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« le: jeudi 01 décembre 2016, 20:30:21 »
Tout compris. Fönn sourit légèrement. C'était peut-être une première avec Shani. Mais elle retint cette petite pique amusée, le temps n'y étant pas vraiment propice. Mais... Était-ce un coup de foudre, elle ne savait pas. Peut-être en un sens, elle voulait que cela le devienne, sans trop savoir pourquoi. Ou plutôt, si, elle savait : Elle avait besoin de cela. Elle avait besoin d'offrir ses repères, les clefs de ses sens à quelqu'un, et elle avait décidé sur un coup de tête que ce serait Shani. Et plus cette soirée avançait. Plus l'amour pensé devenait réel, profond, en si peu de temps. Elle accueillit le léger baiser avec un contentement non feint.
- C'est un amour. Partagé. Profond et intense. Plus.. Intense que la normale et que le commun, si vous voulez mon avis. Et... Je ne vois pas pourquoi cela offrirait une instabilité à la relation. Plutôt le contraire, non ?
Elle penchait la tête sur le côté, réajustant une mèche de ses doigts gantés derrière son oreille. Au mot rituel, elle releva le nez, et reprit le contrôle de ses pensées. Directement, quantité d'images filèrent dans son esprit en un flash. Les rituels, elle les appréciait. Toujours emplis d'un symbolisme très profond. Elle ignorait que Shani était capable d'aller sur ce plan là, et cela rajoutait une couche de contentement. Alors, elle ne suivit pas la dame des lieux du regard, la laissant officier. Les quelques frottement, crissements, et autres bruit qu'elle entendait suffisaient à lui indiquer, avec plus ou moins de précision ce qu'était en train de faire la Française.
Alors, elle en souriait. La folie arpentait cette soirée, vu sa tournure. Mais pour une fois, elle voulait l'embrasser entièrement. Prendre le système dans lequel elle vivait pour l'éclater, et l'étendre sur tant d'autres aspects. Après de longues minutes à attendre avec patience, où elle observa surtout par la fenêtre, la nuit sombre aux lumières froides des lampadaires, les claquements des talons aiguilles qui se rapprochaient attira à nouveau son attention.
Et un voile s'imposa sur son regard. D'abord, par des mains expertes, à la fragrance particulière du latex, puis après quelques mots susurrés, par un bandeau opaque. Son sourire s'élargit, tandis qu'un frisson parcourut son dos, la faisant frissonner de plaisir, sur l'attente qu'elle avait. Alors elle glissa du canapé, toujours dans sa robe blanche, jusqu'à ce que ses genoux touchent le tapis. A quatre pattes, elle s'avança vers cette voix enchanteresse, et se pencha lentement, lentement, en avant, déposant pendant quelques battements de cœurs son front sur le sol.
Puis elle redressa la tête, pour s'avancer jusqu'à franchir les derniers centimètres qui séparaient ses lèvres du pied convoité, mis en avant par cette femme si particulière, déjà. Les premiers baisers furent tout à fait chastes. Elle déposait ses lèvres simplement sur chacun des doigts de pieds recouverts de cette matière si connue, si agréable. Cette seconde peau brillante au goût particulier. Alors, tout aussi lentement, elle s'enhardit, laissant sa langue sortir, passant sous le gros orteil, laissant ses dents érafler l'ongle à travers le latex, puis passant aux autres doigts, pour finir sur le plus petit.
Un bref moment, elle releva la tête, toujours aveugle et appréciatrice, pour se pourlécher les lèvres, et mieux retomber, encore plus bas. Ses mains glissèrent plus loin en avant, entourant le pied chaussé sans le toucher, alors qu'elle s'attaquait, tout en douceur, à la semelle, remontant du plus bas possible, en un seul coup de langue, jusqu'en dessous de la cheville. C'est seulement, alors, satisfaite de cet avant goût, qu'elle se redressa sur ses fesses, laissant ses mains posées aussi sur le tapis, et reprit parole.
- Je ne connais pas vraiment vos rituels. Alors je vais laisser à nouveau mon esprit parler. Puisque j'ai déjà juré par la Création et sa Fin, puisque j'ai déjà juré sur le Ciel et les enfers. Puisque je vous offre mon âme, mon amour, pour une parcelle du votre, ou son entièreté. Puisque j'offre mon être pour votre attention. Puisque j'offre l'éternité pour un regard, je promets, par cette nuit et les croix scintillantes des étoiles qui règnent au dessus de nous, que je suis vôtre. Je jure par les ténèbres bleues, insondables, des siècles, par le corridor infini des millénaires, que je serai vôtre. Puissiez-vous accepter en tant que telle Fönn Hersdóttir. Puissiez-vous accepter la responsabilité, et l'amour partagé que ce rôle impliqueront. Puissiez-vous être Maîtresse et moi esclave. Puisse cet amour devenir plus fort qu'un fil rouge du destin. J'accepterai tout de vous. Je vous offrirai tout. J'accepterai votre être et ce que vous représentez. Vos rituels et vos caprices, tant que que nous serons liées. Je l'espère, pour plus d'une éternité.
Alors, elle se tut enfin, les lèvres entrouvertes, avec un souffle fort. Elle sentait son coeur accéléré, par cette longue tirade, dont elle pensait chacun des termes. Dont elle en vivait la moindre syllabe. Aveugle, elle pouvait le rester, cela calmait sa mémoire, ses sens. Et après tout : elle n'avait pas besoin de voir pour se rappeler des moindres détails de la Française. Elle la voulait, simplement. Purement.