Les alentours de la ville / Re : My fuckin' big burger [PV]
« le: lundi 18 février 2019, 15:28:35 »- Avec plaisir ! J'apporte les bières, fit-il avant même de réaliser que sa langue avait été plus prompte à réagir que sa pensée.
Un sourire lumineux plein de reconnaissance fut offert à Tonia tandis que l'homme réglait sa facture d'une poignée de yens, glissant tout de même bien volontiers un bon vieux billet de vingt dollars dans le petit pot à confiture qui faisait office de récipient à pourboire -une vieille habitude des épiceries américaines de quartier, qui n'avait plus tellement cours aujourd'hui et qui était obsolète au Japon. Sûrement les gérants l'avaient-ils installée là pour le décorum de la boutique ? Pour Clive, c'était l’occasion de remercier d'une façon très terre-à-terre la dame, et de se ramener un peu plus au pays.
A l'invitation de Tonia, le militaire passa alors derrière le comptoir pour traverser la cuisine, s'arrêtant pour humer les steaks qui gisaient dans la poêle, embaumant la kitchenette d'une odeur de viande et de matière grasse qu'il ne croisait que trop rarement au Japon. Il félicita Tonia, apprécia la barbaque en bon gourmet avant de débarquer dans le salon alors qu'à la TV passait le moment de l'hymne national.
Clive avisa celui qui devait être le mari de Tonia, puis l'amie (tout à fait charmante, au demeurant, et pas bridée pour un sou) évoquée plus tôt dans la conversation. Poli, il ne s'attarda pas outre mesure sur la contemplation de l'un où de l'autre et décida de briser la glace en levant à la vue le pack de bière.
- V'la l'brasseur, hasarda t'il sur le ton de la plaisanterie. Puis, après un oeil à la télé : je vous préviens, je suis pour les Eagles.
Drôle de type. Faisant un peu plus vieux que son âge, Clive évoquait le paternel fatigué tout autant que le soldat aux épaules larges et solides. Un bel animal qui boitait de la jambe gauche, alors qu'il peinait apparemment à utiliser correctement son bras droit. Usé mais vaillant, McTaggert offrait de bon cœur toute sa sympathie et la chaleur humaine donnée par Tonia pour ne pas arriver là comme un cheveux sur la soupe.
La femme l'invita d'ailleurs à s'asseoir sur le divan, à côté de la brunette. Clive obtempéra, mais laissa tendue sa jambe artificielle. Cela lui paraissait un peu impoli, aussi se justifia t'il en montrant la déformation du jean, qui s'affaissait lamentablement sous le manque de volume du tibia.
- Excusez moi... Elle est un peu raide, ces derniers temps. Il va sûrement y avoir de l'orage !