeune femme. Qui chantait maintenant plus vite et lpus fort. Elle voulait cette liberté. Elle voulait voir ce monde qui l'avait fait rêver. Revoir ce soleil qui berçait les terres en journée. Elle était décidée à voir tout ça avec SON esprit. A travers SES yeux. Pas dans l'esprit d'un esprit. Pas à travers les yeux d'une vieille qui n'avait que trop vécu. Le duel commençait, la terre vibrait. A chaque intonation, une résonance plus forte. A chaque parole, un séisme qui s'intensifiait. Loin, au-dessus des deux femmes en lutte perpétuelle, un peuple qui priait ses dieux de les épargner.
En bas, deux femmes en lutte pour la vie.
C'était une véritable guerre. Là, dans ce décor sans lune ni soleil, personne ne pouvait dire combien de temps s'était écoulé. Mais tout était fini. Il ne restait qu'une jeune femme allongée sur un autel. Les séismes avaient brisé la pierre, les liens s'étaient libérés de leur entrave de roche. Et le corps ne bougeait pas. A peine pouvait-on distinguer une légère respiration. Le corps, trempé de sueur ne bougeait pas, immobile. Oh grands dieux, combien d'hommes auraient payé cher pour pouvoir profiter de ce moment. C'était une toile incroyable. Le corps d'une déesse reposait sur un autel. Je ne connais que peu d'hommes qui auraient résisté au charme de lui faire goûter à la valeur masculine.
Mais elle était seule. Il ne restait qu'une torche allumée. Une faible lueur dans le noir. Deux yeux s'ouvrirent. L'obscurité n'était pas gênante pour ces yeux. Ils y étaient habitués. La flamme se répercutait sur ces pupilles désormais ouvertes. La femme se releva. Coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite, rien, personne. Une brise caressa ce corps qui frissonna. Les pieds touchèrent le sol. Une main attrapa les vêtements gisant au sol. Et bientôt le corps nu devint un corps habillé. La même main attrapa la torche. Les pas résonnèrent le long des couloirs sous-terrain. Le bruits des chaînes qui cliquetèrent résonnèrent, rappelant sans cesse une captivité dépassée.
Et, bientôt, une lueur. La lumière du jour sur un horizon de granit. Pas d'empressement. Elle prenait le temps d'y arriver. Et enfin, le jour. L'extérieur. La liberté. Son combat contre l'esprit, elle l'avait gagné. Une larme roula le long de sa joue, suivie par une autre... Et bientôt, un torrent de larmes. Elle s'agenouilla et pleura ainsi pendant longtemps. C'était de la joie, celle d'être enfin libre, celle d'avoir gagné son match. C'était de la peine, la douleur d'affronter un monde qui n'avait pas voulu d'elle. C'était de la colère, dirigée contre des parents pour qui elle n'avait existé qu'en tant qu'objet. Des parents à cause de qui elle avait du endurer tellement de choses. C'étaient les premières larmes de sa vie. De sa nouvelle vie.
Elle retourna à la cabane de son ancienne propriétaire, il n'y avait pas d'autres mots pour la désigner, et y prit ce qui lui semblait utile. Une arme d'apparence tekhane. Cet objet qui l'avait tant intriguée au fil des ans. Celle qui était restée accrochée au mur à coté d'elle. Ce que pouvait faire cette arme lui était encore inconnu mais c'était une réunion d'ancien captifs.
Au contact de l'arme, une voix d'outre-tombe résonna dans sa tête. Elle signa un pacte avec. Et les changements s'opérèrent. Ses cheveux et ses yeux virèrent au turquoise. Elle avait l'impression de pouvoir tout voir, tout entendre. Elle dominait la mort à distance. Les terres sauvages n'avaient plus de secrets pour elle. Elle lut alors les livres de la morte. Apprit des tas de sorts. Elle transforma la cabane en une auberge des plus accueillante. Oui, ce serait parfait. Ce serait un moyen de voyager tout à fait exceptionnel. Cette auberge qui traverserait les dimensions.
Mais, avant tout, il lui restait une chose à faire. Récupérer sa valeur. Arme en poche, yeux rivés vers son objectif, oreille tendue vers sa cible, elle était prête à libérer une partie de la colère accumulée tout au long de ces années de captivité. Elle arriva à son village natal. Personne ne pouvait la reconnaitre. Elle entra dans une maison, dégaina son arme et nourrit l'esprit qui y habitait. Une flamme spectrale enveloppa le couple endormi de sa lueur turquoise. L'instant d'après, plus rien ne restait du couple. Adieu les parents. Adieu les marchants d'enfants.
Elle profita de ce moment pour récupérer tout l'argent possible et reparti, heureuse de son acte. Un poids en moins sur ses épaules. Maintenant, le monde s'offrait à elle. Le monde lui offrirait tout ce dont elle aurait besoin.