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Messages - Sha

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Les terres sauvages / Re : Les Douze Épreuves de Kiriko [Kiriko Hattori]
« le: lundi 23 juillet 2012, 14:16:59 »
La fin de la première épreuve approchait. Sha, impuissante, le sentait, tout comme elle avait perçu ce que Kelly avait senti. Un pic magique était en train d’exploser dans le royaume d’Ellündrill, un pic que la Déesse des Sorcières ne pouvait pas ignorer. Pour autant, les organisateurs ne semblaient nullement inquiétés... Ou alors, ils simulaient bien. Sha ne pouvait s’empêcher d’être relativement nerveuse.

Kelly, quant à elle, était paradoxalement émoustillée. A son corps défendant, il fallait dire qu’elle n’avait pas eu l’occasion de faire beaucoup de fois l’amour ces derniers temps. Elle avait du beaucoup s’entraîner, prenant ces épreuves très au sérieux. Elle était à la fois horrifiée par les cadavres massacrés, mais aussi excitée. Excitée, car elle avait vu Kiriko loucher sur ses parties intimes sans retenue quand elle s’était relevée trempée. Elle avait adoré ce regard, ce regard qui ruisselait d’honnêteté, ce regard sincère, et fantasmait à l’idée de plonger sa tête entre les seins de la Celkhane, que ce soit avec sa Déesse ou non. Vu l’allure de la servante, il était de toute façon peu probable que la Déesse des Sorcières soit un vieux bouc. Et, de plus, vu ce que Kelly savait sur l’Ombre, et ses conquêtes à une époque lointaine, les probabilités étaient encore plus fortes.

*On peut dire qu’elle a de la chance sur ce point-là... Le Dieu de la Ruse est un vieux tas de chiffons décrépi.*

Un fugace sourire vint éclairer les lèvres de Kelly, qui se rappelait ses amies, à l’orphelinat, quand elles se demandaient si le Dieu de la Ruse savait encore utiliser son « machin ». Son sourire s’effaça bien rapidement. Se disperser n’était clairement pas intelligent. Le second château était rempli de cadavres. Wolfurd s’était fait plaisir, confirmant qu’il était une créature d’une puissance physique incroyable. Il avait massacré toute une armée, ce que Kelly réalisa quand le trio arriva dans une grande pièce qui ressemblait à une galerie d’honneur. Les nains s’étaient amusés à bâtir des statues immenses le long d’un vaste couloir menant à un somptueux escalier. La galerie n’avait pas été terminée, et comprenait tous les Rois nains remontant à une époque lointaine. Et elle était, naturellement, jonchée de multiples cadavres. Il y en avait un peu partout, déchiquetée.

*Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais il est probable que notre ami le Lycan se régénère en se battant... Des adversaires de cette carrure existent. Plus un combat est difficile, et plus ils sont puissants. C’est bien notre veine...*

Les Douze Travaux de Wallündrill n’étaient pas pris à la légère par les Dieux qui y participaient. Chaque participant y envoyait ses champions les plus redoutables. Dans son archipel, le Dieu de la Ruse avait organisé des séries d’épreuves pour déterminer quel pirate aurait l’honneur de le représenter, et Kelly avait été désignée. Elle était venue sans son Dieu, qui avait préféré rester dans l’archipel, et avait plutôt été accompagnée par l’un des fils du Dieu, le capitaine d’un navire influent. Malheureusement, ce gars était un de ses ex’,e t, même s’ils étaient en bon terme, elle ne se voyait pas lui ouvrir ses cuisses.

En revanche, pour Kiriko... A nouveau, Kelly retourna dans des pensées salaces, tandis que la Celkhane les avait prévenu qu’elles étaient suivies par l’homme-lézard. Kelly avait senti qu’elles avaient un poursuivant, mais ce dernier n’avait pas l’air trop méchant. L’homme-loup l’inquiétait bien plus que l’homme-lézard.

« Pas de panique... Tout ce qu’il nous faut, c’est rejoindre la Tour, trouver les pierres précieuses, et partir... »

Elles montèrent un escalier, contournant une énorme araignée qui avait été ouverte en deux au niveau de son dos, laissant ses entrailles à l’air libre. Les puissantes griffes du Lycan avaient du s’enfoncer dans sa peau pour l’arracher, l’ouvrant comme une orange. Kelly n’aimait pas les araignées, alors elle ne pouvait pas être déçue. Elle laissa Kiriko passer devant, de manière à ce qu’elle puisse loucher sur son adorable petit cul moulant. Kelly s’en mordilla les lèvres, la suivant.

*Tu as beau être une rivale, Kiriko, tu as un corps magnifique... Autant joindre l’utile à l’agréable...*

L’information était le nerf de la guerre. Si elle pourrait s’infiltrer dans la chambre de Kiriko, elle pourrait en savoir plus sur cette dernière : dans quel état elle savait, quelles étaient ses relations avec sa Déesse, ce qu’elle mangeait, ce genre de choses... Tout était bon à savoir, car, si pour le moment, Kiriko et Kelly étaient des alliées, plus al compétition se poursuivrait, et plus elles seraient rivales. En définitive, il ne pouvait y avoir qu’un seul gagnant. Mais cette perspective fataliste n’empêchait pas de prendre du bon temps, après tout.

L’escalier qu’elles avaient grimpé les amenait à la partie supérieure de la galerie commémorative. Il y avait des balcons, et des archers gobelins, morts, ainsi que d’autres cadavres. Il suffisait de suivre les traînées de sang. Kiriko et Bul se mirent alors à discuter sur les éventuels candidats. Ceci amena Kelly à ressasser ses informations, qui étaient parfois très maigres...

« Luxuria est une ancienne prostituée, lâcha-t-elle en les suivant. Elle était douée, et, un soir de guerre, elle avait fait l’amour avec un noble qui revenait de bataille. Ce noble était plutôt bien apprécié de la Déesse Lust, d’après mes informations. Il avait chez lui un immense harem et passait son temps à forniquer, laissant la gestion de ses terres à ses fils. C’était il y a un siècle. Luxuria se porte bien, pour une vieille, hein ?
 -  Les humains ne pensent qu’à baiser et à forniquer. De vrais animaux ! commenta Bul.
 -  Et comment crois-tu que les elfes se reproduisent entre eux ? plaisanta Kelly.
 -  Nous sommes bien plus nobles ! Pour nous, le sexe n’est qu’un moyen, pas une fin en soi ! »

Les rougeurs de Bul semblaient toutefois témoigner du contraire, mais elle n’avait pas tort. La civilisation elfique, sans cracher sur le sexe, n’était pas reconnue pour avoir un taux de natalité exceptionnel. Il était assez faible, par rapport aux humains.

« Quoiqu’il en soit, l’Histoire te donne raison. Ce noble passait trop de temps à faire l’amour, et moins à éduquer ses fils. Quand il est mort, la seigneurie en piètre état, et ses fils se la disputaient âprement. Un seigneur voisin lui a alors déclaré la guerre, a décapité tous les fils, qui n’étaient de toute façon guère aimés par le village, et a pris le contrôle de la seigneurie. Depuis un siècle au moins, Luxuria est formée par Lust, et je crois que cette formation ne se limite pas qu’à un apprentissage sexuel. »

Bul hocha la tête, savourant ces informations. Les trois femmes continuèrent à s’avancer, dans une zone relativement propre. Il n’y avait qu’un seul cadavre, signe que les gobelins avaient du chercher à s’enfuir vers le trône.

« Namoria, quant à elle, est une succube qui vient tout droit des Enfers. Là où se trouvent les succubes. Obtenir des informations sur les Enfers est disponible, mais je sais qu’elle est une puissante magicienne, et qu’elle peut changer de formes.
 -  Polymorphie ? s’hasarda Bul.
 -  Pas vraiment. Plutôt de la Terramorphie. Elle peut se transformer en neko, en kitsune... Mais j’ignore l’étendue exacte de ces formes. Ne sois pas surprise, Bul, il existe à Ashnard une Terramorphe de ce type. »

Les trois femmes atteignirent un escalier en colimaçon. Elles commencèrent à le gravir, se rapprochant de la salle du trône, parvenant dans de longs couloirs en pierre avec des tableaux sur les murs à droite, et de grandes fenêtres à gauche. Bon nombre des tableaux avaient été fissurés, arrachés, maltraités. Kelly les regarda, et s’arrêta devant un tableau presque exact.

« Gullfendärg le Sage ! s’exclama Bul.
 -  Tu le connais ?
 -  Il est pour ainsi dire l’un des rares nains que les elfes respectent, mais tu dois le savoir, ça, je pense... »

Évidemment qu’elle le savait. Gullfendärg le Sage avait jadis été un roi nain influent, et l’un des instigateurs de la paix entre les elfes et les nains. Contrairement à l’écrasante majorité des nains, Gullfendärg n’avait aucune barbe interminable ou longs cheveux. Il se rasait, s’habillait avec de petits vêtements élégants, et avait un regard vert persuasif. Gullfendärg était un exemple de vertu pour les nains, mais ces derniers avaient toujours privilégié la boisson aux leçons d’école. Gullfendärg avait été un nain légendaire, sur lequel on avait écrit bien des légendes et des poèmes. Rares étaient les historiens elfes à le dénigrer.

*J’aurais bien aimé rester ici pour observer le mobilier un peu plus, mais le temps nous manque...*

Kelly tourna ainsi la tête, et fit signe de continuer. Il y avait à un moment, sur le mur, une longue traînée écarlate, et à quelques mètres à peine, une vitre explosée avec des traces de sang. Kelly jeta un regard en contrebas. Un cadavre avait atterri sur le sol de la cour, coupé en deux. La pirate fit une grimace, et décida de retourner à ses explications.

« Namoria et Luxuria ne seront pas nos adversaires, je pense... »

Elle s’approcha de Kiriko pour lui murmurer dans le creux de son oreille :

« Et je pense même que tu as, comme moi, envie qu’elles soient tout autre chose... »

Bul la regarda en fronçant les sourcils, et lâcha :

« Concentrez-vous ! »

Entendre Bul dire ça avait quelque chose de comique. Kelly avait posé ses mains sur les délicieuses et chaudes épaules de Kiriko, et choisit de les retirer, avec un léger sourire espiègle. Elle reprit alors, comme si de rien n’était. Seule Kiriko avait du la sentir enfoncer son bassin contre ses fesses. Son cul l’obsédait !

« Quant aux deux autres... Lictolis est un malade mental, un ancien scientifique qui a fait des expérimentations sur des sujets humains. Il faisait des recherches sur la douleur, et cherchait à trouver un moyen de reproduire scientifiquement l’insensibilité congénitale à la douleur, ou l’analgésie congénitale.
 -  Hein ? »

Bul n’avait visiblement rien compris, et Kelly esquissa un sourire. C’était, après tout, une maladie rarissime, et elle se décida à en parler :

« L’analgésie congénitale est une maladie rarissime. Tekhos, Nexus et Ashnard ont recensé tous les trois moins d’une centaine de cas, et encore... C’est une maladie très particulière, puisqu’elle conduit le patient à ne ressentir aucune forme de douleur, mais à percevoir tous les autres sens tactiles. Le goût d’une pomme, la sensation du bois, ou les délicieuses lèvres d’une femme... »

Le regard envers Kiriko était éloquent. La pirate était en manque, et la Celkhane la lui avait gentiment rappelé, de manière indirecte.

« Ne pas ressentir la douleur ? Mais c’est trop cool, ça !
 -  Pas vraiment... Car ton corps, lui, n’est pas insensible. Si tu te mords la langue, tu ne sauras pas que tu te fais mal. Si tu mets ton bras dans de l’eau bouillante, ça ne te fera pas souffrir. La douleur, Bul, est une alarme. Quand on a mal, il faut immédiatement arrêter ce qu’on fait. Crois-moi, cette maladie est une véritable malédiction. Mais on comprend aisément tout l’intérêt que les Ashnardiens auraient à pouvoir développer une potion magique permettant de copier les effets de l’analgésie congénitale. Un soldat qui perdrait un bras et qui pisserait le sang serait toujours aussi agressif.
 -  Vu sous cet angle...
 -  Lictolis travaillait au départ dans une tour, et était sain d’esprit. Il était un mage reconnu, qui avait quitté l’académie en faisant justement une thèse sur l’analgésie congénitale, dans laquelle il affirmait que, théoriquement, il était possible de faire une potion. Il avait étudié des patients atteints de cette maladie. L’Empire d’Ashnard a entendu parler de ses travaux, et les Ashnardiens ont pris au sérieux ses théories. Ils ont été voir Lictolis, et lui ont proposé la direction de toute une équipe, mais aussi et surtout des cobayes. Prisonniers de guerre, criminels, vagabonds... La lie de la société ashnardienne. Lictolis ne pouvait pas refuser, et a accepté. Il est donc devenu un scientifique ashnardien, et a fait ses recherches dans les profondeurs du Palais, là où personne d’autre que lui ne pouvait entendre les hurlements des victimes.
 -  Il... Il les torturait ? »

Bul semblait légèrement horrifiée. Les elfes sylvestres abhorraient la torture. Pour eux, la douleur ne devait pas être excitée, et il était tout simplement indigne et cruel de faire souffrir quelqu’un. Une philosophie noble que de plus en plus d’elfes ignoraient. Un air contrit passa sur le visage de Kelly.

« Les hommes, les femmes, et même les enfants... Surtout les enfants, à vrai dire. Il pensait que ses potions marcheraient plus facilement sur des enfants. Il les torturait ensuite pour voir si la potion marchait. Ou bien, la potion en elle-même les faisait souffrir. Lictolis travaillait sur le système nerveux, tu comprends, afin de l’atrophier, quelque chose comme ça.... Désolée, je ne suis pas une scientifique, alors je ne pourrais pas clairement t’expliquer ce qu’il faisait, mais les souffrances étaient inimaginables. Le « patient » n’était pas blessé, mais souffrait malgré tout. Aucun hématome, aucune blessure, mais tous les nerfs étaient excités. C’était une souffrance à vous rendre fou... »

Bul ne dit rien, mais avait baissé les yeux, visiblement choquée. Il y avait effectivement de quoi l’être, et même Kelly ne se sentait pas très bien.

« Malheureusement pour lui, ses recherches n’avançaient pas, et il demandait de plus en plus de cobayes, les tuant de plus en plus vite. Il devait augmenter les dosages, et était de plus en plus irascible, nerveux, sauvage, incontrôlable... Le Conseil hésitait à s’en débarrasser. J’ignore ce qui a rendu fou Lictolis... Le fait de torturer pendant des jours tous ces gens ? D’être dans un laboratoire rempli de morts et de cadavres, avec cette odeur permanente de putréfaction ? Toutes les potions qu’il utilisait ? Aucun de ses assistants ne parvenait à tenir plus d’un mois avant de demander une mutation de poste. Le Conseil a alors envoyé des hommes dans le laboratoire de Lictolis, et lui ont dit que ses expériences étaient finies, et qu’il avait la journée pour dégager. Lictolis a protesté, affirmant avoir atteint la solution, mais les gardes n’ont rien voulu savoir. Ils ont tenté de confisquer ses travaux, ses fioles...
 -  Et ? »

Kelly se mordilla les lèvres. Les trois femmes avançaient maintenant plus bien lentement, mais ce récit n’était pas une perte de temps. Connaître son ennemi était essentiel dans ce genre de situations. Elle poursuivit donc, entamant la dernière partie de la biographie sommaire de Lictolis :

« Il les a tués. Il a massacré les gardes. Car, dans son laboratoire, Lictolis n’avait pas fait que faire des recherches sur la douleur. Il avait aussi amélioré ses gènes, pour que l’humain qu’il était devienne un solide démon. Il se trouvait dans les profondeurs du Palais, et a réussi à s’enfuir en passant par les douves. Et je crains fort qu’il n’ait enfin réussi à faire une potion permettant de reproduire les effets de l’analgésie congénitale... »

Autrement, Kelly ne voyait pas comment expliquer le fait que l’individu ait réussi à survivre à un shuriken lancé entre ses deux yeux. Lictolis était indéniablement une grande menace, d’autant plus que la pirate avait du mal à s’expliquer sa présence ici. Après ses explications, les femmes continuèrent à progresser dans les étages supérieurs de ce château pyramidal. Elles étaient dans une espèce de couloir circulaire qui montait progressivement, sans aucune porte à côté. Il y avait des traînées de sang, parfois quelques cadavres. L’ensemble était relativement lugubre et sinistre, et Bul finit par poser une nouvelle question :

« Et... Pour le guerrier avec le masque ? »

C’était la question à un million de pièces d’or. Kelly ne répondit pas sur le coup, se mordillant les lèvres, puis se décida à parler :

« Je l’ignore... Je ne sais même pas son nom, mais je soupçonne qu’il doit avoir des liens avec les Dieux Noirs... Tu devrais en parler à ta Déesse, Kiriko. Tu l’ignores sans doute, mais l’Ombre a eu des fréquentations douteuses dans son passé. »

Consciente qu’une telle phrase pouvait mal passer, Kelly précisa rapidement :

« Je veux dire qu’elle était proche des Dieux maléfiques, ceux qui ont été chassés de la Terre. La plupart des légendes disent que l’Ombre avait jadis eu des relations avec Khorne, le Dieu du Sang. »

Kelly se tut alors, légèrement gênée. Elle se rapprocha alors de Kiriko, et tint à préciser

« N’y vois pas une offense personnelle, ou une manière de critiquer ta Déesse. Je pense que cette dernière a été dupée par... »

Kelly s’interrompit soudain en entendant un féroce rugissement. Un cri de bête sauvage qui venait de la fenêtre. Elle se dépêcha d’aller voir et vit un corps mécanique traverser l’espèce de pont recouvert en bois et en pierre qui menait au Donjon du Roi. Le corps mécanisé disparut derrière les murs.

« On se rapproche de Wolfurd... On parlera plus tard, vite ! »

Les femmes pressèrent l’allure, et le couloir finit par les amener à la salle du trône. Elle était grande, et elles comprirent qu’elles avaient du se tromper quelque part. Elles étaient en hauteur, et cette salle était circulaire, en forme de sphère avec, dans le fond, au bout d’un escalier en pierre, un trône désert. Les femmes se tenaient en somme dans les balcons, et Kelly, Bul et Kiriko se dépêchèrent. Elles longèrent la grande salle du trône. Un énorme lustre était par terre. Il était immense, et devait éclairer toute la zone. Il y avait de nombreuses vitres sur les coursives supérieures. Kelly se dit que, jadis, quand le lustre s’allumait, les miroirs devaient refléter la lumière, formant des espèces de prismes, le tout formant un arc-en-ciel qui avait du être magnifique. Les nains étaient, sur ce point, des génies. Mais c’était une époque révolue. La plupart des vitres étaient explosées, et le lustre était tombé, fracassé sur le sol. Le royaume n’était plus. Kelly atteignit un escalier, et le grimpa rapidement. L’escalier menait à un couloir, et ce couloir était justement le long pont en bois menant à l’entrée du Donjon du Roi.

« Vite !! »

Kelly entendit un hurlement de rage, et d’autres cris. Wolfurd était visiblement en train de se battre avec rage, et la pirate se pressa. Le pont craquait sous ses pas. Il était vieux, moisi, endommagé, et elle entendait les piliers craquer. Mieux valait ne pas traîner. Kelly, Kiriko et Bul, rejoignirent enfin le Donjon du Roi, qui était une longue tour vide avec un escalier circulaire. Elle vit un corps tomber en poussant un hurlement, disparaissant dans les abysses de la longue tour. Les pierres précieuses devaient être en haut. Il y avait des traces de sang un peu partout. Wolfurd avait du monter rapidement, en reversant, non plus les gobelins, mais des machines de sécurité.

La pirate commença à monter, avant d’entendre des cliquetis venant des profondeurs de la tour. Elle s’arrêta, et regarda en bas, se penchant par-dessus la balustrade.

« Allez, vite ! s’impatientait Bul.
 -  Minute ! Il y a quelque chose là-dessous... Kiriko, utilise tes lunettes... »

Des centaines, voire même des milliers d’araignées ouvrières, étaient en train de remonter le long des parois intérieures, produisant des cliquètements de plus en plus sonores.

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Petite MAJ de ma fiche. Suite à une relecture de la trilogie de "Sha", j'ai en effet réalisé qu'il y avait certains pouvoirs de cette dernière que je n'avais pas utilisé, d'où une modification de la section "Pouvoirs", que je joins ici :

Citation de: Sha
Pouvoirs


Sous sa forme divine, Sha est virtuellement invulnérable. Cette forme divine est une forme magique concentrée intense, faisant d'elle un être magique extrêmement puissant. Elle dispose ainsi d'un puissant potentiel magique sous cette forme, pouvant ainsi notamment rendre son corps invisible, ou faire en sorte qu'elle soit aussi difficile à toucher qu'une ombre. Ainsi, les tirs et les attaques la transperceront sous cette forme, mais elle peut toutefois rendre son corps tangible, de manière à frapper, tenir des objets, ou attaquer. Sous la forme "transparente", c'est-à-dire celle où les coups la transpercent, Sha ne peut être touchée ou blessée, mais, quand son corps redevient solide, il est possible de la frapper. L'Ombre manipulant toutefois à la perfection ce changement de formes, il est très difficile de l'atteindre physiquement. En revanche, magiquement, il est toujours possible de la toucher sous cette forme.

Du reste, Sha peut également, sous sa forme astrale, prendre la forme de quelques animaux proches de la mythologie des sorcières. L'animal en question est alors noir avec des yeux blancs :

 - Lièvre. Le lièvre est une forme que Sha utilise généralement pour s'infiltrer dans des environnements particulièrement clos ;
 - Loup. Sha ne prend la forme de loup que quand elle ressent une rage et une fureur noire. Ce loup est immense, massif, suffisamment grand pour qu'une humaine la chevauche (cf. cette image), et Sha ne l'utilise que sous la forme de la fureur et la rage la plus pures. Elle est alors beaucoup plus orientée sur les attaques physiques, et utilise bien moins sa magie.
 - Chat. Sa forme de chat n'est utilisée que pour le plaisir, ou pour surveiller quelques sorcières sans se faire remarquer. Elle a alors la forme d'un chat noir.

Parmi les nombreux sorts magiques qu'elle peut utiliser sous cette forme, l'Ombre peut notamment se téléporter instantanément en n'importe quel endroit de Terra.

Sous sa forme humaine, Sha est une puissante mage guerrière. Particulièrement puissante, elle dispose de nombreux sorts assez variés, allant jusqu’à régénérer son corps quand il est endommagé. Plus son adversaire est furieux, et plus elle sera forte. L’inverse n’est toutefois pas forcément vrai ; si son ennemi est calme, serein, détaché, elle sera toujours dangereuse, mais, si l’adversaire fait preuve d’une piété absolue envers elle, alors Sha verra ses forces diminuer, jusqu’à la mettre dans une situation mortelle.

Enfin, dans tous les cas de figure, l'Ombre peut utiliser une épée magique assez longue particulièrement tranchante, si efficace qu'elle peut volontiers trancher de solides armures en métal (cf. cette image). C'est une épée qui, comme sa forme astrale, est auréolée d'une lueur d'ombre, et qu'elle peut faire venir instantanément, dès qu'elle le souhaite, que ce soit sous sa forme humaine ou sa forme astrale.

J'ai également rajouté quelques images, venant de la trilogie ^^

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Dictature d'Ashnard / Re : Pas le choix... quand faut y aller... [PV Sha]
« le: lundi 16 juillet 2012, 01:26:56 »
Ce soir, Sabrina alla parler aux étoiles. Elle se rendit au milieu de la grande clairière étoilée, là où on voyait le mieux briller les étoiles, là où les vieux sages disaient qu’on pouvait communiquer avec les Anciens. Elle lança de la poussière d’étoiles dans le ciel, et essaya d’obtenir l’avis des Anciens. Les Anciens restèrent malheureusement muets, et seul le silence répondit à son trouble. Sabrina ne savait plus quoi penser, tout comme les Anciens. Elle retourna près du totem, et finit par dormir ici, sous l’œil bienveillant du protecteur. Sha, quant à elle, voyait tout ce qui se passait, mais avait aussi d’autres choses à penser. L’après-midi se poursuivait, et elle devait veiller sur toute une bande de psychopathes qui étaient activement recherchés par les autorités ashnardiennes. Si jamais l’Empire apprenait que la Déesse leur avait ouvert la porte sans les arrêter, elle risquait  encore de rencontrer des problèmes supplémentaires. Elle prenait des risques pour Miléna, car, si elle était fidèle à son devoir, elle aurait depuis longtemps tendu une embuscade aux Kuro Yume. Ils avaient beau être forts, dans son palais, au cœur de la puissance de l’Ombre, elle pouvait tous les vaincre sans grande difficulté.

Mais elle ne le ferait pas. Elle ne le ferait pas, car elle savait que les Kuro Yume étaient la nouvelle famille de Miléna. Une famille cruelle, monstrueuse, qui avait mérité mille fois de connaître les geôles ashnardiennes, mais une famille malgré tout. Leur chef de clan, ce Till, semblait être un homme qui donnerait sa vie pour chaque membre de son organisation. Par respect pour Miléna, Sha ne pouvait pas la trahir.

*Méfie-toi de Ras Orthund, Miléna... Méfie-toi du pouvoir des Anciens... Jür-Günd n’est pas un ennemi que tu peux te permettre de négliger, ma belle, et, si tu meures dans la Voie, je ne pourrais jamais te secourir...*

La secourir... Comme si elle en avait besoin ! Miléna était un puits de haine, et c’était bien l’impression que Sabrina avait. Lorsque les Kuro Yume partirent au petit matin, sans rester trop longtemps, Sabrina se rendit dans sa hutte, et se confia à sa Déesse. Dans cette incompréhensible dimension aux règles invraisemblables, Sabrina n’appartenait pas à Sha, et elle lui expliqua que, pour elle, Miléna était tout simplement perdue. Que la haine l’avait consumé, et que c’était un spectacle navrant. Sha en était moins sûre, et suivit les trois Kuro Yume.

Ils rejoignirent le pied de l’imposante Ras Orthund, et triomphèrent d’un avant-poste barbare. Ils étaient monstrueux... Des guerriers terrifiants. Face aux légionnaires de Sha, les Kuro Yume auraient fait des massacres. Bien sûr, face à elle, ils étaient comme des enfants, car la connaissance de la magie de l’Ombre était sans réel équivalent. Au sein de son Temple, sa puissance était phénoménale. Bien sûr, elle était une Déesse, et toute divinité avait naturellement tendance à amplifier ses pouvoirs. L’Ombre, sur ce point, ne faisait nullement exception.

Les Kuro Yume tuèrent aisément les quelques Barbares, et observèrent ensuite un sentier entouré par des espèces de multiples pointes en bois dessinant des espèces de murs. Il y avait, à l’entrée du sentier, deux pointes plus hautes que les arbres, qui formaient les piliers d’une banderole où des crânes d’animaux étaient suspendus en l’air. Ce fut à ce moment qu’une forme fantomatique bleuâtre réapparut derrière le trio, s’appuyant sur son bâton.

« Ras Orthund a été surnommée ‘‘Le Toit du Monde’’ par ces charmants indigènes que vous venez de quitter. Ces Barbares que vous venez de massacrer avec tant de joie sont des êtres très pieux... Et très naïfs. Ils sont persuadés, dans leur culture, que celui qui se trouve sur le Toit du Monde est l’Élu des Dieux. Le Roi Bohan est arrivé sur ce toit, et a pris possession du Temple des Dieux, ainsi que ce peuple l’appelle. Il en a brandi un objet sacré, une espèce de poupée, et, depuis lors, les Barbares se sont soumis. Ras Orthund fourmille de légendes. Il est dommage que vous n’ayez pas essayé de vraiment en savoir plus avant de les massacrer. »

Tout en parlant, le Guide observait le cadavre d’un Barbare. Il avait une profonde entaille dans le ventre, et son visage chauve était couvert de sang. Le Guide tourna la tête vers les Kuro Yume, et s’approcha du chemin qui montait.

« Ce sentier vous amènera à Gorgolha. C’est un village barbare, avec des femmes, des enfants, et des vieillards qui éduquent les plus jeunes. Même les femmes se battent, et les prisonniers se chargent de l’entretien des armes et du village. Gorgolha se découpe en deux parties : une partie extérieure, et une partie intérieure, dans une grande grotte. Il y a des archers, et bien plus de gardes. Mais je crois que ceci ne vous intéresse nullement. »

Il se posta devant le sentier.

« Le chemin menant au sommet est par là. Si vous avez des questions, vous savez que vous pouvez faire appel à moi. »

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Les terres sauvages / Re : Les Douze Épreuves de Kiriko [Kiriko Hattori]
« le: samedi 14 juillet 2012, 21:23:33 »
L’arrivée des sphères posait un sérieux problème. Kelly n’était guère confiante, comme à son habitude. Les risques étaient grands, et la fuite n’était plus permise. Kiriko devint ainsi le moteur de ce petit trio. Sa combinaison abîmée semblait l’énerver plus que de raison, et cette irritation l’amenait à vouloir en découdre avec les sphères. Kelly se retint de dire à cette Celkhane que ce n’était guère prudent, et que la sagesse des pirates imposait de s’enfuir. Néanmoins, elle savait qu’elle n’y arriverait pas. Les sphères les poursuivraient. Il fallait se battre, et, dans ce domaine, c’était Kiriko qui excellait. Kelly, elle, était bien moins douée, et tenta donc de soutenir Kiriko en utilisant des explosifs et des bombes pour distraire les multiples robots des nains. Elle vit, impressionnée, la belle Kiriko s’envoler dans les airs, formant une combinaison avec Bul. Utilisant des cristaux de glace, Bul tentait de fissurer la surface des sphères, afin de permettre à Kiriko d’enfoncer sa lame dans son corps, afin de percer la gemme. Elle se retrouva ainsi suspendue en l’air, sa lame extrêmement tranchante plantée dans le corps de la sphère. Kiriko resta ainsi en équilibre, en suspension, avant de se rabattre, et de se tenir tranquillement sur pied.

*Quelle détente, quelle agilité... Cette femme est éblouissante... Je n’arrive pas à croire que sa lame puisse trancher si facilement l’acier de ces sphères... Soit les sphères ont rouillé, soit sa lame est dans un acier extrêmement fin et tranchant.*

En l’occurrence, le rôle de Kelly était plutôt ingrat, mais, après tout, elle avait déjà donné contre les gargouilles. La ruse était son domaine, et la force était celle de Kiriko. Les deux femmes formaient effectivement un beau tandem, et Bul venait à merveille les compléter. Kelly y songeait quand elle remarqua alors, sur sa gauche, une sphère remplie de pointes tranchantes qui fonçait vers elles ! La pirate paniqua, et poussa instinctivement Bul. Kiriko était occupée, et la sphère se rapprochait dangereusement, avant de bondir dans les airs. Kelly fit un saut en arrière, et évita la boule métallique qui heurta violemment le sol.

« Merde ! » jura Kelly.

La boule la poursuivit, et Kelly se mit à courir rapidement, traquée par cette dernière. Dans l’ancien réfectoire, les tables en pierre, qui avaient servi pour le couvert des nains, étaient toujours là. Dans cette situation, elles constitueraient indéniablement les meilleures amies de Kelly. La pirate de la Ruse se rapprochait de l’une des tables, quand la sphère décolla à nouveau, passa au-dessus de sa tête, et atterrit juste devant Kelly, avant de se détendre. La silhouette d’un robot de combat apparut. Kelly manqua de peu de se faire embrocher par la lame du robot. Si elle n’était pas une guerrière, elle restait assez agile, et le prouva en bondissant en arrière. Sa tête tomba vers le vide, ses mains heurtèrent le sol, et elle fit, en somme, un bond en arrière en s’appuyant sur les mains. Kelly se reçut sur le sol, et vit brièvement que Kiriko continuait à se battre, faisant tomber un lustre sur la tête d’un robot, le pulvérisant, provoquant ensuite une myriade d’explosions.

Kelly se décida également à agir, et sortit de sa ceinture un autre explosif, le balança vers le monstre. La bombe explosa, perturbant la créature d’acier, et Kelly courut vers une table, tandis que la sphère se mit à nouveau à la poursuivre. Kelly parvint à rouler sous la table, la sphère la manquant de peu. Le robot de défense bondit sur la table, et enfonça ses lames à travers la pierre. L’acier des nains méritait bien sa réputation, car il parvint à percer cette pierre ancienne et lézardée. Kelly vit la lame filer vers sa gorge, la loupant de quelques centimètres.

*C’est désormais une certitude ; mon Dieu veille sur moi !*

La championne de la Ruse roula sur le sol, se couchant sur le ventre, et se mit à ramper rapidement, la Sphère continuant à essayer de la planter. Kelly vit alors une autre sphère qui se rapprochait à vive allure, sous sa forme de boule couverte de pointes noirâtres. La boule fonçait rapidement vers elle, prête à l’écraser. Kelly n’aurait jamais le temps de s’éloigner. Elle ferma les yeux... Quand de l’eau se mit à la recouvrir. Incrédule, Kelly ouvrit les yeux, et vit des espèces d’énormes vagues qui venaient de s’abattre sur une partie du réfectoire. De la flotte ! La sphère ennemie fut emportée par le courant, et se fracassa contre l’un des piliers de la table, le brisant. La table s’écroual, et Kelly, utilisant des réflexes, roula hors de cette dernière. Elle vit alors Bul. Dans un coin, l’elfe avait concentré des bulles d’eau avec ses doigts, et les balançait. L’explosion de chaque petite bulle créait des vagues aquatiques. Kelly tenta de se relever, mais l’autre robot, celui qui se tenait sur la table, tenta à nouveau de le tuer... Jusqu’à ce qu’une bulle aqueuse explose à ôté de lui. Une énorme lame d’eau vint soulever le robot, l’envoyant s’écraser violemment sur le sol.

*L’eau est décidément un élément dangereux... Bul ne se contente pas que de tirer des traits de glace...*

Kelly profita de cette diversion pour courir vers la sphère surprise, et enfonça sous son plastron une bombe qui explosa, pulvérisant sa gemme. Au moins, elle aurait réussi, de justesse, à détruire l’un des robots. Le combat était pour le coup terminé, et Kiriko s’approcha des deux femmes. Kelly était trempée, et secoua la tête, faisant jaillir hors de ses oreilles l’eau qui avait pu s’y incruster. N’ayant nullement envie de se reposer, Kiriko ordonna qu’on poursuive la route. Kelly hocha la tête.

« Nous nous rapprochons de notre objectif. Allons-y.
 -  C’était musclé, cette fois ! commenta Bul.
 -  Ça l’est toujours répliqua tout simplement Kelly. Mais, au moins, nous avons échappé à ce mystérieux Gardien. C’est toujours ça de gagné. »

Les trois femmes suivirent le couloir. Kelly jetait de temps en temps des regards à son appareil. Les résultats commençaient à apparaître. Ils confirmèrent ce que Kelly pensait, et cette dernière se pinça nerveusement les lèvres. Ceux-ci, ils n’avaient pas été animés par Lictolis... Elle s’arrêta un peu, appuyant sur d’autres poches de son petit ordinateur, et déclencha le scanner magique. Depuis qu’elle était entrée dans la mine, celui-ci balayait toute la zone. Elle constata que, depuis qu’elle était entrée dans le royaume, le compteur s’était affolé.

*Il y a une telle concentration magique dans la zone... Et, à chaque fois qu’Atil et Bul se sont affrontés, le compteur a grimpé en flèche... La magie résonne tout autour de nous... Une magicienne devrait probablement folle dans cet endroit... Mon Dieu...*

Ça ne lui disait absolument rien qui vaille. Toute cette magie latente était vraiment très mauvais signe. Car il y avait forcément quelqu’un qui devait émettre toute cette magie. Elle espérait que ses détecteurs pourraient détecter le puits magique, le centre d’impulsion, mais ses machines avaient du mal. Kelly sentit un frisson la parcourir.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? »

La voix interrogatrice de Bul sortit Kelly de ses pensées. Cette dernière secoua la tête et haussa les épaules, avant de lui sourire :

« Ce n’est rien, en t’en fais pas. Continuons. »

C’était tout, sauf rien, mais il était inutile d’inquiéter Bul, ou d’encourager Kiriko à faire des folies. Les trois femmes suivirent un couloir qui finit par les amener hors du château, et Kelly perçut une singulière odeur... Une odeur de mort, de chairs massacrés. Elle pressa un peu l’allure, et débarqua dans la cour d’enceinte du second château.

Par rapport au premier château, ce dernier était bien plus petit. Le tunnel qu’elles avaient emprunté était visiblement un passage permettant de contourner les hautes murailles protégeant le second château. De toute manière, les murailles en question étaient brisées par endroits. Kelly vit rapidement le pont menant à la Tour du Roi : une espèce de pont suspendu qui se tenait sur sa gauche, en hauteur, et était entièrement recouvert par de la pierre. On entrait dans le château par un grand escalier, et ledit château se présentait sous la forme d’une espèce de pyramide avec des terrasses, des tours de défense, et quelques escaliers annexes.

Il y avait également dans la cour de nombreuses tentes signifiant la présence d’un camp gobelin. En revanche, il n’y avait pas trop à s’en faire pour les gobelins. Ils étaient tous morts. Un vrai massacre. Il y avait bien une cinquantaine de cadavres. Même les archers sur l’escalier du château y étaient passés. Les marches étaient d’ailleurs couvertes de sang. Les corps avaient été déchiquetés, éventrés, massacrés, démembrés. Des membres avaient volé ici et là, ainsi que des tripes, des viscères, des organes s’étalant sur des mètres. Le spectacle était glauque, macabre, bestial, et, en inspectant brièvement les cadavres, Kelly n’eut aucune difficulté à comprendre ce qui s’était passé.

« Wolfurd... Le Lycan nous a devancé...
 -  Il... Il les a tous massacres ?! s’exclama une Bul horrifiée.
 -  On dirait bien…
 -  Mais il y en avait toute une armée ! »

Kelly n’ajouta rien. Les Lycans étaient des guerriers redoutables. Rapides, vifs, résistants, puissants. Ils avaient la vitesse d’un puma, la charge d’un ours, la force d’un gorille... Mais ce Wolfurd semblait encore plus dangereux que n’importe quel Lycan classique.

*Comment ces simples sphères ont-elles pu le faire fuir ? C’est impossible... A moins que...*

A moins que Wolfurd ne soit tombé sur les sphères et le Gardien, à moins que ce que ce Lycan fuyait n’était nullement les sphères, mais le Gardien. Si tel était le cas, ce dernier devait alors être derrière elles, dans le réfectoire... En d’autres termes, les trois femmes l’avaient échappé de justesse. Kelly en avait des frissons. Rares étaient les créatures capables de faire fuir un Lycan, surtout quelqu’un capable de massacrer en quelques minutes tout un camp de gobelins...

Kelly secoua la tête, et s’approcha de l’escalier.

« Nous ne devrions trouver que des cadavres jusqu’au trône. La première épreuve se termine bientôt, Madame. Dépêchons-nous ! »

Kelly s’arrêta alors, et tourna la tête, ayant la subite impression qu’on les observait. Elle ne vit toutefois personne. Fronçant les sourcils, elle utilisa son ordinateur greffé au poignet pour déclencher une lampe torche, et éclaira les murs. Elle avait cru entendre un son, mais, après quelques secondes d’un examen minutieux, elle abandonna, et choisit de grimper l’escalier. Elle se dit qu’elle devenait vraiment trop prudente. C’était sans doute une inoffensive bestiole...

Kelly, naturellement, n’aurait jamais pu, même avec la magie et ses appareils de détection, perçait le camouflage de Lizardman. Accroché au mur, ce dernier avait pris, avec sa peau changeante, la couleur de la paroi. Les lézards n’avaient normalement pas cette fonction, mais lui était un spécimen rare. Il regarda les trois femmes monter, et avança lentement, très lentement, le long de la paroi. Il ne fallait pas encore se faire remarquer.

Pas tout de suite. Pas encore.

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Les terres sauvages / Re : Les Douze Épreuves de Kiriko [Kiriko Hattori]
« le: dimanche 08 juillet 2012, 13:19:57 »
Le baiser de Kiriko fut absolument délicieux, et Kelly y répondit sans hésitation. Sha, naturellement, ne put pas le voir, mais, même si elle l’avait su, il était plus que probable qu’elle n’en aurait jamais tenu rigueur à sa sorcière. Elle l’aimait bien trop pour lui en vouloir pour si peu. De plus, l’Ombre n’avait jamais imposé à ses sorcières une fidélité sexuelle, bien au contraire. La morale judéo-chrétienne avait bien trop marqué Sha pour qu’elle admette un seul des principes chrétiens. Et sûrement pas celui de la chasteté. Kiriko était la seule à s’imposer ça, mais c’était un peu ce qui, dans le fond, la rendait si attrayante, si typique, si... Attirante. Oui, Sha aimait beaucoup Kiriko. Et Kelly ne pouvait que se dire que toute la gent masculine serait bien jalouse de voir ce à quoi ils étaient privés, car les lèvres de Kiriko était sublimes. Kelly y goûtait avec plaisir, tout en continuant à dissimuler son jeu. Tout indiquait qu’elle pouvait être une alliée de confiance, mais... Peut-on vraiment faire confiance à la championne de la Ruse ?

Après ce tendre et savoureux baiser, Kiriko avoua une confidence à Kelly, qui en rougit... Avant de sourire légèrement, et de répondre par un compliment :

« Je suis sûre que la Déesse de la Luxure doit rechercher un moyen de t’obtenir auprès de ta Déesse... »

Cependant, le moment n’était pas pour ce genre de choses. Kelly savait bien des choses sur la Déesse des Sorcières, car elle s’était beaucoup renseignée sur cette compétition. Beaucoup. L’échec n’était pas une option envisageable. Bul et Kiriko discutèrent brièvement entre elles, et Kiriko décida d’opter pour la droite. Les trois femmes s’enfoncèrent dans un couloir assez sombre, éclairé par quelques joyaux, jusqu’à croiser de curieuses créatures. Des nains de jardins ressemblant à des zombies !

*Que sont ces créatures ? Voilà qui est bien mystérieux...*

Les nains de jardins zombies ne posèrent aucune difficulté à Kiriko et à Bul, qui les traversèrent rapidement, mais Kelly préféra s’attarder un peu près du cadavre d’un nain de jardin zombifié. Même sur Terra, un nain de jardin ne prenait pas vie sans raison... Et encore moins sous forme de zombie. L’animation d’objets par la magie nécessitait de très grands pouvoirs magiques, et Kelly se demanda si ces nains de jardins n’avaient pas été réanimés par un autre candidat pour les gêner. Lictolis, par exemple. Après tout, le Champion de la Folie avait bien réactivé les robots des nains. Rien ne l’empêchait d’en activer d’autres.

*Ces nains de jardins ont du être conçus par les nains, soit pour les vendre, soit pendant qu’ils étaient enfermés, afin de s’occuper...*

Contemplant l’un des cadavres, elle fit son prélèvement, à l’aide de son espèce de microordinateur greffé au poignet. Il avait bien des fonctions, et elle arracha un bout de peau, l’analysant, avant de se relever, et de suivre Bul et Kiriko. Bul volait dans les airs, laissant derrière elle une traînée d’étoiles. Elle était sans doute la plus pressée de sortir du massif château. Et Kelly, quant à elle, devait bien avouer qu’elle ne serait pas fâchée non plus de terminer la première épreuve. Après tout, elle était une insulaire, une marine, une pirate. Les profondeurs, ce n’était pas pour elle ! Les trois femmes finirent par descendre une pente qui les mena dans un ancien entrepôt où il y avait de nombreux squelettes poussiéreux dans les coins, et des tables en bois brisés, envahies par des toiles d’araignées.

« Le réfectoire... lâcha Kelly. Si mes souvenirs sont exacts, le réfectoire était proche de la sortie du château, afin d’économiser du temps aux nains. Il est possible que nous voyions enfin le bout de ce dédale. »

Bul était heureuse, mais plusieurs portes étaient disponibles. Plusieurs couloirs s’offraient en effet aux trois femmes. Lequel choisir ? A nouveau, elles hésitaient. Kelly réfléchissait, consultant son plan holographique, mais elle ne pouvait rien inventer. Son ordinateur continuait à travailler sur le prélèvement qu’elle avait pris, quand elle entendit du bruit. Des pas précipités venant d’un couloir. Kelly se tint immédiatement sur ses positions, comme Bul et Kiriko. Une main tenait un petit couteau pour s’apprêter à le lancer, alors qu’elle entendait des cliquètements métalliques précipités... Ainsi qu’un... Qu’un rugissement ? Une énorme forme sombre surgit alors dans le réfectoire, brisant en deux une table, et Kelly bondit de côté, évitant une masse qui arrêta sa course dans des rugissements furieux.

Wolfurd ! L’homme-loup ! Kelly en fut tellement surprise qu’elle mit un peu de temps, avant de remarquer les blessures dans son dos. Il avait une énorme pique enfoncée derrière lui, et des traces de sang. Son regard se porta sur les trois femmes. Il était massif. Un vrai mastodonte.

« Rrrrrrraaaaaarrrrrr !!! Fuyez !!! »

Et, sans en dire plus, Wolfurd courut rapidement, utilisant son flair pour filer dans un autre couloir. Kelly regarda les deux autres, et entendit alors d’autres bruits venant du couloir par lequel Wolfurd était arrivé. Tournant la tête, paniquée, elle commençait à comprendre ce qui avait amené l’effroyable monstre à devoir s’enfuir...

« Il... Il a raison ! Vite, on fout le... »

Trop tard. Une espèce de boule argentée jaillit du couloir sombre. Elle s’envola dans les airs, tournoyant, avant qu’un déclic ne se produise, faisant apparaître une espèce de corps automatisé. La boule s’écrasa par terre, livrant passage à une espèce de monstre mécanisé dont les jambes avaient été remplacées par cette boule. La Sphère Dwemer avait deux armes à la place des mains : une lame acérée, et une arbalète. La Sphère s’avança vers Kiriko, et tenta de profiter de l’effet de surprise pour la blesser. La Celkhane fut néanmoins plus rapide que prévue, et la longue lame en argent se contenta de déchirer très légèrement sa combinaison.

D’autres boules arrivaient toutefois très rapidement.  Fuir, ou se battre ? Une Sphère empêchait de fuir, et tira un carreau. Bul réagit la première, envoyant un trait de glace vers la Sphère. Le trait frappa le robot de défense à la tête, mais sans le gêner. La Sphère, haineuse, fila alors vers Bul, et tenta de la frapper. Elle se déplaçait très rapidement, et Kelly vit que plusieurs des Sphères restaient dans leurs boules, ces dernières se hérissant à la surface de pointes tranchantes, les faisant ressembler à des espèces de grosses boules édentées qui roulèrent furieusement vers les femmes.

C’était la sécurité automatisée des nains.

« Le seul moyen de les détruire est d’atteindre la gemme qui les alimente ! Elle est au centre ! »

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Dictature d'Ashnard / Re : Pas le choix... quand faut y aller... [PV Sha]
« le: vendredi 06 juillet 2012, 00:41:09 »
Sabrina ne dit rien. Miléna haïssait vraiment Sha. Elle était triste. Triste pour elle. Il était impossible que Miléna termine la Voie. Elle n’était qu’un amas de haine et de cruauté. La Voie la consumerait, et, même si elle arrivait, par miracle, à terminer tous les Sentiers, elle n’arriverait jamais à accomplir l’ultime épreuve. Rien qu’à cette idée, Sabrina en eut un soupir, et s’écarta, retournant près des siens. Elle était très respectée au sein de sa tribu. Elle était la guérisseuse, après tout, et ses rituels, importants, permettaient de soigner n’importe qui. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Qui l’en aurait empêché ? Il n’y avait nulle règle à cette époque, nulle loi codifiant l’usage de la magie, nul conseil de magiciens prétendant dicter la manière dont la magie se faisait. Sabrina se désintéressa des trois invités, et revint vers elle très tard. Les étoiles dansaient avec merveille dans la nuit. Un spectacle fascinant, que Sabrina ne se priait jamais d’observer. Elle avait fait l’amour sous les étoiles pour la première fois. Bien sûr, pour eux, l’amour n’avait pas grande importance. On couchait volontiers en public. La notion d’intimité et de vie privée étaient des concepts qui n’existaient pas pour eux.

Elle fit sa promenade nocturne habituelle, en compagnie de l’une des anciennes du village. Elles observèrent la région, et estimèrent qu’il n’y aurait aucune attaque. La lune était en son beau visage. Il n’y aurait pas de tempêtes, et le temps était doux. Comme l’ancienne le dit, la montagne était apaisée ce soir. Elle avait décidé de dormir. Quand Sabrina retourna au village, ce fut pour voir que deux des trois Kuro Yume dormaient. Assise contre le mur, près de sa hutte, Miléna était en train de caresser avec une tendresse infinie les cheveux de l’une de ses compagnes, la solitaire femme. Il se dégageait d’elle une étrange douceur qui lui fit un peu réviser son jugement sur cette femme.

*La haine... Peut-être que tu n’es pas qu’une créature faite de haine, Miléna... La Voie en décidera.*

Lentement, Sabrina se rapprocha, se sentant un peu gênée de déranger un tel tableau. Elle avait néanmoins plusieurs choses à dire à Miléna, et, même si elle savait que cette dernière n’aimait pas les longs discours, elle allait, pour le coup, devoir se forcer, car Sabrina avait encore des choses à lui dire.

« Sais-tu ce qui, fondamentalement, différencie une divinité d’une autre espèce ? »

La question semblait bateau, et on voyait instantanément bien des réponses : leur puissance, leur sagesse, leur âge... Mais, plus on y réfléchissait, et plus on réalisait qu’il y avait d’autres espèces qui pouvaient également se vanter de ces qualités. Sabrina ménagea une petite pause, le temps de capter l’attention de Sabrina, et leva la tête, montrant le champ étoilé. Une galaxie se tenait au-dessus d’elles. Mais, pour Sabrina, cette galaxie n’était rien d’autre que les flammes de leurs ancêtres, le regard des morts, leurs esprits qui, dans la nuit, les observaient.

« Le Big Bang, Miléna. Tu connais sans doute cette théorie. Celle des origines. Une explosion d’une puissance phénoménale, dont l’origine est inconcevable, qui a conduit à la création de toutes choses. L’énergie qui a résulté de l’explosion du Big Bang est partout en nous. Elle a bien des noms. On l’appelle la magie, on l’appelle le Chaos, le Cosmos... Ou tout simplement la vie. Elle est partout et en tout à la fois. Ce ne sont pas les Dieux qui ont créé le Big Bang, même s’ils aimeraient s’en persuader. C’est le Big Bang qui les a conçus. C’est cela, Miléna, la force des Dieux. Ils sont directement issus du Chaos, et peuvent, sous certaines conditions, manipuler cette énergie créatrice toute puissante. C’est de cette manière que Sha a pu créer cette dimension alternative. Sa dimension de repli. La Voie des Sorcières. »

Dit comme ça, la Voie ne semblait être qu’une émanation de la Déesse, mais c’était mal comprendre le fonctionnement de la vie. C’était méconnaître ce principe, selon lequel la vie ne pouvait être contrôlée, et était par essence indiscernable, incontrôlable, et retorse.

« Mais elle ne dirige pas la Voie. Tout comme les Dieux ont créé les humains, ils ne les contrôlent pas. Regarde autour de toi, Miléna. Regarde la complexité absolue de la vie. Regarde la simplicité des Dieux. Comment de tels êtres, si imbus d’eux-mêmes, auraient pu créer un système aussi complexe ? Ils n’ont été que des véhicules. Manipuler la puissance absolue, l’énergie du Chaos, la dompter, est tout simplement impossible. Nul ne sait si elle a une volonté propre, ou si elle n’est qu’une simple masse d’énergie absolue. Elle est Dieu, tout simplement... »

Où voulait-elle en venir ? Sabrina suivait pourtant un cheminement logique, et tenait à l’expliquer à Miléna, à l’aider à ouvrir les yeux :

« Il y a tant de choses que tu ignores, Miléna... Mais le temps, toujours, filera entre nos doigts. Je suis comme toi, mais de l’autre côté. Tu estimes que je ne suis pas réelle, mais c’est moi qui estime que tu n’es qu’un songe, un songe qui disparaîtra de ma vie quand tu auras accompli ta quête. Ta quête... Ta quête pour quoi ? La puissance ? La vengeance ? Tant d’idéaux futiles, tant de vagues qui se brisent contre les récifs... Tu ne comprends donc pas ? Tu ne comprends vraiment pas ? »

C’était pourtant si évident, tellement évident que Sabrina dut le dire :

« Si tu as pu entrer dans la Voie, c’est parce que tu es une sorcière, Miléna. En haïssant Sha, c’est toi-même que tu haïs. Car tu es l’une de ses filles, car la force que tu puises, la magie que tu utilises, émane de la puissance de Sha. Tu ne pourras pas le nier, il y a en toi une part de l’Ombre. Tu lui ressembles même bien plus que tu ne souhaites l’admettre. Et c’est bien pour ça que ta quête est sans espoir. Ton véritable ennemi, tout au long de cette Voie, ce ne sera pas des gens comme Jür-Günd, ni comme le Roi Bohan. Non... Ton véritable ennemi sera bien plus intime, et, quand il se présentera à toi, toute ta puissance sera impuissante. Alors, peut-être comprendras-tu enfin ce qu’est la Voie. »

Sabrina ne pouvait en dire plus. Même ici, même dans ce monde hors de l’espace et du temps, il y avait des règles, des lois à respecter.

« Sache juste une chose, Miléna. Ce n’est pas parce que les Dieux nous fabriquent que nous sommes leurs esclaves. Car eux-mêmes sont les esclaves d’une puissance qui les dépasse, et nous transcende tous. Le libre arbitre est, en définitive, la loi centrale de tous les univers et de toutes les dimensions. Il vaut autant pour moi que pour toi. Même les Dieux Noirs ne peuvent enfreindre cette règle. »

Sur ce, Sabrina se retourna, et la laissa. La haine consumait le cœur de Miléna. La Voie lui serait salvatrice... Ou la condamnerait définitivement. Toujours est-il que Sabrina avait joué son rôle. Elle s’écarta, et disparut peu à peu dans le village. Le lendemain, les chasseurs reviendraient avec les énormes tigres, et les Kuro Yume pourraient les utiliser pour rejoindre Ras Orthund. A partir de là, personne ne pouvait déterminer ce qui se passerait.

Sha, qui observait cette scène, ne pouvait s’empêcher de ressentir de la tristesse pour Miléna. Et elle savait qu’il en serait toujours ainsi, même quand cette dernière commettrait l’irréparable. Car, dans une certaine mesure, elle était sa fille. Et quel parent serait heureux de voir son enfant se détruire ?

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Les terres sauvages / Re : Les Douze Épreuves de Kiriko [Kiriko Hattori]
« le: lundi 02 juillet 2012, 21:40:52 »
[HRP – Pour préciser un peu plus cette épreuve, elle a lieu au début du T4 de la saga, « Magie et Cristal ». Dans les 100/200 premières pages, les héros se retrouvent dans un monorail animé par une intelligence artificielle déréglée, Blaine, qui a décidé de se suicider en s’écrasant sur le terminus. Le seul moyen de l’en empêcher est de lui poser une devinette à laquelle Blaine n’arrivera pas à répondre. Les héros essaient sans relâche, mais, à chaque fois, Blaine trouve les réponses en un temps record. Jusqu’à ce que...]

La petite Bul commençait, et à juste titre, à désespérer. Les questions pointilleuses de Kelly avaient successivement échoué, et même les questions très personnelles de Kiriko échouèrent l’une après l’autre. La Celkhane tenta sa dernière cartouche, et les gargouilles émirent à nouveau un ricanement sinistre.

« C’est une gargouille, Ceeelkhane. Vous nous divertissez beaucoup, mais, quand le compte à rebours sera terminé, les portes seront scellées. »

L’enjeu en valait la chandelle, et Kelly, muette, continuait à réfléchir. Les gargouilles patientaient, et trente secondes environ s’écoulèrent, avant que Bul, se tapotant les lèvres, ne finisse par tenter à nouveau sa chance. Elle sentait la cause perdue, mais le tempérament d’une elfe la contraignait à ne jamais abandonner, quoiqu’il arrive.

« On ne peut le voir ni l’ouïr, ni le toucher ni le sentir. Derrière les étoiles et sous les collines, il gît. Il tue les rires et termine la vie. Qui est-ce ?
 -  Le noir ! »

La réponse, encore une fois, fusa sans hésitation. Bul tira une petite bouille triste, et serra les poings. Elles n’allaient pas se laisser bloquées par des saloperies de gargouilles ! Bul ne pouvait pas se permettre d’attendre plus longtemps à ce stupide jeu ! Plus elle attendait, et plus Atil s’éloignait d’elle, et, partant de là, était susceptible d’obtenir les pierres précieuses d’Ellëndrill. Si jamais ce primate asocial réussissait à la dépasser... Sa Déesse ne lui pardonnerait jamais, et elle ne se le pardonnerait jamais ! Dans l’absolu, elle n’aurait qu’à leur tirer des flèches de glace ! Ce n’était que des gargouilles, après tout ! Se mordillant les lèvres, les joues rouges, elle lança à nouveau, sans grande conviction :

« J’ai cent jambes et pas une pour tenir debout, pas de tête et pourtant un long cou, et la bonne ne m’a pas à la bonne. Qui suis-je ? »

Les gargouilles rirent à nouveau, amusées, avant de répondre, continuant à enfoncer le clou, et à désespérer la pauvre elfe.

« Un balai, petite elfe. Notons, pour la postérité, qu’il existe une fin alternative, qui considère que ‘‘la bonne me tresse des couronnes.’’ Je préfère la tienne. »

Bul soupira, et se mit à jurer :

« Crotte ! »

Elle tapa rageusement sur le sol, et le temps, lui, continuait à défiler. Kelly, quant à elle, cessa alors de réfléchir, et releva la tête, ravalant un léger sourire. Elle avait compris. Elle avait scrupuleusement analysé les réactions des gargouilles aux devinettes, et avait compris quelque chose. Elle s’avança vers les gargouilles, et décida de vérifier sa théorie en lâchant une devinette, qui, si elle le souhaitait, allait faire mal :

« Gargouilles, quand est-ce qu’une porte n’est plus une porte ? »

Elle en avait croisé les doigts, et elle ne tarda pas à avoir satisfaction. Plus les devinettes étaient difficiles, complexes et impossibles, et plus les gargouilles répondaient rapidement et avec entrain, allant même jusqu’à remercier celles qui les avaient posés. Un frémissement d’impatience traversa les gargouilles, qui ne riaient plus, et l’une d’elle répondit, acerbe :

« Quand elle est hors de ses gonds, évidemment ! Ce genre de devinettes n’intéresse personne, représentante de la Ruse. Une championne de la Ruse devrait... »

Ne laissant pas le temps aux gargouilles de se remettre, Kelly enchaîna, un sourire espiègle sur les lèvres :

« Qu’est-ce qu’on lance blanc et qui retombe jaune ? »

Le frémissement devint une espèce de grondement sinistre. Les gargouilles poussèrent des couinements, se faisant menaçantes, sifflant et grinçant des dents.

« Il suffit ! Nous ne répondons qu’à des vraies devinettes ! Ce genre de bêtises n’est nullement...
 -  Vous vous êtes engagées à répondre à n’importe quelle devinette nuança Bul, qui commençait également à comprendre la faille que les gargouilles tentaient de dissimuler. Si vous ne répondez pas à celle-ci, nous aurons gagné le défi. »

Un insoutenable et pesant silence vint répondre à cela. Les gargouilles semblaient trembler nerveusement, et l’une d’entre elles se mit soudain à défaillir. Ses griffes cessèrent de racler la paroi, et cette dernière s’écrasa mollement sur le sol, désarticulée. Claquage cérébral, très certainement. Elle avait tellement réfléchi que son cerveau avait lâché, mais les gargouilles finirent malgré tout par répondre :

« Un... Un œuf, bien sûr ! »

La réponse avait fusé avec difficulté. Kelly les regarda, fronçant les sourcils, et continua à les malmener :

« Pourquoi les belles femmes sont si explosives ? »

Cette question fut l’effet d’une espèce de boule de feu. Deux gargouilles s’écroulèrent également, diminuant leur nombre. Kelly avait entendu cette devinette dans les auberges où elle vivait, sur les îles, ainsi que sur les navires. Les gargouilles étaient fichues.

« Vous devez répondre, lâcha Kelly.
 -  Nous... Nous connaissons la réponse. Ferme-là, détestable et méprisable humaine ! Nous connaissons la réponse, nous la connaissons, oui ! Oui !
 -  Le temps s’écoule...
 -  Vous trichez ! s’énervèrent les gargouilles. Vous devez poser des devinettes, pas des... Pas des blagues !
 -  Je ne triche pas, je ruse rectifia Kelly avec un sourire.
 -  Mau... Maudite sois-tu ! Nous... Nous savons, oui ! »

Une autre gargouille se mit à tomber, désarticulée. Bul fronça les sourcils.

« La réponse !
 -  Parce qu’elles sont canons ! Arrêtez ça main....
 -  C’est à vous d’arrêter, gargouilles. Je suis une femme des mers. Des conneries comme ça, j’en ai des milliers en réserve. J’en ai entendu dans toutes les auberges et dans tous les navires. Si vous continuez dans cette voie, je vous détruirais toutes.
 -  Pose tes devinettes, femmes ! Haha, pose-les, nous y répondrons, oh oui ! »

Kelly ferma lentement les yeux, puis les rouvrit, et lâcha, avec un sourire sur les lèvres :

« Très bien... Voici celle qui va vous achever, gargouilles. Quand explose-t-on de colère ? »

Un gémissement de souffrance traversa les gargouilles, et ces dernières continuèrent à fulminer. Quatre gargouilles tombèrent, n’en laissant plus qu’une poignée, dont les yeux révulsés semblaient témoigner de leur incertitude et de leur incompréhension.

« Nous... Nous, nous, nous... Je, tu... Nous, vous, ce, ça, ses... Connaissance... Logique cartésienne... Nous, nous... Ah, savoir, savons, savez, sachent, sachions... Incompréhension, non... Négation... HAAAAA ! »

Deux autres gargouilles tombèrent encore, et Kelly lâcha devant les gargouilles survivantes :

« Quand on est en pétard. Vous avez perdu. »

Un indicible soulagement traversa les lèvres de Kelly. Le concours était fini. Les gargouilles survivantes soupirèrent lentement, et tombèrent à leur tour. Plus aucune gargouille ne semblait opérationnelle, mais toutes les portes s’ouvrirent. Elles n’auraient pas leurs indications, mais elles éviteraient au moins un profond détour. Toutes les gargouilles étaient détruites. Bul regarda alors Kelly, après avoir inspecté le cadavre d’une gargouille :

« Je... Mais qu’est-ce qui s’est passé ? »

Kelly haussa les épaules, et répondit, légèrement fière d’elle :

« Ces gargouilles étaient des créatures de pure logique, et toutes nos devinettes nécessitaient un raisonnement logique. Même les tiennes, Kiriko. En recherchant sans cesse des énigmes plus difficiles, nous jouions leur jeu. Pour les vaincre, il a suffi de raisonner par l’absurde, tout simplement. »

Bul fronça les sourcils, et soupira :

« Sauvée par la stupidité humaine... Je ne sais pas si je dois en être soulagée ou en pleurer. »

Kelly haussa les épaules, et se retourna vers Kiriko, un sourire sur les lèvres. Elle se rapprocha d’elle, et posa le bout de ses mains sur les délicieuses hanches de la belle dame, avant de lui glisser :

« Je crois que ça mérite une récompense, non ? Comme... Un baiser, peut-être ? »

653
Miléna, Hiei et Misha durent se résoudre à l’inévitable : attendre ici toute la nuit, avant de rejoindre Ras Orthund, où se terrait Jür-Günd, « le Chaman ». Le tyran aurait semblé plus approprié pour définir cet homme puisque, à en croire les propos de Sabrina, le Chaman fédérait les tribus de brigands pour attaquer les villages isolés. Et encore, elle ne leur avait pas tout dit, mais elle doutait forcément que les Kuro Yume iraient au-delà de leurs attributions, en allant combattre le maître du Chaman. Les trois créatures choisirent de se disperser, chacune avec une tâche bien précisé :

Mélina irait questionner Sabrina sur le temple, Jür-Günd, afin d’obtenir des informations supplémentaires.

Hiei irait interroger les guerriers qui protégeaient le village pour obtenir des renseignements sur les barbares et les monstres se terrant dans Ras Orthund.

Misha, quant à elle, irait questionner les anciens pour en savoir plus sur la montagne.

Chacun des Kuro Yume était ainsi complémentaire, et ils obtiendraient des informations, ce qui amena Sabrina à réviser son appréciation sur eux. Elle s’était presque attendue à ce qu’elles se décident à partir rapidement, sans attendre les tigres. Sabrina fut donc légèrement amusée, et haussa lentement les épaules suite à la question de Miléna. Au cœur du village, on était en train de dresser le feu de camp, et Sabrina se mit en route, marchant lentement, tout en parlant.

« Tu es aux fondations du monde, Miléna. Tu ne le réalises peut-être pas encore, mais les sociétés sont en train de se former. Les civilisations se construisent, la Préhistoire se termine, et l’Histoire commence. Dès les fondations du monde, violence et barbarie régnaient en maître. Beaucoup aimeraient se dire que ce sont des penchants masculins, mais la réalité est plus complexe. Tu es à la fin d’une époque, Miléna, et au début d’une autre. »

Sabrina parlait, et il n’y avait visiblement aucun lien avec Jür-Günd. Pour autant, la jeune femme suivait un cheminement logique, et continua ses explications, tout en descendant une pente, évitant les jeunes enfants qui couraient nus. Les habitants n’avaient que des peaux de bêtes, et n’étaient pas atteints par la complexité de notre époque. On voyait sans problème leurs sexes ou leurs seins. C’était une société des origines, décomplexée, loin du mythe du péché originel.

« Et, même à cette époque qui semble si reculée de la tienne, nous continuons à vénérer nos ‘‘anciens’’. Toutes les sociétés sont toujours articulées vers le passé. Et, dans notre passé, et même maintenant, les femmes sont le sexe dominant. Tu veux savoir pourquoi ? Regarde... »

Elle désigna du regard une femme qui était enceinte. Cette dernière caressait son ventre, et les enfants tournaient autour, touchant cet estomac qui bouillonnait de vie, tandis que les hommes la regardaient en souriant.

« Nous sommes porteuses de vie, Miléna. En définitive, on en revient là pour savoir quel sexe dominera l’autre. Pendant des millénaires, les pré-sociétés ignoraient comment la procréation se faisait. Personne n’était là pour nous dire qu’il faut que l’homme féconde les femmes. Partant de là, il n’y a pas de couple au sens moderne, et pas de famille. C’est une forme d’anarchie sociale où les femmes sont sacrées. »

Sabrina était descendue le long du chemin, et le soleil continuait à se coucher, tandis qu’un grand feu de camp avait lieu. La sorcière reprit alors.

« C’est à travers l’élevage que tes ancêtres ont réalisé comment ça se passait. Quand on sépare les animaux des différents sexes, on constate qu’il n’y a pas d’élévation du nombre de bovins, mais, quand on les met ensemble, ce nombre augmente. Cette simple chose a tout changé. Les femmes ont été perçues comme des menteuses, des manipulatrices, et le sexe masculin a pris le dessus. Ridicule, non ? Mais notre histoire l’est, dans le fond. »

Fataliste, Sabrina haussa les épaules, commençant à atteindre les huttes.

« Jür-Günd fait partie de ceux qui écriront l’Histoire. Des gens comme Gilgamesh, des conquérants sur qui on fera des légendes. Mais le Chaman n’est qu’une ombre. Un envoyé. Le monde évolue et change. Tu sais, Miléna, pour bien des gens de ma tribu, il n’y a rien au-delà de Ras Orthund. Ce serait mieux ainsi, mais, derrière cette montagne, on trouve les terres du Roi Bohan. Dans des siècles, on fera de ce roi un Dieu, alors qu’il n’est qu’un sinistre tyran. Mais, comme sa mort ne fait pas partie de votre plan, je doute que vous iriez jusque dans son royaume pour l’éliminer. »

Sabrina afficha un sourire triste, et s’arrêta près du feu de camp.

« Le palais de Jür-Günd ne dispose d’aucune réelle protection magique. Il tire son énergie d’un grand totem qui lui permet d’invoquer des démons et autres créatures maléfiques. Le plus dur sera d’atteindre ce temple. Pour rentrer dedans, il suffira de passer par la porte, tout simplement. Jür-Günd ne se cachera pas, et saura que vous êtes là. »

Pendant ce temps, sur le champ où les chasseurs tentaient de calmer les bêtes, et dépeçaient les cadavres des Warg, récupérant leurs défenses et leurs peaux pour se faire de nouveaux vêtements, on répondait à Hiei.

« Les barbares ont tous des villages, et chaque village a un chef de clan. Tous sont fédérés sous l’autorité de Jür-Günd, et les dresseurs de mammouths sont autour de la montagne. Plus vous monterez, plus les clans seront austères, séparés, mais non moins dangereux. »

Un autre guerrier poursuivit, essuyant le sang qui coulait sur une défense de mammouth.

« Vous êtes costauds, mais ne fanfaronnez pas. Vous n’avez même pas affronté une horde. Si vous avez de la chance, les clans seront vides, car les barbares se déplacent. Ils envoient des hordes dans toute la région. »

Un autre poursuivit, après avoir traîné la carcasse d’un Warg :

« Pour rejoindre Ras Orthund, vous devrez forcément traverser le territoire des Barbares. Depuis que Jür-Günd est là, les barbares ont construit avec leurs esclaves une espèce de ville centrale qui permet de concentrer leurs troupes. Vous devrez forcément passer par là. Je vous conseille d’opter pour la discrétion. Si les barbares vous repèrent, ils cesseront de se taper entre eux, et se rueront sur vous. »

Pendant ce temps, les « anciens » répondirent à la question de Misha à la manière des anciens :

« Ras Orthund est la fin du monde.
 -  Il n’y a rien de bon à aller là où le monde se termine.
 -  Cette montagne est un esprit maléfique, avec sa volonté propre. Quand elle gronde, les pauvres hères que nous sommes se cachent sous la terre. On la vénérait autrefois. »

On n’obtiendrait rien d’eux. Revenons donc à Sabrina, qui décida de s’intéresser un peu à son invitée :

« Alors, dites-moi... Rien ne vous force à me répondre, bien sûr, mais... Pourquoi la détestez-vous tant ? »

Inutile de préciser à qui ce « la » faisait référence, tant c’était évident. Même Sabrina avait senti sans hésitation à quel point cette sorcière semblait haïr sa Déesse naturelle... Ce qui était plutôt étonnant, et expliquait la curiosité dont Sabrina faisait preuve.

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Les terres sauvages / Re : Les Douze Épreuves de Kiriko [Kiriko Hattori]
« le: dimanche 24 juin 2012, 03:46:59 »
« Cette aventure... Hum... Elle manque de panache, tout simplement. Tu ne trouves pas, mon vieux ? Des gobelins, des petites créatures, c’est... C’est d’un tel ennui ! Oui, je comprends pourquoi tu tires la gueule. Je la tirerais aussi à ta place. »

Lictolis parlait tout seul, se trouvant dans le Donjon du Roi, à l’emplacement de la Chambre du Roi. Dans le creux de la main, il tenait le crâne d’Ellëndrill. Il avait retiré la perruque qu’on avait mis sur la tête, arrachant aisément la tête du corps. En fait, elle était tombée toute seule quand il l’avait poussé de son fauteuil poussiéreux en pierre pour s’asseoir dessus.

« Oui, il faut tuer l’ennui... »

Il tint d’une main le crâne, par les orbites vides, et sentit à l’intérieur une araignée, qui lui titilla le doigt. Son autre main se tendit vers le cadavre poussiéreux, et les os se brisèrent sous l’effet de la magie. Les os s’arrachaient tous, et se posèrent contre un mur, se dressant à la verticale, formant une espèce de triangle d’os. L’araignée, de son côté, était près de l’ongle du Représentant de la Folie, quand son ongle se transforma en griffe, la pulvérisant. Lictolis se releva alors, et se tint devant les os. Lictolis fléchit les genoux, ferma un œil, visa, et balança le crâne. Ce dernier renversa les os, et Lictolis poussa un cri.

« Yeah ! Strike ! »

Loin de là, dans le massif premier château du royaume, quatre individus avançaient. Atil, le Champion du Dieu du Feu, un jeune homme arrogant ; Bul, la Championne de la Déesse de la Glace, une elfe qui était la rivale naturelle du premier, et que les deux autres, au moins pour l’une des deux, semblaient nettement préférer à Atil ; Kelly, Championne de la Ruse, dont on ne pouvait que se méfier ; et Kiriko, Championne des Sorcières, une femme dure, Celkhane fidèle à la tradition des Celkhanes, qui menaça fort volontiers de rendre Atil eunuque. Ce dernier, qui semblait avoir du mal à parler, et ne comprenait pas de nombreux mots, se calma légèrement, et s’écarta. Kelly, elle, les ignorait royalement, préférant observer ses plans. Elle utilisait pour cela une petite console tekhane greffée au poignet, qui affichait une représentation tridimensionnelle des lieux. Malheureusement, l’endroit était très vaste, et bien des couloirs étaient obstrués.

« Vous auriez du la lui couper, souffla Bul après que Kiriko lui ait glissé son épée entre les cuisses. J’ai déjà vu sa queue il y a quelques années... Elle est toute petite ! La couper, ce serait lui rendre service ! »

Le groupe atteignit finalement une salle où des gargouilles se mirent à leur parler. Kelly coupa son plan, les regardant, méfiante. Trois passages. Le premier était simple, le second difficile, et le troisième virtuellement impossible, avec, à la clef, un énigmatique Gardien à affronter. Kelly nota la présence de trois portes, et ce fut à cet instant qu’Atil se retourna.

« Je refuse de voyager encore plus avec des lesbiennes ! Qu’elles forniquent ensemble ! Je vais tout droit, et je brûlerai les fesses de celle qui aura le culot de me suivre ! »

Bul rougit jusqu’aux oreilles, et répondit sur un ton véhément :

« C’est ça, casse-toi, on a pas besoin de toi !
 -  Ah ! Elles disent toutes ça avant de venir supplier mon aide ! Vous ne survivrez pas une seule seconde sans...
 -  Crève ! »

Bul lança une flèche de glace vers Atil, qui l’esquiva en s’envolant dans les airs. Il heurta avec le dos un pilier, et les gargouilles ricanèrent à nouveau.

« Ouvrez cette porte !
 -  Si tu y tiens, petit... Tu fais beaucoup de bruit pour un gringalet...
 -  Ouvrez cette porte ! Ou je vous fais flamber ! »

Les gargouilles ricanèrent, et lentement, la porte s’ouvrit. Atil s’élança alors, et balança alors une boule de feu vers les trois femmes. Bul réagit en envoyant une flèche de glace, qui heurta la boule de feu, faisant exploser cette dernière.

« Au revoir, bande de salopes frigorifiques !
 -  Frigides, espèce d’abruti ! Apprends à parler !
 -  Va chier, la morue... »

Bul poussa un rugissement hystérique, et la porte, lentement, se referma.

« Le temps vous est compté, Mesdames... Comme les bons génies, nous vous autorisons à poser trois questions. Vous en avez déjà posé deux. »

Les gargouilles faisaient référence aux questions de Bul et de Kiriko, et l’elfe protesta :

« Hey ! Bande de tricheurs !
 -  Pour tricher, il faudrait que nous violions une règle. Nous n’en avons pas encore établi. »

Kelly se mit à réfléchir, et lâcha :

« Et je suppose que, si nous vous demandons quelles sont ces règles, nous perdrons... »

Il y eut un petit moment de flottement, et une gargouille finit par répondre :

« Nous sommes des créatures d’intelligence, humaine. Et nous aimons jouer. Fixe tes règles, propose ton jeu, mais gare à toi si tu perds à tes propres règles. Vae Victis, disons-nous dans ce genre de situations. »

Kelly réfléchissait rapidement. Les gargouilles étaient un peu comme des sphinx. Et celles-ci semblaient aimer le jeu. La représentante de la Ruse fronça donc les sourcils, et finit par dicter ses règles :

« Je vous propose un jeu, gargouilles. »

Les gargouilles ricanèrent silencieusement, et une gargouille secoua alors lentement la tête :

« Tu nous intéresses, petite femme. Mais rappelle-toi : nous ne pouvons divulguer aucune information sur la dangerosité des portes à emprunter, ni sur la nature du Gardien. Il est des règles à laquelle on ne peut déroger. »

Kelly eut un léger sourire, et haussa les épaules, puis proposa son jeu :

« Je vous propose de tester votre intelligence, gargouilles. Nous vous poserons des énigmes pendant au moins dix minutes, et, si jamais vous échouez à répondre à une seule de nos énigmes, vous nous dévoilerez des informations pour compléter ma carte, indiquer l’ascenseur permettant de sortir, ainsi que les chemins obstrués. »

De telles informations aideraient fortement Kelly à les guider hors de ce vaste château. Les gargouilles se regardèrent à nouveau, et Bul avait un large sourire, pointant son doigt vers les gargouilles :

« Vous ne pourrez rien faire contre l’intelligence des elfes ! »

Il y eut à nouveau un petit instant de flottement, et les gargouilles ricanèrent.

« C’est intéressant ! Très bien, femmes ! Posez vos questions, vos énigmes. Si vous nous vainquez, alors vous aurez vos réponses ! Si vous échouez... Ces portes resteront éternellement closes. »

Bul se lança rapidement, et Kelly se mit à réfléchir.

« Qu’est-ce qui marche sur quatre pattes le matin, sur deux le midi, et sur trois au crépuscule ? »

Elle avait un léger sourire sur les lèvres, et les gargouilles répondirent rapidement :

« Un être humain ! Quel niveau ridicule ! Un enfant aurait trouvé celle-ci ! Est-ce là tout ce que vous avez à proposer ? C’est d’un... !
 -  Qu’est-ce qui a quatre roues et un million d’ailes ? »

Les gargouilles n’hésitèrent que peu, et répondirent rapidement, sur un ton blasé :

« Un tombereau d’ordures grouillant de mouches ! Est-ce là tout ? Nous vous prévenons, nous n’apprécions que les devinettes de haut niveau ! »

Bul serra les dents, blessée dans son orgueil, et ce fut Kelly qui lâcha alors :

« Dans un tunnel de ténèbres se tapit une bête de fer. Elle ne peut attaquer qu’à reculons. Qu’est-ce que c’est ?
 -  Une balle dans le canon ! répondirent les gargouilles du tac-o-tac.
 -  Marche dessus en vie, elles ne diront mie. Mais si elles ont péri, tu leur arracheras des cris. Qui est-ce ?
 -  Des feuilles tombées de l’arbre » enchaînèrent les gargouilles, joviales.

Kelly se mit à réfléchir à nouveau, se tapotant les lèvres, et enchaîna alors. Si les gargouilles répondaient à ça...

« Je vole, mais n’ai point d’ailes. Je vois, mais n’ai point d’yeux. Je galope, mais n’ai point de pattes. Plus féroce qu’une bête fauve, plus forte que l’ennemi. Je suis rusée, implacable et immense ; au final, je règne sur tout et tous. Qui suis-je ? »

C’était la plus difficile énigme de la Déesse de la Ruse. Elle ferma lentement les yeux, espérant que les gargouilles tomberaient dans le piège, mais, implacables, elles répondirent :

« L’imagination humaine. »

Les gargouilles s’esclaffèrent joyeusement, et Kelly se gratta l’arrière de la tête, avant de réfléchir. Personne n’aurait pu répondre si rapidement à cette énigme. Même un surdoué. Avant de s’en assurer, Kelly posa encore une ultime devinette :

« De celui qui mange est sorti ce qui se mange et du fort est sorti le doux. »

Bul la regardait avec de grands yeux ronds, ayant l’impression que Kelly et les gargouilles s’entretenaient à un tout autre niveau. Kelly eut un espoir, un léger espoir, qui ne dura que quelques secondes :

« Qui mange est un lion ; la douceur est celle du miel des abeilles qui ont fait leur ruche dans le crâne du lion. »

Bul baissa les bras, vaincue. Et le temps, lui, manquait. Mais Kelly, quant à elle, commençait à voir une solution.

[HRP - Pour la résolution de cette épreuve, qui est inspirée (et même plus que ça) d'un des passages-cultes de "La Tour Sombre", si tu ne trouves pas comment piéger les gargouilles (ce qui est d'ailleurs probable, à moins d'avoir lu le bouquin), Kelly s'en chargera ^^]

655
[HRP – Je ne sais pas pour toi, mais j’adore jouer Atil et Bul ! Du coup, mon post est un peu long, car je me suis tapée de petits délires x)]

Le combat n’était clairement pas en l’avantage des quatre candidats. Les gobelins étaient bien plus nombreux, et se trouvaient en plusieurs endroits, les submergeant. Des flèches pleuvaient dans tous les sens, mais, fort heureusement, les gobelins n’étaient guère de bons archers. Tout comme ils étaient de piètres bretteurs. Ils misaient avant tout sur la rapidité, mais ils étaient facilement couards, et comptaient avant tout sur leur nombre.

« De la chair f-f-f-f-f-frétillante ! glapit l’un d’entre eux.
 -  Je les v-v-v-v-v-v-veuxxxxxx ! »

Voilà en effet qui les changerait des rats et des autres animaux sauvages qui hantaient cette mine. Ils bondirent donc sur leurs adversaires, mais se heurtèrent à de solides combattants. Bul et Atil firent des ravages, et les hurlements de douleur des archers gobelins se faisant carboniser insufflèrent rapidement la peur dans le cœur des gobelins. Du moins, quand ils commencèrent à voir leur nombre diminuer, sans parvenir à approcher la femme en violet. Là, la lame faucha l’avant-bras d’un gobelin, et sa hache s’envola, tandis que la longue et mortelle épée terminait sa course en égorgeant un autre gobelin. Trois gobelins se replièrent prudemment.

« J-J-J-J’croyais que le Diable était... Rouge !
 -  C-C-C-C-C’est pas le-le-le-le-le diable! Un coup dans l’bide, et elle sera toute f-f-f-f-f-fréééééttillaaaante !
 -  Per-per-per-sonne ne m’accuse de mentir ! »

Dans une grande harmonie, le gobelin se rua alors sur son collègue, et le frappa avec sa hache en plein milieu de la tête, la plantant dans son crâne. Des torrents de feu se répandirent alors sur les rangs des gobelins, émanant d’Atil. Ayant joint ses deux mains, ce dernier, dans de grands éclats de rire, avait créé une essence de colonne de feu qui se déplaçait toute seule, carbonisant sans la moindre pitié les gobelins. Dans des hurlements sifflants, les gobelins s’enfuirent alors rapidement, sans demander leur reste.

Atil décrivit alors des cercles de feu en l’air, fanfaronnant :

« Haha, ouais, fuyez, loqueteux ! Voyez, Mesdames ! Avec moi, vous n’avez rien à craindre ! Mais utiliser tout ce feu, ça épuise... Peut-être qu’un peu de charme féminin aiderait à raviver en moi les flammes de la Passion ! »

Il avait dit ça avec un grand sourire devant Kelly. Cette dernière s’était surtout battue en retrait, tentant de couvrir les arrières de Kiriko en balançant des shurikens et des couteaux de combat, visant les parties sensibles des ennemis. Elle avait du affronter quelques gobelins, utilisant à cette fin une dague, mais était bien moins douée que Kiriko. La ruse était son domaine, pas le combat ! Elle esquissa donc une grimace de dégoût devant Atil, qui s’était rapproché de son visage avec un sourire mielleux, et se contenta de sortir à nouveau son obsidienne. Ce dernier vit ses flammes partir, et battit inutilement des bras, tombant sur le sol, en geignant.

« Meuchanteuh !
 -  Pathétique... grogna Kelly. Avec des mecs comme toi, je comprends pourquoi il existe des lesbiennes.
 -  Les filles sont folles de moi !
 -  Elles doivent vraiment être désespérées, alors... »

Atil se releva, et croisa les bras. Kiriko se rapprocha alors de Kelly, et, à la surprise de la représentante de la ruse, caressa l’une de ses joues. Kelly ne put en dissimuler un léger rougissement de ses joues, et se reprit bien vite, avec un léger sourire, louchant alors sur le corps de Kiriko, comme pour mieux détailler ta beauté :

« Et bien, il semblerait que notre redoutable dragonne puisse finalement se laisser attendrir... Quand tout ça sera fini, Kiriko, je...
 -  Bis ! Bis ! Les am... » s’exclama Atil en les pointant du doigt.

*PAF !*

Kelly l’avait giflé. Atil grogna, et s’éloigna alors, tapant dans le sol, en boudant.

« Bon... fit Kelly. Il nous faut reprendre ! Je pense que la sortie ne doit pas être très éloignée. Si j’en crois les vieux plans du royaume que j’ai trouvé dans la mine, nous sommes ici dans l’ancienne fonderie des nains.
 -  On s’en cogne... maugréa Atil.
 -  Cette ancienne fonderie travaillait le matériel, le faisant passer à travers des tapis roulants depuis le contenu de la mine. Il y avait toute une série de tapis roulants dans des zones-clefs de la mine, et l’ensemble allait directement au premier château. Dans les temps anciens, Ellëndrill avait créé un immense monte-charge menant du donjon du premier château à la surface. Je ne peux pas trop m’avancer, mais je suppose d’ailleurs que ce profond puits a été le fondement du royaume.
 -  Putain, on... Non, d’accord, j’ai rien dit ! répliqua Atil en voyant le regard mauvais de Kelly. Pourquoi diable est-ce que, toutes les femmes de Terra, il faut que je sois avec trois cinglées insensibles à mon art ? bouda-t-il.
 -  Ce premier puits s’est effondré, probablement parce qu’il était instable, et les mineurs ont été isolés. Les plans ne faisaient pas référence à deux châteaux. Je suppose donc que le second château date de la période du royaume. Le premier château ressemblera plus à une espèce d’usine, et il ne doit pas être très loin.
 -  Est-il possible de réutiliser le premier puits qui a été utilisé ? »

Dans son coin, Atil grognait en essayant de produire des étincelles, ouvrant et fermant la bouche rapidement, parodiant ainsi de manière grotesque Kelly.

« ’Fais pas genre que t’écoutes, sale truie !
 -  Mais va chier, gros con !
 -  Le premier puits a été condamné, mais c’est une piste à ne pas négliger. Je nous vois mal ressortir par la mine. Surtout que le temps finirait par nous manquer.
Peut-être qu’on pourrait justement songer à se remuer, non ? A moins que tu ne veuilles nous faire un cours sur l’histoire des rochers !
 -  Tu devrais te cultiver, tu serais moins bête !
 -  Quand j’ai appris que 99% des êtres vivants de Terra pouvaient prendre feu, j’ai arrêté les cours. La culture, c’est rien d’autre qu’un prétexte pour donner l’impression aux faibles et aux tocardes comme toi qu’elles sont utiles !
 -  Je te hais !
 -  Et ben moi aussi ! »

Kelly soupira à nouveau, semblant perdre espoir, et donna deux nouvelles gifles. Elle reprit ensuite sa marche, quittant la fonderie en suivant un tapis roulant le long d’un couloir. On pouvait y voir une technologie assez steampunk, avec de gros tuyaux et d’énormes pompes abandonnées. Kelly avançait en tête, jusqu’à entendre des cliquètements, et s’arrêta soudain, faisant signe aux membres de se taire, et se dissimula dans l’entrée d’un couloir obstrué par d’énormes gravats. Qu’est-ce qui était à l’origine de ce bruit ? Kelly eut bientôt sa réponse en voyant une créature jaillir depuis un tuyau éventré, et s’avancer lentement, marchant avec ses six pattes mécanisées. Une énigmatique araignée mécanique.

« Bordel... murmura-t-elle en voyant la créature s’éloigner.
 -  J’aime pô les araignées ! C’est moche, gluant, et visqueux ! piailla Bul.
 -  Petite nature ! Moi, elles ne m’effraient pas !
 -  Tant mieux, car tu en as une juste derrière toi...
 -  Je ne marche pas !
 -  Tu devrais... »

Atil, curieux, se retourna alors, et vit le ventre velu d’une araignée normale.

« HÎÎÎÎÎÎÎÎÎÎÎÎ ! » s’exclama-t-il en bondissant en arrière.

Sa tête heurta alors les seins de Kiriko, s’enfonçant entre eux.

« Ow, ch’est chonchortable par ichi ! »

*PAF !*

Kelly l’avait à nouveau giflé, et Atil se retrouva par terre.

« On sous-estime beaucoup trop les nains, en partie à cause de la propagande elfique, qui en fait des ivrognes ignares n’aimant que boire et se battre.
 -  C’est la stricte vérité ! nuança Bul. Ils sont bêtes, moches, et n’ont aucun sens de l’hygiène ! Ils passent leur temps à boire, à roter, et à péter ! De plus, les elfes sont trop purs pour mentir !
 -  Vraiment ? Pourtant, il me semble que le sketch sur les nains et la mine relève bien de ça... ‘‘Combien faut-il de nains pour creuser en deux jours un tunnel de 28 mètres dans du granite ?’’ »

Cette révélation attira un sourire amusé sur les lèvres de Bul.

« Cette histoire est reprise par bon nombre d’humains !
 -  Quoiqu’il en soit... tenta de dire Kelly.
 -  Je le connais pas, ce sketch, moi ! protesta alors Atil.
 -  Tu n’avais qu’à te cultiver !
 -  Oh, allez, raconte, raconte, raconte, raconte !
 -  Hum... Oui, mais à une condition...
 -  Ah oui ? Laquelle ?!
 -  Admets enfin la supériorité de ma Déesse sur la tienne. »

Atil fronça les sourcils, et secoua la tête :

« Jamais ! Espèce de... De méchante ! Je te parle plus, d’abord !
 -  Parfait, ça me fera des vacances ! »

Kelly se racla la gorge, et les deux insupportables garnements se turent brièvement.

« Comme j’essayais de le dire, les nains sont faibles de nature. Ils ont une faible corpulence, ont une propension naturelle à l’alcoolisme, mais, s’ils ont survécu à la sélection naturelle, c’est parce que ce sont des inventeurs de génie. Leur petit corps leur permet de se faufiler dans les mines, et les minerais qu’ils en extraient leur ont permis des choses incroyables. L’araignée que vous avez vu était une araignée mécanique de maintenance alimentée par une gemme d’énergie. Ces gemmes doivent sans doute être fabriquées à partir de cristaux se trouvant dans la grotte. Que ces araignées de maintenance continuent encore à fonctionner est une énigme... Une gemme n’aurait pas pu tenir si longtemps... Elles peuvent larguer des éclairs pour se défendre, mais elles ne sont pas bien dangereuses. Ce sont des ouvrières et des éclaireuses, qu’on envoie aussi dans les conduits très étroits quand un obstacle bloque l’acheminement des matériaux.
 -  Vous... Vous voulez dire que... Que quelqu’un les aurait réactivés ?
 -  C’est fort possible... Continuons... »

Le groupe quitta le couloir, et finit par trouver une portion de mur pulvérisée, qui donnait directement au château. Kelly s’avança la première, marchant sur quelques mètres, et leva la tête, interdite, bluffée de stupeur. Même Atil et Bul se turent en voyant la pièce magistrale qui se tenait devant eux. Le premier château du royaume d’Ellündrill se dressait fièrement devant eux.

« Admirez, admirez, murmura faiblement Kelly. Le savoir-faire des nains dans toute sa splendeur... »

Devant leurs pieds, un long perron menait à un immense château, qui semblait les écraser par sa taille impressionnante, par sa phénoménale hauteur. C’était une construction colossale, tout simplement. Aucun autre mot ne pouvait résumer autrement la grandeur du château d’Ellündrill :


« Waaw... » murmura Atil.

Kelly eut un léger sourire, et commença à s’aventurer sur le perron. En l’air, on pouvait apercevoir, dans le plafond, une espèce de crevasse, de profond trou bouché. C’était la sortie, et la plus haute tour du château s’enfonçait dans le trou. Il y avait sûrement par là un moyen de sortie. Lentement, Kelly s’avança, jusqu’à entendre du bruit. Au-dessus de la porte d’entrée, il y avait un petit toit, une espèce de perron d’où une lueur verte émanait, et Kelly aperçut alors un homme qui s’avançait vers eux. Fronçant les sourcils, elle glissa entre ses doigts un shuriken, alors que la silhouette se découpait progressivement dans l’ombre, et prenait la forme de...

« Lictolis !
 -  Oyez, Oyez ! s’exclama ce dernier en levant les mains, et en faisant une courbette exagérée. Gentes dames, gents hommes ! Je vous souhaite l’humble bienvenue dans mon céleste royaume ! Hum ? Comment ? Que dites-vous, Madame ? Je suis... Un usurpateur ?! Diantrerie que cela ! Oui, Madame, j’invente ce mot pour souligner à quel point vos sarcasmeries sont fallacieuses et trompeuses ! Ha, que répondez-vous à cela ?! Rien, je le sais ! Haha ! »

Lictolis parlait tout seul, et Kelly en profita pour balancer son shuriken. Ce dernier atteignit pile sa cible, se plantant entre les deux yeux. Lictolis en poussa un petit couinement de surprise, et regarda alors, en fronçant les sourcils, celle qui avait osé. Puis il toucha des doigts le shuriken, et son sang qui s’écoulait de sa plaie, et se mit à le lécher.

« Hum... Juteux ! Bienvenue, mes amis, bienvenue, mes frères, mes soeurs, mes oncles, mes poils de cul, mes ouailles, mes bourreaux, bienvenue à VOUS TOUS, et préparez-vous pour une nuit de folie avec LICTOLIS ! Yeah, rock’n’roll, baby ! »

Et Lictolis sortit alors le shiruken de son front, et le balança tout droit vers Kiriko. Le shiruken se planta dans sa lame, et rebondit sur cette dernière, éraflant le bout du nez de la Celkhane. Lictolis était alors reparti. Kelly grogna.

« Je hais ce type...
 -  Il a trop la classe ! Putain, j'suis fan !
 -  Ta gueule ! On continue ! C’est sûrement ce dingue qui a réactivé les robots des nains... 'Fais chier ! »

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Dictature d'Ashnard / Re : Apaiser la soif d'une Déesse [Myra]
« le: dimanche 17 juin 2012, 19:05:27 »
Les joues rougissantes des gardes les trahirent. Elles faisaient partie de l’élite de la Garde de Sha, justement parce qu’elles étaient aptes à rester professionnelles et de marbre. Mais rester de marbre face à Myra, c’était... C’était tout simplement impossible, et cela même pour des gardes d’élite. Pourtant, elles tâchèrent de conserver leur distance avec Myra, tout en sachant que, si jamais cette dernière tenterait de les faire succomber, elles ne pourraient éternellement résister. En dernier recours, elles s’abriteraient derrière la menace d’user de la force sur elle, mais, pour Myra, ce serait plutôt comme un encouragement à persister qu’un frein à ses ambitions. On la laissa donc « s’habiller ». Laissant une sorcière complètement épuisée, Myra enfila un léger chandail noir. Avec la sueur qui suintait sur son corps, ce dernier ne tarda pas à épouser ses formes, et à ne rien cacher. On voyait clairement la forme de ses seins, et ce fut ainsi qu’elle sortit, sans se donner la peine de se vêtir plus amplement. Fort heureusement, la région présentait un climat assez tempéré.

Tout en sortant, les gardes, restant derrière Myra, observèrent son joli fessier rebondi. Son tatouage en forme de papillon épousait à merveille le sommet de son agréable postérieur, et elles suivirent silencieusement la femme. Dans la rue, Myra s’attira naturellement des commentaires. Ils n’étaient nullement désobligeants, plutôt rieurs et songeurs. Myra était connue dans ce comté, vu qu’elle avait bien du coucher avec la moitié des sorcières. Les enfants la regardaient silencieusement, curieux, les mères en jalousant cette paire de hanches, et les vieilles mères qui époussetaient le palier de leurs portes en grognant devant l’écoulement du temps. Myra était un peu l’attraction locale, et même les patibulaires Orcs, quand ils venaient en ville pour faire des patrouilles, et devaient se retenir de ne pas casser quelque chose, déglutissaient devant cette beauté.

Myra retourna dans le temple, et les deux gardes la suivirent jusque devant les quartiers privés de leur Déesse. Sauf autorisation de sa part, celles-ci n’avaient nullement le droit d’entrer, et c’était, à bien y réfléchir, tant mieux pour elles. Cette promenade dans le village avait mis leurs nerfs à rude épreuve. Sha, quant à elle, avait senti sa petite Myra venir, et elle ne fut pas déçue. Son corps était encore marqué par sa nuit de plaisirs. Elle était rouge, avec une peau qui semblait presque huilée, et une odeur qui était un subtil mélange de cyprine, de sexe, et de sueur. Pourtant, même malgré cela, Myra conservait une certaine allure digne. Ses cheveux étaient bien coiffés, et son regard ne témoignait d’aucune fatigue.

*Elle est admirable... Une digne pratiquante de la magie des passions, la magie rose.*

La magie rose, la magie du désir, était une magie assez peu reconnue. Les académiciens la plaçaient généralement comme une sous-branche de la magie rouge, mais, s’il n’y avait que des pratiquantes comme Myra, personne n’aurait l’audace d’appeler ça une « sous-branche ». Myra alla sur le grand lit. Nue, Sha était allongée au milieu, offrant la vue superbe de son corps, et sentit son désir naître. Myra lui donna un coup de langues sur la joue, et se glissa contre elle, enroulant ses jambes autour de sa taille. Myra se présenta, et Sha eut un léger sourire.

Corps collé au sien, elle tendit un doigt pour caresser les lèvres de Myra, et répondit rapidement, leurs seins se caressant :

« Hum... Cette nuit, je suis revenue d’un long voyage pour découvrir que mon lit était froid, et pour réaliser que, pendant que je dormais seule ou presque dans mon grand lit, avec de jeunes servantes trop timides et trop respectueuses de ma divine personne pour réussir à me satisfaire pleinement, toi, tu étais en train de t’amuser comme une folle avec une sorcière. »

Sha faisait la jalouse, jouant à ce jeu auquel Myra aimait bien se présenter. Elle enfonça son doigt dans la bouche de Myra, le remuant d’avant en arrière, l’enfonçant profondément, tandis que son autre main allait caresser l’une des seins de sa sorcière. Elle pinça son téton, avant de glisser ses doigts sous cette délicieuse masse de chair. Ses doigts s’enfoncèrent légèrement dans cette chair tendre et humide, couverte de salive et de sueur.

« Je t’ai entendu, ma petite cochonne... Je t’ai entendu hennir de plaisir tandis que cette femme te procurait un plaisir vif. Je te voyais jouir comme une folle, je la voyais mordre dans tes délicieux seins tandis que tu la recouvrais de ta semence blanche. J’ai ressenti... Une frustration divine, ma petite pute, alors, pour ça, laisse-moi te dire que... »

Sha retira alors son doigt, et poussa Myra, l’envoyant tomber sur le sol, devant elle. Sha la retourna, et fit sortir son membre. Un pénis jaillit d’entre ses cuisses, et elle força Myra à se mettre à quatre pattes. Ses fesses étaient déjà bien dilatées, et elle s’enfonça donc dans son cul sans attendre plus longtemps, avant de donner une magistrale gifle sur son postérieur :

« Je ne vais pas te ménager, ma salope ! »

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Les bas fonds / Re : Côté Obscur & Magie Noire [Darth Kaleesha]
« le: mercredi 13 juin 2012, 20:25:40 »
Sha eut une rapide pensée pour Karin. Natalia était une puissante sorcière, formée dans les arts de la magie et améliorée dans les arcanes de la sorcellerie. Elle maîtrisait la magie blanche à un haut niveau, et était donc la plus à même de soigner Karin. Pour autant, ce serait long et difficile. Karin avait été méchamment mutilée. Ses membres pourraient se recoudre sans laisser trop de cicatrices, mais Natalia en serait épuisée. Il fallait également tenir compte du mental de Karin, mais, sur ce point, l’Ombre n’était pas trop inquiète. Karin était une battante, comme la plupart de ses sorcières. Elle survivrait. Avec cette pensée en tête, l’Ombre s’intéressa au combat entre cette énigmatique femme et le Balrog.

Elle constata bien rapidement que la femme à l’épée de feu ne pouvait rien faire contre le Balrog. Ses assauts étaient sans effet notable sur le corps massif du démon. Quand son fouet de feu ne parvenait pas à briser les débris que la femme lançait, son corps fait de feu et de pierre les stoppait sans difficulté. Poussant des rugissements de rage, le Balrog piétinait les tombes sans se soucier des dégâts qu’il occasionnait, se concentrant sur cette agaçante proie. L’invincible créature faisait claquer son long fouet, mais, à chaque fois, la femme, grâce à sa vitesse, proprement surhumaine, esquivait les attaques. Le jeu du chat et de la souris durerait jusqu’à ce que l’un des deux se fatigue, ce qui ne risquait pas d’arriver pour le Balrog. Il avait des millions d’années, et végétait dans les profondeurs infernales de l’Enfer. Appeler un Balrog n’était jamais facile. Outre avoir un excellent niveau en invocation, il fallait aussi réussir à le contrôler. Même pour une Déesse, un Balrog était un gros morceau.

*La première fois que je t’ai invoqué, tu avais ravagé tout un oasis jusqu’à ce que je parvienne à canaliser ta rage, et à la canaliser sur ces irritants Croisés. De tous les rejetons des Enfers, tu es probablement l’un des plus anciens, entièrement fait de haine et d’une rage absolue. Si je ne parvenais pas à la concentrer pour que tu la laisses parler sur cette femme, tu n’hésiterais pas à attaquer Nexus.*

Le cimetière se situait près de Nexus, mais sans être dans la ville. C’était un cimetière de naufragés, et il était entouré par un petit mur. On pouvait néanmoins voir, depuis cette position, les murs entourant la ville immense, ainsi qu’une partie des quais. Le port de Nexus était probablement l’un des plus grands ports du monde, capable de concurrencer avec Tekhos, même si ses quais, naturellement, n’avaient pas la place d’accueillir les immenses cargos tekhans. Le cimetière était donc juché le long d’une falaise, et, tandis que le combat se prolongeait, cette femme vêtue de noir sembla le réaliser.

Elle suscitait la curiosité de Sha. Elle n’était pas une sorcière, et son style de combat était particulier. Tout comme son arme... Et tout comme le fait qu’elle connaissait la petite histoire de Terra... Avait-elle torturé une prêtresse d’Aphrodite ? Si tel était le cas, ça expliquait sans doute pourquoi elle croyait que les Dieux autres qu’Aphrodite étaient de faux Dieux. Les Dieux, surtout ceux de la génération antique grecque, avaient cette fâcheuse tendance de se glorifier eux-mêmes, de surévaluer leurs capacités. C’était, entre autres, ce qui les rendait insupportables aux yeux de Sha : leur arrogance et leur vantardise primitive. Ils étaient bien trop proches des humains et de leurs défauts. Qui était-elle donc ? La prêtresse d’un Dieu noir ? D’Ulkair ? Non, Ulkair était un Dieu noir bien trop faible pour bénéficier d’une telle prêtresse. Sûrement Khorne, alors. Sha y songeait silencieusement, tandis que la femme parvenait à se débarrasser du Balrog en retournant la force physique colossale du démon contre lui.

Le démon ne poussa pas un cri en tombant. La peur lui était inconnue, noyée par sa rage. Quant à la femme noire, elle semblait fière d’avoir vaincu le Balrog... Sha restait dans l’ombre, attentive.

*Présomptueuse... Mais on ne triomphe pas d’un Balrog si facilement, jeune impertinente...*

Alors que le Balog tombait, il s’était tourné, et avait lancé son fouet. Ce dernier était bien plus long que ce qu’on pouvait, et la femme noire était bien trop près du rebord. Alors que le Balrog était avalée par l’eau, l’une des trois lanières de son fouet s’enroula autour du pied de la femme, et la tira en arrière, la faisant basculer dans l’eau. Le Balrog s’était violemment écrasé dans la mer, éteignant du coup ses flammes, mais n’était toujours pas vaincu. Tombant lourdement dans l’eau, il était encore fait d’une roche solide qui, elle, ne craignait pas l’eau. En voyant l’insecte qui l’avait ainsi embêté, le Balrog poussa un rugissement, continuant à couler. Il atterrit dans les profondeurs d’une mer relativement peu profonde, posant ses lourds pieds sur le sol.

Dans l’eau, le Balrog n’avait rien perdu de sa force, mais beaucoup de son agressivité. Sans ses flammes, il se mourait lentement. Il en avait besoin pour que sa structure ne se disloque pas, et se mit donc à courir vers la paroi, avant d’utiliser ses jambes pour bondir hors de l’eau. Se tenant sur le rebord de la falaise, Sha continuait à observer l’affrontement, et décida de faire parler ses pouvoirs divins.

Le Balrog tenta de s’agripper à la paroi, mais Sha tendit sa main, et envoya une onde de choc qui l’en empêcha, le repoussant dans l’eau. Il s’y écrasa avec force, et la magie de Sha l’aide à percer l’eau, la perçant tant et si bien qu’une dépression se forma au centre de la mer. Une espèce de tourbillon d’air fusa dans l’eau, coupant cette dernière, formant une espèce de trou où l’eau se mit à tourbillonner autour, formant une espèce de paroi qui ne parvenait pas à recouvrir la mer. L’ensemble formait donc une espèce de cercle d’une dizaine de mètres de diamètre, au centre duquel on trouvait la femme noire et le Balrog, l’eau formant une espèce de paroi les immobilisant.

Sha apparut alors au-dessus des deux combattants. Malgré l’absence de l’eau, les flammes du Balrog peinaient à apparaître. L’eau obstruait ses crevasses, étouffant son feu naturel. Utilisant sa magie, l’Ombre tentait de le calmer, de réfréner sa rage, sa fureur, mais cette dernière était encore plus forte, maintenant qu’il était privé de son feu.

« Je ne cherche pas à te tuer, femme, lança alors Sha. Tu es une guerrière de talent, je le reconnais. Rares, très rares, sont ceux qui peuvent tenir tête à un Balrog, et encore plus rares ceux qui peuvent le blesser. Mais tu es fatiguée, je peux le sentir. Et le Balrog est en rage contre toi. Je ne pourrais plus le contenir guère longtemps. Je peux en revanche le renvoyer d’où il vient, et il est probable qu’il tuera des milliers de démons pour calmer sa fureur. Je tiens à m’entretenir avec toi sans risquer d’attaques de ta part. Peux-tu me garantir cela ? Ou souhaites-tu mourir dans cette mer ? »

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Les trois Kuro Yume firent preuve d’un engouement et d’une efficacité au combat remarquables. Dans cet endroit hors du temps et de l’espace, hors des lois classiques qui régulaient l’Univers, la sorcière de la Voie était impressionnée par une telle performance. Il ne fallut aux trois individus que quelques minutes pour venir à bout des chasseurs de Jür-Günd. C’était un spectacle fascinant, et la sorcière ne vint à se demander si cette Miléna ne serait pas capable de venir à bout du Chaman. Avec ses ailes noires, elle ressemblait à un funeste présage.

« La Haine brûle en elle... »

Elle ne tourna même pas la tête vers la silhouette fantomatique qui était apparue à côté d’elle. Le Passeur était là, et commentait Miléna, qui évitait les flèches que les dresseurs lâchaient, ou s’en prenait, pour le simple plaisir de leur montrer leur faiblesse. Elle torturait ensuite les dresseurs, qui hurlaient de douleur. Ces derniers n’étaient toutefois pas des enfants de chœur, et la sorcière n’éprouvait aucune pitié pour des gens qui arboraient sur eux les ossements de leurs victimes. Ils étaient des barbares descendants des collines, comme leurs mammouths.

« Elle est son moteur et son carburant... Mais il en est de même pour ses compagnons.
 -  Les laisser passer aussi facilement était une erreur...
 -  Leurs grands airs m’agaçaient... se justifia le Passeur.
 -  Le temps te rendrait donc impatient ?
 -  Tu m’accuses, ma chère, mais toi, tu comptes les envoyer affronter le Chaman. Ce n’est pas franchement mieux que moi...
 -  Je les envoie là où ils désirent aller, tout simplement. »

Le Passeur ne commenta pas. La bataille était terminée. Miléna utilisait ses jets de feu pour tuer les barbares et les mammouths, cherchant à les interroger sur la clef. Elle n’obtiendrait rien d’eux. Seul le Chaman détenait la clef menant à la suite du voyage, sur le second Sentier. Ces barbares-là ignoraient jusqu’à l’existence de la clef. La bataille terminée, plusieurs barbares parvinrent à s’enfuir, tandis que les Warg se dispersèrent. La sorcière s’approcha alors des Kuro Yume, afin de les féliciter.

« Bravo ! Vous êtes de valeureux guerriers ! Mon village a envers vous une dette reconnaissante. Suivez-moi, je vous prie. »

La sorcière retourna dans le petit village, ce délicat campement perdu sur une pente. En contrebas de la pente, il y avait d’autres masures et d’autres huttes, signe que le village était un peu plus grand que ce que les Kuro Yume avaient initialement vu. La sorcière les laissa s’avancer un peu. Le soleil commençait à se coucher, et elle désigna du menton une énorme montagne.

« Ces hommes que vous avez tué sont les barbares de Jür-Günd. Ils appartiennent à d’austères tribus vivant dans cette immense montagne. Nous l’appelons « Ras Orthund ». Ras Orthund est une immense montagne dont le sommet se perd dans le ciel. Il vous faudra au moins deux jours pour l’atteindre, et trois pour atteindre le sommet. Le temple de Jür-Günd se trouve au sommet. »

Elle laissa un petit moment de silence planer, laissant aux Kuro Yume comprendre ce que cela signifiait. Ras Orthund pouvait se voir depuis le village. Une énorme montagne noirâtre. La sorcière s’avança ensuite vers l’autel de Sha, et donna quelques explications supplémentaires :

« Les villages des clans barbares se trouvent au pied de Ras Orthund, et dans les parties inférieures. En hauteur, vous ne trouverez que des monstres et d’autres créatures. J’aimerais vous accompagner, mais je dois veiller sur ce village. Je vous demande de bien vouloir accepter notre hospitalité. Partir ce soir est imprudent, d’autant plus que vous n’avez aucune monture. Demain matin, nos chasseurs reviendront avec des tigres à dents de sabre. Ce sont des montures excellentes, et, sans elles, il vous faudrait des semaines pour rejoindre Ras Orthund. Ne vous en faites pas ; le temps s’écoule différemment entre l’endroit d’où vous venez et la Voie. »

Elle les regarda à nouveau, et se permit un léger sourire :

« Néanmoins, vous n’êtes pas mes prisonniers. Si vous désirez prendre tout de suite la route, vous êtes libres de le faire. Autrement, sachez que vous pourrez obtenir des villageois des informations intéressantes sur les barbares, Jür-Günd, ou Ras Orthund. »

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Sha avait presque oublié à quel point Bastet était... Une gamine. Elle n’en avait pas que l’apparence, mais aussi le comportement. Dire qu’elle était plus vieille que tout l’Olympe... Pour autant, Bastet avait raison sur plusieurs points. Elle était très proche de Sha, et c’était assez réciproque. Comme l’Ombre, elle faisait partie des très anciennes générations de divinités, et, même si elle était plus jeune encore que Sha, elle n’en restait pas une longue amie. Sha ne l’avait néanmoins pas revu depuis longtemps, et esquissa donc un léger sourire lorsque Bastet s’impatienta devant le fait qu’elle la vouvoie. Tendant la main, Sha lui tapota affectueusement la tête.

« Soit... »

L’Ombre disparut alors, et il s’écoula quelques secondes avant qu’un portail ne se forme, et qu’une nouvelle femme apparaisse. Il s’agissait de Sha, mais dans sa forme humaine, cette fois. Sa longue chevelure noire descendait le long de ses épaules, et elle portait son long manteau. Rien en-dessous, juste une simple culotte. On voyait ainsi dans l’ouverture du manteau, les formes de ses seins, et sa belle peau. L’Ombre se rapprocha de Bastet, et la prit dans ses bras, lui faisant le câlin qu’elle réclamait.

« Notre dernière rencontre remontait à longtemps, petite Déesse se justifia-t-elle, avant de l’embrasser sur le front. Mais je suis sincèrement heureuse de te revoir. »

Sha était un reliquat des temps anciens, qui méprisait généralement les autres Dieux. Son aversion pour les Dieux grecs était forte, tout comme pour les Dieux égyptiens. Inceste, crises entre Dieux, ils étaient tout simplement ridicules, une espèce de sinistre farce. Sous le règne des Dieux grecs, les monothéismes avaient éclaté, se répandant comme des traînées de poudres, balayant les anciens cultes et les vieilles religions. Les druides avaient disparu, les Asgardiens s’étaient effondrés, l’Olympe avait été détruit...  Un beau gâchis. Pendant que les Athéniens sombraient progressivement dans la bâtardise intellectuelle, et étaient submergés par les Romains, les Dieux grecs n’avaient rien trouvé de mieux à faire que continuer à se chipoter entre eu, et de transférer leur panthéon chez les Romains, changeant au passage leurs noms. Ils étaient indignes d’être des Dieux, tout simplement.

Elle s’écarta ensuite de Bastet, et alla près de Kiriko et de Bitia. Contrairement à Kiriko, Bitia était dans le doute, et la phrase de Kiriko à l’intention de Bitia avait légèrement effrayé cette dernière. Légèrement, car elle avait d’autres soucis en tête que les propos d’une espèce de fanatique orgueilleuse. Elle parlait avec plusieurs des gardes de l’expédition, qui étaient également préoccupés. Une alliance entre les clans du désert était rarissime, et se faisait généralement en prévision d’une menace plus grande. Quand les Ashnardiens avaient amené leurs troupes ici, afin de s’emparer de Balterossa, les Balterossois avaient envoyé des délégations rencontrer les clans, afin de les fédérer sous l’autorité balterossienne, et ainsi bénéficier de leur assistance dans la guerre qui avait éclaté contre Ashnard. Balterossa avait pu remporter la victoire, résistant au siège de l’Empire, et c’était avant tout grâce à l’union des clans. Une véritable armée végétait dans ce désert, puissante, solide, mais très désunie.

*Il faut deux raisons pour amener les clans à s’allier : un meneur, et une menace.*

A l’époque de l’invasion ashnardienne, le meneur avait été un héros de guerre, celui qui avait tenu les remparts de la ville lors de la première guerre ashnardienne, quand les Ashnardiens n’avaient envoyé que de « faibles » régiments pour prendre Balterossa. Tao Tie avait été le nom de cet héros de guerre, ce général balterossois, qui avait ensuite, pour remporter la seconde guerre, été voir les clans. L’histoire était connue. Balterossa était une cité libre, qui commerçait et guerroyait traditionnellement avec d’autres cités libres de la région, notamment Celapaleis. Lors de la seconde guerre, les cités libres avaient du s’unir, et, si une troisième guerre couvait, les cités libres devraient à nouveau mettre en parenthèse leurs petites querelles pour s’unir encore.

*Est-ce ce cela, la menace ? L’Empire d’Ashnard qui revient ?*

Toute à ses pensées, elle remarqua alors que Sha lui avait fait une place à sa gauche sur un chariot, Kiriko étant naturellement à droite. Revenant à des pensées plus prosaïques, Bitia alla la rejoindre, nerveuse. Sha tourna son regard vers Kiriko, puis vers son ventre. Elle attendait toujours de Kiriko une réponse à l’offre qu’elle lui avait faite. Une offre extrêmement généreuse, mais qui troublait Kiriko et ses convictions. Servir Sha était l’unique but de la vie de Kiriko. Dire qu’elle aimait sa Déesse était en-deçà de la vérité ; elle l’adorait, elle l’adulait et la vénérait, avec une espèce d’idolâtrie fanatique. Sha s’était souvent demandée jusqu’où Kiriko serait prête à aller par amour pour elle. Sacrifier des enfants ? Tuer l’innocent ? C’était enthousiasmant, mais aussi un peu effrayant. Le culte de Sha avait souffert du fanatisme ambiant des Européens, de cette chasse aux sorcières hystérique, de ces Inquisiteurs fanatiques, de ces sociétés gangrénées par la folie religieuse. Oui, Sha se méfiait du fanatisme religieux, même quand il la servait. Jusqu’où Kiriko irait-elle dans son adoration pour Sha ? Irait-elle jusqu’à tuer des sorcières qui étaient en proie au doute ?

*Il faudra un jour que j’arrive à lui faire comprendre les vertus de la tempérance... Mais je crois que ce sera difficile...*

Perdue dans ses pensées, Sha observait à tour de rôle ses deux sorcières. Elle avait aidé Bitia à devenir la femme qu’elle était maintenant. Balterossa n’était pas une cité aux moeurs tekhanes. Le sexe féminin n’avait pas un rôle très important ici. En lui donnant ses pouvoirs magiques, Bitia avait pu s’élever dans la société, avoir une maison, et même une famille. Même si elle était tombée amoureuse d’un homme, Sha ne lui en tenait pas rigueur. Elle était sexiste, mais pas totalement obtuse.

Bastet finit par parler à Kiriko.

« Tu sais... Tu ne devrait pas lui en vouloir ainsi... Outre le fait d'être la protectrice des femmes et des enfants de ma communauté, je suis aussi la déesse des accouchements... Ce qui n'est malheureusement pas une des attributions de Sha. Si je n'était pas intervenue pour les sauver, elle et son enfant, Bitia aurait fait une fausse couche, et serait probablement morte elle aussi. Si tu l'a considère véritablement comme une sœur, tu devrais plutôt me remercier de lui avoir éviter la mort de son bébé... et lui pardonner. Pour ma part, cela ne me dérange pas que Bitia soit fidèle autant envers moi que Sha. Après tout, elle est une des rares divinités que j'apprécies pleinement. »

Ce fut à ce moment que Sha décida d’intervenir. Elle attrapa doucement la main de Kiriko dans la sienne, et lui fit un léger sourire, qu’elle voulait rassurant, avant d’expliquer :

« Tu sais, Kiriko, ta dévotion envers moi est grande, mais on ne peut pas imposer aux autres une telle... Fidélité. La liberté est quelque chose que je chéris, et les doutes en sont l’expression. Je comprends tout à fait que Bitia puisse douter de mes capacités, car, même si je suis forte, mes Attributs ne sont pas pour autant illimités. »

Bitia rougit légèrement, et, en baissa la tête, s’expliqua :

« Je... J’ai toujours voulu avoir un enfant... Malheureusement... Enfanter est difficile pour moi, et Bastet est l’une des divinités centrales de Balterossa. La fécondité a toujours été un problème de notre cité, ce qui fait que nous vénérons beaucoup les divinités liées à la procréation. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai cessé d’utiliser ma magie. Je continue à servir notre Déesse tous les jours... »

Sha lui sourit légèrement. Sous sa forme humaine, elle était généralement bien moins impressionnante.

« Ne t’en fais pas, je ne suis pas venue jusqu’ici pour te faire un procès inquisitorial, plaisanta-t-elle. Je suis venue jusqu’ici... Hum, nous verrons ça plus tard. Nous approchons de Bubastis. »

Le bouclier magique entourant la ville et sa région apparaissait en effet, ressemblant à une espèce de dôme translucide. Le convoi s’y engageait, sans craindre de nouvelles attaques

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Repousser l’assaut des pillards du désert n’était jamais très simple, mais il y avait ici quelque chose d’anormal. Bitia connaissait suffisamment la région pour savoir identifier les membres de tel ou tel clan de pillards. Les archers qui tiraient depuis les dunes étaient les représentants d’un clan spécifique, comme en témoignait leurs flèches. Il y avait de petits os accrochés à ces derniers, généralement des os de doigts de pieds, ou de mains. Ils appartenait donc au « clan des Os », mais, étrangement, le clan des Os n’avait jamais eu d’invocateurs dans leur rang ! Les « Os » se méfiaient en effet de la magie du désert, celle-ci étant aussi puissante qu’instable. Qu’est-ce que des archers de l’Os faisaient avec des mages ? Il y en avait plusieurs, qui contrôlaient les djinns, mais ne semblaient pas très talentueux.

*Un mage digne de ce nom se serait éloigné pour ne pas être pris dans les combats... Et contrôler les Djinns... Je ne pensais pas qu’un tel pouvoir existait...*

Bitia utilisait sa magie pour dévier les arcs, utilisant des boucliers magiques, ou envoyait des attaques magiques vers les adversaires. Des ondes explosives qui faisaient valdinguer les archers. Elle était toujours incrédule. Les clans de pillards se haïssaient cordialement entre eux, et passaient souvent leur temps à se faire la guerre, afin de voler à un autre clan ses ressources et son butin. Bitia vit que la Celkhane, Kiriko, était terriblement efficace, mais, même malgré cela, les ennemis étaient extrêmement nombreux. Bitia se mit à pester. Elle essayait surtout de protéger le convoi, et les ennemis se concentraient sur ce dernier, visant les caravanes comprenant des enfants.

Ce fut à cet instant qu’une Déesse arriva, et parvint à tuer le dernier mage. Sa mort mit fin au sortilège permettant d’envoûter les djinns, et ces derniers se dispersèrent. Les pillards se dispersèrent rapidement, de même que les djinns, et Bitia poussa un long soupir. Cet assaut était étrange... Mais elles s’en étaient sorties, et Bubastis ne se trouvait probablement pus très loin. Les soldats accompagnant le convoi soulevaient les cadavres pour les déposer dans une caravane à part. On les embaumerait plus tard. Bitia vit alors une mystérieuse petite femme, et sentit son souffle s’arrêter. Était-ce elle, Bastet ? On disait que la Déesse avait le corps d’une enfant, mais ses réactions évoquaient également une gamine... Bitia n’en fut toutefois nullement déçue. Elle avait la réponse à portée de main. Était-ce elle qui l’avait aidé à enfanter ? Qui l’avait aidé à avoir un enfant viable et en bonne santé ? Bitia avança vers elle, et fendit le genou, comme pour faire une espèce de révérence.

« Grande Déesse Bastet, je... »

Ce fut néanmoins tout ce que Bitia arriva à formuler, car, juste après, une espèce de bourrasque puissante fit s’envoler le sable autour d’elles. Bitia en tomba à la renverse, et vit alors une forme noirâtre, sombre et menaçante, apparaître dans le dos de Bastet. Une forme dont deux yeux argentés se mirent à luire, tandis que le corps élancé d’une superbe femme prenait forme. Croyant y voir un nouvel ennemi, les soldats commencèrent à brandir leurs arcs, mais Bitia leva la main vers eux.

« Ne faites rien, pauvres fous ! C’est... La Déesse Sha ! »

Matérialisée, la Déesse Sha regarda chaque membre de cette caravane, et, en voyant Kiriko, son regard sembla légèrement s’adoucir, avant qu’elle ne l’abaissa vers sa consœur, la Déesse Bastet. L’Ombre releva alors la tête, et Bitia sentit alors le besoin de fléchir le genou, en signe de respect et de soumission, ce qui agaça sa Déesse naturelle.

« Relevez la tête ! Une sorcière n’est pas une soumise ! Ne vous prosternez pas devant moi, je ne suis point Reine. »

Bitia se releva rapidement, légèrement gênée. Sha et Bastet... Les deux Déesses qui la faisaient hésiter ! Elle ne savait pas quoi penser, tant elle était émue, et le regard de l’Ombre se posa à nouveau sur Bastet.

« Je ne suis pas venue vous nuire, Déesse Bastet. Je n’ai nulle prétention sur Bubastis ou sur le peuple que vous protégez. »

La concurrence entre divinités était quelque chose de sérieux. Sha savait qu’il valait mieux qu’elle se présente. Elle se mit alors à léviter, et tournoya autour du corps de Kiriko, avant de se glisser dans son dos, une main nonchalamment posée sur le ventre de la Celkhane.

« C’est moi qui ait chargé Kiriko de vous escorter. Sa mission était floue, car je n’en étais pas très sûre, mais cette attaque permet de relier différents évènements dont j’ai eu vent. »

Sha embrassa alors Kiriko sur les lèvres, et lui glissa :

« J’adore ta tenue moulante, mais je ne pense pas qu’elle soit vraiment adaptée pour l’environnement... »

Cette remarque faite, Sha s’écarta de Kiriko. Elle regarda Bitia, qui eut l’impression que la Déesse des Sorcières pouvait lire dans les esprits. Qu’elle pouvait lire les doutes de cette dernière. Bitia en éprouva une incompréhensible gêne. Elle avait envers Sha une gratitude éternelle, car c’était elle qui lui avait permis d’utiliser ses pouvoirs, et pouvoir ainsi acquérir la place qu’elle avait actuellement à Balterossa, loin des bas-fonds et des ruelles sinistres.

« Vous voir est un plaisir éternel, ma Déesse lâcha alors Bitia.
 -  Il en est de même pour moi » répliqua-t-elle.

Sha devait normalement parler à Kiriko pour lui parler plus en détails de sa mission. Qu’elle intervienne ainsi, sous sa forme astrale, était exceptionnelle, signe qu’il se tramait assurément quelque chose de grave, mais il y avait beaucoup trop d’oreilles curieuses. De plus, elle devait encore avoir l’accord de Bastet. Cet endroit était son territoire, et Sha ne tenait pas à l’énerver.

« Je viens apporter mon assistance à mes sorcières, expliqua-t-elle donc. Je demande humblement le droit de passage dans votre cité. »

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