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« le: jeudi 02 août 2012, 01:25:41 »
Elle répondit par un sourire. Pas un vrai sourire, juste une image. Ironique, cynique. Mais c’était normal, la question avait été posée pour lancer quelque chose, une discussion. Même s’il n’avait pas parler que pour l’instant présent, mais plutôt pour s’enquérir de l’état de Félicia en général, la petite pique qu’elle lui lança était tout à fait méritée, et elle eut également le mérite de le faire sourire encore un peu plus. Enfin, elle avait l’air d’aller bien, en surface tout du moins, et ça le rassura un peu. Cependant, il remarqua également la petite gêne qu’elle semblait ressentir lorsqu’elle se remit debout avant de venir se pencher pour observer la rue. Le coup contre le bus avait finalement laissé des traces, l’adrénaline retombant, la douleur revenait sans aucune doute. Au moins, ils étaient en sécurité, maintenant. Elle finit par se retourner et le fixer à nouveau, avant de croiser les bras sur sa poitrine - qu’elle avait fort belle, comme dans les souvenirs du jeune homme - et de lâcher.
« Venom m’a effectivement rendu visite. Tu lui manques... »
Il écarquilla les yeux, alors qu’elle continuait après avoir haussé les épaules.
« J’ignore où il est, et je suis convaincue qu’il ne m’importunera plus. Je suis une grande fille, Peter, je m’en suis sortie toute seule... Plus ou moins. Pour le reste... »
Plus ou moins ?... Si Venom était venu chercher Félicia pour le trouver lui, alors elle avait dû en voir des vertes et des pas mûres. Elle s’en était sortie, c’était vrai : il l’avait en face de lui en un seul morceau, après tout. Mais à quel prix ? Il se promit de lui poser la question. Une douleur lui étreignit la poitrine l’espace d’une seconde. Encore une fois, lui faudrait-il s’en vouloir d’avoir fait courir un tel danger à la cambrioleuse, simplement parce qu’il avait eu le malheur d’exister, et le malheur d’obsédé un monstre pareil ? Il tiqua, mais au travers de son masque, elle n’avait pas dû le voir. Et il n’avait pas fini de s’inquiéter, au vue de ce qu’elle lui raconta ensuite.
« Si tu cherchais à échapper au gouvernement américain en venant ici, je crois que tu n’as pas été très prudent. Seikusu est une ville qui intéresse beaucoup le S.H.I.E.L.D. Quand j’ai trahi le Caïd en utilisant les renseignements que j’avais contre lui, ce qui a fait partie des nombreuses pièces ayant permis de l’incarcérer à Ryker’s Island, le S.H.I.E.L.D. m’a inclus dans un programme de protection des témoins, qui m’a envoyé droit à Seikusu. Sur le coup, je me disais que c’était le pur fait du hasard, mais je suis maintenant convaincue, au vu des derniers évènements, que l’Oncle Sam a encore besoin de moi... Mais peu importe... »
Le S.H.I.E.L.D, ici... Ou en tout cas, avec des yeux et des oreilles dans la ville. Mauvaise nouvelle. Comme d’habitude, en fait... Il soupira longuement, au moment où elle secoua la tête. Il s’était exposé en venant ici. Il s’était dévoilé, mais il était traqué depuis son départ des Etats-Unis. Même s’il avait réussi à échapper au gouvernement, il savait qu’il serait retrouvé, un jour ou l’autre. Et qu’il lui faudra se battre pour éviter le pire : l’emprisonnement, ou même la mort. En un sens, il était seul, contre le monde. Enfin... Peut-être plus tout à fait seul. Il avait trouvé Félicia. Le temps lui dirait si ces retrouvailles seraient une bonne ou une mauvaise nouvelle. L’un comme l’autre, il s’aperçut que quoiqu’il arrivait, il était heureux de la voir.
« Je crois que nous devrions discuter... Et je n’ai pas envie de le faire sur ce toit. J’ai besoin de me changer, et, comme je suppose que tu dois vivre dans un placard à balais, le mieux est que nous allions chez moi. »
Tu n’imagines même pas. Il sourit en coin, se remémorant l’insalubre appartement dans lequel il vivait. Il ne gagnait pas grand chose, et même si ça risquait de changer, il lui faudrait du temps pour pouvoir payer un endroit plus confortable. Un placard à balais, elle n’avait pas totalement tort. Et force était de constater qu’il retrouvait plus ou moins la Félicia qu’il avait quitté, et que de s’en rendre compte ôtait un poids qui pesait sur sa poitrine depuis quelques jours. Il avait encore et toujours le souvenir de leurs aventures communes. Ca avait été un bon moment, et une nouvelle fois, il avait tout foutu en l’air. C’était une marotte, dans sa vie. Il finissait toujours par tout casser, sans forcément le vouloir, pourtant. Mais le temps avait passé, et malgré sa volonté de la retrouver, ils avaient pris des chemins différents. Il avait changé, ne serait-ce qu’un peu, et elle aussi, sûrement. Mais ce n’était pas le moment de penser à ça. Il la fixait toujours, les bras croisés.
« Je vis au cœur du centre-ville. Nous y irons plus vite par les airs, si tu as envie que je m’accroche à toi... »
Haussant un sourcil étonné, et amusé, il sourit à nouveau. S’approchant d’elle, presque nonchalant, il posa les mains sur ses propres hanches, l’observant d’un oeil taquin.
« Attention, je pourrais te prendre au mot. »
Partant d’un rire franc, cristallin, il glissa une main dans le dos de la jeune femme, l’attirant tout contre lui, avant de lui dédier un clin d’oeil qu’elle put voir - il l’avait fait du côté où son masque était déchiré - et de lever la main pour tirer un filin de toile en direction du ciel, vers un bâtiment de l’autre côté de la rue. Et il s’élança, assurant sa prise autour de la taille de Félicia de son bras libre. Comme au bon vieux temps. La caresse du vent, une nouvelle fois. La proximité de la belle, qui fit accélérer son coeur un petit peu, parce que les vieilles habitudes refont toujours surface à un moment ou à un autre. Et ils s’envolèrent, voguant à travers la ville, voltigeant entre les immeubles, libres et hors de danger, réellement cette fois. Il lui jetait un regard de temps à autre, s’assurant qu’elle tenait toujours bien contre lui, qu’elle ne risquait rien. Des milliers de questions, de demandes, lui traversaient l’esprit, mais pour ce premier vol depuis si longtemps, il les garda pour lui. Il aurait tout le temps de parler une fois arrivé chez elle.
Ils continuèrent de virevolter, se dirigeant vers le centre-ville, lorsqu’une pensée saugrenue lui imposa de poser la question.
« Félicia, dis-moi... J’imagine que tu n’as pas de vêtements d’hommes chez toi ? Parce que je t’avoue que je n’y ai pas pensé sur le coup, mais... Je n’ai que mon costume sur moi. Rien pour me changer. Ca ne me dérange pas de rester en Spider-Man, mais il va falloir passer par le toit pour rentrer et ressortir, du coup. »
Au moment où il termina sa phrase, il tira un nouveau filament, s’élançant à nouveau à toute vitesse à travers les bâtiments, sa main s’agrippant un peu plus fort à Félicia pour qu’elle ne glisse pas. Il la tenait bien, aucun risque, mais il préférait être prudent.
Lorsqu’ils arrivèrent finalement au centre-ville, il baissa les yeux vers elle.
« Tu m’indiques où est-ce que je dois me poser ? »
Et après qu’elle eut accédé à sa demande, il tira un dernier filin pour s’élever jusqu’au toit du bâtiment résidentiel où elle habitait, avant de déposer la jeune femme au sol délicatement, lâchant le fil, et se massant la nuque. Il lui décocha un sourire sous son masque.
« Ca faisait un moment. D’après ce que tu m’as dis, c’était une erreur pour moi de venir ici, mais là, tout de suite... »
Il inclina la tête, légèrement, se mordant les lèvres. Prêt à dire une bêtise, une fois encore.
« ... Je ne trouve pas que ce soit une erreur. Ca fait du bien de te voir, malgré tout. »
Il se gratta un peu la tête. Même en se rendant compte de l’énormité de ce qu’il venait de dire - il se frapperait violemment la tête contre un mur pour revenir en arrière et se taire -, il l’avait laissé sortir. Pour se rattraper, il se racla la gorge, avant de regarder autour de lui.
« Par où est-ce qu’on rentre, alors ? »