Ville-Etat de Nexus / Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
« le: mardi 15 décembre 2020, 14:14:10 »Le glyphe lui rendait la tache difficile, elle devait faire des efforts bien plus conséquents, et les mots du Démon n’aidèrent en rien… Elle frissonna à la seule idée d’être au soir, souhaitant alors que cette journée, voyage, rencontre, affaire peu importait, passe le plus vite possible. La perspective de sa récompense faisait vibrer l’intérieur de ses cuisses, et elle se rendit compte que quelques mots et évocations suffisaient à la rendre fiévreuse.
Il fallait pourtant se calmer, et loin d’y parvenir aussi facilement -en apparence- que le Démon, Alecto cru fondre à la vue de ce regard infernal qui lui promettait mille tourments délicieux. Damascus avait l’art de souffler le chaud et le froid dans son cœur, comme dans son corps, et elle s’en trouva durablement émue, passant le début du voyage silencieuse, trop occupée à respirer lentement pour faire retomber la pression.
Il fallait avouer qu’elle se sentait étrange dans cette mystique et ancestrale forêt, comme si elle n’était pas à sa place. Un sentiment qu’elle avait souvent eu, depuis qu’elle avait quitté le Sanctuaire où elle avait vécu, mais cette fois, c’était impressionnant et écrasant. Tentant de faire bonne figure, elle esquissa un sourire lorsque son Maître la félicita et se soucia de sa bonne condition, mais sa voix avait trahi combien elle peinait à se remettre de ces quelques instants, anodins, mais puissants pour elle.
« J… oui oui. » Avait-elle répondu, mentant cette fois sans mal.
Son état se calma d’un coup, dès qu’ils eurent franchi la route, et pénétré dans les ruines. A vrai dire, elle se sentit, elle, étrange dans ces lieux, une sensation spirituelle qui lui rappelait quelque chose d’enfouis en elle. La fontaine, immaculée, lui arracha un sourire admiratif et naïf, et elle fut trop aveuglée par cette lumière et la vision apaisante de cette pièce pour percevoir le noir tableau décrit par Damascus.
Elle songea qu’il exagérait, sans doute bien trop sombre comme devaient l’être les Démons… Alecto se serait laissé bercée avec joie, comme appelée par la quiétude mystérieuse et anormale du lieu. Buvant l’eau claire et fraiche, remplissant les outres, elle soupira d’aise mais manqua de s’étouffer quand le cri ébranla sa tranquillité. Sursautant, essuyant son menton trempé en grimaçant de la douleur réveillée à sa mâchoire, le Petit Corbeau écarquilla des yeux horrifiés à la vue de cette créature immonde et agressive.
L’apparition de ses confrères lui arracha un cri strident, et d’instinct, fit coulisser sa rapière de son baudrier. Pourtant, Alecto n’avait jamais été en véritable situation de s’en servir dans pareilles conditions, et aurait tremblé de peur s’il n’avait pas fallu immédiatement réagir pour ne pas succomber.
Piquant dans le tas, aveuglément d’abord, elle grognait son envie furieuse de vivre à chaque mouvement chaotique. Loin de réussir à appliquer les leçons de son Maître dans la bataille, elle s’essoufflait vite, et reculait toujours plus, au point de sentir sous ses talons la pièce usée d’une colonne. Le cerveau, le cerveau, songea-t-elle avec une lueur d’esprit dans le regard, reprenant une légère maîtrise de son instinct de survie qui agissait à l’aveuglette sans réfléchir.
Elle esquiva de peu une volée de griffes qui voulait l’atteindre au visage, les mouvements de goules bien moins rapides que les siens malgré les courbatures, et elle lança le bras avec une sorte d’élégance trop peu brutale, mais parfaite pour son arme, transperçant une bouche grande ouverte, sans que cela ne semble chatouiller la créature.
Le cerveau, bon dieu.
Alecto pinça les lèvres, pesta entre ses dents en retirant sa fine lame, pour venir de nouveau piquer son dard dans l’œil, avec une efficacité bien plus grande.
Avec souplesse, elle virevolta pour contourner ses assaillantes décharnées, et revenir près de Damascus. Peu expérimentée dans le domaine, elle hésita à prendre les devants, mais entretemps, les goules s’étaient retournées enfin, et revenaient vers eux, les bras en avant en hurlant.
Avec sa longue aiguille, elle peinerait à se débarrasser d’elles, songea-t-elle, cherchant à éviter de céder à la panique, et la présence du Démon lui garantissant sa protection ; Cependant, l’idée même que les créatures s’attaquent à son Maître lui retournait l’estomac et la faisait enrager. Au point qu’elle s’élança au-devant de ces choses infames, s’accroupissant pour en faire tomber plusieurs par le balayage de sa jambe tendue, et leur garantir plus de latitude pour trancher membres ou têtes grâce à la lame épaisse de Damascus.
Ce fut largement plus efficace, et bientôt deux goules restèrent animées, grognant et sifflant. Laissant la plus proche du Démon à son Maître, elle jeta la pierre la plus grosse qu’elle ait pu trouver et porter sur la seconde, mais la visée l’empêcha de la toucher à la tête. Pourtant heurtée à l’épaule, la retardant grandement pendant que son corps décharné s’arrachait en craquant en faisant prendre son bras aux lambeaux de peau grise, la goule avançait imperturbable vers le Petit Corbeau.
Son apparence était perturbante, la croix qu’elle portait faisait frémir Alecto, qui se trouvait troublée par la créature, désormais que l’adrénaline lui laissait un peu de répit, puisqu’elle savait qu’ils en sortiraient victorieux… La goule trébucha sur la tête tranchée d’une consœur, et l’Esclave s’ému de cette triste mais sordide condition.
« Q… Ne… n’y a-t-il aucun moyen pour les… sortir de là ? Les… les sauver ? » Souffla-t-elle, en attrapant tout de même une seconde pierre pour s’assurer quelques défenses.