Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Yoshio Taniguchi

Pages: [1]
1
Elle s'arrêta de courir au bout du ponton de bois implanté dans le petit point d'eau qui décorait cette partie du parc et tomba sur les fesses avant même d'avoir pu imaginer se retenir à quelque chose. Le choc la fit gémir et elle manqua presque de s'écrouler. Ses yeux troubles fixèrent les rondins qui composaient la structure et un petit rire s'échappa de sa bouche en voyant le bois se dandiner sous ses pieds.

Ce n'était pas la première fois qu'elle buvait un peu trop : on ne manquait jamais une occasion de s'amuser, à son lycée. Et Yoshio l'emmenait régulièrement dans des bars durant leurs rendez-vous. Cela dit, cette fois-ci, on pouvait dire que ça s'était mal terminé.
Non pas qu'il ait était violent ou mal intentionné. Même le dernier des imbéciles savait qu'il était une crème, même après trois ou quatre verres. Mais l'alcool déliait les langues. Et là, il lui en avait certainement dit un peu trop.
Elle aurait dû se douter que derrière cette constante recherche de 'petits bars discrets' ne se cachait pas uniquement un sombre désir d'intimité.


- Kagome, éloigne-toi de l'eau.

La collégienne se retourna et aperçut une paire de chaussures. Du cuir brun, d'excellente qualité. Elle renifla avec mépris et ne leva même pas la tête. Trop occupé dans sa contemplation, elle ne l'avait même pas entendu s'approcher.
Pourtant, il avait dû courir. S'inquiéter pour elle. Cette simple pensée lui inspira un plaisir sauvage : après tout, dans l'instant présent, elle ne détestait personne d'autre avec autant de force.


- Kagome, tu es saoule. Si tu ne te rapproches pas du bord, tu risques de tomber.

Le japonais eut pour toute réponse droit à un magnifique regard haineux, puis à un dos qu'il ne connaissait que trop bien. Il soupira, vaincu.
Il n'était même pas capable de faire preuve d'autorité devant ses propres enfants. Alors, devant l'une de ses amantes...


- Ça t'arrangerait bien, je crois.
- Ne dis pas n'importe quoi, soupira t-il en détournant les yeux.
- Moi, je dis n'importe quoi ? C'est pas moi qui invente des scénarios bidons pour se faire toutes les gamines de la ville. J'espère au moins que ta femme va bien ?
- Ne me parle pas sur ce ton.
- Je te parle sur le ton qui me plaît !

L'adolescente s'était relevé dans un souffle et manqua de tomber dans l'eau, pas encore très stable. Il lui attrapa le bras, de son habituelle poigne douce, mais ferme, et l'entraîna vers la rive. Après un instant de flottement, elle se débattit et le repoussa.

- Lâche-moi, espèce de porc !

L'homme évita une gifle manquée, une étincelle passa dans ses pupilles, et elle regretta ses paroles lorsqu'il la saisit par les épaules. Cela dit, son esprit était trop embrumé pour réfléchir, et elle se contenta de lui adresser un regard vague.
Le trentenaire considéra cette gamine de quatorze ans à la peau hâlée et aux cheveux bruns, trop maquillée et trop parfumée. Habillée trop court et avec bien trop de connaissances en matière de sexe. Mais pour le dernier point, il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même.
Il ne la connaissait que depuis deux semaines, mais il savait déjà que sa façade de gosse écervelée ne reflétait pas la réalité. Elle était bien plus maligne qu'il ne le pensait.
Elle était bien plus maligne que ce que tout le monde croyait.
Depuis qu'il savait ça, il ne la voyait plus vraiment comme une simple collégienne un peu trop bavarde. Elle avait beau faire trois têtes de moins que lui, devant les cris qu'elle avait poussé devant l'hôtel, il s'était senti comme un petit garçon.
Elle avait eu raison de s'enfuir, après tout. Et ses insultes étaient totalement justifiées. Il n'était jamais qu'un pauvre type faible face à ses pulsions. Et amoureux, en plus de ça, histoire que le malaise et la culpabilité l'assaille encore plus, posés sur ses épaules qui s'affaissaient de fatigue et lui donnaient l'impression d'avoir vingt ans de plus.

Depuis qu'il avait commencé à tromper sa femme, il s'était mis à boire. Oh, pas de quoi devenir un alcoolique. Et surtout pas devant tout le monde. Mais assez pour que lui, qui n'avalait jamais une goutte de saké et n'avait donc pas de quoi bien tenir l'alcool, se retrouve à piailler autant que les gamines qu'il invitait aux bars ou dans des discothèques – où plutôt, les gamines qui s'invitaient toute seules en lui téléphonant et en sachant très bien qu'il dirait forcément oui. Ces soirs-là, rares étaient les fois où ils se limitaient aux chambres d'hôtels. Au diable la discrétion, après tout. A quoi bon ?

Elle se doutait qu'il était sur le point de lui reprocher son insolence. Mais il s'était arrêté. La lueur pensive dans ses yeux embrumés par les quatre verres commandés au bar se transforma en une vague de tristesse.
Elle aurait pu avoir pitié, être compréhensive. Ou essayer, au moins.
Mais à quatorze ans, on n'était pas empathique. Et on n'essayait que quand on le voulait bien.

Elle se dégagea de la poigne de son amant et commença à se diriger vers la sortie du parc. Pour la retenir, Yoshio n'émit qu'un vague grognement exaspéré.


- Où est-ce que tu vas encore ?
- Je me barre, le plus loin possible. Mes parents doivent être rentrés.
- Ta maison est à dix kilomètres.
- Mais t'es pas en état de conduire.
- J'ai bien réussi à tourner le volant pour te rejoindre...

Il avait prononcé cette dernière phrase avec un ton attristé, presque suppliant derrière la vase de l'alcoolisation, mais sa conquête se contenta de lui adresser un regard dégouté.

-T'es vraiment qu'un...

Sa voix stridente mourut soudainement sur place, et Yoshio n'eut jamais l'occasion de savoir ce qu'il était réellement pour elle puisqu'en levant la tête, le regard qu'elle avait suffit à lui faire comprendre qu'elle ne terminerait jamais sa phrase.
Ses beaux yeux bleus foncé par la colère avaient pâlis, tout comme son teint, et son faciès reflétait la peur que pouvait éprouver un enfant caché sous sa couette pour se protéger du monstre sous son lit. La peur de ce qui était étrange et que l'on ne connaissait pas. Elle ne quittait jamais vraiment un humain, malgré l'expérience, malgré l'âge.
Ses jambes tremblèrent un instant avant de se mettre à bouger, d'abord lentement, formant un pas en arrière. Puis ses chevilles pivotèrent, son dos se tourna, et elle se mit à courir. Avant que l'homme n'ait eu le temps de la retenir, son temps de réaction étant doublé, elle avait disparu au loin, dans l'ombre des bosquets.

A la merci de l'alcool, le salarymen n'eut comme unique réaction qu'un éclat de rire, pensant que la jeune fille avait eu simplement peur de son ombre, comme ça arrivait souvent à cet âge. Cependant, lorsqu'il sentit un courant d'air glacé frapper de plein fouet son avant-bras nu, il cessa de rire et se retourna.
De l'autre côté du point d'eau, à une dizaine de mètres, la rive était en train de changer de couleur. La nacre blanche, presque brillante, qui semblait recouvrir peu à peu la surface de l'eau s'intensifiait  et finissait par former un paysage d'hiver nettement visible dans l'ombre de la nuit qui commençait à tomber. Yoshio n'eut que peu de temps pour contempler ce paysage de carte postale en silence, car les premières notes d'un instrument commençaient à retentir. De cette distance, elles auraient dû être faibles, mais la mélodie était bien distincte, et étrangement nerveuse.
L'homme mit se dernier détail sur le compte de l'alcool et s'avança lentement vers cette étrange vision. En tant que cartésien, il n'avait jamais peur de l'inconnu. Enfin, l'inconnu de la vie l'effrayait bien sûr, comme le destin effraie normalement un homme, mais cet inconnu-là, étrange, occulte, n'avait pour lui rien d'apeurant. Comme d'habitude, il ne croyait qu'en lui. Et bien avant d'arriver prés de l'évènement, son cerveau avait déjà placé l'hypothèse d'une hallucination dû à la boisson sur le tapis. Rien n'était inexplicable.

Lorsque ses pieds écrasèrent les premiers brins d'herbe gelée, l'archet s'arrêta de bouger, stoppant la musique. Yoshio cessa lui aussi de se mouvoir et put observer la scène, légèrement tremblante sous l'effet du saké. Le premier geste qu'il fit lorsque la jeune femme à la contrebasse l'observa fut d'applaudir doucement, un sourire sur son visage aux traits doux. Il ne savait pas si cette étrangère l'avait déjà remarqué, mais ce dernier geste était suffisamment bruyant pour marquer définitivement sa présence. Ce que Freyja verrait en tournant la tête, serait un jeune homme d'une trentaine d'années, aux cheveux légèrement en bataille et au regard un peu vague, une chemise blanche à manches courtes avec un pantalon noir simple. Un profil typiquement japonais face à ses propres origines.

2
Le coin du chalant / Re : Blonde, brune, rousse ?
« le: samedi 09 avril 2011, 19:04:11 »
Évidemment~ ;3

3
Le coin du chalant / Re : Blonde, brune, rousse ?
« le: jeudi 07 avril 2011, 20:40:44 »
Du moment que c'est sur terre, tout va bien ;3

4
Le coin du chalant / Re : Blonde, brune, rousse ?
« le: jeudi 07 avril 2011, 20:35:33 »
Bon ben allez :]

Ça te dérangerais de commencer par contre ? (Je sais, je suis très galant.)

5
Le coin du chalant / Re : Blonde, brune, rousse ?
« le: mercredi 06 avril 2011, 22:11:48 »
Au contraire, au contraire ! :]
(Et si tu es la reine du parler pour ne rien-dire, j'dois être la princesse. Donc tout va bien. o/)

On règle les détails en MP ? Ou tu préfères improviser ?

6
Prélude / Re : Yoshio, 33 ans, architecte. (Valithé)
« le: mercredi 06 avril 2011, 22:09:21 »
S'incline à son tour (en prenant bien soin de ne pas plonger dans le décolleté).

Merci madame :]

7
Le coin du chalant / Blonde, brune, rousse ?
« le: lundi 04 avril 2011, 23:16:49 »
... Il n'a pas vraiment de préférence. Aussi, toutes les demoiselles peuvent se présenter, pourvu que ce soit des femmes. (donc, les "mauvaises surprises"... sont acceptés, qu'on rigole un peu.)


Trame 1
Parti en voyage d'affaires, Yoshio en a pour un bon mois à signer contrats sur contrats dans la ville de Seikusu. Devinez qui lui manque ?
Et si il ne peut pas satisfaire ses besoins d'affections autrement que par téléphone, il va falloir faire avec les moyens du bord...
(Participants illimités - Hentai )

Trame 2
Pour un cartésien comme l'architecte, croire en démons ou anges est risible. Et si vous le remettiez à sa place ?
(1 participant (homme acceptés pour cette trame) - Social ou hentai)

Trame 3
Yoshio s'est décidé à changer de spécialiste et à en tester une nouvelle loin de Tokyo, consideré comme réputé (il n'aimerait pas froisser celle qu'il a actuellement...).
(Pour au cas-où une psy se baladerait dans le coin... mais rien ne vous empêche de jouer un rôle ! - Hentai)

Trame 4
Vous avez une idée ? Elle remplira cette trame :] (c'est un peu la réponse D de "qui veut gagner d'l'argent en maaasse~" *se prend une chaussure*)


Qualité ? Je m'en moque. Je suis là pour me divertir.
Fréquence ? Je préviens que j'ai un bac blanc qui approche... mais sinon, je suis totalement aléatoire niveau inspi, sinon, sauf coup de cœur.

8
Prélude / Re : Yoshio, 33 ans, architecte. (Valithé)
« le: lundi 04 avril 2011, 18:34:19 »
Se gratte le nez, un peu gêné.

Heureux de vous avoir fait plaisir : ) merci pour la validation !

9
Prélude / Yoshio, 33 ans, architecte. (Valithé)
« le: dimanche 03 avril 2011, 22:24:45 »
"Pourtant, je n'ai pas de souci particulier. J'aime ma femme, je me damnerais si elle partait. Et mes filles sont adorables et talentueuses : ce sont les meilleures choses que j'ai pu faire dans ma vie. Mais je ne peux pas enterrer les souvenirs de cette après-midi, ce café que j'ai offert à cette petite rousse, ses cuisses enroulées autour de ma taille dans les draps de ce lit miteux. Je passe devant cet hôtel tous les jours en emmenant mon aînée à l'école, et à chaque fois, je dois refouler mes larmes quand elle voit mon expression et me demande ce qui ne va pas."

- Extrait de la conversation entre Yoshio et son psychanalyste en juillet dernier.



- Carte d'identité -
Nom : Taniguchi
Prénom : Yoshio
Age : 33 ans
Lieu d'habitation : Shinjuku, Tokyo
Situation : Marié, père de famille
Métier : Architecte - PDG
Sexe : Mâle
Race : Humain
Orientation sexuelle : Hétérosexuel

Physique :
Caché derrière un poteau télégraphique, la collégienne observe l'homme attendre devant le portail de l'école. Il y est depuis un bon quart d'heure, et cela va faire plusieurs semaines qu'elle vient l'épier en silence, bien cachée. Il y a quelque chose chez ce bon père de famille qui la fascine, qui la force à venir se tenir derrière cette colonne de béton, tous les jours à la même heure.

Trouver ce qui le différencie et le rend si peu proche des autres papas attendant eux aussi leurs enfants devant ce portail noir n'est pas si évident que ça. On pourrait évoquer l'apparence générale qu'il possède, car même s'il est un vrai japonais, il n'en a pas le profil typique. Au milieu des cheveux corbeaux bien taillés et des pupilles noires, sa chevelure châtain un peu longue, comme celle des idoles à la télévision, et ses yeux d'un vert sombre et brillant, se distinguent tout en restant discrets. De plus, il est plutôt grand, très grand même, et sa peau est plus claire que celle d'un nippon standard. L'esprit romantique et littéraire de la jeune fille l'a, lorsqu'elle l'a vu pour la première fois, comparé aux héros de ces films occidentaux, les chevaliers ou les princes joués par des acteurs européens à la prestance inimitable. La prestance de sa "proie" n'est pas la même, habillé dans son costard cravate de salaryman et sa mallette posé sur les genoux à la place de l'énorme épée magique, mais qu'importe. Il reste à part.
Évoquer également les traits de son visage serait judicieux. Non pas que l'homme n'ait pas des traits asiatiques : son nez est plutôt pointu, mais l'émeraude de ses yeux est taillé dans le modèle asiatique. C'est surtout que la plupart des géniteurs présents à ce moment-là ayant entre quarante et cinquante ans, la fatigue et l'amertume a depuis un moment commencé à creuser leurs traits. Et puis, ils ont eu leurs enfants plus tard que Yoshio, qui a commencé à élever sa première fille à l'âge de vingt ans, ce qui fait jeune. Il n'a donc pas encore de rides, même si l'âge a commencé à lui donner ce charisme que possèdent les trentenaires. Cette aura protective et douce, plus attirante que celle des garçons de dix-huit ans, bien plus sanguine et dangereuse.
Il ne faut pas non plus oublier sa carrure, elle aussi différente. A ce moment-là, appuyé sur la murette, ses épaules s'affaissent de fatigue, mais l'adolescente l'a vu arriver, marcher d'un pas calme et assuré sans être fier, le dos droit et les épaules plus larges que celle d'un maigrichon salarié en manque de temps pour faire du sport. Il n'est pas excessivement musclé, puisqu'il n'échappe pas à la règle de l'emploi du temps plein à craquer, mais sa stature naturelle est assez imposante. Cela dit, l'ours possède une force impressionnante, mais ne s'en sert qu'en cas d'extrême nécessité. Ici, on est dans la même situation : même la largeur de son cou ne parvient pas à éclipser la tranquillité se dégageant de sa personne. Un peu comme une gigantesque toile épaisse sur laquelle on peindrait le cours d'un ruisseau.
La sonnerie de la sortie de l'école réveille la collégienne qui se perdait dans sa contemplation. Quelques instants plus tard, les bras puissants de cet étrange homme recueillent une fille de son âge qui lui ressemble fortement.

C'est peut-être justement le fait que ce père de famille ne ressemble pas à un père de famille. Il a quelque chose en plus, ou en moins, elle ne sait pas.
Mais elle reviendra demain, comme d'habitude. Peut-être aura t-il ce secret au milieu de la figure, cette fois-ci.
 

L'épieuse laisse une moue envahir son visage juvénile, et s'éloigne en silence.


Caractère :
A ses dix-neuf ans, Shizuru en avait déjà assez. Assez de ces gamins insupportables qui s'estimaient adultes dés leurs premières relations et qui ne se gênaient pas pour tenter de la tripoter à la sortie du lycée. En tant que femme mature et responsable, elle ne pouvait se le permettre. Elle méritait mieux que tout ça.
Abandonner les hommes aurait sûrement été son dernier recours. Si elle n'avait pas rencontré Yoshio.

Dés la première conversation, ce garçon lui avait tout de suite plu. Le regard franc et les gestes doux, elle avait appris à le connaître dés leur premier rendez-vous et n'avait pas été surprise une seule fois. Ce qui aurait pu être agaçant, mais dans cette situation-là, cette partie de la personnalité de l'étudiant l'avait rassurée et protégée.
En plusieurs années de vie en couple, et même après le mariage, son mental était resté exactement le même, si bien qu'aujourd'hui, Shizuru le connaît toujours par cœur. Comme un vieux livre dont on aurait tourné les pages des centaines de fois, mais dont on ne se lasserait jamais.

Yoshio possède, comme tout homme et toute femme, des qualités et des défauts, et la première chose qui ait réellement frappé sa femme au fil des années, c'était son manque cruel de fraîcheur. Même au début de leur vie conjugale, elle a toujours été plus ou moins en charge des directives concernant les sorties, les dîners ou même les cadeaux. Il avait d'ailleurs apprécié ça chez elle, ce petit côté malicieux qui ne cessait de le faire sourire. Mais dans son cas, rare était les fois où il faisait preuve d'imagination concernant toutes ces choses. Ce défaut a d'ailleurs longtemps été une source d'ennui pour son travail, l'architecture nécessitant un minimum de créativité. Avant de passer à un plus haut grade, où il peut enfin laisser réfléchir ses employés et se contenter d'élaborer. Il est aussi un peu tête en l'air et maladroit, mais mettre ça sur le compte de la fatigue serait bien plus juste.
En passant ces petits défauts, on s'aperçoit vite que Shizuru a été une femme chanceuse en rencontrant Yoshi (enfin...). Ce trentenaire doit bien être l'un des hommes les moins soucieux de sa petite personne, pourvu que les gens autour de lui possèdent bonheur et confort. Au point de se ruiner la santé si jamais personne ne se soucie en retour de lui. Il est extrêmement généreux, parfois même bonne poire, même si l'on n'ose pas vraiment se moquer de lui vu sa carrure. Ses principales sources de bonheur résident dans les trois femmes de sa vie et son travail qu'il adore et dans lequel il s'épanouit réellement, chose rare chez un salarié. En tant qu'architecte, il sait dessiner, mais seulement si l'on lui sert l'idée sur un plateau d'argent.
Outre sa douceur et sa gentillesse, Shizuru apprécie aussi le fait que son mari ait la tête sur les épaules. Très cultivé, il connaît en effet les secrets de la société et n'hésite pas à les utiliser dans son sens, excepté lorsque cela implique des magouilles. Autant dire que si le malheureux tombait nez à nez avec un terranide ou une créature, son esprit terre-à-terre tenterait de trouver la moindre petite explication logique. Et ça pourrait durer des heures !

Shizuru peut donc se vanter d'être une femme connaissant les affaires de son mari sur le bout des doigts. Sauf que, comme de nombreuses femmes innocentes, elle croit volontiers son époux lorsqu'il lui chante être en réunion sans éprouver le moindre scrupule. Dans le cas de Yoshi, la réunion est en fait une séance de psychanalyse. Ou un séjour dans un love-hôtel. Et des scrupules, il en a. Malheureusement pour lui, il n'est pas assez malhonnête à l'égard de sa femme pour ne pas avoir de remords...

L'architecte a en effet un petit souci qui perdure depuis quelques temps. Dans le tiroir de son bureau, se trouve un petit carnet d'adresses remplies de numéros de portables. Au bout du fil, des lycéennes, des collégiennes, ou des étudiantes, plus ou moins jeunes, plus ou moins débauchés, mais toutes très mignonnes.
Son psychanalyste lui a parlé de compulsion sexuelle. Malgré les risques et l'amour qu'il porte pour sa femme, Yoshio rencontre environ deux ou trois filles par semaine. Le genre de relations qui termine bien souvent en catastrophe, même si personne ne les prends en faute, car sa bonté l'oblige à garder contact avec la fille en question et à lui donner de faux espoirs.


Histoire :
Rien d'épique ou de particulier à évoquer chez ce jeune homme qui a tout simplement, selon les critères sociaux d'aujourd'hui, réussi sa vie. Après une enfance des plus banales à Okinawa et une adolescence un peu tourmentée – donc plus que normale, Yoshio a quitté l'île pour intégrer une université spécialisé dans le droit, là où il a d'ailleurs appris comment fonctionne le monde mieux que n'importe où ailleurs. Son intérêt pour le cursus baissant de plus en plus, il abandonna cette fac pour entrer dans une école d'architecte, et commença à travailler dans un cabinet réputé. Quelques années plus tard, il en prenait la tête et élargissait les relations pour augmenter les profits et engager plus d'apprentis dans le but de combler le seul défaut qui pouvait empêcher le cabinet de prospérer : son manque cruel d'imagination.
A cette époque-là, il rencontra Shizuru, dont l'esprit créatif et l'énergie le séduit rapidement. Le couple se maria et s'installa en banlieue de Tokyo un an après le début de leur relation, un laps de temps très court qui n'assurait pas vraiment des fondations solides. C'est ce que de nombreuses personnes se dirent lorsque les deux jeunes gens se séparèrent pour une période indéterminée. Personne ne sut jamais la vrai raison de cette séparation.

Même les histoires les plus banales ont leurs lots de soucis. La voiture après une réception bien arrosée. Une pente un peu trop raide. Saignements. Faiseuse d'anges. Larmes. Cris. Perte de confiance. Placer la faute sur une tête, sans grands succès. Ce n'est pas comme si ils n'étaient pas des gens dignes. Et comme garder le secret seul devenait compliqué, ils décidèrent de le garder à deux après trois mois loin l'un de l'autre. S'apercevoir que malgré tout, l'amour surpassait l'amertume, les amenèrent à tenter d'oublier, et la vie reprit son cours. Monotone, mais tellement pleine de sécurité.

Maria et Tamao naquirent toutes les deux en été, avec quatre ans de différence. Aujourd'hui, Tamao en a quatorze, et Maria dix. Dans la totale ignorance de ce qu'aurait pu être leur vie avec une grande sœur ou un grand frère : Shizuru avait refusé de raconter quoique ce soit.

En septembre dernier, une psychanalyste réputé pour sa discrétion reçut un coup de téléphone de la part d'un jeune architecte affolé. Pour sa première séance, il évoqua son problème sans grande cérémonie. La nuit dernière, une étudiante s'était retrouvé dans son lit. Il y a une semaine, une lycéenne lui avait offert un verre au bar, et deux jours auparavant, une collégienne s'était dressé sur la pointe des pieds pour l'embrasser.


 - Et lorsque vous avez tenté de les repousser, il s'est-

Mais il n'avait pas tenté de les repousser.
Le problème se clarifia durant les nombreuses autres séances, prises en cachette de sa femme et de ses enfants. L'homme était peut-être lâche. L'homme était peut-être faible. Mais l'homme était surtout malade.
La psychanalyste lui avait adressé un sourire encourageant en hochant la tête, posant une main sur son bras.


 - On va y arriver. On va arriver à vous soigner. Ne vous en faites pas.

Elle avait prononcé ces mots il y a cinq mois.
En observant les longs cheveux blonds de la jeune étudiante en médecine, toujours endormie entre les draps du lit de la chambre du love-hôtel, Yoshio se demanda s'il n'était pas temps de changer de spécialiste.


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