Place publique / Re : We are the others [PV]
« le: mercredi 17 octobre 2012, 23:30:17 »Il l'arrêta, d'une simple phrase. Isabel, de part son éducation campagnarde, rechignait à gaspiller de la nourriture ; de part l'éducation noble qu'elle avait reçue tardivement, elle savait qu'on ne partait pas comme une voleuse après avoir été sauvée de la sorte... En tout cas, son élan se retrouva brusquement coupé par quelques simples mots... Elle tourna vers lui un regard inquisiteur, pas vraiment chaleureux... Elle en avait assez de cet homme, et elle voulait juste s'en éloigner. Elle n'aimait pas vraiment les gens qui croyait tout savoir sur tout. Luis avait au moins cette humilité et cette réserve qu'elle avait fini par tant aimer chez lui. Deux qualités dont Aetius était totalement dépourvu, visiblement... Elle ignorait toujours ce qu'il voulait d'elle, mais il était visiblement prêt à tout pour l'obtenir...
C'est un peu à contre coeur qu'elle revint s'asseoir sur le tabouret où elle avait été contrainte d'aller plus tôt. L'odeur était alléchante, il fallait l'avouer, et son estomac criait famine. Elle posa donc son sac au sol, derrière elle, la lanière enroulée autour d'un de ses genoux. Juste au cas où elle ait à partir rapidement... Et c'était une envie qui se faisait de plus en plus pressante. Là où elle ne le jugeait pas sur ce qu'il disait de lui, le magicien se permettait d'émettre des hypothèses sans fondement, et pire ! De remuer le couteau dans la plaie. Cendréa sentait le feu la démanger, et son chant se faire haineux. Elle voudrait fouler du pied toute son éducation, et s'en aller. Mais elle ne le laisserait pas ainsi profaner la mémoire d'un mort sans rétorquer.
Aetius s'était approché d'elle, et avait osé la toucher. Le geste de trop. Sa propre main s'était levée en même temps qu'elle pour lui administrer une gifle magistrale, et resta debout, raide. Et derrière les larmes qui envahissaient son regard sombre, brillaient colère et tristesse. De sa voix nouée par l'émotion, Cendréa lança :
- Mon époux é... était un puissant magicien, qui maîtrisait son art. Il m'a appris à maîtriser le feu, mais ce n'est pas un exercice sur lequel je m'entraine. Tout ce que je fais en tant que saltimbanque, je le fais en leur mémoire !
Elle avait brandi son médaillon ouvert sur les deux photos d'un homme proche de la cinquantaine, et d'une gamine d'à peine un an souriante. A voir le bord des photos, on ne pouvait que se douter qu'elles avaient échappé aux flammes...
- Et vous qui ignorez tout de moi, de ma vie, et de mon don, je vous interdis de juger la vie que je mène, tout comme je respecte votre façon de vivre. Vous dépassez les limites, magicien.
Une larme, entre rage et désespoir, avait roulé sur sa joue, y laissant un sillon brillant.
Et puis, il y eut ce début de migraine qui pointa le bout de son nez. Isabel serra le médaillon dans sa main, qu'elle porta sur son front, dans une grimace qu'on aurait pu croire mélodramatique pour souligner ses dernières paroles, mais... La douleur était bien réelle. Au point qu'elle grinça des dents, et demanda :
- Mais que m'avez vous encore fait ?!