3
« le: jeudi 15 août 2013, 19:06:36 »
Ursula ignorait combien de temps elle passa dans la camionnette, à se faire secouer par les cahots de la route, à manquer de perdre connaissance à cause de la substance injectée, à tenter d'invoquer la gorgone... Mais le temps passa, et finalement, la camionnette ralentit. Elle fit quelques embardées, et s'arrêta brusquement. Si brusquement que la brune en perdit l'équilibre et tomba contre la parois du véhicule.
Se rattrapant comme elle le pouvait, elle resserra sa prise sur ses escarpins et attendit anxieusement. Le temps passant, son inquiétude s'était en effet changée en peur et cette peur avait augmenté de façon exponentielle.
Elle entendit des voix au-dehors, et des rires. Elle entendit des portières claquer, et des coups contre la parois de la camionnette. Elle frémit, se mordant la langue pour ne pas leur hurler d'arrêter. Elle tremblait. Effet secondaire de la drogue injectée, sans doute. Ou alors, c'était la peur et le froid. Le froid glaçant de la terreur, qui la paralysait presque jusque dans la plus petite de ses articulations.
Fermant les yeux, et inspirant profondément, la légiste tenta d'ignorer les bruits angoissants, et de se calmer. Il fallait être froidement raisonnable. C'était, sans aucun doute, les ravisseurs de Krysta. Krysta ayant disparu après son rendez-vous avec ce Tristan. C'était Mardi. Aujourd'hui, on était Samedi. Vraisemblablement, Krysta avait été torturée durant trois jours avant d'être abattue. Ursula avait trois jours devant elle pour se sortir de cette situation.
Elle ne se mettait pas du tout la pression. Et si les kidnappeurs ne faisaient pas comme pour Krysta ? Si leur modus operandi changeait ?
Elle chassa cette idée de sa tête.
La portière arrière de la camionnette frémit. Bougea. Sans faire attention à son sang qui se glaçait, Ursula raffermit sa prise sur ses escarpins. Elle attendit trois secondes, le temps que la porte s'ouvre en grand, et sauta hors du véhicule, arme en main, en frappant ce qui passait à sa portée avec un grand cri rageur. Ursula, en mode Warrior Enragée.
Si seulement cette fichue gorgone pouvait prendre le contrôle...
Après un instant de surprise, les hommes dehors se reprirent. Ils maîtrisèrent la frêle légiste en deux temps trois mouvements, lui confisquant ses escarpins pour les jeter au loin. A la mer. Malgré le déchirement de voir sa paire de chaussure ainsi maltraitée, la brune fut ravie de voir qu'elle avait grièvement blessé deux hommes. Ceux qui étaient trop près lorsque la porte de la camionnette a été ouverte.
- Tu feras moins la maline quand tu subiras le même sort que cette idiote de Krysta, monstre.
La brune cracha.
- Même pas peur !
Enfin si. Beaucoup. Ursula était littéralement terrifiée. Mais elle se composait une attitude bravache pour faire genre. Alors qu'elle était à deux doigts de se faire dessus.
Celui qu'elle prenait pour Tristan s'approcha, de mauvais poil. La légiste ne vit pas le coup partir. Elle sentit juste sa mâchoire claquer, et la douleur du coup se répandre dans tout son corps. Puis, la pommette en feu et la lèvre fendue, elle redressa la tête en tentant de chasser les étoiles qui tournoyaient autour d'elle. Elle défia Tristan du regard, passant sa langue sur sa lèvre pour empêcher le sang de couler et de tâcher son chemisier.
- Emmenez-là. Attachez-là bien. Et faites-lui la piqûre...
Sans pouvoir résister, Ursula fut traînée (ou plutôt portée), jusqu'à une chaise métallique ayant les pieds dans une bassine d'eau. On l'y attacha. Menotte, corde, scotche et chaîne. La totale. Puis, sans douceur, l'un des hommes qui venait de la lier à la chaise plongea ses doigts dans sa chevelure pour l'empoigner et la tirer avec l'arrière, avant de plonger sans douceur une aiguille dans son cou. Encore.
Le produit, Ursula le sentit se répandre dans son sang à la manière d'une brûlure. Elle serra les dents, s'empêchant de crier.
- On va voir combien de temps elle résistera celle-là. J'parie qu'elle tiendra une journée de plus que la blondasse...
Les voix autour d'elle se mélangeait un peu. Les sons se firent assourdissants, la lumière trop aveuglante. Ursula serra les poings, comme pour tenter de se libérer. Mais la douleur occasionnée par ces gestes libéra son esprit de l'effet de la drogue. Elle observa alors autour d'elle, se mettant à réfléchir à une façon de se tirer de ce mauvais pas.