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Messages - Cassia Tiberius

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Elle avait dû s'assoupir. Ou bien on l'avait droguée. Car, quand elle se réveilla à nouveau, ce n'était plus une simple corde qui liait ses poignets, mais des chaînes. Et elle avait changé de cellule.  Apparemment, quelqu'un avait dû sermonner les gardes sur la façon de la retenir. Elle aurait dû s'en douter. Grimaçant en remuant les poignets, accrochée comme une vulgaire pièce de viande à sécher ou à fumer, Cassia retint la bordée de juron qui lui vint aux lèvres. Elle aurait dû profiter de s'être réveillée avec la corde pour s'échapper, plutôt que de vouloir attendre et voir comment la situation évoluait. Elle et ses scrupules... Secouant la tête, elle testa les chaînes. Ses bras étaient retenus en l'air, alors que ses pieds étaient harnachés au sol. Des chaînes, pour les quatre membres. Reliées au mur. Et ce collier dont le fer lui irritait la peau. Elle grimaça de nouveau et tenta de les ouvrir avec une touche d'énergie magique.

Ses yeux s'écarquillèrent alors. Elle ressentait toujours la magie, autour d'elle, en elle, mais quelque chose semblait l'empêcher d'y accéder. Quelque chose formait un bouclier entre sa volonté et la magie. Une sorte de brouillard opaque infranchissable. Un soupçon de panique l'envahit. Elle avait été dans des situations terribles, depuis qu'elle était partie de Tiberius, mais jamais à ce point. Elle avait toujours eu ses pouvoirs à disposition pour retourner la situation à son avantage. Et cette fois, un juron franchit sans forcer la barrière de ses lèvres.

Tirer sur les chaînes ne servirait à rien, à part à se blesser, alors la brune se résolut à attendre que la situation évolue. Et elle ne tarda pas trop. Les yeux fermés, comme si elle dormait toujours, elle entendit des bruits de pas. Des voix étouffées. Une trappe qui glisse. Elle ouvrit les yeux, en sentant le poids d'un regard sur elle. Mais elle ne fit que soupirer. Comme si elle trouvait le temps long. Et quelques minutes après, la porte de la cellule s'ouvrit. La lumière éclaira bientôt un peu la pièce, et elle cligna des yeux, trop habituée à l'obscurité qui régnait. Le nouvel arrivant ressemblait à un aristocrate. Mais, noble ou pas, Cassia s'en fichait. Elle braqua sur lui un regard farouche, impatient. Il avait mis le temps. Elle serra les dents quand elle vit qu'il pratiquait aussi la magie, alors qu'il allumait la cheminée avec une boule de flamme, mais ce fut sa seule réaction physique notable.

Le charisme d'Alexandre, puisque tel était son nom, n'était pas assez pour l'effrayer, elle, l'aventurière, l'ex-future Devineresse de Tiberius. Elle haussa juste un sourcil, lorsqu'il affirma qu'elle avait brûlé l'auberge. Son feu magique n'était destiné qu'à éloigner les gardes, pas à brûler. Ou bien elle était vraiment fatiguée lorsqu'elle l'avait lancé, ou bien il mentait. Elle préférait croire cette seconde option, la première étant un aveu de faiblesse. Son regard quitta enfin la silhouette masculine pour aller se poser sur la pièce, qu'elle découvrait à présent à la lueur du feu. Une cellule, ni plus ni moins, mais cet établis, dans le coin... Ah oui, la torture. Très bien. Elle masqua le soupçon de panique qui courait dans ses veines, et qui accéléra légèrement les battements de son cœur par la même occasion, pour revenir à l'homme. Alexandre Dowell, souverain de ces terres. Elle était dans de beaux draps.

« Permettez-moi de ne répondre à aucune de vos questions, puisqu'il est évident que mon arrestation était une erreur. Je n'ai pas brûlé la taverne. Et même si je l'avais voulu, je n'aurais pas fait cela à ce brave aubergiste, qui me conseillait de fuir après avoir terrassé le... Comment as-t-il dit, déjà ? Ah oui, le beau-frère du baillis. M'est avis que vos hommes, puisque vous en êtes le souverain, ne sont pas très fiables. Vous as-t-on dit aussi que je n'ai assommé ce... José, je crois... Que parce qu'il voulait plus de moi que ce que je ne voulais lui donner ? »

Tout en parlant, les prunelles de Cassia n'avait cessé de fixer celles d'Alexandre. Provocante, fière et limite insultante. Ce n'était peut-être pas la meilleure tactique pour s'en sortir, mais elle ne pouvait se laisser faire accuser à tort de dégradations.

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Dictature d'Ashnard / Re : Stronger than a shot of whiskey or any pill you take.
« le: dimanche 23 juillet 2017, 13:25:48 »
Le tenancier de l'établissement n'avait pas bronché, de la voir ainsi mettre hors d'état de nuire les deux rustres. Sans doute avait-il l'habitude. Peut-être était-ce des bagarreurs réguliers, dès qu'ils avaient un coup dans le nez. Et dans ces petits villages, la routine est quelque chose de profondément ancré, avait-elle pu s'apercevoir. Elle haussa les épaule, un peu circonspecte en écoutant l'homme la mettre en garde. Elle se remettrait en route pour la nuit, s'il le fallait, mais elle n'y tenait pas vraiment.

Cependant, ce qu'elle voulait ce soir ne semblait pas entrer en ligne de compte. D'abord, les deux malotrus. Et maintenant, ça. Les gardes. Toujours face au tenancier, elle leva les yeux au ciel. Sérieusement. La poisse était de son côté ce soir. Se tournant aux trois-quarts vers les gardes, la brune évalua tranquillement leur armure, leurs armes et leurs silhouettes. Ils étaient quand même un poil trop nombreux pour qu'elle s'en dépêtre seule. Quand ses prunelles outremer parcoururent la salle, elle ne trouva que des têtes baissées dans les chopes. Plus un rire. Même les musiciens s'étaient arrêtés de jouer, et semblaient occupés à nettoyer leurs instruments.

Retournant son attention vers le sergent, celui qui avait parlé et qui était le plus proche d'elle, elle haussa un sourcil.

« En quoi est-ce un crime, je vous prie, de calmer les ardeurs d'ivrognes en rut ? De les empêcher de commettre un viol, sur ma personne qui plus est... ? A moins que ce ne soit la norme ici, que les bonnes gens soient jetées en prison ? »

Son regard narquois rencontra ceux, luisant d'indécence, des autres soldats. Apparemment, elle n'avait pas trop le choix que de les suivre. Mais, elle n'était pas du genre à accepter calmement ce qu'on lui disait quand ça allait à l'encontre de ses principes. Elle n'était pas du genre à se laisser docilement mener à l’abattoir. Elle écarta les mains, bien en vue des soldats, et claqua des doigts. Deux boules d'énergie bleuâtre, comme les flammes en prennent parfois la couleur, dansèrent tout à coup dans ses paumes. Ce feu magique ne risquait pas de faire flamber la taverne, mais il occasionnerait de sévères dégâts aux gardes et à leurs armures.

« Vous êtes certains que vous souhaitez m'arrêter, messieurs ? Parce que vous pouvez encore me souhaiter une bonne soirée et vous en aller. Et dans ce cas, je vous promet de quitter cet endroit juste derrière vous, et de m'éloigner d'ici dans la nuit. »

Le sergent n'avait pas l'air d'accord. Un peu impressionné par sa magie, certes, mais pas d'accord avec ce qu'elle proposait.

« Je ne crois pas, Madame. Malgré les circonstances, il me semble que vous êtes celle qui avait déclenché les hostilités. Suivez-nous donc au poste avant de faire quelque chose que vous regretteriez. »

Haussant les épaules, Cassia secoua la tête.

« Voyez-vous, je ne crois pas non plus que ça me tente de vous suivre... »

Et sans crier gare, elle lança une boule de flamme sur le sergent, assez fort pour le faire reculer, et fit grossir l'autre en attendant la riposte. Elle ne tarda pas d'ailleurs, et les six soldats se mirent en formation. Ses flammes les impressionnaient, pas assez pour calmer les ardeurs que sa tenue légère faisait naître en eux. Pestant à mi-voix contre les hommes et leurs instincts bestiaux, ce qu'elle pouvait apprécier dans d'autres circonstances, elle lança sa seconde boule de flamme, plus grosse que la première, vers le centre de leur formation. Si deux des gardes reculèrent sous l'impact, et si l'on entendit clairement le bruit de l'acier plié et froissé, les quatre autres se jetèrent sur elle. A mains nues, elle ne pouvait rien pour se défendre contre leurs épées. Elle voulut lancer une nouvelle boule de flamme, mais ses deux mans furent attrapés à l'instant critique, et elle ne put que ruer ce qu'elle pouvait pour se libérer. Sans succès. Elle lançait ses pieds dans une danse farouche et dangereuse, mais contre les armures des soldats, elle ne pouvait rien. Et finalement, après un grand coup du pommeau d'une épée contre son crâne, elle s'effondra, sonnée.

* * *

Cassia se réveilla alors qu'il était presque l'aube. Elle ouvrit difficilement les yeux, grimaçant lorsqu'elle bougea la tête. Une douleur lancinante venait de démarrer et chaque mouvement était pire. Un juron passa la barrière de ses lèvres, et elle observa autour d'elle en bougeant le moins possible. Le décor de pierre nue, légèrement humide et mousseuse, et les barreaux d'acier lui indiquaient mieux que quiconque qu'elle se trouvait en prison. Evidemment.

La scène de la veille lui revint en mémoire. Et elle jura de nouveau en comprenant que l'un des gardes, ou peut-être même le sergent lui-même, l'avait assommée sans douceur. Remuant doucement ses membres, elle constata qu'elle était aussi attachée. Une corde rêche lui liait les poignets. Elle aurait pu les détacher d'un claquement de doigt, mais elle préférait attendre de voir la suite. Elle se redressa alors sur la petite couchette garnie de paille défraîchie où elle était allongée, et s'adossa au mur. Elle avait déjà eu quelques mésaventures depuis son départ de Tiberius, et elle avait appris à attendre de voir comment les choses évolueraient avant de s'affoler.

Alors elle attendit, jurant à mi-voix de telle façon que les deux ivrognes de la veille auraient pu rougir de ses paroles.

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Dictature d'Ashnard / Stronger than a shot of whiskey or any pill you take.
« le: dimanche 23 juillet 2017, 01:33:27 »
Son voyage avait commencé voilà des années. Trois, pour être précis. Et aujourd'hui, elle n'était plus la naïve jeune femme qui s'enfuyait pour découvrir le monde. Elle était devenu bien plus encore, Cassia. Bien plus belle, bien plus avide de découvertes, bien plus féroce, bien plus forte aussi. Elle avait vu de tout, et croyait cerner la nature humaine. Elle n'avait pas peur des hommes, ni des monstres. Elle n'avait pas peur des démons ou des dieux. Elle traitait avec chacun selon un principe : Elle jugeait sur les actes, et pas sur les dénominations ou sur les rumeurs, pas sur les races ou les sexes.

Elle en était venue, à ce point de son voyage, à découvre les cultures de Nexus et de ses alentours, et se dirigeait maintenant vers Ashnard. La grande dictature, avait-elle appris. Mais, ça ne lui coûtait rien d'aller voir. Elle était là pour ça, après tout. Pour découvrir le vaste monde. Pour s'en faire sa propre idée. Oh, elle ne reniait pas les conditions qui avaient conduit son peuple à se réfugié sous le Tibre, non, bien sûr que non. Mais de l'eau avait coulé sous les ponts depuis, et l'évolution avait fait son office. Pourquoi refuser d'aller explorer, quitte à revenir sagement ensuite ?

Même si pour le moment, Cassia n'était pas décidée à rentrer, sait-on jamais. Après une vie à découvrir le vaste monde, elle aurait sûrement envie d'aller mourir chez elle. Bon, elle n'en était cependant pas encore là. A l'orée de ses vingt-trois ans, il y avait plus à faire que de penser à la mort. D'ailleurs, un sourire malicieux se nicha sur ses lèvres alors qu'elle songeait à cela. Marchant d'un bon pas vers Ashnard, Cassia ignorait si elle en était proche ou pas. Elle n'était pas très douée avec les cartes, avec les distances et avec la mémoire de son chemin. Elle saurait sûrement rentrer chez elle sans problème, après tout, elle était née là-bas, mais pour aller ailleurs, c'était une autre paire de manche.

En fin de journée, elle arriva dans un petit village pittoresque,  à l'instar de ceux qu'elle avait croisé un peu plus tôt. Enfin, pittoresque, c'était son appréciation. Il faut dire qu'elle n'en avait pas croisé souvent des comme celui-ci. Un peu à Nexus, mais pas du tout de là où elle venait. Elle observa avec curiosité ces grands châteaux qui se dressaient sur l'horizon, ces maisons mêlant bois et argile, et ces champs dont les cultivateurs rentraient quand le soleil baissait dans le ciel. Elle admira un instant le couchant, et les lueurs chaleureuses qu'il conférait à l'ensemble, avant de se rendre compte que le village où elle venait d'arriver était plus grand que les précédents. Peut-être était-elle rendue dans une sorte de capitale. Elle reprit sa route en haussant les épaules, indifférentes aux regards qu'on lui lançait, et décida d'aller se renseigner à la taverne. Une fois qu'elle l'aurait trouvé, en tout cas. Mais ça ne devrait pas être bien difficile. Il n'y avait qu'à suivre les rires et la musique, non ?

Et c'est ce qu'elle fit. Elle entra d'un pas léger, ignorant les conversations qui s'assourdissaient un moment, le temps de la dévisager (et de la reluquer comme il le fallait), avançant vers le bar. Elle y commanda une bière, que forte heureusement ils avaient, et laissa une pièce d'argent sur le comptoir. Sûrement assez pour la bière. Elle n'avait pas une grande notion de l'argent selon les contrées, ou de l'or, ou du cuivre. Ouais, elle s'en fichait, en fait. Elle pouvait en trouver facilement, elle n'était pas magicienne pour rien.

Restant au comptoir, elle prit son temps pour boire sa bière, mais elle n'engagea pas la conversation avec ses voisins. Elle préférait observer les autres, tant et si bien qu'elle ne vit pas les deux hommes se rapprocher fort peu insidieusement, comme des grosses brutes en fait, jusqu'à se saisir de ses bras. Elle leur jeta un regard curieux, pas effrayée pour un sou. Elle ne s'effrayait, à vrai dire, pas facilement, et sa conscience du danger était à peu près nulle. Elle faisait trop confiance à ses pouvoirs pour craindre quoi que ce soit. C'était ce qu'on lui avait seriné toute sa jeunesse, après tout.

« Vous désirez quelque chose ? Lança-t-elle avec l'innocence qui la caractérisait.
- Ouais, ton cul, répondit l'un, sans innocence du tout. »

Haussant un sourcil d'un air stupéfait, Cassia secoua la tête.

« Je ne crois pas que vous en ayez gagné le droit, chéris.
- Mais on te demande pas ton avis ni rien. T'es qu'une catin, vu comment t'es habillée. On va pas s'gêner d'en profiter.
- Vous pouvez toujours essayer, souffla-t-elle avec malice, avant de claquer des doigts. »

Les mains qui la tenaient relâchèrent leur emprise, comme si elles s'étaient brûlées. C'était une illusion, implantée directement dans l'esprit des deux hommes. Le genre de tour qu'elle avait appris assez jeune. Elle les reluqua un instant, moqueuse, en recoiffant ses boucles brunes dans son dos. Mais, contrairement à ses espérances, les deux hommes n'arrêtèrent pas là, et personne dans la taverne ne semblait vouloir intervenir. Cassia utilisa ses connaissances pour se défendre, avec et sans magie, et après une dizaine de minute d'âpre lutte, les deux hommes finirent étalés au sol. Vivants, mais inconscients.

« Quelqu'un d'autre souhaite m'agacer ce soir, ou je peux boire en paix ? Lança-t-elle finalement à la cantonade, l'air à peine essoufflée. »

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Je sais, je sais hinhin

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Hahaha, ça n'a pas traîné <3

Merci tous ♥ ♥

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Identité : Cassia Tiberius.
Âge : 23 ans.
Sexe : Féminin.
Race : Créature magique (et humaine), venant de Terra.
Sexualité : Hétérosexuelle, et plus ou moins expérimentée.

Autre :

+ Cassia possède des dons de Devineresse particulièrement puissants.
+ Elle possède aussi la magie, dans ses veines, et était considéré comme une enchanteresse de talent à Tiberius.
+ Elle ne connaît pas son père, qui apparemment était un géniteur parmi tant d'autres.

Histoire & descriptions :

I – Les origines.

Dans un coin reculé de Terra vivaient des peuples qui n’avaient pas entendu parler d’Ashnard ou de Nexus. Des peuples barbares, mais aussi des peuples simples. Toute une civilisation qui ne dérangeait personne, qui ne guerroyait pas et qui restait cultiver dans leur petit coin secret. Enfin, secret… Disons plutôt qu’ils étaient situés tellement loin des autres civilisations que personne n’avait été les emmerder. Quelques fois, un étranger arrivait, et ne repartait pas. Soit il était tué, soit il s’intégrait.

Mais cette société n’était pas non plus idyllique. Les femmes, plus que tout autre, souffraient de manque de considération, de violence, et d’autres problèmes de reconnaissance. Pendant des siècles et des siècles, il en est allé ainsi. Les hommes étaient les plus forts, et les femmes étaient presque des objets. Vendues, données, frappées, tuées pour des prétextes futiles, elles n’avaient pas plus d’importance qu’une chaise.

Puis un jour est née Faye. Sa mère ne pouvait pas avoir de garçons. Tous les enfants qu’elle avait donnés à son mari, à son maître plutôt, étaient des filles. Et il l’avait prévenue. Une fille de plus, et elle finirait en amuse-gueule pour les démons. Alors, plutôt que ce sort qu’elle présumait horrible, même si elle n’avait jamais vu un démon de sa vie, la mère dit que l’enfant était mort-né et qu’elle l’avait jeté dans le Tibre, le fleuve qui passait non loin du village. L’excuse, cependant, ne suffit pas, et la mère se retrouva vendue à un démon pour que l’homme puisse avoir un fils à lui afin de lui succéder.

Faye aurait pu mourir, bien sûr. Jetée dans le fleuve à peine née, il y avait très peu de chance qu’elle ne s’en sorte. Mais sa mère n’était pas seule à s’être approchée du Tibre ce jour-là. Cachée dans les roseaux, Juliana a vu tout ce qui s’était passé. Dès que la mère se fut éloignée, elle agit. Elle plongea dans les eaux furieuses du fleuve, et récupéra le nourrisson déjà presque mort. Elle en prit grand soin, et le soigna. Elle l’éduqua à sa manière. Juliana n’était peut-être pas une femme bien-née, mais elle n’était pas une esclave non-plus. Citoyenne assez pauvre, elle n’était pas pour autant dénuée de valeur et de rêves.

Bientôt, Faye grandit, et devint une femme forte, une femme fière et indépendante, faisant la fierté de Juliana. Eduquée en secret au combat et au maniement des armes, elle ne se laissait pas faire. Elle ne connut pas un seul homme avant d’être prête, malgré les offres alléchantes faites par les plus nobles, ou les menaces faites par les marchands de plaisir. Juliana résista, et Faye l’accompagnait. A deux, les femmes envoyèrent balader plus d’hommes que toutes les femmes de leur civilisation.

Bien sûr, cela ne pouvait rester secret. La rumeur enfla tant et si bien que tout le territoire fut au courant de l’existence de deux femmes qui tenaient tête aux hommes. Si ces derniers ne pouvaient laisser un tel affront se faire, les femmes au contraire se retrouvèrent motivées par cette rébellion, et beaucoup rejoignirent Faye et Juliana en secret, abandonnant maris violents et fils ingrats.

Au bout de quelques mois, le mouvement avait pris de l’ampleur, et tous les hommes envoyés pour les maîtriser étaient repartis la queue entre les jambes. Faye et Juliana étaient devenues le symbole de la Révolte de la Femme, qui restera connu dans les annales pour des siècles et des siècles. Et la Révolte de la Femme ne consistait pas simplement à rejeter la domination masculine, non. Au bout de quelques années, les femmes qui suivaient Faye et Juliana disparurent, purement et simplement, du territoire. Les nombreuses recherches menées pour les retrouver n’avaient rien donné.

II – Tiberius.

Mais, évidemment, c’est parce que les hommes ne savaient pas où chercher. Ils ne connaissaient pas bien les causes qui avaient menées à la Révolte de la Femme. Ils ne savaient pas non plus que la magie coulait parfois dans le sang de celles qu’ils considéraient comme leurs choses. Alors ils n’ont certainement pas pu savoir que Juliana étaient ce qu’on pourrait appeler une sorcière, une magicienne. Et ils n’ont pas non plus pu savoir que Faye avait aussi ces capacités, même en n’étant pas la fille naturelle de Juliana.

Ce qui s’est passé, ce jour-là, est au final assez simple. Faye et Juliana étant les deux magiciennes les plus puissantes de leur rébellion, elles ont joint leurs pouvoirs, et ont sollicité l’aide des eaux du Tibre. Après avoir failli y mourir noyée dès sa naissance, Faye songeait au fleuve comme à un parent. De ses eaux, elle était née. Rien de plus normal, donc, que de demander sa protection. Et le fleuve répondit par l’affirmative. Il leur ouvrit ses eaux, et les conduisit à un lieu que personne n’aurait trouvé sans aide. Les femmes se construire une nation à elles, sous les eaux du Tibre. Sous l’eau, mais au sec. Comme si le fleuve n’était qu’une illusion qui masquait un territoire enchanté. Comme si le fleuve n’était que la porte pour un domaine magique.

Bien qu’en sécurité à Tiberius, comme elles avaient nommé le territoire offert par le fleuve, Faye ne cessa pourtant pas de se préoccuper des femmes de la surface. Habile devineresse, elle pouvait se servir d’une vasque d’eau pour observer le sort de ses compatriotes. Et dès que l’une d’elle était maltraitée, elle intervenait. Soit elle l’amenait à Tiberius, en lui offrant une nouvelle vie, soit elle lui donnait de quoi s’enfuir loin de cette civilisation à dominance masculine, après avoir effacé ses souvenirs de Tiberius, évidemment. Sauf en de très rares exceptions, toutes les femmes qu’elle sauvait préférait vivre sous les eaux du fleuve.

Consciente cependant que les femmes avaient au moins besoin des hommes pour enfanter, Faye et Juliana s’entretinrent longuement avec chacune des femmes qui vivaient dans leur domaine idyllique. Et après des mois et des mois à élaborer des plans, il fut convenu de retourner au-delà des eaux du Tibre durant une nuit, une fois tous les trois mois. Toutes n’iraient pas en même temps, car cela représenterait un trop gros risque. Et cette nuit où elles retourneraient dans la patrie de leurs maris, pères et enfants, les femmes en choisiraient un pour procréer. Elles coucheraient avec eux quand ils seraient endormis, drogués cette nuit-là par une potion glissée dans les eaux du fleuve, qu’ils puisaient chaque jour.

Faye tint aussi à préciser que toutes les femmes n’étaient pas obligées d’y aller, mais seules celles qui voulaient procréer. Et pour s’assurer que cette nuit ne soit pas vaine, Juliana concocterait un sort de fertilité pour les volontaires.

Et ainsi, la civilisation de Tiberius prospéra.

Mais bien vite, la population masculine refit surfaces parmi elles. Faye n’y voyait pas d’inconvénient. Eduqués correctement, ils n’auraient jamais le même comportement qu’une civilisation qui était dans cet état d’esprit depuis des siècles. Cependant, Juliana n’était pas du même avis. Elle avait souffert de la domination des hommes, comme toutes les femmes de Tiberius. Aussi, après avoir convaincue ses ouailles, elle fit passer un décret. Nul homme ne résiderait à Tiberius. Si l’enfant tout juste né était un mâle, il serait déposé à la surface une fois son sevrage effectué. Toutes étaient d’accord. Sauf Faye, mais elle se rangea à l’avis de la majorité.

Et ainsi, Tiberius n’hébergea que des femmes.

Les années passèrent. Faye disparut alors qu’elle atteignait l’orée de sa quarantaine d’année. Mais comme les femmes étaient libres de voyager si elles le désiraient, personne ne s’en inquiéta tout de suite. Et puis, grâce à Juliana, les eaux du Tibre refusaient l’entrée à tout individu mâle venant de l’extérieur. Donc elles n’étaient pas menacées, même si leur existence était connue.

Personne ne sait ce qui advint de Faye, en vérité. Et cette disparition inexpliquée contribua à sa légende. La co-fondatrice de Tiberius vivrait éternellement dans la mémoire des femmes. Tout comme Juliana, qui décéda après une longue vie de cent trois années. Avant sa mort, toutefois, elle mit en place un système de gouvernement de Tiberius, basé non seulement sur l’hérédité, mais aussi sur la démocratie. Un conseil, constitué de quatre femmes. Deux qui seraient issues de la descendance de Faye et de Juliana, et deux qui seraient élues.

Et ainsi perdura Tiberius.

III – Cassia.

Des siècles étaient passés depuis la création de Tiberius. Faye et Juliana étaient restées dans les mémoires, et l’organisation de la société des eaux du Tibre avait évolué, en sachant garder le cœur voulu par les Fondatrices. Après la disparition de Faye, et la mort de Juliana, il a été décidé qu’une femme aux dons prophétiques serait élue à vie, afin de surveiller la surface au travers de la vasque d’or qu’avait utilisé Faye, et afin de recueillir les femmes qui le désiraient, et de protéger les autres.

Des quatre membres du conseil, il y en avait à présent douze. A mesure que la société s’agrandissait, il fallait que les membres du conseil soit disponibles. Il y avait à présent six femmes issues des lignées des Fondatrices, et six élues. Une parité, d’une certaine manière. Et de ces six femmes des lignées des Fondatrices, il en résultat six grandes familles.

Cassia, dont c’est l’histoire (même si on n’en avait pas l’impression jusqu’à présent), est née de l’une des lignées de Faye. Elle a très vite démontré de grands dons magiques, tels que l’on n’en avait pas vu depuis la mort de Juliana et la disparition de Faye. Elle fut très vite renommée grâce à cela. Elle était, par ailleurs, suffisamment vive et intelligente pour comprendre comment s’en servir. Ses dons prophétiques n’étaient pas non plus en reste, et elle était pressentie pour être la futur Devineresse de Tiberius. Elle fut d’ailleurs éduquée dans cette optique.

Mais Cassia, si elle se soumettait de bon cœur à ces leçons, rêvaient à autre chose que de devenir la Devineresse attitrée de Tiberius jusqu’à sa mort. Elle voulait voyager dans le monde de la surface. Quitter la protection des eaux du Tibre pour vivre, vraiment, et non pas se terrer sous le fleuve. Elle admettait que la vie y était douce. Le décor était enchanteur, les sols étaient fertiles et la météo était réglée comme une horloge. Mais elle était une enfant ayant besoin de plus. Elle avait besoin de défis, dans sa vie, et si jeune qu’elle soit, elle s’en rendit compte très tôt.

Quand elle eut quinze ans, elle eut sa première sortie à la surface. Une nuit, pour se faire dépuceler. Elle ne voulait pas d’enfants, pas encore, alors elle but une potion pour s’en protéger. Elle était accompagnée par une femme plus âgée, Marcia. De trois ans son aînée, Marcia n’était toujours pas mère. Mais elle aimait aller à la surface, une fois par an, pour prendre son plaisir avec un homme. S’ils étaient drogués, ils n’en étaient pas moins aussi efficaces et expérimentés que s’ils étaient éveillés. Et certains, disait-elle, avait le don de rendre une femme toute chose rien qu’avec un regard ou une caresse.

Marcia se chargea donc de lui enseigner les choses de l’amour, comme elle l’appelait, et non pas la simple procréation. Cassia avait déjà expérimenté quelques-unes de ses choses, car il n’était pas rare que les femmes en manque de sexe se tournent les unes vers les autres, mais cette expérience avec l’homme choisi cette nuit-là, c’était inédit. C’était incroyable. Et quand il fut l’heure de rentrer à Tiberius, quand les premiers rayons du soleil éclairèrent le visage de son maître d’apprentissage pour la nuit, Cassia se languissait déjà de revenir.

Depuis ce jour, elle cherchait à aller à la surface dès qu’elle le pouvait. Le plus souvent, en cachette. La Devineresse, bien que près de la mort, gardait son secret, et Cassia lui en était reconnaissante. Elle n’était, après tout, plus la petite fille brune qui avait les yeux grands ouverts par la curiosité. Elle était devenue plus, bien plus.

Et elle était devenue belle aussi, ça oui. Aussi belle qu’avait pu l’être Faye, et même encore plus. Une jeune femme svelte, au corps sculpté par une vie en plein air et par des entraînements au maniement des armes, au cas où. Un corps magnifique, qui avait bourgeonné pour offrir au monde sa beauté. Une belle poitrine, une taille fine, des hanches marquées, un fessier rebondi et de longues jambes galbées. Sa peau était douce, et délicatement hâlé par le soleil. Alliance parfaite avec sa crinière sombre comme l’ébène, brillant en longues boucles souples sous le soleil du couchant. Et son visage… Des traits aussi délicats que devaient l’être ceux d’un ange. Très mobiles aussi, puisqu’ils exprimaient tout ce qu’elle ressentait. Mais pas autant révélateurs que ses yeux. Deux orbes profonds, d’un bleu-vert tirant sur le turquoise, l’outre-mer. Ils étaient frangés de longs cils recourbés, et surlignés par des sourcils à l’arc parfait. Séparés par un petit nez légèrement retroussé, légèrement pointu, et soulignés par des pommettes hautes, ses yeux évoquaient malgré tout la moindre de ses pensées, le moindre de ses sentiments. Et sa merveilleuse bouche, aux lèvres gonflées et aussi rouges qu’une cerise bien mûre, ne cessait d’évoquer son état d’esprit par de petites moues adorables, dévoilant parfois deux rangées de dents parfaitement blanches, soignées.

Finalement, la Devineresse de Tiberius mourut alors que Cassia atteignait sa vingtième année. Mais elle n’avait aucune envie de reprendre ce poste. Elle avait décidé, peu avant, qu’elle voulait voyager. Qu’elle voulait découvrir le monde hors de Tiberius. Le conseil n’était pas d’accord, et voulut la forcer à devenir la Devineresse. Il ne lui restait donc plus qu’une chose à faire.

Fuir.

Et ne jamais revenir.

Et elle a fui, longtemps, durant la nuit où elle était sortie pour s’accoupler. Elle a quitté les territoires qu’elle avait connus depuis l’enfance. Et elle a voyagé. Elle a connu des jours difficiles, elle a dû se battre pour survivre, mais elle n’a jamais renoncé. Elle a rencontré des personnes d’horizons différentes, elle a rencontré des personnes de races différentes aussi, mais elle ne s’est jamais attaché, elle est toujours repartie.

Et enfin, à l’aube de ses 23 ans, elle atteint les territoires plus connus de Terra. Un peu plus âgée, mais toujours aussi avide de connaissances et de découvertes.

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