11
« le: samedi 18 mai 2024, 12:03:00 »
Un peu plus de 70% de notre planète est recouverte d'eau, ce qui pourrait parraitre bien terrifiant pour une créature évoluant sur terre. Pour les humains, il ne s'agit ni plus ni moins que d'immenses barrières hostiles et peu explorées, séparant les terres comme de grandes frontières. Au contraire, pour une sirène ou tout autre créature marine douée de raison, ces flots sont comparable à une immense autoroute reliant toutes les terres, toutes les cultures. Et tout cela sans passeport, s'il vous plait ! Le concept de nationalité n'existe donc pas, pour Lyli et les autres créatures marines, une sirène pouvant très bien élire domicile près des côtes japonnaises durant des mois, et le soir d'après visiter le sable chaud de miami.
Rien d'anormal donc à ce que Lyli ce soit perdu loin de son foyer habituel, aujourd'hui. il ne lui avait fallut que 2 ou 3 heures après tout, pour traverser les eaux japonnaises jusqu'à celles des terres du rêve américain. Un grand voyage à l'échelle humaine, juste une randonnée un peu longue pour une sirène.
S'il est vrai que tout ici était bien plus grand, et différent, Lyli ne voyait pas spécialement cela comme un signe de richesse ou de pouvoir. Elle ne connaissait pas assez les coutumes et vices humains pour que la vue des grattes-ciels et du dollar américain ne lui procure cet effet. Juste une plage à un endroit différent, avec le même sable, le même soleil, et une eau peut-être un peu plus chaude. Lyli en avait comme à ses habitudes profité pour avoir quelques conquêtes, aussi bien avec des touristes que des natives de la région. Celà lui permettait, en plus du lien tissé, d'en apprendre un peu plus sur ce continent encore inexploré pour elle, tel un Christophe Colomb croyant avoir découvert l'amérique.
Un soir ou tout semblait plus calme, et à force d'exploration, Lyli se retrouva à nager dans la zone portuaire. Ah, la zone portuaire... Y nager, pour une sirène, ce serait comme visiter pour la première fois un quartier malfamé, si on devait comparer. L'odeur de gazoil prends aux narines, l'eau n'y est pas franchement la plus agréable et agresse même un peu les yeux. Cette zone là, Lyli ne va pas s'y attarder, c'est certain. Elle y aurait déjà même fait demi-tour si seulement cette jolie nymphe n'avait pas sauté à l'eau, comme un petit ange soudainement tombé du ciel.
Cette petite étoile filante ne semble pas être tombée par hasard, sa posture montre même le contraire : la jeune fille semble vouloir rester sous l'eau. Cette nymphe humaine est plutôt mignonne, ses longues mèches brûnatres dansant autours de son visage typé plus asiatique qu'américain lui confèrent une certaine aura séduisante. Elle ne semble pas encore avoir remarqué la sirène, surement trop occupé à retenir sa respiration, en gardant un oeuil sur les deux ombres malfaisantes au delà de la surface.
Oh d'accord, le tableau est plus aisé à dresser maintenant, la pauvre petite chose essaye d'échapper à de vilains monsieurs... ou madames ? Difficile à reconnaitre, avec ces voix rongées par les années de cigarettes. Bon, l'autre voix semble un peu plus féminine, targant même sa complice d'une blague, sur le fait que la pauvre fille serait peut-être un poisson. A cette question, la demoiselle cachée proche de l'échelle répondra " bloup... bloub.. " Non, ce n'est clairement pas un poisson, parole de sirène. Si ça continue ainsi, elle risque même de vite boire la tasse.
Sans un bruit, la sirène se dandine gracieusement vers la demoiselle en détresse, ondulant son corps d'une manière presque hypnotique. Sa longue chevelure de feu ondule elle aussi trés joliment autours de son visage serein et souriant. Mais même avec toute les bonnes intentions du monde, voir une femme s'approcher sous l'eau ainsi, alors qu'on ne s'y attends pas, peut faire un choc. Elle pourrait même prendre Lyli pour une de ses agresseuses. Pour couper le germe de cette idée, la sirène se montre aussitôt rassurante, plaquant la main devant la bouche de la demoiselle, et de son autre, porte l'index à ses propres lèvres comme lui demander de ne pas faire de bruit, toujours avec ce même sourire trés rassurant, un brun charmeur même. Ne voulant pas trahir sa nature de sirène, elle ne lui parle pas directement, mais laisse parler la gestielle plutôt que les mots. Ainsi, au bout d'un petit moment à partir duquel Lyli se demande si l'humaine ne va pas craquer, elle lui prend la main, en entremêlant ses doigts dans ceux de la belle. Ce geste ayant pour signification " tiens bon ", ne suffira peut-être pas à aider. Après tout le temps passe, les secondes filent, chaque instant sous l'eau est pour l'humaine un étau qui se resserre de plus en plus. L'oxygène qui manque de plus en plus, le dioxyde de carbone qui chauffe les poumons, et l'envie irrépressible de respirer qui en devient une obsession.
La pauvrette a t-elle besoin de respirer ? Surement, en tout cas tout semble l'indiquer. A moins que le rouge lui montant aux joues ne soit la couleur d'un coup de foudre envers la sirène ? Peu de chance tout de même, malgré que Lyli soit belle. Il lui faut donc agri, et vite. Elle se posera peut-être des question sur les capacités en apnée de Lyli, mais bon tant pis. La sirène va délicatement glisser sa main contre une des joues de la demoiselle, puis pose l'instant d'après ses lèvres chaudes et accueillantes contre les siennes. Un tendre baiser ? Oui, mais pas que... en fait, il s'agit même plus de lui donner de l'air qu'un vrai baiser. Elle pourra alors sentir Lyli, qui lui partage son oxygène, écartant à peine les lèvres pour expirer son oxygène dans la bouche de sa complice. Bon, ce n'est pas aussi efficace q'un grand bol d'air frais à la surface, mais ça l'aidera à tenir bon, de s'oxygéner un peu.
De toute façon heureusement, les bruits de talons à la surface s'estompent. Elles semblent partir ? Parfait, la sirène peut alors enfin rompre le baiser qui scellaient jusque là leurs lèvres, puis, toujours avec ce même sourire, lui fait signe du doigt qu'elles peuvent remonter. Ele doit surement en avoir sacrément envie.