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Messages - Diane Foss

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Le quartier de la Toussaint / Re : Au bord du caniveau (PV Diane)
« le: samedi 22 janvier 2011, 19:41:53 »
Ça puait la drogue à plein nez, quand Diane était sortie de chez elle ce matin, tombant nez à nez avec une femme. Plus jeune qu’elle, bien plus jeune. Peut-être seize ans, voire quinze. Guère plus. Bien que le maquillage sous ses yeux ne prouve sans nul doute qu’elle tentait de paraitre plus âgée. Cela marchait sûrement, puisque personne ne se serait risqué à lui vendre ouvertement de la merde au vu de sa minorité. Les jambes frêles la soutenaient à peine, ses vêtements trop courts étaient à moitié en lambeaux, et l’on voyait sans problème des bouts de peau largement superflus dans le décor. De ses yeux coulaient des larmes, noircies par l’abondante couche de mascara qui alourdissait ses cils, et les ilots émeraude ressortaient d’autant plus. Le plus beau était sans doute de savoir que la jeune fille était trop dans le cirage pour pleurer, et que c’était seulement un petit subterfuge, grâce aux très convaincantes larmes artificielles. Son apparence était pitoyable, les odeurs de drogue, d’alcool et de saleté se mélangeaient et émanaient d’elle, tout son corps avait l’air de supplier une douche brûlante et une couette confortable.

La jeune adolescente s’agrippa au bras de Diane, lui lançant un regard suppliant dans lequel flottaient beaucoup de choses. De la peur, un peu de détresse et une sensation de vide. De vide immense. Ses paumes étaient néanmoins, au contraire du reste de son corps, d’une force incroyable puisqu’elles broyaient son coude sans lui laisser la moindre occasion de se défiler. Un appel à l’aide, d’une gamine perdue dans une ville trop sombre et trop infâme pour elle. Une gosse comme il en pullule dans les quartiers les plus sombres du coin, une âme de plus qui souffre en continu le martyre. Et Diane faillit céder. Faillit. Car elle savait bien comment cela fonctionnait, à force de s’être fait aborder plusieurs fois. Cette pauvre loque n’était qu’une fille en manque, obsédée par la dépendance qui la guettait à chaque coin de rue, ligotée par l’envie et le besoin. Détruite, presque, ou bientôt, par ce produit qui courait dans ses veines jusqu’à remplacer son sang, alimentant partiellement seulement ses seules fonctions vitales, la maintenant tant bien que mal en vie. En la rendant aussi vide et inarticulée qu’un pantin de bois. Un jouet, envoyé pour quérir de la pitié, de la compassion, puis de l’argent. Qu’elle ne ferait que ramener à d’autres, ceux qui donnaient leur addiction sans eux-mêmes y tomber. Ceux qui détruisaient tant de vies. C’était le contrôle de l’humanité, des basses classes, le pouvoir des forts sur les plus faibles.

Et Diane savait que, chaque fois, ce regard la prenait aux tripes. Une des seules choses encore capables de la toucher, la détresse des enfants, le jeu de manipulation qu’on misait sur leurs épaules encore trop frêles, la douleur sur leurs traits. Elle en crevait, de savoir cette jeune fille ficelée pieds et poings à cette substance blanche, si pure et inoffensive au premier regard. Si réconfortante, si attirante et pleine de promesses. Si destructrice. Diane décolla donc avec précaution les mains de la jeune fille autour d’elle, un doigt après l’autre, alors qu’elle se répandait en excuse pour tenter de fuir les supplications désespérées de cette frimousse dévastée. Elle savait que représailles il y aurait si elle ne ramenait pas assez d’argent. Mais lui en donner aurait un effet tout aussi néfaste, en rendant ses tortionnaires habitués à de telles sommes, l’exploitant encore plus, toujours plus, avec délice et espoir. Non, ce n’était vraiment pas possible de céder sous ces deux prunelles larmoyantes. Secouant tristement la tête, Diane se dépêcha de s’éloigner, heureuse d’avoir laissée son fils à l’abri chez elle, sortant faire seule des courses matinales, en ce jour férié où personne d’autre ne la gênerait sans doute.

Ses pas la menèrent bien loin du petit marché du coin de la rue où elle allait habituellement le matin. Prise de court par cette expérience un peu éprouvante, quoiqu’habituelle, de bon matin, Diane semblait soucieuse et ses traits se déformaient sous une grimace dépitée. Elle ne pouvait rien y faire, et le voulait encore moins. Mais savoir cette pauvre enfant livrée à un bien triste destin ne pouvait que lui retourner le cœur, et son visage de marbre en pâtissait, elle qui fuyait d’ordinaire tout détail pouvant lui créer une ride. Mais Diane n’était apparemment pas au bout de ses peines, puisqu’à l’instant où elle reprenait un peu de consistance, une voix s’éleva à côté d’elle alors même que la jeune femme n’avait pas remarquée qu’elle croisait quelqu’un dans cette rue. Une gamine, là encore. Pitoyable, tout autant. Décidemment, ce n’était pas son jour. Diane laissa ses yeux imperturbables se promener sur la peau pâle, les joues rosies par le froid de la journée, le vent faisant voleter des mèches rousses devant ces traits peu avenants, déformés par ce qui semblait être de la colère. Si bien que les deux pupilles océans ne traçaient aucune douceur, juste une agressivité qui ne semblait pas pouvoir être contenue. Comme si tout allait exploser sous une petite tête fragile, comme si c’était de la haine pure, impossible, totalement incontrôlable. Et, l’espace d’un instant, Diane se demanda ce qui pouvait bien se passer sous les cheveux encore humides en cette matinée automnale. Ce qui l’amenait à devoir aboyer aussi fort, prête à mordre qu’elle était. Alors, au lieu de passer son chemin sans rien dire et ignorant avec un regard plein de pitié celle qui osait lui parler sur ce ton, Diane s’arrêta. Et planta son regard chocolat dans celui, translucide, de la gamine. Ce n’était qu’une de plus, d’autant qu’elle semblait plus perdue qu’énervée.

- Te l’expliquer serait bien trop long. Par contre, toi, tu as un problème. Tu es exécrable, et ce n’est pas bon pour le teint.

Encore des complications en perspective. Saleté de journée.

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Posons-nous un instant sur la jeune femme qui s’installe peu à peu, et depuis de longues minutes déjà, dans un décor assez insolite pour le quartier dans lequel elle se trouve. D’un œil totalement extérieur, qu’est ce qui pourrait nous paraitre étrange chez elle ? Sans doute la façon dont elle s’est habillée malgré le temps. Un large bout de tissu l’entoure de pied en cape, d’une couleur mêlée de terre de sienne et de sable, avec quelques arabesques plus nuancées ou au contraire dépourvues de contrastes se mêlant dans un ballet assez sobre et banal. Mais les manches sont courtes, et le liseré noir qui introduit la chute de cette tunique large n’est pas situé bien bas sur les petites jambes de notre modèle. Si un curieux, persuadé de s’être trompé en s’habillant ce matin, lève les yeux vers le ciel, il remarquera à quel point il pouvait être dans la raison. Et elle pas. Car dehors, il fait frais. Pas froid, mais suffisamment pour faire se hérisser la peau de ses bras nus. Pour laisser le vent s’engouffrer dans son vêtement, créant de petits courants d’air qui ne la font même pas ciller, encore moins frémir. Et que dire alors des nuages amoncelés au-dessus de sa tête aux cheveux gris, qui menacent d’éclater en un torrent diluvien violent et inévitable, réduisant tout effort pour avoir rajeuni sa peau et son teint à néant. Mais elle ne s’en préoccupe pas, l’ignore totalement et c’est sans doute le premier point étrange qui nous attirera chez elle.

Le second, c’est sa posture. Accroupie à même le sol, elle penche la tête d’un air étonné et observe ce qu’il se passe devant elle, les bras entourant le vide, entre ses genoux légèrement écartés. Son attitude ne la dérange pas, pas plus que le ridicule et le bizarre qu’elle nous offre alors. D’autant plus que, en s’approchant d’assez près, on pourra entendre des mots tendres murmurés à une oreille qui n’existe pas. Le regard un peu vague, presque envieux devant un musicien, la femme a l’air d’apprécier. Elle ne bouge pas, se contente de regarder et d’ouvrir grand ses sens pour capter ce qu’il se dégage de la guitare et de son propriétaire, posés à quelques pas d’elle sur un banc qui a l’air d’avoir vécu plus que de raisonnable. Mais finalement, le plus inapproprié sera très certainement la désinvolture dont elle ferait preuve à notre égard si nous étions réellement là, en train de la dévisager. Ce que nous ne nous risquons pas à faire, finalement. Mais on sent bien que ce visage d’ange n’a strictement rien à faire de ce qu’on pourrait lui dire, lui faire, lui demander. Se moquant du regard qu’on pose sur elle, c’est sans doute ce dernier point qui nous en apprend le plus sur son état psychique, son équilibre et sa capacité à appréhender le monde qui l’entoure.

Parce que la société est définie pour que l’on s’inquiète du regard qu’elle pose sur nous, pour que l’on se soucie de paraitre conforme à ses règles sociales et comportementales, afin que l’on puisse rentrer dans un décor parfait de monde idéal et sans particularité, sans exception, sans défaut ni tare qui pourrait se développer à partir d’un rien. La folie est le cancer du monde. Mal intraitable, à la fin souvent macabre, à la réputation funeste et aux lourdes conséquences. A l’évolution bien peu prometteuse et aux nombreuses manifestations sourdes qu’il envoie de par le corps, ici de par le monde. Une maladie qui se développe en secret, partout où l’on peut lui offrir, même involontairement, assez pour vivre et s’entretenir. La vie dans le silence des organes, jusqu’à ce que la crise se déclare et que le corps explose sous trop de pression, sous un trop plein important et irréversible. C’est ça, la folie. Une peur, une soupape que l’on refuse de libérer et qui finit par se manifester bruyamment, éclatant au grand jour afin de renforcer la peur qu’on lui prête, bien différente de celle que l’on pourra ressentir face à un diagnostic somatique, à une attaque du corps. L’esprit, c’est sacré. On ne touche pas au cerveau, à l’âme pour certains. Et pourtant.

On décrira l’endroit, aussi, mais on s’en fiche. Tout comme le musicien, dont l’apparence compte peu. Ils se trouvent au cœur du quartier de la Toussaint, sur une ville terrienne. La jeune femme y est par envie de changer de paysage, simplement pour une journée. Et cette journée, elle l’a apparemment gagnée en venant ici, s’approchant du bruit insolite d’une langue qu’elle ne connaissait pas. La Toussaint, donc. Un point de la ville qui se trouve bien nommé, de par l’ambiance assez inquiétante et morbide qu’elle dégage, imprégnée de l’alcool qu’on aime pour oublier, de la débauche qui se crée dans chaque regard, à chaque occasion, entre deux être trop désespérés pour voir la futilité de leur union éphémère et désastreuse, qui ne répare rien et ne se permet que de détruire. Toute cette futilité qui suinte par tous les pores de la ville, de toute fenêtre ou porte s’échappe un peu de cette ambiance, de cette atmosphère singulière et malfamée qui domine totalement la vie de la plupart de ces gens, à double face, si compliqués dans leur étonnante platitude. Mais revenons-en quelques instants au cadre, non pas idyllique mais plus agréable que les rues sombres et étroites du quartier dans lequel les deux jeunes gens sont pour l’instant installés, seules la musique et la voix du musicien brisant le silence. C’est un oasis inespéré qui s’offre à nos yeux surpris, entre deux constructions hautes et sombres, un petit coin de verdure épargné par les constructions et l’urbanisation, mais pas par le poids des années. Une barrière, comme pour empêcher les quelques brins d’herbe et inexistantes fleurs de se sauver. Peut-être pour les arbres, d’avantages, par peur qu’ils ne prennent leurs racines à leur coup ? Le tableau est désolant, en cette période de l’année pas forcément propice aux chants d’oiseaux ou aux bourdonnements d’abeilles, et pourtant en pleine ville les deux troncs rachitiques, les quelques ramures se hissant avec désespoir et souffrance sont presque vision de paradis.

En face de la demoiselle à l’âge suffisant pour ne plus être traité de fille mais de femme, on trouve donc un musicien qui n’a rien de normal, lui non plus. Enfin, quand on prend la peine de l’écouter quelques instants. Car lui, il est vêtu normalement, quoique pas très chaudement non plus. A croire que la marginalité protège du froid ou même des variations de températures. Habits classiques, qui se fondent dans le paysage pour le moins étrange, on l’aura remarqué auparavant. Et il chante autant qu’il joue, oui il chante face à une inconnue qui emmenait son fils en balade et le tenait par la main jusqu’à ce qu’un bruit à la fois doux et inquisiteur ne vienne la stopper dans sa déambulation au hasard des rues. S’approchant, Diane Foss avait trouvé pertinent de s’attarder. Qu’est-ce qu’il faisait là, il n’avait rien d’autre à faire ce musicien de peu de renommée ? Le lieu était assez mal choisi pour se faire entendre, et la jeune femme était prête à parier que personne d’autre qu’elle-même n’avait pris le temps de s’avancer un peu dans le renfoncement donnant sur le parc miniature, afin de voir d’où provenait cette voix étrange et claire, sonnant comme un glas dans l’air humide et lourd de ce début de journée. Ce n’est pas que son timbre ou sa chanson ne dérange Diane, mais elle s’ennuiera vite, avant même de s’asseoir comme on a pu la trouver plus haut. Elle se demandera si cet homme est une personne intéressante, s’il vaut le coup qu’elle s’attarde un instant sur son cas. Peut-être peut-elle en faire quelque chose, découvrir un intérêt. D’autant plus que la langue fredonnée ne ressemble à rien de ce qu’elle connait. Elle ne connait pas. Et c’est suffisant pour la faire s’accroupir, écoutant attentivement ce qu’il se dit dans cette histoire. Fermer les yeux, parfois. Diane Foss est heureuse d’avoir trouvé quelqu’un ayant l’air aussi déphasé et en marge qu’elle ne l’est. Sans doute fait-elle erreur, mais il n’est jamais stupide de vérifier une première impression. D’autant qu’elles sont souvent justes.

Ordinairement, Diane n’aborde jamais les gens, ce sont les gens qui le font. Mais là, elle a envie. Une envie étrange qui la pousse à profiter d’un trou dans la chanson pour murmurer, tout bas mais suffisamment pour qu’il l’entende. Un mot, un simple mot dans lequel il y a beaucoup de choses, comme la retenue dont elle fait encore preuve, la curiosité qui ronge son ton un peu pressant, le questionnement muet qui se crée instantanément.

- Bienvenue.

Bienvenue de quoi, où ? Dans son monde ? Diane ne prétend pas l’avoir attiré dans son univers, d’autant qu’elle n’en a pas. C’est plutôt elle qui pénètre à l’intérieur de son quotidien, par sa chanson aux intonations étrangement familières. Voilà, c’est sans doute cette impression de familiarité qui l’aura poussée dans ce sens. Pourtant, elle est sûre de n’avoir jamais entendu ni la mélodie ni la langue, et pourtant ... Pourtant c’est comme si, en fermant les yeux, un vieil ami lui avait dit au creux de l’oreille qu’il était heureux de la revoir. Fantasme, réalité ? Peu importe, au fond.

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Le quartier de la Toussaint / Re : La colère est un vilain défaut [PV Layla]
« le: vendredi 21 janvier 2011, 21:50:11 »
Cela faisait bien longtemps que Diane n’avait entendu un rire éclater près de son oreille, si proche d’elle, pour elle. Habituée depuis quelques années déjà à ce que les charmantes voisines toujours prêtes à s’échanger un sucre ou un peu de farine, à commérer entre elles avec plaisir et légèreté l’ignore, la jeune femme n’y prenait plus garde. Dire qu’au tout début, cela ne l’avait pas légèrement affectée aurait été mentir. Elle avait naïvement espéré qu’Eric puisse sympathiser avec les enfants du voisinage, mais lorsque la veuve un peu bizarre du troisième venait les aborder pour leur montrer un petit garçon qui n’existait pas, nombre d’entre eux partaient pleurer de peur dans les jupes de leurs mères. Et une maîtresse de maison, et de famille, ne laisse jamais rien au hasard lorsqu’il s’agit de son enfant. Il était alors facile de rapporter l’incident à son époux, aux gens du voisinage, à l’immeuble tout entier. Aux autres. C’est si évident de répéter, de laisser les mots dépasser sa pensée, de permettre au cœur de s’exprimer alors que seul les faits réels et avérés devraient avoir leur place dans une discussion pareille. Si aisé de faire tomber quelqu’un sur des exagérations, sur des malentendus.

Et même si Diane avait bien rêvé son enfant, à cette époque-là, la jeune femme n’avait pas totalement conscience de ses troubles, voire pas du tout. Aussi, se voir rejetés elle et Eric avait été difficile à vivre. Les déménagements, nombreux. La rumeur, qui la suivait comme son ombre. L’immigration sur Terra, qui avait été la seule solution. Diane revoyait tout cela en un rien de temps, dans le rire non retenu de l’étrangère en face d’elle. Elle y lisait la peur des enfants qu’elle avait côtoyés, le dégoût dans le regard d’une mère qui pensait immédiatement au pire, parce que c’est le plus raisonnable lorsque l’on souhaite protéger le fruit de sa chair. Sans doute Diane aurait-elle fait de même, aussi était-il assez malvenu de leur jeter la pierre, tous autant qu’ils étaient. Dès lors que la jeune femme avait su percevoir avec une certaine lucidité sa différence, rien qu’un instant, alors elle avait été totalement libre. Les citriques, les regards réprobateurs ou remplis de pitié ne faisaient que l’effleurer sans jamais percer le rempart de sa peau laiteuse. Il n’empêche que l’on s’habitue, même lorsque tout vous indiffère. Une femme ne peut rester totalement inerte devant la huée et les moqueries, tout comme Diane ne demeurait pas si distante que cela lorsqu’on lui mettait en évidence ce qui n’allait pas chez elle. Sentir ce en quoi elle croyait plus qu’en la vie ainsi rabaissé à une simple existence d’hallucination, de rêve éveillé ou de délire, que sais-je encore ! n’était pas des plus accommodants. Si elle ne le montrait jamais, Diane avait toujours ce pincement au cœur qui vous signale que quelque chose, quelque part en vous, souffre.

Lui rire au nez de façon naturelle, sans reproche camouflé, c’était une première. D’autant plus que Diane n’avait strictement aucune idée de ce qui avait pu motiver cet éclat d’hilarité. Tentant, le plus sérieusement du monde, de se souvenir de ce qu’elle venait de dire ou faire, la jeune maman ne trouvait rien dans son esprit qui l’aiguillonne vers une réponse plausible. Mais celle qui était manifestement la grande sœur de la réplique miniature en fauteuil, ou plutôt bolide, roulant, l’éclaira. Du moins, il était logique que ce soit à cause de cela. Diane lui répondit donc, là encore avec un sérieux et un aplomb on ne peut plus réels. Sourire juste pour sourire ? Pas vraiment son genre. Et puis, l’air sombre et impassible lui allait bien mieux, avec ce visage de poupée figée dans le temps qu’il lui offrait.

- Ah, oui. C’est d’une banalité affligeante, en effet. C’est le genre d’affirmation qui pourrait correspondre à toute bizarrerie, ce que tout le monde a plus ou moins. L’intérêt réside cependant dans le comment, et non pas dans le quoi. J’aimerais bien savoir ton comment, je me fiche du quoi.

C’était tout naturellement que les mots lui étaient venus à la bouche, formés par ses cordes vocales sans passer par la case « cerveau », ou du moins pas de manière efficace. Il fallait bien être un peu timbrée pour sortir ce genre de choses qui n’avaient sans doute ni queue ni tête. Effarant comme Diane pouvait sortir des conneries à la demande, sans même sans rendre compte et -pire-, en le pensant sincèrement ! Car oui, cette histoire de comment et de quoi était réellement quelque chose qui pouvait attirer son attention. Tout comme son regard n’était retenu que par de rares personnes, sa curiosité n’avait d’égales que son impolitesse et sa spontanéité, c’est dire à quel point Diane Foss aimait à savoir, comprendre ce qui l’avait inconsciemment interpellée.

Le livre. Enfin non, ce n’était pas cela la source de son intérêt. Mais maintenant qu’elle le disait, le livre. Diane détacha aussitôt son regard des deux sœurs pour examiner sous toutes les coutures son bien précieux, passant des doigts fins, délicats et presque amoureux sur une reliure tout aussi fragile que les articulations de sa propriétaire. Qui, soit dit en passant, détestait la finesse de ses membres si cassants et noueux. Mais ici n’est pas le sujet, et Diane faisait simplement une inspection très rapide des dégâts supplémentaires que son précieux protégé avait pu recevoir. C’était, pendant quelques instants, comme si le monde extérieur n’avait plus eu aucune importance. Comme si Diane se fichait bien de s’être faite renversée, de la douce beauté de la jeune fille qui l’avait fait, de sa sœur au rire si clinquant et surprenant. Là, c’était l’univers des pages noircies de mots, de sens, de ces morceaux de papier qui recèlent, si l’on veut bien les trouver, des trésors innombrables et au moins autant de mystères bien camouflés derrière une périphrase, une comparaison, un ton un peu cynique ou ironique. Soufflant doucement sur une page légèrement cornée, comme pour lui envoyer ses vœux de prompt rétablissement, Diane ne releva pas le menton pour répondre, si bien que ses dires se perdirent en direction du sol. Etant donné que plus rien n’existait pour Diane que le problème principal, sa capacité à avoir un point de vue global étant assez limité, s’adresser à quelqu’un était le cadet de ses soucis.

- Il survivra, du moins je pense. Par contre, je ne peux décemment pas aller demander de l’échanger maintenant. C’est de ma faute s’il est abîmé, à présent.

Ayant l’air un peu bizarre, Diane ne remarqua pas que son interlocutrice l’était aussi. Dommage, car sans doute aurait-elle aimé remarquer la crispation de ses mains, la tension qui apparaissait miraculeusement dans ses muscles en quelques secondes à peine, comme si quelque chose l’avait surprise, effrayée, dérangée. Alors, Diane n’aurait peut-être pas réagit comme cela par la suite. Nous ne le saurons jamais réellement tant elle peut être imprévisible, mais sûrement se serait-elle abstenue de toute parole supplémentaire, admirant avec une curiosité mêlée d’avidité ce visage un peu transformé, où tant de choses semblaient pouvoir naître. Mais somme toute, la jeune femme se contenta de soupirer lentement et profondément, rangeant ce précieux livre dans le petit sac besace terne qui flottait dans le creux de ses reins, alors invisible aux yeux de ses interlocutrices, mais à présent tourné vers l’avant afin qu’elle puisse mettre en sécurité son bien.

- Tant pis, je le garderai comme ça. Tous mes livres ont une histoire, celui-ci sera celle de la jeune fille qui m’est rentrée dedans.

Un regard attendri se posa sur celle qui se dénommait Yulia sans que la propriétaire des yeux bruns ne le sache encore. Elle la trouvait vraiment jolie, cette petite. Sans doute, à l’époque, aurait-elle pu croire qu’Eric et elle seraient devenus amis. Mais aujourd’hui, Diane avait jeté ses illusions derrière son épaule et avait décidé de s’en défaire aussi facilement qu’on jette une ordure là où elle doit se trouver, sans discussion possible. Vint ensuite la proposition sympathique d’aller s’installer quelque part histoire de déguster une quelconque boisson. Diane, à son habitude, aurait refusé. Mais le son du rire haut, fort et affirmé de la jeune femme lui faisant face demeurait gravé dans ses oreilles sans qu’elle ne parvienne à s’en défaire, enfermant son esprit dans une volonté de dire oui, de découvrir ce qui l’attendait derrière cette si grande capacité à la joie, même en présence de quelqu’un qui inspirait plutôt la peur et la méfiance.

- Ah, la politesse. Ce n’est pas pour ça que j’accepte, mais parce que tu me plais bien. Un truc sympa. Puis Diane ajouta, comme pour elle-même, encore une fois. La spontanéité ? La simplicité ? Hum. C’est vrai que ça me change de mes habitudes.

Pause, court silence. Puis décision, enfin. Esquisse de sourire, un peu forcée sans doute par le désir de ne pas paraitre trop incommodante. Plus naturel envers la plus jeune, qui n’avait pas encore atteint l’âge adulte et qui, par conséquent, était lavée de toute agression, de toute rancœur ou retrait.

- Je viens, en tout cas. Cela fera peut-être plaisir à mon fils, s’il me retrouve avant l’heure prévue.

Ah, ça, ça lui avait échappé. Ce n’était pas prévu de parler d’Eric. Comme pour cacher cette maladresse, Diane se mit à marcher, prenant le pas sur les deux jeunes sœurs. Se retournant après avoir fait quelques mètres, la jeune femme se retourna et leur lança un regard interrogateur, attendant qu’elles ne se décident à la suivre ... quelque part, le premier café qui se présenterait à eux, sans doute, étant donné que Diane n’était absolument pas habituée à ce genre de choses.

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Le coin du chalant / Re : Qu'importe.
« le: mercredi 19 janvier 2011, 20:36:34 »
Hum, comme suggéré dans ton topic de présentation je suis tout à fait partante, si tu veux bien de moi.

Pour la trame, je suis partisane du "on verra bien comment ça évoluera", mais pour te donner une idée à priori Diane n'a ni bonnes ni mauvaises intentions. Elle est simplement là, elle observe, elle s'intéresse, parfois. Et je pense que ça peut être assez intéressant, la rencontre de ces deux personnages.

Si tu veux qu'on en discute, ma boite mp est totalement ouverte. Et sinon tu peux m'ignorer à ta guise, ça marche plutôt bien également.

Et promis, Diane n'est pas du genre à te sauter dessus sans aucune raison ni évolution. Pas son genre, plutôt même franchement difficile à atteindre.

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Prélude / Re : (Pas de titre)
« le: mardi 18 janvier 2011, 21:16:12 »
Citer
Après tout c'est normal de ne pas coucher ici et là avec la première venue ?
Mais ... Oui ! Oui et re oui ! (Bon, Diane est un peu moins d'accord vu qu'elle n'en a rien à faire mais c'est une notion parfaitement respectable !)

Sinon je te souhaite la bienvenue, cher collègue. C'est agréable de rencontrer quelqu'un abordant le trouble psychiatrique dans sa pratique de rp, avec réalisme et une certaine pertinence. Peut être que, si jamais il te vient l'envie de croiser le chemin d'une "folle", tout "fou" que tu es, ce sera avec grand plaisir.

En espérant te voir rester ici longtemps et te souhaitant de t'amuser parmi nous ...

6
Ville-Etat de Nexus / Re : La culture se cultive
« le: mercredi 12 janvier 2011, 11:48:34 »
Là où nombres des interlocuteurs de Diane relevaient la moindre de ses paroles, jusqu’à la plus étrange ou déplacée, l’inconnu qui lui faisait face se contentait de les accueillir avec un silence religieux, relevé parfois d’un sourire tout ce qu’il y avait de plus énervant. Enfin, pour une personne dite normale ou peu habituée à de telles réactions. La jeune femme avait vu tant d’expressions passer sur les visages de ses clients qu’elle ne s’étonnait plus d’aucune. Le mépris, la moquerie, la condescendance et le dégoût, elle connaissait. Tout comme la pitié, la pseudo empathie, le désir de comprendre. Et ni les uns ni les autres ne changeaient quoi que ce soit à son comportement, du moins pas de manière irrémédiable et assujettissante. Toujours, elle gardait le pouvoir de feinter, de jouer le rôle de la pauvre folle éplorée ou bien de la plus dangereuse, exagérant à outrance ce qu’elle savait être des anomalies aux yeux des autres. Tout ça pour dire que pas un instant l’expression du jeune homme aux cheveux lisses ne la déstabilisa en cet instant, stoïque qu’elle était malgré, avouons-le, la légère surprise de capter un mélange de plusieurs représentations, association qu’elle n’avait encore jamais rencontrée. Ce n’était pas de la méchanceté ni de la compassion, et encore moins du dédain. Quelque chose entre les trois, qui se réservait de tout commentaire et éludait sciemment la remarque qu’elle venait de faire, sa bouche parlant plus vite que son esprit ne réfléchissait.

Diane ne se gêna pas plus que cela de sa présence, et tourna un instant la tête vers le tabouret où Eric lisait sagement, silencieux, lui lançant de temps à autre des regards attendris et pleins d’espoir. De ceux que les enfants turbulents jettent parfois après avoir fait une bêtise, ici celle de se révéler à n’importe qui alors que sa mère préférait le garder pour elle. Toutefois, devant les mèches blondes galopant sur un front ordinairement lisse mais plissé par l’attente, la jeune femme céda. Elle ne pouvait le laisser là, sans autre signe d’affection. Aussi un tendre sourire illumina son visage, expression uniquement réservée à Eric. Là où transparaissait son amour, sa joie de le connaître, de l’avoir à ses côtés. Sa gratitude de lui avoir un jour permis d’arrêter de souffrir. Elle n’en fit pas plus, il n’y en avait nul besoin. Simplement celui de se rappeler à lui lorsqu’Eric devenait trop pressant, commençait à s’agiter, souhaitant simplement que celle qui l’avait créé le reconnaisse à chaque instant. Bien sûr, Diane ne se doutait pas vraiment que c’était sa folie qui s’imposait à elle, encore, pour la conserver loin du reste du monde, protégée de tous en dépit de la force qu’elle pensait avoir acquise avec le temps. Comment eu put-elle admettre que son esprit se scindait en deux, pensant différemment et l’un agissant sur l’autre. Comme une tumeur maligne qui se développerait et ferait pression sur certaines zones afin de la persuader de voir, de croire, de vivre tout cela. La jeune femme n’avait d’autre choix que d’accepter cet état de fait, et se résigner à passer pour plus dérangée qu’elle ne se sentait.

Soudain, les paroles de l’homme en face d’elle parvinrent jusqu’à son cerveau. Des troubles psychologiques sévères, hein ? Diane effaça immédiatement tout sourire de ses lèvres, et se retourna vers lui tout en s’avançant d’un pas, venant se coller au comptoir et penchant son buste vers son visage aux traits réguliers et symétriques. Qu’elle détaillait longuement, le laissant parler de tout son soul. Elle fut donc aux premières loges lorsqu’il réajusta sa coiffure. Impassible, deux yeux marron le fixaient de près et ne lâchaient pas de sitôt le contact établi. Qu’il soit dérangé, qu’il trouve cela gênant, elle n’en avait cure. Tout ce qui comptait, c’était de lui faire sentir l’intensité de ses « troubles ». Ah, non, il ne pouvait dire cela d’un ton aussi désinvolte et presque dans un registre de badinage. De plus, il ne se départissait pas de la politesse qui l’agaçait, bien au contraire, il la renforçait. Même avec des paroles offensantes et volontairement acérées, la bouche qui les prononce peut rester aussi douce qu’une étole de soie et rendre le discours coulant comme de l’eau de roche. Ce qui faisait que Diane n’était pas vraiment affectée par sa réplique, d’autant plus qu’il parlait d’un énervement qu’elle ne connaissait pas vraiment. Depuis de nombreuses années, personne n’avait réussi à la faire sortir de ses gonds, et la jeune femme se demanda si sa rencontre avec ce client allait virer à la joute verbale, et à celui de qui flancherait en premier et fuirait le combat.

Pas très vendeur, en réalité. Pourtant cette envie était diablement tentante, comme toujours. Repousser les limites des autres est une expérience passionnante, mais elle l’est plus encore si on s’implique suffisamment pour en venir à malmener les siennes. Se sentir glisser dans l’impatience et l’incompréhension, chercher désespérément quelque chose à relancer ... Tout cela s’avérait délicieux, et Diane était partagée actuellement entre l’envie de garder une pleine bourse rebondie à proximité de sa caisse et celle de faire fuir son propriétaire bien loin une fois qu’elle l’aurait poussé jusque dans leurs derniers retranchements à tous les deux. Délicat compromis, Diane n’avait plus le choix, et enfin son visage de marbre se modifia juste sous le regard qui répondait à ses yeux inquisiteurs. Elle grimaça légèrement, reprenant un ton un peu plus froid afin de convenir à ce qu’elle s’apprêtait à dire, et lui répondit enfin. Après de longues minutes de silence.

- Touchée, un point pour vous. Bien que rien ne vous autorise à me parler ainsi, surtout avec ce même air angélique et sympathique qui rend vos propos encore plus cruels. Enfin, ça ne fera qu’une fois de plus qu’on me sort ces bêtises, ce n’est pas comme si je n’en avais pas l’habitude.

Ce n’était pas vraiment un déni de l’affreuse réalité qui la guettait à chaque coin de rue, plutôt le refus de se le faire exposer d’une manière aussi réduite, limitée et d’une simplicité extrême. Qu’il le dise ne changeait pas grand-chose, si ce n’est qu’il avait visé juste. Ce n’était pas pour ça qu’il allait réussir à l’ébranler. Puis elle reprit, conciliante et répondant à sa dernière intervention.

- Au demeurant, c’était d’avantage un compliment qu’autre chose. Rares sont ceux qui aiguillent suffisamment ma curiosité pour que je prenne la peine de vouloir en voir d’avantage. Mais si vous voulez rester superficiel et distant, libre à vous. Je n’ai pas le pouvoir ni l’envie de vous y obliger.

Un soupir s’échappa de ses lèvres, tandis qu’elle reculait légèrement, restant toutefois à une distance réduite de son interlocuteur, la proximité de bienséance étant une notion lui étant tout à fait étrangère.

- Enfin, je suppose qu’une folle à lier comme moi ne peut pas se faire comprendre clairement ... Il est donc normal que je me prenne le retour du bâton.

Cependant, il y avait là quelque chose à éclairer sans plus tarder, afin d’éviter toute méprise, mais surtout de dérider très légèrement la situation dans laquelle Diane s’enfonçait.

- Un dernier point, si ça peut vous rassurer, je ne suis à priori pas violente.

Dit ainsi sur le ton de l’humour ce n’était ... pas drôle, assurément. Mais si on ne peut plus plaisanter sur sa propre condition, que reste-t-il à l’homme ? La jeune femme retrouva un ton plus chaleureux et détendu, passant à autre chose sans transition afin de s’éviter d’en rajouter une couche sur la nécessité de ne pas la considérer comme une désaxée imprévisible. Elle était normale, ou presque, et ne se considérait que très légèrement différente du reste du monde. Suffisamment pour en jouir à tout instant, véritable libération qu’était le sentiment d’être détachée de toutes ces larves grouillantes dans la boue, s’écrasant mutuellement pour survivre, en quête de pouvoir, de bonheur ou d’amour. Autant de notions ridicules et complètement illusoires, pour la jeune femme. Le pouvoir n’était que l’hégémonie d’un homme, la démonstration d’une force que les autres n’avaient pas encore découverte. Le bonheur qu’une promesse, un idéal vers lequel tendre et se sacrifier sans jamais réussir à ne serait-ce que l’effleureur du bout des doigts, et l’amour que pieux mensonge entre deux êtres désespérément seuls et en quête de quelque chose pour combler leur minable existence. Allons, il lui restait bien une dernière chose à faire, à présent.

- Si vous pensez revenir et ne retrouvez pas votre chemin, il suffira de demander la librairie de Diane Foss. Je suis connue dans le quartier.

Simple moyen de se présenter sans le faire réellement. Il avait de la répartie et un peu de cynisme dans son angélique expression, et cela lui plaisait plutôt bien. Diane préférait encore risquer de faire un premier pas, afin de voir si la discussion pouvait pousser plus loin ou non, plutôt que d’attendre qu’il s’en charge. Puis, dans le silence qui suivit sa déclaration enfin terminée, il arriva quelque chose de totalement inattendu. Le ventre de la jeune femme émit une légère protestation, lourdement appuyée par le réflexe de Diane que de s’étonner, ne s’y attendant pas. Manifestement, elle avait faim. Mais il lui faudrait attendre un peu avant d’aller se chercher un casse-croûte à la boulangerie du coin et de revenir ici, puisqu’il fallait que le dernier client de cette fin de matinée -bien avancée- en termine. Ou qu'elle s'absente et le laisse ici, peu confiante pourtant d'abandonner ses chers ouvrages même pour quelques instants.

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Ville-Etat de Nexus / Re : La culture se cultive
« le: vendredi 07 janvier 2011, 19:54:01 »
Manifestement, Diane avait loupé quelque chose. Ou au contraire cru passer à côté d’un détail qui n’existait même pas. Supposition assez plausible si l’on se basait sur l’air un peu surpris de son interlocuteur lorsqu’elle lui demanda de reprendre ses paroles. Qu’il n’avait pas dites. Certainement, il y avait là de quoi être habité par une forme de surprise, notamment quand la demoiselle qui en est la cause ne parait pas totalement accrochée à la réalité qui est la vôtre. Alors certes, le client de Diane fut trop poli pour relever directement sa maladresse, mais elle sentit bien que sa question n’était apparemment basée sur rien en particulier. Zut, elle allait encore perdre un porte-monnaie bien rempli, à force de ne pas se concentrer totalement sur ses interlocuteurs. Encore un, un de plus, qu’elle allait perdre à son grand désarroi. Il y avait ceux qui lui lançaient un sourire d’excuse et repartaient bien rapidement, oubliant parfois un ou deux de leurs achats. Ceux qui ne se gênaient pas pour afficher leur malaise, la fixant comme si elle était une bête de foire dangereuse. Sans cage. Les plus amusants, indubitablement, et dans ces moments-là, en rajouter un peu était particulièrement jouissif ... Et enfin, ceux qui tentaient de lui demander si elle allait bien, essayant de rationnaliser des faits sur lesquels ils ne pourraient jamais être d’accord. Et lui, dans quelle case pouvait-il bien rentrer ?

Pourtant Diane faisait des efforts. Pour paraitre un minimum normale, pour donner une image plutôt positive de sa boutique puisque faire de même avec sa personne se révélait plus complexe. Elle réussissait, la plupart du temps, à demeurer un peu en retrait le temps d’être sûre que le client n’allait pas abandonner les livres qu’il tenait pour s’enfuir à toute vitesse. A partir de cette certitude, la libraire se comportait de manière plus spontanée, se fichant totalement des répercussions sur l’image qu’elle projetait autour d’elle, moins des retombées sur son commerce. Et malgré ça, nombreux étaient celles et ceux qui n’avaient pas totalement compris l’attitude un peu décalée de la jeune femme. Forcément, en temps normal ce n’est pas toujours conseillé de fixer avec insistance quelqu’un, de lui demander tout et n’importe quoi, du plus décalé au plus inconvenant. Il y avait aussi certainement le détail de « parle toute seule », comme une étiquette affichée avec terreur et angoisse sur son front. Bien que dans Nexus beaucoup de choses diffèrent de la Terre, il n’y avait pas pour autant une plus grande confiance et un meilleur accueil réservé aux gens un peu marginaux dans leurs comportements qu’eux seuls comprenaient. Bien au contraire. Au moins, sur la planète bleue, la normalité était restreinte mais une partie de la population croyait comprendre, compatir, accompagner. Terra, c’était autre chose. On n’y connaissait rien, on ne voulait pas connaître. Il suffisait de ne pas en parler ...

Tout ça bien sûr dans l’hypothèse où Diane admettrait son état. Se sachant bien un peu différente, elle refusait pourtant d’imaginer l’existence de son fils comme un mythe ou un mensonge. Parce que si on lui enlevait Eric, cela voulait dire trop de choses. Que son véritable enfant avait eu mal par sa faute, qu’elle avait réduit sa vie à une existence sombre, dénuée de sens et fondée sur un simple dysfonctionnement de son mode de pensée. Un peu trop traumatisant et difficile pour l’accepter, aussi la jeune femme était-elle persuadée d’être seule juge de sa réalité, ce en quoi elle n’avait pas tout à fait tort. Là où la logique pêchait un peu, c’était sur la suite : sa réalité s’étendait à celle des autres, et donc il n’y avait rien de plus étrange que de ne pas voir son fils. Bien qu’avec le temps et l’expérience, Diane comprenait bien que ce détail était dérangeant voire nocif pour son esprit, et qu’il valait mieux garder cette incohérence, ce fait indéniable, pour les autres. Ou bien se rassurer en pensant qu’ils n’étaient que pantins sans yeux, peu attentifs à la réalité des choses et des gens. Bien moins qu’elle ne l’était, avec sa sensibilité et son raisonnement extrêmement large et ouvert d’esprit lui permettant de, par exemple, sentir rapidement quand quelqu’un n’était pas vraiment de sa ville.

Ce que son interlocuteur confirmait d’ailleurs à l’instant, permettant à la jeune femme de marquer une légère pause et d’afficher un air triomphant qu’elle ne camouflait pas, tout comme son intérêt soudain. Quelqu’un qui avait voyagé et qui aimait les livres était forcément plus amusant que la ménagère du coin qui venait chercher des contes pour l’anniversaire d’un de ses nombreux enfants. D’autant plus quand celui-ci parvenait à être aussi plat qu’une table, en apparence. Cela permettait à Diane de pouvoir, justement, le fixer avec attention. Une attention à la fois curieuse et étrangement désintéressée, un peu comme un animal observerait son rival pour deviner s’il doit se méfier, ou pas. Pas que Diane ne craigne quoi que ce soit, non. Simplement pour savoir quel dosage d’intérêt investir chez cet inconnu. Si ça se trouve, derrière l’apparence soignée et la politesse extrême, il n’y avait rien. Mais il suffisait de vérifier ... et pour cela, Diane était dans l’humeur parfaite : exécrable. Le plus dur serait de se contenir et de ne pas aller trop loin. Le reste n’était que détails ... Reposant le second livre, la jeune femme saisit le troisième de la pile, expérimentant lentement les articles dont elle devrait se séparer à regret, chacun d’eux ayant une certaine histoire et un vécu dans cette grande pièce, qui couvait chaque tome d’une attention particulière. Puis elle s’arrêta encore, aimant bien prendre son temps, d’autant plus quand le client était pressé d’en finir. A force de jouer, sans doute Diane allait-elle se brûler et passer de longues journées sans voir personne dans son pourtant si agréable commerce ...

- Ah, je savais bien que j’avais raison.

Manifestement, il ne voulait pas en dire plus, d’après son sourire qui, en langage de politesse, mettait fin à l’intervention. Mais nous parlons de Diane Foss, et encore une fois il y a beaucoup de normes qu’elle dédaigne d’un regard méprisant. Celle-ci en faisait sans doute partie, mais la jeune femme accepta le compromis que sa raison lui offrait, se contentant de ne pas rebondir sur une autre question mais une simple remarque, comme adressée à elle-même, qu’il pouvait ignorer avec aisance.

- Je me demande bien ce qui peut pousser à fuir une famille qui a l’air aussi riche.

Totalement impoli et déplacé. Diane adorait. Mais quand on y réfléchissait, c’est vrai que la culture était chère à Nexus et il fallait avoir des biens importants pour venir faire ce genre de courses, presque banales dans un autre monde. Et comme l’homme était encore jeune, sans doute y avait-il une histoire d’héritage ou simplement de prédispositions, d’avantages intéressants et purement familiaux. Classique, et en plus c’était un excellent stéréotype à travailler dans ses interrogations, le faisant ressortir comme si les préjugés faisaient office de sainte parole.

Mais c’est là que Diane prit conscience que le visage contrit qui lui faisait face articulait des mots, un nom. Ah, Eric. Il voulait savoir qui était Eric. Bien sûr, rien de plus simple. Diane se tendit imperceptiblement, elle n’avait pas remarqué que sa réprimande avait été énoncée à haute voix, trop habituée qu’elle était à ne parler à son fils que lorsque personne ne les entourait. Pinçant légèrement les lèvres, elle posa vivement le livre qu’elle avait pris le temps d’examiner, avant de poser les deux mains sur le comptoir, ses yeux chocolat rencontrant les émeraudes teintées de surprise. Elle lui rendit un sourire un peu ironique, en contrebalance de sa politesse extrême qui commençait à paraitre tout sauf naturelle, alors que Diane aimait le naturel. Un étonnement restait cependant dans un coin de son esprit. En effet, elle-même n’aurait pas fait ça ... S’excuser ? De quoi, pour qui ? Un peu trop calqué sur des habitudes sociales tant détestées par la jeune femme à son goût ...

- Pas besoin d’excuses, de toute façon même en le voulant je doute que vous pourriez le remarquer.

Bizarre ? Oui. Totalement. Allait-il s’y attarder ? Diane se fichait totalement de l’image qu’elle renvoyait alors si elle voulait lui faire comprendre qu’elle était -soit disant- complètement dingue, ça ne posait aucun problème. A ses risques et périls, à lui. Est-ce que le combat qu’elle devinait acharné entre son éducation et sa curiosité irait jusque-là ? Dans le doute, elle poussa l’invitation jusqu’à ne pas lui répondre. Sa question n’était sans doute que gentillesse feinte, et le résultat ne l’intéressait sûrement pas. Et si c’était le cas, au moins devrait-il le montrer réellement. S’il fallait que Diane lui fasse tout répéter pour savoir ce qui lui tenait vraiment à cœur de savoir, elle allait vite s’énerver ... La jeune femme n’était pas d’une extrême patience, surtout avec ce genre d’homme parfait, guindé et semblant avoir quelque chose de fiché dans le dos, les obligeant à suivre une ligne de conduite exemplaire et sans aucun faux pas. La libraire se laissa tomber obligeamment sur sa chaise, poussant un grand soupir, lasse de le voir aussi rigide alors qu’elle pensait dégager une certaine forme de nonchalance, qu’elle aurait préféré communicative. D’ailleurs, maintenant qu’elle y pensait ...

- Ah et puis, laissez tomber deux minutes la politesse. Ça vous rend plus fade que vous ne semblez l’être, dit-elle sans aucune méchanceté dans la voix.

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Ville-Etat de Nexus / Re : La culture se cultive
« le: mercredi 05 janvier 2011, 16:34:33 »
Un ventre émit une protestation dans le silence religieux d’une boutique perdue dans les rues de Nexus. Un simple son, presque un bruit, qui résonna un instant sur les murs lisses, le tout soutenu par un effet d’écho du au grand plafond qui surplombait la propriétaire de ce grognement. Diane avait faim, et cela la mettait de mauvaise humeur. Ce matin, elle n’avait pas eu le temps d’avaler quoi que ce soit, à cause d’un petit garçon très capricieux qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs. Son fils -imaginaire- avait ses têtes, et même si la jeune femme les provoquait inconsciemment dès que sa conscience se réveillait et venait lui permettre de saisir ce que son esprit faisait naitre en secret, elle n’en avait pas idée. Pour elle, Eric était simplement un garçon qui grandissait, sans jamais changer physiquement parlant. Il évoluait pourtant, et de plus en plus sa colère injustifiée éclatait dans le petit appartement que Diane partageait avec lui. Sur une broutille, sans aucune raison, le cri fusait, les pleurs suivant bien souvent dans les yeux de ce qui restait un petit garçon. Diane pardonnait toujours, mais elle détestait savoir Eric fâché ou colérique, aussi n’hésitait-elle pas à punir. Et pour ses caprices matinaux, le gosse était à présent consigné sur une chaise, un peu en retrait du comptoir et peu visible par les clients. Même si ceux-ci ne le verraient jamais ... C’était une façon de le couper du monde -auquel il n’appartenait pas- et d’accentuer ainsi la sévérité de la réprimande. Qui n’est finalement pas si cruelle ...

En effet, la première chose que Diane aura faite ce matin est pourtant de saisir un livre qu’elle et Eric avaient choisi ensemble à la fermeture hier soir pour aller le lui donner. Il adore lire, et le tabouret reçoit toujours un livre. Pour Eric. Il sait à présent que sa mère ne lui parlera avec tendresse que lorsque la boutique sera calme. Le reste du temps, Diane Foss se dévoue à ses clients et refuse de faire autre chose que le surveiller, constatant sa présence. Même si elle sait bien que jamais il ne s’éloignera d’elle, même si elle sait bien qu’une telle situation lui serrerait tellement le cœur qu’elle s’en apercevrait dans la minute. Tendrement, la jeune femme lui adresse quelques mots d’une mère à son fils avant de retourner à son travail. Regardant par la vitrine, elle peut voir des visages qu’elle ne verra vraiment qu’une fois qu’ils auront franchi sa porte. Passionnante foule qu’elle se délecte d’admirer, de critiquer, de voir se perdre dans une misérable existence. Même si, en cette fin de matinée, rien ne l’amuse vraiment dans son spectacle quotidien. Elle préférera alors se hisser sur la pointe des pieds, maudissant sa petite taille pour la millionième fois au moins, se saisissant d’un roman policier, qu’elle dévore depuis quelques jours, posé sur une étagère derrière elle. Assise sur sa chaise inconfortable, la jeune femme remonte une jambe et appuie son pied, enrobé d’une simple ballerine, contre sa cuisse, entourant son genou d’un bras. Elle peut ainsi adopter sa position favorite, bien qu’elle ne soit pas vraiment élégante. De plus, il est assez inconvenant de l’adopter dans ses tenues habituelles, de courtes robes bariolées.

C’est pourquoi ce matin, elle aura pris la peine d’enfiler un pantalon de toile brun, qui relève sa tunique du jour composée d’un dégradé de rouge-orangé assez automnal, malgré la saison. En se plongeant ainsi dans un moment passionnant, adoptant le point de vue du suspect principal, Diane oublie peu à peu sa mauvaise humeur. Celle-ci l’irrite toujours un peu, se rappelant à elle lorsqu’un petit vent vient faire danser le chambranle de la porte de la boutique, trop souvent ouverte pour être réellement hermétique, mais le plaisir de la lecture triomphe. Le livre qu’elle tient dans sa main détonne des autres. Il est propre, la couverture impeccable et les lettres sur sa reliure sont tracées non pas à la main mais à la machine. C’est une de ses acquisitions faite sur Terre, ramenées discrètement sur son penchant moyenâgeux. Ces œuvres sont ici rares, et sont d’ailleurs placés sous clé dans la boutique de Diane. Seuls quelques rares mais fidèles -et surtout silencieux- lecteurs y ont accès. Cela lui permet de se faire pas mal d’argent par le biais de ceux qui ont la chance de connaitre les failles, et donc la provenance des livres, sans toutefois parvenir à les situer et donc à trouver un autre moyen d’avoir accès à ces livres. Un bon commerce, qui n’enchantait pas tout le monde au vu du prix affiché pour ces petites merveilles, mais Diane avait rapidement fait comprendre aux demandeurs que leur donner des informations sur ses sources était tout bonnement impossible. Et, dans ses yeux déterminés, on lisait sans doute trop d’absence et de détachement pour espérer croire qu’elle céderait sous des moyens un peu plus ... musclés.

Mais quand la sonnette située traditionnellement au-dessus de la porte d’entrée de la librairie retentit, divulguant son « drelin-drelin » accueillant dans le silence de la pièce, son particulièrement agréable aux oreilles de Diane, celle-ci referma à contrecœur son roman pour le placer sous le comptoir, hors de vue. Elle en reprit un plus traditionnel posé à côté de sa caisse, une histoire plus archaïque mais non moins agréable, sur un terranide qui prendrait connaissance d’un trésor sur une île éloignée, décidant de partir à sa recherche avec l’aide de marins plus expérimentés. L’intrus posa d’abord ses yeux sur la boutique avant de lui adresser un regard, un signe de tête. Et c’est tout. Diane ne lui en tint pas rigueur, étant déjà de mauvaise humeur elle ne souhaitait pas en rajouter une couche, et baissa de nouveau son attention sur les pages fragiles de ce roman typiquement habituel par ici. Elle en était au moment de l’embarquement, et un bâillement s’échappa sans le vouloir de ses lèvres fines, ce qui l’incita à se saisir d’un marque-page ciselé et de refermer son livre. Histoire de pouvoir regarder qui se risquait ici à l’heure du repas.

Une grande silhouette longiligne, à l’ordre vestimentaire exemplaire. Si Diane avait été sujette à l’admiration, sans doute se serait-elle empressée de remarquer la mouture de ses vêtements élégants, chemise et pantalons parfaitement ajustés à un corps mis en valeur. Des lunettes d’intellectuels qui lui rappelaient les siennes, une cape qui témoignait de la température variable sur Terra, en ce mois d’avril. Mais la jeune libraire de Nexus n’était pas sensible à ce type de détails. Pas plus qu’elle ne l’était au charisme débordant et envoûtant qui se dégageait de son allure, presque altière. Un sourire en coin naquit sur la bouche de celle qui regardait son client sans gêne, la jambe toujours serrée contre son buste. L’élégance et la beauté ne faisaient pas partie des qualités qu’elle reconnaissait, et Diane préférait largement que l’on s’intéresse à ses livres. Justement, l’inconnu s’attardait sur certains titres, hésitant, choisissant, empilant sans faillir. Diane aurait bien proposé son aide mais ... En fait, non, elle ne l’aurait pas fait. Il était plus grand qu’elle et sa carrure frêle ne lui permettrait pas de se hisser suffisamment haut pour attraper les reliures qu’il prenait sans mal. D’autant plus que les murs étaient hauts, dans cette librairie. La pièce avait beau être étroite, deux niveaux étaient remplis de bibliothèques et d’étagères, l’étage était atteignable par un escalier situé au fond du magasin, en entrant. Partout, des livres, avec quelques sièges et tables pour prendre le temps de découvrir ou de s’attarder, de choisir. Une ambiance feutrée et calme, une lumière qui n’avait rien d’excessif et qui se contentait aujourd’hui des rayons du soleil qui venaient faiblement jusqu’à la petite librairie, bien cachée dans les ruelles de la ville.

Diane aimait ce sentiment de hauteur, cette aspiration vers le haut qui l’habitait et dont elle se délectait souvent. Aux murs, quelques tableaux chers à son cœur se disputaient le peu de place libérée par les livres en tout genre. Romans, documentaires, contes pour enfants et lecture pour adulte, tout était là. Un large panel dont la jeune femme était plutôt fière de se vanter l'acquisition, progressivement, au fil de sa vie à Nexus. Elle avait toujours aimé la lecture, d’autant plus maintenant que c’était devenu son travail, et seul passe-temps. Alors qu’elle se perdait encore dans l’admiration de sa propre boutique, Diane ne remarqua pas que son client avait terminé son choix et s’avançait vers elle, une pile respectueuse de volumes entre les mains. Qu’il posa sur le comptoir, après s’être tout de même décidé à lui adresser la parole. Un bonjour, un compliment. Diane ne releva pas. Pas plus qu’elle ne réagit lorsque les choix s’étalaient devant ses yeux. Elle lisait machinalement les titres choisis, le félicitant mentalement de certaines de ses décisions. Ainsi, la jeune femme ne releva pas non plus le regard appréciateur qu’il lançait sur son trésor. Elle n’avait pas besoin de lui pour savoir sa boutique merveilleuse, mais elle se retint de répliquer quelque chose d’aussi direct.

Diane de mauvaise humeur mais étonnamment gentille, ce n’était pas forcément une bonne chose ... Avant de lui répondre, sans toutefois prendre sa commande, elle marqua un temps d’hésitation. La libraire aimait bien le tutoiement, le trouvait plus simple, dépourvu de fioritures ou de mascarade. Mais devant autant de politesse, et puisqu’elle se sentait d’humeur conciliante, Diane lui répondit sur le même schéma. Bien que l’on puisse s’attarder un instant sur une question étonnante et pourtant fondamentale : depuis quand Diane Foss avait-elle des principes de politesse ?

- Depuis neuf mois, déjà. Mais l’avoir découvert plus tard vous permet d’en profiter d’autant plus, les richesses grandissant au fil du temps.

Quittant sa position de retrait, déliant sa jambe ankylosée, Diane s’approcha du comptoir et s’y accouda nonchalamment, posant sa paume contre son menton las. Sans avoir l’air de vouloir l’encaisser, elle soupira brusquement en fermant les yeux avant de reprendre.

- Eric, tu te calmes maintenant. Pause, nouveau soupir, des paupières qui s’ouvrent à nouveau. Pardon, vous disiez ?

Puis, sans lui laisser le temps de répondre qu’il n’avait rien rajouté depuis, Diane se redressa légèrement, renifla discrètement l’air qui flottait autour d’eux, sans honte ni gêne, avec une spontanéité totalement non maîtrisée.

- Vous, vous n’êtes pas tout à fait d’ici, du moins pas vraiment. Je me trompe ? Non, en fait je me trompe rarement.

Ce que ça voulait dire importait peu, Diane parlait souvent à tort et à travers et c’est précisément de cette manière qu’elle perdait bon nombre de ses clients. Souriant, pas pour son interlocuteur mais satisfaite de voir que l’agitation d’Eric avait cessé dans son dos, bien que personne d’autre n’ait pu le remarquer, la jeune femme saisit machinalement le premier volume de la pile qui avait été choisie, observant la qualité de sa couverture et contrôlant son bon état, consciencieusement. Lentement.

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Le quartier de la Toussaint / Re : La colère est un vilain défaut [PV Layla]
« le: dimanche 02 janvier 2011, 11:17:05 »
Généralement, quand quelqu’un vous percute avec une force suffisante pour vous faire tomber, on s’attend à un gros tas de muscles. Pas à un gros tas de ferraille. Alors certes, Diane n’était pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une femme robuste, et la fragilité de ses membres fins et cassants la représentait beaucoup mieux au regard des autres. A priori accentué par ses cheveux courts lui donnant un air alerte mais plongé dans une toute autre dimension et ses petites lunettes qui la dénonçaient souvent comme ce qu’elle était, intellectuelle plongée dans ses livres. A vrai dire, cette impression qu’on lui collait bien facilement arrangeait la jeune femme. Personne ne soupçonnait ainsi tout comportement étrange chez elle. Avec son air de poupée, au visage toujours immobile et au ton monocorde, sans aucune inflexion, ce n’était pas la banalité qui lui manquait. Diane chérissait ainsi parfois ses jambes si fines et instables, qui supportaient difficilement son poids ainsi que le manque de force qui courait dans ses bras. Inoffensive, la libraire de Terra. Invisible, même, dans Nexus où la beauté ne manquait pas de se promener dans les rues, où l’originalité était chose évidente. Elle y vivotait comme une enfant que l'on ne remarque pas. Tant mieux. Sa banalité lui servait d’écran contre le reste du monde, la laissait bien loin des remarques, envies, possessions qui avaient couramment lieu dans son quotidien.

Combien de fois elle avait pu voir, entendre de pauvres femmes possédées dans le coin d’une ruelle, des hommes trop faibles pour se défendre terrassés par la violence d’autres, dans un désir de vengeance ou tout simplement de souffrance. Le monde était pourri, et Diane n’en faisait pas totalement partie. Il se détruisait de l’intérieur, se rendait aigre et indigeste, même pour les palais les plus communs. Les vices, le pêché régnaient en maître sur la ville état qu’elle côtoyait au quotidien. Et quand on cherche à fuir un univers détestable et horriblement douloureux, il n’y a pas des masses de solutions. Diane vendait, prêtait, distribuait du rêve. C’était le seul centre d’intérêt qui animait ses journées, sa seule raison de sortir de chez elle. Avec Eric, ils se suffisent à eux-mêmes et n’auraient besoin de rien sinon de calme et de silence, s’il n’y avait pas les livres.

Livre, d’ailleurs. La première chose que Diane entreprit fut de tourner et retourner l’ouvrage entre ses doigts, afin de vérifier que rien ne l’avait estropié un peu plus. Certes, le retrouver en plus mauvais état lui donnait sans doute d’avantage de chance de pouvoir l’échanger en boutique, mais la jeune femme ne supportait pas qu’on ose porter -volontairement ou non- la main sur un de ses petits protégés. Heureusement, il n’avait rien de bien grave, si ce n’était une page légèrement cornée, qu’elle redressa avec attention. Cela lui prit bien quelques minutes, où Diane ne fit absolument pas attention à ce qu’il se passait en face d’elle. Oh, ses oreilles et son cerveau se chargeaient d’entendre, d’écouter, de comprendre. Mais ce ne fut qu’en décalage que la libraire intégra que les mots qui filtraient de devant elle lui étaient destinés. A peu près en même temps que le signal de son corps d’une douleur dans le mollet et la cuisse se manifestait. D’ailleurs, Diane commença par frotter délicatement sa jambe, un semblant de grimace à peine affiché. Si la jeune femme se fichait de tout, même de la douleur, il fallait bien l’exprimer d’une manière ou d’une autre.

Relevant doucement les yeux, le regard terne de Diane se figea donc sur un tas de rouages et de pièces de métal froid, qui expliquait sans doute que ce ne soit pas le tas de muscles prévu qui se tienne en face d’elle mais bien ... une petite fille. Enfin, petite, tout est relatif. La demoiselle aurait sans doute montré son mécontentement si l’adulte qu’elle était avait osé proférer de telles paroles. Pourtant, l’animosité de Diane disparut immédiatement. Pas à cause du handicap évident de celle qui l’avait bousculée sans ménagement, non. Elle se fichait des accidents de vie et ne comptait pas adopter un comportement de pitié, ou même différent, envers celle que le destin n'avait pas épargné. Tout simplement parce qu’elle était encore une enfant et que le cœur de mère de Diane se réveillait instantanément en leur présence. Aussi chassa-t-elle d’une main négligente les excuses de la gamine et de son bolide. S’accroupissant devant elle, Diane ne put s’empêcher d’admirer sa naissante grâce. Sans nul doute que cette petite allait devenir une très belle jeune femme, faisant chavirer plus d’un cœur et tourner plus d’une tête. Et à l’argument du fauteuil roulant, Diane aurait soupiré tant cette avancée maladroite était ridicule. Rien n’empêchait une fleur de s’épanouir, et certainement pas un grillage de conventions ou de bienséance. Fixant son regard dans celui, clair mais confus de la petite, Diane ne put s’empêcher de prendre le même ton qu’elle employait avec Eric. Rassurant, enveloppant.

- Il y a eu plus de peur que de mal, tu sais. Et puis comment en vouloir à une aussi jolie jeune fille ?

C’était complètement spontané et absolument pas réfléchi. Dans le cas de Diane, cela aurait d’ailleurs pu être amusant de débattre sur sa capacité à réfléchir efficacement, en conformité aux autres. Parce que cette réaction n’était peut-être pas la plus adaptée. On ne fond en général pas devant le regard contrit d’une sale gamine inattentive, aussi adorable qu’elle fut. Et c’est seulement là que Diane enregistra la deuxième voix que son cerveau avait cru identifier. Levant le regard progressivement sur la silhouette qui avait induit les excuses du dangereux bolide, la libraire rencontra de grosses chaussures, un pantalon pas vraiment élégant, un débardeur, des lignes tracées avec soin sur une peau dénudée et ... une poitrine. Ah ben ça alors, pourtant l’apparence était plutôt masculine. Continuant son inspection lente et sans aucune gêne -notion bien lointaine pour quelqu’un comme Diane-, la jeune femme fronçait les sourcils. A bien y repenser, le ton moralisateur avait des inflexions d’avantages féminines. Eh bien, voilà un spécimen intéressant qui se présentait à elle. Croisant enfin le regard de l’inconnue, bien que ce fut la deuxième fois -la première étant déjà trop lointaine pour qu’elle s’en souvienne-, Diane marqua une pause.

Ah oui, une femme. A n’en pas douter, malgré la dégaine un peu particulière. Deux puits sombres se fixaient sur elle, et la libraire aurait pu rester des heures ainsi, à se questionner sur le pourquoi du comment du qui. Tout ce qu’elle retenait, c’était le ton maternel et directeur que l’inconnue avait infligé à ce qui était ... sans doute un membre de sa famille. Penchant la tête sur le côté, encore son questionnement sur ses traits à présent vides de toute remontrance, Diane lança soudainement, sans se préoccuper de la normalité qu’elle ne suivait plus depuis longtemps ni des conséquences de ses paroles.

- Toi, tu as quelque chose d’étrange. Je ne sais pas quoi, et j'aimerai bien savoir. Mais il y a quelque chose de bizarre.

Le tutoiement était naturel chez Diane, qui détestait s’encombrer de politesses ou de prévenance. Elle pensait, elle disait. Et cela se comprenait parfaitement dans ses paroles. En effet, malgré la poitrine, la voix et avec la contrepartie de la dégaine, Diane trouvait cette inconnue bizarre. En quoi, elle n’en avait aucune idée. Mais étant pour le moins familière à côtoyer parfois toutes sortes de créatures, sur Terra, la jeune femme avait pris pour habitude de savoir quand quelque chose clochait. Et là, quelque chose clochait. Pourtant, on était sur Terre et la population de la planète bleue était normalement constituée d’êtres assez classiques, peu intéressant voire ennuyants. Diane aimait découvrir ce qui n’allait pas, observer ceux qui attiraient sa curiosité, se poser en public et applaudir des deux mains quand quelque chose lui plaisait. Et là, quelque chose lui plaisait.

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Le coin du chalant / Re : Bon, ben, heu, me voilà.
« le: jeudi 30 décembre 2010, 16:38:48 »
Quelqu'un qui ne donne pas de signe de vie depuis un moment et comme j'ai bien envie de rpiser un peu ... J'en referai un si elle désire revenir vers moi :D

Donc pas de souci ^^ Si ça te va, ça me va.

11
Le coin du chalant / Re : Bon, ben, heu, me voilà.
« le: jeudi 30 décembre 2010, 10:02:31 »
Bon, je te ferai bien un petit résumé de moi mais le mot "petit" risque d'être compliqué à respecter, in facto.

Si tu es prise d'envie de jeter un coup d'oeil, voici ma fiche : ICI, et un post d'intro qui se meurt et que je pense reprendre ICI.
Ou on peut démarrer sur totalement autre chose, moi je suis assez partante pour l'improvisation sachant que les mp serviront sans doute à étoffer la chose dans l'avancée du post.

Sachant que je m'adapte totalement aux autres :D

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Prélude / Re : Layla. [Valibreizh]
« le: mercredi 29 décembre 2010, 15:29:15 »
Et Law a raison.

Et moi j'adore ton perso. Donc je te souhaite la bienvenue, en espérant que tu resteras un peu parmi nous.
Au plaisir de te croiser -peut être- en rp ... Ce qui pourrait être assez fun vu ton caractère et celui de Diane.

Amuse toi bien !

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Blabla / Re : J'épouse, j'esclavagise, je tue
« le: dimanche 26 décembre 2010, 18:38:44 »
J'épouse Sandji parce que les persos détraqués, j'aime ça. La preuve.
J'esclavaise Kannan parce qu'elle a le physique pour :D
Et je tue ben ... Furokuro. Par élimination.

Calypso ♥, Lucie, Barbe Rose (au piiiiif sauf la première :p)

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Le quartier de la Toussaint / La colère est un vilain défaut [PV Layla]
« le: jeudi 23 décembre 2010, 16:19:35 »
Il était aux alentours de six heures trente quand Diane ouvrit les yeux difficilement sur le monde extérieur. Tout d’abord, le soleil trop matinal de cette ville constamment bercée d’une lueur agressive lui brûlait la rétine. Elle referma les paupières machinalement, le temps de reprendre doucement contact avec la réalité. N’ayant jamais eu de mal à se lever même tôt, l’heure n’était pas un problème pour cette libraire de Nexus. En tant que mère et femme séduisante, elle a toujours eu à supporter les contraintes des horaires pesantes et des réveils difficiles. A présent, cela ne lui fait plus rien de se lever trois heures avant le début de son travail. Tant de choses, tant de choses à faire lorsqu’on est une femme ! Métro boulot dodo comme on dit, eh bien c’est un peu ça. La jeune femme doit penser à tout, entre organiser les repas et tenir son intérieur. Entre faire les courses en gros et profiter de son temps libre pour se mettre à jour sur les nouvelles tendances de maquillage. Rien que de penser à tout ce qu’une femme doit accomplir dans la vie, Diane en aurait presque la nausée. Presque, si du haut de ses vingt-six ans elle n’en avait pas l’habitude.

Finalement, comme tous les matins de son existence, deux pupilles brunes s’ouvrent enfin sur la chambre à coucher. La jeune femme en détaille un instant l’aménagement, simplement pour s’habituer à la luminosité qui filtre déjà à travers les lourds rideaux de velours. Un décor qu’elle aura voulu sobre, sans couleurs superflues ni meubles inutiles. Une commode, quelques étagères pour conserver des livres d’histoire pour enfants de tout âge, en témoignage de la croissance de son fils bien aimé. Après quelques secondes d’observation passive, Diane se décide enfin à sortir de ce lit, repousser la lourde couette qui l’aura fait transpirer pour filer sous une douche rafraichissante et vivifiante. L’eau sur son corps hydrate les sens et tonifie la peau, si bien qu’elle se sent revivre sous le jet rapide qui l’asperge de haut en bas. Puis vient le moment de s’occuper de ce corps qu’elle chérit et qu’elle sauvegarde des agressions. Pots de crème, lotions, spray, tout passe entre ses doigts pour galber ses jambes blanches -pas si longues que ça-, caresser sa petite mais ferme poitrine, masser un cou encore endormi et remonter enfin sur le front et les tempes. Pour camoufler les rides qui commencent à apparaitre sur ce visage qui reste pourtant de marbre. Le moins d’expressions possibles, c’est le secret pour garder une tonicité toute particulière et conserver un masque le plus lisse et parfait possible. Comme une poupée figée dans une autre époque, Diane ne sourit ni ne pleure, restant éternellement parfaite sous une couche d’artifice qui ne fait que relever un original d’ores et déjà finement ciselé. Cadeau de la nature, peut être en compensation de ce qu’elle doit subir dans cette étouffante ville. Lutte interminable contre le soleil qui lui vole la blancheur de sa peau, contre toute goutte de sueur qui entacherait de sa trainée l’illusion immaculée des poudres claires, contre l’essence même d’un pays qui ne lui convient pas.

Diane se tient au courant de tout, et sa salle de bain ressemble ce matin comme tous les autres à un magasin de cosmétiques. Tout est savamment exposé en désordre, chaque chose perd sa place tandis que la jeune femme s’y retrouve bien mieux dans ce fouillis significatif. Elle aime l’ordre, mais ce lieu sacré a pour vocation d’être utilisé, d’être habité plus que tout autre. Il faut que cette pièce reflète la femme qu’elle est, ordonnée et pourtant si paradoxale dans les soins qu’elle se porte. Peut-être est-ce simplement un caprice de paraitre passionnée dans ces attentions minutieuses qui l’occupent longuement chaque jour qui passe. Ou bien tout simplement un aspect incontrôlé d’elle qui ressort par-là, ce côté incertain et impulsif que certains se sont permis d’avancer à son égard. Ses lèvres frémissent à ce souvenir, seul petit détail qui parvient à la faire engager l’ombre, la pâle copie morne d’un sourire. Il faut dire que repenser à cette période de sa vie lui suffit à se délecter. Tellement d’assurance pour si peu de compétences, c’en était presque risible, même pour elle.

Mais Diane n’a pas le temps de repenser à ces si doux instants de satisfaction purement personnelle. D’un haussement d’épaules, elle chasse alors son petit plaisir matinal pour avancer le bras et dégager la glace de la buée provoquée par la chaleur étouffante de la pièce, qu’elle s’empresse de chasser en ouvrant la fenêtre. L’air frais du matin lui caresse alors la peau, tandis que la jeune femme admire son reflet dans la surface lisse qui lui fait face. Une peau d’un blanc laiteux comme éclairée de l’intérieur, des cheveux en ce moment teints en sa couleur favorite : le gris nacré, des yeux chocolat presque transparents et des lèvres d’un rose presque indécent …  Elle laisse ses yeux vagabonder sur ce corps tant et tant étreint, sur ces courbes délicates mais néanmoins marquées, témoignage de son véritable statut de femme et pas de ces gamines jouant aux grandes qui fleurissent sur les trottoirs. Elle pose ses mains sur son ventre, un peu au-dessus du nombril et murmure une litanie, comme si encore son fils se trouvait dans un cocon de chaleur et de protection. La promesse, le souvenir de moments si intenses et désagréables à la fois. Diane resserre son étreinte, allant jusqu’à empoigner la peau de son abdomen en grimaçant à moitié. Ce ventre qui a tant gonflé, formant un ballon autour d’elle sans qu’elle ne puisse plus être satisfaite de son image … La grossesse est un véritable calvaire, et elle en a vite effacé les traces. Pour tricher sur les restes qui ne partiront pas, à savoir la peau plus distendue et les hanches plus marquées, elle enfile une robe courte mais large à la taille, d’un bleu tendre qui adoucit les formes.

Mais il est temps. Inutile de vous raconter comment elle se dirigera vers la chambre de son fils, croyant encore le voir, persuadée de l'admirer dans un lit pourtant vide qui ne respire plus rien depuis bien longtemps déjà. Cela n’empêche pas Diane de lui parler comme s’il était là encore, de le couver du regard et de lui adresser des mots que seule une mère peut connaitre. Elle croira le tirer de ses rêves, lui servir un petit déjeuner qui ne décollera jamais de la table de la cuisine de son petit appartement. Puis elle lui dira de s’habiller, coiffera une illusion et partira de chez elle main dans la main avec une hallucination constante. Eric, son fils. Et au lieu de se diriger comme tous les jours vers la librairie qu’elle tient dans les rues de Nexus, Diane décide de se ravitailler dans un monde haut en couleurs que ses lecteurs sont ravis de découvrir à travers les pages qu’elle va chercher dans ce qui est en définitive un autre monde. Pour peu d’argent, elle se saisit de livres tout simples sur Terre et en fait des récits d’aventures sur Terra. Les gosses adorent. Direction la Terre, donc. Heureusement, la faille empruntée par Diane il y a de ça des années est toujours là, et au détour d’une rue, la jeune femme se glisse entre deux maisons, grimpe sur une caisse branlante et enjambe ... l’air. Pour se retrouver ailleurs.

Derrière un centre commercial, en fait. Très pratique pour son petit commerce, et déjà Diane se dirige vers l’entrée, laissant Eric libre de découvrir le monde. Il ne craint rien, elle le sait, et la jeune femme se contente de lui dire, sous l’œil intrigué des passants, de le rejoindre à la librairie du centre. Elle s’y dirige en premier, un livre abîmé à la main qu’elle aimerait échanger, et alors qu’elle en voit l’enseigne, Diane se fait bousculer par quelqu’un. Son ouvrage tombe à terre, les feuilles contre le carrelage froid de l’allée encore calme à cette heure de la journée. Se relevant en maugréant, Diane ramasse son livre et se retourne, vindicative, envers la raison de ce crime. Elle ne s’énerve jamais, mais la libraire qu’elle est déteste que l’on s’en prenne à ses trésors, seul échappatoire qu’elle connait à la réalité et véritable source de joie pour elle comme pour ses clients. D’un ton dur et dynamique, elle lâche donc une réprimande ...

- On s’excuse, en général, quand on bouscule quelqu’un. D’autant plus quand on s’amuse à dégrader ce qui lui appartient.

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Blabla / Re : Re : Horloge parlante
« le: lundi 20 décembre 2010, 20:04:53 »
Haannn, des fererro rochers... Miam. :O
Enfin un truc que tu aimes et que j'aime aussi, Miya. Revanche sur les kinder je sais plus quoi et les Shockobons :D
Le Nutella étant à part
(Flemme de me connecter sous Andy >.<)

20h07 : a bien mangé, va se prendre un ou deux Fererro en dessert :D

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