Le quartier de la Toussaint / L'art de la négociation ( Privé Lorkhan )
« le: mardi 20 avril 2021, 14:44:01 »Car oui ... pour certaines magie, tout est affaire d'astronomie. Ce soir, le croisement du Sagittaire et du soleil dans l'Ecliptique m'offre une fenêtre parfaite pour appeler à moi Buer. Un démon grincheux, philosophe mais aussi savant. Une créature avec qui je dois le reconnaître, je me sens des affinités. Ses connaissances me sont précieuses et je sais quels présents lui offrir pour attirer ses faveurs.
Ce que je m'apprête à faire ce soir ne s'apparente à rien de moins qu'une négociation. J'ai beaucoup de questions à poser. Et j'ai les moyens de payer pour les obtenir. J'ai rassemblé des présents qui je l'espère seront de nature à amadouer et convaincre le démon. Des ouvrages anciens tout d'abord. Ils contiennent des savoirs rares. Une "mise en bouche" si j'ose dire puisque j'ai aussi pu rassembler des objets tout aussi intéressants à ses yeux : Des objets gavés par le précieux mana, l'énergie magique si difficile à acquérir et que certains objets d'apparence anodines ont pourtant la propriété d'accumuler.
Les démons sont néfastes. Les démons sont retors. Il faudrait être folle pour baisser la garde ou imaginer qu'un d'entre eux ne cherchera pas à me duper ou a retourner la situation à son avantage. Buer et moi nous nous connaissons depuis des années. Nous avons déjà eu affaire ensemble. Et c'est bien pour cette raison qu'en plus de l'appeler les bras chargés de cadeaux, j'ai pris un soin tout particulier à renforcer les protections magiques autour du rituel !
Rien de moins que deux cercles de contention empêchent la créature de sortir ou d'exercer son influence néfaste sur mon esprit. Les murs de la salle d'invocation sont gravés de runes scintillantes et de sceaux de protection. Moi même porte sur moi amulettes et talismans, j'ai des flasques d'eau bénite à disposition et le rituel de désinvocation prêt à être prononcé au bout des lèvres. Ma sécurité est maximale.
Et j'ai en tout dernier recours sur moi une minuscule fiole de la plus bénite des eaux qui soient : des larmes récoltées directement à la statue de la vierge à Lourdes. Cette fiole vaut une fortune, c'est une relique. Je ne devrais JAMAIS avoir à l'utiliser tant elle est précieuse.
Bref ... tout est donc prêt. Inutile de tergiverser davantage. Je suis là, vêtue de ma robe de cérémonie noire surmontée d'une courte capeline. Des encensoirs brûlent au plafond. On ne distingue plus les voûtes de l'antique cave à cause des fumées qu'ils diffusent. Ils baignant l'atmosphère d'odeurs lourdes et camphrées. Je me tiens pieds nus au bord du cercle, debout à côté d'un lutrin ouvert sur mon grimoire de sortilège. De la pointe d'un petit stylet, je m'entaille le bout de l'index. Quelques gouttes carmin perlent. Main tendue, je laisse les larmes de rubis choir sur le rebord du cercle.
Indifférente à la brève douleur provoquée par la coupure, j'entame une litanie d'invocation d'une voix profonde. Mes paroles sont claires, prononcées d'une voix autoritaires dans une lange disparue aux intonations étrangement malaisantes.
Le cercle se met à s'éclairer et à pulser d'une lumière rouge infernale.
La magie fait son œuvre. Mon rituel fait naître une déchirure entre deux mondes se crée. Comme à chaque fois que j'assiste à ce spectacle, un rictus de satisfaction éclaire mes lèvres pâles. Je me sens puissante. Je me sens glorieuse. Je me sens irrésistible ! Le cercle pulse, se remplit de fumées. Et alors que le rituel atteint son paroxysme, je m'écrie, d'une voix ferme et pleine d'autorité.
-Apparais maintenant, Buer ! Réponds à mon appel, je t'invoque !