Cette femme était vraiment étonnante. Il y avait ici quelque chose qui l’effrayait, comme une sorte de menace silencieuse, comme si… Comme si tout cela était trop beau pour être vrai. Elle, avec sa beauté légendaire, son corps parfait, cette tour magnifique, vivant loin de tout, au plus profond de cette forêt… Cahir avait le sentiment d’être dans l’un de ces contes pour enfants, où la sorcière vivait dans une maison faite de bonbons en pleine forêt, afin d’attirer les enfants, et pouvoir les manger. C’était vraiment le sentiment qu’il avait ici, face à cette femme, qui avançait le long des escaliers. Elle était belle, belle à se damner, mais cette beauté dissimulait quelque chose. Il en était sûr ! En tout cas, le duo rejoignit finalement un agréable bassin bâti à même la roche, où la femme se déshabilla enfin, et prit sa véritable apparence. Cahir, en voyant sa chute de reins, sa longue chevelure, son corps parfait, sentit à nouveau son sexe l’élancer douloureusement. Il avait déjà joui longuement, mais, à chaque fois, son érection revenait, preuve que cette femme lui plaisait vraiment. Peut-être y avait-il un sortilège de magie rose derrière ça, mais Cahir était suffisamment honnête envers lui-même pour reconnaître que cette femme le faisait bander sévèrement.
Elle se mit à nager, et, debout sur le rebord de la piscine, il l’observa sans rien dire, fasciné par ce corps, la voyant remonter, basculant ses cheveux derrière elle, tout en parlant. Elle lui confirma être une sorcière, une ancienne duchesse même, Roxane de Vissec. Un nom de famille qui ne lui disait rien. Il y a plusieurs siècles, Roxane avait pactisé avec une force supérieure pour « se venger » (de quoi ?), et, surtout, pour ne jamais vieillir. La force lui avait alors accordé son vœu, mais en la soumettant à une double condition : l’impossibilité de quitter cette tour, et la nécessité, pour entretenir son corps, de faire l’amour, Roxane ne pouvant se satisfaire elle-même.
*Comme une succube, elle couche avec ses prisonniers…*
Tout cela donnait froid dans le dos, et, même si Cahir était toujours excité, il commençait maintenant à envisager sérieusement l’hypothèse d’une fuite…. Mais cette femme n’avait sûrement pas avoué ses plans sans une roue de secours. Cahir ne voyait aucun piège, mais il était nu, désarmé, face à une sorcière capable de changer de forme, vivant depuis des siècles dans cette tour.
« Donc… Mon destin est de te servir d’amant jusqu’à ce que j’en meure d’épuisement, ou que je ne sois plus à ton goût ? »
Simple question rhétorique. Il avait bien compris, et se pencha vers elle, en commençant à envisager, non pas la fuite, mais une solution alternative, une troisième voie.
« Toi qui vis dans cette tour, tu ne dois pas savoir comment les choses sont sur Terra. Moi, tu vois, je suis un apatride, ma famille m’a renié, mon État m’a damné. J’erre sans but, et tu vis sans but. Alors… Passer ma vie dans cette tour de luxe à coucher et à baiser avec toi, c’est un plan tentant… »
Elle s’attendait sans doute à une autre réponse. Qui sait combien d’hommes, en apprenant l’amère vérité, avaient dû tenter de s’enfuir ? Cahir, pourtant, avait des gens, dehors, sur qui il tenait, notamment Louane, cette belle Terranide qu’il avait rencontré à Flotsam, et dont il lui arrivait souvent de penser encore, au détour de nuits houleuses… Mais, pour l’heure, il était face à cette sorcière, et rejoignit l’eau, frissonnant au contact de cette eau tendre et chaude, se rapprochant de Roxane.
« …Mais pourquoi avoir la vie éternelle, si c’est pour la passer emprisonnée ici ? Ce que tu vis, Roxane, ce n’est pas un don, c’est une malédiction… »
Cahir se rapprocha d’elle, nageant après son corps, son érection ne diminuant pas, mais semblant, au contraire, par quelque biais mystérieux, se maintenir et croître.
« Or, il existe des forces qui luttent contre ce genre de maléfices… Ce que ma vie d’errance m’a appris, Roxane, c’est qu’il n’existe aucune fatalité. »
L’apatride se rapprocha encore d’elle, venant la coincer contre le rebord de la piscine, et s’appuya sur le mur. Il touchait terre, et l’embrassa alors, montrant qu’il n’avait pas peur d’elle, et qu’il voulait sincèrement l’aider.
« J’ai rencontré une sorcière, une fois, qui avait rejoint le culte de la Déesse Sha. La Déesse des Sorcières, mais aussi des Malédictions. S’il y a bien une femme qui peut te sauver de ta prison, c’est elle… Ta Déesse, puisque tu es une sorcière. »
Qui sait ? Peut-être que ce nom provoquerait en elle des souvenirs latents, subconscients, datant d’une autre époque… Cahir l’embrassa en tout cas encore.
« Tu es une sorcière, mais aussi une duchesse, une noble… Et moi, je suis un chevalier sans allégeance. N’aimerais-tu pas avoir un chevalier à ton service ? Quelqu’un qui te rappelle que tu es une dame, Roxane ? »
Il parlait sans doute sous l’effet de sortilèges magiques, mais il y avait un fond de sincérité dans ce qu’il disait. Avait-il perçu l’élan de tristesse, bref, de Roxane quand elle avait commencé à lui relater son histoire ? Peut-être… Mais, en tout cas, il lui faisait désormais des propositions !
Briser la malédiction pesant sur cette nymphe, c’était là cette troisième voie qu’il envisageait !