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« le: mercredi 21 novembre 2012, 19:00:59 »
Comme il ne prenait pas le savon, elle le tint dans sa main, mais ça ne l'empêcha pas de se remettre sous l'eau. Elle haussa un sourcil quand le surnom changea. Mais il était plus flatteur que le précédent, et elle ne dit rien.
« C'est bien de là d'où je viens. Même si, à mon époque, il y avait plus de guerriers de ta trempe, susceptible de te tenir tête. Maintenant... C'est le monde moderne. »
Moderne, destructeur et pollué. Elle joua avec le savon sous l'eau, appréciant le clapotis provoqué par ses mouvements. Elle qui n'avait pas l'habitude de s'excuser, qui était toujours dans son bon droit, il lui avait fallu abaisser la barrière qu'elle érigeait en tout temps. Mais ce n'était que provisoire. Elle hocha la tête, un peu frustrée de n'être considérée que comme une femme ordinaire. Elle préférait, en toute honnêteté, la crainte ou l'adoration. Elle était magicienne que diable ! Elle pouvait transformer ce colosse en chiot si elle le voulait. Et si elle pouvait faire usage de ses pouvoirs. Evidemment.
C'est l'absence de liberté pour sa magie qui la forçait à adopter une attitude différente. Oui, elle était vulnérable. Elle s'en rendait bien compte. Elle leva les yeux du savon lorsqu'il expliqua la raison de la haine de la magie qui régnait ici. Et elle pinça les lèvres quand il lui donna un ordre. Sérieusement ? Il y croyait vraiment puisqu'il se levait pour la laisser faire son office.
L'ensorceleuse ferma les yeux en se répétant qu'elle était vulnérable. Puis elle regarda le savon dans sa main. Elle soupira, et s'exécuta à contre-coeur. Comme elle était encore repliée dans le baquet, elle frotta le savon contre les mollets du guerrier. Puissants, à l'instar du reste de sa personne. Mais la rousse trouvait malgré tout dégradant d'être réduite à faire la toilette de quelqu'un. Pourquoi n'avait-elle pas eu d'enfants, durant toutes ces années ? Elle n'était absolument pas stérile. Elle était même très fertile. Mais elle détestait l'idée d'avoir un enfant. Elle n'aimait pas non plus des masses les enfants. Elle tenait à son indépendance.
Elle tenta de mettre son égo en colère de côté pour continuer sa besogne. Elle remonta sur les cuisses, en ayant devant les yeux son impressionnante virilité. Dans d'autres circonstances, si elle n'était pas aussi démunie, ça ne lui aurait pas déplu. Mais être obligée, ça lui déplaisait forcément.
« Je ne crois pas que les guerriers comme toi ou ton peuple soient attardés. C'est juste ce.. Celui qui m'a accueillie qui n'est pas représentatif de la majorité. »
Elle s'arrêta un instant, avant de reprendre en se répétant toujours qu'elle le faisait uniquement parce qu'elle était vulnérable. Elle frôla d'abord le membre presque au repos. Puis elle prit plus d'assurance, et c'est avec fermeté qu'elle le savonna, qu'elle s'occupa de ses bijoux, et qu'elle remonta encore. A présent debout, elle passa le savon sur le torse musclé du guerrier en frottant doucement. Le savon ne méritait pas qu'elle passe ses nerfs dessus.
« Les sorciers qui s'en sont prit à vous ne sont que des monstres. Utiliser la magie à des fins mortelles... Tssk. Sans provocation préalable, c'est juste de la cruauté gratuite. Et même s'il y avait eu provocation, décimer des tribus ne sert à rien. »
Circé préférait nettement les métamorphoses ingrates plutôt que le meurtre. De toute sa vie, elle n'avait tué que son violeur. Elle s'était par contre régalée à transformer des générations d'hommes trop gourmand en porcs.
Repenser à ces années de quiétudes où elle était isolée sur son île ralentit un peu ses gestes. Peut-être même était-elle plus tendre. Elle le faisait mécaniquement. Ses mains passèrent sur les épaules du barbare, avant de se glisser dans son dos. Elle repensa aussi aux mots de Zord. Elle devrait partager sa couche, soit. Mais il avait mentionné qu'elle n'était digne d'être prise que par un roi. Devait-elle en tirer des conclusions ?
En y pensant, cette idée n'était pas si désagréable que ça. En fait, ça serait même plutôt intéressant. Restait à espérer qu'il ne soit pas de ceux qui prennent leur dû sans se soucier de leur partenaire...
Elle secoua finalement la tête. A quoi pensait-elle ? Elle s'imaginait... Avec... Non mais vraiment.. Elle se mordit les lèvres et frotta un peu plus vivement le dos de Zord. Quand elle eut fini, elle rinça le savon pour le débarrasser de la mousse avant de le poser dans le coffret qu'elle avait reposé par terre. Elle devait se pencher, pour se faire, et se retenait au bord du baquet. Puis elle s'assit à nouveau dans l'eau.
« Était-ce à ta convenance, ta Seigneurie ? »
De l'ironie ? Si peu. Mais il faut avouer que se faire donner des ordres, ce n'était pas sa tasse de thé.