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Messages - Corinthe d'Ystrevent

Pages: [1]
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Ville-Etat de Nexus / Re : Comme chien et chat [pv]
« le: lundi 05 mars 2018, 11:04:39 »
- Il y a pourtant un exemplaire de La culotte de dame Laurya sur les étagères. Souvenir de mon père. Sûrement auras tu mal cherché, trop pressée de venir t'avachir dans mes draps propres.

Dans l'encadrement de la porte de sa chambre, Corinthe baissa tranquillement la lame de sa rapière. Quand il avait détecté l'intrusion aux relents méphitiques tandis qu'il sortait de ses ablutions, le paladin avait fait un crochet rapide par sa salle d'entraînement pour se saisir d'une des armes exposées avant de remonter dans ses appartements. On était jamais trop prudent, même s'il doutait fortement qu'une créature maléfique ose sérieusement s'aventurer dans le manoir. Si Mélinda était tout à fait ce genre de personnage, sa présence revêtait un aspect particulier. Et la suceuse de sang devait très bien le savoir : jamais elle n'aurait pu passer les protections qu'aurait érigé Corinthe dans sa propre demeure, sans cela. L'affaire pouvait passer pour un manque cruel de vigilance, mais c'était surtout question de lancer une invitation.
Qui avait été relevée par qui de droit.

Corinthe s'avança, seulement couvert de la serviette de bain qui lui ceignait la taille et couvrait sa pudeur. Pour le reste, la Warren pouvait se repaître de la vision angélique d'un corps parfaitement glabre à l'agréable roulement musculaire. Un physique de guerrier, souligné par les cicatrices qui zébraient la peau ça et là. L'enfant dont Mélinda avait ouvert les sens et étreint la virilité avait bien grandi, gagnant tant en beauté qu'en sévérité. D'Ystrevent contourna le pied du lit sans quitter la vampire des yeux, relevant sa rapière pour que la pointe se dépose à l'intérieur de l'une de ses cuisses pour remonter lentement le long de son corps, caressant la douceur de son entre-seins avant de marquer sa gorge gracile d'un baiser froid.
Sur les lèvres jusque là scellées de Corinthe naquit un sourire léger alors qu'il paraissait menacer Mélinda de son épée.

- J'ose espérer que mes domestiques ont encore le cou vierge, maudite engeance. Malgré les propos, le ton marquait une chaleur certaine, bien que particulière. Le bon personnel de maison est difficile à se procurer.

Joueur, le paladin enfonça très légèrement l'acier brillant dans la chair de la Warren -juste de quoi en faire perler une larme de sang. La rapière se retira doucement et, en signe de paix, Corinthe la fit se ficher dans une latte vernie du parquet dans un "schtoc !" sec. L'arme vibra, se balançant sur son axe une poignée de secondes avant de se stabiliser, témoin muet de leurs étranges retrouvailles.

- Alors, dis moi. Comment les gens comme nous sont-ils sensés se saluer ?

Mélinda avait été bien des choses pour Corinthe, mais surtout ce qui se rapprochait le plus d'une première amante. Ses doigts avaient initié son membre au contact avec autrui, avait fait naître et entretenir le désir comme le plaisir puis s'étaient retrouvés souillés de l'offrande poisseuse qui concluait toujours pareil état. Sensuelle geôlière, meneuse de discussions passionnantes et passionnées, étrange amie et correspondante patiente et acharnée. Une bien étrange personnalité, incarnation de ce que Corinthe se devait d'occire.
Elle n'avait pas changé depuis qu'il l'avait quittée, il y avait de cela dix ans. Le temps ne comptait plus comme un de ses ennemis. L'enfant d'alors, lui, avait avancé vers l'âge d'homme.

Une pensée lui traversa l'esprit, étrange. "Me désirera-t-elle encore ?"
L'avait-elle jamais réellement désiré ? Qu'est-ce qui l'avait poussée, en premier lieu, à l'éclore comme elle l'avait fait ? Le plaisir du jeu ? Son jeune âge, plaisir délicieusement indécent des femmes mûres ? Peut-être en saurait-il vite davantage.

2
Ville-Etat de Nexus / Comme chien et chat [pv]
« le: dimanche 04 mars 2018, 03:03:40 »
Le manoir d’Ystrevent n’était finalement pas plus remarquable que les autres demeures aisées qui peuplaient les hauts quartiers nexusiens. On reconnaissait le bâtiment à sa façade recolorée de frais et à son aile ouest contre laquelle se dressait les échafaudages des ouvriers qui achevaient cette partie de la rénovation. En cette fin d'après-midi paisible, les derniers maçons étaient partis après leur dure journée de labeur et avaient laissé les murs remis à neuf ainsi que les jardins à l'entretien un peu délaissé. Leur mise en beauté était planifiée pour plus tard ; Corinthe trouvait plus urgent de réhabiliter d'abord la maison. Le decorum végétal se verrait bichonné une fois le manoir rendu à un lustre assez honorable pour aller de paire avec la jolie réputation du maître de maison.
Pour le moment, quelques bosquets taillés, la pelouse tondue et l’allée désherbée feraient bien suffisamment l'affaire pour recevoir les quelques visiteurs venant glaner contacts utiles et amitiés intéressées.

L’intérieur était tout aussi sommaire que le jardin -pour tout sommaire que pouvait l'être le terrain d'une maison de luxe. Beaucoup de meubles avaient été vendus pour être remplacés par un mobilier neuf d'un goût actuel, mais tout n'avait pas été acquis et certains couloirs restaient un peu vides. Des pièces moins utiles étaient carrément désertées, comme à l'étage où les chambres familiales n'étaient plus que des espaces creux, à part celle de Corinthe qui s'était installé dans la chambrée parentale après l'avoir fait entièrement retapée. Sans fantaisie réelle (l’austérité de sa cellule d’aspirant à Solgarde l'avait marqué) bien que le lit s’avéra être un trésor de confort.

Corinthe se trouvait pour l'heure à l'étage inférieur. Il avait abandonné la salle de bal pour la transformer en une pièce dédiée à l'entraînement martial ; aussi trouvait-on diverses armes sur les murs, quelques râteliers fournis en guise de meubles et des mannequins de bois pour tout ornement. Un singulier “dojo” occidental et moyen-âgeux largement ouvert sur la cour intérieure grâce à ses grandes fenêtres qui baignaient l’espace de soleil en journée et offraient une nuit étoilée le reste du temps.
D’Ystrevent ne s'y trouvait toutefois pas.

Le paladin avait achevé son entraînement à la lance et ses exercices de musculation et s'était rendu à la petite chapelle contiguë pour prier alors que son personnel de maison -un majordome d'une quarantaine d'années et deux soubrettes charmantes- dînaient dans la cuisine après avoir préparé le souper de leur maître.
Une routine bien rôdée à présent. Après ses prières, Corinthe se rendrait à la salle des bains (de petites thermes aménagées à grands frais par sa mère, que le jeune homme avait toujours adorées et dont il jouissait maintenant à l'envi) puis irait manger avant de monter dans sa chambre pour une dernière prière avant de partir au lit.

Pour le moment, d’Ystrevent quittait la chapelle et son pantalon pour se rendre aux bains, bien décidé à s'y prélasser un long moment. Ce péché là était certes Paresse mais, au vu des autres petits vice de l’homme de foi, il restait le plus pardonnable..
Et le moins douloureux pour autrui.


3
Prélude / Re : "Sans ténèbres, nulle lumière" [Vachanée]
« le: dimanche 04 mars 2018, 02:51:59 »
Merci mesdames, je commençais à penser que j'étais invisible :(

Et merci, bien sûr, pour la validation !

4
Prélude / "Sans ténèbres, nulle lumière" [Vachanée]
« le: vendredi 02 mars 2018, 10:12:37 »


~  Plaine de Morris, comté d'Audinsburgh ~

Les deux charges de cavalerie s'étaient percutées dans un choc terrible. Le fracas des lances brisées et des corps percutés avait semblé pouvoir convoquer le tonnerre lui-même avant que ne résonnent les cris des hommes qui semblaient prêts à se brûler les poumons et la gorge pour se donner du courage et émousser celui des adversaires. La soldatesque à pied avait attaqué à la suite comme un seul homme et la bataille était devenue un chaos innommable d'éclats d'acier et de fleurs de sang qui fleurissaient en un éclat stupéfiant pour s'estomper tout aussi rapidement, retombant sur le sol boueux en flaques épaisses que piétinaient les hommes. Tous rugissaient dans la fureur primordiale de la colère, faisant s'abattre leurs masses d'armes sur des crânes devenant pulpes sanguinolentes, démembrant de leurs haches virevoltantes ou tranchant de leurs épées. Ici, des lances abattaient un cheval pour que le cavalier tombé à terre soit pulvérisé par une trombe de terre qu'un mage de bataille avait convoquée avant que la moitié de sa tête ne soit emportée par le boulet d'un fléau d'armes. Là, un chevalier nexusien résistait à trois mercenaires et parvenait à en tuer deux avant que le troisième ne l'éborgne.

Et partout, la guerre. La brutalité dans sa plus simple expression. Les chevaliers qui se tenaient là pouvaient bien invoquer l'honneur et la courtoisie devant les nobles dames des cités civilisées, ils n'étaient jamais plus que des barbares dans une livrée frappée d'un héraldique couvert de sang. Combien étaient-ils, ces nobles, à mourir tout en jouissant de la fureur qu'ils pouvaient libérer dans un élan irrépressible ? Beaucoup jalousaient les mercenaires ashnardiens qu'ils occissaient, eux qui étaient libres de vivre sans l'étouffant vernis des convenances et du rang. La plupart étaient dans une transe frénétique qui les motivaient jusqu'à la mort ; celle des autres ou la leur.
Le champ de bataille était l'expression des plus profonds instincts, le bourbier primordial qui rendait égaux les hommes et les bêtes, les chevaliers et les orcs.

Cette bataille était la dernière pour la libération du comté d'Audinsburgh, parcelle de terre nexusienne proche des frontières ashnardiennes. Une Comtesse-Vampire était parvenue à prendre le comté au nom de l'Empereur et Nexus n'avait pu le tolérer, convoquant le ban qui affrontait les armées bigarrées de mercenaires humains et orcoïdes dans la plaine de Morris et prenait lentement le dessus. Le contraire aurait été étonnant : trois ordres de chevalerie en mal d'action avaient rejoint les rangs de l'armée régulière de la Couronne de l'Ivory, soit une force expérimentée et bien assez considérable pour écraser les troupes adverses. Dès lors que les chevaliers eurent joint leurs forces, l'ascendant avait été lentement prit. Et malgré tous les plans tentés par Ursula Von Karstein pour conserver le comté, le conflit avait évolué vers une victoire nexusienne inéluctable qui s'entérinerait définitivement lors de ce jour sanglant.

Du moins jusqu'à ce que ne se déploie une ombre au-dessus de l'affrontement, ombre qui fit lever la tête à quelques officiers du commandement qui se figèrent d'effroi. Dans les cieux sombres s'étendaient les ailes osseuses et déglinguées d'un terrible dracoliche à la chair putride dont les lambeaux pendaient péniblement sur le squelette animé, maintenu entier et en vol grâce à une magie aussi noire que les tendons depuis des lustres ignoblement corrodés qui tenaient encore en place.
Surmontant sa monture, La comtesse-vampire tirait les rênes d'une main et lançait des éclairs de sang de l'autre, foudroyant des hommes en armure qui s'effondraient pour se relever en créatures non-mortes et débiles qui se jetaient sur leurs anciens camarades.
Rapidement, devant les talents de nécromancienne d'Ursula, la victoire sembla changer de camp. Les officiers envisagèrent de sonner un repli stratégique quand la puissance d'un cri animal dans leur dos ne les en dissuade. Ils sentirent le vent les souffler au battement d'ailes qui passa au-dessus d'eux, puis le virent.

Le majestueux griffon qui venait de s'envoler fonça vers le dracoliche et une formidable bataille aérienne s'engagea alors, déchirant le ciel de traits de lumière et de nouveaux hurlements furieux, qui permit de rétablir l'équilibre des forces. Les nexusiens redoublèrent d'ardeur, parce qu'ils savaient qu'à présent leur champion était entré en lice, béni par Sa Sainteté Holy et investi de la Lumière du Trône de la Cité d'Or.
Corinthe d'Ystrevent avait dégainé son épée, aussi le Mal serait-il implacablement éradiqué.


Les deux bêtes fantastiques étaient finalement tombées à terre, entraînant leurs cavaliers respectifs dans la chute. Le paladin et la nécromancienne avaient roulé à terre pour amortir le choc, se relevant aussitôt pour se retrouver l'épée à la main. S'affrontant comme si la chute ne leur avait provoqué aucun mal, les belligérants donnaient aux lambeaux épuisés des deux armées toute la démonstration digne de leurs rangs respectifs. Les sorts d'Ursula s'échouaient contre le bouclier imbibé de lumière de Corinthe, qui répliquait par une volée de flèches stellaires afin de se dégager la voie vers la garde de la vampire. La suceuse de sang se dégagea de la menace des projectiles magiques à l'aide d'une chorégraphie de téléportations à courte portée, harcelant l'homme en armure complète sans parvenir à entamer sa défense.

Derrière eux, le griffon continuait de charger le dracoliche malgré son aile brisée, profitant du fait que l'éloignement du monstre de sa maîtresse ne multiplie ses faiblesses pour chercher à le désosser dans de furieux assauts frontaux.
D'Ystrevent semblait malmené par l'aisance de déplacement de Von Karstein, subissant un long moment le harcèlement de ses assauts. Vacillant, le glorieux paladin se retrouva à mettre genou à terre en se retenant à son épée comme un guerrier las, ce qui déclencha l'hilarité de sa méphitique adversaire. La comtesse-vampire cessa ses téléportations pour se retrouver à côté de Corinthe, épée prête à frapper sa nuque à découvert... Quand le paladin fit lui la lame de la sienne avant de l'enfoncer brutalement dans la boue.

Le sol se fendilla alors autour de lui, de la lumière consacrée jaillissant des failles pour brûler l'aire de bataille. Ursula poussa un hurlement qui mourut lorsque l'épée du paladin la perfora de part en part. La créature impie en poussa un cri inhumain et tenta de se téléporter, mais la consécration appliquée à la lame qui l'épingla s'avéra saper tous ses pouvoirs. Aussi tomba t'elle aux pieds du paladin alors que ses troupes achevaient de se faire laminer, à l'image de son dracoliche.
Du pied, Corinthe la poussa dans la boue, où la vampiresse se vautra en se tordant de douleur. Le paladin ôta son casque, dévoilant la jeunesse de ses traits angéliques dont la sévérité impressionnant Ursula. Elle qui s'attendait à trouver un homme fait, on ne lui avait envoyé qu'un adolescent ? Quelle humiliation !

De ses jolies lèvres peintes en noir jaillit un glaviot sanglant qui s'écrasa sur les chausses de plaques. Corinthe considéra la salissure puis la vampire, n'accordant pas plus d'intérêt à l'un qu'à l'autre. Il haussa alors un sourcil en s'adressant à Ursula.

- Ton insurrection est matée, sale engeance. Tu le seras toi-même bien assez tôt.
- Tu ne peux RIEN contre moi, humain ! Je suis Ursula Von Karstein, entends tu ? VON KARSTEIN ! Jamais tu ne...

Le gantelet d'acier lui enfonça la face dans la boue, la forçant à ravaler ses paroles autant que de la terre spongieuse. Il l'y laissa s'y maculer un moment, puis ses doigts attrapèrent sa chevelure pour lui faire relever la tête. Accroupi devant elle, Corinthe la gifla de sa main libre, sans sommation, l'armature de son gant métallique de son gant arrachant un peu de chair à la joue livide et un gémissement de douleur à la buveuse de sang. Une protestation chercha à s'extraire de sa bouche, mais les plusieurs coups de poing qui grélèrent sur son visage jusque là charmant la dissuadèrent de composer ne fut-ce que l'esquive d'une phrase.
Lorsque le tabassage fut terminé, le visage de Von Karstein était violemment tuméfié, voire déformé. Les vampires avaient ça de bien qu'ils se remettaient vite, ce que le paladin n'ignorait absolument pas.
Maintenant la tête d'Ursula du bout de sa crinière noire, Corinthe la détailla sans la moindre variation de comportement.

- D'ici peu, tu auras l'occasion de crier à l'envi. Pour l'heure, tais toi. Implore tes dieux impies, pour peu que tu en aie... Cela pourrait présenter quelque utilité.

Et, sans qu'elle ne comprenne pourquoi, le coeur pourtant flétri d'Ursula se serra dans sa poitrine.
Avant que son visage, une dernière fois, ne soit écrasé dans la boue alors que montait le rugissement d'une armée victorieuse qui se galvanisait de l'humiliation du vaincu.


- Deux semaines depuis la plaine... Qu'est-ce qu'il fait, d'après toi ?
- Du sale. Y'a deux jours encore, la pute beuglait comme un goret. Depuis, plus rien. Et lui qu'est pas r'monté.

Le premier des deux gardes à avoir parlé poussa un rot tonitruant qui résonna dans le couloir du donjon. Cela les fit s'esclaffer, puis l'un d'eux s'accorda une longue gorgée de ce vin coupé à l'eau qu'on affectionnait à Audinsburgh. Ils gardaient l'accès aux niveaux inférieurs du donjon de la citadelle, apaisée depuis la fin des combats. C'était là qu'Ursula Von Karstein s'était établie lors de sa prise de pouvoir, au plus haut de la tour... Et c'était à l'exact opposé qu'elle avait été traînée comme un animal quelques heures après sa défaite face à Corinthe.
Depuis, le paladin était resté enfermé avec elle dans une chambre de torture qui avait résonné de stridents cris d'horreur, d'insultes prononcées dans des langues aussi mortes qu'impies et d'autres bruits infâmes qui laissaient seulement imaginer ce qui pouvait se passer derrière la porte close.

Alors que les deux soudards se gaussaient, un bruit de pas qui résonnait dans la cage d'escalier les surprit et ils se retournèrent l'arme à la main, découvrant dans l'alcôve qui débouchait sur les ténèbres du niveau des geôles la silhouette d'un jeune homme. Le paladin, héros de la plaine de Morris, se dévoila.
Son habit d'or et d'ivoire était terni de sang séché, de sueur et de poussière. Ses cheveux longs étaient hirsutes, bien qu'attachés en un grossier catogan. L'odeur de l'homme était forte, acide ; l'effluve d'un homme qui ne s'était pas baigné depuis plusieurs jours.
Mais le plus marquant était son visage, dont les traits au charme angélique affichaient une fatigue palpable mais un soulagement particulièrement profond. Comme au sortir d'une illumination.

- Faites envoyer la prisonnière en mon domaine de Nexus, sous mon sceau. Je continuerai mon oeuvre là-bas.

Il salua les gardes d'un bref mouvement de tête et les quitta sans plus de cérémonie, laissant dans son sillage les deux curieux qui descendirent dans la salle de torture à leur tour. Pour assouvir tant la consigne que leur curiosité malsaine.
Ce qu'ils découvrirent dans la cellule les invita à ne jamais le révéler, en plus de leur faire répandre sur le sol tout ce que leurs tripes pouvaient contenir.

Quelques heures plus tard, ce qui restait d'Ursula Von Karstein était expédié vers Nexus dans une caisse lourdement scellée et griffée du sceau d'Ystrevent et de celui du paladinat de l'Ordre Immaculé, assurant que le contenu n'aurait jamais à être fouillé d'ici à son arrivée à destination.



La fierté de la famille d'Ystrevent, en plus d'occuper une place nobiliaire confortable dans les rivières de sang bleu que charriait Nexus depuis quelques siècles, tenait en un seul jeune homme : Sparte, aîné de la nouvelle génération qui avait intégré avec succès un ordre de chevalerie prestigieux, les Lions d'Enoch. Sparte était un valeureux chevalier dont le talent irradiait à chacune de ses actions. Il avait brillé sur plusieurs champs de bataille lors de ses premières armes et s'était impliqué dans la vie de Nexus en investissant son nom et une partie de ses revenus dans un centre d'aide aux miséreux. Fier, puissant, aussi généreux que dévoué, Sparte faisait l'admiration de tous. Et son plus grand admirateur n'était autre que son jeune frère Corinthe, qui ne rêvait que de devenir son écuyer. Égaler son frère ? Jamais ! Pour le gamin, ce n'était pas là tâche humain. Mais l'aider, le soutenir, préparer et entretenir ses équipements... C'était une voie qui convenait parfaitement à Corinthe ; la seule qu'on l'autoriserait à suivre de toutes façons au vu de son statut de cadet.

Lorsque Sparte fut élevé Paladin, les Ystrevent fêtèrent la chose avec liesse durant de longues journées. Le fils prodigue devenait champion de l'Ordre Immaculé ! Un guerrier saint et oint, qui portait l'épée contre tous les adversaires de l'Ordre et de Nexus et éradiquait les démons de sa lame bénie. Qui plus est, son statut social s'était très logiquement accru et le jeune homme devenait un très, très beau parti. On murmurait même qu'il serait bien vite digne de l'héritière du trône quand cette dernière serait en âge de prendre couronne et mari -rumeur à laquelle les parents Ystrevent s'attachaient bien sûr particulièrement.
Corinthe, lui, se moquait bien de ce genre d'avenir. Rendez vous compte : son frère en personne avait accepté de lui enseigner les rudiments qui feraient de lui, plus tard, un paladin à son tour ! Bien plus que le gamin n'avait jamais osé en rêver.
Encore trop jeune pour participer à la première campagne militaire palatine de Sparte, Corinthe veilla à s'entraîner dur pour se montrer digne de la confiance qui était placée en lui. Lorsque son frère serait de retour, c'était certain, il saurait manier l'épée aussi bien que lui ou presque !

Sparte ne rentra jamais.
De ce que les survivants des Lions d'Enoch contèrent à la famille d'Ystrevent, leur compagnie avait essuyé plusieurs semaines durant une véritable campagne de harcèlement qui les avaient peu-à-peu laminés. Le paladin avait tenu bon de façon très héroïque, soutenant ses troupes jusqu'à une conclusion inattendue : malgré son état et celui de ses frères, Sparte resta en arrière avec 300 hommes pour retenir l'armée de Mordret qui arrivait sur leurs talons afin de remonter traîtreusement jusqu'au front pour prendre les troupes Ivory en tenaille. Profitant d'un défilé étroit qui annulait l'avantage du nombre des armées d'Ashnard, les trois cent luttèrent héroïquement mais tombèrent implacablement tout en ralentissant assez l'armée adverse pour offrir la victoire à leurs alliés.

Le paladin ne fut jamais retrouvé parmi les corps qu'avaient piétinés les envoyés impériaux et on supposa que son cadavre fut envoyé à la cité noire pour y servir d'exemple. Un châtiment odieux, mais un comportement ô combien héroïque : Sparte d'Ystrevent entra la légende.
Et si cela gonfla d'orgueil le coeur de Corinthe, cela le rendit longtemps inconsolable. Ashnard et tout ce qui s'y assimilait devint l'ennemi à abattre, ennemi qu'il se jura de défaire en occupant la même place que son frère aîné.
Aussi fut-il placé sous la tutelle de Korvinor d'Astain un maître-paladin particulièrement exigeant qui avait déjà formé Sparte pour le mener au plus haut. Les parents d'Ystrevent ne furent pas trop regardants : la disparition de Sparte leur avait porté un coup presque fatal et ils ne plaçaient guère d'espoir en leur cadet.

Corinthe s'en moquait bien, en vérité. Tout ce qui comptait à ses yeux, c'était de venger Sparte et de l'honorer l'épée à la main. Les titres, la succession, la famille... Tout cela, pour tout dire, comptait bien moins que la douleur qu'il entendait bien éponger dans le sang.


Korvinor avait lui-même échoué à devenir paladin, bien qu'il n'accepta jamais de raconter pourquoi. Toutefois chevalier d'une grande valeur martiale et fervent membre de l'Ordre Immaculé, il avait eu l'insigne autorisation de former les autres chevaliers saints et ses enseignements étaient parmi les meilleurs dispensés, ainsi que les plus rudes. Corinthe le découvrit bien assez tôt : il s'entraînait avec tellement de hargne et de contrainte qu'il n'était pas rare qu'il en vomisse ou s'évanouisse, ou qu'il se brise plusieurs fois chaque membre. L'acquisition de la magie lui brûla sévèrement le corps ici et là (et tout ne fut pas soigné, laissant quelques marques disgracieuses aux paumes par exemple), et le vieux Korvinor n'hésita pas à lui inculquer moults préceptes religieux extrémistes en le flagellant ou le confiant aux "bons soins" d'un inquisiteur chargé de lui enseigner autant les versets sacrés que la résistance à la douleur la plus viscérale.

A l'image de son prestigieux frère et au contraire de beaucoup d'élèves de Korvinor, Corinthe n'abandonna jamais, bien que son parcours d'apprentissage tenait du calvaire christique. Etait-ce sa rage pour Ashnard qui lui permettait d'endurer mille supplices, ou simplement une abnégation hors du commun ? Même Korvinor n'aurait pu le dire, mais s'en moquait bien : son disciple allait dans la grâce du Créateur, forgeant de son corps une arme qui frapperait le Mal en plein coeur.

Mais si d'Altain enseigna à son élève la contrition et la douleur, il ne lui fit jamais montre de compassion, élément qui allait pourtant jouer un rôle étrangement central dans la construction morale de Corinthe.
Bien que pour cela, il faudrait attendre encore un peu. Attendre un baiser gorgé de sang, abritant des crocs des crocs acérés.


Pour remonter vers le ventre de la Bête, ils avaient choisi la voie la moins glorieuse, la plus puante et la plus sale.
La mission consistait à porter un coup au Mal à l'intérieur même d’Ashnard, à frapper un clan vampirique dans sa demeure au sein de la capitale impériale. Peu importait le clan, à vrai dire : Korvinor avait déterminé l’objectif sous un critère simple qui se trouvait être l’accessibilité de la demeure par le système d’égout de la cité selon un ancien réseau tombé dans l’oubli suite à une succession de travaux au fil des années.

Le nom des suceurs de sang n'avait pas d'importance, car Korvinor savait que son action laisserait un message particulièrement puissant aux forces impériales ; “vous n'êtes pas à l’abri même au sein de vos propres murs”. Corinthe, pour sa part, s'interrogeait sur le bien fondé de l'entreprise. Attaquer, à deux, la demeure d'un clan de vampires ? C'était plus qu’osé. Cela relevait du suicide ! Son maître était puissant et habile, mais ne portait ni lame sacrée ni ne possédait la maîtrise des magies palatines qui faisaient la force des chevaliers consacrés. Quant à lui-même, inutile d'en parler… Bien que doué, d’Ystrevent ne restait qu’un jeune adolescent à qui il restait bien des choses à apprendre. Et les vampires devaient être pris très au sérieux.  Alors pourquoi ce choix de Korvinor ? Corinthe devinait d'autres raisons qu'il ne comprenait pas. Il préféra toutefois ne rien dire, se forçant à l’obéissance et la foi aveugles en son enseignant.

Il fallait bien reconnaître que l’expédition avait été très soigneusement planifiée, la stratégie forçant le respect. Se faire passer pour des marchands itinérants pour passer sur les terres de Mordred en bénéficiant d'un sauf-conduit tout à fait officiel obtenu lors d'une virée précédente, puis parvenir à s’éclipser dans le bordel qui dissimulait l'entrée du vieux réseau d’acheminement des eaux usées et remonter patiemment dans le dédale sans s'y perdre tout en affrontement les rats géants et d’affreuses chauve-souris ayant établi un véritable empire dans ces tunnels crasseux et moisis.
Corinthe avait fait honneur à son maître lors de la virée, s'avérant aussi fiable que possible dans la difficulté.

Vint l’intrusion en elle-même, par-dessous une dalle placée dans le jardin intérieur. Les deux hommes pénétrèrent silencieusement dans le manoir a proprement parler, armes à la main, furtifs comme des ombres… mais pouvait-on tromper des vampires au sein de leur propre nid ? Corinthe et son maître arpentèrent les couloirs dont les couloirs évoquaient l’aisance du maître des lieux. A force de pas, Korvinor trouva la porte d'une chambre bien particulière dans laquelle il pénétra, d’Ystrevent sur ses talons. L'enseignant avait prévenu : “nous frapperons vite et fort” ! Aussi se jetèrent-ils sur la forme alitée pour la perforer de leurs lames dans un cri poussé à deux voix…

Corinthe et Korvinor ne lacérèrent que le matelas. L’occupant du lit avait bondit comme un diable furieux, prenant appui sur le plafond pour se retrouver en un éclair entre les deux hommes. Si le maître eut le réflexe de lever son épée pour se défendre d'une contre-attaque, l’élève fut dégagé comme une brindille insignifiante et alla s’écraser contre une armoire alors que Korvinor engageait un violent combat contre la créature. Bien que sonné, Corinthe tenta bien de se relever pour aller prêter main forte à son enseignant mais ne parvint qu'à trébucher lamentablement au moment même où Korvinor succombait, sinistrement éventré par son adversaire.

Le jeune ne put qu’hurler de rage et de colère, trouvant dans la vision des tripes fumantes répandues sur le sol de si rude maître un second souffle bienvenu qui lui permit de livrer bataille -sans bien plus de succès malgré tout, bien qu'il se montra un peu plus convaincant dans ses assauts.
Cela n’eut rien de suffisant pour vaincre et Corinthe se retrouva vite maîtrisé, incapable de se mouvoir. Ainsi se retrouva t’il à la merci du pire des ennemis, dont il découvrit l’aspect à la faveur d'un chandelier qu'on apporta. De charmants traits féminins, presque angéliques et associé à un corps de femme éternellement jeune se dévoilèrent alors, ainsi qu'un nom qu'on lui souffla en guise de présentation…
Mélinda Warren.



Contre toute attente, la Warren ne le tua pas plus qu'elle ne l'emprisonna à proprement parler. Et il ne se trouva guère molesté ni torturé, à sa grande surprise. Conservé à demeure dans le manoir qu'il avait tenté d’investir de force, Corinthe eut le droit de s'y déplacer presque librement et même de continuer à s'entraîner à l'épée dans la cour -ce ne seraient pas quelques exercices supplémentaires destinés à lui faire évacuer sa rage ni la possession d'une arme qui parviendraient à le sauver, de toute façon. Jusqu'à ce que son acharnement amène un bretteur vampirique familier de Mélinda, Bran, à se mêler à ses séances martiales tant pour le rosser durement que pour lui faire acquérir peu à peu une technique de lame plus acérée.

Le jeune homme ne se mêla à rien, jouant les premières semaines la bête méfiante craignant d'être frappée dans le dos avant de lentement se laisser à baisser sa garde pour s'intéresser à son nouvel environnement.

Pourquoi Mélinda le laissait-elle vivre, surtout en lui abandonnant autant de liberté ? Corinthe n'en savait rien et jamais la vampire ne lui expliqua jamais vraiment, bien qu'ils en vinrent à échanger des mots puis peu-à-peu de réelles conversations. Comment ? Impossible à dire. Peut-être le charme maléfique de la nocturne, ou les faiblesses dans l’armure de résolution et de volonté bien frêle dont se parait le gamin d’alors, que Mélinda sut exploiter ? Ou, plus simplement, la solitude qui pesait sur l’aspirant paladin ?
Un peu de tout cela probablement, en plus de l’intérêt sincère que Corinthe entretenait pour le mode de vie au sein de l’Empire -pour apprendre à mieux combattre et occire !- arguait-il avec véhémence pour ne pas perdre la face entre deux questions presque passionnées sur tel ou tel aspect de l’Empire, de sa vie quotidienne à ses diverses magies ou races populaires.

Discussions, entraînement et accès à la bibliothèque du manoir rythmèrent les jours de captivité du nexusien. Quant aux nuits… Et bien, si Korvinor fit de Corinthe un véritable guerrier, Mélinda l'entraîna elle sur la voie délicieusement sucrée de l’âge d’homme lorsqu'elle se glissa dans sa couche un soir pour lui enseigner les plaisirs délicats de la masturbation. Ni plus, ni moins. De ses doigts graciles et de sa poigne habile, la nocturne éveilla les sens érotiques de son prisonnier à force de délicates attentions délivrées dans une atmosphère suave évoquant les découvertes tâtonnantes de deux adolescents maladroits.
Largement de quoi faire chavirer lentement un esprit en pleine formation, si prompt à s’acclimater au stupre et à se détester à la fois pour cet enivrant pacte avec l’ennemi.

Cette ambivalence rongeait Corinthe, partagé entre son désir de se laisser enseigner par la Warren et celui de se faire pardonner par le Créateur et l’Ordre. Mais en Ashnard et chez Mélinda, aucun autel ou symbole sur lequel se recueillir afin de mendier la miséricorde divine… Ne lui restait plus que la contrition et la punition, que le jeune homme décida de s’infliger sous forme de flagellation grâce à son ceinturon de cuir. Les coups tombèrent dru sur son dos, et Corinthe y mêla bientôt de frénétiques séances de masturbation, mêlant péché et prière dans une danse des plus indécentes.

Et le chemin du plaisir, à ce moment, devint progressivement sentier de montagne sinueux, où la douleur reçue et infligée devinrent des ingrédients indispensables à l’épanouissement des sens.


L’évasion, Corinthe en était bien conscient, n'était jamais qu'une mascarade destinée à épargner son égo. Cela lui fit pourtant du bien de se laisser convaincre qu'il avait déjoué la surveillance des filles de Mélinda, parvenant à retrouver l’accès aux égouts emprunté avec Korvinor quelques mois plus tôt en emportant avec lui une dague siglées des armes Warren afin de prouver son passage au sein d’Ashnard. Un maigre et illusoire butin, à vrai dire. Rien qui n’effacerait la perte de son maître et le plaisir (aux formes bien diverses) trouvé dans les murs que Mélinda l’avait simplement autorisé à quitter… comme elle l'avait autorisé à y vivre. Un simple caprice.
Peut-être.

Les acquis glanés au manoir Warren firent merveille lorsque Corinthe, après s'être perdu dans les couloirs crasseux des sous-sols, remonta dans une partie inconnue de la cité noire. L’aspirant-paladin parvint à se débrouiller sans mal, à se fondre dans le décor pour y survivre et surtout s'en sortir, non sans avoir eu à combattre quelques brigands et autres malandrins qui en avaient après sa bourse et ses maigres possessions.

Son séjour dans les rues d’Ashnard fut aussi bref que mouvementé mais trouva une conclusion heureuse qui balança d’Ystrevent sur les routes à peine plus sûres qui séparaient les deux territoires rivaux. Là aussi Corinthe puisa de nombreux enseignements qui agrémentèrent son vagabondage de retour vers Nexus. Les rencontres (bonnes et mauvaises) furent nombreuses et les péripéties variées. Corinthe tira de nombreuses fois son épée puis enfin sa queue, abandonnant son innocence préservée même par Mélinda à la chatte moelleuse d'une putain anodine qu'il troussa maladroitement mais non sans acharnement, de découvrant un attrait pour la chair facile et poisseuse de concupiscence crasse et perverse. De quoi alimenter ses séances de flagellation et son goût pour la punition. Autant dire que l’anonymat de la vie sur la route lui permis d’aiguiser ses talents et appétits associés jusqu'à ce qu’enfin il retrouve la chaleur du sein maternel de la florissante Nexus.


Il s'était écoulé moins d'un an mais beaucoup de choses avaient changé dans la capitale d’Or. Mère était morte emportée par une vilaine fièvre et père n’était plus très vaillant, abattu par ce qu'il pensait être la disparition de son second enfant. Corinthe n’eut pas longtemps à s’occuper de son géniteur puisque le vieillard devint sénile et fut casé dans un établissement spécialisé pour y mourir à son tour. Le jeune homme se retrouva alors bombardé chef de famille par la force des choses et eut tout le loisir de retourner se consacrer pleinement à son apprentissage, laissant derrière lui les obligations qu’engendraient un nom prestigieux.
Bien que cela entraîna une perte de lustre de plus en plus significative pour la famille d’Ystrevent, devenir paladin restait le but absolu de Corinthe, dont la volonté n’avait pas été entamée par le séjour forcé chez Mélinda.

Fort de la dague volée au manoir, des multiples recommandations formulées à ses pairs par Korvinor avant l’expédition ashnardienne et d'un mensonge fort bien étayé quant aux raisons de sa survie en plein territoire ennemi, Corinthe n’eut guère de mal à retrouver un maître-paladin qui s’émerveilla en autres des talents à l’épée de l’aspirant qui mata tous ses condisciples lors d'une séance de démonstration des plus édifiantes. En vérité, les leçons de Bran avaient été des plus bénéfiques et s'étaient donc montrées à-même de défaire de jeunes paladins. Corinthe se garda bien d'expliquer l'origine réelle de sa maîtrise, qui lui valut de se retrouver en première ligne lors de missions normalement trop périlleuses pour quelqu'un de son niveau de formation.

Parcourant Terra aux côtés de son maître et de ses trois condisciples, d’Ystrevent enchaîna ses premiers faits d’armes en conditions réelles et se lia particulièrement d’amitié avec Carthage Hautchemin, jeune femme du même âge que lui qui s'avéra également posséder quelques démons rampants dans son sillage, dont un amour certain pour la violence et l’humiliation -y compris sexuelle.

Corinthe et Carthage se plurent profondément et s’instruisirent mutuellement, tant au combat que dans l'intimité. Avec cette âme damnée partageant ses péchés, d’Ystrevent tourna son attention vers les plaisirs homosexuels (dont il profitait avec un délicieux sentiment de coupable anormalité) et les jeux de voyeurisme. Ensemble, les aspirants plongèrent dans leur première orgies et s’échangèrent les volées de coups de fouet pour expier leur concupiscence crasse à la face du Créateur, se blâmant et se molestant pour leur vilénie avant de recommencer sans l'ombre d'une hésitation. Pendant que Carthage approchait les affres zoophiles, Corinthe saillait (très) jeunes filles et femmes bien déclinantes. Leurs obscénités étaient lavées dans les giclées de leur propre sang, ichor vicié que la contrition aidait à remplacer pour mieux qu'ils puissent de nouveau le souiller dans l’allégresse, comme si leur contrition pouvait tout pardonner, leur foi tout autoriser. N’était-ce point le divin qui les éprouvait ainsi, après tout ? Le Malin s'insinuait dans leurs sens et leurs coeurs sans jamais triompher. Le but de ces actions était de repousser ses incursions, sans grand succès avéré.

Une parfaite raison de persévérer.
Sur les conseils de Mélinda, qui avait entre-temps entreprit de lancer avec Corinthe une correspondance lettrée que l’apprenti-paladin avait accepté d’alimenter, trouvant dans la plume de la Warren un singulier refuge sagace qui l’accompagnerait, épisodiquement mais attentivement, de nombreuses années durant.



~ Au coeur des ténèbres d'Innsmouth ~

Leurs errances sur le chemin de la salvation fit croiser au duo infernal la route d'un inquisiteur qui ne l'était pas moins ; Réthymnon de Côme.
Cet étrange et controversé personnage, homme de foi érudit et chasseur de sorcières versé dans l’art délicat de la Question s’employait à traquer dans les rues d’une ville portuaire un culte dévoué à quelque immonde divinité issue des océans quand il fut capturé par les dévots et sauvé par Carthage, appuyée par Corinthe.
Séparés de leurs équipées respectives par la force des choses (Réthymnon avait été trahi par ses deux hommes et les deux apprentis étaient à la recherche d'un apothicaire capable soigner la fièvre des bois attrapée par leur maître quand ils se retrouvèrent enfermés dans la cité), les trois acteurs se liguèrent en une phalange improvisée dont les membres étaient tournés tant vers leur survie que sur l’éradication du Mal qui les avaient plongés dans le chaos.

Pris au piège dans les ténèbres d’Innsmouth, ville côtière hantée par de redoutables et sanguinaires abominations hybrides convoquées pour préparer l’avènement du dieu tentaculaire dormant sous les eaux, Corinthe et ses acolytes eurent fort à faire pour rester en vie et défaire le culte qui sévissait. Leurs armes goûtèrent d’innombrables fois la chair des rejetons maléfiques, leurs esprits se frottèrent aux machinations et aux traîtrises qui œuvrèrent à leur perte inconditionnelle et leur foi ainsi que leurs certitudes eurent à affronter des visions cauchemardesques qui auraient fracassé n’importe quel autre esprit que les leurs.

Leurs sinistres aventures menèrent les compères de découvertes macabres en escarmouches violentes qui débouchèrent sur l’affrontement final contre l’avatar à moitié formé du Dieu Noyé sur le pont d'un navire ballotté par une tempête surnaturelle. Corinthe et les siens durent faire face aux appendices tentaculaires furieux qui cherchaient à les entraîner vers les abîmes, tout en repoussant les vagues de squames insectoïdes grouillants.

Et alors que Carthage se faisait horriblement creuser les chairs en protégeant Réthymnon d'une attaque massive se voulant définitive, un Corinthe exténué mais enragé parvenait à pourfendre le cœur de l’avatar qui l’aspergea des bouillons poisseux de son sang noir. Le contact avec ce magma ignoble provoqua à l’apprenti d'étranges visions ; celle d'une tour immense si noire que la nuit en comparaison paraissait être un lever de soleil. Une tour convoitée à travers les étoiles, source de mille maux infligés par des êtres mille fois millénaires dont le Dieu Noyé d’Innsmouth n'était en fait qu’une parcelle malingre. D'autres images lui agressèrent l'esprit et l’âme, fragments épars d'une pièce monumentale que le jeune combattant n'était pas encore capable d’embrasser l'entièreté ou le sens.

Mais au moins le Dieu abyssal était-il vaincu -bien que Corinthe savait qu'il était plus exact de dire qu'il avait été seulement repoussé pour un temps- et ses compagnons saufs. Carthage échappa aux griffes de la mort grâce à son extraordinaire vitalité, sa rage de vivre et avec le concours des soins et prières de Réthymnon et d’Ystrevent. La malheureuse en garda toutefois indélébiles séquelles, son corps profondément zébré lui promettant un quotidien d’handicapantes douleurs.

Rassuré de savoir sa comparse veillée par Réthymnon et son ordre venu en renfort pour achever la pacification d’Innsmouth, Corinthe put reprendre la route de Nexus sur demande de l’Ordre Immaculé qui tenait à avoir un rapport complet sur les événements passés. Le trio se sépara en promettant de garder contact et de se revoir, puis d’Ystrevent retourna dans le giron des Ivory, profitant du voyage pour commencer à consigner ses rêves aux visions délirantes dans des carnets en imaginant qu'il finirait par y voir plus clair s’il pouvait étaler ses pensées de façon “tangible”.

L’idée devint une habitude et, dès lors, Corinthe ne se déplaça jamais plus sans avoir de quoi écrire et dessiner, couchant sur le papier des récits décousus et des dessins d’obscures visions issues de songes perturbés…
Et d’autres, autrement plus sensuelles, d’accouplement tout aussi fantasmagoriques que perturbants, dans lesquelles se dessinaient des visages aux identités inattendues.



~ La forteresse de Solgarde ~

La convocation faite par l’Ordre était d’importance, puisqu'il s'agissait de rallier Solgarde, la forteresse de formation des paladins. En tant qu’aspirant, c'était à cet endroit sacré pour les chevaliers consacrés que Corinthe se retrouvait à devoir rendre des comptes quant aux événements d’Innsmouth. Il fut longuement entendu, soutenu dans ses déclarations par le rapport somme toute flatteur qu'avait adressé Réthymnon à l’Ordre Immaculé.
Fort heureusement pour d’Ystrevent, le concours d'un inquisiteur aussi compétent et dévoué que l’était son ami lui épargna des examens trop poussé et son ascendance (Sparte n'avait pas été oublié malgré les années) ainsi que sa formation par Korvinor aidèrent à clore l'affaire.

Néanmoins, Corinthe ne quitta pas Solgarde. Entré après tout ce temps dans la dernière phase d’apprentissage, les dirigeants lui firent intégrer le centre de formation de la citadelle afin de lui imposer les épreuves qui feraient de lui un paladin -ou un “échec” destiné tout de même à devenir chevalier. Durant deux années, Corinthe fut coupé du monde extérieur et se retrouva plongé dans une atmosphère de dévotion aveugle, de défis ascétique et d’affrontements pas toujours amicaux. Sur fond de climat de compétition permanente, de coups bas et d’alliances improvisées, d’Ystrevent eut à faire montre de tous les talents acquis depuis les débuts de l'enseignement de Korvinor.

Les maître-paladins s'en plaignaient souvent : la jeune génération se retrouvait pour beaucoup composée de jeunes nobles désireux de conquérir un qualificatif honorifique pour asseoir leur position, sans réelle volonté toutefois de s’illustrer par les armes faces aux armées perverses du Mal. Corinthe fut le coup de pied dans la fourmilière. Déjà rompu au combat réel contre les forces obscures et confronté à des horreurs irréelles comme à la félonie des ashnardiens  (il n'avait pas caché avoir passé une année en plein empire, prisonnier du tueur de Korvinor), les épreuves imposées à Solgarde ne lui causèrent aucune sérieuse inquiétude. Et il en fut de même pour les tests plus intellectuels ! Déjà éduqué, Corinthe avait bénéficié de la conversation de Mélinda et de l’accès à la bibliothèque de cette dernière puis plus tard de l’érudition de Réthymnon. Discussions théologiques, stratégie militaire, études des forces monstrueuses et démoniaques… Corinthe évolua sans mal à travers les embûches, attirant sur lui considérations de ses supérieurs et évidemment jalousie de ses pairs qui finirent par se liguer pour l’isoler afin de le briser.

Mais seul, le jeune homme ne l'était jamais vraiment. Dans son esprit n'avaient de cesse de se bousculer les images oniriques perverses et -il en était certain- pour partie prophétiques que le sang du Dieu Noyé continuait de générer. Évitant de consigner ses carnets par peur d'être découvert et remis à l’inquisition, Corinthe dû apprendre seul à canaliser ces accès délirants pour calmer les fièvres qui le saisissaient presque systématiquement. Au moins ces images nourrissaient-elles sont esprit, lui permettant de surmonter la mesquinerie de ses condisciples et de passer les épreuves de résistance mentale -il était déjà plus qu’armé contre cela mais marchait en équilibre sur un fil parfois très fin entre raison et folie.

Les deux ans de fin d'initiation se soldèrent par un baptême du feu face à bataillon de paladins expérimentés lors d'une simulation guerrière particulièrement réaliste. Face à un ennemi en nombre plus conséquent, les recrues eurent pour mission de défendre à tout prix une position critique lors d'un siège qui dura près d'une semaine. Plongés dans le feu de la guerre, nombre d’aspirants cédèrent à la panique comme à la force ennemie et Corinthe fut l'un des rares à survivre intact.
Préférant d'abord jouer le chevalier solitaire, deux autres apprentis parvinrent à le convaincre de mettre ses compétences au service du nombre malgré les différents qui avaient opposés ces jeunes impétueux lors de l’accomplissement de leurs classes. Agissant finalement en une phalange compétente bien qu’improvisée, les aspirants surent contenir le dernier assaut et remporter leur épreuve finale et ainsi accéder à la consécration tant attendue.

Et quel privilège ils eurent en sus ! Leur intronisation fut accomplie par non moins que la Très Sainte Holy en personne, événement rare et significatif s’il en était pour des chevaliers de la foi qui se sentirent honorés de déclamer leurs voeux les plus solennels devant la figure sacrée de l’Ordre Immaculé.
Si Corinthe n'en était pas moins inspiré que ses condisciples, il en vint en plus à entretenir pour la papesse au corps de catin un désir violent et animal qui ne le quitta plus. Holy devint pour partie une vulgaire putain à souiller, comme l’était déjà la jeune Ivory. Était-ce là les visions distillées par le sang noir, ou simplement l’expression de sa psyché profondément dépravée ? Le nouveau et glorieux paladin n'aurait su le dire mais entreprit avec audace un astucieux rapprochement avec Holy. Un jour, il en était persuadé, elle danserait tout comme la jeune reine au bout de son vit…

Pour l’heure toutefois, il lui fallait mettre à profit son titre nouvellement acquis pour sortir de la boue sa famille tombée en désuétude et se montrer digne de son serment ; protéger la foi, le trône et le peuple. Pour Corinthe, hors de question de rester oisif à simplement jouir de ses acquis. Malgré ses propres démons dont il ne parvenait à se défaire, le jeune paladin comptait bien affronter ceux bien plus tangibles qui hantaient Terra.


Revenu à Nexus auréolé de son titre, Corinthe ne tarda pas à employer son temps et ses liens divers pour récupérer son manoir familial et en lancer la rénovation bien qu’il fut désargenté. Profitant de la générosité de mécènes désireux de se mettre dans les petits papiers d’un paladin reconnu jusque dans les rangs de l’Inquisition, d’Ystrevent revint sans mal à un niveau de vie satisfaisant lui permettant d’être à l’abri du besoin.  
Sans revenir au lustre nobiliaire de l’époque de ses parents et des parents de ces derniers, son nom retrouva aux yeux de l’élite nexusienne un aspect tout à fait respectable ; on lui accorderait le crédit nécessaire pour aller plus avant dans les hautes sphères pour peu qu’il ne trébuche pas en chemin.

Il lui faudrait encore faire ses preuves, tant sur le champ de bataille que lors des dîners mondains auxquels le jeune homme était de plus en plus convié.

Le jeune homme ne doutait toutefois pas de pouvoir triompher des épreuves qui l’attendaient. Reprenant sa correspondance interrompue avec Mélinda, les deux eurent de longs échanges sur l’évolution du monde depuis que Corinthe avait été confiné et formé en Solgarde. La vampire et le paladin convinrent bientôt de se revoir, se promettant solennellement de ne pas se sauter à la gorge.
Antagonistes, malgré tout, ils n’étaient pas… Mais qui pouvait dire si les choses n’en viendraient pas à changer ?

Et ces retrouvailles, qui obsédaient Corinthe alors qu’elles approchaient, pourraient bien être le prologue pour lui d’un tout nouveau cycle.



Ancienne compagne de route de Corinthe, lourdement blessée suite aux évènements d’Innsmouth. Restée sous la protection de l’Inquisition, Carthage a été soignée bien que son corps garde de très profondes et disgracieuses cicatrices la faisant encore souffrir. Soulagée par l’armure qu’elle porte en quasi-permanence, cette guerrière impitoyable et extrémiste est devenue une croisée des plus vindicatives. Carthage est de tous les champs de bataille, arguant que rien ne soulage autant sa douleur que celle qu’elle inflige aux ennemis de la Foi. Sa violence est en passe de devenir légendaire.
Très bonne amie de Corinthe qui la connaît dans ses travers comme dans son amour immodéré de la Foi, elle est prête à répondre à son appel en cas de besoin.


Inquisiteur, chasseur de sorcières et maître ès Question, Réthymnon est un être sombre et brutal doté d’une grande intelligence. Reconnu par ses pairs, de Côme a brillé plus d’une fois par ses résultats. Ancien inquisiteur vagabond et dernier membre du trio d’Innsmouth, il a été un véritable professeur pour Corinthe et Carthage lors de cette affaire. Reconnaissant de l’aide apporté par les deux jeunes, Réthymnon a prit la jeune femme sous son aile et adressé à Solgarde une lettre de recommandation élogieuse à propos de Corinthe.
Depuis, de Côme a créé une cellule de surveillance inquisitoriale -l’Ordo Hereticus- basée à Innsmouth pour éviter toute résurgence des forces maléfiques dans les environs de ce puissant centre ésotérique. Corinthe l’a aidé quelques fois en tant que paladin, scellant leur pacte d’entraide mutuelle.


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Les deux personnages joués sur LGJ apparaissent ici avec l'aimable autorisation de leurs auteurs.

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