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Messages - Black Widow

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[HRP.– Euh...]



Leur petit discours semblait avoir convaincu la neko. Lloyd avait fini son verre de jus de fruits, qu’il trouvait plutôt bon, et le reposa sur la table, tout en conservant son pied proche de la table basse. La neko comptait réveiller Lucy, et les deux agents n’eurent même pas à se regarder pour savoir qu’il y avait des risques derrière ce réveil. Lucy pouvait continuer à les attaquer, et les deux agents, en apparence décontractés, se tenaient prêts à devoir se battre. Amélie réveilla Lucy, et lui expliqua que les deux agents pouvaient les aider. Si la neko en semblait heureuse, Lucy se montra plus réservée, et Natalia comprit que Lloyd avait tapé dans le mille en parlant d’individus les pourchassant. En réalité, Natalia, tout comme Lloyd, n’avaient absolument aucune idée de qui les deux femmes parlaient, mais Natalia pariait sur une organisation similaire à l’HYDRA, si ce n’est l’HYDRA elle-même. Les deux femmes parlaient de « diclonius », et Lucy leur expliqua alors que les autres diclonius étaient des fous furieux qui ne penseraient qu’à tuer les humains s’ils étaient libérés. Silencieusement, les deux agents écoutaient les deux femmes se crêper le chignon, tout en essayant de comprendre.

Qu’est-ce qu’un diclonius ? Un synonyme pour « mutant » ? Quel était ce mystérieux laboratoire ? Que faisait-on donc sur ces gens pour les rendre ainsi si dangereux ? Les questions se multipliaient dans l’esprit de Natalia, qui envisageait déjà sa manière d’agir. Rassurer Amélie et Lucy semblait être déjà acquis, car Lucy ne chercha pas à les attaquer. Certes, il fallait se méfier de l’eau qui dort, mais Widow estimait que le quatuor commençait à partir sur de bonnes bases.

« Si vous voulez vraiment les aider, tuez-les, trancha la femme. Il n'y a plus aucun espoir pour eux, et mieux vaut en finir rapidement pour leur éviter des souffrances inutiles. C'est la seule solution que je trouve valable. »

Une solution radicale, qui sembla horrifier Amélie. Visiblement, la neko devait avoir un autre avis, ce que Natalia nota silencieusement.

« D'ailleurs, j'ai même pas demandé... enchaîna alors Lucy. Pourquoi vous êtes là en fait ? »

Lloyd fit une petite moue, et ce fut Natalia qui répondit.

« L’accident à l’école... C’est comme ça que votre nom est venu sur le tapis. On s’est un peu renseignés, et on a décidé de venir vous voir en personne pour savoir si on courait après une fausse rumeur, ou s’il y avait vraiment un truc susceptible de valoir notre présence.
 -  Ce que vous devez comprendre, compléta Lloyd, c’est que, quand les humains normaux – et n’y entendez aucun jugement de valeur, ce n’est qu’une manière de désigner les clampins de base, ont appris qu’il existait des humains anormaux, qui avaient des pouvoirs défiant la logique, il y a eu comme un léger mouvement de panique. Les gens ont cru à une invasion, à quelque chose comme ça. On a apaisé le jeu, mais bon nombre de mutants se cachent... Comme vous. On intervient pour les rassurer, pour leur dire que leurs pouvoirs peuvent être utiles, et qu’il est vain d’espérer s’en débarrasser... Concrètement, on fait de la prévention. On évite que des filles comme vous deviennent de futures tueuses qui voudront détruire le monde, ou éradiquer l’espèce humaine. Comprenez-moi, je préfère éviter d’avoir à attaquer vos jolis minois. On vient là en paix, donc. »

Les deux agents essayaient d’apaiser les choses, et de comprendre ce qui se passait.

« On peut vous protéger, oui, répéta Widow. Le SHIELD est conçu pour répondre à ce genre de menaces. Quant à ces... Ces diclonius... S’ils sont vraiment aussi monstrueux que ça, je pense que ça vient des individus qui les ont traumatisés ainsi, non ? Pour l’heure, ils me semblent plus être des victimes que...
 -  C’est dans la nature de l’homme de faire des monstres, et c’est dans la nature des monstres de détruire leurs créateurs » intervint alors Lloyd.

Natalia le regarda. Il était impossible que cette phrase vienne de lui, et elle se demandait à quel philosophe elle venait. Elle y voyait un peu de Hobbes là-dedans, mais elle n’avait pas souvenir de cette phrase dans le Léviathan.

« Harlan Wade, précisa Lloyd, avant de sentir un léger blanc s’installer autour de lui. Peu importe... L’idée est là, Lucy. S’il existe un laboratoire qui torture des diclonius, alors c’est un camp illégal. On peut le démanteler, et s’occuper des autres... S’ils présentent vraiment un danger, alors ils seront enfermés, et soignés. C’est aussi simple que ça. »

Natalia ne tarda pas à enchaîner ;

« Par ailleurs, que sont exactement ces diclonius ? Et que pouvez-vous nous dire sur ce camp ? Ou sur ce que voulaient ces gens ? »

C’était un sujet sensible, et Natalia avait peur que Lucy ne perde son contrôle... Mais, d’un autre côté, plus vite ils en sauraient plus, plus vite ils pourraient lancer des recherches.

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Elle entendait Kaals se rapprocher alors qu’elle se relevait lentement. Il y avait eu plus de peur que de mal, et sa combinaison n’était même pas déchirée. Elle secoua lentement la tête, et, quand il arriva, Natalia avait commencé à retirer les sangles du Wingpack, et cherchait le dispositif permettant de rétracter les ailes. Elle frissonnait encore de son vol plané improvisé, et, dans sa tête, se rappelait cette phrase qu’elle avait entendu en voyant récemment un film américain, Toy Story. Ce qu’elle avait fait, ce n’était pas voler... C’était juste atterrir avec panache ! Un bel atterrissage en tout cas. Le Wingpack était très réactif, et filait plutôt bien. Natalia n’y connaissait pas grand-chose en aérodynamique, mais elle savait que c’était du bel ouvrage, autant que les ailes de Batman.

« Alors ? C'tait bien ? » lui demanda l’extraterrestre avec un grand sourire sur les lèvres.

Natalia hocha lentement la tête, et lui rendit son invention sans rechigner.

« Comme un tour de manège, répliqua-t-elle. Vous pouvez être fier de votre invention, il est intuitif. »

Sans doute était-ce pour ça qu’il avait voulu qu’elle l’essaie : par fierté. Parallèlement, Natalia se disait aussi que, pour être déjà en bas, l’homme avait du emprunter un raccourci. Les ascenseurs n’étaient pas aussi rapides. Il était probable que l’habitant d’Arkhéos (Arkhéun ?) devait avoir d’autres tours dans sa poche, qu’il avait sagement choisi de ne pas divulguer. Il fallait toujours avoir un as dans sa manche, un atout secret si jamais les choses dérapaient. Bien sûr, il n’y avait aucune raison qu’il se retrouve dans une cellule capitonnée, mais ça, ce n’était pas inscrit au cutter sur le front de Natalia, pas vrai ? Elle comprenait donc la méfiance de l’homme, sa vigilance.

Natalia regarda brièvement autour d’elle. Les gens continuaient à marcher, et personne n’avait semblé l’avoir vu. Aucun badaud ne se rapprochait, en tout cas. Pour elle, il était temps de partir. Sa voiture était justement garée sur ce parking. C’était une voiture de service du SHIELD, une solide Chrysler 300 C. Natalia sortit sa clef de voiture, et appuya sur le bouton d’ouverture des portes. La Chrysler émit un petit bip indiquant qu’elle était ouverte, et les rétroviseurs se déployèrent.

« Je vous emmène faire un tour ? La base est en-dehors de la ville. »

Seikusu Base Camp se situait le long de la côte, sur une falaise bordant l’épaisse forêt qui entourait Seikusu. La Chrysler était plutôt confortable, avec un ordinateur intégré comprenant un GPS, un téléphone intégré, et un accès Internet au réseau du SHIELD, fonctionnant par le réseau 4G. Un petit bijou de technologie, mais Widow n’avait pas encore la mise à jour permettant d’avoir un siège éjectable et un lance-missiles dans les phares. Natalia se mit à démarrer, quittant le parking, et rejoignit le périphérique urbain.

« Qu’est-ce que vous savez de la Terre, Kaals ?  Tout à l’heure, je vous ai parlé de l’ONU, de la Seconde Guerre Mondiale... Est-ce que tout ça vous parler ? Vous savez dans quel pays vous vous trouvez, au moins ? »

Elle voulait tout de même se renseigner un peu sur l’Arkhéun, afin qu’il en sache un peu plus sur l’endroit où il était, et sur ce qui l’attendait.

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Dans sa robe de soirée, Natalia attirait bien des regards, et ce fut un Japonais assez âgé, Danatos, qui se rapprocha d’elle. Sans se soucier de lui demander son avis, il posa une main dans le creux de ses reins, et Natalia dut se retenir pour ne pas le repousser sèchement. Il fallait faire preuve de tact, surtout. Ici, elle était une invitée calme, et il ne fallait surtout pas qu’elle se fasse remarquer... Pas avant d’avoir trouvé la cible. C’était sa mission, et, si ça impliquait de se faire toucher par un pervers qui fantasmait sur des gamines en uniforme scolaire, Natalia l’acceptait. Danatos était proche des Yakuzas, comme la plupart des puissants de Seikusu. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les Yakuzas avaient profité du fait que la ville avait été bombardée pour faire main-basse sur cette dernière, que ce soit au niveau des entreprises qui avaient reconstruit la ville, ou des organismes publics. Ils avaient été soutenus par le pouvoir en place, les Yakuzas étant alors perçus comme une sorte de seconde police, un mal nécessaire pour permettre de réguler le crime, et d’empêcher des infiltrations communistes sur le sol japonais. Les choses avaient évolué suite à la fin de la guerre froide, mais les Yakuzas restaient influents. Concrètement, la plupart des hommes politiques et des hommes d’affaires de cette ville étaient, de près ou de loin, liés aux Yakuzas, notamment au puissant clan des Guramu, que le SHIELD avait eu l’occasion d’affronter. Akihiro Guramu était considéré comme l’homme le plus puissant de la ville, une sorte de Wilson Fisk seikusien, et Danatos était proche de lui. Le SHIELD avait piraté son ordinateur portable, et avait trouvé un catalogue impressionnant d’images pédopornographiques. Danatos n’était pas une menace, ni une aide, juste un parapluie jetable pour les Guramu en cas de problème. Il était juste trop bête pour s’en rendre compte.

L’homme n’eut pas trop le temps de l’aborder, car Key Marshall arriva, et l’écarta poliment, mais fermement. Natalia se retrouva ainsi avec lui, et l’observa, silencieuse, en le suivant. Ils échangèrent quelques mondanités, mais Widow savait que Marshall devait avoir d’autres idées derrière la tête. Elle savait qu’il était lié au SHIELD, mais elle ne savait pas grand-chose de lui. Il la promena dans le vernissage, et annonça à l’assemblée qu’elle avait choisi d’acheter un tableau, attirant des regards supplémentaires. Riche et belle...

« Sûrement la fille d’une oligarque...
 -  Je ne l’ai jamais vu...
 -  Quelle beauté ! »

Elle ne fit pas attention à ces remarques, suivant Marshall dans une partie isolée du loft : une pièce à part. C’était un bureau, et Natalia s’assit sur la confortable chaise devant le bureau, croisant les jambes. Elle ne comprenait pas ce que l’homme voulait. Travaillait-il avec le SHIELD, finalement ? Avait-il des informations sur la Ligue des Ombres ? Il alla devant lui, et la surprit alors :

« Je suis vraiment content de vous revoir, ce n'était pas qu'un rôle. Mais vous connaissant, vous n'êtes pas venu pour pouvoir admirer ma galerie, ni ma réussite et encore moins pour me voir donc... Que faites-vous ici, Natalia ? Et épargnez moi la tirade sur la confidentialité, je vous prie... »

Natalia ? Elle fronça lentement les sourcils, et cligna rapidement des paupières, afin de masquer sa surprise, et soupira légèrement.

« Comment me connaissez-vous, Monsieur Marshall ? »

Son niveau d’accréditation au sein du SHIELD n’était pas assez élevé pour connaître l’identité de Black Widow, ou pour obtenir des informations sur cette mission.

« Marshall est fiable, Romanov, glissa dans sa discrète oreillette la voix de Lloyd. Mieux vaut son aide, il ne faut pas sous-estimer l’ingéniosité de la Ligue des Ombres. »

Elle ne dit rien, et reprit alors :

« Nous sommes sur la piste d’un individu qui travaillerait pour la Ligue des Ombres... Et je me permets de réitérer ma question : comment me connaissez-vous ? »

Ayant perdu la mémoire, Natalia ignorait qu’elle avait eu l’occasion, dans le passé, de rencontrer cet homme. Elle avait oublié cette rencontre, tout comme elle avait oublié quasiment tout de son passé avant de finir entre les mains du SHIELD.

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Natalia comprit bien vite que cette neko semblait complètement perdue par ce qu’on lui disait. Elle les regardait tour à tour, comme si Widow et Lloyd lui parlaient dans une langue qui lui était inconnue. Lucy étant hors-course, il ne restait qu’elle pour essayer de comprendre ce que les deux agents du SHIELD leur voulaient. Natalia aurait pu préciser davantage ce qu’ils étaient, mais elle préférait laisser la neko parler, afin de pouvoir mieux aiguiller ses réponses. Même si Lloyd était décontracté, il savait que la situation était tendue. Le SHIELD avait volontairement choisi d’opter pour une approche pacifique, et, si une équipe d’intervention pouvait rapidement se déployer, dans l’absolu, l’idéal était que ce problème soit réglé de manière pacifique. L’organisation avait en effet déjà suffisamment d’ennemis comme ça sans avoir à se rajouter, en prime, une mutante folle furieuse qui chercherait à les tuer parce qu’elle n’avait pas compris ce qu’ils attendaient d’elle.

Lentement, Amélie décortiquait les éléments qu’elle avait reçu, et apporta ses réponses, par le biais d’interrogations supplémentaires :

« Ex... Excusez-moi. Je ne suis pas sur Terre depuis longtemps, et il y a certains mots que j'ai pas compris. Comme vos... "Malilbaque" avec des nichons... Pourtant, vous n'avez pas de seins ? Et j'ai du mal à comprendre ce que vous voulez dire par "Paranormal". Si c'est parce que je peux utiliser la magie sans en avoir, eh bien oui, je suis paranormale. »

Elle but un peu du contenu de son verre, laissant planer un court instant de silence, et reprit, pour leur dire qu’elle se rapprochait de Lucy, tout en étant différente. Deux mutantes pour le prix d’une, le SHIELD venait de faire un joli tir groupé ! Il ne restait plus qu’à les rassurer, et à détendre l’atmosphère. Ce fut Natalia qui intervint, cette dernière étant plus sérieuse que Lloyd, et donc plus à même de répondre aux questions de la neko.

« Men In Black est un film, rien de plus. Il campe des personnages appartenant à une organisation gouvernementale fictive, le M.I.B. Pour Lloyd, c’est juste une manière de nous comparer, mais, si le film ne te dit rien, la comparaison tombe à l’eau...
 -  En gros, à chaque fois qu’il se passe un truc qui ne rentre pas dans ce que nous, Terriens, définissions comme étant la ‘‘normalité’’, on intervient. Le SHIELD existe depuis des millénaires, et a connu bien des formes. Depuis un peu plus d’un demi-siècle, l’organisme prend la forme d’une organisation mondiale spécialisée dans le contre-espionnage et le renseignement. »

Les explications venaient, les deux agents parlant assez lentement, s’assurant que la neko suive, expliquant peu à peu ce qu’ils faisaient. Natalia reprit :

« Sur Terre, la magie n’existe pas énormément, de même que les individus venus d’autres planètes, voire d’autres dimensions. Nous sommes là pour éviter que le public ne soit au courant de ce genre de choses... Les Terriens paniqueraient.
 -  Accessoirement, on s’occupe des gens comme vous. On vous aide à comprendre vos pouvoirs, afin d’éviter que vous ne fassiez des bêtises, et qu’on ne doive vous envoyer en prison. Comprenez bien, ma chère, qu’on a pas envie d’envoyer des jolis minois comme vous en prison. Le deal est plutôt simple. Vous nous assurez que vous êtes pas des menaces pour la société, et vous êtes libres de faire ce que vous voulez... Profiter de notre aide, ou continuer votre petite vie tranquille. »

Lloyd l’avait dit en serrant les mains, et les écarta lentement. Widow laissa planer quelques secondes supplémentaires, le temps qu’elle comprenne bien, et, au risque de répéter ce que Lloyd avait dit, elle poursuivit :

« Nous ne voulons pas vous faire du mal, mais, des individus vous pourchassent, je vous encourage à nous faire confiance. Le SHIELD est une puissante organisation, habituée à traiter avec des personnes aux talents atypiques comme toi ou ton amie. Nous ne vous voulons aucun mal. »

Elle tenait à le répéter, car elle sentait une certaine inquiétude, légitime, chez ces femmes. Si elles avaient souffert dans le passé, il était probable qu’elles devaient se méfier des autres, ce qui expliquait sans aucun doute le comportement de Lucy à leur égard. Natalia tenait donc à désamorcer la bombe qui se situait dans cet appartement.

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Arkhéos, dite « l’Arche », du système Arkha... Le nom ne lui disait absolument rien, mais elle n’en laissait rien montrer. Shriek lui expliqua que c’était un monde peuplé d’humains, au niveau technologique similaire à celui de la Terre. Qu’il y ait du monde en-dehors de la Terre n’était pas surprenant. Widow savait qu’il existait d’autres mondes habitables, et le SHIELD avait déjà recensé la présence d’humanoïdes, ce qui avait soulevé, à l’occasion, bon nombre de questions. Par quelle magie est-ce qu’il y avait, là-bas, des humains ? Était-ce la preuve que, jadis, la Terre avait été gouvernée par des extraterrestres qui s’étaient enfuis en emmenant avec eux des humains ? Ou alors, est-ce que la race humaine était universelle, et se retrouvait dès qu’on avait une planète présentant les mêmes conditions de vie que la Terre ? Widow avait beaucoup de questions en suspens là-dessus, mais elle doutait que Kaals puisse y répondre. Le jeune homme ne semblait être qu’une sorte d’aventurier spatial, qui avait conçu un gadget lui permettant de voler, et dont il semblait particulièrement fier. Il lui avoua en effet qu’il s’agissait de son rêve, et Natalia hocha lentement la tête. Avait-elle, elle-même, des rêves ? Pour autant qu’elle s’en souvienne, elle n’avait jamais eu de choses lui tenant particulièrement à cœur... Mais ce n’était pas vraiment le bon endroit pour y penser.

Kaals tint ensuite à préciser que son Wingpack fonctionnait grâce à l’énergie solaire, et non atomique. Pourquoi y avoir inséré six microgénérateurs fonctionnant sur la fusion nucléaire, dans ce cas ? La mécanique de cet engin échappait à Widow. Elle n’était pas une scientifique, et, même si elle avait un cerveau brillant, et un esprit très analytique, Black Widow n’en était pas devenue, pour autant, une ingénieure expérimentée, ni une physicienne de renom. Kaals lui suggéra alors d’aller voir le SHIELD, tout en lui proposant un petit défi :

« D'une certaine manière, mon Wingpack fonctionne à l'énergie solaire, plus qu'à l'énergie atomique. Si tu veux j'peux le démonter pour te montrer mais c'est pas vraiment l'meilleur endroit pour ça. Je propose. Si tu est d'accord, on peut bouger vers les locaux du SHIELD ou vers chez moi. Tu veux essayer mes ailes pour descendre ou tu préfères un moyen moins fourni en sensation fortes ? »

Il lui expliqua brièvement le fonctionnement du Wingpack, et Natalia considéra silencieusement l’idée, pesant le pour et le contre. Il y avait des chances pour qu’elle se rétame et s’écrabouille lamentablement contre le sol, mais elle était aussi observatrice, et comprit assez aisément le fonctionnement. Kaals lui rappela que ses ailes lui permettaient juste de planer, pas de voler.

*Moins efficaces que celles du Vautour...*

On aurait plutôt dit les ailes de Batman... Avec un design plus prononcé et une peinture dorée. Natalia se pinça brièvement les lèvres, puis finit par accepter l’idée.

« Pourquoi pas ? J’ai toujours aimé jouer les monte-en-l’air... »

Elle passa ses bras dans chacune des sangles de l’engin. Le Wingpack se présentait vaguement comme un sac à dos. Natalia remua légèrement les bras, sentant les ailes remuer en même temps. Le vent les faisait légèrement remuer, et elle se rapprocha du rebord. Silencieusement, elle vit le vide, la rue en contrebas, les bruits des moteurs de voitures. En-bas, la ville hurlait, et elle allait prendre un raccourci pour les rejoindre... Natalia se retourna alors, et fit quelques pas en arrière, tout en souriant à Kaals.

« On se retrouve en bas, alors... »

Elle se mit alors à courir le long du toit, prenant de l’élan, puis sauta dans le vide. Au lieu de tomber comme une pierre, elle sentit le vent soulever les ailes et la retenir. Les jambes de Widow restèrent tendues en arrière, et cette dernière se sentit planer. Délicatement, elle éprouva la résistance de l’engin, donnant une impulsion sur la droite, puis sur la gauche. Le Wingpack répondait plutôt bien, mais il était clair qu’il valait mieux ne pas avoir le vertige. En contrebas, la ville dominait Natalia, qui fila vers le gratte-ciel en face de l’immeuble.

Un sourire amusé éclairait ses lèvres. Le vent caressait son corps, faisait frissonner sa combinaison et remuer lentement ses cheveux. Elle fit le tour du gratte-ciel, continuant à lentement descendre. Dans sa petite tête, elle était aussi étonnée par l’insouciante naïveté de Kaals, qui n’avait pas hésité à confier son « rêve » à une parfaite inconnue. Est-ce que Natalia inspirait automatiquement confiance ? C’est ce qu’une partie de son esprit se demandait, tandis que la majorité se contentait de profiter du vol gratuit. Voler était un rêve partagé par bon nombre d’individus quand, enfants, ils voyaient des petits oiseaux s’égayer. Qui ne s’était jamais amusé, dans son jardin, à remuer des bras en espérant pouvoir, ainsi, s’envoler ? Natalia ressentait cette joie primitive qui était celle de flotter dans les airs, et, tout en faisant le tour du gratte-ciel, elle descendait lentement. Maîtriserait-elle davantage le Wingpack qu’elle pourrait sûrement plonger en piqué pour accumuler de la vitesse, et ainsi se relever et s’élancer dans les airs, défiant ainsi la gravité. Cependant, elle n’était pas encore une Batgirl expérimentée, rien de plus qu’une novice essayant de ne pas trop agresser les ailes pour ne pas s’écraser. Le plus important était de conserver un certain équilibre entre les deux ailes, pour que son assiette reste stable.

C’est ainsi qu’elle retourna près de l’hôtel, et se laissa descendre. Elle utilisa ses jambes pour se réceptionner, et atterrit sur le parking. Malheureusement, Widow allait un peu trop vite, et sentit ses jambes déraper. Elle bondit alors vers le sol, roulant par terre, et termina sa course contre le flanc d’une voiture.

« Arf ! » grommela-t-elle.

Personne ne semblait l’avoir vu, le parking étant isolé de la rue, et Widow se redressa lentement, et rétracta les ailes, puis retira l’objet de son dos. Ses cheveux étaient légèrement ébouriffés, et, du fait de son choc contre la voiture, elle avait légèrement mal à l’épaule, mais la blessure restait superficielle... Et, en rien, elle n’empêchait les yeux de Widow de pétiller.

Elle avait adoré ça !

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« Tu te rappelles du plan, Widow ?
 -  Je ne suis pas idiote, Lloyd...
 -  J’aime cette spontanéité qui te caractérise, Widow... N’oublie pas qu’il nous faut repérer ce type.
 -  Je sais, je sais... Je m’étonne juste qu’on...
 -  Widow, tu ne vas pas recommencer, si ? Les supérieurs ont estimé que Marshall n’était pas totalement fiable, mais tu n’as pas à t’en faire. L’équipe d’intervention est en soutien, si jamais un problème quelconque survient.
 -  Hum... Je ne sais pas si c’est censé me rassurer. Je me sens un peu nue, là, sans mes armes...
 -  Tu comptais venir dans ta combinaison en cuir à une soirée vernissage dans un loft prisé de Seikusu ? Pas très discret, comme costume...
 -  De ta part, je trouve le propos amusant, Lloyd... »

Lloyd Dawkins esquissa un léger sourire amusé devant la réplique de Widow, et ferma brièvement les yeux, puis se tourna vers ses collègues. Ils se trouvaient dans un van noir se trouvant dans le parking qui longeait le gratte-ciel dans lequel Key Marshall, alias « Le Forgeron », avait choisi d’organiser un vernissage. Les œuvres venaient de plusieurs endroits du monde, notamment le Brésil. Widow sirotait un café, tandis que d’autres agents se tenaient près d’ordinateurs, captant les conversations et les SMS envoyés et reçus par les différents invités du loft. Marshall avait récemment fait parler de lui auprès du SHIELD*, et, après son intervention, qui l’avait conduit, lui ainsi que Supergirl, à être capturés par l’un des plus dangereux Yakuzas de la ville, Akihiro Guramu, le SHIELD avait décidé de l’éloigner un peu de certains de ses projets. C’était un pur hasard si l’une des filatures du SHIELD impliquait son vernissage.

Le SHIELD poursuivait un terroriste, un individu qui, d’après leurs informations, était lié à la Ligue des Ombres. Cette organisation était l’un des principaux ennemis du SHIELD. Elle était dirigée par le redoutable Ra’s al Ghul, un homme influent qui était réputé pour être immortel, défiant à chaque fois la Mort, notamment grâce à l’aide du Puits de Lazare, une substance spéciale qui permettait aux cellules mortes de se régénérer, mais entraînait aussi une déficience mentale. La Ligue des Ombres était un organisme obscur, existant depuis des millénaires. Une organisation presque aussi vieille que le SHIELD, qui influait dans l’ombre pour rectifier le tir en développant une vision extrémiste et implacable de la justice, si dure et implacable qu’elle en devenait injuste par sa rigidité extrême. D’après leurs enquêtes, la Ligue avait contribué à la chute de la civilisation romaine, et aurait même essayé de purger l’Europe médiévale en aidant au développement des grandes épidémies de peste bubonique au milieu du 14ème siècle. Plus récemment, ils avaient essayé de renverser Gotham City, ville qu’ils avaient aperçu comme l’apogée d’une civilisation corrompue et laxiste. Le SHIELD savait aussi que Ra’s s’était rapproché de Batman, en cherchant à en faire son héritier spirituel, ce que le Chevalier Noir avait refusé, tout en se rapprochant de sa fille, la ténébreuse Talia al Ghul, à la beauté terrifiante.

La Ligue des Ombres prévoyait de faire quelque chose à Seikusu, probablement un attentat douloureux, et le SHIELD se renseignait donc. Un proche de la Ligue des Ombres se trouvait à ce vernissage, et le SHIELD le suivait afin d’obtenir des informations. C’était à ce titre qu’on avait décidé d’envoyer Natalia Romanov sur place. La jeune femme ne passait pas inaperçue, car elle portait une belle robe de soirée. Natalia se tenait dans la pièce principale, et laissait un artiste japonais lui présenter son œuvre. Elle n’y comprenait rien, mais hochait lentement la tête alors que l’homme parlait, décrivant une influence néo-confucéenne, et une vision critique de la pensée politique chinoise découlant des racines maoïstes. Dans sa robe de soirée, Natalia était superbe, mais cet homme la fatiguait.

Le problème principal était surtout que Widow ignorait le visage de l’homme. On ne connaissait que sa voix, et elle devait donc se rapprocher des gens. Elle avait, agrafée contre sa robe, un petit module permettant de capter les ondes, qu’elles soient sonores, ou tout simplement électroniques.

« Mmhhhmmm... Une belle œuvre, oui...
 -  ...Une belle représentation symbolique du paupérisme croissant au Brésil... »

Natalia ne disait rien, ne trouvant pas la cible qu’elle cherchait, et continua à marcher, se dirigeant vers les apéritifs et les amuse-gueule, afin de capter d’autres personnes.

« Continue comme ça, Natalia, glissa Lloyd dans son oreillette. On va finir par le trouver... »

Natalia ne s’intéressait pas à Marshall, car elle ignorait qu’elle l’avait déjà vu dans le passé... Natalia était en effet amnésique, et ne se rappelait plus de la période précédent l’époque où elle avait attaqué Triskelion. Elle ne risquait donc pas de venir elle-même vers Key.



* : Cf. RP « Ennemis dangereux »

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Lloyd était un peu comme ce joueur que Natalia avait vu une fois, à un jeu de plateau. Un type qui passait son temps à sourire, à agir de manière totalement décontractée, à dire que leur jeu se jouait à l’instinct, et à sourire... Mais ses yeux pétillants étaient de vrais tours de guet qui voyaient tout ce qui se passait sur le terrain, et décortiquaient les moindres actions de ses adversaires. Lloyd était un peu pareil. Un véritable joueur de poker, qui, derrière ses airs décontractés, était aussi très nerveux. Dans une main, il tenait le verre de jus d’orange, et son pied était posé sur le rebord de la table, alors que leur hôte était en train de s’enflammer.

« Qu'est-ce que vous me voulez au juste, hein ? Des renseignements ? Quels renseignements ? Vous avez l'air d'en savoir déjà beaucoup sur moi, même trop ! s’énervait-elle, alors que sa serviette, en glissant, révélait deux oreilles pointues.
 -  Hey, ma jolie, répliqua Lloyd, en levant une main apaisante, celle qui ne tenait pas le verre. Tout doux, on se calme... »

La femme ne semble pas l’entendre, et Lloyd, tout comme Natalia, sentirent la situation s’envenimer. Cette femme allait les attaquer, c’était une certitude. Lloyd se tenait prêt à balancer le contenu de son verre sur sa figure, pousser la table basse, et partir en arrière, pour soutenir son arme, tandis que Natalia bandait les muscles afin de sauter le côté, et d’envoyer une fléchette tranquillisante vers cette femme. Visiblement, elle était nerveuse, et Natalia avait désormais l’intime conviction que les choses n’avaient pas du être faciles pour elle. Entre-temps, elle remarqua aussi l’autre femme s’écarter rapidement, pour se mettre dans le dos de Lucy, prudemment.

L’objectif de Lloyd était juste de calmer cette femme, qui était en train de se faire un film dans sa tête, et de se méprendre sur leurs intentions, intentions qui étaient tout à fait louables, et se mit à les menacer, tout en révélant aussi un peu plus sur elle.

« Oui, je suis pas humaine ! Oui, je fais partie d'une race qui tue les humains !! Oui, je peux vous tuer tous les deux en moins d'une seconde ! Qu'est-ce que ça vous inspire, hein ? Dites-le moi !! Pourquoi... »

Natalia allait profiter du fait que la femme fixait Lloyd pour lui balancer une fléchette tranquillisante dans le cou, mais, alors qu’elle relevait son bras, Amélie l’enlaça dans ses bras, ce qui sembla avoir pour effet de détendre Lucy, qui s’affala contre ses bras. Lloyd ne savait plus où donner de la tête, et hésitait entre intervenir, ou laisser l’autre femme se mettre à parler. Finalement, l’agent spécial du SHIELD opta pour faire preuve de parcimonie. Il ne sentait pas dans les yeux de cette femme la même agressivité, et Natalia sentit aussi qu’elle avait visiblement plus envie de discuter, de parlementer.

Amélie se mit alors à parler, et leur expliqua que Lucy avait eu une enfance difficile. Elle avait été un cobaye de laboratoire, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle s’était énervée. Lentement, Lloyd retira son pied du rebord de la table basse, et but un peu de son verre. La femme découvrit également son bonnet, montrant deux longues oreilles poilues qui, indéniablement, la classaient dans la catégorie des Terranides.

« Je suppose que vous connaissez Terra... J'y étais une esclave, et la première fois que j'ai rencontré Lucy, elle m'a libérée... Sans même me connaître. Alors ne la jugez pas trop vite, je vous en pire. »

Lloyd hocha lentement la tête, et répondit rapidement.

« Qui juge qui ? Est-ce qu’on a dit que c’était un monstre ? Agent Romanov, ôtez-moi d’un doute... Est-ce que j’ai été assez con pour dire ça ? »

L’agent Romanov répondit, en embrayant sur autre chose :

« Nous ne vous voulons pas de mal, simplement vous aider... Et vous protéger. J’ignore qui sont ces gens qui ont fait du mal à votre amie, mais, si nous avons été capables de vous retrouver, alors ils le sont aussi... Et, comme vous avez du le voir, la place d’une neko n’est pas très aisée sur Terre.
 -  Ce que l’agent Romanov essaie tant bien que mal de faire entrer dans vos jolies petites frimousses, c’est qu’on est pas les méchants de l’histoire.  Vous voyez les Men In Black ? Ben nous, c’est pareil, mais avec des nichons. »

Les comparaisons de Lloyd étaient toujours explosives, et Natalia corrigea le tir, en adoptant un ton plus professionnel :

« On peut vous aider, Amélie... Vous, ou Lucy... Car j’ai le sentiment que vous devez aussi avoir quelques capacités paranormales, non ? »

Après tout, elle venait d’endormir instantanément Lucy. Pour Widow, c’était la preuve qu’elle n’était pas aussi fragile qu’elle aimait à le faire croire.

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NATALIA ROMANOV

Les deux femmes retournèrent tranquillement s’asseoir, tandis que la mère de Yumi, Ayaka, continuait ses explications. Visiblement, elle sentait ravie de parler de son père, et Natalia comprit que la passion de cet homme pour Star Wars s’était ressentie sur sa femme. Natalia ne doutait pas que Lloyd et Yumi devaient en parler. Elle, elle n’avait jamais vraiment goûté à tous ces trucs... Elle aimait bien la science-fiction, mais elle avait préféré lire les romans d’Isaac Asimov, comme Fondations, ou son cycle sur les robots. De fait, Natalia lisait fort peu, et ce n’est que depuis qu’elle avait rejoint le SHIELD qu’elle devait sérieusement développer son aspect culturel... Surtout depuis qu’elle était avec Lloyd, en fait. Il lui avait expliqué que, dans une société de consommation moderne, le loisir était fondamental, et un bon agent devait donc en savoir un rayon là-dessus, surtout quand on était amené à croiser des mutants. On déridait beaucoup plus facilement un ado’ en lui parlant de Pokemon et de Daft Punk qu’en parlant du sens des devoirs, des responsabilités, et tout ça... Natalia reconnaissait avoir du mal, tant tout ça était insipide. Elle avait entendu parler de Star Wars, mais elle avait bien du mal à s’y mettre. Les Jedi, ça lui parlait vaguement... Des espèces de chevaliers mystiques s’accrochant à un dogme et cherchant à défendre la galaxie contre les Sith, leurs opposants, qui parvenaient à les terrasser en fondant un Empire criminel et infernal. La première trilogie était assez inscrite dans le contexte de la guerre froide, tandis que la seconde dans le contexte faisant suite aux attentats du 11/09, un monde où on ne pouvait plus se fier à personne, et où la peur et la défiance minaient progressivement les sociétés démocratiques. Étant d’origine russe, Natalia voyait toujours d’un mauvais œil les productions occidentales, qui étaient souvent une vitrine alléchante de l’Occident, comme les James Bond.

La passion de Jiko était presque une obsession, à ce que Natalia comprit, et il l’avait transmis à sa femme... À moins qu’elle ne soit déjà fan, auparavant, de Star Wars. Yumi avait grandi dans cet univers, et devait sûrement être une espèce d’idéaliste voulant agir comme une Jedi. Ayaka lui expliqua qu’elle s’entraînait aux arts martiaux, ce que Natalia avait cru comprendre en la voyant. Elle était belle, oui, mais également musclée, et solide. Elle savait se battre, courir, ce qui allait de pair avec ses pouvoirs, divers et variés.

« Le SHIELD œuvre effectivement à protéger l’espèce humaine contre les menaces... Ce que vous me dites de votre fille me laisse penser qu’elle devrait effectivement se plaire chez nous. »

Elle lui sourit poliment, et rajouta, car elle savait ce qui devait tracasser Ayaka : la même chose, universelle, qui tracassait toujours les mères de famille quand leurs enfants étaient en train de s’émanciper.

« Comme vous le voyez, nous faisons souvent équipe à deux, le novice en compagnie d’un agent expérimenté. Notre tâche consiste à trouver des gens comme Yumi, et à leur apprendre à maîtriser leurs pouvoirs, pour éviter qu’ils ne commettent des catastrophes. Dans le cas de Yumi, elle aura le choix entre conserver une vie normale, ou travailler avec nous... Et je pense qu’elle a déjà fait son choix. »

Natalia laissa planer quelques secondes. Il y avait des éléments qu’elle allait devoir aborder, nécessaires, mais qui ne faisaient pas forcément plaisir.

« Yumi étant encore mineure, elle aura besoin de votre autorisation pour nous rejoindre. Elle pourra toujours vivre chez vous, mais elle sera parfois amenée à faire des choses confidentielles. Vu votre fille, vous comprenez aisément qu’il est important de ne pas divulguer l’intégralité de nos activités au public. Je pense que vous n’avez pas envie qu’une cohorte de journalistes fasse irruption chez vous afin de se renseigner sur les particularités de votre fille. »

Autrement dit, il y aurait des choses que Yumi pourrait divulguer, et d’autres qu’elle serait censée tenir au secret... Théoriquement, du moins, car Natalia ne doutait pas qu’Ayaka était le genre de femmes à savoir garder sa langue, et à offrir à sa fille une réelle vie privée.



LLOYD DAWKINS

Peu à peu, Lloyd commençait à relier entre eux tous les fils de cette histoire. Yumi était une Jedi dont la lignée remontait à un Ordre Jedi défunt dans cet univers... Une histoire qui avait inspiré George Lucas et ceux ayant réalisé Star Wars... C’était une terrible coïncidence, car Lloyd savait quelles étaient les sources d’inspiration de Lucas. L’une des farces et des paradoxes du Multivers et de l’influence entre eux des différents univers qui le jalonnaient. Yumi lui expliqua que son Maître était une femme, Talia, qui connaissait Terra, et qui l’avait aidé à affronter les Sith. Elles en avaient vaincu un, ce qui étonna Lloyd. Il n’avait jamais entendu parler de ces gens-là, mais, en soi, ce n’était pas si surprenant que ça. Le SHIELD commençait à peine à découvrir Terra, et ce monde était extrêmement complexe, comme la Terre.

« Maître Talia est le genre de Jedi très à cheval sur les règles, et lorsqu'elle combat, elle use d’avantage de ses techniques au sabre que de la Force. C'est ce qui fait la différence entre les Gardiens et les Consulaires en même temps. C'est aussi une diplomate et une bonne oratrice, lorsque la situation l'exige. Mais... elle a tendance à voir la Terre comme un monde primitif peuplé d'enfants, contrairement à Tekhos, bien que peuplée à plus de 90% par des femmes, ce qui l'exaspère. »

Lloyd hocha lentement la tête. Il ne comprenait pas encore tout, mais tout ça semblait limpide pour Yumi.

« Elle préfère les hommes ? Tu sais où elle se trouve, en ce moment ? »

S’il y avait une Maître Jedi qui se promenait en liberté, il serait peut-être bien que le SHIELD aille la voir, afin d’avoir quelques informations sur les activités de cette dernière. Une adolescente pouvait être facilement influençable. Et Lloyd était là pour obtenir le plus d’informations possibles.

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Même pour Widow, la réponse qui suivit fut difficilement compréhensible. Elle comprit que cet appareil, ce « Wingpack », était alimenté par l’énergie atomique, et que cet homme ne venait pas de ce monde, ce qu’il confirma en indiquant ne connaître aucune organisation, non seulement de cette région, mais aussi du monde. Pour Natalia, qui était une observatrice et une femme qui savait analyser et déduire, cette phrase était un aveu clair. Cet homme, ce Kaals, avait l’apparence d’un humain, mais n’en était pas un. Le SHIELD savait depuis longtemps qu’il existait d’autres espèces dans l’univers, et ces dernières n’étaient pas vraiment pacifiques. Certains tyrans galactiques avaient déjà essayé, à plusieurs reprises, d’envahir ce monde, d’en faire une planète-esclave, et le SHIELD avait toujours été là pour les repousser. Pour autant, malgré toute sa puissance, l’organisation n’était pas invincible, mais elle se débrouillait bien, et parvenait à tenir le coup, ce qui était d’autant plus difficile que les menaces, en ce monde, étaient nombreuses.

Elle crut comprendre qu’il venait d’une partie de l’univers avec un niveau technologique élevé, et devait comprendre les autochtones pour des simplets à peine capables d’utiliser un silex. Il conclue donc en essayant de simplifier son propos, ne faisant, en réalité, que le complexifier davantage :

« Pour faire simple, ce dispositif génère deux distorsions quantiques localisées, soit deux champs de force solides qui me servent d'ailes et me permettent de planer au gré de courants aériens. J'en suis arrivé au point où je sais comment donner une forme définie et précise à ce genre de distorsions. »

Des distorsions quantiques localisées... Effectivement, dit comme ça, c’était clair. Natalia était restée silencieuse, et se contenta de légèrement froncer les sourcils, seule manière, pour elle, d’exprimer qu’elle réfléchissait. Dans ce métier, il fallait être aussi lisse qu’une feuille à papier. Si l’interlocuteur en face de vous pouvait commencer à lire en vous, à vous décoder, alors les choses étaient foutues. Elle avait appris ça, et l’appliquait presque en n’importe quelle circonstance. Moins on en savait sur vous, et mieux vous pouviez être imprévisible.

Natalia répondit donc, en parlant de quelque chose qui était relativement liée :

« Nous disposons d’une armure de combat capable aussi de voler, mais elle n’est pas alimentée par la fusion nucléaire, mais par l’antimatière. »

Elle espérait que cette remarque ferait comprendre à Kaals qu’il ne parlait avec un bouseux qui croyait à un miracle en voyant un homme être en train de voler.

« Nous craignions que vous ne soyez une sorte de nouvel Adrian Toomes, un criminel qui a également inventé des ailes... Même si sa mécanique me semble plus rudimentaire que la vôtre... On le surnommait le Vautour, et il est actuellement dans les prisons de notre organisation. »

C’était une parfaite manière d’introduire une présentation plus générale du SHIELD, ce que Natalia ne tarda pas à faire.

« Je travaille pour le SHIELD, un organisme paragouvernemental qui a été conçu par l’ONU à la fin de la Seconde Guerre Mondiale... Mais je suppose que tout ça ne vous dira pas grand-chose, alors, pour résumer, disons que le SHIELD est un organisme qui se charge de traiter de tous les phénomènes paranormaux, afin de les ranger dans trois catégories : les ‘‘ça-n’a-pas-d’importance’’, une catégorie minuscule, les ‘‘ça-va-nous-péter-à-la-gueule’’, et les ‘‘ça-peut-nous-être-utile’’... Et un type qui invente un appareil capable de voler, ça fait partie de notre définition très large des ‘‘phénomènes paranormaux’’. Donc... »

Natalia ménagea une courte pause, avant de terminer par une question :

« De quel coin de la galaxie est-ce que tu viens ? »

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NATALIA ROMANOV

La discussion entre les deux femmes était beaucoup plus prosaïque et plus terre-à-terre que celle entre Lloyd et Yumi. Pour autant, elle n’était pas inutile, car Natalia essayait d’en savoir plus sur cette curieuse famille. En apparence, c’était une famille innocente, anodine, mais, dès qu’on commençait à creuser un peu, Natalia commençait à voir que cette normalité n’était qu’une apparence imposée par une mère au caractère trempé, afin que ses voisins ne la regardent pas comme un phénomène de foire. En substance, Natalia devinait que Yumi devait donner des sueurs froides à sa mère, par ses multiples croisades nocturnes et solitaires. La bonne étoile pouvait toujours tourner, et Yumi risquait gros, surtout si elle s’en prenait aux Yakuzas... Le SHIELD n’était pas le seul à savoir que Seikusu communiquait avec un autre monde, et les Yakuzas disposaient avec eux d’individus très dangereux, de supers-criminels. La mère de Yumi ferait certainement une crise cardiaque si elle apprenait tout ce que Yumi risquait d’affronter... Mais, vu que cette jeune fille semblait aussi entêtée que sa mère, elle n’hésiterait pas. Mieux valait donc qu’elle ait un semblant d’information avant de tomber sur des crapules comme le Scorpion, ou Shocker.

La mère de Yumi lui expliqua ensuite comment elle avait retrouvé Jiko Miyazaki, le père de Yumi, et Natalia trouva cette histoire... Aussi banale qu’amusante. Curieux de voir comment, dans son métier, les rencontres banales, comme à une simple convention de cosplays, pouvaient paraître hors-normes, quand on passait son quotidien à défier des terroristes et des mutants. Le Japon avait toujours été un pays très porté sur les nouvelles technologies, et Star Wars avait du faire un malheur ici. Jiko s’était donc déguisé en Jedi, mais, vu la manière dont la dame le disait, Natalia sentait qu’il y avait quelque chose de particulier dans ce costume. Son instinct lui soufflait d’aller voir de ce côté-là, et d’essayer d’en savoir plus. La Japonaise n’était pas aussi hostile à l’idée de parler à son mari, sans doute parce qu’elle était une pure Japonaise. Ne pas montrer sa souffrance en public, essayer de la retenir, et de vivre malgré tout... Un paradoxe typiquement japonais, car la culture japonaise avait une curieuse fascination à l’égard de la mort... Ce n’était pas une culture judéo-chrétienne, où on considérait la mort comme le pire des fléaux, alors que, pour les Japonais, la mort pouvait être un sacrifice capable de retrouver l’honneur perdu.

Son histoire avec Jiko était mignonne, et Natalia crut deviner qu’elle avait perdu sa virginité avec lui, et qu’elle n’avait probablement du connaître que lui comme amant. Natalia laissa planer quelques nouvelles secondes après les explications de la femme, pour poursuivre.

« Votre mari était un fan de science-fiction, non ? Il a du insuffler ça à votre fille, je pense... »

Elle continuait à se rapprocher d’elle, à essayer de ne pas l’inquiéter.

« Il était aussi un... Hum... Un justicier ?Vous m’avez dit qu’il avait des pouvoirs, alors... Est-ce que Yumi ne chercherait pas à prendre exemple sur lui ? »



LLOYD DAWKINS

En haut, Lloyd Dawkins plongeait dans le monde de la science-fiction, du Multivers, de la Force, et des théories compliquées qui donneraient lieu, sur des blogs et des sites spécialisés, à des articles faisant des kilomètres de long. Il écoutait Yumi parler, lui parlant de Sith, de Terra, de Formiens, d’un Holocron abritant toute la connaissance de l’univers... Et de son Maître. Il y avait effectivement beaucoup d’informations à digérer d’un coup, et Lloyd se disait surtout que, si cette femme lui était tombée dessus il y a quelques années, il l’aurait sûrement envoyé à l’asile... Mais, depuis qu’un type ressemblant à un démon grisâtre lui avait ouvert le bide dans le manoir sinistre d’une secte où on tuait des bébés, il était un peu plus ouvert à l’occultisme et à tous ces trucs semblant sortis de l’imagination délirante d’un adolescent boutonneux... Même si, pour le coup, ça faisait beaucoup.

Yumi étant proche de lui, il se raccrochait parfois à la réalité en louchant sur ses seins, mais c’était très discret, très rapide. Lloyd restait un professionnel, et il avait le sentiment d’avoir mis le doigt sur quelque chose de gros dans cette maison, et sentait venir le paquet d’emmerdes en perspective.

« Je crois à la théorie du Multivers, mais je reste persuadée que mon père est issu de notre univers. En revanche, je ne suis pas contre le fait que tout ça, puisse exister dans tous les univers. Il y a cependant un fait important à prendre en compte. Si les Sith ont été définitivement éradiqués de notre univers, ils existent toujours sur le Plan de Terra... Et les failles de celle-ci sont une porte d'accès direct pour la Terre et le reste de l'univers. C'est pourquoi l'Ordre Jedi à décidé d'envoyer des Jedi supplémentaires sur Terre, afin de mieux surveiller ces failles. Ils n'interviendront pas sur cet autre plan, estimant que c'est aux Jedi du plan concerné de s'occuper des Sith, mais il mettront tout en œuvre pour les empêcher de passer. »

Lloyd ne comprit pas trop, et intervint alors, levant une main vers Yumi, comme pour lui dire de se calmer :

« Attends, attends, cocotte, t’emballes pas... T’es en train de me dire qu’il y a... Plusieurs ordres Jedi différents, c’est ça ? »

En soi, si on adhérait à la théorie selon laquelle il existait une infinité de réalités alternatives possibles, c’était concevable, mais Lloyd sentait la migraine pointer.

« On sait que Terra existe, et ces failles... Tu vois, ces failles dimensionnelles nous inquiètent, car la déchirure ne cesse de se poursuivre... Non seulement entre Terra et la Terre, mais aussi vis-à-vis d’autres dimensions. Et je ne te parle même pas des trafics qui se débloquent, des mutants qui viennent foutre le bordel ici et là... Nos chercheurs cherchent un moyen de combler ces brèches, car il n’est jamais bon que deux réalités parallèles se rapprochent de trop. Imagine ce qui se passerait si les deux bulles s’emmêleraient trop... Elles se heurteraient, et, à l’échelle de l’Univers... Hey, je crois que Doc appellerait ça une déchirure du continuum espace-temps, non ? »

Tout ça s’embrouillait un peu dans la tête de Lloyd.

« C’est possible que les Jedi existent vraiment ici... La Force est universelle, non ? Et on a bien la magie, alors...Franchement, les deux m’ont l’air un peu similaires, non ? Et puis, de toute manière... En revanche, je suis surpris que tu connaisses les Formiens. Tu sais que je pourrais t’arrêter rien que pour ça ? »

Lloyd ne plaisantait pas. Le SHIELD ne plaisantait pas avec le contrôle de l’information, et ne voulait pas créer un mouvement de panique inutile en apprenant aux gens la vérité sur ce qui se passait. S’ils apprenaient quelles étaient les menaces cataclysmiques qui menaçaient leurs paisibles existences, ils ne pourraient que paniquer.

« Mais t’es bien trop mignonne pour que je fasse ça, rassure-toi... En revanche, rajouta-t-il rapidement, pour que la conversation ne dérive pas sur un sujet graveleux, tu as parlé d’un Maître... Tu peux m’en direplus là-dessus ? C’est un Jedi, comme toi, je suppose ? »

161
Tranquillement, l’homme retira son gadget, et Natalia vit la paire d’ailes se rétracter dans un sifflement. Il se présenta comme s’appelant Kaals Shriek, la tutoyant assez rapidement, tout en indiquant que cet appareil était son « prototype », et qu’il lui avait fallu deux mois d’expérimentation pour ça. Visiblement, il n’était pas paniqué à l’idée quelqu’un le surprenne, et parlait avec un drôle d’accent. Pour le coup, Natalia avait du mal à trouver à quoi cet accent lui faisait penser... Elle-même parlait très bien l’anglais ou le japonais, et, si ce n’est son nom, qui évoquait immédiatement la Russie, on aurait eu bien du mal à discerner son origine. Avec sa peau légèrement bronzée, elle imagina néanmoins une origine exotique. Son nom en sonnait clairement pas japonais, en tout cas. Elle se rapprocha légèrement de lui, dans la mesure où Kaals ne semblait pas inquiet, mais plutôt fier à l’idée que quelqu’un le voit en train d’utiliser son joujou.

Il le posa à ses pieds, et posa ensuite à Natalia une question, alors que l’agente du SHIELD s’était lentement rapprochée de lui.

« Pourquoi t'es venue jusqu'ici, exactement ? Si tu étais venue juste pour te détendre, je pense pas qu'tu te sois présentée directement comme tu viens de le faire. Et accessoirement, j'ai jamais vu quelqu'un s'détendre avec des habits comme les tiens. »

Elle sourit légèrement, et tint rapidement à préciser qu’elle ne venait pas déclencher une guerre.

« On se détend, le monte-en-l’air. Si je te voulais du mal, ce serait déjà fait... Je travaille pour un organisme qui a aperçu tes essais d’acrobate aérien, et on se demandait juste qui s’amusait à se prendre pour un oiseau. »

Était-il nécessaire qu’elle parle du SHIELD à ce moment-là ? Elle attendrait de voir si l’homme lui poserait une question là-dessus. S’il connaissait le SHIELD, alors il risquait de paniquer, et, dans le cas contraire, Natalia serait partie pour de longues et fastidieuses explications, dont elle se passerait plutôt bien, pour l’heure. Un léger vent remuait le long du gratte-ciel, faisant virevolter ses cheveux. Il faisait généralement froid sur un gratte-ciel, et, fort heureusement, sa combinaison lui tenait plutôt chaud.

Elle poursuivit assez rapidement :

« Comment tu as fait pour construire cet engin ? Ce n’est pas le genre de choses qu’un type construit dans son garage le Dimanche après-midi, ça... »

Cette technologie était en fait un peu trop élevée pour appartenir à un simple particulier. Est-ce que ce Kaals l’avait volé ? Ou était-il un génie précoce ? C’était pour répondre à ces questions que Natalia était là.

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La femme les invita à entrer, et ils acceptèrent l’offre, pénétrant dans le studio. Natalia et Lloyd entreprirent de s’asseoir dans la pièce principale, et, quand la jeune femme leur proposa des boissons, Lloyd opta pour un jus d’orange, et Natalia, simplement pour de l’eau. Le regard de Natalia se mit à observer brièvement l’appartement, son esprit observateur se remettant en marche. Dans son métier, on ne survivait pas si on ne savait pas regarder, c’était aussi simple que ça. Il fallait presque avoir des yeux derrière la tête, afin de ne pas se laisser surprendre, et ainsi pouvoir voir tout ce qui semblait bizarre, tout ce qui était anormal... Quand Lucy vint les voir, les deux agents la saluèrent poliment, et Natalia nota également, coïncidence étrange, que cette femme avait la tête couverte. C’était un élément qui revenait sur toutes les photos que l’équipe d’observation avait pu prendre d’elles : les cheveux couverts. Certains agents moins avertis y auraient vu une simple coïncidence, mais, quand on travaillait pour le SHIELD, on refusait les coïncidences. Ces deux femmes cachaient quelque chose, probablement un organe anormal situé à hauteur de leurs crânes. Natalia pouvait sentir la méfiance de la femme qui venait de prendre la douche, cette Lucy, mais c’était une méfiance compréhensible. Le SHIELD annonçait rarement de bonnes nouvelles, et, par principe, les gens avaient souvent tendance à se méfier de tout ce qui, de près ou de loin, s’apparentait à une organisation étatique.

Amélia expliqua à Lucy que les deux agents étaient là par rapport à ce qui avait eu lieu au lycée, ce qui amena rapidement Lucy à faire un commentaire :

« Un incident au lycée... Ah, ça !? Vous êtes ses parents ? J'imagine que lui et sa bande de copains m'ont accusée. Il s'est cassé le nez en tombant ? »

Cassé le nez en tombant... La jeune femme mentait bien mal. Lloyd répondit en premier, confortablement assis, écartant les bras, en signe de paix et d’ouverture :

« D’après vous, ce jeune homme s’est cassé la gueule en trébuchant sur une peau de banane ? Certains de ses amis affirment que vous l’auriez poussé, tandis que d’autres témoins jurent qu’il n’y a eu aucun contact entre vous deux... Pourtant, ce type est tombé...
 -  Et il est tombé en avant, et non sur le dos, précisa Natalia. Généralement, on a plus tendance à chuter vers l’arrière quand on glisse. »

Le ton pouvait paraître légèrement soupçonneux, et c’est pour ça que Lloyd crut bon de préciser davantage la raison de leur présence ici.

« On n’est pas les parents de ce gosse, non... Ni des avocats, ou des fouines-merdes... Vous n’avez jamais entendu parler du SHIELD ? Comme quoi, il faut croire que Secret Story continue à nous battre, niveau record d’audiences... »

Il n’était pas très rare d’avoir entendu parler du SHIELD, maintenant, car l’organisme, depuis l’époque de la Guerre Civile, avait développé sa communication et son rapport avec le public.

« C’est un organisme qui s’occupe, globalement, de tous les phénomènes paranormaux... Nous pensons que vous n’êtes pas une femme tout à fait normale, et c’est à ce titre que nous venons nous voir... En toute amitié... On ne vous veut aucun mal, okay ? Y a pas de scientifiques en blouse blanche qui viendront vous emmener, ni de cellules capitonnées à la clef... On veut juste se renseigner. »

Il était important, dans ce genre de situations, de désamorcer un éventuel conflit, afin que les choses ne s’enveniment pas inutilement.

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NATALIA ROMANOV

Tandis que la mère de Yumi faisait la vaisselle, elle lui expliqua être plus autoritaire qu’il n’y paraissait, ce en quoi Natalia voulait bien la croire. Cette femme avait beau avoir perdu son mari, la maison tenait toujours debout, et elle ne semblait pas sur le bord de la dépression... Il était probable qu’elle avait du surmonter ce déchirement grâce à sa fille, et qu’elle devait avoir une personnalité assez trempée. Natalia pensait que, quand la mère de Yumi haussait le ton, cette dernière devait baisser la tête en sentant ses oreilles siffler, car elle avait l’air d’être le genre de personnes à rarement s’énerver. Les mères-poules étaient un phénomène assez courant au Japon, mais celle-ci semblait plus moderne, plus libérale, et moins fixée sur l’idée centrale de marier sa fille à un bon parti.

Elle lui expliqua, fait étonnant, que les capacités de Yumi étaient non seulement présentes chez son père, mais aussi chez tous ces aïeuls, et chez toutes les générations antérieures. Ce n’était pas caractéristique du gène mutant, d’après les études scientifiques que Natalia avait pu lire. Il était rarissime qu’un gène mutant soit sur un allèle dominant sur plus de deux générations successives, alors, sur toute une ascendance... Il devait sûrement s’agir d’autre chose. Probablement des espèces de mystiques, ou des magiciens. Widow savait que la magie existait, et elle en avait ici la confirmation. Néanmoins, il y avait d’autres éléments qui la troublaient dans les explications de cette mère : la manière dont elle parlait du japon, comme pour exclure son mari... Cependant, parler d’un homme mort pouvait présenter certains risques.

Widow pesa le pour et le contre. Lloyd devait être en train d’obtenir des informations, mais elle savait qu’elle pouvait, elle aussi, en obtenir de la part de la femme.

« Vous savez, on ne veut pas vous arracher votre fille, Madame Yamazaki. Tout ce qu’on souhaite, c’est lui proposer un cadre qui l’aidera à protéger les gens, si c’est là ce qu’elle désire. Le SHIELD a justement pour vocation de regrouper des personnes de son acabit, et je pense que c’est le meilleur organisme pour elle. »

Elle estimait nécessaire de rassurer un peu sa femme, après qu’elle ait évoqué, certes avec humour, la possibilité pour Yumi de combattre seule les clans yakuzas qui gangrénaient le Japon. Cette note d’humour témoignait notamment d’une certaine inquiétude pour une fille qui devait sans doute avoir tendance à se faire passer pour la protectrice de la veuve et de l’orphelin.

« J’en déduis que son père devait être un modèle pour elle... »

Natalia y allait à tâtons, lentement, prudemment, et rajouta ensuite, sur un ton calme et prudent :

« Comment l’aviez-vous rencontré ? »

Il lui fallait se renseigner davantage là-dessus.



LLOYD DAWKINS

Lloyd se remettait peu à peu de sa surprise, et, dans sa tête, des hypothèses commençaient à s’échafauder pour expliquer l’inexplicable : comment une œuvre de fiction pouvait-elle prendre vie sous ses yeux ? BY pour désigner la « Bataiulle de Yavin IV », celle où l’Empire perdit sa première Étoile Noire... Quant aux Yuuzhan Vong... Il évoquait vaguement un Lloyd une espèce de variante à la Star Wars des Tyranides, mais, honnêtement, c’était à partir des Yuuzhan Vong qu’il avait progressivement commencé à décrocher de l’univers étendu, essentiellement pour des raisons externes à l’univers. Il était à l’école de police, et n’avait plus le temps pour ça.

La jeune femme lui expliqua que son père avait fait partie d’une expédition spatiale qui avait été envoyée hors de la galaxie pour trouver d’autres galaxies, partant pour un voyage qui avait duré des millénaires, à bord d’un convoi qui avait fini par se retrouver près de la Terre, et avait été endommagé par une ceinture d’astéroïdes. Lloyd écoutait silencieusement, toujours assis sur sa chaise, jambes écartées :

« Il m'a donné ses sabres il y a trois ans, juste avant de mourir. Même si la tradition veux que je fabrique mon propre sabre laser, il n'y a ni les matières premières, ni la technologie sur Terre, pour les fabriquer. L'année dernière, j'ai rencontré une Jedi, dans ce vaisseau, qui m'a appris beaucoup de choses sur mes origines... Comme le fait qu'aujourd'hui, on est en 586 après BY, ce qui me laisse penser que le convoi de mon père a voyager dans l'univers durant 4200 ans environs... »

Une autre Jedi, dans le vaisseau... Les rapports n’en parlaient pas, et, soit cette information avait été classée, soit le SHIELD l’ignorait. Lloyd laissa planer quelques secondes. Vu comment Yumi était un moulin à paroles, il était évident qu’elle ne cherchait pas à cacher ses origines, mais plutôt à avoir le moyen de les affirmer au grand jour.

« Est-ce que tu as déjà entendu parler des théories concernant le Multivers, Yumi ? » demanda-t-il alors.

Il semblait évoquer un tout autre sujet, mais les deux étaient liés.Lloyd s’éclaircit lentement la gorge, et reprit :

« Pendant très longtemps, l’idée de dimensions parallèles était réservée à la science-fiction et aux séries télé comme Sliders, mais, avec l’essor de la physique quantique, certains scientifiques pensent réellement que notre univers est lié à d’autres univers... Comme si l’univers ne serait qu’une espèce d’énorme bulle flottant au milieu d’autres bulles, chaque bulle correspondant à un univers. »

Il suffisait d’aller sur Internet pour avoir des représentations très réussies du Multivers :


Lloyd s’humecta brièvement les lèvres, et reprit :

« On dit que ces bulles se déplacent, et certains de nos chercheurs justifient les failles temporelles et dimensionnelles en soutenant que, parfois, ces... Ces bulles se heurtent entre elles... Comme des genres de plaques sismiques. Ces heurts créent des fissures, des brèches entre les univers, alors... Alors, il n’est pas impossible que ce qui soit de la fiction ici soit en réalité l’écho d’un autre univers, et que tes ancêtres, d’une manière qui m’échappe totalement, ait, durant leur périple, quitté leur réalité pour rejoindre.... La nôtre. »

Tout ça ressemblait à un véritable délire pour roman de science-fiction de bas-étage, mais Lloyd ne voyait pas comment le justifier, autrement.

« Et... Si j’ai bien compris, tu as toute la connaissance d’une galaxie ayant un niveau technologique nettement supérieur au nôtre... Sur ton étagère ? Ça fait de toi l’une des ados les plus rentables de la planète, ça... »

S’il y avait des Jedi ici, alors, qu’est-ce qui empêchait de croire que la bonne vieille règle universelle de l’équilibre n’allait pas s’appliquer ici aussi ? Où étaient les Sith ?

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L’ascenseur montait vers le sommet du gratte-ciel, et Black Widow était la seule personne à bord. Elle regardait les chiffres défiler sur le cadran numérique, en espérant y être le plus rapidement possible. Ce n’était pas qu’elle était claustrophobe, ou que l’idée d’être dans un ascenseur l’effrayait, mais il n’y avait pas grand-chose à faire dedans. Ce gratte-ciel se trouvait au cœur de Seikusu, et abritait une multitude de bureaux et d’appartements. Un bel endroit, sympathique, et plutôt cossu. Quand Natalia était arrivé à l’accueil, le standardiste avait hésité à la laisser passer, mais n’avait rien pu faire devant son mandat. Ce n’était pas le genre de gratte-ciel acceptant facilement la présence d’inconnus, et une compagnie de sécurité était chargée de s’assurer que personne d’inopportun ne rentre dans le bâtiment. Natalia ne venait cependant pas pour déranger les locataires, et sa cible, malgré sa belle combinaison moulante, n’était pas une chambre d’hôte avec un lit énorme et des couvertures en velours, mais le toit.

Depuis plusieurs semaines, l’agence avait repéré de curieux phénomènes survenant au niveau des gratte-ciel du centre-ville de Seikusu : un curieux individu s’amusait à planer entre les immeubles. Des recherches approfondies avaient permis de relever qu’il s’agissait d’ailes mécaniques, dont le concept semblait assez similaire à celui du Vautour, un criminel notoire bien connu des services du SHIELD. Le SHIELD avait hésité entre envoyer un agent, ou simplement contacter la police, car l’organisation n’allait pas se déplacer pour s’occuper de n’importe quel monte-en-l’air cherchant à voler en l’air avec ses ailes, d’autant plus que, techniquement, il ne faisait rien de mal. Les supérieurs de Widow y avaient cependant vu une bonne occasion, pour elle, de s’accomplir d’une tâche en étant seule, sans l’assistance d’un autre agent à ses côtés. De plus, on ne pouvait pas exclure que cet homme soit un criminel cherchant à faire du repérage pour accomplir un quelconque forfait. Si c’était le cas, les autorités japonaises seraient contentes de pouvoir appréhender un individu potentiellement dangereux, et, si ça ne l’était pas... Et bien, Widow aurait fait autre chose de sa soirée que continuer à lire des bouquins et à essayer de retrouver sa mémoire perdue.

L’ascenseur finit par s’arrêter au dernier étage, et la jeune femme sortit. Il n’y avait personne dans les couloirs, et elle s’avança vers une porte fermée, permettant d’entrer dans le local technique. Elle disposait d’un passe, et ouvrit rapidement la porte, et s’avança rapidement à travers des couloirs moins élégants. Un escalier permettait de mener au toit, et elle s’y rendit donc... Juste à temps pour voir le mystérieux planeur s’envoler sous ses yeux. Silencieusement, Widow le regarda tournoyer dans les airs, tout en s’avançant un peu. Ses cheveux roux virevoltaient légèrement sous l’effet du vent. L’homme avait des ailes jaunes très fines, transparentes, et elle le regarda planer, alors qu’il poussait des cris de joie, ressemblant à une espèce d’adolescent.

*Ses ailes ont l’air de tenir...*

Il s’éloigna un peu, et elle se mit à craindre de l’avoir loupé, mais l’homme ne tarda pas à revenir vers le toit. Il avait l’air de bien se maintenir, et aborda sa descente, ralentissant peu à peu, et retourna se poser, de manière assez élégante. Widow attendit quelques secondes, avant de lentement se rapprocher de l’homme. Elle ne voulait pas le surprendre, et décroisa ses bras en se rapprochant de lui.

« Belle performance aérienne, commenta-t-elle simplement. Je m’appelle Natalia Romanov. »

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NATALIA ROMANOV

Tandis que Lloyd était à l’étage, et qu’il voyait Yumi sortir un sabre-laser, Natalia, elle, choisit de rester avec la mère de Yumi. Elle avait l’intime conviction que cette dernière pouvait leur être utile, et leur apprendre des choses sur sa fille. Elle savait des choses, et, bien qu’elle soit extrêmement polie, Natalia se le montra également, lui apportant elle-même les tasses de thé, et la suivant dans la cuisine. Elle se souvenait des exclamations catastrophées de la femme, ainsi que de la référence à son père. C’était un filon que Natalia se devait d’exploiter, mais elle savait aussi qu’elle ne devait pas être trop directe, sous peur d’éveiller les suspicions de cette honnête mère de famille. Après quelques instants de réflexion, elle choisit donc de commencer par la complimenter :

« Votre fille a l’air bien élevé, Madame... Je me doute qu’il ne doit pas être facile de l’élever, vu ses capacités spéciales... »

Natalia laissa planer quelques secondes. Elle restait à quelques mètres de la femme. Est-ce que Lloyd allait faire des progrès de son côté ? L’homme était un pervers, ce qu’elle avait eu le temps de noter, mais, en même temps, il était aussi honnête et efficace. C’était l’un des agents ayant le plus haut niveau d’accréditation au sein de la base japonaise du SHIELD, et travailler avec lui était considéré comme un grand honneur... Et ce même s’il avait une certaine tendance à faire des allusions perverses. Ceci étant dit, c’était à l’image de cette ville : Natalia connaissait les statistiques. Seikusu avait un taux assez élevé d’infractions sexuelles en tout genre, ce que certains conservateurs attribuaient au caractère cosmopolite de la ville, et à la présence croissante des Occidentaux. Au moins, Lloyd baignait dans son environnement.

Widow ne tarda pas à reprendre :

« Est-ce que vous pourriez m’en dire un peu plus ? Vous avez laissé entendre que son père aurait eu des capacités de ce genre, lui aussi.... »

Parler d’un mort n’était jamais chose aisée, et Black Widow y allait donc lentement, espérant ne faire aucune bêtise qui déclencherait l’hostilité de cette tranquille femme.



LLOYD DAWKINS

Cette fan de Star Wars lui rappelait en effet le bon vieux temps, celui où il était, lui aussi, un mordu de cette série, et ce sans pouvoir rationnellement se l’expliquer. Lloyd ne pensait pas vraiment que cette femme était vraiment une Jedi, et pensait plus à une télépathe de haut niveau, qui aimait se donner l’impression d’être une Jedi... Un fantasme d’adolescent, en somme. Par conséquent, quelle ne fut pas sa surprise quand il la vit lui présenter un sabre-laser, faisant comme s’il était vrai... Ne disant rien, Lloyd restait silencieux, croyant toujours à une espèce de farce, mais la dure réalité ne tarda pas à s’imposer à lui quand la femme déclencha son sabre-laser.

*Putain de merde !* jura-t-il mentalement.

Il entendait le vrombissement caractéristique du sabre-laser, et était convaincu que cette lueur n’était pas celle d’une lampe, mais bien... Bien un laser. C’est ainsi qu’il comprit que cette femme ne faisait plus, que, d’une manière ou d’une autre, elle était vraiment une Jedi. Si c’était un canular, il était vachement bien fait, mais la femme acheva d’éclaircir ses doutes en parlant d’un élément qui était confidentiel, et connu seulement de quelques agents hauts placés du SHIELD :

« En ce qui me concerne, je suis née sur le sol Japonais, ce qui fait de moi une terrienne. Mon père en revanche, est né sur un convoi d'exploration spatial et se nommait Jii’ko Organa. Ce qui fait de moi... ben... Une Organa... Son vaisseau s'est écrasé pas loin de Kyôto et, coincé sur notre monde primitif, il a dû s'y adapter... En gros, tout ce qui est dans les films et bouquins, ben c'est vrai... A un demi-siècle près... Ah... Et Coruscant a implosé, aussi... »

Il ne nota pas vraiment l’information sur Coruscant, qui se noya dans d’autres éléments divulgués par cette femme, comme ce vaisseau... Un léger silence s’installa entre les deux, Lloyd reprenant peu à peu ses pensées. Il avait été déstabilisé, ce qui était suffisamment rare chez lui pour qu’on le reconnaisse, et il se passa une main vers le bas du visage, s’essuyant les lèvres, avant de lui répondre, retrouvant peu à peu le fil cohérent de ses pensées.

« Ce vaisseau... On m’a dit qu’il y avait deux lycéennes à l’intérieur... J’en déduis que tu étais l’une des deux... »

Il réfléchissait à nouveau, et hocha lentement la tête, de haut en bas.

« Après tout, j’ai déjà assisté à l’invasion des Skrulls, alors, ça... Donc, tu descends vraiment des Jedi ? merde, ça me fend le cul... »

Littéralement. L’agent secoua à nouveau la tête, et se releva alors.

« On a récupéré le vaisseau... Il est à la base militaire, mais... C’est grâce à ce dernier que tu as su comment fabriquer ton propre sabre-laser... Ou c’est ton père qui te l’a donné ? Et qu’est-ce qu’ils étaient venus faire sur Terre ? »

Les questions commençaient à s’enfiler, mais il en restait encore une, centrale... Sans doute la plus importante.

« Et, par l’enfer, qui est donc vraiment Georges Lucas ?! »

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