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« le: mardi 01 avril 2014, 23:49:35 »
Il ne tenta pas de me détromper, ou de me mentir. Il n’essaya pas de me convaincre que je faisais fausse route. Non, le professeur sourit et se mit même à ricaner. Il me faisait un peu peur. Mais je ne bougeai pas d’un iota. Sa vitesse de déplacement, trop élevée pour un humain normal, me conforta dans mon idée. Il était différent. Mais qui était-il réellement, ça je ne le savais pas encore.
Alors qu’il s’apprêtait à me révéler sa vraie nature, le professeur s’arrêta et se tourna vers moi. Il semblait légèrement contrarié. Je sursautai à sa remarque. Il m’avait démasquée, ou plutôt il avait démasqué Andizia.
-Je… Comment…
Je n’en revenais pas. J’avais réussi à garder le secret depuis toujours, et lui me perçait à jour en quelques secondes ! Là, si ce type est pas une sorte de demi-dieu, alors je vois pas quoi ! Oh, tu exagères. Le joueur n’a pas mentionné ça dans sa fiche. Maintenant CONCENTRE-TOI SUR LE RP !
Je tendis une main un peu tremblante pour saisir la carte devant moi. Il y avait une adresse inscrite dessus. Et il me disait d’y aller. Je rangeai la carte et sortis, pensive.
Quelques heures plus tard, j’étais à l’adresse indiquée. Il n’y avait rien. Enfin, rien… Tout est relatif. Et de même, je n’étais pas réellement là. Andizia était certaine qu’il y avait du danger, et elle m’avait convaincue de rester à la maison. Ainsi, c’est elle qui est à l’adresse où se déroule la suite du RP.
[Et donc, la suite est racontée au point de vue d’Andizia.]
J’entendis des bruits un peu plus loin. Des bruits qui auraient fiché la trouille de sa vie à ma pauvre sœur. Des cris, des supplications… Elle n’aurait pas supporté ça, j’avais bien fait de venir à sa place. De toute façon, comme j’avais mis ses lunettes et que je partageais sa mémoire, c’était presque impossible de nous différencier. J’avais juste à imiter son attitude, et ça non plus ce n’était pas difficile.
Me dirigeant vers l’origine des bruits inquiétants (sauf pour moi, bien sûr), je vis une scène inhabituelle : le professeur, Ketake Urominy, avec une lame à la place du bras droit, en train de se régaler…de chair humaine. J’avais vraiment bien fait de venir à la place de Terka…
C’était un peu dégoûtant. La victime mutilée, consciente, regardait l’homme dévorer des morceaux de son corps. Malsain. Même moi ça m’embêtait de voir ça. Mais la seule méthode que j’avais d’arrêter cette boucherie était d’intervenir. Ce que je fis, me plaçant dans leur champ de vision à tous les deux.
-Vous êtes dégoûtant, sensei !
Je me rendis alors compte que j’allais avoir beaucoup de mal à jouer le rôle de Terka dans ces conditions. Je retirai donc les lunettes pour les ranger dans ma poche. Puis je reportai mon regard sur le monstre. (Quel autre mot, selon vous ?)
-Sérieux, vous mangez n’importe comment ! Et puis, quitte à bouffer de l’humain, autant tuer la victime avant !
C’était limite si je ne lui parlais pas comme on gronde un enfant.
-Oh, et avant que vous ne posiez la question, je suis la deuxième âme.
Il comprendrait sûrement, et si ce n’était pas le cas je m’en moquais, il finirait bien par faire le lien. Il n’était pas bête, normalement.