Les terres sauvages / Re : Là où dorment les immortels { Pv ~ Diamant }
« le: vendredi 28 février 2025, 15:16:52 »« Celui qui m'a donné cette mission m'était un parfait inconnu. Lors de mes voyages, il ne m'est pas coutumier de m'arrêter longtemps au même endroit, mais quelque fois mes actions me mènent à cesser mes pas pour une poignée de jours. C'est ainsi qu'une famille m'abrita lors de mon dernier arrêt, m'amenant à côtoyer un vieil homme aux portes de la mort. Point de maladie, la simple fatigue de l'âge pesait simplement trop lourd sur ses épaules. Ernst Guillabem était son nom, je peux imaginer que vous comprenez le sens du passé employé. »
Il prit une courte pause, ramena son regard sur la forme de la dame lui ayant offert l'hospitalité. Il n'avait effectivement pas grande réponse pour ce qu'il s'agissait de l'identité de son commanditaire, le vieil homme ayant eut tout le mal du monde déjà pour l'informer de sa demande entre quelques râles et gestes tremblotants. Il n'avait put s'enquérir de ses volontés, de son passé, de son existence d'autrefois. Tout au plus le vampiroïde avait veillé sur lui jusqu'à ce que trépas s'ensuive, lui offrant le droit d'un juste repos avec l'espoir qu'un jour son présent se retrouve entre les bonnes mains. Les bonnes mains qui semblaient actuellement s'affairer au thé, chercher tant bien que mal à s'occuper pour ne pas révéler les turpitudes de l'esprit, les peines du coeur. Darthestar pourrait être plus précis sur l'état de son hôte, il pourrait laisser l'ensemble de ses sens lui convier le moindre détail, des battements de son coeur au rythme de son poul, du déplacement de l'air dû à ses tremblements aux mouvements de sa gorge évoquant la déglutition pénible et le manque d'air. Il s'en retint. Rien ne justifiait qu'il aille aussi loin pour s'assurer de son bon propos, il se devait simplement de les lui relayer sans provoquer de heurts, un travail qu'il se pensait capable de faire sans pénétrer dans l'intimité émotionnel de son hôte. Reprenant donc, il s'assura de couvrir son second questionnement, sur lequel il avait potentiellement plus de réponses :
« Ernst était très faible déjà quand je l'ai rencontré, encore plus quand il me fit la demande de livrer ce présent, sans même que je ne sache ce qui s'y trouve. Ses mots furent donc sporadiques et difficiles, mais il me confia ceci : Je devais donner cet objet à un groupe d'esclave ayant fuit une forteresse après y avoir apporter les flammes et la vengeance il y a plus de vingt ans. Que vous vous étiez enfuis vers l'ouest, mais que toutes vos traces avaient disparues entre Westfolow et Kiangür. Je vais être honnête, j'eu grande chance d'avoir vécu en ces terres en ma prime jeunesse, sinon je n'aurais pu faire le lien entre cette fuite et les légendes d'êtres féeriques habitant les profondeurs de ces forêts. Peut-être d'ailleurs cela vous rassurera d'apprendre que bien peu d'inconscients oseraient désormais s'enfoncer si loin en ces territoires, encore plus dans ces forêts. Enfin, je digresse. »
Il l'observa terminer ses préparations. Il décelait en elle un certain trouble dès lors qu'il mentionna l'assaut sur le château, non sans parler de la libération qui l'accompagna. Dans les faits, le vampiroïde ne savait guère si cette dame y avait participée de manière officielle, mais il y mettrait sa main à couper. Trop d'éléments dans son comportement dévoilaient malgré eux qu'elle n'était pas simplement une ermite de la forêt ayant accédée à la demande d'honnêtes réfugiés venus se terrer dans les profondeurs boisées. Non, il se doutait bien qu'elle avait fait partie de cette rébellion, qu'elle avait fait sa part du combat lors de l'assaut du château, qu'elle avait peut-être même joué un rôle important au vu de ce qu'il contemplait jusqu'ici, dans sa dignité et son angoisse voilée. L'on ne dissimule pas tant ses peines quand l'on peut se permettre de faillir, et entre son implication précieuse envers l'harmonie de ces bois, le fait qu'elle soit celle, au beau milieu de la nuit, qui soit allée à sa rencontre, non sans mentionner son intérêt des plus importants aux informations qu'il lui donnait, il était évident qu'elle se trouvait être une dirigeante. La cheffe de ce petit village caché de tous, peut-être, sûrement même celle qui avait, d'une façon ou d'une autre, apportée les braises de la rébellion auprès de ces gens il y a plus d'une vingtaine d'année, offrant à tous par la même occasion le droit de se libérer enfin des chaînes qui occupaient leurs poignets. Pour la première fois, la curiosité de Darthestar se porta sur le présent qu'il lui avait confié : Que pouvait donc bien contenir ce petit paquet, à la lumière désormais de leurs échanges et des révélations du passé ?
« Pour ce qu'il voulait, les raisons qui l'ont poussés à agir ainsi, je n'ai honnêtement que des conjonctures. Il est tout à fait possible que ce vieil homme, voyant sa fin approcher, se soit mis en tête de trouver un moyen de se faire pardonner, mais je ne pense pas que ce soit ici le cas. »
Le tintement des rideaux de la cuisine se font entendre alors même que son hôte la quitte, portant entre ses mains délicates un plateau contenant tasses fumantes et théière bien remplie. En d'autres occasions, le vampiroïde ne serait pas rester assis, se serrait dresser pour pouvoir la rejoindre et la décharger de son faible fardeau, ne serait-ce que par humble galanterie. Toutefois, il est d'évidence en cet instant que le mouvement pourrait être assez mal prit. Après tout, elle était celle qui l'avait convié en ces lieux, qui s'était affairée à lui proposer un abri de quelques instants afin de le remercier de cette course à l'intérieur des grandes plaines de ces terres désolées. L'empêcher de remplir son rôle serait de mauvais aloi, toutefois il quitta malgré tout son assise un court instant pour lui tirer une chaise proche de la sienne, lui libérant aussi le passage afin qu'elle puisse déposer leur boisson fumante sur la table sans le moindre obstacle sur son chemin, et reprit son propos tandis qu'elle s'asseyait. Ce bien sur tout en retournant à sa propre place, afin de ne pas la gêner outre-mesure de son comportement :
« Ses mots, lorsqu'il me donna le paquet que je vous ai apporté, étaient ceux-là même : "Donnez le lui, j'aurais dû le faire moi-même il y a si longtemps". Je n'ai guère compétences en matière de psychologie, mais si je me devais d'avancer une hypothèse plausible, il me semble qu'il ait vécu avec une culpabilité dévorante, suffisante pour que la fin de sa vie soit malgré tout teintée des remords de son passé. »
La tasse qui fut posée devant lui présenta rapidement un doux fumet dans l'air, délicatesses florales qui ne manquèrent pas de flatter l'odorat du vampiroïde. L'une de ses mains s'adressa à l'anse du contenant délicat, l'amenant au plus près de son visage pour y lire les notes de son bouquet, partition fraîche d'un printemps ensoleillé accompagnant quelques profondeurs de fruits d'été. Pensée, muguet, pêche et thé noir vibrant en harmonie, les douces fragrances qui lui étaient offertes l'amenèrent à laisser paraître à son visage un ton presque nostalgique, un sourire timide s'esquissant à la commissure de ses lèvres tandis qu'il contemplait la mixture cuivrée, s'attendant à une plaisante et sereine dégustation. Il tourna son visage en direction de son hôte tout en reposant la tasse sur la table, se permit de lui offrir un léger mouvement de tête pour la remercier de cette attention, non sans se cantonner au silence. Rouvrant la bouche une énième fois, s'apprêtant à laisser à cette sublime dame d'albâtre la mainmise de cette situation, il s'épancha en premier lieu de ses avis sur la boisson, pour alors lui offrir la finalité de son propos avec le plus sincère apaisement possible au creux de son ton :
« Le thé que vous avez préparé semble sublime, merci infiniment. Peut-être a-t-il apprécié les taquineries de plus tôt, souhaitant alors nous rendre la pareille ? Enfin... Je pense avoir couvert l'ensemble de vos questions, ils n'en restent plus qui ne puissent être répondue autrement que par l'ouverture de ce fameux présent. Rien ne vous oblige à le faire maintenant, ni même à le faire en ma compagnie. Je peux juste espérer que cela soit capable d'apaiser votre coeur d'une façon ou d'une autre. »








