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« le: mercredi 14 août 2013, 10:47:22 »
Si Amy avait eu un tant soit peu de recul, elle aurait pu remarquer le changement étonnant dans l'attitude de la jeune fille qui l'avait sauvée. Un instant plus tôt, sûre d'elle et de son corps, elle avait mis en fuite trois garçons à elle toute seule, et à présent elle se tenait tremblante entre ses bras, visiblement décontenancée et beaucoup moins à l'aise. Pourtant, sous les mains d'Amy, son corps réagissait, ses lèvrs laissaient échapper de légers gémissements, et sa poitrine se tendait. La gamine pouvait presque sentir sous ses doigts l'influx nerveux qui suivait chacun de ses mouvements et qui parlait plus que n'importe quels mots.
"On ne devrait pas faire ça" disait sa bouche, mais tout son corps disait "continuons!"
Malgré tout, à l'écoute de ces quelques mots, le cerveau d'Amy sembla revenir un instant à la réalité. Qu'était-elle entrain de faire? L'évocation de son "chez-soi" et des convenances l'avaient ramenée brutalement à ce qu'elle était, à la ligne de conduite qu'elle s'était fixée depuis qu'elle avait été mise à la porte de chez elle. Que diraient ses parents? Et son oncle et sa tante? Avaient-ils raison? Avait-elle le diable au corps? Etait-elle une trainée, irrécupérable? Pourtant, Amy n'avait jamais rien fait de mal, son seul crime avait été de révéler les tentatives d'abus que son frère avait perpétré contre elle...
Toutes ces réflexions envahirent son esprit comme une vague, et comme une vague elles la submergèrent un isntant seulement avant de se retirer, ne laissant qu'une écume de malaise dans son cerveau embrouillé par la drogue.
"Tu as raison, cessons cela tout de suite!" Voulu dire sa bouche. Mais comme si une autre personne s'était emparée d'elle, elle s'entendit prononcer : "Non... On devrait faire beaucoup plus..."
Sa voix était suave, elle sonnait à ses oreilles comme celle d'une inconnue. Amy ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Sa lucidité subitement retrouvée s'éclipsait aussi vite qu'un mirage, et le produit qu'elle avait ingéré n'avait pas encore atteint l'apogée de ses effets. Elle sombrait à nouveau, tout n'était que sensations et désir dans son corps d'adolescente.
Amy plongea son regard dans celui de la jeune fille, des yeux limpides la contemplaient, brillants de désir. C'était comme contempler dans un miroir le reflet de ses propres sentiments.
Quelque part, à la périphérie de sa conscience, elle entendit un bruit de moteur caractéristique, qu'elle commençait à bien connaître, celui du patron qui repartait dans sa jeep. Comme une allumette qui s'embrase, ce simple bruit éveilla en elle une multitude de possibiltés et sans plus hésiter elle jeta à nouveau sa bouche sur celle de la jeune fille pour l'embrasser. Ce faisant ses main l'enlacèrent, caressant son dos, ses cheveux, et le poids de son petit corps pressé sur celui plus consistant et plus ferme de l'autre fille entraina sa sauveuse en arrière, pas à pas, jusqu'à la plaquer contre la porte arrière du bar. Tout en continuant de faire rouler sa langue dans la bouche de sa comparse, emprisonnant sa bouche entre ses lèvres, l'une de ses mains quitta son dos en sentant le panneau de métal, et fouilla rapidement dans la petite poche de sa veste où elle trouva la clé. Sa bouche s'égara le long de la mâchoire de la jeune fille, descendit dans son cou, tandis que sa main introduisait la clé dans la serrure. En enfonçant l'instrument de métal dans son logement, elle pressa en même temps ses seins contre la poitrine de la fille, son bassin partit à la rencontre du sien. Elle se sentait comme possédée, incapable de contrôler ce qu'elle faisait, et pourtant ses mouvements étaient aussi précis que si elle avait fait cela tout sa vie. 1/4de tour et le panneau céda derrière elles, les projetant dans la pénombre de l'arrière-salle, et se referma sitôt qu'Amy le lâcha, dans un claquement sec.
Autour d'elle, des chaises et des tables empilées, des caisses dont on distinguait à peine les angles dans le noir, et quelques pas plus loin, un rideau ouvert laissait voir les premières banquettes de la salle de bar, baignées d'une faible lueur rougeâtre que le soleil faisait filter à travers les lourds rideaux de velours qui masquaient les fenêtres.