La Terranide arpentait les paysages Tekhan depuis plusieurs jours et une fois de plus, elle était complètement perdue. Le territoire, vaste et triste, s'étendait a des kilomètres et la jeune fille commençait doucement à paniquer: Si jamais elle devait passer une nuit de plus dans cet endroit inhospitalier, elle ne le supporterait pas. Dépitée, elle s'assit sur un des rochers immenses qui parsemait la lande. Elle regarda ses vêtements sales et presques en lambeaux: La toile était déchirée, et laissait apercevoir par endroits sa peau claire et lisse. Elle soupira, sa queue ondulant de désespoir. Elle avait fui l'une des auberges après une rencontre incongrue en pleine nuit au sein d'un bar. Elle l'avait quittée au petit matin pour marcher toute la journée, à l'aveugle, pour se retrouver en plein territoire Tekhos.
Puis, le vent se leva. Il fut porteur d'heureuse nouvelles pour la terranide. Son odorat s'éveilla: Il avait avec lui l'odeur rance et humide d'une ville en pleine activités. Une oreille se dressa sur son crâne et elle distingua des sons, des cris et des voix… Elle observa de chaque coté, et remarqua alors que le petit chemin de terre qu'elle arpentait allait en pente pour s'arrêter vers ce qui semblait le pic d'une falaise. Elle se leva, pressa le pas et s'approcha du dit endroit. Ce qu'elle y découvrit lui coupa le souffle:
Kisume se tenait effectivement au bord d'une falaise. Celle ci, immense, offrait une vue magistrale sur la vallée Tekhane qu'elle abritait. La paroi rocheuse devait bien faire plusieurs kilomètres de long, car elle n'en voyait même pas la fin. Une chute d'eau monumentale tombait de la falaise, et le vent qui soufflait apportait avec lui une fine vapeur, des gouttelettes venant recouvrir le visage félin de la jeune fille qui sentait en elle un réconfort certain: Une immense cité trônait au milieu de la falaise. Entre ses murs, elle observait des maison, des quartiers, des taudis et des villas, ainsi que des usines en pleine activités qui répandaient dans l'air et le ciel un épais nuage de fumée. A mieux y regarder, cette ville ne faisait pas si envie que ça. Kisume humait l'air et distinguait mieux les odeurs qu'elle avait perçues tout a l'heure. C'était une odeur mêlée de souffre et de charbon, une humidité rance et terrible. Sa raison lui dit de passer son chemin, mais son corps lui imposa de mettre un terme au supplice qu'elle subissait et d'assouvir ses besoins naturels. Elle chercha un moyen de descendre de la falaise, ne trouva aucun chemin, aucune route, aucune corde... Mais elle était agile et pouvait aisément descendre de cette falaise en l'escaladant. Elle était haute, très haute… Mais cela ne lui prendrait qu'une heure après tout, et elle serait aux portes de la ville a la nuit tombée. Et puis, c'est bien connu: les chats retombent toujours sur leurs pattes.
Elle esquissa un sourire et se lança dans son entreprise.
***
Dans un ultime effort, elle tenta d'agripper la pierre de sa main ensanglantée et glacée par le vent, mais dérapa de son appui: La jeune fille tomba dans le vide avant d'atterrir lourdement sur le sol rocailleux. Le choc lui coupa le souffle et lui arracha de la bouche une giclée de sang. Elle hurla de douleur. Gémissante, elle porta la main à ses côtes branlantes. Elle leva la tête vers le sommet de la falaise: elle s'était surestimée. Cette descente qui devait supposément lui prendre une grosse heure lui en avait demandé cinq et maintenant, la nuit était tombée. La descente fut laborieuse et difficile, Kisume évitant a de nombreuses reprises des chutes de plusieurs kilomètres. Elle en était venue a bout dans le sang, la sueur et les larmes. A genoux, elle regarda ses mains meurtries par les prises a même la paroi, ses ongles déchiquetées par la pierre et ses vêtements arrachés par le roc. Elle avait très certainement une côte en moins, et une vilaine plaie lançait sa jambe. Elle se leva et boitant, s'en alla vers la ville endormie.
Une fois a ses portes, elle sonna la sonnette. Un garde, une femme rousse d'une vingtaine d'année environ, armée d'un fusil d'assaut, dormait dans une chaise, et ouvrit un oeil la voyant arriver. Elle la scrutait sans dire mot et Kisume l'haranguât, lui demandant l'hospitalité. Mais elle ne répondit point. La Terranide renouvela sa demande, étonnée d'un tel mutisme de sa part. Soudainement, le garde saisi son arme et lui ordonna de s'en aller, avec une violence dans le regard ne présageant rien de bien. Mais Kisume ne le pouvait ni le voulait. Elle lui exposa sa situation: Si elle ne recevait pas les soins nécessaires, elle allait mourir dans la lande. Silencieusement, un deuxième garde, (toujours féminin) se dévoila et la mit en joue. Kisume sentait le pire arriver….
Elle maudit le territoire de Tekhos, elle maudit cette foutue falaise, elle maudit cette foutue ville et elle maudit le monde entier.
Puis, le garde tira. Il tira a coté d'elle, sur le rocher de roc qui explosa sous le coup du laser. Les gardes ne lui voulait aucunement du bien.