Les contrées du Chaos / Tout est une question de foi [Père Carmody]
« le: vendredi 02 novembre 2012, 22:09:51 »- Trois cent pièces d’or, j’vous dis! Ils sont pas radins ses soldats, croyez-moi! Le pire dans tout, ça, c’est que la seule chose que j’ai eu à faire, c’était de leur dire que Mohan était supposé venir en ville! Ce satané sorcier! Je suis content de savoir que j’ai pu aider mon village. On se portera tous mieux sans ce fou dans les parages. Qu’est-ce t’en dit, toi?
La question était à l’intention d’un homme assis dans le fond de l’auberge. Il était là depuis une demi-heure et n’avait fait que siroter un verre d’hydromel. L’homme en question était grand mais surtout très large d’épaules. Il portait un long manteau noir, en dessous, on pouvait distinguer une armure en cuir tout aussi sombre et il avait une lame à la ceinture. En voyant qu’on s’adressait à lui, l’homme se pencha en avant. À la lueur des chandelles, les autres hommes purent mieux distinguer ses traits. Il avait une mâchoire carrée et de longs cheveux, plusieurs mèches brunes foncées lui tombaient sur le front. Ses yeux, presque noir, étaient froids comme l’hiver qui approchait de plus en plus.
- Ce que j’en dis? Mohan était un sorcier noir, il a tué plus de gens au nom de ses faux dieux que la peste. Son âme était aussi noire que l’ébène, mais il te considérait comme son seul ami, et tu l’as trahi. Ça ne fait pas de toi quelqu’un de bien, ça ne fait pas de toi un héros, mais ça ne fait surtout pas de toi quelqu’un de meilleur que lui.
Sur ce, l’homme ce leva puis quitta la petite auberge. Quelques instants plus tard, l’homme qui se vantait d’avoir dénoncé le sorcier puis regarda l’aubergiste.
- C’était qui lui? Il a de la chance, d’habitude, on ne peut pas insulter Olrik Alwinson et s’en tirer comme ça.
- Cette fois-ci Olrik, c’est toi qui a eu de la chance. L’homme à qui tu viens de parler est Reikus Mordo, le Dernier Inquisiteur.
Sur ce, le visage d’Orlik devint livide. Il alla se rassoir et ne prit plus la parole de la soirée.
En sortant de l’auberge, Reikus regarda les fameux soldats, ils n’étaient qu’une demi-douzaine. Pas nécessairement des types bien, mais ils faisaient leur travail. Le Dernier Inquisiteur était en mission, il ne voulait pas qu’ils viennent lui mettre des bâtons dans les roues. Reikus était venus à Âprevillage pour tuer Mohan le sorcier, lui aussi avait eu vent de ses faits et gestes. C’était la volonté divine d’Ius qu’il meurt, lui et tout les autres criminels, tueurs et scélérats. Un simple magicien n’aurait pas été un problème, mais Mohan avait trempé dans la magie noire, pour ça, il devait mourir.
Il ne devait plus tarder à arriver en ville. Reikus se tenait près de l’entrée du village, derrière les soldats. Il faisait froid et même les fourrures de l’Inquisiteur parvenaient à peine à le réchauffer. Au loin, il vit un homme seul marcher. Il était habillé lui aussi de noir, sans aucun doute, il s’agissait du sorcier. Les soldats se mirent en position, ils allèrent se cacher derrière des maisons pour ne pas se faire repérer. Reikus ne prit pas la peine de se dissimuler, il allait tuer un homme, la moindre des choses à faire était de lui annoncer. Il ne connaissait pas les intentions des soldats, allaient-ils l’arrêter ou l’exécuter sur place. Peu importe ce qu’ils décideraient, Reikus fairait à sa tête.
Quinze minutes plus tard, l’homme arriva à l’entrée de la ville. Le soleil n’avait pas encore commencé à se coucher et une petite neige fine avait commencé à tomber. Le pays n’était pas encore recouvert de neige, mais ça ne saurait tarder. Les soldats sortirent de leur cachette de façon à former un demi-cercle en face du sorcier. Une dizaine de pieds séparaient les soldats de l’homme. Mohan sut alors qu’il avait été trahi, il commença alors à marmonner des paroles incompréhensibles. Les soldats, désemparés, se retournèrent vers leur commandant.
- Arrêtez tout de suite ses incantations, je vous arrête pour sorcellerie! Si vous n’arrêtez pas maintenant, je peux m’assurer que votre mort sera lente et douloureuse.
Pourtant, les incantations du sorcier n’arrêtèrent pas, en fait, il continua à chanter avec plus d’ardeur. Les soldats avaient à présent tous peur, même le sergent ne savait plus quoi faire. Le Dernier Inquisiteur était déjà en route, il avait enlevé sa cape révélant son armure et il avait sorti son épée, il marchait lentement en direction du sorcier, son regard était remplis de haine et d’assurance. Les soldats s’écartèrent en le voyant.
- Sorcier! Je suis le Dernier Inquisiteur. Ton juge, ton jury et ton bourreau. Je suis le messager d’Ius, le vrai dieu de la justice, et par sa volonté, tu mourras. Faits face à ta mort avec un peu de dignité sorcier. Aujourd’hui, les âmes de toutes les personnes que tu as tuées sont vengées. Maintenant, prépare-toi à rencontrer Ius, et implore sa miséricorde.
Le regard apeuré, Mohan regarda le Dernier Inquisiteur plonger sa lame dans son corps. Le sorcier fut levé de terre et la dernière chose qu’il vit du monde des vivants fut les yeux froids de Reikus Mordo. Ce dernier le déposa à terre et essuya sa lame. Il regarda les soldats qui comprirent tout de suite que ce n’était pas la peine d’essayer de l’arrêter. L’Inquisiteur tourna alors les talons et partit en direction de la sortie de la ville.