Alors que l'IA, à ma demande, dégageait le vaisseau de son emplacement, j'ai pu voir les premières superstructures céder devant la déferlante nucléaire libérée par l'agresseur. Quelques secondes plus tard, c'est la cité principale et l'astroport qui se sont fait faucher. Et qui sont partis à la dérive dans l'espace. Une telle débâcle a sérieusement quelque chose de magnifique. Mais j'suis pris dedans. Et ça, c'est moins magnifique. Vraiment moins. J'ai demandé à mon IA de lancer le vaisseau vers la similiplanète qui déchaîne la mort et la destruction sur Nebessis, puis je m'suis orienté vers mon atelier, histoire de voir comment améliorer mes ailes quand même. Je sens que je tarderai pas à en avoir besoin.
D'autant plus que j'ai l'intention de jeter un œil sur l'architecture interne de cette « Étoile pas si Noire ».
Maintenant, la question qui se pose à moi, c'est comment placer l’échantillon de la matière sans nom, qu'j'avais récupéré, dans le Wingpack de manière à ce qu'il soit « diffusé » dans les distorsions qui constituent les ailes. Faut-il le placer sur l'arrivée d'énergie, ou mettre un fragment dans chaque générateur. Théoriquement, chaque solution fonctionne sans problèmes, mais dans la pratique, c'est plus compliqué. J'ai peur de provoquer un dysfonctionnement du système si je plaçe l'échantillon sur l'arrivée d'énergie du dispositif. Donc je vais l'couper en deux. Ça m'semble bien.
Pendant ce temps, le vaisseau a eu le temps de parcourir une certaine distance. Et il est entré dans dans la zone de combat. C'est super coloré, avec les tirs de plasma, de laser, de missiles et de projectiles cinétiques surchargés. On peut aussi apercevoir des « filets » violacés voler entre certains vaisseaux. Des boucliers énergétiques qui claquent, des explosion. Ce genre de spectacle est haut en couleurs, vraiment. Il y a plein de chasseurs,
Nebessains ou non, qui se tirent dessus. Ces vaisseaux sont tous, ou presque tous, des vaisseaux monoplace, donc des petits vaisseaux. Le mien est quatre à cinq fois plus gros que ne l'était tout ce beau monde. Une frégate au milieu d'un tas de barques, en gros. Ça a quelque chose de comique. Et c'est accentué quand on remarque, après un temps d'observation, que la frégate en question traverse le champ de bataille tout droit, sans faire le moindre cas de tirs dans sa direction ou d'un quelconque obstacle. Mon IA conduit toujours comme un pied, de toute façons. Tant pis pour ceux qui sont devant.
Pour ma part, j'ai rencontré un problème avec l'échantillon. Il respecte certaines lois d'une manière imprévue. Quand je l'ai coupé en deux, il s'est coupé en huit parts égales, de lui même. C'était pas prévu. Mais c'est pas très grave. Théoriquement, j'ai pas besoin de grand chose pour que le résultat soit celui attendu. Et ça pourra me resservir, d'avoir quelques morceaux déjà coupés.
Bon, d'accord, je l'avoue, ça me concasse les pieds, et aussi autre chose ! Je voulais pas avoir à ranger des chutes et faut pas compter sur moi pour que je les conserve longtemps. Je les vendrais peut-être à un bijoutier, ou bien elle finiront dans une étoile. Mais pour l'instant, je garde.
Finalement, les essais ont été concluants, et c'est pas nocif pour mon organisme non plus. Un bon point. Retour au poste de pilotage. Avec un visuel de la surface de la boule. Il n'y a pas d'ouverture apparente, ni de porte pour des vaisseaux aussi gros que le mien. D'après mes yeux, le blindage était la seule protection de ce machin. Donc il doit être vachement épais. L'IA fait d'ailleurs une remarque à ce propos, avec une pointe de surprise dans la voix.
« D’après mes scans, et des relevés des senseurs, le blindage de cette chose doit bien faire dans le demi kilomètre d'épaisseur. Pour traverser ça, ça va prendre un temps fou. Je suggère que nous fassions un tour rapide de la structure. »
- J'suis surpris. J'aurais pensé que le blindage serait plus épais, quand on voit la taille de ce truc.« Tout à fait. J'aurais bien mis deux kilomètres de blindage, si j'étais aux commandes de quelque chose d'aussi gros. »
- Bah. Tant mieux pour nous. Sors les canons à champ large, j'veux voir ce que ça donne. Et active aussi les filtres anti-radiations. Une fois les deux canons sortis, je tire une décharge. Deux flash d'un rouge intense illuminent le cockpit. Quasiment instantanément, la surface de la boule semble s'embraser, d'un feu rouge orangé, qui persiste pendant environ deux secondes. L'extinction de ce feu nous offre la vue un trou d'une dizaine de mètres de profondeur, sur une surface d'une trentaine de mètres. Trois secondes plus tard, la surface ne porte plus aucune trace d'agression. Des nanomachines très sophistiquées, à n'en pas douter. Ce qui explique l'épaisseur ridicule de ce blindage.
- Bon... On va faire le tour, du coup...« Si jamais il n'y a pas moyen d'entrer par ailleurs, je suggère de changer de fréquence et d'ajouter un soupçon d'IEM. » Techniquement, c'est une bonne idée. Ça devrais griller les nanomachines et créer un effet « cautérisé » au trou produit. Mais faire le tour semble plus judicieux dans l'immédiat. Puisque la structure a réagi, des chasseurs doivent être en route et j'ai pas envie, là.