Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Karen Starr

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« Je crois que nous oublions certains éléments cruciaux. »

La phrase de Karen instaura un léger silence de surprise dans la salle de contrôle du S.H.I.E.L.D. Widow, qui avait plus ou moins pris les directions du projet, regarda la femme en fronçant les sourcils.

« Comment ça ? »

Karen regarda brièvement Helena, et se pinça les lèvres. Si Helena était la fille de Bruce Wayne, et assumait, dans leur duo, le rôle de détective, il ne fallait pas oublier que Karen, malgré son arrogance et sa propension à la provocation, était aussi très intelligente. Et, depuis le début de leur séjour en Afrique, elle avait le sentiment que quelque chose lui échappait, quelque chose qui était lié à ce qu’elle avait vu en Europe, contre les forces d’HYDRA.

Consciente que les autres agents attendaient ses explications, Karen se mit à parler :

« Cette fille que j’ai sauvée… Elle furetait près d’une série d’entrepôts situés au port de la ville. Ils sont étroitement surveillés par les miliciens de l’UFLL, et sont recouverts de plomb, de sorte que je n’ai pas pu voir ce qu’il y avait à l’intérieur.
 -  Ces entrepôts abritent la conserve de poissons, expliqua Sheva. Ils sont sous contrôle de l’UFLL, car ils fournissent de la nourriture à la ville. La gamine que tu as sauvé voulait juste manger. »

C’était une bonne hypothèse… Mais Karen n’était pas d’accord.

« Ce qui me trouble, c’est que, en analysant les environs, j’ai vu d’énormes câbles électriques, plantés dans le sol, qui partent du barrage hydroélectrique, et vont jusqu’aux entrepôts. Alors, je sais bien qu’il faut allumer des ampoules, mais cette consommation électrique me paraît anormalement élevée pour une simple conserverie de poissons. »

Widow se tut pendant quelques secondes après les informations de Karen.

« Alors, que suggérez-vous ?
 -  Huntress et moi avons vu des espèces de zombies dans la base d’HYDRA dans les Balkans. Je pense qu’ils étaient liés à la magie  de DeSaad. »

Karen réfléchissait presque à voix haute, et se déplaça un peu.

« Pourquoi DeSaad est venu s’installer ici ? Je crois que nous négligeons une option importante. Nous sommes parties du principe que DeSaad ne cherchait qu’à retourner chez lui, mais…
 -  Quoi donc ?
 -  Darkseid a déjà tenté d’envahir ce monde, et a échoué… Alors, si DeSaad voulait juste rentrer chez lui, pourquoi aurait-il été voir HYDRA ?
 -  Pour récupérer le masque, non ?
 -  Il aurait pu l’obtenir sans lui. Non… Cette nuit, une hypothèse affreuse m’est venue. Celle selon laquelle DeSaad ne serait pas un simple réfugié cherchant à retourner chez son maître, mais envoyé par lui pour préparer la revanche de Darkseid. »

Karen avait fait des recherches pendant la nuit, notamment sur DeSaad, en consultant les archives que son père avait réunies. Elle avait ainsi découvert que DeSaad était l’un des plus proches conseillers de Darkseid. Difficile d’imaginer cet homme, ce puissant mage, venir sur un monde, et être prisonnier de ce dernier, sans aucun moyen de contacter son mentor. Widow, qui commençait à comprendre le raisonnement de Karen, reprit alors :

« La rivière Ubangi est l’une des plus grandes rivières d’Afrique. Et, vers le sud, elle mène droit au fleuve du Congo, et, en tenant compte des autres cours d’eau…
 -  DeSaad développe un virus, et compte utiliser la rivière Ubangi pour le répandre dans l’Afrique. Je suis sûre que cette conserverie de poissons dissimule un laboratoire où l’UFLL expérimente les produits que DeSaad fabrique dans sa base. »

Widow se tut pendant quelques instants, avant de taper rageusement contre la table.

« HYDRA l’aide, assurément… »

Karen hocha la tête.

« La tour de DeSaad n’est plus le seul élément dont il faut tenir compte, maintenant.
 -  Il faut que je me renseigne sur cet entrepôt, trancha Widow. Mais on ne peut plus retarder l’attaque de la tour, nous avons une fenêtre d’ouverture que nous n’aurons plus si facilement… »

Là aussi, Karen était d’accord.

Autrement dit, les choses venaient de se compliquer, et il avait fallu que Karen sauve cette petite fille pour pouvoir enfin le réaliser.

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Pour rejoindre la forteresse de DeSaad, le duo emprunta une pirogue, plus discrète, en un sens, que de se promener à pied. Elles remontèrent ainsi le lit de la rivière, jusqu’à apercevoir la forteresse, qui se dressait au milieu des arbres. Elles purent ainsi voir que la base de l’UFLL disposait de son propre port, ainsi que de hors-bords plus modernes que de simples barques en bois. Il y avait des postes de mitrailleuses tout autour. Karen put voir un escalier en bois menant des quais de la base à la tour. Elles s’arrêtèrent quelques centaines de mètres avant, par mesure de précaution, et Karen s’envola ensuite, apercevant la forteresse ennemie depuis les hauteurs.

Autour de cette dernière, il y avait un cratère évoquant une mine, et, autour du cratère, des baraquements. Plusieurs barbelés séparaient le camp en différents secteurs, dont un où les mercenaires envoyaient les prisonniers, les entassant dans de grandes cages avec des toits en paille. Depuis des miradors, des gardes allumaient des projecteurs, et plusieurs chenils abritaient des chiens de combat.

*Je me demande pourquoi DeSaad a conçu sa forteresse ici, et ce qu’il cherche sous cette tour...*

Car les prisonniers de DeSaad creusaient bien. Karen retourna ensuite attendre Helena devant la pirogue, puis les deux repartirent, remontant la rivière jusqu’à la ville. Elles retournèrent dans leur chambre d’hôtel, et Helena indiqua vouloir juste dormir. Karen, toutefois, n’était pas dupe, et hocha la tête.

« Repose-toi bien, alors, Helena... Mais sache que nous allons nous occuper de lui. »

Karen n’avait pas un discours particulièrement encourageant à faire, car, pour l’heure, depuis le début de cette aventure, elle avait essuyé de sacrés revers.

« Nous sommes parties de rien au début, et, maintenant, l’ennemi est à notre portée... Crois-moi, il ne nous échappera pas ! »

Power Girl l’embrassa sur le front, puis la laissa ensuite dormir dans la chambre. Elle-même n’avait pas spécialement envie de sortir, et préféra donc sortir de l’hôtel, rejoignant la ville. Elle n’était pas forcément très grande, mais il y avait quand même quelques bars et autres échoppes où elle espérait pouvoir obtenir des informations.

La ville n’avait rien d’exceptionnelle. Karen vit quelques bâtiments en pierre, notamment au centre-ville. Peu de voitures, si ce n’est des Jeeps militaires appartenant à l’UFLL. De fait, la milice avait réellement pris le contrôle, et le poste de police de la ville (qui abritait aussi l’hôtel de ville et le service postal) était le siège local de la milice, avec plusieurs posters et affiches propagandistes sur le fronton. Les rares bars ouverts disposaient également des mêmes affiches, la ville étant sous coupe réglée de la milice.

Dans cet environnement, une étrangère comme Karen apparaissait forcément comme la cinquième roue du carrosse. Après une première approche dans un bar, elle partit rapidement. Les mercenaires la regardaient avec une lueur dans les yeux qu’elle ne connaissait que trop bien, et des regards concupiscents vers ses formes. Inutile de déclencher un esclandre.

*Aucune caméra du monde entier ne viendra jamais ici... Ces gens peuvent faire tout ce qu’ils veulent, il n’y a personne pour venir en aide à ces gens...*

Comment un pays aussi magnifique pouvait-il receler autant de cruauté ? Cette région était assurément l’une des plus pauvres du monde, et, même ici, même dans ce lieu abandonné, les gens continuaient à oppresser les autres. Parfois, Karen se demandait pourquoi son père avait voué sa vie à protéger les Terriens. Méritaient-ils vraiment cette aide, eux qui étaient si occupés à s’entredéchirer ?

*Je n’ai pas le droit de raisonner ainsi, ils ne sont pas tous comme ça.*

Karen entendit soudain du bruit, et fronça les sourcils.

« N-Non...
 -  Ta gueule ! »

Puis un claquement sonore, suivi d’un hurlement apeuré. Dans une ruelle, trois mercenaires étaient devant une fillette paniquée, qui était recroquevillée contre un mur.

« Pitié, laissez-moi... !
 -  Alors que tu as furètes près des entrepôts ? Ce n’est pas la première fois qu’on te repère, sale voleuse !
 -  On sait que tu recherches tes parents... Alors, on va te faire plaisir, le Maître recherche justement quelqu’un comme toi... »

L’idée sembla l’épouvanter, et elle tenta à nouveau de fuir, mais une main ferme se saisit de ses cheveux, et la jeta à nouveau au sol. Le mercenaire déboucla ensuite sa ceinture.

« M’en vais t’apprendre le respect, moi, sale... »

Il leva sa main, prêt à abattre la ceinture... Quand une force inconnue retint brusquement la ceinture. Surpris, le mercenaire se retourna.

« Que... ? »

Une indescriptible onde de choc le décolla du sol, et l’envoya s’écraser lourdement contre le mur. Karen se retourna ensuite vers les deux autres tueurs. Courageux, et sans doute un peu ivre, l’un s’élança vers elle avec un couteau. Karen dut surtout faire attention à ne pas le tuer par inadvertance. Elle le repoussa à son tour, et il passa à travers la fenêtre d’une maison abandonnée. Le dernier eut le réflexe de sortir son pistolet, pointant la femme.

« Putain, mais t’es qui, toi, je... Haaaa... ! »

Le pistolet de l’homme devint soudain brûlant, et il le lâcha... Puis Karen s’élança vers lui, les yeux rouges, et le saisit à la gorge, et le plaqua au sol.

« ’Me tue pas, pitié !
 -  Qu’est-ce que vous voulez à cette petite fille ?
 -  On voulait pas lui faire de mal à cette souillonne, juste... Juste l’impressionner ! Putain, putain, ‘me tue pas, ‘me tue pas...
 - Pourquoi ?
 -  Elle furetait près des entrepôts ! Ils ont pas le droit de s’approcher ! Mais on voulait juste l’impressionner, pitié ! »

Karen grogna, consciente que les beuglements de l’homme risquaient d’attirer les miliciens situés dans le bar à côté. Elle le neutralisa donc, puis se retourna vers la jeune fille, qui pleurait dans son coin, recroquevillée près des poubelles. Karen fléchit le genou, et tendit sa main vers elle, ses yeux retrouvant une couleur normale.

« Hey... Tu vas bien, petite ? »

Aucune réaction. Karen se pinça les lèvres, en entendant des bruits de pas qui se rapprochaient.

« Petite... Je m’appelle Karen. Écoute, on peut pas rester là...
 -  J’veux mon Papa et mon Maman...
 -  Je vais les retrouver... Mais il faut qu’on parte. »

Karen finit par la prendre entre ses bras, et disparut rapidement, retournant vers l’hôtel.

Le temps d’arriver à sa chambre, la gamine dormait déjà profondément. Karen la regarda silencieusement, voyant les traces de crasse sur son visage, ses bras malingres, son corps souffrant de l’absence de nutrition...

*Bordel...*

Quelque chose lui disait qu’elle n’était pas encore au bout de ses peines et de ses révélations... Mais, pour l’instant, elle préféra laisser la petite dormir, tout en attendant l’aube.

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Karen était certes super-intelligente, mais il ne fallait pas croire qu’Helena était une idiote. Si elle ne disposait d’aucun superpouvoir, elle avait, en revanche, hérité de l’intelligence exceptionnelle de Bruce Wayne, le plus grand détective du monde, et elle avait accès aux immenses richesses de Starr Industries, l’entreprise de haute technologie florissante de Karen. De retour à leur petit hôtel à Mobayi-Mbongo, elle savaient, depuis la fenêtre, une belle vue sur la rivière Ubangi. Karen se retourna vers Helena quand elle lui annonça avoir inventé un dispositif capable de perturber la magie. L’appareil se présentait sous la forme d’un harnais, et, rapidement, Karen le scanna avec ses rayons-X. Au centre du disrupteur, il y avait un cristal.

« De l’obsidienne... Tu as été le chercher sur Terra, je suppose ? »

Sur Terra, les cristaux en obsidienne étaient utilisés principalement par les esclavagistes, car ils avaient l’incroyable capacité de perturber le fonctionnement de la magie. Toutefois, Karen savait que l’obsidienne ne fonctionnait pas contre les magies très puissantes. Elle savait aussi qu’il existait une variante plus puissante encore que l’obsidienne, le diméritium, ou dymérite, mais ce matériau était extrêmement rare. Karen hocha donc la tête en attrapant l’objet, et fila dans sa chambre pour l’enfiler, finissant en sous-vêtements.

« Je vais l’enfiler tout de suite, Helena... » annonça-t-elle par-delà la porte.

Elle glissa le harnais sur elle. Il était composé de lanières en cuir, et elle constata rapidement, en se regardant devant le miroir, que l’ensemble ne servait pas qu’à la protection, et sourit donc. Le harnais descendait jusqu’à son entre-jambes, ce qui fit qu’elle dut aussi retirer sa culotte, et retira également son soutien-gorge. Le cristal se trouvait au centre, et elle caressa la tenue, avant de se pincer les lèvres.

*Ce n’est pas raisonnable, mais nous ne sommes pas non plus à une heure près... Ou deux...*

Elle ressortit alors de la chambre commune, arrivant dans le salon. Helena s’apprêtait à partir, mais Karen lui sourit, avec une lueur pernicieuse dans les yeux, que son amie et amante devait bien connaître.

« Je parie que tu ne l’as pas conçu que pour ma protection, Helena... Parce que, sinon, tu aurais fait un simple collier, ou un pendentif... Et puis, ton harnais me gratte un peu là... »

Du doigt, elle désigna ses fesses, avant de sourire.

« Alors, il va falloir que tu m’aides à m’y habituer, ma chérie... »

Et, vu le ton employé, Karen ne souffrirait aucun refus. Elle attrapa ainsi le poignet d’Helena, et s’enferma avec elle dans leur chambre...



Trois heures plus tard...

Le soleil était en train de se coucher, et, le long de la rivière Ubangi, des pirogues remontaient la longue rivière. C’était un spectacle de toute beauté, que Karen pouvait voir, en étant assise sur l’herbe, à l’arrière de l’hôtel, au sommet d’une petite colline surplombant la rivière. La tête d’Helena était posée sur sa tête. Dans cet environnement sec et chaud, elles avaient quitté une chambre qui s’était transformée en sauna, et étaient donc sorties pour prendre l’air.

En bas, il y avait un petit chemin qui menait vers le « port » de Mobayi. Aucun paquebot, aucun entrepôt, mais une série de pontons et d’embarcadères en bois, où des pirogues venaient et repartaient. On trouvait essentiellement des pêcheurs, et, très rarement, quelques touristes. La région était trop isolée du monde pour pouvoir avoir beaucoup de tourisme. L’hôtel n’avait pas de WiFi, et Internet était balbutiant ici. Karen était connectée par satellite au réseau de son entreprise, mais, même avec elle, le réseau saturait aussi.

« On a du mal à se croire au 21ème siècle, ici, Helena... En d’autres circonstances, je serais ravie de faire des vacances ici. Te faire l’amour au milieu de cette rivière, par exemple, alors que le soleil se couche sur ton corps, ça doit être magnifique... »

La situation ne se prêtait guère à l’humour. DeSaad avait asservi toute cette région, et disposait d’esclaves qu’il tuait à la tâche. Mais il fallait bien se détendre, après tout. Et, au moins, Karen avait l’assurance que le harnais d’Helena était solide.

« Merci pour ton cadeau, Helena... »

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L’aide d’agents externes n’était pas de refus pour le S.H.I.E.L.D. L’organisation avait des ressources, indéniablement, mais avait affecté peu de métahumains pour cette mission, de peur qu’ils ne soient repérés par DeSaad. La présence de Karen était donc un risque, mais nécessaire. Ses pouvoirs n’étant pas d’origine magique ou mutante, il y avait aussi peu de chance que DeSaad ne la repère. Pendant qu’Helena et Natalia discutaient du plan, et qu’elle les écoutait, elle ne cessait, bras croisés, de regarder cette tour. Tout ça lui rappelait de mauvais souvenirs. DeSaad faisait partie des plus proches conseillers de Darkseid, de ceux qui avaient détruit son monde natal. Même aujourd’hui, elle se rappelait encore du chaos, de la destruction, des milliers de morts… En quelques heures, Darkseid avait tué des millions de gens en faisant apparaître des puits de téléportation dans des zones hautement peuplées. Son armée avait déferlé sur le monde, un chaos comme on n’en avait jamais connu auparavant. Toutes les armées nationales avaient été dépassées par les évènements, et le monde entier avait dû s’appuyer sur les super-héros pour coordonner une résistance mondiale. Karen et Helena étaient parties, et, aujourd’hui encore, elle ignorait si Earth-2 avait pu se reconstruire. Elle ne pouvait guère que spéculer sur les chances de survie de son monde.

Et voilà maintenant que le passé se rappelait à elle. Karen n’osait imaginer ce à quoi ce mage noir devait se livrer dans sa tour, aux expériences sinistres qu’il réalisait. Surtout, elle se sentait inutile contre lui. La magie avait toujours été le point faible des Kryptoniens, et elle, elle avait l’habitude de tout miser sur l’attaque. Ici, il allait falloir qu’elle se montre prudente, qu’elle fasse attention aux sortilèges de cet individu sinistre, qui voulait répandre le chaos sur ce monde.

« Power Girl restera en soutien. Je ne veux pas être médisante, mais, avec votre nature de Kryptonienne, si vous entrez dans la base ennemie, DeSaad vous sentira. Vous n’interviendrez que si les évènements dégénèrent. Je grimperai avec vous à l’intérieur de la tour, Helena, et je laisserai le soin à Alomar d’évacuer les prisonniers. »

Sheva Alomar acquiesça. L’idée était d’appliquer la stratégie du cheval de Troie, en faisant entrer des éléments, afin d’ouvrir les portes de la base ennemie, et permettre à des renforts d’approcher pour faciliter l’évacuation des multiples prisonniers situés à l’intérieur.

« Ce plan me va. De toute manière, j’ai toujours été plus douée pour défoncer des murs que pour m’infiltrer. Si jamais tu es en difficulté, Helena, je viendrais.
 -  En attendant, familiarisez-vous avec les lieux. Comme je vous l’ai dit, il me faut réunir plus d’informations sur nos ennemis, et planifier notre attaque. »

Karen acquiesça, et s’approcha d’Helena, venant enrouler son bras autour de sa hanche.

« On va en profiter pour découvrir les lieux… Faire les touristes. Après tout, je suis censée voir ce que votre ONG fait de l’argent que ma société vous fournit, non ?
 -  Vous avez une chambre à l’hôtel de Mobayi, intervint Sheva. Ce n’est pas du grand luxe, mais ce sera toujours mieux que rien. »

La Kryptonienne la remercia, puis demanda à Helena de la suivre. Le duo sortit du repaire du S.H.I.E.L.D., sortant à l’air libre. Karen huma l’air de la jungle, et regarda autour d’elle. Au-delà du dispensaire et des quelques tentes blanches, il y avait une végétation dense et luxuriante.

« Je refuse que ce monde connaisse le même sort que le nôtre, Helena. Mais je sais aussi que je suis faillible face à DeSaad et sa redoutable magie. Ce n’est pas un mage noir ordinaire, il vient d’Apokolips, l’un des endroits les plus abominables de la Création. »

C’était inhabituel de la voir ainsi. Karen avait toujours été sûre d’elle, affrontant crânement les dangers, sachant que rien ne pouvait l’abattre. Cette certitude, cette assurance inébranlable, avait toujours constitué le pilier de leur relation. Mais, après avoir affronté DeSaad à plusieurs reprises, Karen pouvait laisser s’exprimer ses doutes. Continuer à nier, ça aurait été faire preuve d’un aveuglement irresponsable.

Elle regarda donc son amie et amante, pour conclure :

« Cette fois, je crois que c’est moi qui vais avoir besoin de toi. Je dois trouver un moyen d’améliorer ma défense. Tu vois, moi, quand il faut se battre, je fonce toujours sur la cible sans réfléchir à me protéger, et… Face à quelqu’un comme DeSaad, une telle approche ne fonctionnera pas. Alors… Qu’est-ce que tu ferais, à ma place ? »

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« L’important est de ne pas agir de façon précipitée, répliqua rapidement Widow. DeSaad est là depuis des mois, au moins. Et, comme vous avez pu le remarquer, vous n’aurez aucun soutien des autorités légales, qui appartiennent toutes à l’UFLL. »

Karen acquiesça silencieusement. L’infiltration, ce n’était pas trop son point fort. Elle, elle était plutôt l’artillerie lourde, fonçant dans le tas. En fait, pour autant qu’elle s’en rappelle, Karen n’avait jamais accompli une seule mission d’infiltration. Quand il fallait crocheter discrètement une porte, elle, soit elle la défonçait d’un coup de poing, soit elle la faisait fondre avec ses lasers. Helena avait exposé ses options, et Natalia lui donnait ce qu’elle voulait savoir : des informations supplémentaires.

La Widow se rapprocha de la table numérique au centre, et appuya sur plusieurs boutons. Une carte holographique de la région flotta devant elles, comme dans tous ces vieux films d’espionnage, et elle fit apparaître plusieurs lignes rouges en pointillé, entourant la Tour et le site.

« Vous avez dû voir les caméras de sécurité, les patrouilles, les chiens... DeSaad est paranoïaque. L’endroit est protégé par ses runes magiques. Passer par les hauteurs est exclu, compte tenu de l’étroitesse de la zone. Nous serions repérées en moins de deux. Passer par la jungle est également difficile, même si cette option me tente. Le problème est que la zone est extrêmement surveillée, et que je ne serais pas surprise que DeSaad ait plus que les miliciens de l’UFLL pour le protéger. »

Widow avait eu le temps d’analyser la zone, et faisait un compte-rendu très lucide. C’était une jungle très dense, et elle ne s’était jamais trop approchée des clôtures électriques entourant le repaire de leur ennemi.

« Le mieux me semble en effet de passer par la ville proche, et de nous infiltrer par les camions de livraison. Ils sont fouillés, mais j’ai pu voir cette fouille de loin, il y a moyen d’échapper à ces contrôles. »

Après tout, on cherchait surtout à fuir de la tour, pas à y entrer.

« Officiellement, la tour est une exploitation minière, et, vu la pauvreté des lieux, les ressources acheminées par les camions viennent d’une ONG. C’est aussi ce qui explique pourquoi DeSaad tolère la présence de ce dispensaire. Sans la fourniture de nourritures et de médicaments, il aurait depuis longtemps perdu le contrôle sur la population locale.
 -  Donc, votre plan est de vous infiltrer dans la gueule du loup ? résuma Karen.
 -  Ça a toujours été ma stratégie. Nous disposons de contacts à l’intérieur, des miliciens de l’UFLL qui savent que DeSaad est un despote. Nous sommes en train de mettre sur pied une vaste opération d’exfiltration des prisonniers. Ce qui est sûr, c’est que, quand nous attaquerons, il faudra tout régler en une fois, que ce soit les prisonniers, ou DeSaad. »

Power Girl hocha la tête. C’était logique, de toute manière. Dès que les prisonniers seront libérés, DeSaad saura que sa position n’est plus sûre, et, soit précipitera ses plans, soit s’enfuira ailleurs... Ce qu’il fallait éviter dans tous les cas de figure.

« Les camions récupèrent des biens qui sont entreposés dans un entrepôt de la ville où vous êtes arrivées. C’est par là qu’il faudra commencer, quand tous les détails du plan seront prêts, et que ce dernier sera finalisé. »

Natalia reprit à nouveau, en se tournant vers Helena :

« D’autres questions ? »

96
La Jeep quitta la ville pour remonter le long de la rivière Mbomou. Le coin ne manquait pas de charme, et était un véritable retour en arrière. Karen avait le sentiment d’être dans une région intemporelle, sauvage et vierge, avec cette longue étendue d’eau qui longeait les arbres. La Jeep s’avançait rapidement, ralentissant néanmoins souvent en arborant des virages. Mal entretenue, la route était traversée par des racines, des nids-de-poule.

« Le barrage que vous avez vu est au centre des tensions actuelles. Les milices sont proches, et elles en ont pris le contrôle. Économiquement, ce barrage est un secteur très sensible.
 -  Et le gouvernement ne réagit pas ?
 -  Les gouvernements, précisa Shaïra. Ce barrage fait l’objet d’une convention datant de 1986 entre la Centrafrique et l’ancien Zaïre. Les deux États sont concernés, mais nient officiellement que le barrage ne leur appartienne plus. Il est entre les mains de la milice locale, l’UFLL. »

L’UFLL était un acronyme pour « United Front for Liberation and Labour », dont on pouvait voir les affiches de propagande dans la ville. Sheva leur expliquait que la situation était critique, et que le gouvernement n’avait tout simplement pas les moyens de lutter contre l’UFLL. L’agent Alomar tenait le volant en continuant à leur expliquer que l’UFLL était une milice apparue il y a quelques années.

« Elle est le bras armé de DeSaad. Pour l’heure, l’UFLL tolère la présence de l’USA, l’Union Solidaire Africaine, mais j’ai peur que tout cela ne risque de s’atténuer. »

Il fallut plusieurs heures pour rejoindre les zones litigeuses, et Karen put noter la multiplication de postes de garde. Des mercenaires locaux les regardaient méchamment, tout en les laissant passer, Sheva ayant, outre des documents officiels, des billets à offrir pour graisser la patte de ces « fonctionnaires » violents et cruels. C’est ainsi que le trio rejoignit un campement humanitaire composé de plusieurs tentes blanches, abritant les locaux de l’USA.

« L’USA sert de couverture pour les opérations d’infiltration et de récupération des civils, que nous extrayons ensuite la nuit par bateaux de l’autre côté de la rivière. »

La tour de DeSaad était ici relativement proche. Karen laissa Helena s’en rapprocher, tout en se renseignant sur le camp. L’USA était une couverture dissimulant les activités du S.H.I.E.L.D., et elle s’avouait surprise de voir les talents de l’organisation à créer une couverture légale. Le camp avait été bâti le long d’une église abandonnée, et, à l’intérieur, la crypte avait été reconvertie en centre logistique et informatique.

Helena finit par revenir, et rejoignit le duo dans l’église. La crypte était bourdonnante, avec de multiples ordinateurs, des cartes holographiques, le soutien d’un satellite-espion filmant en temps réel la Tour de DeSaad. Helena demanda à Sheva de l’assister, mais ce fut une autre femme qui répondit.

« C’est plutôt moi qui connais le terrain, Miss Wayne. »

Coulson leur avait parlé d’elle. Vu la difficulté de la mission, la légendaire Black Widow avait été assignée à cette mission.

« La Tour est lourdement gardée, comme vous avez dû le remarquer. Quel est votre plan d’attaque ? »

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Qu’Helena précise qu’elles coopéraient dans cette opération ne changerait, dans le fond, pas grand-chose. Elles allaient se rendre dans une région hostile, sous la coupe gardée de miliciens brutaux, sauvages, violeurs, connus pour leurs exactions multiples, et sous l’autorité d’un mage surpuissant. Dans de telles circonstances, elles allaient nécessairement devoir suivre les ordres du S.H.I.E.L.D., ne serait-ce que parce que c’était grâce à l’organisation qu’elles s’infiltreraient. Mais, pour l’heure, en-dehors de ces considérations, les deux jeunes femmes se serrèrent mutuellement.

« Je t’aime, Helena... Ne t’en fais pas, on va lui botter le cul, à ce foutu mage. »

Karen sourit. Comme à son habitude, elle était toujours aussi bravade, inflexible. C’était bien elle, la Kryptonienne, l’invincible guerrière, sans peur et sans reproche, qui ne reculait devant aucune adversité. Une présence rassurante et forte. Helena avait beau être la fille de Bruce Wayne, elle pouvait parfois se montrer nerveuse, a fortiori dans une telle situation, où elles avaient frôlé la Mort à plusieurs reprises. Karen sentit qu’Helena ne se contenterait pas des prétentions usuelles de son amie cette fois, et Power Girl, après quelques secondes, reprit :

« Ce sera difficile, mais on va y arriver, Helena. DeSaad est puissant, mais, maintenant, on sait à quoi s’attendre. Je suis vulnérable à la magie, mais pas autant qu’à la kryptonite. Et puis, nous avons déjà affronté des magiciens. »

Power Girl hocha la tête, et embrassa encore Helena.

« Je serais prudente... Mais, qu’on le veuille ou non, il va falloir suivre les ordres du S.H.I.E.L.D., cette fois. »

Elles n’avaient pas d’autres options, si elles voulaient s’en sortir.



Plus tard
Aéroport Kotakoli
Région de Mobayi-Mbongo
République centrafricaine



Le Jodel D-140 survolait la rivière, perdue au milieu de la jungle. Une épaisse étendue d’eau, comme un bras bleu qui coupait en deux une vaste étendue d’arbres et de montagnes disparaissant à perte de vue. Depuis cet avion inconfortable, Karen essayait de se focaliser sur le paysage, plutôt que de bouillonner sur place. Elles avaient rejoint un Helicarrier du S.H.I.E.L.D. en Méditerranée, et avaient ensuite rejoint la région en se faisant passer pour des civiles, menant une opération humanitaire dans la région. Comme on pouvait le supposer, le plus important, pour l’heure, était de ne pas attirer l’attention, et, pour ça, il était nécessaire de bénéficier de cette couverture.

« Nous survolons l’Oubangui, Mesdames. Ce que vous voyez, là, c’est l’un des rares exemples de réussite économique africain fonctionnant sans le soutien de l’homme blanc. »

Tout le long de la frontière entre la Centrafrique et le Congo, il y avait ce cours d’eau, l’Oubangui, qu’on appelait aussi la rivière Mbombo. Et, dans cette région, Karen vit un singulier spectacle. Au milieu du fleuve, des gardiens de fer étaient plantés dans l’eau, reliés entre eux par des câbles. Le barrage de Mobaye-Mongo, officiellement inauguré le 24 novembre 1989, constituait un étonnant signe de modernité au milieu de cette région très pauvre, industriellement peu développée. Impossible de venir avec un jet ici, car il n’y avait pas de piste assez grande pour lui permettre de se poser.

Et, à côté de ce barrage, il y avait la petite ville de Mobaye.

« Dites-vous qu’avant ce barrage, Mobaye n’avait pas l’électricité... »

Autrement dit, il avait fallu attendre 1989 pour que les quelques milliers d’âmes peuplant cette ville perdue puissent s’illuminer à autre chose que la bougie. Cette simple anecdote mettait bien en perspective les différences économiques et sociales criantes entre les pays développés et ces régions très pauvres africaines.

L’avion aborda sa descente, cahotant sur place, avant de se poser sur une piste de terre, bien loin des impressionnants aéroports japonais ou occidentaux. Il trembla sur place, avant de terminer sa course, soulevant quantité de poussières et de mottes de terres, pour finir par se stabiliser.

« Et voilà ! »

Le pilote était un proche du S.H.I.E.L.D., qui les laissa descendre. La région était sûre, ici. C’était, pour Karen et Helena, une base de départ, avant de rejoindre des terres plus dangereuses.

Les deux femmes sortirent. Elles avaient peu de bagages, et, alors que Karen regardait autour d’elle, elle vit une Jeep se rapprocher lentement, remontant l’étroite piste d’atterrissage, pour s’arrêter près d’elles.

« Madame Starr ? Madame Wayne ?
 -  C’est bien ça. Qui êtes-vous ?
 -  L’agent local du S.H.I.E.L.D... Sheva Alomar. Montez, je suis là pour vous. »

98
« Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps, DeSaad se trouve au Congo.
 -  Qu’est-ce qu’il fabrique là-bas ? »

De la main, Coulson abaissa la manche de son costume, révélant ainsi sa montre, et appuya sur cette dernière. Comme dans l’un de ces vieux films autour de James Bond, le cadran de la montre se mit à briller, et émit une image holographique, montrant ainsi des photographies et des vues satellites.

« Il a construit une tour dans une région limitrophe entre le Congo et la Centrafrique, une région sinistrée à cause de la guerre civile qui règne en Centrafrique. »

Le conflit avait éclaté de 2013 à 2014, opposant les milices de la Seleka, organisme pro-musulman soutenant le Président en place, à des communautés chrétiennes, les anti-balaka. Même si le conflit avait été officiellement terminé en 2014, le pays en portait encore les stigmates. La Centrafrique était après tout l’un des pays les plus pauvres du monde, et son voisin congolais, lui, avait été durement éprouvé par des conflits récents, résultant du génocide rwandais. Autrement dit, DeSaad avait choisi une région extrêmement pauvre, livrée en pâture aux milices de la Seleka, qu’on appelait maintenant le FPRC (Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique).

La Seleka était tristement connue pour les exactions qu’elle faisait, et, d’après les rapports du S.H.I.E.L.D., la région de DeSaad était sous le contrôle de groupes paramilitaires.

« La population y vit totalement asservie, et la zone est bouclée. »

Le repaire de DeSaad se trouvait le long de la rivière Mbomou, qui marquait la ligne de démarcation entre les deux nations. Un endroit isolé entre les montagnes, où DeSaad avait bâti son quartier général sur la sueur et les larmes des civils, asservis, transformés en esclaves, contraints de servir DeSaad. Grâce à sa magie, il avait subjugué les miliciens locaux, qui lui permettaient de contrôler la population. Comme toujours, Karen était très impressionnée par le degré de renseignements très pointu du S.H.I.E.L.D.

Coulson leur montra même une photographie de la Tour. C’était une grosse structure grise dressée au milieu de la jungle, entourée par des miradors et un camp militaire.

« DeSaad a bâti sa tour sur des mines, et je suppose qu’il cherche des matériaux particuliers pour ses machines. Le plus inquiétant, c’est néanmoins qu’il utilise sa technologie et sa magie pour améliorer ses hommes.
 -  Comme les monstres que nous avions vu en Italie ?
 -  Exactement. Nous avons envoyé Black Widow sur place, c’est elle qui nous a fourni ces éléments. La région, comme je vous le disais, est pauvre. Il y a quelques villages et hameaux, des fermes, des scieries... De nombreux villages ont été détruits, et d’autres abandonnés, car les civils travaillent comme des forçats dans la mine de DeSaad. »

L’agent du S.H.I.E.L.D. ne leur épargna pas les photos les plus dures, pour bien leur montrer qu’il y avait urgence à intervenir. DeSaad opprimait la population, dirigeant par la terreur. Des gibets étaient dressés dans la grande ville locale, ainsi que des pelotons d’exécution.

« Quels sont vos plans ?
 -  Nous pourrions mener une opération en force, mais qui exposerait la vie des prisonniers de DeSaad. Pour cette raison, nous pensons qu’une opération d’infiltration est la meilleure option possible.
 -  Oui... Je suis d’accord. »

Coulson n’avait pas encore tout dit, et modérait son effet.

« Nous savons que votre entreprise reverse une importante partie de ses dividendes dans les ONG et les aides caritatives. Or, il s’avère, après examen de votre comptabilité...
 -  Comment avez-vous eu accès à mes données comptables ?!
 -  Nous sommes le S.H.I.E.L.D.
 -  Ah... »

C’était la réponse magique. Coulson reprit ensuite :

« Il existe une ONG située le long de la rivière Mbombu. Elle ferait la parfaite couverture pour se rapprocher de DeSaad sans qu’il ne nous repère.
 -  Je croyais que vous aviez déjà une agente sur place ?
 -  Elle ne peut pas assurer l’évacuation des civils seule. Il lui faut une équipe de soutien, un moyen d’évacuation rapide... Et, vu que DeSaad est proche de Zemo, nos couvertures habituelles sont sujettes à caution. C’est pour ça que je pense qu’une association entre vous et le S.H.I.E.L.D. me semble être la meilleure option possible. »

Laissant planer quelques secondes pour ménager son effet, il reprit :

« Qu’en pensez-vous ? »

99
« Eh bien… Bien que je sois infiniment flattée que tu puisses concevoir l’Au-Drlà comme étant Starr Island, l’honnêteté me force malheureusement à te dire que tu es toujours sur Terre, et toujours bien vivante. »

Karen lui raconta ensuite comment elle l’avait sauté de l’effondrement de la base de Zemo. Elle l’avait sauvé dans l’ascenseur alors que tout s’effondrait, et les deux femmes s’étaient retrouvées sous les débris. Grâce à sa vision explosive, Karen avait réussi à ouvrir un passage, et était partie en emmenant Helena avec elle. Elle avait volé le plus vite possible vers Starr Island, et avait administré à Huntress des soins importants. Néanmoins, le corps d’Helena commençait à atteindre ses limites. Elle avait été grièvement blessée plusieurs fois depuis leur opération en Italie, et, même si elle disposait d’une constitution exceptionnelle, Karen avait dû lui administrer plusieurs séries de sédatifs et de tranquillisants, afin de lui permettre de se reposer, et ce quand bien même, au cours des opérations, Helena s’était réveillée à plusieurs reprises.

Son amante n’en conservait néanmoins aucun souvenir, ses réveils ayant été très brefs. Néanmoins, elle semblait maintenant rétablie, même si elle avait encore besoin de repos. Très rapidement, Helena enchaîna sur DeSaad, et Karen se pinça les lèvres.

« Zola et DeSaad se sont enfuis. DeSaad a malheureusement réussi à partir avec le masque. J’ignore où il se trouve, et je…
 -  Nous savons où il est », compléta brusquement une voix dans le dos de Karen.

Elle se retourna précipitamment, et ne fut guère surprise de voir Coulson et Quatermain s’approcher. Pour autant, elle n’était pas spécialement heureuse de les voir approcher, et serra nerveusement son poing.

« Je croyais vous avoir dit d’attendre dans la salle de réunion.
 -  J’en ai eu assez de ce jeu de dupes. Nous savons très bien à quoi vous jouez, toutes les deux. Vous, Helena Wayne, utilisez les ressources de Karen pour sauver la veuve et l’orpheline d’un bout à l’autre du monde. Et vous, Karen, êtes l’une des personnes les plus puissantes sur Terre.
 -  Vous pensiez sincèrement que nous laisserions une Kryptonienne se promener librement sur Terre sans la surveiller ? Nous sommes le S.H.I.E.L.D., Mesdames ! »

Karen n’avait rien à dire. Elle aurait encore pu continuer à nier, mais, en l’occurrence, ça n’aurait servi à rien. Elle soupira donc, et expliqua à Helena que le S.H.I.E.L.D. les avait vus, et que ces deux types, Phil Coulson et Clay Quatermain, faisaient partie de cet organisme dont elles se méfiaient.

« Nous faisons partie de l’équipe des bons, Mesdames. Darkseid est déjà venu sur ce monde, et, personnellement, je n’ai aucune envie de le voir revenir à cause des machinations de son mage.
 -  Maintenant qu’il a le masque, il va pouvoir ouvrir un portail vers Earth-2…
 -  Sauf si nous le stoppons avant.
 -  Parce que vous savez vraiment où il est ?
 -  Nous avons… Nos sources. Mais, avant ça…
 -  On doit s’assurer que vous n’allez pas nous faire faux bond, et agir seules de votre côté. Parce que, vu votre dernier succès contre DeSaad, je doute que vous y arriviez toutes seules…
 -  Et il serait idiot de notre part d’aller s’en prendre à quelqu’un comme DeSaad en se privant des bras d’une Kryptonienne et des capacités tactiques d’Huntress. Autrement dit, nous devons collaborer. »

Karen resta silencieuse pendant encore quelques instants, puis se retourna finalement vers Helena :

« Qu’est-ce que tu en penses ? »

100
Deux jours avaient passé depuis l’effondrement des Balkans. Comme prévu, le S.H.I.E.L.D. était venu inspecter les décombres. Karen aurait espéré être tranquille... Mais, aujourd’hui, dans son bureau, elle était face à deux agents, l’un portant des Ray Ban Aviator, affichant sur ses lèvres un sourire décontracté. Phil Coulson était en compagnie de Clay Quatermain, un élégant blond avec une barbe, qui avait un blouson de cuir et un jean.

« Je ne vois pas de quoi vous parlez...
 -  Un missile nucléaire qui explose dans l’espace ? Il y a peu de personnes qui peuvent se vanter d’un tel exploit...
 -  Je peux vous citer au moins dix personnes capables de faire ça. »

Ils étaient dans une grande salle de réunion, avec d’épaisses baies vitrées permettant d’éclairer toute la pièce, et une grande table ovale. Face à elle, Coulson et Quatermain ne se laissèrent pas démonter. Karen avait enfilé un élkégant tailleur blanc avec des bords noirs, lui donnant un air sévère, vu qu’elle avait resserré ses cheveux dans un étroit chignon. Elle avait presque un profil de maîtresse d’école, même si on pouvait, en l’occurrence, juste retenir le « maîtresse » pour la caractériser.

Coulson lui montra une série de clichés flous, pris depuis un satellite-espion, mais qui montrait, sur certains, une silhouette blanche avec une cape rouge qui soulevait un missile.

« Vous savez, je gère une compagnie, je n’ai pas le temps de faire ce genre de pitreries...
 -  Pour votre information, ce missile appartenait jadis à l’URSS, et fait partie des stocks d’ogives nucléaires que l’HYDRA a réussi à subtiliser, en profitant de l’effondrement du bloc soviétique.
 -  Eh bien, je suis ravie de savoir que des personnes bien attentionnées veillent sur nous...
 -  Hmmm... Et... Il y a aussi eu cet effondrement en Italie, il y a quelques jours... Où de multiples témoins mentionnent avoir vu une femme avec une chevelure blonde, une combinaison blanche, cracher des lasers avec ses yeux, et... Qu’est-ce qu’ils disaient d’autres, déjà ?
 -  Qu’elle avait une forte poitrine ?
 -  Ça, oui... Et... Il y a aussi cette femme qui portait une combinaison violette, et dont le portrait-robot dressé par les témoins ressemble très étrangement à nos images d’archive sur une certaine Huntress.
 -  Tout ça devient ridicule, Messieurs. L’Italie, les Balkans... Vous croyez vraiment que j’ai le temps de faire tout ça, tout en développant une compagnie comme la mienne ?
 -  Sans parler des débris d’un avion que nous avons retrouvé dans les Balkans... Et qui contient des pièces d’équipement classifiés appartenant exclusivement à votre compagnie...[/color]
 -  Oh... »

Elle savait de quoi il s’agissait.

*Oops !*

C’était le vaisseau qu’Helena avait utilisé pour rejoindre les Balkans. Dans la précipitation, ce dernier avait disparu dans l’effondrement de la vallée. Autant dire que le S.H.I.E.L.D. n’avait pas chômé. Karen aurait pu se confier à eux, mais, comme toujours, elle n’avait qu’une confiance relative dans le S.H.I.E.L.D., peinant à y voir autre chose qu’une organisation soucieuse de restreindre son indépendance. De plus, elle avait d’autres soucis, en ce moment, que le S.H.I.E.L.D... Comme DeSaad.

Coulson et Quatermain savaient qu’ils tenaient quelque chose, et Clay poursuivit :

« Nous vous avons autorisé à utiliser votre technologie surdéveloppée, pour peu que vous nous garantissiez être la seule à vous en servir. Ce qui implique deux choses, puisqu’il est établi que nous avons retrouvé votre technologie dans un chasseur détruit...
 -  ...Soit vous vous trouviez effectivement aux Balkans, et, auquel cas, ce serait une violation de nos accords...
 -  ...Soit on vous a volé votre technologie, et, auquel cas, ce serait...
 -  ...Une violation de nos accords... » compléta Phil.

Karen se pinça lentement les lèvres, en les regardant à tour de rôle, puis soupira encore.

« Écoutez, je... »

Sa montre bipa alors, et elle s’arrêta brusquement. Ce signal... Les joues de Karen s’empourprèrent, et elle se redressa brusquement, manquant de renverser sa chaise.

« Excusez-moi, Messieurs, j’ai une urgence, je reviens sous peu. »

Laisser seul deux agents du S.H.I.E.L.D. dans ses bureaux était risqué, mais ce signal l’avertissait qu’Helena venait de sortir du coma ! Et puis, elle aurait l’occasion de gérer plus en détail les tracas que le S.H.I.E.L.D. lui causait par la suite. Helena, pour l’heure, restait sa plus grande priorité. Karen rejoignit donc précipitamment le bloc médical, où elle aperçut Rose, l’infirmière en charge d’Helena, qui rougissait benoîtement dans le couloir.

« Ka... Karen-sama ! Wayne-sama est... Est réveillée !
 -  C’est pour ça que je suis venue... »

Le cœur de Rose battait furieusement dans sa poitrine. Sa tenue d’infirmière était très particulière, mais le bloc médical de Karen lui appartenait, après tout, et il était normal qu’elle impose à ses employées des tenues qui leur allaient bien. Vu ses rougeurs aux joues, et la manière dont son cœur battait frénétiquement dans sa poitrine, il ne faisait aucun doute que la jeune femme avait subi quelques avances d’Helena.

Sur cette bonne note, Karen rentra dans la chambre, et sourit devant Helena, qui, bien que fatiguée, semblait d’attaque. Quand elle lui demanda comment elle allait, Karen sourit, et s’assit sur le rebord du lit, puis posa une main sur la joue d’Helena, et s’empressa de l’embrasser.

« Hihi, c’est plutôt à moi de te demander ça, ma chérie... Mais, vu l’état dans lequel tu as mis ma pauvre Rose, j’en déduis que certains réflexes te sont déjà revenus... »

Elle n’était pas la fille de Bruce Wayne pour rien, après tout.

101
Karen n’attendit guère, et fit marche arrière, filant vers les missiles. Malheureusement, la destruction des missiles était prioritaire à la survie d’Helena. Zmeo n’avait pas menti, et Karen vit un missile s’enfoncer dans les airs.

*Merde ! Dépêche-toi !*

Usant de sa vitesse, Power Girl fila à toute allure, rejoignant l’engin de mort, et se posa sur ce dernier. Le faire exploser en l’air était bien trop dangereux, car il y aurait des retombées radioactives, alors elle chercha rapidement un panneau de contrôle, et l’arracha, révélant, sous ce dernier, un ensemble de câbles, de puces imprimés.  Karen était, non seulement dotée d’une puissance surnaturelle, mais également d’une intelligence accrue. Elle avait appris le fonctionnement du guidage laser des missiles, et se dépêcha rapidement de geler ce système, puis passa dessous, et l’attrapa entre ses mains, avant de s’envoler, en l’emmenant avec elle.

*Allez, allez, plus vite, plus vite !!*

Karen s’envolait dans la stratosphère, toujours plus haut, toujours plus loin. Elle sentait le froid glacial sur son corps, et continua à s’envoler, la gravité tentant de la retenir. Ses doigts s’enfoncèrent dans la carlingue du missile, pour le retenir. Ce dernier allait bientôt exploser sous la pression, Power Girl pouvait le sentir... Et elle le relâcha donc, puis partit rapidement. Peu de temps après, une violente explosion retentit, et, même malgré la distance, la déflagration perturba la Kryptonienne, qui se mit à tomber comme une pierre, avant de peu à peu se rétablir.

Elle avait repoussé le missile, mais il fallait encore réussir à secourir Helena. Karen alla aussi vite que possible, jusqu’à revenir près des Balkans, au-dessus du village fictif... Qui explosa brusquement sous ses yeux. Il y eut une sorte de point brillant à hauteur de l’église, puis, juste après, dans un grondement terrifiant, le sol s’ouvrit violemment, vomissant des nuées de flammes.

« NON !! »

Karen vit de grandes langues de feu qui jaillissaient depuis le sol, faisant disparaître les maisons. Elle se dépêcha alors, et rejoignit le complexe souterrain. Le réacteur avait explosé, et toute la base était maintenant en train de s’effondrer sur elle-même. Karen enclencha alors sa vision spéciale, et fila rapidement. Elle recherchait Helena à travers les murs, mais la tâche était difficile, car il y avait beaucoup de murs en plomb.

*Merde, mais où est-elle ?!*

Power Girl était naturellement inquiète pour son amie. Alors qu’elle regardait autour d’elle, elle finit alors par repérer une cage d’ascenseur instable... Et une silhouette inanimée à l’intérieur. Karen se dépêcha rapidement, et défonça un mur, arrivant dans la cage. Tout autour d’elle, le complexe émettait d’antiques grincements, se fissurait, s’effondrant sur place, prêt à imploser et à s’écrouler sur son propre poids. Karen remonta rapidement, en évitant des débris, tirant dessus avec ses lasers... Puis la cage d’ascenseur lâcha brusquement, et Karen vit l’ascenseur tomber droit sur elle...



Quand Helena se réveilla, il n’y avait plus de complexe en train d’exploser.

Retour à la case départ.

Elle était couchée dans l’infirmerie de l’île de Karen, portant une chemise de patiente, de multiples pansements, et, le temps qu’elle reprenne ses esprits, Helena pourrait voir une belle et jeune infirmière se pencher vers elle.

« Vous êtes réveillée, Wayne-sama ? Vous allez mieux ?! »

Visiblement, Helena n’était pas morte...

102
« Les missiles ! Déclenchez les missiles ! Stoppez-là ! »

Des alarmes résonnaient dans tout le complexe. Karen remontait rapidement le long d’un couloir, quand des tourelles de défense sortirent des murs, et balancèrent sur elle des lasers très puissants. Elle hurla de douleur en les recevant dans le torse, les tirs défensifs la repoussant. Karen contre-attaqua ensuite, les explosant violemment, puis poursuivit encore le scientifique fou. Elle ignorait alors qu’Helena était aux prises avec DeSaad, et, si elle l’avait su, elle aurait hésité à faire demi-tour.

Alors qu’elle détruisait les lasers, elle s’avança encore, défonçant des portes blindées. Ce complexe était relativement grand, signe que le docteur Zola devait s’y être réfugié depuis un certain temps. Elle arriva finalement dans une espèce de grand hall, avec un tunnel sur la gauche, et des missiles fusèrent depuis des tanks automatiques se trouvant au sol. Les lasers de Karen fusèrent encore, explosant les machines de combat, et elle s’approcha de Zola. Ce dernier était là, grimpant dans une Jeep. La voiture fila vers le tunnel, mais Karen s’interposa brusquement, et enfonça sa main dans le capot de la voiture, déchiquetant cette dernière, les roues arrières de la Jeep se soulevant brusquement. Le chauffeur, un zombie, tenta de l’attaquer en vain. Karen se dressa ensuite devant Zola, poings crispés. L’œil rouge de ce dernier envoya alors un tir qui atteignit la Kryptonienne au ventre, la repoussant sur plusieurs mètres.

« Je ne laisserai pas de vulgaires idiotes en tenue moulante m’arrêter !
 -  Keuf... C’est tout ce que tu as ? »

Karen se redressa en souriant, et Zola attaqua encore, déployant ses mains, envoyant des arcs électriques surpuissants. Les éclairs frappèrent Power Girl, la faisant hurler de douleur, tandis que toutes les lumières s’éteignirent brusquement.

« Pour qui me prends-tu ? J’ai amélioré mon corps pour pouvoir me préparer face à ce genre de situations ! »

Des fusées s’enclenchèrent autour des chevilles et des épaules du robot, qui s’envola, tandis que les éclairs cessèrent de crépiter. Karen, qui s’était agenouillée sur le sol, avec de la fumée s’élevant le long de son corps, redressa la tête, et fusa vers lui. Cependant, Zola s’entoura d’un bouclier défensif, véritable champ de force énergétique contre lequel Karen se heurta, avant que Zola ne ricane, et ne fasse éclater le bouclier, provoquant une onde de force qui repoussa Karne, l’envoyant défoncer un mur. Il tendit alors sa main vers le trou, et, à la manière d’Iron Man, envoya une décharge de plasma qui provoqua une explosion supplémentaire.

Zola fila ensuite par le tunnel, déclenchant ses fusées. Il n’eut que quelques secondes de répit avant que ses radards ne détectent la Kryptonienne, sur ses trousses.

« Qu’elle est collante... »

Il continuait à filer le long du tunnel, qui remontait. Karen le rattrapait rapidement, et, prudente, utilisa encore ses lasers, atteignant le dos de Zola. Déstabilisé, le robot heurta une paroi, et fit ensuite une série de rebonds, sur plus d’une trentaine de mètres, déstabilisé dans sa course. Il s’explosa finalement contre un mur, passant à travers, et atterrit dans une grotte, traversant plusieurs stalactites. Zola eut à peine le temps de se remettre de ses émotions que Karen était déjà sur lui, et le frappa sèchement, l’envoyant à travers la paroi.

Ceci eut pour conséquence de faire sortir Zola de la montagne, et il atterrit dans le village fictif que l’homme avait créé, et où Karen et Helena s’étaient rendues auparavant. Le robot fou avait atterri sur une rue, et Karen se posa face à lui, bras croisés.

« Tu as eu ton compte ?
 -  Incroyable... Une telle puissance... Les Kryptoniens sont vraiment des êtres exceptionnels. »

Zola se redressait lentement, et Karen, bras croisés, les décroisa, s’attendant à un nouveau coup... Mais Zola se releva juste. Karen entendit alors une puissante vibration venant de la vallée, et tourna la tête vers l’origine du bruit.

« Qu’est-ce que c’est que ça ?
 -  Les missiles dont je vous parlais. D’ici cinq minutes, ils détruiront les villes les plus proches.
 -  Espèce de...
 -  Tu comptes m’arrêter, Kryptonienne ? Ou aller sauver de pauvres innocents ? »

Karen serra le poing, furieuse.

« Je te retrouverai, salopard ! »

Elle s’envola alors, délaissant Zola, qui soupira... Puis enclencha l’autodestruction de la base.

Faute de pouvoir tuer la Kryptonienne, au moins se débarrasserait-il de l’autre... Et puis, maintenant qu’il avait enclenché les missiles, le S.H.I.E.L.D. serait là, tôt ou tard. Il fallait donc songer à dissimuler ses traces, ce que Zola fit donc...

103
« Vous... Vous êtes cinglé, Zola ! »

Karen suait lourdement, pendant qu’un Skull était parti chercher le masque dans une pièce adjacente. Surpris, Zola se retourna vers la femme, et se mit à sourire.

« Vous devriez modérer vos paroles, ma chère Kryptonienne, vous prononcez vos derniers mots. »

Le Skull revint avec le masque, et Zola le récupéra. L’heure était grave, effectivement. Helena tenta une ultime démarche, mais le désespoir se lisait sur son visage, tandis que le sourire machiavélique de DeSaad, lui, vint à s’élargir démesurément. Il récupéra l’artefact, empli de suffisance.

« Enfin... Je n’ai maintenant plus qu’à l’utiliser dans ma tour, et je... »

DeSaad se tut brusquement en voyant les yeux de Karen rougir.

« Que... ?! »

Les lasers fusèrent alors, et frappèrent le mage au ventre, l’enflammant dans un hurlement de douleur. Surpris, Zola se retourna, tandis que les Skulls se déplacèrent. Power Girl s’envola alors, et frappa l’un d’entre eux avec un pied, tandis que les autres Skulls tirèrent en vain leurs fléchettes, atteignant le siège. Le Skull touché par Karen s’envola, et défonça un mur, s’écrasant dans une pièce adjacente.

« Co... Comment est-ce possible ? » s’exclama Zola, tellement surpris qu’il n’avait même pas encore pensé à déclencher les missiles.

Karen fila à nouveau, et frappa l’une des Skulls du plat de la main, l’envoyant, elle aussi, à travers un mur. L’autre tenta de réagir en attrapant un pistolet à sa ceinture, et lui tira en pleine tête. La balle se fracassa contre la tête de Karen, qui répliqua rapidement.

« Arrêtez-là !! »

Surpris, Zola tenta alors d’actionner la télécommande... Mais Helena réagit alors, et l’attaqua, faisant sauter la télécommande de la main du robot. L’œil rouge de Zola scintilla alors, et émit une onde de choc défensive qui repoussa Huntress, l’envoyant rouler sur le sol. Le docteur se mit alors à fuir rapidement, laissant les Skulls le soutenir. Sautant depuis la mezzanine en hauteur, l’un des monstres s’écrasa sur la table, défonçant cette dernière, mais Karen l’accueillit à l’aide d’un puissant uppercut. Elle tourna la tête vers la porte d’entrée, qui s’ouvrit sur plusieurs soldats, et les accueillit avec ses lasers, provoquant de multiples explosions.

Une alarme se mit alors à résonner furieusement dans la pièce, et Karen se retourna vers Helena. Elle nota, au passage, que le masque avait été repris par le scientifique fou.

« Tu vas bien ?! »

Helena était aussi surprise que les autres. Comment Karen avait-elle pu lutter contre la kryptonite ?

« Eh bien... Quand tu es intervenue, tu m’as enlevé les fléchettes, et, avant que les Skulls ne me tirent dessus, j’ai renforcé la résistance de ma tenue. N’oublie pas qu’elle est faite de nanofibres kryptoniennes. Les nouvelles fléchettes ne les ont pas traversé, mais il fallait aussi que je retrouve mes forces... »

Karen sourit à nouveau, et aida Helena à se relever.

« Maintenant, on va leur botter les fesses... Ils vont voir ce qu’il en coûte de s’en prendre à nous ! »

104
« Vous... Il vous tend un piège... »

Karen était incapable de manger, et avait du mal à respirer. En sueur, elle se maintenait contre la table, son cœur battant lentement la chamade, une migraine épouvantable lui tordant le crâne. Ils étaient dans une grande salle à manger, d’inspiration victorienne, avec un grand lustre en hauteur, un escalier intérieur au fond menant à une longue mezzanine, et, au bout de cet escalier, de grandes fenêtres aux barreaux noirs donnant sur une nuit noire, avec des sapins et des conifères... Une vision holographique, à n’en pas douter. Pour parachever le tableau, un feu de cheminée crépitait dans un coin.

Zola avait expliqué aux deux héroïnes qu’il était en affaire avec un mage originaire d’Earth-2. Power Girl écoutait patiemment, tout en cherchant une ouverture... Mais comment faire ? Zola ne les tenait pas que par la puissance, mais aussi par la menace de condamner des innocents. Karen pouvait empêcher cette bombe d’exploser, mais, pour ça, il fallait qu’elle se débarrasse des pointes de kryptonite plantées dans son corps. Ce n’était certes pas mortel à court terme, mais, même une dose infime de kryptonite finissait par tuer. Plus le temps passait, et plus l’organisme de Karen se détériorait, ce qui se manifestait par de récurrents éternuements.

Le Docteur resta silencieux pendant quelques secondes, avant de se déplacer encore.

« Ah, je ne crois pas, Miss Starr. Voyez-vous, ce masque est très particulier, et, maintenant que je l’ai en ma possession, notre ami va être forcé de négocier avec moi.
 -  Qui... Qui est-il ?
 -  Un transfuge... Comme vous. Il vient d’Earth-2, et s’est retrouvé sur notre monde en vous suivant. Et, comme vous, il a végété pendant de nombreuses années, apprenant à découvrir où il était, et n’aspirant qu’à une chose : retourner auprès de son maître. »

Karen déglutit, tandis que Zola, prenant tout son temps, donna le nom tant redouté :

« Darkseid. »

Power Girl et Huntress venaient toutes les deux d’un monde parallèle à celui-ci, Earth-2, qui avait été ravagé par le conquérant Darkseid, un individu impitoyable qui existait en-dehors des dimensions, voyageant dans le Multivers depuis des éons, vaporisant des planètes pour nourrir sa propre planète artificielle, l’immense et abominable Apokolips. Darkseid avait attaqué Earth-2 en envoyant son général, Steppenwolf, tandis que lui-même s’était rendu sur ce monde. Son armée avait été défait par le sacrifice des principaux héros d’Earth-2 : Batman, Superman, Wonder Woman, Flash... Sur ce monde, Darkseid avait été repoussé par la formation de la Justice League. Karen et Helena, elles, étaient parties dans un tunnel dimensionnel, et, depuis ce jour, n’avaient pas réussi à retourner chez elles.

Arnim Zola continua ses explications, en indiquant qu’il s’était renseigné sur elles.

« Le Multivers, voyez-vous, me fonctionne. Grâce au SHIELD, j’ai entendu parler de vous deux, de vos expériences, de vos tentatives d’ouvrir des Portails dimensionnels pour retourner sur Earth-2... Mais, malheureusement, votre temporalité est bien trop éloignée de la nôtre. Ce masque, voyez-vous, est un item très particulier, car il constitue un catalyseur d’énergie extrêmement puissant. Je peux l’utiliser pour recréer un tunnel dimensionnel entre notre monde et Earth-2...
 -  Vous... Vous voulez ramener les forces de Darkseid ici...
 -  Voyez-vous, je suis un homme passionné par la recherche, par... Par la transcendance de soi. HYDRA m’a toujours fourni un moyen d’effectuer mes recherches, mais... Les Parademons de Darkseid représentent pour moi de fantastiques moyens de recherche. Mes Skulls ont été conçus à partir des informations que mon ami m’a transmise.
 -  Cet ami... Il a attaqué vos hommes en Italie, il vous trahira aussi...
 -  Je suis un Baron d’HYDRA, Miss Starr ! Croyez-vous donc que je ne sois pas au courant des faits de trahison ? Notre alliance mutuelle ne repose nullement sur une sympathie réciproque, mais sur le fait que nous ayons des intérêts communs. J’ai besoin de lui, et il a besoin de moi. C’est aussi simple que ça. »

Il n’y avait plus aucune humanité dans l’esprit du Docteur Zola... Mais est-ce que cet homme avait jadis été capable d’humanisme, de compassion ? C’était un scientifique cruel et dur, totalement amoral, uniquement tourné vers la recherche. Au sein du Troisième Reich, Zola avait créé des soldats allemands améliorés, les « Übermensch », et avait ensuite continué ses sinistres recherches. Les Parademons de Darkseid, quant à eux, étaient les légions de Darkseid, des mélanges abominables de magie et de technologie, des créatures hideuses et surpuissantes, qui avaient déferlé sur Earth-2.

Les flammes de la cheminée se mirent à brûler plus intensivement, tandis que le Docteur Zola continuait à parler.

« Vous avez rencontré l’un de ses disciples à Seikusu... Le Procureur Atokushi. Mais il a aussi commencé à faire ses propres troupes. Il a compris que, pour ouvrir le tunnel, il aurait, non seulement besoin du masque, mais aussi... Hum... Comment vous dire... Vu la distance qui sépare cette dimension de la vôtre, il ne faut pas juste ouvrir un tunnel, il faut aussi un point d’ancrage, et c’est là que vous...
 -  Les transfuges... Enfin !! »

Les flammes explosèrent alors, et une silhouette apparut. Un long manteau violet recouvrait le corps monstrueux de ce mystérieux mage, cet autre transfuge d’Earth-2, l’un des plus fidèles lieutenants de Darkseid, un redoutable mage infernal doté d’immenses pouvoirs, et qui jubilait en voyant que Power Girl et Huntress étaient entre ses mains...

Le redoutable DeSaad était là !

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Karen sourit légèrement en se massant l’arrière de la nuque.

« Ne t’en fais pas pour moi, je cicatrise vite... Moi aussi, je suis habituée à recevoir des coups. »

Des deux, c’était toutefois souvent Helena qui finissait pour avoir des bleus et des ecchymoses, vu que, contrairement à son amie et amante, elle ne disposait pas d’une constitution kryptonienne. Karen ne s’était pas vraiment attendue à un tel accueil, et elle se prépara donc, bandant les muscles. L’ascenseur, malheureusement, était une cage recouverte de plomb, de telle sorte qu’elle était incapable d’y voir à travers. La cage métallique, elle, continuait à descendre, jusqu’à s’arrêter... Et les battants s’ouvrirent sur un grand hall ressemblant à ces bases futuristes qu’on trouvait dans les films d’espionnage, avec des murs froids, ternes, blanchâtres, plusieurs mezzanines en coin... Et une armée de gardes. Tête baissée, jambes écartées, ils semblaient inertes, et, alors que les deux femmes entraient, une voix forte et grave se mit à résonner à travers les haut-parleurs.

Karen répondit la première, en rejetant sèchement l’invitation de l’homme, ce qui amena tous les soldats à redresser leurs armes, les Skulls se mettant également en position. Helena se dépêcha de jeter plusieurs balles de fumée, et Karen banda ses muscles, puis fonça en avant... Pour se recevoir plusieurs flèches de kryptonite qui se plantèrent dans ses épaules. Dans un hurlement de douleur, la femme s’écrasa sur le sol, et le pied d’un Skull partit à la rencontre de son visage, dans un choc violent qui l’envoya s’éclater contre le mur, juste à côté de l’ascenseur.

« Aaargh... !! »

Elle finit à terre, crachant du sang. Les fléchettes de kryptonite avaient été tirées par des femmes situées sur les mezzanines, des Skulls spécialisées dans un autre domaine que les autres : le camouflage et le soutien tactique. Huntress, de son côté, ne tarda pas à se retrouver avec un Skull, qui bloqua son bâton dans le creux de sa main, et la gifla sèchement, l’envoyant à terre.

Tandis que Karen reprenait son souffle, elle vit une porte s’ouvrir. Elle était à quatre pattes, en sueur, et vit tous les zombies s’écarter, se mettant en rang, au garde-à-vous, tandis qu’une étrange créature robotique s’approchait.

« Il faut toujours que ça se passe ainsi, avec vous, les justiciers... Dans le sang et la douleur. Vous n’êtes pas capables d’agir autrement, de manière civilisée. Pensiez-vous sincèrement avoir une chance avec votre approche si puérile ? J’ai déjà eu affaire aux Kryptoniens, je sais comment me défendre efficacement contre eux. »

Karen ne connaissait pas la personne qui parlait. Elle avait une voix froide, désincarnée, comme celle d’un cyborg. Les soldats formant sa garde rapprochée s’écartèrent alors, et, en relevant la tête, Karen put voir un homme qui serait sûrement familier à Helena, si elle avait fait ses devoirs. Dans un corps métallique, avec une tête cubique constituée d’un unique œil rouge, cyclopéen, et d’un torse montrant un visage grimaçant, le Docteur Arnim Zola, un génie criminel, ancien nazi qui avait travaillé dans les camps d’extermination, proche de tous ces « docteurs » malades et cinglés, comme le Docteur Mengele... Et l’un des barons de la redoutable organisation terroriste internationale HYDRA.

*C’était donc bien HYDRA, en Italie...*

Le Docteur Zola était un individu n’ayant pas la moindre empathie, ni la moindre forme d’amour. C’était un pur Aryen intellectuel, qui avait toujours mené des recherches génétiques visant à créer, à l’époque du Reich, des « super-soldats », puis avait ensuite poursuivi ses recherches en Afrique et, de manière plus générale, dans les ghettos et les pays pauvres sous l’égide d’HYDRA.

« Mes Skulls vous plaisent ? Ils sont ma dernière réussite... Encore largement améliorable, je vous l’accorde en toute modestie. Maintenant... Je sais que l’effet des flèches de kryptonite va se diluer sous peu, Power Girl, et que la tentation de sauter, et de gesticuler dans tous les sens, va être plus forte que les autres, alors... Je vous prie de regarder mon écran. »

Une image se forma alors, montrant un petit village local, qui semblait, lui, bien vivant, avec des fermiers, des gens se rendant dans l’église, ou déambulant dans les rues.

« Je peux lâcher instantanément sur eux une ogive qui les transforma en ces zombies décérébrés que vous avez vu dans mon village hanté. Alors, si vous ne voulez pas avoir la mort de plusieurs centaines d’âmes sur la conscience... Je vous prie de bien vouloir me laisser vous inviter à dîner. »

Karen avait encore du mal à répondre. La kryptonite et elle, ça faisait vraiment deux, mais elle était, néanmoins, suffisamment intelligente pour savoir que tout ça sentait le piège... Mais, d’un autre côté, avaient-elles, pour l’heure, vraiment le choix ? Zola était totalement imbu de sa personne. La meilleure option pour le battre, et comprendre ce qu’il voulait, c’était, peut-être, tout simplement de le laisser parler...

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