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« le: dimanche 29 mai 2011, 18:41:26 »
En l'écoutant, elle machait de plus en plus vite son chewing-gum, comme agacée ou agitée. Son ton, sa manière de faire... Certes c'était très beau, mais pour elle c'était le genre de type qui ne fallait pas trop s'approcher: un camé. Maigre, bizarre, qui se semble une victime... Ce type avait sûrement une addiction bizarre, ou alors c'était un clodo qui a trop lu de livres.
Si elle s'était écouté en temps normal, Khaléo se serait juste pris une baffe et n'aurait pu qu'admirer une dernière fois les fesses de la demoiselle quand elle partirait. Pourtant, Stéphanie n'en fis rien: elle continuait de l'écouter, de le regarder de haut en bas. En fait, c'était son physique qui la captivait: autant il semblait maigre, et pourtant incroyablement souple et athlétique, un mélange bizarre qui donnait l'impression qu'il ne venait pas de ce monde. Remontant sans gêne son soutien-gorge et son manteau juste devant lui, elle croisa les bras sous sa poitrine, faisant une petite bulle de chewing-gum qui éclata vite sans faire de tache.
" Donc, monsieur sans-nom, à part me reluquer les jumeaux, tu dis être paumé et sans maison ? Mais d'où tu sors, sérieux ? "
Elle tapa du pied en se frottant une mèche de cheveux encore plus vite, presque comme de l'archarnement, comme une personne qui tente de faire du feu avec deux bâtons de bois humide. Et, contre toute possible attente, Stéphanie eut un de ces rares accents de bonté comme on en connaît plus:
" Non, j'en connais pas. Vu que t'as l'air d'être vraiment un clodo, je veux bien te prêter mon canapé, mais tu va passer par la douche d'abord: tu pues jusqu'ici. Et tu va me changer les loques que t'as sur le dos, aussi, je déteste ça. "
Si elle ne mâchait pas ses mots elle avait au moins le mérite de lui offrir un toit en plus de la douche, le repas probablement. Peut-être une nuit seulement, peut-être plus longtemps, qui sait ? Tout dépendait de ce qu'elle découvrirait sur ce drôle de personnage qui avait su attirer sa curiosité tout en étant ce qu'elle évite le plus. De tout ses attributs, elle pensait qu'il s'agissait juste d'un excellent déguisement, les zonards dans son genre sont connus pour utiliser tout ce qui est possible de les recouvrir, même si celui-là explosait des records niveau excentricité. Le tirant un peu par le col après l'avoir dépassé, elle alla vers la rue principale.
" Allez, bouges ton cul ou je te laisse là. "
Après une quinzaine de minutes de marche et les étonnantes réactions de beaucoup de monde qui semblaient changer de trottoir plutôt que de la croiser, ils arrivèrent devant un immeuble d'appartements, dont la porte était cassée et on pouvait entrer à travers la vitre a présent disparue. Sans même donc sonner au parloir, elle entra et monta deux étages, pour arriver à son domicile. En ouvrant la porte, le décor miteux et sobre laissa place à des décorations en fourrure, en jolis tissus, en peluches et autres couleurs vives surtout composé de rouge, rose et blanc. Tout semblait comme emballé dans de la douceur, même le téléphone fixe était muni d'un pompon rose aux extrémités.
Sans même lui laisser le temps de visiter, elle le poussa dans la salle de bains servant aussi de toilettes, et lui indiqua le savon, le shampooing et le reste, avant de pratiquement lui arracher sa veste pour la déposer en dehors de la salle de bain.
" Déshabille-toi et donne moi tout tes vêtements a travers la porte, je veux même plus voir ces fringues ignobles dans ma maison ! "
Elle sortit de la pièce, laissant la porte a peine ouverte pour qu'il puisse faire passer ses vêtements, avant de lancer une nouvelle injonction, qui dans un sens coulait de source:
" Et que je ne voie pas sortir de là tant que t'empestes pas le savon ! "
Elle ferma ensuite la porte une fois les vêtements récupérés. La salle de bain était plutôt petites, aux grands mur blancs comme le carrelage. Dans ce petit espace était placé un évier avec un petit meuble rose contenant toute sorte d'affaires, notamment du maquillage, des médicaments et autres pansements, ainsi que du matériel d'hygiène personelle. On compte aussi une grande douche blanche aux rideaux rouges, une cuvette on ne peut plus banale blanche, et une grosse machine à laver pour l'instant éteinte, sur laquelle trônait un panier à linges vide.